:
Merci beaucoup. Je vous suis très reconnaissant.
Je vous remercie pour le travail que vous avez accompli jusqu'ici dans le dossier du patrimoine au Canada, et que vous poursuivez aujourd'hui en vous penchant sur le projet de loi.
Je tiens à remercier tout particulièrement John Aldag, car c'est grâce à lui si le sujet est à l'ordre du jour aujourd'hui. Il y a contribué autant que moi, sinon plus. À mes yeux, cela en dit long sur le projet de loi.
Je commencerai par vous expliquer brièvement pourquoi j'ai choisi de présenter un projet de loi sur ce sujet.
J'ai été leader à la Chambre. Autant vous dire que je ne me fais pas d'illusions sur ma capacité de faire entendre ma voix. Je savais que pour avoir une quelconque chance de succès, je devais choisir un sujet valable, non partisan, qui serait bénéfique pour notre pays et qui, par conséquent, rallierait l'appui de tous les partis. Le projet de loi remplit toutes ces conditions, en plus de corriger une lacune que nous avons trop longtemps négligée en matière de politiques. En fait, le projet de loi prend appui sur le travail accompli par les gouvernements précédents, aussi bien conservateurs que libéraux, qui pour une raison quelconque n'a jamais abouti. Le Comité a aujourd'hui l'occasion de parachever leur oeuvre et de combler un vide, du moins en partie si l'on considère son ampleur. Ce vide, le fédéral ne peut plus l'ignorer, comme vous l'avez entendu vous-mêmes de la bouche des nombreux témoins.
Sur le plan fonctionnel, l'objet du projet de loi est d'instaurer un crédit d'impôt équivalant à 20 % des frais de réhabilitation d'un édifice patrimonial. L'autre partie des frais, soit 80 %, ouvrirait droit à une déduction pour amortissement accéléré sur trois ans, une période un peu moins longue que ce que prévoit actuellement le régime fiscal pour des projets de ce genre.
Le crédit d'impôt et la déduction pour amortissement accéléré s'appliqueraient uniquement aux propriétés inscrites au Répertoire canadien des lieux patrimoniaux, ce qui en réduirait l'incidence et la portée. Par ailleurs, un ingénieur devrait certifier que les travaux ayant donné lieu aux dépenses pour lesquelles le crédit est demandé ont été réalisés conformément aux Normes et lignes directrices pour la conservation des lieux patrimoniaux au Canada, établies par l'Agence Parcs Canada. Je souligne au passage que les normes et lignes directrices et le Répertoire canadien des lieux patrimoniaux ont été élaborés par le ministère de l'Environnement en vue de l'adoption d'une mesure de crédit d'impôt en tout point semblable à celle qui est à l'étude, et qu'ils lui serviraient de fondement. Nous avons donc la chance de présenter une mesure législative pour laquelle le ministère a déjà établi l'infrastructure par anticipation.
Pourquoi est-il important de préserver les édifices patrimoniaux? Si nous songeons aux endroits que nous aimons visiter, qui attirent les touristes du monde entier, ceux qui viennent immédiatement en tête sont Londres, Rome, Saint-Pétersbourg, Paris. Nous y allons pour être entourés de magnifiques édifices patrimoniaux. Ces édifices définissent ces lieux. Ils disent qui nous sommes. Ils racontent nos histoires. C'est la même chose au Canada. Les lieux que nous aimons à visiter, où les gens veulent se rassembler sont principalement ceux où se trouvent des sites patrimoniaux bien entretenus et bien préservés. Il suffit de penser au District de la distillerie à Toronto, au Vieux-Port de Montréal et à toutes les petites villes pittoresques dont nous adorons les rues principales et les magasins. Il y a une raison à cela: ces lieux racontent notre histoire. Quand nous y sommes, nous sommes imprégnés par ce qui s'est passé avant nous et qui a fait de nous ce que nous sommes. Nous ressentons l'essence de ces lieux, de manière très physique.
