:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Tout d'abord, je tiens à remercier le Comité de prendre le temps d'entendre mon témoignage.
J'aimerais souligner que je me trouve en ce moment sur le territoire traditionnel de la nation Songhees, à Victoria, en Colombie-Britannique, par une belle journée pluvieuse, et que je suis le fils d'un membre de la nation Sto:lo, Robert Coulter. Ma mère est Thelma Chalifoux, une Métisse de l'Alberta.
D'entrée de jeu, je tiens à dire que la mission, telle que je la comprends d'après le cadre pancanadien, consiste à augmenter la quantité de carbone stockée puis à repérer et à améliorer les puits de carbone.
Bien sûr, j'ai acquis une grande expérience depuis 2000. J'ai d'abord travaillé avec des groupes des Premières Nations et des Métis dans le Nord de l'Alberta pour cerner différentes exploitations d'élevage intensif. C'est à ce moment-là que j'ai compris que le compost était non seulement un amendement de sol, mais aussi un moyen d'obtenir une autre source de revenus pour les exploitations d'élevage. Cela m'a amené à m'intéresser au domaine des changements climatiques, en particulier à la séquestration du carbone et aux différentes méthodes que nous pouvions utiliser dans le cadre de nos efforts pour élaborer une approche axée sur le marché à l'égard de la séquestration du carbone en particulier.
Cela dit, j'aimerais, dans un premier temps, définir en quoi consiste un puits de carbone. Je veux y revenir, car j'ai constaté, au fil du temps, que le terme donnait lieu à de nombreuses interprétations différentes. J'ai plus de 10 ans d'expérience dans ce domaine, tant dans les Prairies qu'en Colombie-Britannique, où j'ai négocié avec toutes les Premières Nations sur des projets d'énergie propre, plus particulièrement d'énergie marémotrice.
Un puits de carbone est un réservoir naturel ou artificiel qui absorbe et stocke le dioxyde de carbone, comme les océans et, bien sûr, les sols.
Lorsque je rencontrais des agriculteurs, je leur disais souvent que même si nous savons que la terre absorbe le carbone de l'atmosphère de toute façon, en utilisant les meilleures pratiques, nous pouvons améliorer encore davantage cette absorption. C'est mesurable, et nous pourrions mesurer l'absorption et amener cette différence sur le marché en tant que crédits de conformité. Telle était notre stratégie à l'époque où nous mettions au point un processus d'agrégation axé sur le marché avec les agriculteurs de l'Alberta.
Voilà notre définition et, bien sûr, nous avons également discuté avec divers propriétaires fonciers du secteur forestier et du secteur agricole au sujet des sites d'enfouissement et du changement d'utilisation des terres.
En tant qu'agrégateur, dans l'entreprise que j'ai fondée et exploitée, nous avions environ 1 100 agriculteurs inscrits à notre programme. Nous les encouragions à utiliser les meilleures pratiques qui soient — en particulier la culture sans labour — en vue d'obtenir des résultats concrets.
Ce n'était qu'une petite partie de ce que nous faisions, parce que nous savons qu'en Alberta en particulier, il y avait environ 52 millions d'acres, et je pense que dans l'ensemble de l'Ouest canadien, nous avions environ 55 millions d'hectares, soit près de 137 millions d'acres de terres agricoles. Ces terres avaient le potentiel de devenir près de 30 % de la solution, au lieu d'être environ 10 % du problème des émissions de CO2.
Nous avons également examiné le captage du méthane dans différentes exploitations d'élevage intensif, car, bien entendu, le méthane est environ 21 fois plus intense que les émissions de dioxyde de carbone.
Évidemment, il y avait l'ancien problème des terres arables, en particulier les jachères d'été, avec des émissions d'azote environ 210 fois plus intenses qu'une tonne de carbone. Par conséquent, nous avions tout intérêt à nous pencher sur les émissions agricoles en particulier et à essayer de les atténuer en adoptant de meilleures pratiques.
J'ai préparé un diaporama, que vous recevrez apparemment plus tard au cours de la semaine lorsqu'il sera traduit.
Nous avons encouragé les agriculteurs à prendre certaines mesures. Tout d'abord, nous les avons fortement encouragés à laisser les résidus de culture dans les champs, sans y toucher. Même si ces résidus peuvent être utilisés comme fourrage, combustible, fibre ou matériau de construction, nous voulions que les agriculteurs les maintiennent à la surface du sol, car plus il y a de matière organique dans les champs, meilleure est la rétention d'eau. Plus encore, nous voulions les encourager à adopter ces pratiques exemplaires, car elles permettent d'augmenter le coefficient d'absorption du carbone du sol.
