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Bonjour. Je m'appelle Helen Ryan, et je suis sous-ministre adjointe déléguée de la Direction générale de la protection de l'environnement à Environnement et Changement climatique Canada.
[Français]
Je suis accompagnée aujourd'hui de mes collègues Nancy Hamzawi, sous-ministre adjointe de la Direction générale des sciences et de la technologie du ministère, Jacinthe Seguin et Dany Drouin.
Je vous remercie de m'avoir donné l'occasion de m'adresser à vous aujourd'hui et de l'intérêt que vous portez aux initiatives du gouvernement fédéral à l'égard des plastiques.
[Traduction]
J’aimerais d’abord vous donner un aperçu du contexte concernant les déchets plastiques, notamment nos engagements internationaux, la stratégie nationale sur les déchets plastiques et la gestion des déchets au Canada.
Les plastiques sont présents dans tous les secteurs de l’économie et dans la vie des Canadiens en raison de leur faible coût, de leur durabilité et de leur rendement élevé. Ils ont véritablement modifié un grand nombre de manières dont nous vivons dans le monde. Ils sont particulièrement répandus dans les matériaux et produits utilisés dans les secteurs des biens de consommation, de la santé, de l’automobile, de la construction, du textile et d’une foule d’autres secteurs.
[Français]
Les plastiques suscitent un vif intérêt dans le monde entier. La pollution par le plastique est omniprésente. Le plastique s'accumule sur les rivages, dans les cours d'eau et les sédiments. Les poissons, les oiseaux et d'autres espèces s'empêtrent dedans ou l'ingèrent et on le retrouve dans nos aliments. On trouve des plastiques de divers types et tailles, des macroplastiques aux microplastiques, dans les agglomérations et dans les régions les plus reculées du Canada et de la planète.
À l'échelle mondiale, en moyenne, 8 millions de tonnes de déchets plastiques sont rejetées dans les océans tous les ans. La valeur estimée de ces matières qui quittent l'économie en tant que déchets se chiffre en milliards de dollars. Les déchets plastiques sont un problème majeur qui affecte les écosystèmes et les économies du monde entier.
[Traduction]
Il existe un élan considérable à l’échelle internationale pour prendre des mesures à l’égard des déchets marins et des déchets plastiques. L’an dernier, le Canada a été le fer-de-lance de l’élaboration de la Charte des plastiques marins dans le cadre de notre présidence du G7. La Charte définit des engagements et des objectifs concrets en matière de recyclage, de réutilisation et de valorisation des plastiques visant à endiguer la circulation des plastiques dans l’environnement.
Dans le cadre de ces objectifs, on entend notamment collaborer avec les entreprises pour arriver à un taux de 100 % de plastiques réutilisables, recyclables ou récupérables d’ici 2030; faire en sorte que le contenu recyclé des produits en plastique augmente d’au moins 50 %, dans la mesure du possible, d’ici 2030; et collaborer avec les autres instances gouvernementales pour recycler et réutiliser au moins 55 % des emballages en plastique d’ici 2030 et récupérer 100 % de tous les plastiques d’ici 2040.
[Français]
En atteignant ces objectifs, les plastiques de valeur resteront dans l'économie. C'est ce que nous appelons l'économie circulaire. À ce jour, 18 gouvernements du monde entier et 54 organisations ont signé la Charte.
Le Canada a également annoncé l'an dernier un financement de 100 millions de dollars destinés aux pays en développement afin qu'ils améliorent, par exemple, leur gestion des déchets solides. Nous avons également exhorté nos partenaires du G7 à faire de même, sachant que le soutien contribuera dans une large mesure à résoudre le problème mondial des déchets marins.
[Traduction]
Au Canada, la gestion des déchets plastiques est une responsabilité commune. Les gouvernements provinciaux et territoriaux gèrent, par exemple, les activités des sites d’enfouissement et des installations de recyclage, ainsi que leurs structures de financement et de tarification.