C'est l'une des raisons de leur importance. Mais pourquoi octroyer un crédit d'impôt pour encourager la préservation de ces édifices? En fait, comme le savent tous ceux qui ont été propriétaires d'un édifice patrimonial ou d'une entreprise située dans un tel lieu, il existe certes un immense intérêt du public pour leur préservation et la réalisation de travaux de restauration, mais les coûts sont faramineux. Le coût de la préservation d'un édifice patrimonial dépasse souvent celui de sa démolition et de la construction d'un nouvel édifice à la place. Nous avons perdu 20 % de notre patrimoine national dans les dernières décennies, selon les témoignages que vous avez reçus, parce que des gens d'affaires raisonnables, après avoir comparé les coûts de restauration et ceux d'une nouvelle construction, ont opté pour la deuxième solution, plus avantageuse sur le plan financier.
Quand nous demandons à des particuliers de restaurer et de préserver des édifices patrimoniaux parce que c'est bon pour la société et la communauté, nous demandons au secteur privé d'assumer les coûts de la conservation d'un bien dans l'intérêt du public et de l'ensemble d'une communauté. Le fondement de la politique proposée est le suivant: si nous demandons au secteur privé de supporter cette charge publique, nous devons lui offrir une aide quelconque, en toute équité, si nous tenons réellement à la préservation des édifices patrimoniaux. Quand une propriété est désignée comme ayant un caractère patrimonial, c'est l'une des conséquences. Nous imposons des restrictions concernant son utilisation et d'autres aspects. Nos lois reconnaissent les droits fondamentaux relatifs à la propriété. Ces restrictions ne sont toutefois pas permanentes.
La démolition reste toujours une option. Le coût est réel. Nous ne voulons pas que ces édifices soient démolis. Nous voulons qu'ils soient entretenus, restaurés et qu'ils deviennent des éléments vitaux des communautés. C'est pourquoi le fondement stratégique du projet de loi est solide. Une fois reconnue la valeur d'un édifice patrimonial, il faut se demander si c'est l'approche juste, adéquate et utile pour assurer sa préservation.
La mesure de crédit d'impôt proposée s'inspire fortement du programme américain de crédit d'impôt pour la restauration du patrimoine, dont il a été question dans les témoignages que vous avez entendus. Le programme donne des résultats extraordinaires depuis quelques dizaines d'années. C'est un programme unique, qui profite plus qu'il n'en coûte au Trésor public. De nombreuses études l'ont démontré. Vous avez entendu parler de l'étude de Rutgers, qui procède à un examen annuel du programme et selon laquelle pour chaque dollar de fonds publics octroyé sous forme de crédit, le Trésor américain récupère au moins 1,25 $ chaque année.
Je reste généralement assez sceptique devant ce genre d'arguments parce que quiconque a déjà… Je pense à Mark, par exemple. À titre de maire, il a probablement eu à analyser toutes sortes de scénarios de retombées économiques. Généralement, l'idée est simple: vidons la banque au complet et nous serons tous millionnaires. C'est le genre de promesses économiques que ces gens veulent nous vendre. Dans le cas qui nous occupe, c'est très différent. Les études sont probantes et les résultats, très évidents.
Prenez le cas de l'Urban Land Institute, qui exerce ses activités au Canada et aux États-Unis, et ailleurs dans le monde. Il publie un magazine trimestriel. Je l'ai consulté il y a six mois environ, quand je travaillais sur le projet de loi, mais je l'ai fait surtout à cause de mon grand intérêt pour le domaine. J'ai été attiré par un numéro sur les grands projets menés en Amérique du Nord. La grande majorité des projets couronnés de succès aux États-Unis visaient la transformation de quartiers urbains délabrés en carrefours dynamiques d'activités commerciales et économiques attirant les foules dans les boutiques de détail et les lieux de divertissement. Et presque tous comportaient des travaux de restauration de lieux patrimoniaux exécutés grâce à un crédit d'impôt.
Tous ces projets ont été présentés comme les plus réussis à l'échelle du pays. J'ai été particulièrement intéressé d'apprendre que la plupart ont bénéficié d'un crédit d'impôt pour la restauration, alors qu'aux États-Unis, contrairement à ce qui se passe au Canada, la lutte contre l'étalement urbain ne fait pas vraiment partie des priorités pour les planificateurs. À mes yeux, c'est une preuve tangible des retombées économiques de cette mesure.
