Merci beaucoup, monsieur le président.
[Français]
Bonjour à tous. Je vous remercie de m'offrir cette occasion de discuter avec vous aujourd'hui.
[Traduction]
Je souhaite le bonjour au président et aux membres du Comité. Notre exposé reflète la perspective de Biological Carbon Canada sur les questions dont s'occupe le Comité. Nous aimerions nous concentrer sur les stratégies d'adaptation et de réduction des émissions.
Biological Carbon Canada est une entreprise sans but lucratif et multisectorielle dont le siège se situe en Alberta. Elle travaille sur une véritable réduction des émissions de carbone découlant des activités menées dans les forêts, les fermes et les fermes d'élevage canadiennes. Nous cherchons à être l'intermédiaire et le facilitateur qui établit le lien entre les entreprises et la recherche. L'Alberta dispose de l'innovation et des compétences dont nous avons besoin pour étendre notre savoir-faire dans tout le Canada.
Nos membres travaillent sur la réduction des gaz à effet de serre depuis que le gouvernement de l'Alberta a adopté le premier règlement sur les prix du carbone et les crédits compensatoires de l'Amérique du Nord, en 2007. Les fermes et les entreprises de l'Alberta sont au Canada les chefs de file de la réduction des émissions de carbone. Depuis que l'Alberta a adopté un système compensatoire en 2007, nous avons créé, numéroté et vendu des droits pour 14,7 millions de tonnes d'équivalents de CO2, dont la moitié par l'intermédiaire de nos membres.
Pourquoi sommes-nous ici? Simplement, Ottawa, nous avons un problème. Canada, nous avons un problème. Nous, les représentants de Biological Carbon Canada, de concert avec nos membres présents, ici aujourd'hui, nous avons une solution.
Le Canada a conclu des accords pour réduire ses émissions d'ici 2030. Le Canada doit éliminer 89 millions de tonnes d'émissions produites par les grands émetteurs finaux, par le truchement de mesures provinciales. Le Canada doit également éliminer 86 millions de tonnes supplémentaires d'émissions en mettant un terme à l'utilisation du charbon pour passer avec les industries légères aux carburants et sources d'énergie propres. Pour les 44 derniers millions de tonnes que vous voulez éliminer, et qui doivent être éliminées, nous comptons sur les progrès technologiques et les puits de carbone.
Les systèmes biologiques au Canada et les marchés du carbone font partie de cette solution. Nous sommes ici pour aider.
Nous croyons que, grâce aux compensations biologiques, à un marché canadien du carbone et à de nouveaux protocoles élargis, les secteurs des activités biologiques et des activités non réglementées au Canada peuvent assurer de 42 à 45 millions de tonnes d'ici 2030. Compte tenu des sols, 37 millions de tonnes proviendront de l'Ouest canadien.
Nous croyons que, si des réductions sont réalisées à partir des systèmes biologiques, la relance économique se traduirait par une hausse de 33 milliards de dollars du PIB et la création de 308 000 nouveaux emplois.
Nos membres répètent que nous pouvons nous adapter. Nous allons en dire davantage sur les possibilités de séquestration du carbone pour l'horizon de 2030.
Nous savons que nous pouvons capturer 29 millions de tonnes grâce à des protocoles avancés de production agricole intelligente. Nous savons que nous pouvons capturer 1,5 million de tonnes grâce à des protocoles avancés d'élevage intelligents, et que nous pouvons capturer 15 millions de tonnes grâce à des protocoles avancés d'utilisation intelligente du territoire et des puits... mais je m'écarte du sujet.
D'abord et avant tout, je suis un ingénieur de la quatrième génération dans le domaine de la production d'aliments et de fibres. Je viens de l'est de la Saskatchewan, et ma famille se consacre à l'agriculture depuis 1904. J'aimerais vous décrire davantage ce que vous voyez quant aux systèmes de production de tout l'Ouest du Canada et des Prairies.
Nous utilisons des équipements à guidage de précision munis d'une technologie de localisation par satellite — de GPS —, qui nous donnent moins d'un pouce de chevauchement. C'est précis à un pouce près. Vous entendez parler des véhicules et voitures autonomes. Nous vivons dans cet environnement depuis 10 ou 15 ans. Tous nos équipements sont à guidage de précision.