Évidemment, dans notre approche axée sur le marché, le coefficient correspond à un montant d'argent. Plus votre coefficient est élevé, plus vous avez tiré de revenus de vos terres en agrégeant les crédits de carbone. Ce diaporama vous montrera plus tard comment le travail de conservation du sol augmente le coefficient de 0,01 à 0,4.
Il y a eu des cultures de couverture d'hiver. Nous avons encouragé les agriculteurs à avoir recours à des cultures de couverture d'hiver et à augmenter leur coefficient de 0,05 à 0,20. La gestion de la fertilité des sols, l'élimination de la jachère d'été, les rotations fourragères, les amendements organiques et la gestion de la nappe phréatique ont tous augmenté leur coefficient, ce qui signifie plus d'argent dans les poches des agriculteurs. Nous avons vraiment essayé de leur montrer que tout le monde y gagne. En intégrant ces pratiques à leurs activités agricoles, ils augmentent la teneur en carbone organique de leur sol et, par le fait même, leur capacité de rétention d'eau. Nous pourrions aussi montrer que grâce au rendement accru des terres, ils réaliseraient un meilleur profit. De plus, ils pourraient ajouter une source de revenus supplémentaire en vendant leurs crédits aux grands émetteurs finaux de l'Alberta en vertu des règles imposées par le gouvernement d'Ed Stelmach en 2007.
Voilà notre principal modèle d'affaires. Lorsqu'ils affirmaient qu'ils suivaient ces pratiques, en tant qu'agrégateur, nous validions et vérifiions leurs affirmations, afin de pouvoir convertir ces crédits bruts — que nous appelons les crédits agricoles — en crédits de conformité et les vendre aux grands émetteurs finaux en Alberta en vertu du système albertain.
Voilà notre méthodologie. Bien sûr, cela comprenait le processus de vérification avec l'aide d'un agronome. Nous devions nous assurer qu'ils disposaient du système de conservation en une seule étape, qu'ils avaient le bon équipement et qu'ils avaient respecté tous les éléments du contrat que nous avions conclu avec eux.
Une fois que cela a été fait, nous avons ensuite dû les sérialiser conformément aux normes du Groupe CSA. Finalement, nous avons convaincu le système de l'Alberta d'élaborer un processus de sérialisation afin de pouvoir réaliser un suivi précis des crédits de conformité, en particulier pour nous assurer qu'on ne joue pas avec les chiffres ou qu'on ne compte pas en double.
La période de 2007 à 2009 a été très mouvementée, en particulier, lorsque nous avons élaboré cette approche axée sur le marché pour veiller à ce que l'utilisation des terres et les changements d'utilisation des terres soient documentés, vérifiés et convertis en crédits. Ensuite, bien sûr, nous avons pu les vendre à certains des grands émetteurs finaux au nom des agriculteurs.
C'était notre méthodologie à l'époque pendant que nous travaillions là-dessus. Pour l'agriculteur, le carbone dans le sol permet d'améliorer la qualité du sol. Pour la société, il correspond à une diminution de l'érosion et de la sédimentation des plans d'eau, à une amélioration de la qualité de l'eau, à une biodégradation des polluants et à une atténuation des changements climatiques.
Tant du côté des forêts que de l'agriculture, nous préservons nos précieuses ressources.
Merci beaucoup, monsieur le président. C'est donc là-dessus que je vais conclure mes observations.
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Merci, monsieur le président.
Je vous remercie de nous avoir invités à participer à l'étude de votre comité sur la croissance propre, la technologie et les changements climatiques, ainsi que leurs répercussions sur diverses industries, notamment l'agriculture.
L'Institut agricole du Canada a été fondé il y a près d’un siècle, soit en 1920, dans le but d'unir les voix de la recherche et de l'innovation intersectorielles au Canada. Nous faisons la promotion de la recherche agricole, nous diffusons l'information et nous créons des liens internationaux. En termes simples, les intervenants que nous représentons recherchent, développent et innovent des technologies et des produits destinés au secteur agroalimentaire. Ils savent que le secteur agroalimentaire canadien présente un grand potentiel pour le développement et l'utilisation de technologies propres et de bioproduits.