Aux États-Unis, la mesure coûte approximativement un milliard de dollars par année, si l'on considère le montant consenti en crédits. Ce milliard de dollars génère chaque année des activités économiques d'une valeur approximative de 5 milliards de dollars, et 1,25 milliard de dollars retourne au Trésor public. Il s'agit donc d'un bénéfice net pour le Trésor public. Ce sont des résultats très significatifs, démontrés par des études comme celles de Rutgers, dont j'ai parlé.
Au Canada, les exemples sont plus rares. Un programme de subventions a été mis à l'essai, dont Deloitte a examiné le rendement en vue de la création d'un programme de crédit d'impôt. Selon ses projections et d'après ce qu'ont soutenu des témoins devant vous, nous pouvons nous attendre à un rendement équivalent au Canada, qui se situerait entre 1,25 et 1,90 $ pour chaque dollar octroyé en crédit. Ces montants reviendraient au Trésor public. Ce serait un gain net.
Ce genre de résultats ont été constatés dans d'autres domaines. J'utilise l'analogie — des observateurs ont parlé d'un crédit d'impôt à la pièce… Pour ma part, je l'assimile plutôt au crédit d'impôt pour la science, la recherche et le développement expérimental, qui encourage les investissements profitables à la société et certaines activités bénéfiques pour l'essor de notre économie et le bien-être de notre pays. Au Canada, je crois que cela équivaut à quatre milliards de dollars par année environ. Autour de 85 % des dépenses en recherche et développement sont engagées grâce à ce crédit. Le gouvernement a adopté cette mesure parce que nous sommes convaincus de son efficacité pour encourager des activités économiques positives, qui renforcent notre pays et stimulent la croissance. Cette analogie avec le Crédit d'impôt à l'investissement pour la recherche scientifique et le développement expérimental est la meilleure que je puisse trouver pour la mesure que je propose.
J'aimerais soumettre un amendement à votre attention. Il concerne la version en français uniquement, à la ligne 11 de la page 3. Le libellé actuel aurait pour effet que la déduction pour amortissement serait appliquée au montant de l'impôt à payer et non au revenu pris en compte pour le calcul de l'impôt à payer, ce qui signifierait que deux crédits seraient offerts au lieu d'une déduction pour amortissement accéléré. Il faut corriger la formulation, et nous demandons donc
[Français]
que le projet de loi , à l'article 1, soit modifié par substitution, dans la version française, à la ligne 11, page 3, de ce qui suit:
déductible dans le calcul du revenu d'un contri-
[Traduction]
Selon ce calcul, la déduction pour amortissement serait appliquée au revenu imposable.
Je serai heureux de répondre à toutes vos questions.
:
Dans ce cas, prenez-le.
Pendant ce temps, j'aimerais malheureusement rappeler à mon collègue que nous ne ferons pas de petite politique à ce sujet. Je pourrais lui demander ce qui a été fait au cours des 20 dernières années. En effet, nous pourrions aller plus loin que les 10 dernières années et nous pencher sur les 20 dernières années. Par contre, ce n'est pas l'objectif de la séance d'aujourd'hui. Je crois qu'il existe une belle camaraderie au Comité qui fait que nous évitons la partisanerie. Nous ne pouvons pas changer le passé, mais nous pouvons agir sur l'avenir.
Vous êtes présent pour nous accompagner, monsieur Van Loan, et le projet de loi est intéressant. Personnellement, je trouve que le concept est bien.
J'aimerais revenir sur les 20 % que vous suggérez dans votre projet de loi . Tout à l'heure, vous avez parlé du fait que des projets de construction qui se servent de patrimoine déjà bâti sont plus, comment dirais-je, non pas rentables, car ce n'est probablement pas le bon terme à utiliser, mais disons plus intéressants en matière de développement commercial que de nouvelles constructions.
