Bienvenue à la réunion numéro 100 du Comité permanent de la science et de la recherche.
La réunion d'aujourd'hui se déroule en format hybride. Tous les témoins ont effectué les tests de connexion nécessaires avant la réunion.
J'aimerais rappeler à tous les députés les points suivants.
Veuillez attendre que je vous nomme avant de parler. Tous les commentaires doivent être adressés à la présidence. Je demanderais aux députés de lever la main s'ils souhaitent parler, que ce soit en personne ou sur Zoom. Le greffier et moi gérerons l'ordre d'intervention du mieux que nous pouvons.
Pour ceux qui participent par vidéoconférence, cliquez sur l'icône du microphone pour l'activer, et veuillez mettre votre micro en sourdine quand vous ne parlez pas. Sur Zoom, un service d'interprétation est fourni. Vous avez le choix, en cliquant au bas de l'écran, entre « Parquet », « Français » ou « Anglais ». Je vous remercie tous de votre coopération.
Conformément à l'alinéa 108(3)(i) du Règlement et à la motion adoptée par le Comité le jeudi 23 mai 2024, le Comité reprend son étude sur l'innovation, la science et la recherche en matière de recyclage des plastiques.
J'ai maintenant le plaisir d'accueillir, à titre personnel, M. Steve Allen, directeur général de Healthy Earth. Il témoigne par vidéoconférence. Nous accueillons également, par vidéoconférence, M. Daniel Duguay, spécialiste en durabilité, de l'Association canadienne de la distribution de fruits et légumes.
Vous aurez cinq minutes pour présenter vos déclarations préliminaires, et nous passerons ensuite aux séries de questions.
Monsieur Allen, je vous invite à présenter votre déclaration préliminaire; vous avez cinq minutes.
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Merci de me donner l'occasion de m'adresser à vous.
J'étudie la pollution par les microplastiques et les nanoplastiques dans les régions les plus reculées du monde. J'ai montré que le plastique est transporté par l'air, qu'il retombe dans les océans et qu'il est rejeté dans l'air par les embruns. J'ai étudié les tourbières, qui ont montré que les microplastiques ont commencé à tomber avec la pluie, au début des années 1970, et qu'ils n'ont cessés d'augmenter en volume, depuis, suivant exactement le rythme de production du plastique. Je constate que le nombre de particules augmente de façon exponentielle, plus on y regarde de près. Au Canada, j'ai étudié les dépôts de plastique provoqués par les ouragans, et dans les fruits de mer.
Je le dis parce que toutes ces mesures ont été prises pendant que tout le monde pensait que l'on faisait du recyclage. Les efforts des Canadiens n'ont que peu d'effets sur leur exposition au plastique, peu importe qu'il soit recyclé, enfoui ou incinéré. Il y a des fuites depuis sa fabrication jusqu'à la fin de sa vie, et c'est un problème mondial.
L'eau devant vous contient du plastique. Chaque verre d'eau sur la planète en contient également. Je suis certain que, si je mesurais la quantité de plastique à laquelle vous êtes exposé aujourd'hui — dans l'eau, dans la nourriture et même dans l'air que vous respirez —, ce serait l'exposition la plus faible du reste de votre vie. Si on parvenait, demain, à recycler mécaniquement la totalité des déchets du Canada, ça ne ferait que l'augmenter.
Il y a déjà tellement de plastique dans l'environnement qu'il est peu probable que vos petits-enfants auront droit au niveau d'exposition qui est le vôtre aujourd'hui. Ils y sont exposés dans le placenta, et il se trouve aussi dans le lait maternel, et cette exposition augmente rapidement. Quelle quantité de plastique les humains peuvent‑ils supporter? Je ne sais pas, mais je crains que, au moment où nous le découvrirons, il sera trop tard pour faire quoi que ce soit.
L'industrie des matières plastiques a eu 50 ans et un budget presque illimité pour développer des techniques de recyclage. Elle a créé le plastique, elle en connaît la composition chimique. Si quelqu'un pouvait le faire, c'est bien l'industrie des matières plastiques, mais même Shell a récemment échoué à tenir son engagement et réaliser son ambitieux projet de recyclage. Shell a déclaré que ce n'était pas faisable et a invoqué des changements de réglementation.
Les usines de recyclage mécaniques elles-mêmes ont des fuites. J'ai étudié une nouvelle usine de recyclage ultramoderne, en Écosse, où 6 % du plastique qui y entrait s'écoulait sous forme de microplastiques dans la rivière. L'usine a recyclé quatre millions de tonnes et rejeté plus de 200 000 tonnes de microplastiques et un volume astronomique de nanoplastiques. Ces chiffres ne tiennent même pas compte des rejets dans l'atmosphère provenant du recyclage, de l'énergie nécessaire ou du risque de servir aux enfants des frites dans du plastique recyclé qui contient l'un des 16 000 produits chimiques possible.
Les témoins experts en recyclage que vous avez reçus ici ont reconnu qu'on ne recycle rien, aujourd'hui; on ne fait que du décyclage pour fabriquer des produits de qualité inférieure. La fabrication de matériaux de construction à base de plastique signifie simplement l'ajout de produits ignifuges toxiques, les PFAS, qui sont déjà présents dans notre organisme.
Je ne dis pas qu'il ne faut pas envisager de recycler des produits de première nécessité, mais je ne vois pas en quoi il est logique que les gouvernements dépensent de l'argent public pour maintenir ce matériau dangereux en circulation.
Les déchets plastiques ne sont pas une ressource précieuse. Ce serait comme prendre du plomb pour le réincorporer dans les carburants ou recycler l'amiante pour fabriquer d'autres toitures. Sur le plan scientifique et environnemental, pour la santé humaine et les changements climatiques, et même sur le plan économique, recycler la majorité du plastique n'a aucun sens. Il existe une foule de solutions de rechange, comme le verre, le métal et les matériaux à base de plantes, telles que le palmier d'Arec et le bambou, etc., qui, s'ils sont extraits, produits et réutilisés de manière sécuritaire et durable, créeront une véritable économie axée sur les emplois écologiques. Les gouvernements peuvent éliminer les coûts supportés par les municipalités et les consommateurs pendant la transition vers ces meilleures options, en transférant une fraction des subventions dont bénéficie actuellement l'industrie des matières plastiques vers des matériaux plus sûrs et plus durables.
Il ne s'agit pas seulement des déchets plastiques, mais d'une crise environnementale et de santé publique mondiale. Quand on cessera de se demander quel volume de plastique le monde peut créer sans tuer trop de baleines, et quand on se demandera plutôt combien d'organismes, y compris le nôtre, peuvent être touchés par la désintégration d'un seul sac en plastique, on commencera à comprendre la gravité de la situation. Nous sommes engagés dans une expérience extrêmement dangereuse, et chaque jour perdu à investir dans un bricolage technologique à court terme et motivé par la recherche du profit pour sauver l'industrie des matières plastiques, est un jour perdu. La nature n'a pas de frontières. Si le Canada veut protéger la santé des Canadiens et l'environnement, il doit aujourd'hui faire davantage pour régler le problème mondial de la pollution par le plastique. En résumé, on s'attaque à la mauvaise partie du cycle de vie du plastique, alors que l'on veut protéger les gens et l'environnement.