Les innovations développées aujourd'hui ont le potentiel de révolutionner à la fois la façon dont nous produisons et cultivons les produits, ainsi que les produits eux-mêmes, qu'il s'agisse de fabriquer des produits plus propres qui engendrent moins d'émissions et qui ont une empreinte carbone moins élevée, de mettre au point des techniques qui améliorent la façon dont nos producteurs cultivent les produits ou de mieux utiliser les déchets qui en résultent. Les chercheurs canadiens sont à l'avant-garde de cette industrie et sont des chefs de file mondiaux. Nous voyons déjà des produits qui utilisent moins de ressources, émettent moins de carbone, ont un meilleur rendement agricole et une plus grande valeur nutritive.
Grâce à un soutien ciblé et stratégique, l'impact de ces innovations peut être ressenti sur une plus grande échelle. Nous croyons qu'il s'agit là d'une occasion pour le gouvernement fédéral de faire preuve de leadership. Un élément central de cette stratégie consiste d'abord à favoriser la collaboration entre les secteurs. En encourageant et en favorisant les partenariats intersectoriels, nous ferons de grands progrès pour trouver des solutions aux problèmes actuels.
Par exemple, au printemps, l'Institut organisera un sommet sur l'innovation agroalimentaire pour promouvoir la collaboration entre les secteurs, les grappes de recherche et les gouvernements. Des participants de diverses industries se réuniront pour discuter des plans de recherche futurs et des voies à suivre. L'objectif final est de trouver des domaines où la recherche peut se chevaucher et où les applications peuvent être partagées entre les secteurs, ainsi que de déterminer quels outils peuvent être utilisés pour soutenir davantage la recherche et l'adoption de ces technologies. Nous réunirons par exemple des représentants du secteur de l'intelligence artificielle et de la robotique, de même que du secteur agricole, afin de trouver un moyen d'utiliser une base de connaissances sur laquelle s'appuyer.
Nous croyons que le gouvernement a un rôle à jouer et nous espérons qu'il envisagera de soutenir d'autres initiatives comme celle-ci, notamment en appuyant le développement de systèmes de séquestration du dioxyde de carbone dans les villes comparables à ce qui se fait actuellement aux Pays-Bas, en encourageant l'horticulture intérieure dans les aménagements urbains et en investissant dans des systèmes pour accroître l'utilisation du dioxyde de carbone, notamment la bioénergie et les déchets produits.
Comme c'est le cas pour la plupart des technologies, l'adoption précoce de ces technologies coûte cher, et le fait de retarder l'utilisation des technologies vertes ne fait qu'accroître l'utilisation des technologies plus anciennes, moins efficaces et moins respectueuses de l'environnement. Pour élargir l'utilisation de ces technologies, il est essentiel d'obtenir du soutien et des mesures incitatives clés de la part du gouvernement, de l'étape de la recherche à celle de l'adoption par l'utilisateur final. La création d'un climat favorable à l'adoption de technologies propres contribuera à ce que les effets souhaités se fassent sentir à plus grande échelle. Cela pourrait se faire par le biais du régime fiscal, par exemple au moyen d'allégements fiscaux, de déductions ou d'un soutien financier direct.
Un élément central de l'application des nouvelles technologies est souvent le même: l'accès aux services Internet à large bande. Sans cet élément fondamental, malgré leur grand potentiel, bon nombre de ces nouvelles technologies n'auront pas une aussi grande incidence. Le rapport du vérificateur général de cet automne dressait un tableau plutôt décevant de l'état de la connectivité du Canada dans les régions rurales et éloignées. Le gouvernement fédéral a pris des mesures à cet égard, notamment en mettant sur pied un comité fédéral-provincial-territorial chargé de la connectivité et en lançant une consultation publique à ce sujet. Nous encourageons le gouvernement à aller de l'avant rapidement et à passer de l'étape des consultations à celle de la mise en oeuvre.
L'adaptation de l'environnement urbain du Canada présente une occasion unique pour les innovateurs canadiens et un grand potentiel pour le développement des capacités de séquestration et de stockage du carbone. Je sais que votre comité a déjà mené une étude sur ce sujet, je n'entrerai donc pas dans les détails, mais si des mesures sont prises aujourd'hui et si nous faisons preuve de leadership, nous pourrons convertir notre environnement bâti en centres de séquestration du carbone et générer des revenus tout en réduisant nos émissions de dioxyde de carbone.
