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Merci, monsieur le président. Nous sommes heureux d'être ici aujourd'hui. Merci au vice-président et aux membres du Comité de nous avoir invités à faire une mise à jour sur les aires protégées du Canada.
Je m'appelle Niall O'Dea, et je suis sous-ministre adjoint délégué du Service canadien de la faune, une direction générale d'Environnement et Changement climatique Canada.
Je suis accompagné de Mark Cauchi, directeur général des aires protégées du Service de la faune, et de Michael Nadler et David Murray, nos distingués collègues de Parcs Canada.
Je tiens également à remercier le Comité pour son rapport de 2017 intitulé Agir dès aujourd'hui: établir des aires protégées pour l'avenir du Canada, qui a reçu l'aval de tous les membres du Comité.
[Français]
Les initiatives que je décrirai concordent en tous points avec l'objectif des recommandations dans votre rapport, qui est d'« aider le Canada à accroître rapidement la superficie de ses espaces protégés d'une manière coordonnée et équitable. »
[Traduction]
Les problèmes avec lesquels le Comité et le gouvernement sont aux prises revêtent une importance mondiale. Le rapport de la Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques, qui a été publié le 6 mai, a fait observer, avec inquiétude, que la biodiversité continue de décliner dans toutes les régions du monde, ce qui réduit considérablement la capacité de la Terre à contribuer à notre bien-être.
Le rapport international a également relevé que l'expansion et le renforcement des réseaux d'aires protégées écologiquement représentatives et bien connectées, ainsi que d'autres mesures de conservation efficaces par aire, sont une mesure stratégique efficace.
Détenteur de 20 % des ressources en eau douce du monde, de 24 % des terres humides, de 25 % de la forêt pluviale tempérée et de 33 % de la forêt boréale restante, le Canada a une occasion sans pareille d'être chef de file du changement transformateur que réclame le rapport international publié la semaine dernière.
Les Canadiens autant que la nature doivent faire face aux répercussions du changement climatique. Nos efforts visant à établir de nouvelles aires protégées constituent également une contribution importante à la lutte contre le changement climatique, venant accroître la résistance au changement climatique à la fois de la nature et des humains, et en protégeant des réserves de carbone d'une importance critique enfouies dans les tourbières, les terres humaines et les forêts.
Dans le budget 2018, dont le dépôt a suivi d'environ un an la publication de votre rapport, le gouvernement fédéral a annoncé un investissement historique de 1,3 milliard de dollars pour la conservation de la nature, fonds baptisé Patrimoine naturel.
[Français]
Il s'agit de l'un des plus importants investissements dans la conservation de la nature de l'histoire du Canada.
[Traduction]
Les 500 millions de dollars que le gouvernement du Canada a investis dans le nouveau Fonds de la nature du Canada, qui a été lancé l'automne dernier, sont un élément essentiel de Patrimoine naturel. Le Fonds de la nature donne naissance à un éventail de nouveaux partenariats qui permettent aux Canadiens de protéger et de conserver les écosystèmes importants du Canada. Les partenaires verseront en contrepartie un montant égal à la contribution du gouvernement fédéral au fonds, ce qui permettra de financer des mesures de conservation à hauteur d'au moins 1 milliard de dollars.
Aujourd'hui je vais vous parler de la cible de conservation des terres et de l'eau douce du Canada, connue sous le nom de “Défi de l'objectif 1 », en reconnaissant que le Fonds de la nature du Canada aidera aussi les Canadiens à travailler à l'atteinte des objectifs en matière de conservation du pays de 2020, à protéger et à rétablir les espèces en péril, à améliorer la biodiversité et à contribuer à la réconciliation avec les peuples autochtones et à la durabilité des collectivités locales.
Le Fonds de la nature vient déjà en aide à des projets qui feront croître rapidement les aires protégées et de conservation du Canada. Je mentionnerai plus particulièrement le financement de 14,5 millions de dollars que le fonds a affecté l'automne dernier à des projets d'aires protégées qui sont quasiment prêts ou qui revêtent une importance stratégique. Ces projets de démarrage rapide doivent créer une dynamique qui permettra au Canada de tenir l'engagement qu'il a pris de protéger et de conserver les habitats importants pour la diversité.
Un certain nombre de projets ont été annoncés, dont le nouveau parc faunique provincial en Alberta, appelé Kitaskino Nuwenëné, le parc municipal Blue Mountain-Birch Cove Lakes à Halifax, et des terres protégées autour de la baie Georgienne. Une carte indiquant l'emplacement de 20 projets de démarrage rapide peut être consultée sur le site Web du gouvernement fédéral.