Les gens qui peuvent régler ce problème se trouvent ici dans la salle. Vous êtes ceux qui peuvent réglementer l'industrie des matières plastiques; restreindre sa production; faire du Canada une puissance économique verte, et non pas un catalyseur de pollution; exiger la divulgation des produits chimiques utilisés; surveiller l'industrie; obliger l'industrie à prouver que le produit est respectueux de l'environnement avant de le mettre sur le marché; criminaliser l'écoblanchiment; financer la recherche pour supprimer la plasticulture; financer...
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Madame la présidente, mesdames et messieurs les membres du Comité, au nom de l'Association canadienne de la distribution de fruits et légumes frais, l'ACDFL, je vous remercie de me donner l'occasion de comparaître devant vous, aujourd'hui.
L'ACDFL est dans une position unique en tant qu'organisation représentant des entreprises de la ferme à l'assiette, de l'ensemble du secteur des fruits et légumes frais. Près de 900 membres nationaux et internationaux de l'ACDFL sont responsables de 90 % des ventes de fruits et légumes au Canada.
Les Canadiens peuvent compter sur une offre nationale et mondiale de fruits et légumes frais hautement intégrée, qui appuie les recommandations de Santé Canada en matière d'alimentation saine. La chaîne d'approvisionnement des fruits et légumes frais transporte une grande variété de produits périssables sur de longues distances de manière à ce que les Canadiens aient accès à des fruits et légumes sains, de qualité et abordables tout au long de l'année.
L'emballage, y compris l'emballage plastique, est essentiel pour maintenir la disponibilité, la qualité et la salubrité des fruits et légumes frais, de la ferme à l'assiette. Le rôle essentiel que joue l'emballage peut se résumer en deux phrases. La première, c'est que l'emballage fait 95 % de ce qu'il fait avant même d'arriver au consommateur, et la seconde, c'est qu'une décision relative à l'emballage d'un produit est une décision qui concerne la durabilité.
Qu'est-ce que ces deux phrases signifient? Que l'on cherche à faire comprendre que, pour garantir la sécurité alimentaire, réduire les pertes et le gaspillage alimentaire, optimiser l'efficience de la chaîne d'approvisionnement et respecter les exigences en matière de traçabilité des produits, il faut veiller à la forme et à la composition de l'emballage. Cependant, c'est là que les choses deviennent plus complexes. Qu'y a-t-il d'autre qui dépend de la forme et de la composition de l'emballage? C'est la possibilité d'éviter que l'emballage finisse dans des sites d'enfouissement et d'atteindre l'objectif zéro déchet plastique que les gouvernements et l'industrie s'efforcent d'atteindre depuis de nombreuses années.
Pour s'assurer que l'emballage offre la fonctionnalité requise et qu'il ne finisse pas non plus dans des sites d'enfouissement et dans la nature, l'industrie conçoit aujourd'hui des emballages qui répondent aux critères de performance essentiels attendus des fournisseurs et des consommateurs, tout en tenant compte de la fin de vie de l'emballage. Le secteur des fruits et légumes frais est l'un des premiers à avoir adopté des stratégies d'emballage durable. Ces stratégies vont des emballages allégés et de l'élimination innovante, comme les revêtements comestibles, à des volumes de réutilisation importants pour les emballages interentreprises. Cela a également augmenté l'utilisation des emballages qui sont à la fois prêts à être recyclés et de plus en plus recyclés.
L'ACDFL a mis sur pied son groupe de travail sur l'emballage en 2019, et le secteur des fruits et légumes frais a adopté les règles d'or de la conception en 2020, ce qui a mené à de nombreux nouveaux modèles qui éliminent les éléments problématiques. Nous sommes passés d'une composition mixte à un matériau unique, et avons incorporé des niveaux accrus de contenu recyclé, quand ce dernier ne compromet pas le rendement de l'emballage, par exemple en ce qui concerne le contact avec les aliments. Nous utilisons des matériaux de remplacement, comme les emballages à base de fibre entièrement recyclable ou les solutions industriellement compostables, quand le rendement et la fonction de l'emballage ne sont pas compromis.
Ces efforts portent leurs fruits. Une étude récente a confirmé que l'utilisation du plastique dans le secteur des fruits et légumes frais, pour l'emballage, a diminué de 17 % depuis 2019, lorsqu'elle est mesurée en fonction du volume des matériaux utilisés par kilogramme d'aliments.
La diversité des fruits et légumes frais — le problème quintessentiel des pommes, des oranges et des bananes, comme nous aimons l'appeler — signifie que l'emballage utilisé pour un produit devra être différent de celui utilisé pour un autre. Pour de nombreux produits, il n'y a pas aujourd'hui de solutions de rechange viables à l'emballage plastique qui ne compromettent pas la sécurité alimentaire et n'augmentent pas le gaspillage, le coût ou l'insalubrité des aliments.
Comme il a été dit, l'un des principaux défis de la conception d'emballage en vue du zéro déchet, c'est la prise en compte de l'infrastructure de fin de vie, que ce soit le recyclage du plastique, le compostage ou d'autres infrastructures de recyclage. Même si la discussion d'aujourd'hui est axée sur le plastique, l'objectif devrait être de s'assurer que les choix d'emballage, associés aux systèmes de gestion des déchets, évitent la mise à la décharge de tous les déchets d'emballage.
Pour le faire de manière efficace, on doit prendre en considération les domaines d'innovation suivants.
Premièrement, on doit tenir compte des différents matériaux. Les systèmes de gestion des déchets doivent traiter efficacement les différents types de matériaux, y compris, dans notre cas, les formes rigides et souples de plastiques et d'autres matériaux.
Deuxièmement, on doit envisager de fournir différentes applications en aval. Le contenu recyclé produit pas les systèmes de gestion des déchets doit répondre à des besoins très différents, comme ceux supposant un contact avec les aliments, par rapport à ceux qui n'ont aucun contact.
Troisièmement, on doit favoriser l'harmonisation. Ce qui est rapidement recyclable dans un domaine peut ne pas l'être dans d'autres. Ce manque d'harmonisation entre les nombreux secteurs est l'un des principaux défis à relever si l'on veut concevoir efficacement la fin de vie des emballages.
Pour conclure, je commenterai quelques points connexes.
L'ACDFL soutient la responsabilité élargie des producteurs. Cependant, ce que l'on craint vraiment, c'est que le rythme rapide de la hausse massive des coûts soit insoutenable. Les producteurs ne doivent pas être les seuls à assumer ce coût. Il faut fixer des objectifs de réduction des déchets, qui soient ambitieux mais réalisables et qui respectent les fonctions essentielles que l'emballage offre.
