Bonjour. Je suis heureuse de vous retrouver.
[Français]
Je m'appelle Helen Ryan. Je suis la sous-ministre adjointe du secteur de la protection de l'environnement à Environnement et Changement climatique Canada.
[Traduction]
J'ai mes collègues ici qui m'accompagnent, Dany Drouin; Nancy Hamzawi, sous-ministre adjoint de la Direction générale de la science et technologie et Jacinthe Séguin.
[Français]
Vous nous avez fourni une série de questions et j'aimerais vous faire part de nos réponses. Nous avons également soumis ces réponses par écrit pour vous aider.
[Traduction]
Au cours de cette étude, vous avez entendu de nombreuses parties prenantes de la chaîne des valeurs des plastiques ainsi que des organisations environnementales. Je pense que vous conviendrez que la question portant sur la pollution de plastiques a de nombreux enjeux complexes. Je lirai avec grand intérêt les recommandations que vous allez mettre de l'avant dans votre prochain rapport.
Parmi les témoignages que vous avez entendus, les thèmes principaux comprennent: l'état actuel de la science concernant les plastiques et les déchets marins, les engagements souscrits au titre de la Charte sur les plastiques dans les océans, le rôle de la responsabilité élargie des producteurs, le potentiel de normes et d'exigences nationales, et le champ de compétence du gouvernement fédéral portant sur les interdictions ou autres réglementations sur les plastiques à usage unique.
Quant à la Charte sur les plastiques dans les océans, les engagements qu'elle contient ne sont pas impératifs. La Charte n'est pas juridiquement contraignante: les signataires, dont les gouvernements et les partenaires de l'industrie, sont ainsi invités à mettre en œuvre les objectifs et les engagements de la Charte dans leurs juridictions et zones d'influence respectives. Près de 20 gouvernements et 60 industries ont adhéré jusqu'ici à la Charte.
Sous l'égide de la Charte, le Canada s'est engagé à verser 100 millions de dollars pour soutenir le développement de solutions de traitement des déchets plastiques dans les pays en développement. Cet engagement comprend un soutien à la gestion des déchets, des fonds pour stimuler l'innovation dans le cadre du défi de l'innovation du G7 et des partenariats publics-privés par le biais du Fonds ProBlue de la Banque mondiale et du partenariat mondial pour l'action contre le plastique du Forum économique mondial.
Les déchets solides municipaux mal gérés dans certains pays en développement représentent environ 50 à 70 % du poids des plastiques qui entrent dans les océans du monde. On estime que les coûts associés à la réduction de ces déversements sont d'environ 5 milliards de dollars américains par année. Notre contribution envers cette cause reste un engagement financier modeste.
Vous avez demandé des éclaircissements sur les objectifs récents de l'Union européenne en matière de déchets plastiques et sur leur comparaison avec les objectifs fixés dans la Charte sur les plastiques dans les océans. L'Union européenne a approuvé la stratégie de l'Union européenne pour les plastiques dans l'économie circulaire en juin 2018. La stratégie comprend des objectifs pour la conception de produits et d'emballage destinés à la réutilisation, étant recyclables, et la croissance de l'utilisation du contenu recyclé des nouveaux produits.
[Français]
La directive de l'Union européenne sur l'écoconception énonce aussi des règles et des exigences en matière de performance environnementale des produits, notamment des plastiques.
[Traduction]
Encore plus récemment, l'examen d'une directive sur les matières plastiques à usage unique a pour objectif de cibler des produits spécifiques, désignés comme contributeurs majeurs aux déchets marins dans le contexte de l'Union européenne. La Charte sur les plastiques dans les océans adopte une approche globale plutôt que de se concentrer sur des produits spécifiques, en s'engageant à atteindre des objectifs en matière de plastiques à usage unique et de plastiques durables.
Les engagements pris par l'Union européenne ne dépassent pas les engagements pris dans la Charte, leur portée étant légèrement différente. Cependant, la nature juridique de la directive de l'Union européenne sur les plastiques peut aider à assurer une meilleure conformité aux objectifs fixés par la charte.
[Français]
Alors que nous travaillons avec nos homologues provinciaux et territoriaux du Conseil canadien des ministres de l'environnement, les actions d'autres zones de responsabilité telles que l'Union européenne sont des références importantes pour orienter les mesures fédérales.