Le Défi de l'objectif 1 du Canada est la composante la plus importante du Fonds de la nature du Canada. Lancé au début de décembre, dans le cadre d'un appel de propositions ouvert, il affectera jusqu'à 175 millions de dollars au cours des quatre prochaines années à des projets qui aboutiront à l'établissement direct de nouvelles aires protégées et de conservation. Le gouvernement fédéral collaborera avec les provinces et les territoires, les peuples autochtones, le secteur privé et des organismes sans but lucratif pour réaliser l'objectif du Canada visant à protéger 17 % de nos terres et eaux intérieures d'ici 2020.
Les projets menés dans le cadre Défi de l'objectif 1 permettront d'accroître le nombre d'aires protégées de conservation ainsi que d'agrandir les aires existantes afin d'améliorer l'intégrité écologique et la connectivité du réseau d'aires protégées et de conservation du Canada comme on le demande dans le rapport international, que j'ai mentionné plus tôt, et comme l'a demandé le Comité. Ils permettront de protéger et de conserver les terres publiques provinciales et territoriales, les terres privées et les terres autochtones du tout le Canada.
Dans le cadre du Défi de l'objectif 1, les gouvernements provinciaux et territoriaux et les administrations municipales, des peuples autochtones et les organisations non gouvernementales ont présenté 148 propositions avant la date limite du 29 mars. Les propositions sont en train d'être évaluées en fonction des objectifs et des critères établis pour l'initiative.
Parallèlement, le Programme de conservation du patrimoine naturel annoncé par la à Toronto le 23 avril assurera un montant supplémentaire de 100 millions de dollars provenant du Fonds de la nature afin d'adopter une approche coordonnée pour acquérir des terres privées et des intérêts fonciers à des fins de conservation. Pour chaque dollar de financement fédéral, accordé dans le cadre du PCPN, un minimum de 2 $ de contrepartie proviendra de sources non fédérales, y compris du financement de contrepartie en nature, comme les dons de terres. Avec ce financement de contrepartie, le Programme de conservation du patrimoine naturel investira plus de 300 millions de dollars dans la conservation de la nature.
Le gouvernement a également recours au Fonds de la nature pour financer le travail que les partenaires effectuent dans les réserves fauniques nationales nouvelles et existantes, dont la réserve faunique nationale marine des îles Scott, qui a récemment été annoncée, et l'aire protégée autochtone d'Edéhzhié qui sera désignée réserve faunique nationale en 2020.
En marge du récent Sommaire des champions de la nature, la a annoncé qu'elle compte créer trois nouvelles réserves fauniques nationales englobant 27 îles dans le fleuve Saint-Laurent près de Montréal, ainsi qu'une nouvelle réserve faunique nationale pour l'île Haute en Nouvelle-Écosse.
Environnement et Changement climatique Canada poursuit son travail en collaboration avec les provinces, les territoires, les organisations nationales qui représentent les Autochtones et d'autres intervenants dans le cadre du processus En route vers l'objectif 1. Un grand pas en avant a été franchi avec la publication du rapport Unis avec la nature en février 2019. Ce rapport, auquel tous les sous-ministres fédéraux, provinciaux et territoriaux ont donné leur aval, offre comme cadre des définitions et des outils stratégiques essentiels pour réaliser des progrès vers l'atteinte de l'objectif 1.
Le 25 avril 2019, Environnement et Changement climatique Canada a annoncé que depuis la fin de 2017, de nouveaux progrès importants ont été réalisés pour atteindre l'objectif 1. Depuis lors, le Canada a accru la proportion de terres et d'eau douce protégées et conservées, la faisant passer de 10,5 % à 11,8 %. Cette superficie supplémentaire est égale à celle de la Grèce.
[Français]
En venant en aide à des partenaires, le gouvernement renforce et relie mieux les réseaux d'aires protégées et de conservation à l'appui de la biodiversité, tout en contribuant à la réconciliation avec les peuples autochtones et à la durabilité des collectivités locales.
Dans son rapport de 2017, le Comité recommande que le gouvernement du Canada fixe des cibles encore plus ambitieuses pour les aires protégées que celles qu'il a établies à ce jour.
Les résultats d'un sondage fait par Abacus Data soulignent qu'il existe un soutien partout au pays et de la part de toutes les générations à l'égard de la protection et de la conservation des espaces naturels au Canada ainsi que des engagements du Canada en faveur de la biodiversité.