Le gouvernement a présenté un ambitieux plan de lutte contre les changements climatiques et a cerné les domaines où des mesures supplémentaires étaient nécessaires pour nous aider à atteindre nos objectifs de réduction des émissions, notamment dans le secteur agricole. De plus, les ministres de l'Agriculture ont convenu de se pencher sur les secteurs prioritaires et d'accélérer les activités en matière de science, de recherche et d'innovation dans des domaines précis. Nous croyons qu'il s'agit d'un pas dans la bonne direction, mais nous aimerions que le gouvernement fédéral fasse preuve de plus de leadership en ce qui concerne l'utilisation des recettes découlant de la taxe sur le carbone.
Compte tenu de l'incidence considérable des technologies propres sur le secteur agricole et l'environnement dans son ensemble, nous recommandons qu'une partie de ces revenus soit spécifiquement consacrée à l'introduction de nouvelles sources d'énergie ainsi qu'à la production de biocarburants. Grâce à des fonds réservés à cette fin, ce secteur obtiendra le soutien dont il a besoin pour prendre de l'expansion, et je suis sûr que mon collègue ici présent abordera également ce point.
Sur la scène mondiale, le Canada a déjà fait preuve de leadership en matière de croissance propre dans le secteur agricole, notamment dans la mise au point de protéines de remplacement, qui est l'objectif principal de la supergrappe des industries des protéines établie en Saskatchewan. Grâce à l'utilisation de la génomique végétale et d'autres techniques, la valeur nutritive des principales cultures comme les légumineuses, le blé, le canola et d'autres cultures sera accrue. Cela réduit l'impact sur l'environnement tout en augmentant l'attrait des produits sur un marché mondial.
Grâce à des investissements stratégiques et ciblés, de telles innovations ont le pouvoir de réussir. L'ingéniosité des chercheurs canadiens et l'appui du gouvernement permettront au secteur agricole de réaliser son potentiel tout en appuyant la croissance et les technologies propres.
Je vous remercie d'avoir pris l'initiative d'aborder ce sujet important.
Je suis impatiente de répondre à vos questions.
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Mesdames et messieurs, bonjour.
[Traduction]
Je vous remercie de me donner l'occasion de prendre la parole devant le Comité aujourd'hui. Je m'appelle Doug Hooper et je suis le directeur des politiques et des règlements de l'organisation Biocarburants avancés Canada.
L'organisation Biocarburants avancés Canada représente les producteurs, les distributeurs et les promoteurs des technologies des biocarburants au Canada. Nos membres sont des chefs de file mondiaux. Ils ont des usines sur quatre continents et ils peuvent produire plus de 12 milliards de litres de biocarburants avancés annuellement. Ici, au Canada, ils font tourner sept usines de biocarburants, qui ont une capacité annuelle de production de 400 millions de litres. Ils travaillent fort pour produire des carburants propres et construire de nouvelles raffineries au Canada afin de répondre à la demande croissante en carburants à faible teneur en carbone.
Depuis 2005, l'organisation Biocarburants avancés Canada joue un rôle pilote auprès des gouvernements fédéral et provinciaux dans l'élaboration de politiques efficaces sur les biocarburants visant à multiplier les options de carburants à faible teneur en carbone, à obtenir des résultats mesurables dans la lutte contre les changements climatiques, à attirer de nouveaux investissements et à favoriser la croissance propre. Je suis ici aujourd'hui pour contribuer à votre analyse portant sur la manière dont nous pouvons produire plus de bioénergie et de bioproduits et favoriser l'innovation dans les secteurs de la foresterie, de l'agriculture et de la gestion des déchets.
Je tiens à me pencher plus particulièrement sur la question du potentiel que présentent les biocarburants avancés en matière d'atténuation des émissions de gaz à effet de serre au Canada et à expliquer de quelle façon le gouvernement du Canada peut encourager leur production. Je terminerai en présentant certains avantages économiques de leur utilisation et un plan pour l'avenir. Avant d'entrer dans le vif du sujet, je vais parler de la façon dont les biocarburants sont utilisés au Canada aujourd'hui.