[Traduction]
En ce qui a trait aux engagements pris par les provinces et les territoires dans le cadre du plan pancanadien pour une responsabilité élargie des producteurs, la REP, le rythme par lequel les provinces et les territoires ont réalisé des progrès dans la mise en œuvre de la phase 1 est variable. Il faut encore franchir le cadre des mesures limitées pour les produits en plastique qui font partie de la deuxième phase. Cela signifie que la plus grande source de déchets plastiques, les emballages, est soumise à une forme de programme de recyclage dans le cadre de la REP dans seulement cinq provinces, la Colombie-Britannique étant la seule juridiction sur le point d'offrir un service de recyclage pour un grand nombre de produits d'emballage en plastique.
Cependant, il convient de noter que presque toutes les provinces ont un système de consigne pour les bouteilles en plastique, ce qui permet de récupérer environ 70 % de ces bouteilles à l'échelle nationale.
[Français]
Avec nos réponses écrites, nous avons fourni un tableau qui donne plus de détails sur les programmes de recyclage entrepris par les provinces et les territoires.
Vous nous avez posé des questions également sur les règlements fédéraux possibles quant aux produits de plastique dans le contexte des produits à usage unique, les programmes de responsabilité élargie des producteurs, les cibles pour le recyclage et les systèmes de consigne.
[Traduction]
Le gouvernement fédéral doit d'abord avoir accès aux pouvoirs de réglementation appropriés à cette fin. Pour ce faire, le plastique, ou un sous-ensemble de plastiques, doit être ajouté à la liste des substances toxiques qui figurent dans l'annexe 1 de la Loi canadienne sur la protection de l'environnement. Advenant le cas où la science démontrerait les effets nocifs du plastique sur l'environnement ou de risques pour la santé humaine, des mesures réglementaires en vertu de la LCPE pourraient ensuite être proposées.
ECCC a conclu des accords volontaires de performance environnementale avec certains secteurs industriels pour atteindre les objectifs de rejet ou atteindre les objectifs de qualité environnementale sous autres priorités. Celles-ci nécessitent des négociations avec les secteurs de l'industrie et restent non contraignantes, mais pourraient constituer des options pour une variété d'autres produits contenant du plastique, tels que les biens durables.
Nous disposons donc d'une certaine souplesse dans les outils que nous pouvons utiliser, tant avec nos outils réglementaires — si nous ajoutons certains plastiques à notre liste des substances toxiques — qu'avec nos outils non contraignants.
[Français]
Certaines provinces, comme l'Île-du-Prince-Édouard, et certaines municipalités, comme Victoria, en Colombie-Britannique, innovent en utilisant leur autorité pour interdire les sacs en plastique à usage unique.
[Traduction]
J'espère que cette information sera utile au Comité. Je serais heureuse de répondre à vos questions.
Merci encore pour votre appui à l'approfondissement de notre compréhension des déchets plastiques et de l'identification des options pour leur gestion au Canada.
[Français]
Merci beaucoup.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie les témoins de leur présence. Nous nous voyons plus régulièrement et allons devenir des gens de proximité, pour ne pas dire des amis. Nous allons développer des relations. Arrêtons ici pour l'instant et nous verrons pour la suite.
Des témoins ont dit aux membres de ce comité qu'il y a un problème. Tout le monde autour de la table ici convient que le plastique constitue un problème. J'ai compris de votre présentation, madame Ryan, qu'il y a un problème de compétence, mais je pense que le problème est plus gros que cela.
Le problème du plastique doit être une priorité, et pas seulement à l'échelle territoriale, provinciale ou nationale. Il faut voir ce problème majeur de façon globale. Le Canada, d'est en ouest, ramasse beaucoup de plastique qu'il ne contrôle pas. Ce sont des gens d'autres pays qui polluent la planète. Il faut aller au-delà de la réglementation provinciale et fédérale.
Quel est le meilleur conseil que vous pourriez donner aux législateurs que nous sommes pour qu'il y ait des résultats concrets? Qu'est-ce qui nous permettrait de mesurer les résultats pour que, enfin, nous commencions à avoir l'espoir de nettoyer notre planète du plastique?
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Je vous remercie de votre question.
Les problèmes que posent les déchets de plastique nous touchent tous. Je ne dirais pas que c'est un problème de compétence, mais plutôt que les municipalités, les provinces, les territoires, le gouvernement fédéral, les pays, l'industrie et les consommateurs doivent apporter leur contribution et ont chacun un rôle à jouer.
