Bienvenue à la 35e réunion du Comité permanent de la science et de la recherche de la Chambre des communes.
Nous poursuivons notre étude sur le soutien à la commercialisation de la propriété intellectuelle.
La réunion d'aujourd'hui se déroule en mode hybride, conformément à l'ordre de la Chambre du 23 juin 2022. Certains membres sont présents en personne dans la salle et d'autres participent à distance à l'aide de l'application Zoom.
J'aimerais faire quelques observations à l'intention des témoins et des membres du Comité.
Veuillez attendre avant de parler que je vous donne la parole en vous nommant. Si vous participez par vidéoconférence, cliquez sur l'icône du microphone pour activer votre micro, et veuillez mettre votre micro en sourdine lorsque vous ne parlez pas. Sur Zoom, l'icône de l'interprétation se trouve au bas de l'écran. Vous pouvez choisir le français, l'anglais ou le parquet. Si vous êtes dans la salle, vous pouvez utiliser l'oreillette et sélectionner le canal désiré.
Je vous rappelle que tous les commentaires doivent être adressés à la présidence.
Je tiens à remercier nos témoins de comparaître en personne aujourd'hui. Nous allons commencer par entendre leur déclaration préliminaire. Il y aura deux déclarations de cinq minutes chacune.
Comme notre temps est compté, veuillez vous en tenir à ces cinq minutes.
Nous allons d'abord entendre M. Asselin.
Vous avez la parole pour cinq minutes.
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Merci, monsieur le président.
[Français]
Le progrès scientifique est l'un des déterminants économiques clés de notre avenir. En termes simples, la capacité des États à transformer leur capital intellectuel en croissance économique est dorénavant un facteur déterminant de leur réussite technologique, industrielle et économique.
[Traduction]
Les décideurs doivent reconnaître que le savoir scientifique dans les institutions à vocation scientifique est plus qu'un simple bien public. C'est un moteur économique essentiel dans un monde où la concurrence géopolitique est de plus en plus féroce. Par conséquent, la façon dont nous exerçons nos activités scientifiques, dont nous habilitons nos meilleurs scientifiques et chercheurs à mener des travaux exploratoires sur les défis les plus pressants auxquels nous faisons face et dont nous facilitons le transfert de connaissances dans l'économie réelle doivent être au cœur de l'effort de conceptualisation de notre potentiel de croissance, comme pays.
Le Canada a mis l'accent sur la recherche et le développement, la R‑D, financée par l'État comme moteur de sa politique d'innovation. Dans l'ensemble, les rendements économiques ont été insuffisants, comme le montrent les mesures de faible productivité du Canada au cours des dernières décennies. Le Canada a trop mis ses œufs dans le même panier. L'économie de l'innovation vise à amasser des actifs d'innovation, de la PI, des données et les ressources de talent qui les créent, puis d'exploiter ces actifs lorsqu'ils sont commercialisés. Créer des actifs d'innovation et s'en départir avant la commercialisation, ou perdre le potentiel de faire croître les entreprises à l'échelle mondiale, c'est avouer l'échec de la politique d'innovation.
À l'heure actuelle, le Canada ne dispose pas de mécanismes suffisants et adéquats pour transposer la R‑D et les idées dans l'économie réelle. Quel que soit l'instrument financier utilisé, les investissements publics ne produiront pas de meilleurs résultats si nous ne changeons pas notre façon d'imaginer, de favoriser et de produire de l'innovation.
[Français]
Cette fausse conception selon laquelle l'innovation est principalement un processus d'adoption technologique signifie que le Canada se prive d'une quantité considérable de richesse économique. C'est pourquoi il nous faut développer notre capacité en recherche appliquée et industrielle à grande échelle et créer des mécanismes de transfert de technologies.
Le modèle scientifique adopté après la Seconde Guerre mondiale ne constitue plus un cadre adéquat pour le paradigme économique actuel. En adoptant ce modèle, on a supposé que le transfert de la recherche publique aux entreprises privées serait automatique. Aujourd'hui, nous savons que le financement de la recherche fondamentale n'est pas suffisant pour atteindre de meilleurs résultats en matière d'innovation.