[Traduction]
Les objectifs mondiaux actuels en matière de biodiversité arrivent à terme en 2020, et les parties à la Convention des Nations unies sur la diversité biologique se sont engagées dans un processus qui doit aboutir à l'élaboration d'un nouveau cadre comportant un ensemble actualisé d'objectifs mondiaux pour la période suivant 2020.
Les progrès réalisés vers l'atteinte de l'objectif de 17 % et les relations productives qui ont été établies avec les provinces et les territoires, les peuples autochtones, les organismes sans but lucratif et le secteur privé permettent au Canada de se placer en bonne position pour contribuer aux pourparlers internationaux qui sont en cours. Ainsi, le Canada copréside le groupe de travail chargé d'élaborer le cadre mondial de la biodiversité pour l'après-2020. Ce cadre devrait être soumis à l'approbation des parties à la Convention lors de leur réunion d'octobre 2020 qui se tiendra à Kunming en Chine.
[Français]
L'établissement de nouvelles aires protégées et de conservation dans tout le pays et la contribution à la protection et au rétablissement des espèces en péril constituent un volet important du plan du gouvernement en matière de durabilité et de protection de l'environnement. Le Fonds de la nature du Canada aide les Canadiens de tout le pays à atteindre nos objectifs communs, tout en reconnaissant le lien fondamental entre la nature, un climat stable, le bien-être humain et le développement durable pour tous.
Merci.
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Merci, monsieur le président. Merci à tous de nous donner l'occasion de prendre la parole aujourd'hui. Comme on vient de vous l'indiquer, je m'appelle Michael Nadler et je suis directeur général par intérim de Parcs Canada. Je suis accompagné de M. David Murray, un membre important de notre équipe chargée de l'établissement des aires protégées, surtout dans le Nord.
Merci encore une fois de nous permettre de comparaître devant vous. Parcs Canada est heureux de pouvoir jouer un rôle dans les efforts de conservation déployés à l'échelle nationale, tout particulièrement via la mise en oeuvre des investissements historiques qui ont été annoncés dans le budget de 2018 et dont M. O'Dea vient de vous parler. Nous collaborons avec un large éventail de partenaires pour réaliser partout au Canada des progrès en matière de conservation et contribuer à l'atteinte des objectifs internationaux relativement à la biodiversité et à l'établissement d'aires protégées.
L'effort de conservation actuellement entrepris par le gouvernement contribuera à faire en sorte que le Canada puisse maintenir et étendre un réseau national de territoires protégés qui favorisera la biodiversité et la prise en charge de notre bagage écologique d'une variété sans pareille, au bénéfice des générations à venir.
[Français]
Je vais donner quatre exemples de notre travail, en commençant par les terres.
Parcs Canada est fière de contribuer à l'engagement du Canada à l'égard de la protection de 3,3 % des terres du Canada. Nos parcs nationaux sont situés dans chacune des dix provinces et chacun des trois territoires du Canada. Ces aires protégées sont de plus en plus le fruit de partenariats avec des communautés et d'autres gouvernements, mais surtout avec les peuples autochtones. Même si nos parcs ne sont pas explicitement appelés « aires protégées autochtones », ils sont tous gérés selon les principes qui sous-tendent ce concept.
[Traduction]
Parcs Canada travaille actuellement en étroite collaboration avec les peuples autochtones et le gouvernement des Territoires du Nord-Ouest pour prendre les dernières dispositions nécessaires à l'établissement de la réserve de parc national Thaidene Nëne dans le bras oriental du Grand lac des Esclaves, dans les Territoires du Nord-Ouest.
Nous travaillons également avec les Premières Nations de la Colombie-Britannique pour établir une réserve de parc national dans la région du sud de l'Okanagan et de Similkameen. Nous pourrons ainsi protéger certains des derniers habitats de prairie, l'un des écosystèmes les plus menacés de la planète.
[Français]
Sur le plan maritime, Parcs Canada participe de façon importante à l'engagement du Canada pour ce qui est de protéger 10 % des zones marines et côtières du pays d'ici 2020.
[Traduction]
En août 2017, le Canada, le gouvernement du Nunavut et la Qikiqtani Inuit Association ont signé un protocole d'entente en vertu duquel ils tracent les frontières de Tallurutiup Imanga, la plus grande aire de conservation à avoir été établie au Canada. Cette zone de quelque 109 000 kilomètres carrés dans le détroit de Lancaster abrite l'un des écosystèmes aquatiques les plus diversifiés au pays.