Les municipalités gèrent généralement les programmes de recyclage et de compostage pour les ménages, établissent des règlements municipaux sur les déchets et sensibilisent leurs citoyens à la réduction des déchets. L’industrie intervient de plus en plus dans le financement et la gestion des programmes de recyclage dans le cadre des programmes de responsabilisation des producteurs.
[Français]
Le gouvernement fédéral a un rôle à jouer également, notamment en contrôlant les mouvements des déchets dangereux aux frontières et en veillant à ce que les substances toxiques ne pénètrent pas dans l'environnement.
[Traduction]
Mon ministère est un membre actif du Conseil canadien des ministres de l’environnement, ou CCME, qui est notre principal forum de collaboration avec les provinces et les territoires sur les questions liées aux déchets plastiques. Par exemple, nous avons joué un rôle de premier plan dans l’élaboration du Plan d’action pancanadien sur une plus grande responsabilisation des producteurs, que les ministres du CCME ont adopté en 2009. Ils se sont engagés à élaborer une loi-cadre et à promouvoir une approche harmonisée des programmes et des politiques de redevances de fin de chaîne au Canada.
[Français]
En novembre dernier, la ministre McKenna et ses homologues provinciaux et territoriaux ont approuvé en principe la stratégie pancanadienne visant l'atteinte de zéro déchet de plastique et ont également convenu de travailler ensemble vers un objectif global commun de réduction des déchets.
Des travaux sont actuellement en cours pour l'élaboration d'un plan d'action sur l'élimination totale des déchets plastiques, qui comprendra des mesures sur cinq enjeux prioritaires de la Stratégie: l'écoconception, les plastiques à utilisation unique, les systèmes de collecte, les marchés et la capacité de recyclage.
Environnement et Changement climatique Canada fait également des recherches, collabore avec d'autres ministères fédéraux, des intervenants et d'autres instances gouvernementales pour favoriser la transition vers une économie circulaire des matières plastiques. Récemment, mon ministère a commandé à Deloitte une étude économique exhaustive sur le secteur des plastiques au Canada.
[Traduction]
Selon les documents de l'étude de Deloitte, les plastiques représentaient un marché de 35 milliards de dollars en 2017 au Canada, que ce soit au chapitre de la production, de la fabrication ou du recyclage. Deloitte estime qu’en 2016, environ 86 % des plastiques se sont retrouvés dans des décharges, 4 % ont été utilisés comme combustible ou énergie et 1 % ont été perdus dans l’environnement. Seuls 9 % ont été recyclés. Cela constitue une perte de 7,8 milliards de dollars pour l’année 2016. Cette perte pourrait atteindre 11 milliards de dollars en 2030 si nos taux de recyclage et de récupération se maintiennent à leurs niveaux actuels.
Plus de 200 entreprises au Canada participent au recyclage des plastiques, dont 80 constituent le coeur de notre secteur du recyclage.
[Français]
Pour atteindre notre objectif de détourner 55 % des emballages plastiques des sites d'enfouissement d'ici 2030 et 100 % de tous les déchets plastiques d'ici 2040, le secteur concurrentiel du recyclage a besoin de conditions favorables pour se développer et se diversifier.
Si nous augmentions notre taux de réacheminement des plastiques de 9 % à 90 %, nous pourrions créer 40 000 nouveaux emplois et réduire jusqu'à 2 mégatonnes d'émissions de gaz à effet de serre.
[Traduction]
Comme je l’ai indiqué précédemment, en novembre dernier, les ministres de l’Environnement ont lancé la Stratégie pancanadienne zéro déchet de plastique. La Stratégie tient compte de l’utilité et de la valeur des plastiques dans notre société et repose sur une approche d’économie circulaire pour atteindre l’objectif de zéro déchet plastique et réduire la pollution par le plastique.
Les trois grands axes de travail définis dans la Stratégie sont les suivants: éviter la production de déchets plastiques, intensifier leur collecte et optimiser la réutilisation des plastiques dans l’économie.