Qu'est-ce que cela nous permet de faire? Cela nous permet d'éliminer le chevauchement et la double application de l'azote. Non seulement les équipements guidés par GPS que nous utilisons éliminent les chevauchements, mais nos machines — nos semoirs pneumatiques et nos planteurs — ont maintenant la capacité de fermer différentes sections de cinq pieds, pour ne pas... Quand vous arrivez dans un coin ou que vous devez contourner un arbre, vous avez ce qu'on appelle une technologie de section contrôlée. Vous pouvez commander à un organe ouvreur à la fois de soulever du sol, ce qui réduit la force de traction exigée du tracteur, avec pour résultat une réduction des émissions.
Quand le semoir pénètre dans le sol, l'engrais est distribué avec une précision telle, à un pouce de profondeur, le long du sillon, chaque grain d'engrais est utilisé au maximum de son efficacité. Ajoutez cela aux échantillonnages des sols que nous réalisons... Vous voyez comment nous considérons les besoins en engrais, c'est un peu comme dans les exploitations d'élevage. Pour certaines plantes, nous sommes capables d'associer parfaitement les engrais aux besoins des plantes.
Nous irons plus loin avec les cultures de précision, et nous pourrons changer les taux instantanément grâce à des cartes de prescription d'application. C'est courant. Ce n'est pas adapté à l'ensemble, mais c'est ce à quoi nous faisons allusion quand nous parlons des systèmes de culture intelligents.
Pour capturer la totalité des 29 millions de tonnes que l'agriculture canadienne doit capturer, nous avons besoin de financement pour développer et peaufiner la science en évolution et les marchés du carbone. Pour accomplir cela, nous devons également mettre à jour les protocoles sur les semis directs ou la préservation des cultures, pour couvrir toutes les zones de sol du Canada. Le solide protocole de gestion des nutriments doit également être élargi. C'est ce qu'on appelle le Protocole de réduction des émissions d'oxyde nitreux, le PREON, ou le système 4R Nurient Stewardship.
Nous aurons également besoin de personnes et de la science pour intégrer cette nouvelle science aux protocoles en question, et pour améliorer la technologie de l'imagerie satellitaire afin de faciliter la vérification des mesures. Nous aurons également besoin d'investir dans les personnes et dans la science et d'adapter cette nouvelle science.
Sur ce, je vais laisser le reste de mon temps à mon collègue, Don.
:
Je m'appelle Don McCabe et je suis un agriculteur de l'Ontario.
La réalité est que, comme l'a souligné Nevin, le Canada a un problème; mais, et il existe des solutions pour les terres agricoles. Ces terres agricoles peuvent être utilisées au maximum de leur efficacité, mais elles servent également à l'élevage d'animaux. Je sais que pour ce qui est des gaz à effet de serre, le bétail a été montré du doigt pour ses terribles répercussions, que nous ne devons pas manger de boeuf et tout le reste, mais je suis ici pour vous faire voir les choses autrement.
Nous pensons que, si ce marché existait, on pourrait mettre 1,5 million de tonnes sur le marché. En fait, le premier estomac de ces ruminants effectue une fermentation entérique. Ils sont capables d'absorber de la matière cellulosique, comme celle que l'on trouve dans l'herbe. Ils ont quatre roues motrices leur permettant de grimper les pentes des collines auxquelles je ne peux pas accéder avec un tracteur, pour aller chercher la cellulose. À leur retour, la cellulose s'est transformée en protéines et en lait que j'utiliserai. Nous pouvons réduire la fermentation entérique à l'aide de technologies qui émergent sur le marché.
En même temps, il y a certaines choses qui viennent de derrière. Au bout du compte, c'est parfois considéré comme une perte. Je suis ici pour vous dire qu'en agriculture, il n'y a pas de perte. Il y a seulement des possibilités sous-utilisées et sous-évaluées, car généralement, une perte, c'est inutile. Ce sont des nutriments et une source d'énergie que, encore une fois, nous pouvons exploiter pour entrer dans l'avenir.
En ce qui concerne les différents processus que Nevin a abordés et la question de l'élevage de bétail que j'ai soulevée, nous devons approfondir les questions relatives au rendement des cultures, qui augmentent rapidement. Je vais vous donner les statistiques de l'Ontario, car ce sont celles que je connais le mieux, mais elles reflètent également un symptôme de notre pays.