L'industrie des carburants renouvelables du Canada est née il y a quelques décennies au moment où les agriculteurs tentaient d'accroître leurs revenus agricoles et de réduire leur dépendance aux exportations en produisant de l'éthanol à base de cultures de maïs et de blé. Au cours de la dernière décennie, des raffineries ont été construites au Canada pour produire des carburants avancés à faible teneur en carbone, comme le biodiesel à base de canola, d'huile de soja et de gras animaux et l'éthanol cellulosique à base de biomasse et de déchets municipaux afin de respecter les exigences établis à l'échelle fédérale et provinciale, notamment grâce au Règlement sur les carburants renouvelables et aux règlements provinciaux complémentaires qui en découlent.
En 2013, la Colombie-Britannique a élaboré la première norme sur les carburants à faible teneur en carbone du Canada pour les carburants de remplacement. Le ministère de l'Environnement élabore en ce moment la Norme sur les combustibles propres du Canada pour l'appliquer aux carburants utilisés dans les transports, l'industrie et les bâtiments.
L'adoption du Règlement sur les carburants renouvelables et de la norme sur les carburants à faible teneur en carbone a ouvert le marché des biocarburants au Canada et stimulé l'investissement pour accroître la capacité de raffinage. Cela a également contribué à une réduction considérable des émissions de gaz à effet de serre. De 2010 à 2016, la consommation de biodiesel et de diesel renouvelable est passée de 160 millions de litres à 540 millions de litres par année. Pendant la même période, la consommation d'éthanol est passée de 1,7 milliard de litres à 2,8 milliards de litres. La réduction annuelle d'émissions de gaz à effet de serre liée à l'élimination des combustibles fossiles utilisés dans les voitures et les camions est passée de 1,8 million de tonnes en 2010 à 4,1 millions de tonnes en 2016. Ce sont des réalisations remarquables en peu de temps.
Toutefois, bien que le Canada ait une abondance de ressources forestières et agricoles et de déchets, il n'a pas été capable de répondre à la demande en biocarburants uniquement avec des ressources canadiennes.
En 2016, nous avons produit 1,6 milliard de litres d'éthanol, mais nous avons compté sur 1,2 milliard de litres d'importations américaines pour répondre à nos besoins intérieurs. De plus, nous avons produit 415 millions de litres de biodiesel, qui pour la plupart ont été exportés vers les marchés américains plus lucratifs, et nous avons compté sur 240 millions de litres d'importations américaines de biodiesel et 300 millions de litres de diesel renouvelable d'Asie et d'Europe. En 2017 et 2018, ce déséquilibre commercial n'a cessé de s'accentuer avec l'augmentation actuelle des importations d'éthanol, de biodiesel et de diesel renouvelable.
Je vais maintenant répondre à votre première question qui est de savoir quel potentiel présentent les biocarburants en matière d'atténuation des gaz à effet de serre.
Grâce à la Norme sur les combustibles propres, nous nous attendons à ce que les carburants propres remplacent les combustibles fossiles liquides et que cela permette de réduire de 20 millions de tonnes par année les émissions de gaz à effet de serre d'ici 2030. Cela représente deux tiers de l'objectif de réduction d'émissions de gaz à effet de serre prévu dans la Norme sur les combustibles fossiles. La réduction se fera en large partie grâce aux biocarburants avancés qui sont vendus aujourd'hui, comme le biodiesel, le diesel renouvelable, l'éthanol et l'éthanol avancé. Les technologies émergentes, comme le biobrut et le captage du carbone n'en sont qu'à l'étape de l'essai et de la démonstration. Elles vont permettre d'accroître les approvisionnements en carburant et une réduction plus prononcée, qui sont nécessaires pour atteindre nos cibles pour 2050.
Les biocarburants avancés vont remplacer l'essence utilisée dans les véhicules et le carburant diesel utilisé dans les camions, les locomotives, les navires, les avions et les systèmes de chauffage. Les combustibles fossiles liquides seront remplacés par davantage de véhicules électriques, le gaz naturel renouvelable et l'hydrogène renouvelable.
Pour atteindre les cibles fixées de réduction d'émissions de gaz à effet de serre, la consommation de mazout renouvelable pourrait être multipliée par sept et la consommation d'autres carburants d'essence renouvelables pourrait être multipliée par trois d'ici 2030. Ce n'est pas tout à fait comme aller sur la lune, mais c'est ambitieux. Il faudra transformer nos systèmes d'alimentation en carburant.
Cette transformation ne se limite pas au Canada. Il s'agit d'une transformation du marché mondial. Le Canada a l'incroyable occasion d'accroître sa production, son utilisation et ses exportations de biocarburants avancés. Il faut redéfinir notre vision. Compte tenu de ses ressources forestières et agricoles ainsi que de son savoir-faire technologique, le Canada a la capacité d'être un chef de file mondial en matière de biocarburants avancés et d'autres carburants propres.