Bâtir les courroies de transmission afin que les connaissances scientifiques générées dans les universités se traduisent par des progrès technologiques, industriels et économiques est plus difficile à réaliser dans la pratique qu'en théorie. L'impératif universitaire de publier des articles dans des revues scientifiques prestigieuses est certes important et devrait être encouragé, mais il en va de même pour la création de la propriété intellectuelle. Nous ne produisons tout simplement pas assez de brevets au Canada.
[Traduction]
L'écosystème de l'innovation qui émerge des dernières décennies a été caractérisé par une division de plus en plus profonde de la main-d'œuvre innovatrice entre les universités et les entreprises privées. Les universités ont été essentiellement chargées de se concentrer sur la recherche, tandis que l'industrie s'est retrouvée avec l'application de la science et de la technologie. Le problème, c'est que l'utilisation des résultats de la recherche universitaire exige encore une coordination et une intégration importantes.
Dans la configuration actuelle, le gouvernement fédéral finance la recherche et suppose que ces connaissances seront naturellement transmises à l'industrie. Il néglige toutes les étapes nécessaires à la commercialisation, à savoir le développement, le prototypage, les essais, la démonstration, la mise en œuvre et la diffusion des produits, qui sont nécessaires pour compléter le processus d'innovation.
Aux États‑Unis, l'âge d'or des grands laboratoires industriels, comme Bell Labs, IBM, GE et DuPont, a joué un rôle clé dans la commercialisation de la R‑D des années 1950 aux années 1980. Le Canada n'a jamais cultivé ce genre de capacité industrielle de R‑D, ou là où il l'a fait, comme à Bell Northern, elle a été perdue. Pour qu'une politique industrielle soit efficace, il est essentiel de veiller à ce que la recherche soit intégrée aux réseaux d'innovation.
Nous avons longtemps pensé que la R‑D, c'est l'innovation. Or, de la R‑D au développement en passant par la production, l'application et la diffusion, le chemin vers l'innovation est long et difficile. Une politique industrielle délibérée exige une nouvelle infrastructure institutionnelle pour appuyer l'application moderne de la science et de la technologie dans des industries hautement concurrentielles et avancées et une approche axée sur les missions prescrites.
Merci, monsieur le président.
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Bonjour, monsieur le président.
Merci aux membres du Comité.
Mes remarques seront en anglais, mais cela me fera plaisir de répondre à vos questions en français par la suite.
[Traduction]
Je suis heureuse de pouvoir vous parler aujourd'hui de capital de risque, de commercialisation et de propriété intellectuelle.
Il serait étrange que je m'adresse à vous aujourd'hui sans parler de l'effondrement de la Silicon Valley Bank, la SVB, et de ses répercussions sur l'écosystème de l'innovation du Canada. En l'espace de 72 heures, l'institution financière qui a soutenu la croissance des entreprises en démarrage dans le monde s'est effondrée et a disparu. La SVB avait le mandat de prendre des risques et de fournir des conditions favorables aux industries et aux entreprises subversives. Bien que la décision des États‑Unis d'honorer tous les dépôts et les efforts déployés par les banques canadiennes et les petits prêteurs pour offrir du financement à risque aux entreprises novatrices canadiennes ait atténué les risques à court terme, la disponibilité à long terme de capitaux au Canada demeure incertaine.
Je serais très heureuse d'y revenir pendant la période de questions.
Je suis ici aujourd'hui pour parler de la propriété intellectuelle, la PI, et de la commercialisation et de leur importance pour les investisseurs que je représente et pour l'avenir économique du Canada.
Selon l'Office de la propriété intellectuelle du Canada, les entreprises soutenues par la PI sont 1,6 fois plus susceptibles de connaître une forte croissance, deux fois plus susceptibles d'innover, trois fois plus susceptibles de prendre de l'expansion au pays et 4,3 fois plus susceptibles de prendre de l'expansion à l'étranger. Ces entreprises œuvrent dans les domaines des sciences de la vie, des appareils médicaux, des technologies propres, des technologies agricoles, de la fabrication de pointe et plus encore. Elles sont soutenues par du capital de risque et ont le potentiel de transformer l'avenir économique du Canada. C'est un secteur crucial pour la prospérité économique du Canada et pour la création d'excellents emplois pour la prochaine génération. Si le Canada veut être concurrentiel et réussir au sein d'une économie mondiale très concurrentielle, il doit être l'un des pays les plus novateurs et les plus intelligents de la planète pour mettre ces technologies sur le marché.