La Stratégie comprend 10 catégories de résultats qui nécessitent des actions tout au long du cycle de vie des plastiques et des activités habilitantes. Ces catégories sont la conception de produits, les plastiques à usage unique, les systèmes de collecte, les marchés, la capacité de recyclage, la sensibilisation des consommateurs, les activités aquatiques, la recherche et la surveillance, le nettoyage et les autres mesures prises à l'échelle mondiale.
[Français]
En février, le CCME a organisé un atelier multilatéral où plus de 130 participants de toute la chaîne de valeur ont discuté et débattu de solutions pour les cinq premières catégories de résultats de la stratégie. La première phase du plan d'action sera soumise aux ministres de l'Environnement en juin.
La science et la recherche font partie intégrante du succès. Nous devons comprendre le problème et les risques potentiels. La science et la recherche sont nécessaires pour prendre des décisions stratégiques fondées sur des données probantes, pour appuyer l'action et pour stimuler l'innovation.
[Traduction]
Les spécialistes de notre ministère et de l’ensemble du gouvernement fédéral s’efforcent de mieux comprendre la présence des plastiques dans l’environnement, notamment leurs sources, leur devenir et leurs effets.
Nous avons récemment organisé des ateliers scientifiques visant à cerner les priorités en matière de recherche scientifique. Les priorités et les lacunes définies couvraient l’ensemble du cycle de vie des plastiques et ont été prises en compte: il faut comprendre l’impact des plastiques sur la faune et la santé humaine; normaliser la manière dont nous surveillons et caractérisons les sources, les filières et le devenir des plastiques dans l’environnement; élaborer de nouveaux matériaux et de nouvelles technologies pour renforcer la recyclabilité et la compostabilité des plastiques; encourager l’utilisation et l’élimination éclairées des plastiques; et innover pour mieux stocker et valoriser les plastiques existants et futurs
[Français]
Nos chercheurs travaillent également avec des partenaires pour évaluer les répercussions de la pollution par le plastique sur les oiseaux marins, les poissons, les mollusques, les crustacés et le plancton. Nous voulons comprendre comment les plastiques et les contaminants connexes se transmettent tout au long de la chaîne alimentaire. Cela est particulièrement pertinent pour certains de nos partenaires autochtones du Nord, et il faut tenir compte des espèces chassées, comme les phoques.
[Traduction]
Nous menons également des recherches sur le transport à grande distance, la source, le devenir et les impacts du plastique dans l’Arctique canadien afin que les mesures éventuelles en vue d’atténuer ces effets soient bien documentées.
Nous prenons des mesures pour réduire le gaspillage de plastique dans nos opérations au sein du gouvernement. En septembre dernier, le gouvernement fédéral s’est engagé à réacheminer au moins 75 % des déchets plastiques provenant de ses activités d’ici 2030. Nous y parviendrons en modifiant nos pratiques et en achetant des produits en plastique plus durables, comme ceux qui sont réutilisables, recyclables, réparables ou fabriqués avec du plastique recyclé.
[Français]
En collaboration avec Innovation, Sciences et Développement économique Canada et d'autres ministères fédéraux, nous soutenons également l'innovation canadienne. Plus de 12 millions de dollars sont versés à des entreprises canadiennes innovatrices pour relever les défis liés au plastique dans sept domaines clés: séparation des plastiques mixtes, emballage des aliments, déchets plastiques provenant de travaux de construction, engins de pêche fantômes et déchets marins, compostabilité améliorée des bioplastiques, recyclage du plastique renforcé de fibres de verre, engins durables pour les pêcheurs et l'aquaculture.
En tout, 124 candidatures ont été reçues dans le cadre du défi pour l'innovation liée au plastique. Les gagnants seront annoncés plus tard ce mois-ci.
[Traduction]
Parmi les autres mesures fédérales figurent l'interdiction progressive...
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Excellent. Nous vous remercions de cet exposé.