Vous savez qu'un promoteur compare toujours le coût d'un projet avec le rendement des investissements. Ma question est simple: le crédit de 20 % est-il un élément déclencheur maximal pour permettre au promoteur ou au citoyen d'élaborer son projet et d'aller plus loin? En fait, je pose ma question sous une autre forme: ce crédit de 20 % est-il suffisant pour susciter un intérêt?
:
Je vous remercie, madame la présidente, et merci également à tous les membres du Comité.
[Français]
Nous aimerions profiter de cette occasion pour expliquer la manière dont nous, à la Direction de la politique de l'impôt, examinons et évaluons les crédits d'impôt comme celui-ci.
Tout d'abord, il est important de déterminer si l'objectif d'une mesure fiscale est conforme aux fonctions du régime fiscal. La fonction principale du régime fiscal canadien est de générer les recettes nécessaires pour financer les programmes et les initiatives dont bénéficient les Canadiens.
Toutefois, le régime fiscal a d'autres fonctions secondaires, qui sont elles aussi importantes. L'une de ces fonctions comprend des encouragements fiscaux afin d'appuyer les objectifs économiques et sociaux, tels que l'augmentation de l'épargne et de l'investissement, ainsi que les dons de bienfaisance. Le député a aussi parlé du programme pour la recherche-développement, qui est un très bon exemple. Des mesures ayant des effets dissuasifs, telles que les taxes d'accise sur les produits du tabac, peuvent également être utilisées.
Une mesure fiscale du même type que celle proposée dans ce projet de loi cherche souvent à atteindre un objectif social. Dans ce cas-ci, le but énoncé est d'encourager la réhabilitation des propriétés historiques. La préservation des propriétés patrimoniales du Canada pourrait être considérée comme un comportement qui profite à la société. D'ailleurs, vous en avez beaucoup parlé. Cependant, cette approche se ferait au détriment d'un autre objectif désirable, soit celui de générer des recettes. Il s'agit alors de trouver l'équilibre entre les deux. Nous cherchons à déterminer si les dépenses fiscales en question peuvent atteindre leur but énoncé de façon efficace et efficiente.
[Traduction]
Est-ce que l'offre d'un incitatif fiscal sous la forme proposée est le moyen le plus rentable et efficient pour offrir ces avantages? Les dépenses fiscales reliées à cette mesure représentent des montants qui pourraient autrement être effectuées pour appuyer un objectif semblable. Nos collègues de l'Agence Parcs Canada seront mieux placés pour préciser de quelles dépenses il s'agit. Il y a des avantages et des inconvénients. Vous en avez un peu parlé dans les questions précédentes sur la comparaison entre les mesures d'encouragement fiscal et de financement. Un encouragement fiscal relève d'un processus plus ascendant, qui offre plus de souplesse. Toutefois, il est plus facile de contrôler les coûts d'un programme de financement et d'assurer l'équité à divers échelons — l'équité régionale ou sectorielle, par exemple —, ce qui peut compenser.
Pour toute mesure fiscale de ce type, l'un des éléments importants à prendre en considération est le niveau d'efficacité du crédit sur le changement de comportement, au lieu de simplement subventionner des activités qui auraient eu lieu de toute façon en I'absence d'une telle mesure. D'une part, le crédit pourrait être efficace dans une certaine mesure pour encourager les propriétaires à réhabiliter leurs propriétés patrimoniales au lieu de les démolir. Vous avez parlé de l'expérience des États-Unis. Il y a un peu de confusion sur ce point. Des études suggèrent que le Federal Rehabiliation Tax Credit, notamment, a été efficace. Cela étant dit, nous ajouterions la mise en garde que les estimations des retombées économiques dans ces études semblent tenir pour acquis qu'aucun travail de réhabilitation n'aurait eu lieu en I'absence d'un crédit d'impôt. Cette hypothèse est-elle juste?
D'autre part, le crédit pourrait représenter un avantage inattendu pour les propriétaires existants de sites historiques, c'est-à-dire ceux qui doivent entretenir ces propriétés conformément à la législation provinciale, territoriale ou municipale, ou ceux qui auraient fait le travail de réhabilitation de toute façon.