Pour s'attaquer à ce problème complexe à l'échelle du système, il faut que les différents intervenants fédéraux s'engagent à travailler de concert avec l'industrie et leurs homologues provinciaux.
Au nom du secteur des fruits et légumes frais, je vous remercie de m'avoir donné l'occasion de faire part de mes commentaires, et je me ferai un plaisir de répondre aux questions du Comité.
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Merci, madame la présidente.
Je remercie les témoins d'être ici, aujourd'hui. Je suis heureux que vous soyez, ici, avec nous, et d'entendre vos observations.
Nous avons entendu, ces dernières semaines — du moins depuis le peu de temps que je siège au Comité —, de nombreux représentants d'organismes différents parler de différents aspects. Quand les nombreux Canadiens qui nous écoutent aujourd'hui entendent le mot « plastique », ils entendent seulement « plastique ». C'est la seule chose qu'ils entendent. Ils ne connaissent pas la différence entre le plastique biologique, le plastique vierge, etc.
Monsieur Duguay, vous avez parlé aujourd'hui des aspects de l'emballage et des différents types d'emballage. Vous avez abordé différents points, que ce soit au sujet du plastique vierge — je le dit en passant — ou des polymères biologiques. Ce sont des choses que les Canadiens ne comprennent vraiment pas. Comme vous l'avez dit, quand ils vont au marché et qu'ils voient des bananes ou des cantaloups emballés dans du plastique, ou quoi que ce soit d'autre, ils supposent que ces plastiques sont tous exactement les mêmes.
J'aimerais avoir votre avis sur la question.
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Merci beaucoup, madame la présidente.
Bienvenue aux deux témoins.
J'aimerais m'adresser à M. Allen.
Monsieur Allen, je vais vous donner l'occasion de terminer ce que vous aviez à dire, mais avant cela j'ai une petite entrée en la matière.
Je vous ai entendu, et j'ai également entendu dire que c'est le dernier jour où nous recevons des témoins pour l'étude. Nous nous réunissons depuis plusieurs semaines. Nous l'avons très bien entendu, le plastique affecte l'eau et, comme vous l'avez dit, l'eau, la nourriture et l'air que nous respirons, et l'environnement et la santé sont exposés à des risques, et ainsi de suite, même l'eau que nous buvons. Vous avez également dit dans votre introduction que, en 50 ans, nous n'avons pas pu régler le problème en utilisant du plastique.
Vous commenciez à nous parler des meilleures solutions de rechange pour des matériaux plus sûrs et plus durables. Dans ce qui est à la fois une crise environnementale et sanitaire, nous devons régler ces problèmes. Je vais vous demander de revenir à la première chose dont vous avez essayé de parler, c'est-à-dire les meilleures solutions de rechange et ce que nous pouvons faire, en tant que gouvernement fédéral. Certaines solutions faisaient intervenir d'autres ordres du gouvernement, mais aussi, et c'est plus important encore, quel est le rôle de l'industrie et quel est le rôle des consommateurs?
Je vais vous donner le reste de mon temps pour m'éclairer sur cette question particulière. Je pense que ce serait très utile, venant de vous.
[Traduction]
Le plastique biodégradable ne se dégrade pas dans la nature. Cela a été montré. Cela a été prouvé scientifiquement. Essentiellement, on peut laisser un sac en plastique dans la nature pendant trois ans et il sera toujours un sac en plastique. Il ne se dégrade pas. Du point de vue chimique, il est aussi dangereux que les autres plastiques. En fait, on a montré que certains plastiques biodégradables sont plus dangereux. Ils se décomposent en particules plus petites, mais la réglementation n'est pas encore suffisante, il n'y a pas suffisamment d'études pour montrer les effets sur les humains et les animaux de ces minuscules particules en lesquelles ils se décomposent.
C'est un problème important. La plupart des études s'arrêteront, disons, à 20 micromètres. C'est petit pour la plupart des gens, mais, quand on commence à s'intéresser aux organismes, c'est là que cela prend tout son sens. Cela peut tuer un animal. La différence entre 20 micromètres et un nanomètre est inconnue pour la plupart de ces plastiques. L'industrie ne s'intéresse pas à cette question.
C'est un point sur lequel le gouvernement doit vraiment se pencher pour s'assurer que ces plastiques se dégradent correctement, plutôt que de se contenter de dire « on ne peut plus le voir ». La définition ISO de « on ne peut pas le voir, il a donc disparu », c'est la définition de la politique de l'autruche. On sait que le plastique est là. Je le sais, parce que cela fait partie de mes recherches. J'aimerais que le gouvernement canadien réglemente cette industrie. Demandez aux scientifiques. Réglementez ce que les scientifiques vous disent d'examiner, et non ce que l'industrie vous dit.
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C'est une excellente question, parce que cela dépend du produit et de sa provenance.
Encore une fois, une partie du défi, c'est que nous essayons d'optimiser... et de répondre aux attentes des consommateurs et des citoyens du Canada, qui veulent avoir accès à des fruits et légumes frais, tout au long de l'année. Cela signifie que, à certaines périodes de l'année, les produits voyagent sur 200 ou 300 kilomètres. Ils sont transportés dans un emballage qui maintient la qualité et assure la sécurité alimentaire sur cette période relativement courte.
À l'automne, à l'hiver et au printemps, les attentes sont toujours les mêmes, et les produits viennent de la Californie et du Mexique. Lorsque les produits sont transportés sur une si grande distance, parfois réfrigérés, d'autres fois non, le risque, c'est qu'un emballage inadapté peut faire en sorte que les produits ne survivront pas du tout au voyage ou qu'on en perdra une grande partie avant qu'ils n'arrivent au dépôt. C'est ce qu'on appelle la « freinte », dans l'industrie. Ce pourcentage peut atteindre les deux chiffres. Il est question de 50 %, de 60 % ou plus, si l'on parle fondamentalement du mauvais emballage. Par conséquent, ce n'est pas ce que l'industrie utilise. Ce que l'on essaie de faire, c'est de maximiser la quantité d'aliments qui survit au voyage et de maintenir leur qualité et leur salubrité afin qu'ils puissent être distribués et consommés. C'est ce que nous faisons, au bout du compte, dans l'industrie: faire parvenir les aliments.
Je m'excuse. Ce n'est peut-être pas une réponse directe.
Le mauvais emballage peut vraiment empêcher la chaîne d'approvisionnement de fondamentalement fonctionner. C'est le juste équilibre que l'industrie doit trouver, tous les jours.
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Merci, madame la présidente.
Je remercie les témoins.
Monsieur Allen, j'aimerais vous remercier de votre témoignage très franc. Nous entendons très rarement l'expression « crise environnementale et sanitaire mondiale », que vous avez utilisée dans votre témoignage. Je pense que c'est une déclaration très importante, et en fait, je pense que c'est un moment assez important.