J'aurais dû indiquer d'entrée de jeu que nous tenons aujourd'hui notre première séance sur la pollution plastique, sujet auquel nous avons réservé six séances de deux heures. L'intention de la séance d'aujourd'hui et de celle de mercredi est d'entendre des fonctionnaires et des experts de l'extérieur afin de nous aider à comprendre la nature du problème des plastiques auquel la planète est confrontée, ainsi que le rôle que le Canada pourrait jouer sous la houlette du gouvernement fédéral.
Nous comptons recueillir aujourd'hui des observations de haut niveau. Mercredi, à 17 heures, nous nous réunirons à huis clos pour déterminer les éléments sur lesquels nous voulons mettre l'accent au cours des quatre autres séances pendant lesquelles nous entendrons huit heures de témoignages, car nous voulons déposer un rapport avant la fin de la session. Nous aurons un horaire assez serré, compte tenu du temps limité dont nous disposons. Dans ce dossier, nous ne pouvons pas étudier l'ensemble des éléments.
Voilà qui donne un peu de contexte sur notre étude.
J'inviterais aussi le ministère à nous remettre le rapport de Deloitte dont il a été question. S'il y a d'autres documents, vous pouvez toujours les faire parvenir au greffier, qui les transmettra au Comité. Voilà qui, ici encore, nous aidera à comprendre la nature du problème des plastiques auquel la planète est confrontée.
Sur ce, j'accorderai immédiatement la parole à M. Amos....
Une dernière chose: nous avons divisé la séance en deux tours de questions, mais compte tenu de l'heure, si nous effectuons un premier tour de quatre interventions de six minutes, cela nous mènera presque à la fin du temps dont nous disposons aujourd'hui. Cela permettra aux libéraux d'avoir deux interventions, soit celles de M. Fast et de M. Stetski. Nous verrons où nous en sommes, mais c'est ainsi que je pensais procéder. Cela nous mènerait à la fin de notre premier tour de questions, et nous pourrons ensuite entendre notre deuxième groupe de témoins.
Monsieur Fast.
Je vous remercie de m'avoir invité.
Vos travaux sont très importants. La population canadienne s'attend à des actions de votre part et de la part du gouvernement canadien. On constate qu'il y a plusieurs cas d'angoisse environnementale au sein de la population. Les gens veulent agir immédiatement.
J'ai passé une partie de la fin de semaine à lire et commenter votre plan d'action. J'ai d'ailleurs écrit un mémoire qui vous sera distribué dans les prochains jours, lorsqu'il sera traduit. Je vous félicite; c'est une réflexion vraiment très intéressante sur l'économie circulaire. Une stratégie en économie circulaire est extrêmement intéressante pour le développement économique du pays.
Permettez-moi de commenter trois domaines de résultats sur lesquels j'aimerais attirer votre attention. Premièrement, il y a la question des systèmes de collecte. On veut s'assurer que les produits restent dans l'économie et non dans l'environnement. On pourrait comparer cela au problème des sols contaminés, dans le sens où le coût des externalités négatives est élevé parce qu'on ne dispose pas adéquatement de ces matières. Deuxièmement, le marché n'a pas été capable de responsabiliser les mauvais joueurs du marché.
Au Québec, nous sommes arrivés à établir un système de traçabilité pour déterminer où va la matière des sols contaminés. La même chose devrait être faite pour les plastiques. Aujourd'hui, beaucoup de plastiques qui sortent des centres de tri disparaissent dans la nature, sont acheminés dans d'autres pays. Pour comprendre où vont les gisements de matières, il est important d'assurer un suivi scientifique de ces matières. Avec un système de responsabilité élargie des producteurs, ou REP, on a un modèle qu'il est intéressant d'imposer à l'industrie des plastiques. Les résultats des REP sont assez variables d'un produit à l'autre, comme on a pu le constater dans le cas du Québec. Il faut s'assurer que ce système imposé à l'industrie a assez de mordant pour être suffisamment efficace.