Pour y arriver, nous recommandons que le gouvernement élabore un plan clair et ciblé en matière de croissance des carburants propres composé de trois éléments principaux. Le premier sera la Norme sur les combustibles propres, qui établira des cibles claires en matière de lutte contre les changements climatiques, créera des possibilités d'accès au marché et diversifiera les options des consommateurs. Le deuxième sera constitué de mesures complémentaires, comme la tarification du carbone et la taxe d'accise sur l'essence, l'économie de carburant, les normes d'émission, le Règlement sur les combustibles renouvelables et la norme sur les carburants à faible teneur en carbone. Le troisième, c'est la mise en place de conditions, de programmes et de politiques fiscales compétitives favorisant les investissements nécessaires.
Ensemble, ces mesures permettront d'harmoniser les signaux du marché et de remédier aux échecs sur le marché afin que les biocarburants avancés et d'autres carburants propres puissent répondre à nos besoins intérieurs et d'ouvrir de nouveaux marchés d'exportation.
En novembre, nous avons publié le sondage de 2018 de l'organisation Biocarburants avancés Canada sur les projets d'immobilisation. Ensemble, nos membres ont collectivement repéré 44 nouveaux projets de production de biocarburants avancés et huit projets d'agrandissements d'usines qui seront lancés de 2018 à 2030, qui requièrent des investissements s'élevant à 6 milliards de dollars. Vingt de ces projets ont besoin de plus de 100 millions de dollars en immobilisations. On estime que le coût de la construction de neuf autres de ces projets sera de 50 millions de dollars à 100 millions de dollars.
Les projets couvrent un éventail de processus technologiques, de produits de carburants renouvelables et de bioproduits. Vous recevrez un exposé qui résume ces projets et les décrit. D'ici 2030, grâce à cela, la capacité de production d'essence renouvelable passera à 600 millions de litres, celle du biodiesel passera à plus de 2,5 milliards de litres et celle du biobrut passera à 1 milliard de litres. Ils pourront être traités ensemble pour devenir une gamme de carburants finis, comme du biocarburéacteur et des carburants marins renouvelables.
Aux fins des consultations de votre comité, ces projets représentent une utilisation de près de 2,1 millions de tonnes par année d'huiles végétales et de gras animaux et de près de 3,5 millions de tonnes de résidus de biomasse et de déchets de l'industrie forestière et agricole. Cela réduira de façon considérable notre dépendance sur les marchés d'exportations et ajoutera de la valeur à nos ressources naturelles.
Plus tôt cette année, nous avons publié une étude sur l'impact économique de la production accrue de biocarburants au Canada. Si le Canada augmente sa capacité de production de biocarburants à 11,9 milliards de litres par année, Doyletech Corporation estime que l'impact direct et indirect en une seule fois sera d'engendrer des retombées de 9,5 milliards de dollars et de créer 45 000 emplois. Les opérations annuelles augmenteront la production économique de plus de 18,5 milliards de dollars et permettront le maintien de 12 000 emplois à temps plein.
Pour mener à bien des projets à forte intensité de capital, les investisseurs cherchent à minimiser et gérer le risque et à générer un rendement stable et prévisible. Compte tenu des 20 dernières années d'accumulation de biocarburants à l'échelle mondiale, tout semble indiquer que les crédits de production fondés sur le rendement sont efficaces pour favoriser les investissements. Le soutien financier pour la commercialisation de nouvelles technologies de production de carburant propre et de nouveaux actifs d'infrastructure de carburant propre est également nécessaire. Comme c'est le cas pour tous les secteurs technologiques dynamiques, les mesures ciblées visant à soutenir l'innovation, la recherche et le développement sont essentielles.
Nous consultons actuellement nos membres sur les mesures précises à prendre pour que le Canada soit assez compétitif pour attirer les investissements nécessaires. Nous nous penchons sur les mesures annoncées dans la mise à jour économique de l'automne. Nous accueillons favorablement ces annonces. Nous examinons également les recommandations de la table ronde économique qui ont été publiées plus tôt cet automne et nous évaluons les politiques et les programmes au fédéral et au provincial qui visent actuellement une croissance propre en général.
Comme je l'ai dit plus tôt, nos membres sont des chefs de file mondiaux. Leurs avis vont alimenter notre analyse et nos recommandations.