En 2021, nous avons atteint un sommet avec un investissement en capital de risque de 15 milliards de dollars. En 2022, nous avons fait mieux que prévu, avec 10 milliards de dollars investis dans 706 transactions. C'est très bien, mais en 2022, 238 milliards de dollars de capital de risque américain ont été investis dans 15 852 transactions. À l'heure actuelle, 60 % du capital de risque canadien provient des États‑Unis. Nous voulons nous assurer que ces dollars continuent d'être acheminés vers notre marché, mais nous devons également tenir compte de la position des entreprises canadiennes dans ces tables de capitalisation. C'est un numéro d'équilibriste, mais la PI nous place dans une position plus forte.
Nous devons faire trois choses. Nous devons nous assurer que, pendant que le dollar américain entre dans les entreprises canadiennes en démarrage et en ressort, le capital canadien est là pour saisir les occasions et profiter de la hausse. Nous devons comprendre la valeur des entreprises que nous bâtissons, les protéger et en tirer parti. Nous devons également faire preuve d'intelligence dans la croissance et la protection de nos actifs.
À l'heure actuelle, le Canada se classe bien au chapitre de l'innovation, mais moins bien à celui de la création de PI. Nous demeurons un exportateur net de PI. Le gouvernement fédéral a bien fait en 2018 avec sa stratégie en matière de propriété intellectuelle. L'initiative a permis de sensibiliser les gens à l'importance de la PI. Nous devons maintenant aller plus loin. Nous devons comprendre ce dont les différents secteurs verticaux ont besoin et répondre à ces besoins. Depuis 2018, ce qui m'a le plus enthousiasmée, c'est le fonds d'investissement en propriété intellectuelle de la Banque de développement du Canada, la BDC. C'est le premier fonds du genre au Canada, un fonds de 160 millions de dollars sans égard au secteur qui offre des titres de créance, des billets convertibles et des actions. Nous devons faire accroître ces types de fonds d'investissement au Canada. Essentiellement, le fonds valorise la PI et prête pour la mettre en œuvre. La BDC siège ensuite au conseil d'administration et aide l'entreprise à intégrer sa stratégie de PI à son plan d'affaires.
À l'heure actuelle, le Canada se classe au deuxième rang mondial des carrefours technologiques, après la Silicon Valley. Cela est dû à la disponibilité élevée de capitaux à l'échelle mondiale, aux politiques d'immigration, qui sont défavorables aux États‑Unis et favorables au Canada. C'est aussi grâce à l'innovation de nos centres de recherche et de nos universités et à notre main-d'œuvre qualifiée moins chère.
Même si je suis fière que nous soyons des chefs de file, je ne suis pas pour autant satisfaite de notre position. Depuis 2015, le gouvernement fédéral investit conjointement dans l'écosystème de l'innovation par l'entremise des programmes du Plan d'action sur le capital de risque, le PACR, et de l'Initiative de catalyse du capital de risque, l'ICCR. Ces programmes procurent des avantages et des profits au gouvernement du Canada, tout en stimulant l'investissement en capital de risque.
Examinons le rendement du PACR. Le gouvernement y a investi 340 millions de dollars. Le secteur privé a mobilisé ces 340 millions de dollars pour recueillir 1,3 milliard de dollars. Le PACR a choisi 33 investisseurs en capital de risque, ce qui a mené à des investissements dans 360 entreprises. Au total, ces entreprises ont amassé 2,8 milliards de dollars. Le programme a retourné chaque cent au gouvernement et a rapporté 44 cents pour chaque dollar de rendement. C'est un excellent exemple de partenariat public-privé.
Je vais m'arrêter ici, monsieur le président.
Je serai heureuse de répondre à vos questions.
Merci.
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C'est une excellente question. Merci.