Ultimement, les producteurs devraient trouver eux-mêmes des moyens pour permettre que leurs produits soient recyclés. Le gouvernement ne devrait s'assurer que de l'atteinte des résultats. Il s'agit de la première recommandation, à savoir s'assurer de la traçabilité des plastiques et de la responsabilité élargie du producteur pour ce qui est d'internaliser l'ensemble des effets négatifs de la pollution. L'objectif secondaire est de s'assurer que la valeur des résines recyclées est augmentée et que les transformateurs ont accès à ces matières. Dans l'industrie du recyclage, on nous dit que, en ce moment, il y a des ruptures dans la disponibilité des matières et qu'il est difficile pour les entreprises d'incorporer des matières recyclées dans les nouveaux produits.
Dans un deuxième temps, je voudrais attirer votre attention sur la responsabilité des ménages, des entreprises et des institutions du Canada. On a montré dans les médias sociaux beaucoup de matières qui se trouvaient dans la nature. Cela choque beaucoup les gens. Dernièrement, le mouvement Break Free From Plastic a donné lieu à des opérations de nettoyage dans 42 pays. Les matières recueillies ont été caractérisées. Au Canada, 42 % des plastiques retrouvés sont imputables aux cinq plus grands pollueurs, c'est-à-dire Nestlé, Tim Hortons, Coca-Cola, Pepsi et McDonald's. L'industrie a un rôle à jouer. Au Québec, le coût du ramassage des déchets sauvages, au bord des autoroutes, a augmenté de 43 % depuis 2011. Le coût de ce manque de civisme est imposé à l'ensemble de la collectivité, aux municipalités et aux divers ministères. C'est à l'industrie de prendre en charge le traitement de ces matières.
Cette contrainte a donné lieu à de l'innovation. La consigne est un moyen intéressant de responsabiliser l'ensemble des acteurs. En outre — et on voit cela de plus en plus —, le principe de consigne devrait aussi s'appliquer à l'usage unique. Par exemple, à Montréal, certains cafés participent au projet « La tasse ». Ce système permet au consommateur d'acheter un café, puis de laisser sa tasse dans un autre café participant et d'y prendre une nouvelle tasse. Ce n'est pas une tasse réutilisable; c'est une tasse consignée.
Les grandes entreprises regardent le même système. Cela a été dit dans les médias. C'est la même chose pour les contenants de lave-glace: on n'en a plus besoin, car on peut les remplir directement dans les stations-service.
Le fait d'imposer une contrainte à l'industrie apporterait de l'innovation sur le plan de la réutilisation. Le poids financier doit être transféré à l'industrie pour assurer que cela coûte moins cher à l'ensemble des parties prenantes.
Le dernier point, qui correspond au huitième domaine de résultats, c'est la question de la recherche et de la surveillance. Effectivement, c'est long et il faut avoir plus de données. En ce moment, on ne sait pas où l'on s'en va avec cela. On ne sait pas où va la matière et il faut prendre le temps de prendre les bonnes décisions.
Il pourrait être intéressant d'aller vite en émettant des interdictions, mais souvent ces interdictions peuvent avoir des effets pervers. On l'a vu dans le cas des sacs de types biodégradable et oxobiodégradable, qui ont des effets néfastes sur l'environnement.
Il faut apporter des changements beaucoup plus systémiques à notre façon de mener l'économie, parce que, en ce moment, la façon dont nous gérons nos plastiques coûte cher à tout le monde.
C'est pour cela que je recommande d'appuyer la recherche et le soutien aux entreprises, comme nous le faisons. Le CREDDO est l'une des 16 symbioses industrielles au Québec, c'est-à-dire que j'ai une équipe de trois personnes qui se promènent pour accompagner les entreprises afin de favoriser des stratégies en économie circulaire. Nous le faisons pour les plastiques agricoles, comme nous le faisons pour plusieurs autres matières dans la région de l'Outaouais, et cela fonctionne.