[Français]
Vous avez aussi parlé de l'équité, un autre critère fondamental de l'analyse des politiques. Un crédit spécialisé offre des encouragements fiscaux à un groupe limité de contribuables. Selon ce projet de loi, les avantages de l'encouragement fiscal bénéficieront principalement aux sociétés et à un nombre limité de personnes, probablement fortunées, qui sont propriétaires de maisons patrimoniales. Bien que ces propriétés demandent sans doute des dépenses plus élevées, il y aurait lieu de se demander s'il serait approprié que ces dépenses engagées par un propriétaire soient subventionnées par le régime fiscal.
Offrir une reconnaissance sur le plan fiscal des dépenses de réhabilitation dans le cas d'édifices patrimoniaux qui sont utilisés en tant que résidence personnelle, ce qui fait partie du projet de loi, pourrait être contraire au traitement de biens non imposables tels que la résidence principale dans notre système fiscal. À l'heure actuelle, ni les dépenses liées au logement occupé par le propriétaire ni les avantages, par exemple les gains en capital sur la résidence principale, ne sont reconnus aux fins de l'impôt. Cette approche assure la symétrie dans le traitement fiscal des résidences principales. Dans la mesure où l'aide fiscale serait fournie pour les rénovations aux résidences personnelles, cela entraînerait, dans de nombreux cas, une augmentation de la valeur des résidences principales historiques, offrant un gain non imposable sur la disposition du bien.
Dans une certaine mesure, le régime fiscal offre déjà des mesures de soutien pour la préservation du patrimoine canadien. La Loi de l'impôt sur le revenu offre des mesures incitatives aux particuliers et aux sociétés pour qu'ils effectuent des dons à des organismes de bienfaisance enregistrés afin d'appuyer les propriétés patrimoniales. Les encouragements fiscaux pour les dons aux organismes de bienfaisance que nous avons au Canada sont parmi les plus généreux dans le monde. En règle générale, la politique fiscale dans ces cas est d'encourager les donateurs à faire des contributions aux organismes de bienfaisance enregistrés, c'est-à-dire des organismes qui ont le mandat et la capacité de préserver et d'entretenir des lieux importants au bénéfice du public.
[Traduction]
Les mesures fiscales imposent également des coûts de conformité aux contribuables et des coûts administratifs au gouvernement. Dans le cas qui nous occupe, il est probable que I' Agence du revenu du Canada et l'Agence Parcs Canada soient toutes les deux touchées. Il faut tenir compte de ces coûts dans l'analyse de l'efficience globale d'une mesure. II est important de comparer ces coûts et ceux d'une autre mesure comme un programme de dépenses.
Vous avez discuté des différences avec le régime américain. Il est prévu que le gouvernement fédéral octroie un crédit d'impôt de 20 % pour des propriétés désignées. L'une des différences importantes entre les deux semble être le degré de rigueur exercé pour assurer la conformité. Par exemple, aux États-Unis, le Service national des parcs participe à la certification des projets de réhabilitation, afin de s'assurer que les travaux respectent les exigences avant et après leur achèvement, et il peut aussi mener des inspections sur place. Le projet de loi devant nous ne prévoit pas ce genre de pouvoirs ou de garanties. Et quand bien même ils étaient ajoutés, les coûts d'administration et de conformité en seraient augmentés.
Le ministère reconnaît que l'élaboration d'un régime fiscal équitable et efficace demande que la législation fiscale soit rédigée d'une façon qui protège les différentes mesures fiscales contre l'accès inapproprié et de façon contraire à I'esprit initial de la politique. Notre processus d'élaboration des politiques fiscales, y compris l'examen et la rédaction des mesures législatives, vise à établir une législation complète et dénuée de tout défaut technique qui risquerait de miner les effets désirés de la mesure votée par le Parlement.
Dans cette optique, nous avons quelques réserves concernant certains éléments du projet de loi. Par exemple, l'utilisation de l'expression biens « utilisés dans le cadre de la réhabilitation d'une propriété historique » pourrait être perçue comme étant assez imprécise quant à la nature des biens admissibles à l'amortissement accéléré, et comme pouvant être élargie à d'autres propriétés que le bâtiment lui-même.