Entre 2011 et 2016, l'Ontario perdait 350 acres par jour, selon le recensement — et avant cela, les taux de terres perdues étaient encore plus élevés — en raison de l'urbanisation. S'il n'y avait pas d'augmentation du rendement comme celles que nous constatons actuellement, qu'il s'agisse du canola ou du maïs, du blé ou du soja, ou de toute autre culture, nous serions incapables de faire ce que nous faisons au Canada.
L'augmentation de rendement amène avec elle l'augmentation des résidus. Le problème, c'est qu'il reste bien des choses après la récolte et cela représente bien trop de résidus. Ce qui pose problème pour l'agriculteur. La société ne le sait pas et ne s'en soucie pas. C'est à nous de résoudre le problème et nous souhaitons vous offrir une solution.
La solution consiste à utiliser ces résidus sous forme de bioproduits. On peut passer des composites aux produits chimiques, aux carburants, au méthane, et enfin même aux électrons; nous aurons brisé le système énergétique et nous devrons recommencer.
Avec le pouvoir que vous avez, vous pouvez nous donner l'occasion d'élaborer un cadre de travail et d'apporter une contribution de 30 % supplémentaire de la contribution prévue au départ au niveau national, dont nous discuterons la semaine prochaine en Pologne.
Le Canada se met dans l'embarras en n'exploitant pas les systèmes biologiques déjà mis en place. Nous sommes ici pour offrir cette possibilité en y mettant un peu d'ingéniosité.
Merci pour le temps que vous m'accordez.
:
Bonjour, je m'appelle Carolyn Butts. Je suis ici avec mon associé Hans Honegger.
Merci de nous avoir invités pour vous parler de notre expérience de la mise en valeur des déchets. Je crois que c'est de cette façon que nous changerons d'avis sur les déchets.
Je suis artiste et titulaire d'un diplôme de commerce, et j'aimerais vous montrer comment nous utilisons l'art et le design pour transformer les déchets en profits. C'est dans cette démarche que nous avons été témoins du cycle de la consommation et des industries qui l'atténuent ou qui la soutiennent.
En 1990, un énorme incendie de pneus qui s'est déclaré à Hagersville, en Ontario, m'a ouvert les yeux sur notre crise des déchets. Certains d'entre vous se rappellent peut-être avoir vu les images des kilomètres de fumée noire s'échappant d'une montagne de pneus, qui ont brûlé pendant 17 jours. Ce fut pour moi un appel à l'action, et ma réaction immédiate a été de prendre mes vieux pneus de voiture et de les transformer en art. Ce tragique événement a allumé chez moi le désir de chercher de la valeur dans les matériaux mis au rebut.
En 2005, Hans Honegger, architecte de restauration, et moi-même avons uni nos forces créatrices dans l'Ontario rural, entre Ottawa, Toronto et Montréal. Ensemble, nous sommes propriétaires-exploitants de Bon Eco Design, une petite entreprise en croissance de Tamworth, au nord de Napanee. À Tamworth, nous avons trouvé un parc immobilier historique à un prix abordable que nous avons pu restaurer et rénover à un rythme qui nous convenait. L'ancienne quincaillerie de Tamworth est devenue notre maison et notre atelier.
Nous avons baptisé notre entreprise Bon Eco Design, un nom qui rappelle le célèbre parc Bon Echo, non loin d'ici, et y avons associé une touche écologique. Nous savions qu'avec cette référence, nous établissaions une norme selon laquelle toute décision d'affaires doit tenir compte de la nature sauvage emblématique du Canada. C'est pourquoi notre entreprise donne de l'importance aux matériaux.
Nous avons passé les 13 dernières années à faire de la recherche, à trouver des sources d'approvisionnement, à nous renseigner et à transformer des déchets en produits d'art et de design de valeur, tout en favorisant un changement des perceptions sur le concept de déchets. Voici quelques exemples de notre travail.
Voici une pièce d'art dont le matériau principal est le pneu; elle a été commandée par l'entreprise Eastman Chemical, au Tennessee.
Un député: [Inaudible]
:
Les filtres de piscines, qui sont normalement envoyés dans un site d'enfouissement, ont été transformés en indestructibles appareils d'enrichissement de l'environnement pour une étude sur les primates en captivité. Nous en avons fabriqués quelques-uns.
L'année dernière, deux réfugiées m'ont aidée à fabriquer l'un de mes produits, et en cours de route, je les ai aidées à s'installer au Canada et à gagner un revenu. Cette initiative a donné naissance à une entreprise sociale composée de huit femmes. Nous venons de demander nos statuts constitutifs pour devenir une coopérative de travail. L'organisme en question, Le Begin Again Group, représente un nouveau départ pour les femmes et pour les matériaux. J'ai apporté un échantillon de sac en caoutchouc que vous pourrez regarder plus tard.