Dans le cadre de la Charte sur les plastiques dans les océans, des initiatives ont été prises à l'échelle internationale. Plusieurs pays se joignent à nous pour relever ce défi. Cela va prendre des actions concertées de tous les pays.
[Traduction]
Nous venons de quitter une rencontre tripartite concernant le COP et la Convention de Bâle; nous avons travaillé avec d'autres pays pour proposer des amendements sur lesquels nous nous sommes entendus, et nous avons également pris des mesures pour renforcer le contrôle des déplacements transfrontaliers de certains déchets plastiques. Tous ces pays se sont entendus sur ces mesures. Cela me paraît être le genre d'actions collectives et nationales qui sont en train d'être prises. Ce sont des mesures prises par des individus, aussi bien à l'échelle nationale qu'internationale, qui vont nous aider à résoudre cette question et à atteindre les cibles que nous nous sommes données en matière de zéro déchet de plastique.
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Je le comprends. Le sujet de discussion que j'essaie d'aborder est que nous ne devrions pas insister autant sur les engagements découlant de la Charte sur les plastiques. Nous devrions plutôt nous intéresser aux normes plus élevées qu'ont adoptées d'autres pays, de sorte que nous puissions dire aux Canadiens avec certitude: « Nous faisons tout ce qu'il est possible de faire sur cette question des plastiques ».
Je vais vous donner quelques exemples que j'ai découverts grâce à notre équipe. L'Union européenne a déclaré que tous les plastiques devront être réutilisables ou recyclables d'ici 2030, alors que la Charte énonce que tous les plastiques seront réutilisables, recyclables ou récupérables d'ici 2030. Récupérables veut dire qu'ils peuvent être incinérés, ce qui est déjà possible à 100 %. Cela peut être fait.
Autre exemple, l'Union européenne interdit au moins 10 catégories de plastique à usage unique. La Charte ne contient aucune interdiction. L'Union européenne impose des obligations précises pour le contenu recyclé, par exemple, les bouteilles en PET devront contenir 25 % de plastiques recyclés d'ici 2025. La Charte sur les plastiques dans les océans énonce: « Encourager les efforts déployés par l'industrie pour accroître de 50 % le contenu recyclable des produits de plastique d'ici 2030, là où cette mesure pourra être mise en place ». L'Union européenne mentionne qu'elle a élargi la responsabilité des producteurs d'engins de pêche et de filtres pour le tabac, mais la Charte sur les plastiques ne contient rien à ce sujet.
Je vous mentionne ces différents aspects et j'aimerais beaucoup savoir quelle est la réponse du ministère à ces différentes mesures. Je crois que les Canadiens veulent savoir si nous allons adopter une norme très élevée ou adopter un dénominateur commun négocié mondialement et moins exigeant. Il y a également le fait, que vous connaissez, que l'industrie a participé étroitement à l'élaboration de la Charte.
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Je remercie les témoins d'être venus.
Un des problèmes que pose, d'après moi, l'ajout de plastiques à l'annexe 1 est qu'il existe un grand nombre de substances différentes: polyéthylène, polyéthylène téréphtalate, polystyrène, nylon, polyesters, caoutchouc, polycarbonate, anhydride malonique — j'ai travaillé longtemps dans les plastiques — de sorte que, dans certains cas, si vous pensez au polyéthylène, il y a peut-être des utilisations de ce produit chimique que vous voudriez supprimer. Nous avons tous vu les images de canards pris au piège avec ces petits cercles de polyéthylène autour du cou, mais d'un autre côté, ce plastique est également utilisé pour faire des cathéters intraveineux ainsi que des seringues dans les hôpitaux dans de nombreuses applications médicales.
Est-il possible de les inclure dans les plastiques pour une application donnée, peut-être en faisant ce qui s'est fait en Europe lorsqu'ils ont examiné différentes plages? Ont-ils cherché à savoir quels étaient les types de pollution par le plastique les plus fréquents?
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Merci, monsieur le président.
Pour être bien franc avec vous, je vous dirai que, en écoutant votre témoignage, j'ai eu l'impression que le ministère avait beaucoup plus que deux fers au feu, autrement dit, beaucoup de dossiers à gérer.
Présentement, le ministère a-t-il pris les moyens qui s'imposent? A-t-il affecté le personnel et les fonds nécessaires pour obtenir des résultats concrets, non pas à court terme, mais à moyen terme? Je sens que vous êtes remplis de bonne volonté, mais que vous en avez plein les bras et que vous essayez de faire du rattrapage.