Les entreprises sont prêtes à agir et à changer leur modèle économique, parce qu'elles voient que cela leur rapporte. Il faut simplement qu'il y ait un changement de la donne, parce que, en ce moment, ce n'est pas équitable. Effectivement, il faut avoir plus de données et assurer l'émergence de l'économie circulaire, surtout dans la filière des plastiques.
Je vous remercie.
Je vous remercie de nous donner l'occasion de témoigner devant vous.
L'Institut pour l'IntelliProspérité est un réseau de recherche et un groupe de réflexion sur l'économie propre de l'Université d'Ottawa. Nous avons témoigné devant votre comité et celui du Sénat pour des questions similaires assez souvent. Nos recherches portent notamment sur la tarification du carbone et la politique sur le climat, l'innovation propre et l'évaluation de l'impact sur l'environnement. Nous nous centrons sur la recherche en matière de politique publique en vue de faire croître l'économie et de protéger l'environnement de façon simultanée. Nous fondons nos recherches sur les données probantes et notre réseau est impartial.
L'économie circulaire et les déchets plastiques représentent nos grands sujets d'intérêt. Nous travaillons activement à ce dossier, tant à titre d'institut de recherche qu'à titre de membre de la Coalition pour le leadership en matière d’économie circulaire. Je vais vous parler brièvement de cette coalition aujourd'hui.
Comme vous l'avez souligné, monsieur le président, mon collègue Usman Valiante se joint à nous par téléphone. Usman est l'un des plus grands experts en matière de politiques de gestion des déchets plastiques et est l'auteur principal du rapport principal que nous avons publié sur le sujet. J'ai des copies de ce rapport pour ceux que cela intéresse. Usman participera à la période de questions.
Je tiens à remercier le greffier et le président d'avoir répondu à ma demande à la dernière minute. J'ai eu une idée à 14 heures dimanche, alors je vous remercie de l'avoir mis en contact avec nous aujourd'hui.
J'aborderai rapidement trois sujets. Premièrement, je vais vous expliquer pourquoi les entreprises et la société civile s'intéressent autant aux plastiques à l'heure actuelle. Deuxièmement, je vais vous parler des politiques que peut mettre en oeuvre le gouvernement afin de faire avancer la question. Enfin, je vais vous faire part de nos idées quant au rôle que peuvent jouer la société civile et les entreprises en vue d'aider le gouvernement à aller de l'avant dans ce dossier.
Tout d'abord, les représentants d'Environnement Canada vous ont parlé de l'urgence de ces questions, des mesures prises par le gouvernement, des données scientifiques à l'appui de ces mesures et des engagements que nous avons pris; je ne passerai donc pas trop de temps sur ce sujet. Je voulais simplement ajouter quelques points complémentaires.
L'IIP, mon institut, se centre sur les problèmes environnementaux et sur les solutions associées à des occasions économiques importantes. En ce qui a trait aux plastiques, les études ont démontré qu'à l'échelle mondiale, l'élimination du plastique — par opposition à la récupération — met en péril des activités économiques d'une valeur de 100 à 150 milliards de dollars. Le potentiel économique associé à une solution à ce problème est donc immense. Comme l'a fait valoir Mme Ryan, le système de recyclage du Canada ne permet de récupérer que 12 % des plastiques. Nous n'avons pas la quantité exacte, mais nous savons qu'une partie importante de ces 12 % n'est même pas récupérée et réutilisée dans le cadre du système de recyclage.
C'est notamment pour cette raison que nous avons mis sur pied la Coalition pour le leadership en matière d’économie circulaire l'année dernière lors de la rencontre des ministres de l'Environnement du G7 à Halifax. Je n'irai pas dans les détails, mais vous pouvez consulter le site Web pour obtenir plus de renseignements à cet égard. Cette initiative compte la participation des plus grands et des plus importants détaillants et organisations de la société civile du Canada; elle est présidée par Unilever Canada et The Natural Step Canada, et vise à faire du pays un leader mondial en matière d'économie circulaire durable, prospère, zéro déchet et à faibles émissions de carbone.