Bon Eco Design s'agrandit, et d'autres édifices historiques restaurés de Tamworth seront inclus dans un complexe composé d'espaces de travail de collaboration en matière de design. Il y aura aussi des locaux pour les autres personnes qui seraient intéressées à participer à notre quête et à notre découverte de solutions créatives pour régler notre problème de déchets. En 2012, on m'a encouragée à adhérer à un comité local composé de citoyens soucieux afin de grossir les rangs de la résistance à un mégasite d'enfouissement proposé. Le site était situé dans la région de Napanee, proche de l'autoroute 401, et en amont du territoire des Mohawks à côté d'une décharge qui était fermée,mais qui fuyait encore. Les recherches incessantes du comité ont révélé que la société de gestion des déchets surveillait de façon inadéquate le site fermé, et avait été négligente au moment de déterminer l'étendue de la contamination. De plus, j'ai découvert que des gens recueillaient des fluides provenant des sites d'enfouissement, le lixiviat, et les renvoyaient aux stations de traitement d'eau municipales. Des milliers de produits chimiques et de métaux lourds se retrouvent dans nos cours d'eau et les boues des fosses septiques sont utilisés dans nos champs comme engrais.
Le fait d'avoir été témoin des activités de l'industrie des déchets m'a ouvert les yeux sur une activité extrêmement lucrative et sur les pratiques douteuses en matière d'enfouissement. L'élimination des déchets est principalement une opération de camionnage. J'ai pu observer de près les techniques des entreprises de halage de déchets qui, par corruption et par l'usure du temps, affaiblissent les petites collectivités; mais ces dernières se défendent. Ces entreprises se retrouvent face à des citoyens intelligents et tenaces qui leur prouvent que leurs pratiques contaminent l'air, la terre et l'eau, et ainsi détruisent leur économie et leurs conditions de vie pour des siècles.
En résumé, pendant les décennies qui ont suivi l'incendie des pneus d'Hagersville, des règlements provinciaux ont été adoptés. Par conséquent, la plupart des pneus sont maintenant recueillis, moyennant un paiement, et sont recyclés en produits d'aménagement paysager, en routes ou en revêtements de sol ou sont vendus à l'étranger. J'ai été témoin de ce travail de dépollution entrepris en 2005. Je ne pense pas que nos problèmes liés à l'élimination des pneus soient complètement réglés, mais des progrès ont été faits.
Depuis 2005, je fais le tour des fabricants locaux de la région à la recherche de déchets, en espérant les intercepter avant qu'ils ne soient envoyés aux sites d'enfouissement. À mon grand soulagement, j'ai trouvé quelques exemples de gérance d'entreprises qui ont pris des mesures incitatives pour ne produire aucun déchet, afin d'être reconnues conformes à des normes industrielles élevées. Toutefois, il y a beaucoup de petites, moyennes et grandes entreprises qui remplissent les bennes à ordures de déchets de valeur et verrouillent ces bennes. J'ai reçu certaines informations privilégiées des sites d'enfouissement concernant une cargaison d'habits de neige pour enfants, tout neufs, qui ne s'étaient pas vendus pendant la saison, et sur une tentative de dépôt de boîtes de céréales qui, à cause d'une erreur de production, contenaient trop de raisins secs, il y en avait pour des wagons entiers.
L'enfouissement et le brûlage de déchets ne sont pas des solutions durables au problème de déchets. Les deux processus émettent des tonnes de carbone. En commençant par l'extraction des ressources non renouvelables...
:
Merci, monsieur le président, et merci aux membres du Comité. J'ai mis à la disposition du greffier des copies de ma déclaration préliminaire, si vous en avez besoin plus tard.
Je m'appelle Robert Larocque et je suis venu ici aujourd'hui avec mes collègues Kate Lindsay, vice-présidente, Durabilité et partenariats environnementaux, et Étienne Bélanger, directeur, Foresterie. C'est un plaisir d'être ici pour représenter l'Association des produits forestiers du Canada dans le cadre de votre étude sur l'élaboration d'un cadre pancanadien pour l'augmentation des stocks de carbone et la réduction des émissions de gaz à effet de serre; nous allons bien sûr parler du rôle du secteur forestier.