En résumé, les biocarburants avancés sont un élément important de la lutte contre les changements climatiques et des plans de croissance propre du Canada. Nous vous remercions de nous avoir donné l'occasion de témoigner devant vous aujourd'hui et je suis à votre disposition pour répondre aux questions.
[Français]
Encore une fois, merci.
:
Nous ferions bien d'utiliser une part de cette huile de canola au lieu de l'exporter.
Les producteurs de canola nous ont également dit qu'ils craignaient vraiment que les politiques du gouvernement puissent faire que nous ne soyons plus compétitifs. Ils parlaient de la taxe sur le carbone. Ils ont également laissé entendre que le canola pouvait être produit dans d'autres pays, comme les États-Unis. Nous devons nous en servir. Vous avez parlé de leadership mondial. Ils en ont parlé aussi.
Madame Baldwin, merci d'être là. En ce qui concerne la taxe sur le carbone, votre association a comme mandat, entre autres, d'influencer les politiques publiques et de favoriser les carrières en recherche agricole, mais je tiens à concentrer ma question sur le fait d'influencer les politiques publiques.
Si l'industrie agricole s'inquiète de la taxe sur le carbone et des conséquences qu'elle a sur l'industrie, au sein de laquelle il est question de relocalisation, ce qui serait horrible et entraînerait plus de pertes d'emploi... Elle s'inquiète du fait qu'elle a déjà dépassé les objectifs de l'Accord de Paris — une réduction de 20 % d'ici 2020. Elle a réduit son empreinte écologique et ses émissions de carbone de plus que ce qui était demandé par l'objectif de 30 % d'ici 2030. Elle les a réduits de moitié.
Les producteurs de canola ont dit que le gouvernement a recours à la politique de la carotte et du bâton et qu'en ce moment il se sert uniquement du bâton. Même ceux qui ont atteint l'objectif de réduction de leur empreinte écologique croient qu'ils devraient pouvoir obtenir une exemption de la taxe sur le carbone. Je crois que c'est raisonnable. Nous avons entendu la même chose de l'industrie de l'aviation, notamment de WestJet et d'Air Canada. Ils ont dépassé les cibles de réductions fixées par l'Accord de Paris.
Pensez-vous qu'il est raisonnable que le gouvernement n'arrête pas d'adopter ce genre de mesures punitives alors que l'objectif a été atteint et que certains l'ont même dépassé? Est-ce une politique sensée? Devrait-on pouvoir obtenir une exemption une fois l'objectif atteint? Cela inviterait d'autres joueurs à réduire leurs émissions de carbone. Votre association pourrait-elle appuyer une politique de la sorte?
:
Je vous remercie, monsieur le président.
D'après les témoignages que nous avons entendus aujourd'hui et au cours des autres rencontres, on peut voir que les gens sur le terrain se prennent en main et lancent des initiatives pour réduire notre empreinte environnementale.
Ma première question s'adresse à vous, madame Baldwin.
Malheureusement, comme j'ai dû sortir, je n'ai pas pu écouter votre témoignage, mais dans vos réponses, vous avez parlé de la large bande, ce que j'ai trouvé intéressant.
Étant donné que ma circonscription compte plusieurs agriculteurs, l'accès local à large bande du dernier kilomètre, comme on l'appelle dans ce merveilleux monde de la large bande, est un élément très important.
J'aimerais porter à votre connaissance le fait que le vérificateur général a déposé récemment un rapport qui mentionne que le gouvernement en place avait prévu de l'argent pour investir, développer et déployer le système à large bande. Cependant, le vérificateur général nous a également dit que l'argent était resté sur la tablette parce qu'aucun programme n'a été mis en place. Je crois donc que les fonds sont disponibles. Considérant l'ampleur des déficits que le gouvernement en place a créés depuis trois ans, je ne suis pas sûr que la solution soit une taxe sur le carbone.
Tout à l'heure, vous avez répondu à un ou une de mes collègues que vous appuyiez la taxe sur le carbone à condition que cela revienne chez les agriculteurs.
J'aimerais vous entendre à ce sujet parce que, bien sûr, il y a l'argent, mais comme on le sait, lorsqu'on ajoute une taxe, elle ne sert malheureusement pas souvent à l'objectif premier qui a justifié sa création.
J'aimerais entendre ce que vous avez à dire là-dessus, madame Baldwin.