Je pense qu'il est vraiment important de comprendre nos forces et nos faiblesses dans l'écosystème de l'innovation. À mon avis, nous nous débrouillons plutôt bien à ce que j'appellerais le début du continuum, c'est‑à‑dire le capital intellectuel — le capital humain, les universités, la R‑D — et le capital de risque est meilleur qu'il ne l'était, je dirais, mais une fois que nous remontons l'échelle du continuum, je pense que nous manquons de champions mondiaux dans les industries avancées.
C'est là où nous devons agir, parce que, comme je l'ai dit dans mes observations, la compétitivité sur le plan économique se fait dans les industries avancées. C'est là que les économies avancées se font concurrence. Si nous n'avons pas des entreprises à grande échelle dans ces secteurs très avancés, nous ne serons pas concurrentiels. Le déficit de notre compte courant n'est pas soutenable dans les industries avancées. Autrement dit, si nous sommes un importateur net dans toutes les principales industries avancées, nous ne serons pas plus concurrentiels. En fait, nous le serons moins.
C'est là‑dessus que nous devons nous concentrer. Je trouve qu'au Canada, nous sommes trop éparpillés dans tout le spectre et, par conséquent, quand on parle de l'écosystème de l'innovation, je pense que nous devons vraiment nous concentrer sur ces industries de pointe clés, élargir nos entreprises, créer de la PI, la conserver, en tirer parti et nous assurer d'avoir plus de premiers appels publics à l'épargne au Canada.
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Merci, monsieur le président.
Je souhaite la bienvenue aux témoins.
Je vais commencer par M. Asselin sur ce dernier point.
Dans votre déclaration préliminaire, vous avez parlé de la façon dont nous supposons, ici au Canada, que... Je pense que vous avez parlé de la nécessité de rattacher le savoir à l'industrie. J'aimerais revenir sur votre dernière réponse à M. Williams.
Une étude antérieure sur la PI menée ici à Ottawa a mis en lumière le fait que les entreprises privées ne savent parfois pas quelles recherches sont menées ou effectuées dans les établissements postsecondaires. La recommandation qui est ressortie de notre rapport précédent — il date de plusieurs années, mais je pense qu'il est toujours pertinent pour notre discussion d'aujourd'hui — était qu'il y ait une sorte de jumelage.
J'espérais obtenir vos commentaires sur la recommandation du rapport précédent, en ce qui concerne le rôle du gouvernement fédéral. Je pense que vous venez de donner l'exemple des États-Unis. J'aimerais que vous nous en disiez plus à ce sujet.
Qui entreprend, facilite ou appuie un exercice de cartographie entre le secteur privé et les établissements postsecondaires, où se fait la grande majorité de la recherche et du développement?
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C'est une excellente question.
Pour donner un peu de crédit au gouvernement, c'est un peu le rôle du Programme d'aide à la recherche industrielle, le PARI, du Conseil national de recherches du Canada. Je pense que dans la nouvelle société d'innovation, le plan consiste à l'élargir.
Je ne pense pas que nous en fassions assez du côté de la R‑D industrielle. Si vous n'appliquez pas la recherche à des applications commerciales, vous êtes encore très loin du succès commercial. C'est là que nous devons faire beaucoup mieux. Encore une fois, la recherche industrielle doit être axée sur ces industries de pointe, où il y a un niveau élevé d'intensité technologique, de R‑D et de travailleurs hautement qualifiés.
Je vous ramène à ce que la secrétaire au Commerce, Raimondo, a déclaré il y a quelques semaines dans un discours très important qu'elle a prononcé au MIT. Elle a dit que le monde allait être concurrentiel dans « trois grands axes technologiques ». Le premier est la technologie informatique, soit l'intelligence artificielle, la technologie quantique et la microélectronique. Le deuxième est celui de la biotechnologie, et le troisième est celui des technologies propres.
C'est là que nous devrons être concurrentiels. Si nous ne sommes pas là en tant que pays, nous allons avoir de la difficulté à faire des progrès, à mon avis.
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Les statistiques que je vous ai données concernent le programme créé par le gouvernement conservateur de M. Harper. Ces statistiques sont disponibles en raison de l'argent qui a été retourné. Les deux autres programmes créés sous le gouvernement sont toujours en cours. L'un a été entièrement affecté et l'autre fait actuellement l'objet d'une collecte de fonds.