Mon deuxième point — qui est probablement le plus pertinent aux fins de votre étude — a trait aux mesures que peuvent prendre les gouvernements. J'ai ici des copies de notre document d'orientation et nous pourrons répondre à vos questions à ce sujet. Nous avons étudié six politiques que pourraient mettre en oeuvre les divers ordres de gouvernement pour réaliser des progrès dans le domaine des plastiques. Ces politiques visent à réduire les déchets plastiques et à en réintroduire la valeur au sein de notre économie.
La première catégorie de politiques vise à associer des droits et responsabilités de propriété aux plastiques en fin de vie utile. Nous avons parlé de la responsabilité élargie des producteurs. Il s'agit de la mesure la plus importante et la plus souvent citée. Elle rend les producteurs de plastique responsables de la fin de vie utile de leurs produits, ce qui permet de créer une réserve de plastiques réutilisés pouvant servir à la fabrication et contribuer à l'économie... puisqu'ils y sont réintroduits. La Colombie-Britannique est probablement la province dotée du meilleur ensemble de programmes de REP au pays, mais à mon avis, il est évident qu'il n'y a pas suffisamment de programmes du genre au pays et que ceux qui sont en place ne fonctionnent pas assez bien ou sont trop fragmentés pour nous permettre d'atteindre nos objectifs en matière de réduction des déchets plastiques.
Le deuxième ensemble de politiques est lié à l'une des questions d'un membre du Comité. Ce sont les politiques qui établissent les normes de rendement en matière de contenu recyclé. Elles peuvent établir un pourcentage minimum de contenu recyclé entrant dans la composition d'un produit ou d'un emballage ou servir de mécanisme de tarification dans lequel les frais diminuent à mesure que le pourcentage de contenu recyclé se rapproche de la norme établie par la loi ou le gouvernement.
Le troisième ensemble de politiques que nous examinons vous semblera plutôt administratif et technique, mais c'est un aspect extrêmement important. Le gouvernement a un rôle déterminant à jouer dans la création de définitions communes, de normes de rendement et de protocoles de mesure et d'évaluation. Ce sont des aspects essentiels qui permettent l'application uniforme des politiques à l'échelle du pays et de l'économie. Dans ce domaine, l'absence de telles politiques entraîne une fragmentation des systèmes, des marchés et des orientations stratégiques. Comme en témoignent les observations de Mme Ryan, il existe une multitude de politiques et de mesures formidables pour lutter contre les déchets de plastique. Pour les acteurs du marché qui tentent de s'y conformer, la cohérence des mesures est d'une grande importance.
Les trois derniers que nous avons examinés — je serai très bref — sont les interdictions visant certains plastiques, les mesures économiques pour internaliser les coûts et la tarification des gaz à effet de serre découlant de la combustion de matières plastiques.
Mon dernier point — je serai extrêmement bref, monsieur le président — porte sur la contribution d'organismes comme le nôtre, de coalitions comme celle que nous avons créée ou d'autres organismes de la société civile. À mon avis, le gouvernement fédéral doit faire preuve d'audace quant à la participation des organismes non gouvernementaux. Comme je l'ai indiqué et comme vous pouvez en conclure d'après le témoignage de Mme Ryan, beaucoup de mesures concrètes sont nécessaires aux divers ordres de gouvernement et l'envoi de signaux contradictoires ou non harmonisés aux marchés comporte un risque très important. Certains acteurs du secteur privé ont un rôle à jouer à divers égards, notamment faire connaître les solutions pouvant être mises en oeuvre, en particulier aux politiciens; faire des recherches pour éclairer les politiques du gouvernement et les pratiques de l'industrie; participer à l'élaboration de solutions et de cadres stratégiques. On cite souvent l'exemple du pacte sur les plastiques du Royaume-Uni, qui vise à inciter les entreprises à réduire les déchets de plastique.
Merci.