Quand je suis arrivé à ce Comité et que j'ai entendu dire que nous allions étudier les plastiques, je ne savais pas trop dans quoi je m'embarquais. J'ai beaucoup appris des divers témoins, dont vous, aujourd'hui.
Il y a deux ou trois choses dont j'aimerais parler. J'ai mentionné la crise environnementale mondiale. J'aimerais en parler, puis j'aimerais passer à ce que vous avez dit vers la fin de votre témoignage, concernant la façon de régler le problème.
Je me demandais si vous pouviez expliquer brièvement — parce que j'aimerais vous poser une autre question — les effets sur la santé des microplastiques ou, comme vous l'avez dit, de la plupart des plastiques, voire de tous les plastiques. Je me demandais si vous pouviez l'expliquer aux gens. Je pense qu'il appartient au gouvernement et aux assemblées législatives d'avoir une discussion sérieuse, sans utiliser les discours politiques, pour faire avancer les choses et s'assurer que tout le monde est en sécurité, ce qui est le droit fondamental de tout parlementaire. Pouvez-vous nous donner une idée, avec quelques détails, des effets sur les gens? Je vous poserai ensuite une deuxième question.
Voici un petit scénario. On utilise des plastiques pour la distribution de médicaments, et c'est un modèle uniforme très spécifique, parce que les plastiques peuvent traverser les barrières hémato-encéphaliques. Ils peuvent passer dans toutes les parties de l'organisme parce qu'ils sont tellement pointus que l'organisme ne peut pas les voir. Ils ne provoquent pas de réaction immunitaire. Quand on regarde les microplastiques au microscope, on verra qu'ils ont la même forme. C'est pourquoi ils peuvent très facilement entrer dans l'organisme et en sortir. Les études menées sur des pétoncles et d'autres animaux ont montré que, quand ils se nourrissent de microplastiques ou de nanoplastiques, ceux-ci se retrouvent en quelques heures dans toutes les parties de l'organisme des animaux.
Actuellement, quand on regarde ce qui peut passer dans le sang, à travers les intestins, cela peut atteindre 150 microns, ce qui est assez grand, mais, pour les nanoplastiques — et je travaille beaucoup sur les nanoplastiques —, rien ne les empêche d'aller partout dans l'organisme. Ils contiennent un perturbateur chimique du système endocrinien. Ils peuvent absorber du DDT et tous les autres produits chimiques dont on ne veut pas entendre parler. Ils peuvent se coller à ces nanoplastiques. Imaginez les effets sur l'hypophyse en développement d'un bébé. Si un nombre suffisant de ces particules se logent dans cette glande, quels pourraient être les effets sur le développement d'un humain? Quels pourraient être les effets sur le développement de toute créature sur la planète?
On parle des entrailles des vers qui sont bloquées, parce que leur bouche est plus grande que leur anus. Ils ingèrent normalement toute la particule, la digèrent et la libèrent ensuite. Cependant, les plastiques bloquent leurs entrailles, et les vers se sentent toujours pleins, jusqu'à ce qu'ils meurent de faim.
Mes recherches se déroulent dans des régions éloignées, et j'étudie ces régions, parce qu'elles sont nos réserves de biote, qui fait fonctionner le monde, et nous le noyons dans tant de plastiques atmosphériques qui retombent au sol, comme pendant les ouragans à Terre-Neuve, par exemple. En haute saison, quand tout pousse et que tout se nourrit, nous donnons soudain à ces organismes des tonnes de particules de plastique, de la taille exacte de ce qu'ils veulent manger, et qui ont la même odeur que ce qu'ils mangent. Ils libèrent des phéromones comme les perturbateurs endocriniens. Tous ces produits chimiques ressemblent à de la nourriture.
On en a retrouvé dans le lait maternel et dans le placenta. On en a trouvé dans les testicules et dans les premières selles des bébés. Il y en a déjà dans toutes les parties de l'organisme humain, et c'est un corps étranger. Nous n'avons développé aucune résistance à ce matériau. Nous n'avons obtenu des nanomatériaux que lorsque nous avons commencé à faire fondre les métaux. Heureusement, ils étaient pour la plupart inactifs, à l'exception du plomb, dont on sait qu'il a des effets néfastes sur nous.
Les plastiques n'ont aucune place dans nos vies. Très bientôt, nous comprendrons à quel point la situation est grave.
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Merci, madame la présidente.
Monsieur Allen, je suis d'accord avec vous. Le gouvernement a une très grande responsabilité en ce qui concerne la défense de l'environnement, voire sa protection. On n'est plus à l'heure de l'éducation, on est à l'heure de l'action. Tout le monde a déjà le portrait de la situation. J'aimerais qu'on se donne l'heure juste.
Le gouvernement actuel avait promis, en 2019, d'interdire l'utilisation de certains plastiques à usage unique. Tout cela avait l'air beau. En 2020, il a imposé des normes et des sanctions pour responsabiliser les entreprises qui fabriquent du plastique, qui font la collecte des déchets ou qui recyclent des matières. En 2021, on s'est servi de l'excuse la plus utilisée de la décennie: la pandémie. Tout à coup, on ne pouvait plus rien faire lorsqu'il était temps de réglementer le plastique. Par contre, quand c'était le temps de subventionner les entreprises pétrolières et gazières pour les aider à traverser cette crise économique, on pouvait agir. Ensuite, le gouvernement a mis en vigueur une réglementation très partielle ne visant que six articles parmi les centaines qui existent dans l'économie. De plus, aucune interdiction de fabrication ou de vente ne sera en vigueur avant le 20 décembre 2025. Ça tombe bien, puisque ça n'arrivera qu'après les prochaines élections, à la suite desquelles nous aurons peut-être un nouveau gouvernement.
Pensez-vous que ces mesures vont vraiment changer les choses pour la protection de l'environnement et le recyclage du plastique?
Je vais continuer avec M. Allen.
Je sais que vous avez étudié la question de la pollution par le plastique dans le monde entier, en Asie, et ailleurs. Nous avons tous entendu parler des gros amas de plastique retrouvés au milieu de l'océan Pacifique. Je sais, pour avoir visité des pays insulaires, comme les Samoa, qu'ils font face à un énorme problème parce que des tonnes de plastique sont rejetées sur leurs côtes.
Je suis ornithologue. L'un de mes amis étudiait la nidification de l'albatros dans les îles Midway, littéralement au milieu du Pacifique. Ces albatros se nourrissent sur les côtes de la Colombie-Britannique; ils emportent la nourriture de là-bas et jusqu'à leurs petits, aux îles Midway. Il a vu un jeune albatros cracher une brosse à dents.
Je voudrais avoir votre point de vue sur l'ampleur mondiale de ce problème et sur la façon dont toute cette pollution provenant du monde entier, tout ce plastique, nous affecte ici, au Canada, et partout ailleurs.