Parcs Canada collabore de près avec ses partenaires au Nunavut et au sein de la sphère fédérale pour assurer provisoirement la protection de ce lieu très spécial ciblé en 2017 d'ici à l'établissement permanent de l'aire de conservation Tallurutiup Imanga dans un horizon à court terme.
De plus, nous nous employons de concert avec nos partenaires fédéraux, territoriaux et inuits à évaluer la faisabilité de créer plusieurs aires marines protégées dans le bassin de l'Extrême Arctique. Cette zone où la glace ne fond jamais est une cible de conservation importante en raison de la présence d'une banquise formée au fil de plusieurs années sur laquelle de nombreuses espèces comptent pour survivre.
C'était simplement quatre exemples des nombreuses initiatives d'établissement d'aires protégées actuellement en cours à Parcs Canada.
[Français]
Ces initiatives marquent non seulement des gains importants en matière de conservation, mais elles sont aussi des exemples importants de la réconciliation avec les peuples autochtones. Notre agence est fière de ses réalisations en ce qui a trait à la conservation et au partage des lieux protégés avec les Canadiens. Nous sommes particulièrement fiers de faire ce travail en partenariat avec les communautés, les provinces, les territoires et, surtout, avec les groupes autochtones.
Merci beaucoup de votre attention.
[Traduction]
Merci beaucoup encore une fois de nous accueillir aujourd'hui.
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Excellente question! Je crois que nous sommes au début des travaux dans les finances de la conservation.
Les modes traditionnels de financement de la conservation par l'entremise de l'État, d'une fondation et d'autres ressources sont bien établis. Au récent sommet sur la nature, nous avons notamment discuté de mécanismes financiers innovants pour la conservation de la nature. À l'échelle mondiale, le dossier avance.
On pourrait comptabiliser, entre autres choses, la contribution des terres humides ou des tourbières à une compensation carbone, dans une sorte de système cohérent d'échange de droits d'émission de carbone. Le ministre de l'environnement des Seychelles est venu à Montréal, discuter avec nous d'un troc nature contre dette ayant permis, avec des organisations internationales de financement, d'échanger la dette souveraine contre l'engagement envers un certain pourcentage de conservation de la nature. Ça ne présente peut-être pas au Canada autant de difficulté, mais, à l'échelle du globe, c'est certainement une piste à suivre.
Il est sûr que des entreprises privées comme Shell ont exprimé un vif intérêt pour d'éventuelles solutions fondées sur la nature. Souvent, ça revient à envisager la compensation d'une activité industrielle actuelle par la conservation à long terme d'une forêt ou de terres humides, en échange de la réalisation d'un projet quelconque de mise en valeur des ressources.
On élabore des projets. Nous sommes au tout début. Quant à chiffrer ce que ça pourrait donner dans le contexte canadien, nous y travaillons, pour approfondir notre analyse.
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Votre temps de parole est écoulé, monsieur Stetski. Vous l'avez un peu dépassé. C'est excellent.
Je veux remercier tous nos invités aujourd'hui, les fonctionnaires, de s'être joints à nous et d'avoir parlé si ouvertement et clairement à propos de certains investissements et de certaines initiatives en cours. Merci à chacun de vous, et merci à vos ministères et à vos équipes du travail que vous faites dans un dossier que nous considérons comme étant très important à notre comité.
On a fait référence au rapport que notre comité a rédigé qui a reçu l'appui de tous les partis, et je pense que cela démontre vraiment comment nous pouvons accomplir de grandes choses au pays et au gouvernement lorsque nous travaillons ensemble. Il est emballant de voir comment nous avons reçu des fonds et l'appui du gouvernement et de l'opposition pour aller de l'avant avec des initiatives de conservation au Canada des aires terrestres et marines.
Je vous souhaite bonne chance, à vos équipes respectives et à vous, pour continuer de mener ces importants travaux. Comme on l'a dit, des progrès sont réalisés, mais il y a encore beaucoup de travail à faire. Je pense qu'il sera important, lorsque le prochain gouvernement sera au pouvoir, que le Comité de l'environnement et des changements climatiques continue d'exercer des pressions car les travaux ne sont pas terminés, et nous devons continuer de porter attention à ce dossier.
Sur ce, nous allons suspendre la séance et libérer la salle, à l'exception des membres et du personnel. Nous reviendrons dans quelques minutes. Nous devons examiner des travaux du Comité.
La séance est suspendue.
[La séance se poursuit à huis clos.]