[Français]
L'Association des produits forestiers du Canada est la porte-parole, au Canada et à l'étranger, des producteurs canadiens de bois, de pâte et de papier pour les questions touchant le gouvernement, le commerce, l'environnement et le sujet dont nous allons discuter aujourd'hui, soit la mise en oeuvre du Cadre pancanadien sur la croissance propre et les changements climatiques et notre secteur.
[Traduction]
Permettez-moi de vous donner un bref aperçu de l'importance du secteur des produits forestiers pour l'économie canadienne. C'est une industrie qui génère 69 milliards de dollars par an, ce qui représente 2 % du PIB du Canada. Cette industrie est l'un des principaux employeurs au Canada et est en activité dans 600 collectivités qui dépendent de la forêt, d'un océan à l'autre. Nous employons directement 230 000 Canadiens dans tout le pays.
Le secteur est également important quand il est question de l'environnement canadien. À titre de gardiens de presque 10 % des forêts dans le monde, nous prenons très au sérieux notre responsabilité de gardiens de l'environnement. Il n'y a pas de meilleur témoignage du sérieux de notre engagement que le fait que nous possédons la plus vaste étendue de forêts certifiées par des organismes indépendants dans le monde, à savoir 170 millions d'hectares ou environ 40 % des forêts certifiées. La certification des forêts est un mécanisme de vérification par un tiers des mesures volontaires qui vont au-delà des règlements en vigueur. Le fait, des enquêtes répétées auprès de clients internationaux ont révélé que l'industrie canadienne des produits forestiers jouit de la meilleure réputation environnementale du monde.
Les changements climatiques se révèlent être le problème caractéristique de notre époque. Les entreprises forestières ont pris les devants en réduisant fortement leur empreinte carbone et en exploitant leurs installations plus efficacement. En fait, les usines de pâtes et de papier ont réduit leurs émissions de gaz à effet de serre de 66 % depuis 1990, ce qui équivaut à 9 mégatonnes ou 1 million de tonnes de C02 par an, une réduction impressionnante. Le secteur n'utilise plus de charbon et ne tire du pétrole que moins de 1 % de toute l'énergie dont il a besoin. Actuellement, nous disposons de plus de 30 installations qui génèrent de l'électricité verte, ce qui est suffisant pour alimenter la ville de Vancouver, à partir des déchets de la biomasse des usines de fabrication.
À la suite des engagements pris par le Canada dans l'Accord de Paris, l'industrie forestière a promis, en mai 2016, de réduire d'ici 2030, ses émissions de gaz à effet de serre de 30 mégatonnes par année, soit 13 % de l'objectif de réduction des émissions que s'est donné le gouvernement. Nous appelons cette initiative le défi « 30 en 30 » des changements climatiques. Nous sommes fiers de faire partie de la solution, et il ne fait aucun doute que l'industrie canadienne des produits forestiers est un chef de file de l'environnement.
[Français]
Les effets des changements climatiques vont avoir un impact sur notre secteur, qu'il s'agisse de conséquences négatives, comme les feux de forêts ou les infestations d'insectes, ou d'effets positifs, comme l'accélération de la transformation du secteur pour produire des biocarburants, des biomatériaux et des bâtiments en bois de grande hauteur.
Aujourd'hui, j'aimerais concentrer mes commentaires sur la gestion de nos forêts, l'innovation potentielle d'utiliser de nouveaux produits et les répercussions positives et négatives en lien avec nos usines.
[Traduction]
Les forêts canadiennes sont vraiment une ressource incroyable. Elles s'étendent sur 348 millions d'hectares. Les forêts absorbent une énorme quantité de dioxyde de carbone, et, ce faisant, elles aident à réguler le système climatique mondial. En 2016, les terres forestières gérées en fonction de la production de bois d'oeuvre représentaient pour le Canada un puits de 20 millions de tonnes de carbone, soit 20 mégatonnes. Ces données sont tirées de « L'état des forêts au Canada », rapport annuel de 2018 de Ressources naturelles Canada.