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La nature n'a pas de frontières.
Chaque année, entre 12 et 20 millions de tonnes sont rejetées dans l'océan. Elles vont bien quelque part. Quand le plastique se décompose dans l'océan, que ce soit par le frottement sur le sable des plages, les rayons UV ou le sel, il peut se retrouver dans l'air. Peu importe où ce plastique va; vous pouvez le respirer au Canada et n'importe où ailleurs sur la planète.
Mes recherches portent également sur la troposphère libre, qui se trouve au‑dessus des nuages. C'est une autoroute pour le plastique et les produits chimiques. Le plastique peut faire le tour de la Terre en deux semaines, donc, si vous voulez expédier votre plastique ailleurs, il n'y a pas de « ailleurs » pour le plastique. On ne peut pas dire « je vais l'envoyer en Asie, puisqu'ils peuvent le recycler, là-bas ». Il n'est pas recyclé; il est brûlé. Il est rejeté dans les cours d'eau. Les preuves sont nombreuses. Lisez les rapports d'Interpol, s'il vous plaît. Je recommande à tout le monde de le faire.
Je mène actuellement des recherches sur les plastiques, ici, dans l'Arctique, mais mon ONG s'attaque d'abord au problème des déchets plastiques déversés dans les cours d'eau d'Asie, parce que la majorité des plastiques des océans proviennent d'Asie, parce que les pays occidentaux pensaient que l'Asie était un bon endroit pour se débarrasser de leurs déchets. Ils n'avaient aucun moyen de les recycler.
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Bienvenue. Nous allons reprendre nos travaux, s'il vous plaît.
Pour ceux d'entre vous qui participent par vidéoconférence, cliquez sur l'icône du microphone pour activer votre micro. Veuillez mettre votre microphone en sourdine quand vous ne parlez pas. Pour ceux qui sont sur Zoom, vous aurez une interprétation. Vous avez le choix, au bas de votre écran, entre Parquet, Français ou Anglais.
J'ai maintenant le plaisir d'accueillir les témoins.
Nous accueillons M. Mark Fisher, président et chef de la direction, Conseil de la région des Grands Lacs.
Nous accueillons M. Jason Taylor, chef de département, Selkirk Technology Access Centre, du Selkirk College, par vidéoconférence.
Nous accueillons Mme Marina Pietrosel, directrice, Consultante en développement durable et conformité, de Stratégies Développement Durable.
Bienvenue à tous les trois.
Vous aurez chacun cinq minutes pour présenter vos déclarations préliminaires, nous passerons ensuite aux séries de questions.
Monsieur Fisher, je vous invite à présenter votre déclaration préliminaire. Vous avez cinq minutes, s'il vous plaît.
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Merci, madame la présidente, et honorables membres du Comité de la science et de la recherche, de me donner l'occasion de m'adresser à vous, aujourd'hui, dans le cadre de votre étude sur le recyclage des plastiques.
Créé en 2013, le Conseil de la région des Grands Lacs, ou le CRGL, est présent dans toutes les provinces de l'Ontario et du Québec, et dans huit États des États-Unis, de New York au Minnesota. Notre mission est de réunir les différents points de vue et intérêts de la région, au-delà des frontières et des secteurs, afin d'accélérer la transition vers un avenir durable.
Qu'est-ce que cela signifie concrètement? Pour le CRGL, cela veut dire défendre des politiques de soutien, des stratégies commerciales, des innovations et des investissements des secteurs public et privé afin que l'économie de la région, le moteur industriel de l'Amérique du Nord, se développe de manière responsable, que tous les habitants de la région prospèrent, et que les Grands Lacs, le plus grand réseau d'eau douce du monde, soit protégé pour les générations futures. Si nous réussissons à le faire, notre but est de créer la première région durable du monde.
L'un des défis importants de la région, aujourd'hui, c'est de savoir comment gérer de manière durable les matériaux que nous utilisons, en tant que consommateurs et en tant qu'industries, et réduire les déchets, surtout les plastiques.
Pourquoi est-ce un défi? Les recherches, ainsi que les données tirées du nettoyage des plastiques dans les Grands Lacs, projet que le CRGL gère avec Pollution Probe, montrent que 80 % de la pollution qui se dépose sur le littoral est des détritus de plastique, ou parfois des granulés utilisés dans la fabrication de plastiques rejetés accidentellement.
De plus, d'après certaines études menées par la Chambre de commerce des États-Unis et le Recycling Partnership, partenariat sur le recyclage, aux États-Unis, plus de 80 % des plastiques de valeur que nous utilisons, en tant que consommateurs, finissent dans des sites d'enfouissement.
D'après les propres recherches du CRGL, on estime que, d'après les données d'audit des sites d'enfouissement, on jette dans nos poubelles environ 12 millions de tonnes impériales de plastiques de valeur, représentant plus de 2 milliards de dollars canadiens, chaque année. Par conséquent, le CRGL a lancé l'initiative circulaire des Grands Lacs et a publié, en 2022, un plan d'action sur cinq ans pour mobiliser les parties prenantes des secteurs et bâtir un avenir sans déchets plastiques et sans pollution plastique.
En lien avec les travaux de votre Comité, le plan d'action est axé sur la mise en œuvre de projets et de changements dans six domaines clés, où l'on constate des lacunes importantes, notamment au chapitre des plastiques de consommation: la collecte de plastiques, comme la collecte en bordure des rues ou les programmes de dépôt; les progrès technologiques nécessaires dans notre infrastructure de recyclage, comme le recyclage mécanique, le tri secondaire et les nouvelles solutions de recyclage chimiques, visant à étendre le tri et le traitement des plastiques; la mise en place de marchés finaux plus concurrentiels et plus diversifiés pour une gamme plus large de matériaux plastiques; la nécessité d'éclairer les comportements des consommateurs en renforçant la sensibilisation et l'engagement; les politiques requises pour favoriser les pratiques de gestion durable des matériaux; et des investissements du gouvernement et des entreprises visant à soutenir et accélérer le développement de nouvelles infrastructures et solutions d'emballage, plus durables et recyclables.
En entreprenant des projets dans ces domaines en collaboration avec de nombreux partenaires, nous voulons atteindre plus facilement un taux de recyclage de 50 % dans la région, d'ici 2030. Cela est cohérent avec la stratégie zéro déchet de plastique adoptée par le Conseil canadien des ministres de l'environnement, le CCME, ainsi qu'avec la stratégie nationale en matière de recyclage présentée par l'Agence de protection de l'environnement des États-Unis.
Du point de vue de la récupération et du recyclage des ressources, un aspect essentiel de l'économie circulaire, il faudra être en mesure de détourner chaque année trois millions de tonnes supplémentaires de plastiques des sites d'enfouissement. Cela représente environ 2,7 tonnes métriques, en mesures canadiennes. Étant donné que l'on recycle actuellement, en moyenne, environ 9 % des plastiques de consommation, au Canada et aux États-Unis, atteindre un taux de recyclage de 50 % ne sera pas une mince affaire, mais c'est possible.