Ce qui me surprend le plus, c'est le peu d'information que les gens ont sur ces programmes. Les gens pensent que le gouvernement appuie le capital de risque, alors qu'en réalité, il investit à ses côtés. Les deux programmes de l'Initiative de catalyse du capital de risque, ou ICCR... Le gouvernement conclut ces cascades et ces accords pari passu, ce qui signifie qu'il investit au même titre que tous les autres commanditaires du fonds.
Tout l'argent est remboursé. Pensez à tous les programmes gouvernementaux qui se contentent de donner de l'argent et que le gouvernement ne voit plus jamais. Il est difficile d'identifier concrètement les résultats. Dans ces cas‑là, le Trésor récupère tout l'argent. Ils rapportent beaucoup et permettent de créer des emplois, d'innover et d'exporter, et de commercialiser la PI. Cependant, ils doivent croître. Comme je l'ai dit, 60 % de tout l'argent investi dans le capital de risque vient des États-Unis. La majeure partie de cet argent est investi à une étape ultérieure. Les entreprises américaines peuvent faire un chèque de 2 millions de dollars dans le cadre d'une ronde de 600 millions de dollars, ce que très peu de fonds canadiens peuvent faire.
Je recommande que le gouvernement maintienne le cap non pas en appuyant, mais en investissant. Le capital institutionnel doit répondre à la demande. Le capital de risque est la façon la plus efficace d'affecter les fonds aux entreprises. Ces programmes sont merveilleux, parce que le gouvernement n'a pas le choix. Lorsque le gouvernement choisit, la politique fait obstacle.
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Merci, monsieur le président.
Merci, monsieur Asselin et madame Furlong.
Monsieur Asselin, j'ai écouté votre présentation, et elle m'a fait penser à de nombreuses discussions que j'ai eues en lien avec la Stratégie nationale d'immunisation et avec l'industrie forestière. Tout le monde m'a parlé de la nécessité de stimuler la collaboration entre les acteurs. D'ailleurs, c'est une discussion que j'ai eue avec M. Rémi Quirion.
Au Québec, il y a un modèle assez intéressant relatif aux sociétés de valorisation, surtout dans l'industrie forestière. Je ne sais pas si vous les connaissez. Je pense à FPInnovations et au CRIBIQ, le Consortium de recherche et innovations en bioprocédés industriels au Québec, qui fonctionnent tout de même assez bien. Je pense aussi aux centres collégiaux de transfert de technologie, les CCTT, qui connaissent un certain succès au Québec.
Je ne sais pas si le gouvernement fédéral a posé des gestes comparables à ceux qui ont été posés dans le cas des petites sociétés de valorisation. À votre connaissance, qu'en est-il à cet égard?
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Le gouvernement fédéral a lancé la Stratégie en matière de propriété intellectuelle, mais, à ce que je sache, il n'existe pas de mécanisme de transfert de technologie au niveau fédéral.
Comme j'ai essayé de l'expliquer, cette responsabilité est confiée aux universités de recherche intensive, comme l'Université de Waterloo ou l'Université de Toronto. Cependant, je trouve presque injuste de demander aux universités de porter ce fardeau, puisque leur mandat est vraiment en lien avec la recherche. Commercialiser le produit de cette recherche ne fait pas partie de leur rôle.
J'aimerais revenir sur les laboratoires d'entreprise, parce que c'est là qu'étaient réunis la recherche-développement et les problèmes industriels à régler. La croissance économique a connu un boom à partir de 1970, quand ces laboratoires ont été créés. On les a cependant perdus depuis, parce que les entreprises les ont trouvés trop risqués sur le plan financier et ne les ont pas remplacés.
J'admets que le Québec a un modèle d'innovation un peu plus sophistiqué, car on s'y concentre davantage sur le transfert technologique.
Je dirais aussi qu'on peut intégrer la recherche appliquée dans l'économie réelle. La recherche-développement, c'est bien, mais d'un point de vue universitaire ou scientifique, ce n'est pas un objectif en soi. Il faut que l'État la développe et s'implique avec l'intention d'en faire un maillon important de la stratégie industrielle. C'est ce que les Allemands font avec Fraunhofer ou l'Institut Max‑Planck. C'est ce que les Pays‑Bas, un pays de la moitié de la taille du Nouveau‑Brunswick, font dans le domaine de l'agriculture, où ils sont le deuxième exportateur mondial. C'est aussi ce que les Américains font dans les domaines de l'aérospatiale et de la défense, avec la DARPA, la Defense Advanced Research Projects Agency, et la NASA, la National Aeronautics and Space Administration.