Je vais m'arrêter là.
Merci, madame la présidente et merci au Comité. C'est avec plaisir que mes collègues et moi-même répondrons à vos questions.
Madame la présidente et membres du Comité, cela nous fait plaisir d'être ici aujourd'hui pour vous présenter le point de vue de Parcs Canada sur le projet de loi .
Le projet de loi propose de créer un crédit d'impôt pour la réhabilitation de propriétés historiques. Nous sommes d'avis que, bien que l'objectif de ce projet de loi soit louable, sa conception présente certaines lacunes qui pourraient nuire à son efficacité en matière de conservation du patrimoine.
Les encouragements financiers peuvent être un moyen utile de favoriser la conservation des lieux patrimoniaux. Toutefois, pour atteindre le maximum d'efficacité, ils doivent être soigneusement conçus, convenablement intégrés dans une approche globale, axés sur la collaboration et appuyés par d'autres paliers de gouvernement.
[Traduction]
Au Canada, la protection des lieux patrimoniaux qui n’appartiennent pas au gouvernement fédéral revient aux provinces et aux territoires. Par conséquent, il existe une gamme de lois et de mesures incitatives dans tout le pays pour protéger nos lieux patrimoniaux. Ces efforts sont appuyés par des centaines de groupes communautaires qui travaillent directement à la conservation et à la mise en valeur des biens patrimoniaux. C’est un fait que les lieux patrimoniaux sont menacés et que leur perte serait irréversible.
Par l’intermédiaire de l’Agence Parcs Canada, le Canada protège les lieux patrimoniaux qui ont une signification nationale. En outre, l’Agence travaille en étroite collaboration avec de nombreux partenaires pour conserver et mettre en valeur notre patrimoine. À titre de responsable fédéral de la conservation du patrimoine, Parcs Canada fournit également aux communautés de l’ensemble du pays un appui financier pour la conservation du patrimoine. Je sais que nous vous avons déjà transmis de l'information dans le cadre de votre étude précédente, qui portait sur un contexte plus large de conservation du patrimoine.
Cela ne signifie pas que le Canada ne pourrait pas profiter d’incitatifs financiers supplémentaires. Le projet de loi fait précisément référence aux outils de reddition de comptes sous la responsabilité de Parcs Canada, mais il ne tient pas compte de toutes les conséquences de ces références. Par exemple, le projet de loi compte sur divers outils redditionnels de Parcs Canada pour la conservation du patrimoine. Au premier abord, ces outils semblent convenir, mais chacun soulève des difficultés.
Le projet de loi définit quelles propriétés historiques seraient admissibles, y compris celles qui sont commémorées en vertu de l’article 3 de la Loi sur les lieux et monuments historiques, ainsi que les propriétés inscrites dans le Répertoire canadien des lieux patrimoniaux. Le Répertoire canadien est le seul répertoire canadien de lieux historiques reconnus à l’échelle locale, provinciale, territoriale et nationale. À ce titre, il est largement utilisé comme référence dans le domaine de la conservation. Toutefois, le Répertoire canadien n’est pas encore une source d’information complète pour vérifier l’admissibilité, car il est achevé à 60 % seulement.
Le projet de loi précise également que les normes et les lignes directrices adoptées et appliquées par l’Agence Parcs Canada doivent être respectées dans l’exécution d’un projet de réhabilitation admissible. Il exige qu’un architecte atteste que les travaux entrepris respectent ces normes. Les Normes et lignes directrices pour la conservation des lieux patrimoniaux au Canada, bien que largement utilisées, font des recommandations seulement et n’imposent pas de normes officielles comme le ferait un code du bâtiment. C’est pourquoi le processus de certification proposé dans le projet de loi soulève des inquiétudes au sujet des qualifications et des compétences des certificateurs, de leur objectivité, ainsi que du choix du moment de la certification.