Cependant, atteindre un taux de recyclage de 50 % pour les produits de consommation n'est pas synonyme d'économie circulaire. On parvient à une économie circulaire, de par sa conception, quand on peut éliminer les déchets et la pollution provenant des matériaux, faire circuler les produits dans l'économie à leur valeur la plus élevée et régénérer la nature. Par conséquent, si vous envisagez des innovations, de la science et de la recherche en matière de recyclage des plastiques, ou, plus important encore, si vous voulez parvenir à une économie circulaire, je vous invite à tenir compte des points suivants.
Premièrement, il faut certainement une nouvelle certitude en matière de législation réglementaire pour permettre le changement économique et sociétal nécessaire à la transition vers une économie circulaire. Il sera essentiel de s'assurer que tous les ordres de gouvernement fassent leur part et soient cohérents au chapitre des normes, de la réglementation et des objectifs qui catalyseront la circularité, tels que la responsabilité élargie des producteurs, le contenu recyclé, les taux de recyclage et l'étiquetage.
Deuxièmement, au moment d'étudier les mesures de réduction à la source ou les produits de substitution, il faut se rappeler que tous les produits ont des répercussions environnementales et, dans de nombreuses applications, les plastiques restent aujourd'hui la meilleure option pour toute une série de raisons. Il sera essentiel d'adopter une approche du cycle de vie pour évaluer les compromis entre les répercussions socioéconomiques et environnementales des différents matériaux et les approches circulaires.
Troisièmement, d'autres pays, comme les États-Unis, investissent massivement dans la science des matériaux et dans de nouveaux processus de fabrication, et ils créent les conditions nécessaires pour que les nouvelles industries et les nouveaux produits soient conçus et déployés à grande échelle. Le gouvernement du Canada doit faire la même chose, et plus, par l'entremise de ses conseils de subventions de la recherche et de ses investissements dans les petites entreprises et dans la recherche et le développement menés par l'industrie, si le Canada veut occuper une place importante dans l'économie verte.
Quatrièmement, on ne pourra pas récupérer tous les matériaux auprès des consommateurs et des secteurs industriel, commercial et institutionnel, pas seulement des ménages, si on s'appuie uniquement sur les solutions de recyclage mécanique ou le recyclage traditionnel. Il est fortement recommandé d'autoriser ou de créer un cadre juridique pour le développement et la mise en place d'approches de tri nouvelles et émergentes ou d'autres méthodes de traitement des matériaux, comme le recyclage chimique.
Enfin, la sensibilisation des consommateurs et le changement de comportement joueront un rôle important dans la réduction des déchets, l'augmentation du recyclage et, au bout du compte, l'atteinte d'une économie circulaire. Par conséquent, on doit s'assurer que les pratiques que l'on demande aux consommateurs d'adopter aujourd'hui sont faciles à comprendre, abordables et facilement accessibles.
Merci, madame la présidente, et je me ferai un plaisir de répondre à vos questions.
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Bonjour, et merci de me donner l'occasion de m'adresser au Comité.
En tant que chef de département et chercheur au Selkirk Technology Access Centre, le STAC, ici, dans la région de Kootenay en Colombie-Britannique, je peux vous dire que nous avons vraiment mis l'accent sur le soutien à l'industrie et à la communauté, dans notre région d'apprentissage, au moyen de la recherche et du développement et de la formation dans les domaines de la fabrication de pointe et de l'informatique avancée.
Depuis 2020, le STAC a la chance de travailler avec des partenaires industriels et communautaires exceptionnels dans toute la région pour encourager les pratiques d'économie circulaire et faire progresser l'éducation et la recherche dans le domaine du recyclage et de la réutilisation des plastiques.
J'aimerais également donner quelques exemples de projets sur lesquels nous avons travaillé. Je commencerai par KC Recycling.
KC Recycling est basé ici, en Colombie-Britannique, et ses travailleurs recyclent les batteries de voiture pour en faire l'un de leurs produits ou modèles d'entreprise. Ils recyclent le polypropylène tiré des batteries de voiture, à raison de 200 tonnes par mois, et ils cherchent à doubler et peut-être même à tripler ce volume, à l'avenir. La totalité de ce plastique est actuellement emballée et envoyée sous forme de granulés dans toute l'Amérique du Nord pour retourner sous forme de batteries ou d'autres plastiques dans l'industrie automobile.
La recherche sur laquelle nous avons travaillé directement avec KC Recycling consistait à utiliser ces granulés à d'autres fins. Nous avons réussi à les utiliser comme matière première pour l'impression 3D et le moulage par injection. Nous avons également étudié d'autres possibilités à l'échelle locale, et c'est justement l'essentiel. Au lieu que ce matériau soit reçu ici, transformé puis renvoyé ailleurs dans le monde, nous cherchons des façons d'utiliser ce plastique à l'échelle locale, dans les industries que nous soutenons, comme l'exploitation minière, la production d'énergie hydroélectrique, le secteur forestier et, bien sûr, le bois massif.
Un autre partenaire clé de ce partenariat et de la plupart des partenariats avec lesquels nous travaillons, ici, au STAC, c'est le partenariat et l'engagement avec les étudiants. Nous avons un programme, ici, appelé le programme de fabrication et de conception numériques, et l'un des avantages clés de ce programme, c'est qu'il nous permet d'enseigner la durabilité, la conception en vue de la réutilisation et peut-être même l'élimination des plastiques dans certains cas.
Un autre partenaire avec lequel nous avons travaillé, c'est Tempus 3D. Tempus est une entreprise d'impression 3D industrielle. Le processus industriel qu'elle utilise repose sur un matériau en poudre appelé PA12. À chaque cycle d'impression, de 5 à 20 % environ des déchets plastiques ne peuvent pas être recyclés dans son propre système. Nous avons étudié les possibilités d'imprimer avec ces déchets. Une façon de le faire, c'est au moyen d'une imprimante que nous venons d'acquérir, qui imprimera les déchets de la machine pour des objets et matériaux imprimés en 3D au niveau industriel.
Un autre excellent partenaire avec lequel nous travaillons, c'est la Kootenay Outdoor Recreation Enterprise, la KORE. La KORE a lancé un nouveau programme appelé KORE Re‑Hub, qui vise à assurer le recyclage ou la circularité des équipements de plein air. Par exemple, si une pièce de votre botte de ski se brise, et que vous découvrez, deux ans après l'achat de cette botte de ski, que le fabricant ne fabrique plus cette pièce et que vous ne pouvez plus l'acheter nulle part, qu'advient‑il alors de ce produit? Bien souvent, il finit à la poubelle, et vous devrez en acheter un nouveau. L'industrie adore cela, mais pas nous. Nous avons cherché à soutenir, à la fois par l'éducation ou par la production de pièces pour les équipements de plein air, cette circularité et la réparation ou la réutilisation de ces pièces par d'autres moyens.