Par conséquent, puisque le Canada doit relever le défi du passage vers une économie à faibles émissions de carbone, nous sommes ravis que le Cadre pancanadien sur la croissance propre et les changements climatiques ait mentionné le besoin d'augmenter les puits de carbone des forêts, des zones humides et des terres agricoles. Les gouvernements fédéral, provincial et territorial ont une excellente occasion de travailler avec l'industrie pour poursuivre la mise en oeuvre des mesures d'atténuation du carbone forestier. Par exemple, récolter de manière plus efficace plus de bois par hectare de récolte destinée au commerce et utiliser pour la production, réduit par le fait même la quantité de déchets abandonnée sur le sol forestier, qui vont pourrir ou brûler. Cela réduit les émissions des gaz à effet de serre produites par la pourriture et la combustion du bois.
Nous pouvons également nous efforcer d'augmenter le taux de croissance des arbres au-dessus des niveaux de croissance actuels, au moyen de techniques variées, comme la plantation de semences ou d'espèces d'arbres améliorées ou la fertilisation. Les arbres en poussant plus vite, permettront de capturer le carbone plus rapidement de l'atmosphère.
Enfin, on pourrait faire davantage en matière de redistribution et de reboisement. Nous pouvons planter des arbres dans des endroits récemment ravagés par des insectes ou des incendies, où les arbres poussent moins bien. Actuellement, l'industrie renouvelle toutes les superficies récoltées; toutefois, personne n'est réellement responsable de régénérer les régions qui ont été touchées par des perturbations naturelles où les arbres peuvent prendre parfois plus de temps pour repousser. Une telle stratégie permettrait de capturer plus rapidement le carbone de l'atmosphère, grâce à une régénération plus rapide.
Le secteur forestier est collabore en outre avec des universitaires, le gouvernement et des groupes, comme Canards Illimités Canada, afin de mieux évaluer et conserver les stocks de carbone dans les zones humides et dans les tourbières. Ces régions contiennent une énorme quantité de carbone, mais nous devons mener plus de recherches pour quantifier les stockages.
Les effets du changement climatique, comme l'augmentation des feux de forêt et des infestations de ravageurs, ont des répercussions importantes sur les Canadiens, sur nos collectivités et sur notre industrie forestière. Nous pensons également qu'on pourrait déployer plus d'efforts pour rendre nos forêts plus résilientes et nous assurer leur durabilité à long terme. On peut aussi parler d'adaptation.
Nous devons poursuivre les études sur les effets potentiels à long terme des changements climatiques, en utilisant la modélisation, par exemple. Nous devons aussi prendre des mesures afin d'accroître notre résilience climatique, comme la mise en place de collectivités, « Intelli-feu », et travailler avec nos homologues provinciaux pour adapter notre mode de gestion forestière de façon à pouvoir sélectionner et planter des arbres en fonction de l'évolution des conditions climatiques.
[Français]
Un nouveau bioproduit forestier comme un composite en fibre de bois peut remplacer du plastique, par exemple dans une console d'un modèle Lincoln de Ford. Cela contribue de deux façons à une économie faible en carbone. Premièrement, on remplace le plastique tiré de combustibles fossiles et, deuxièmement, on réduit le poids du véhicule, ce qui diminue sa consommation d'essence.
Le secteur forestier peut aussi fabriquer de l'huile pyrolytique, un produit récemment annoncé par Canfor et Licella, qui va remplacer l'huile produite de sources non renouvelables. Il ne faut pas non plus oublier que le bois stocke le carbone à long terme dans nos maisons et nos édifices.
Le Canada a l'occasion d'apporter des changements au Code national du bâtiment pour permettre la construction de bâtiments en bois de grande hauteur, comme la résidence de 18 étages à l'Université de la Colombie-Britannique. D'ailleurs, cet après-midi, vers 15 h 30 je crois, Sidewalk Labs fera l'annonce d'un édifice en bois massif à Toronto, ce qui représente un impact positif dans la lutte contrer les changements climatiques. Chaque mètre cube de bois utilisé représente près d'une tonne de carbone retirée de l'atmosphère et stockée à long terme.
[Traduction]
Comme je l'ai mentionné plus tôt, depuis 1990, l'industrie forestière a réussi à réduire de 66 % les émissions de gaz à effet de serre produites par ses installations. Même s'il n'est pas facile de réduire l'empreinte carbone des installations, nous croyons pouvoir réduire encore davantage nos émissions. Nous pouvons accroître davantage l'efficience énergétique de nos usines, notamment en substituant les rejets d'usine aux combustibles fossiles et le biogaz produit par notre système de traitement des eaux usées au gaz naturel. En ce qui concerne le transport des arbres vers l'usine, puis l'expédition des produits aux clients, nous pouvons réduire les émissions en utilisant davantage les trains au lieu des camions.