Parcs Canada est d’avis que la fonction de certification doit être définie d’une manière globale afin d’assurer l’uniformité dans l’interprétation et l’application des Normes et lignes directrices. Ce que le projet de loi propose n’est pas équivalent au processus de certification de Parcs Canada, une pratique exhaustive et interne qui a donné de bons résultats dans le passé.
[Français]
En conclusion, les encouragements financiers sont largement reconnus comme un moyen utile de favoriser la conservation de lieux patrimoniaux. Toutefois, ces mesures incitatives doivent être soigneusement conçues en collaboration avec d'autres administrations et partenaires afin qu'on veille à leur efficacité. Finalement, ces mesures incitatives doivent s'appuyer sur des outils solides de reddition de comptes.
Merci.
Cela me fera plaisir de répondre à vos questions.
:
Si les Finances disposent de renseignements à cet égard, ce serait utile pour nous de les avoir, parce que nous mentionnons constamment ce programme comme étant le moyen retenu par le gouvernement pour soutenir le patrimoine qui n'est pas la propriété du gouvernement fédéral. Je maintiens que nous pouvons faire mieux qu'offrir un million de dollars par année, et j'aimerais que le gouvernement offre beaucoup plus qu'un million de dollars par année.
Vous avez mentionné la subvention offerte aux propriétaires privés d'édifices historiques au moyen, par exemple, de crédits d'impôt, et vous avez ajouté que cette mesure était profitable surtout pour les gens à l'aise financièrement. Je sais, d'après mon expérience de travail dans le domaine de la conservation du patrimoine, que Parcs Canada avait l'habitude d'offrir, et j'ignore s'il le fait toujours aujourd'hui, un fantastique atelier sur la conservation qui concernait plus particulièrement les fenêtres des édifices patrimoniaux. Parfois on suppose, si les fenêtres d'une maison ne sont pas étanches, qu'il suffit d'aller chez Home Depot, de dépenser un peu d'argent, et sans dépenser plus qu'il ne le faut, le montant équivaut à une subvention.
Le fait est que bon nombre de ces édifices historiques ont des caractéristiques très particulières, des éléments compliqués d'ornementation qui sont importants pour leur caractère et, par conséquent, des coûts de réparation à l'avenant. En effet, dans bien des cas, il faut faire appel aux corps de métiers qui appartiennent à la classe moyenne, et pour laquelle notre gouvernement travaille si fort. Le fait est que nous voulons que ces métiers survivent, et même prospèrent, et peut-être qu'ils contribuent à la conservation du patrimoine. En ce qui concerne la restauration des fenêtres, il faut s'attendre à payer beaucoup plus que si on se rendait chez un fournisseur local pour acheter des modèles de fenêtres contemporaines. Est-ce que je me trompe en affirmant cela? Qu'est-ce qui m'échappe lorsque je dis que...
J'ai écouté les commentaires que vous avez formulés ce matin et je dois dire que je trouve malheureux qu'il n'y ait pas d'ouverture à trouver des solutions. Nous sommes tous conscients qu'il y a un problème de préservation des monuments historiques au Canada. L'initiative de mon collègue, par l'entremise de son projet de loi , vise à instaurer certains éléments de préservation.
Nous comprenons qu'une loi n'est jamais parfaite et qu'elle évolue. Or je perçois chez nos invités, et particulièrement ceux du ministère des Finances, de gros points d'interrogation et une fermeture qui me déçoit.
Vous portez le chapeau de gestionnaires et nous portons le chapeau de parlementaires et de députés. Comme nous ne portons pas le même chapeau, je peux comprendre que vous ayez des réserves.
Monsieur LeBlanc, j'aimerais vous poser des questions.
Vous avez affirmé, dans votre présentation, qu'un des avantages des programmes de financement direct, par comparaison avec les encouragements fiscaux, était qu'ils pouvaient offrir une plus grande souplesse au gouvernement. Cependant, l'un n'empêche pas l'autre. Pourquoi êtes-vous fermés et pourquoi dites-vous que le crédit proposé n'est pas acceptable et n'est pas la solution? Je pense que c'est une piste de solution. Nous sommes conscients que ce n'est pas la solution parfaite, mais l'un n'empêche pas l'autre.