La clé de voûte de tous ces partenariats, c'est la recherche, mais aussi l'intégration des principes et des techniques de l'économie circulaire dans nos programmes d'études. Nous avons commencé à le faire dans notre programme de fabrication et de conception numériques. Ce sera intégré dans notre programme d'ingénierie et dans bien d'autres programmes en tant qu'orientation fondamentale, que nous aimerions vraiment intégrer dans tous les processus de réflexion sur les programmes d'études de l'université.
Nous pensons que les avantages environnementaux et économiques que ces pratiques apporteront, quand les étudiants concevront pour la prochaine grande entreprise, seront essentiels.
Je m'appelle Marina Pietrosel. Je remercie M. Blanchette‑Joncas d'avoir proposé au Comité de m'inviter pour parler de mon expérience. J'aimerais parler davantage des côtés positifs que des côtés négatifs.
Mon expérience réside vraiment dans le secteur de la transformation alimentaire, où j'ai travaillé pendant plus de 10 ans. J'ai aussi travaillé dans le secteur du recyclage pendant 10 ans. J'ai également fait du travail en ce qui concerne les programmes de responsabilité élargie des producteurs, qui existent dans chacune des provinces au Canada. J'ai donc une expérience sur le terrain. Je n'ai pas une expérience scientifique de haut niveau, mais elle est scientifique en ce sens qu'on fait beaucoup d'études sur le recyclage et la recyclabilité des matériaux. Je pourrais parler de n'importe quel matériau, mais aujourd'hui on parle des plastiques.
En 2021, le Conseil canadien des ministres de l'Environnement a élaboré des lignes directrices au sujet du contenu recyclé des contenants et des emballages pour tous les nouveaux produits. L'échéance a été fixée à 2025, mais cela n'a jamais été fait.
Il est important de souligner que la question environnementale relève du champ de compétence provinciale. Cela ne veut pas dire que le fédéral ne doit pas fournir son aide, bien au contraire. Quoi qu'il en soit, cela relève des provinces, et celles-ci ont toutes, y compris le Québec et l'Ontario, des programmes de responsabilité élargie des producteurs.
Le plastique est un matériau qu'on utilise plutôt pour les biens de consommation, en particulier dans le secteur de l'alimentation et des produits de santé et beauté. L'objectif premier des emballages et des contenants est de préserver et protéger le produit. L'emballage représente 5 % des déchets liés à un produit. En cas de mauvaise production ou préservation d'un produit, le pourcentage qui finit dans un site d'enfouissement est de 80 %. Alors, il ne faut pas trop s'acharner contre les emballages, mais plutôt travailler à les rendre meilleurs.
Je suis consultante depuis 10 ans. Je travaille avec des entreprises privées pour remplacer des emballages nuisibles à l'environnement par des emballages recyclables et recyclés.
Depuis l'entrée en vigueur de la nouvelle réglementation au Québec en 2022, les taux de recyclage et de valorisation de produits sont quand même assez élevés. Les producteurs qui mettent en marché des produits emballés ont l'obligation de contribuer financièrement au système de responsabilité élargie des producteurs. De plus, les matériaux d'emballage de tous leurs produits doivent être recyclables ou recyclés dans une proportion allant jusqu'à 85 %. Il s'agit d'un pourcentage élevé.
Ce que je constate, dans tout cela, c'est qu'il faut travailler à toutes les étapes de la chaîne de valeur. Les fournisseurs de matériaux, les manufacturiers, les transformateurs ou ceux qui font la mise en marché des produits ne peuvent pas travailler seuls. Tout le monde doit s'asseoir à la table pour que le système fonctionne comme il faut. Le fournisseur de matériaux doit être responsable de ce qu'il vend au transformateur ou au manufacturier. On parle du plastique aujourd'hui, mais il pourrait s'agir d'autres matériaux. Cette responsabilité se transmet jusqu'au détaillant qui fait la mise en marché des produits. Sans ce partenariat, on aura beau en parler très longtemps, rien ne pourra changer. Les producteurs investissent quand même des milliers de dollars dans le système de responsabilité élargie des producteurs, alors il faut que tout le monde travaille ensemble.
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C'est une excellente question.
Aujourd'hui, dans le projet de nettoyage du plastique des Grands Lacs, que nous gérons avec Pollution Probe — l'un des plus anciens organismes de bienfaisance voués à l'environnement du Canada —, nous avons une série de technologies de captage et de nettoyage novatrices que nous exploitons en Ontario et dans un certain nombre d'États. En collaboration avec les partenaires locaux, nous ramassons des débris sur les plages et dans les cours d'eau, en particulier dans les marinas, afin de savoir précisément ce que nous trouvons. C'est du plastique, et généralement des plastiques plus petits, des mégots de cigarette, surtout, des produits pour les aliments et les boissons décomposés, qui ont séjourné longtemps dans l'environnement. En collectant cela et en étudiant les types et les tailles, nous pourrons essayer de comprendre les différentes sources et voies de circulation. Comment ces déchets se sont‑ils retrouvés là? Il s'agit principalement de déchets publics. Je tiens à le préciser.
Ces données sont extrêmement utiles lorsque nous discutons avec les décideurs, comme vous, de la manière de mettre fin à cela, du point de vue des politiques, et de la manière dont nous pouvons collaborer avec les communautés côtières afin de les informer sur les effets de ce type de comportement et de ces activités sur notre environnement et sur les Grands Lacs.
Assurément, on mène beaucoup plus de recherches aujourd'hui, par le truchement des établissements d'enseignement supérieur, sur l'ampleur et la portée des microplastiques et des microfibres présents dans les Grands Lacs. Comme il a été dit dans le précédent témoignage, nous essayons de comprendre les effets sur l'environnement et la santé humaine de ces matériaux, quand ils se retrouvent, disons, dans l'eau potable ou dans la nature.
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C’est une très bonne question, monsieur Blanchette‑Joncas.
Je vais vous donner un exemple. Je travaille aujourd’hui avec une entreprise qui utilise différentes pellicules de plastique, comme des pellicules de PEBD, qui sont simples, c'est-à-dire qu'elles ne contiennent aucune autre résine. Auparavant, cette entreprise utilisait aussi des pellicules multicouches, soit des pellicules constituées de plusieurs couches superposées de polypropylène et de polyéthylène, par exemple, pour assurer la préservation du produit emballé. Au Québec, nous avons réussi à trouver des gens qui fabriquent des emballages composés d'une seule matière ayant les mêmes propriétés, non seulement pour la préservation des aliments, mais aussi pour les produits de santé et beauté. Alors, nous avons quand même des ressources très intéressantes. Nous travaillons toujours sur les deux aspects, c'est-à-dire ce qui est recyclable et ce qui est recyclé.