Les efforts que nous déployons sont, selon nous, un excellent exemple de la façon dont l'industrie et le gouvernement peuvent coopérer au nom des Canadiens à la lutte contre les changements climatiques. Cependant, il faudra investir des capitaux. Cela dit, nous sommes satisfaits de la réduction immédiate de l'impôt sur les investissements en capital qui a été annoncée dans la mise à jour économique de l'automne, en particulier relativement à l'énergie propre — les amortissements pour l'énergie propre — et l'incitatif à l'investissement accéléré.
Même si notre secteur soutient effectivement la tarification du carbone, il faut absolument que cette tarification soit sans incidence sur les recettes du gouvernement, et l'argent devrait être réinvesti dans le secteur d'une façon ou d'une autre, par exemple sous la forme d'un fonds technologique.
Je veux aussi souligner que notre secteur exporte énormément de marchandises. Au total, 70 % de ce que nous produisons est exporté. Cela représente une valeur de 37 milliards de dollars. Nos compétiteurs sont la Russie et les États-Unis, dans le marché des produits du bois, et les États-Unis, l'Asie et l'Amérique du Sud, dans le marché des pâtes et papiers. Il est impératif de prendre en considération cette concurrence sur la scène mondiale, dans tout régime de tarification du carbone. Notre industrie est tributaire du commerce, ce qui veut dire que nos fournisseurs — de produits chimiques, de combustible, d'électricité et de transport — refilent ce coût à notre secteur, qui, lui, doit l'absorber en totalité, puisque nous ne pouvons pas modifier les coûts internationaux des produits de base.
[Français]
En conclusion, le monde entier est aux prises avec un besoin urgent de s'attaquer aux changements climatiques et de réduire les émissions de carbone. Il faudra travailler ensemble pour développer des idées novatrices et s'assurer de mettre en place des politiques et des programmes efficaces. L'industrie canadienne des produits forestiers a la détermination et la volonté de contribuer à la transition vers une économie à faible carbone et de travailler avec les gouvernements pour atteindre les objectifs de l'Accord de Paris.
Je vous remercie de votre attention. Je serai heureux de répondre à vos questions.
:
En 2007, en Alberta, nous avons eu le Règlement sur les émetteurs de gaz désignés, c'est-à-dire l'excédent d'émissions qui se traduirait par de gros émetteurs finaux, donc le protocole de réduction des émissions de gaz désignées.
Dans le cadre de ce protocole, l'occasion de concevoir différents types de compensations sur le marché du carbone s'est présentée. Ces compensations ont permis aux grands émetteurs finaux de payer la taxe, qui a été fixée en Alberta, en 2017, à 15 $ la tonne, ou d'utiliser une compensation en fixation de carbone pour compenser leurs émissions excédentaires. Au cours de cette période, uniquement grâce au protocole de conservation culturale — qui fait référence aux semis directs ou à la culture sans travail du sol ou encore à la culture sans labours —, nous avons réussi non seulement à séquestrer, mais également à faire vérifier par un tiers que cela se faisait effectivement, et à sérialiser, ce qui signifie en fait mettre un numéro de série sur ce crédit carbone généré dans le registre en Alberta. Il s'agissait de l'équivalent de 14,7 millions de tonnes, ce qui représente toutes les camionnettes vendues en 2017 en Amérique du Nord.
Il y a d'énormes possibilités lorsque ce potentiel est reconnu. Il y a eu quelques obstacles en cours de route. Lorsqu'il y a des changements dans le gouvernement, la réglementation et les politiques à venir, l'environnement politique devient imprévisible. Il y a eu certains changements, bien sûr, qui ont permis aux grands émetteurs finaux d'utiliser seulement 30 % de leurs surplus d'émissions comme compensations, de sorte que, essentiellement, cela s'est quelque peu effondré ou a entraîné d'importantes réductions passant, disons, de 15 $ la tonne à un montant beaucoup moins élevé.
Le potentiel est énorme. Nous savons que nous pouvons en tirer profit. Nous savons que nous adoptons déjà beaucoup de ces technologies d'atténuation, non seulement dans le secteur agricole, mais également dans le secteur forestier et même dans la gestion des déchets grâce au captage du méthane pour certains des sites d'enfouissement qui ne disposent pas d'autres options.
Don, je sais que vous aimeriez ajouter quelque chose.