Mettre des mesures en vigueur pour réduire rapidement le recours au plastique est-il une priorité pour le ministère? Le cas échéant, cela implique que la production de plastique va décroître et que cela va diminuer la quantité de GES. C'est un cycle. C'est élémentaire, mais c'est quand même une réalité.
Le ministère a-t-il l'intention de consacrer les effectifs et les efforts nécessaires pour y arriver?
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Je vous remercie de la question.
C'est une priorité pour notre ministère et pour notre, comme l'indique la lettre de mandat de cette dernière.
[Traduction]
Pour ce qui est de formuler une stratégie, la collaboration avec les provinces et les territoires pour mettre en place une stratégie pancanadienne de zéro déchet de plastique est une des priorités de la lettre de mandat. Le ministère concentre son attention sur cette question et il veut progresser.
Comme je l'ai mentionné, en novembre dernier, les ministres se sont réunis et ont accepté la stratégie à la réunion du CCME. Il y aura un plan d'action pour la première phase de la stratégie qui sera présentée aux ministres, encore une fois au cours de la réunion du mois de juin.
En outre, un certain nombre d'activités ciblées ont été exercées sur le plan international à l'appui des engagements découlant de la charte des océans, y compris certains investissements très importants destinés à appuyer non seulement l'innovation, mais également la capacité de recyclage d'autres pays et d'assurer une étroite collaboration entre les intéressés de façon à obtenir des résultats. Il faut parler d'une initiative pangouvernementale. Il se fait du travail avec le ministère des Pêches et des Océans, par exemple, avec le Conseil du Trésor, pour examiner les opérations du gouvernement, pour ne mentionner que quelques mesures.
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Voilà qui nous conduit à la fin des deux tours de questions que nous avions prévus.
Nous avons un peu d'avance. J'aimerais aborder les travaux du Comité parce qu'il y a certains éléments dont nous devons parler, mais je me demande si quelqu'un aimerait poser une dernière question? Je serais heureux de donner la parole encore une fois à chacun des côtés de la table si quelqu'un n'a pas encore obtenu la réponse à sa question.
Pendant que vous y pensez, j'avais une question ou une demande de précision. Je pense que Sarah l'a peut-être mentionné avant que nous commencions.
La question 4 qui porte sur l'ampleur du problème des plastiques océaniques mentionne qu'en moyenne environ huit millions de tonnes de déchets plastiques se retrouvent chaque année dans les océans du monde entier. Plus loin, à propos de la même question, il est mentionné que près de 150 millions de tonnes de plastiques se retrouvent chaque année dans les océans.
Ce sont là des chiffres très différents. Je ne sais pas quel est le chiffre exact ni quelles en sont les sources. Il n'est pas nécessaire de le savoir maintenant, à moins quelqu'un sache déjà quelle est cette quantité annuelle. J'essayais de savoir s'il fallait nuancer les chiffres du document et s'il y en avait peut-être qui représentaient les déchets plastiques dans le sol et d'autres les déchets plastiques dans les rivières. Quelle est l'ampleur du problème auquel nous faisons face?
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Je vous remercie de la question.
C'est l'une des choses sur lesquelles travaillent mes collègues de Services publics et Approvisionnement Canada.
[Traduction]
Il y a deux choses. Premièrement, nous sommes en train d'élaborer une politique dans le cadre d'Environnement et Changement climatique Canada — et nous espérons mettre cette politique en application d'ici l'été — cela va concerner les achats que font nos ministères et la nature des matériaux que nous pouvons utiliser, y compris les plastiques à usage unique.
Le gouvernement du Canada met également en place des directives applicables à toutes les opérations gouvernementales, y compris les spécifications pour nos acquisitions. Il examine également ses édifices et loue des locaux dans lesquels il faut respecter certaines conditions.
Le gouvernement fédéral s'est engagé à réduire de 75 % les déchets plastiques d'ici 2030 dans ses activités et cet engagement repose également sur notre Stratégie pour un gouvenement vert. Il a également pris l'engagement de supprimer le recours inutile aux plastiques à usage unique pour les activités, les vêtements et les réunions du gouvernement et il y a des directives précises qui seront publiées à ce sujet.
Il y a également les stratégies d'acquisition qui visent les acquisitions durables, qui nous permettent de nous servir de notre pouvoir d'achat non seulement pour influencer ce que nous achetons, mais également pour influencer ce que d'autres achètent aussi. Cela progresse bien.