Une des choses les plus importantes, c’est de faire des tests. Ici, je parle de la science sur le terrain.
Premièrement, nous faisons des tests in situ pour voir si un produit fonctionne, s'il est assez propre, s'il est fait d'une même résine et s'il est recyclable.
Deuxièmement, nous faisons des tests de laboratoire pour voir si les nouveaux emballages composés d'une seule matière permettent de préserver les produits aussi bien que les anciens emballages. C'est donc une démarche scientifique que nous menons avec des gens de l'Institut de technologie des emballages et du génie alimentaire et du Centre de transfert technologique en écologie industrielle, entre autres. Nous nous assurons que la durée de conservation des produits est adéquate pour les consommateurs.
Troisièmement, nous faisons des tests in situ en utilisant l'équipement du producteur. Aujourd’hui, la plupart des résines utilisées pour fabriquer les emballages courants viennent de l'Inde ou d'ailleurs en Asie, alors qu'ici, nous avons carrément la meilleure matière recyclable et recyclée possible. Oui, les autres options peuvent coûter moins cher en ce moment, puisque la vague de la responsabilité élargie des producteurs vient seulement de commencer et que les producteurs doivent payer 100 % des coûts liés au système. Cependant, cela deviendra bientôt beaucoup moins cher d'utiliser des matières recyclables et recyclées.
Je mets l'accent sur le contenu recyclé, comme l'a fait le Conseil canadien des ministres de l'Environnement, en 2021, en demandant que l'on fixe des cibles en matière de contenu recyclé, à l'instar de la Californie, qui a fixé une cible de 25 % à 30 % pour tous les emballages. Des mesures ont également été prises au Colorado. C'est ce que j'ai entendu, la semaine passée, lorsque j’étais à la Conférence canadienne sur l'intendance. Certains États américains commencent vraiment à fixer des cibles concrètes en matière de contenu recyclé, et c'est ce que nous devons faire aussi.
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Merci; je vous remercie tous les trois d'être ici aujourd'hui.
Je vais commencer par M. Taylor, car je suis ravi de vous voir et de vous entendre, aujourd'hui, depuis le Selkirk Technology Access Centre. J'ai eu le plaisir d'y faire un tour. J'ai également visité la KC Recycling, que vous avez mentionnée. À côté de KC Recycling, se trouve Cirba Solutions, un autre grand centre de recyclage. Trail, en Colombie-Britannique, est un véritable centre de recyclage de toutes sortes.
KC Recycling, comme vous l'avez mentionné, recycle essentiellement des batteries d'accumulateurs au plomb, et les principaux produits sont donc les granulés de polypropylène que vous avez mentionnés, et le plomb va directement dans le plomb de Tech et dans les fonderies de zinc, à Trail. Cirba Solutions recycle tous les autres types de batteries que vous pouvez imaginer.
Les deux entreprises sont les plus importantes de leur catégorie en Amérique du Nord. La fonderie de Tech comprend maintenant un grand centre de recyclage de batteries de véhicules électriques, et cela en fait un des plus grands centres du continent. C'est un secteur très intéressant, à Trail, et un endroit très intéressant pour vous. Vous êtes au centre de tout cela.
Tout d'abord, vous avez rapidement évoqué certaines de ces choses, mais comment voyez-vous vos recherches, avec les étudiants en contact avec les différentes entreprises qui sont vraiment à la fine pointe du recyclage, non seulement du plastique, mais aussi des métaux et des matériaux de batterie, etc.? Quel est le rôle que votre installation et vous pourrez jouer, à ce chapitre, selon vous?
C'est essentiel, si nous voulons vraiment faciliter ce changement de systèmes, passer d'une économie linéaire dans laquelle nous prenons, fabriquons et jetons des matériaux, à une économie circulaire où faisons circuler la valeur de ces matériaux, leur composition chimique, le plus longtemps possible dans l'économie, en leur conservant leur valeur la plus élevée. Cela nécessitera un important changement de systèmes. Il s'agit d'une part de réglementation, d'une part de comportement, et d'une part d'infrastructure.
Pour répondre à votre question, du côté de la réglementation, la stratégie zéro déchet plastique n'est pas synonyme de zéro plastique; elle signifie zéro déchet plastique. La stratégie du CCME qui a été adoptée par les premiers ministres conservateurs, les premiers ministres libéraux et évidemment par le gouvernement, a vraiment ouvert la voie. C'est pourquoi la responsabilité élargie des producteurs est adoptée dans tout le pays, comme en Ontario et au Québec. La Colombie-Britannique l'a adoptée il y a déjà plusieurs années.
La responsabilité élargie des producteurs commence également à être adoptée à l'échelle des États, aux États-Unis. Un nouveau projet de loi a été présenté au Congrès américain. Tous ces éléments, mis bout à bout, sont plus ou moins alignés. Cela permettra de créer la certitude réglementaire que vous demandez pour l'étiquetage, les cibles concernant le contenu recyclé des produits et ainsi de suite.
Nous, nous réclamons la réduction des déchets à la source et nous cherchons des solutions de remplacement aux emballages en pensant à la hiérarchie de la gestion des matériaux. La réduction à la source est une priorité, nous devons donc en parler. Cela n'aidera certainement pas à atteindre un taux de recyclage de 50 % ou une économie circulaire, mais c'est extrêmement important. Nous travaillons en collaboration avec un certain nombre d'entreprises d'emballage et de biens de consommation, basées dans la région — comme Procter & Gamble, à Cincinnati, dans l'Ohio, et SC Johnson, à Racine, dans le Wisconsin — qui mettent en œuvre des innovations formidables dans leurs propres emballages à l'échelle des grandes entreprises.
Je reviens tout juste, aujourd'hui, d'une conférence sur l'emballage durable qui s'est tenue à Chicago, et à laquelle ont participé 600 personnes de tous les États-Unis. Je peux vous dire qu'il y a de nombreuses innovations qui permettront de parvenir à une réduction à la source, y compris des biomatériaux qui utilisent des algues, par exemple, qui ont presque les mêmes priorités que le plastique souple. Les innovations vont bel et bien permettre la réduction à la source.
De plus, la dernière chose que j'aimerais dire est ceci: on doit considérer les choses en fonction de leur cycle de vie. Je sais que, quand on examine différents choix, il peut sembler évident qu'ils sont meilleurs que les plastiques. Cependant, si on considère cela du berceau à la tombe — les émissions de gaz à effet de serre, la consommation d'eau et d'énergie, ou le nombre de fois où les consommateurs utilisent un produit de remplacement —, le rendement environnemental n'est pas toujours meilleur. Quelles que soient les solutions de rechange, nous devons les examiner du point de vue des cycles de vie du berceau à la tombe. Quels sont réellement les produits les plus rentables que nous pourrions convaincre les consommateurs d'adopter?