Au Canada, nous n'avons pas créé de telles institutions. Nous avons un centre national de recherche qui date des années 1950 et qui n'a pas été renouvelé. Je pense que le gouvernement est en train d'étudier des options, mais il est urgent de faire des progrès à cet égard étant donné la nouvelle configuration géopolitique. C'est là que nous allons créer de la croissance économique en science et technologie. Il faut se pencher sur les façons d'intégrer cela dans l'économie, et je pense que votre comité a un rôle très important à jouer à cet égard.
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Nous en avons fait l'expérience dans le cas des vaccins. Nous avions constaté qu'il y avait du travail à faire.
Madame Furlong et monsieur Asselin, il ne me reste pas beaucoup de temps, mais j'aimerais que vous m'expliquiez quelque chose. Selon vous, qu'est-ce qui pourrait être fait à court, moyen ou long terme pour permettre un fonctionnement un peu plus robuste et efficace?
Je ne sais pas si vous connaissiez le Programme des réseaux de centres d'excellence, un programme fédéral qui avait eu, semble-t-il, un certain succès en matière de recherche translationnelle. On m'en a souvent parlé. Quelles mesures gouvernementales pourraient être prises à court, moyen ou long terme pour arriver à une meilleure articulation entre la recherche et la commercialisation?
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Je remercie les témoins de leur présence. C'est très intéressant.
J'aimerais commencer par M. Asselin. En fait, je vais peut-être commencer par vous deux.
Il semble que la question centrale de cette étude, toute la question de la PI et du développement des entreprises technologiques canadiennes, concerne cet échec aux dernières étapes. Nous avons de bonnes universités et des gens qui font du bon travail, mais il manque quelque chose dans la culture de l'investissement, ou dans la façon dont nous essayons de la développer.
Monsieur Asselin, vous avez demandé... Je suis tenté de dire : « Qu'est‑ce qui ne va pas dans le secteur privé? » Le secteur public semble faire beaucoup en matière d'éducation, mais il semble que nous ne réussissions pas aussi bien que d'autres pays. Vous avez mentionné le modèle de la DARPA, la Defense Advanced Research Projects Agency. Je me demande si vous pourriez nous en dire davantage sur ce que les États-Unis retirent de la DARPA, mis à part, je suppose, une bonne partie de la PI qui reste aux États-Unis.
Vous avez dit que vous espériez un modèle plus conforme à la DARPA. Est‑ce que cela ressemble davantage à une société d'État? Disons que nous avons une société d'État pour l'IA et une société d'État pour la biotechnologie qui feraient... Nous sommes un chef de file mondial dans bon nombre de ces secteurs au niveau de la recherche.
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C'est une excellente question.
Fait intéressant, les États-Unis reproduisent la DARPA dans des secteurs clés. Les industries que j'ai mentionnées ont maintenant une ARPA‑E pour l'énergie, qui porte sur les technologies propres, et une ARPA‑H, qui porte sur la biofabrication et la biotechnologie, essentiellement. Ces institutions sont indépendantes et très agiles. Elles sont dirigées par des scientifiques. Le génie, c'est qu'elles réunissent l'industrie et les chercheurs pour résoudre de vrais problèmes industriels, et elles transposent ensuite le tout en entreprises américaines.
Il suffit de penser à ce qu'étaient Boeing et Lockheed Martin il y a 50 ans, avant l'existence de la DARPA, et où ils sont aujourd'hui. C'est parce qu'ils ont pu absorber la technologie sur laquelle ils ont travaillé avec le gouvernement. Essentiellement, la DARPA a éliminé les risques liés aux investissements privés dans des technologies de pointe très coûteuses. Les percées technologiques représentent une entreprise risquée. Parfois, elles sont couronnées de succès, et d'autres fois, elles constituent des échecs. Le génie de la DARPA, c'est que ce modèle ne vise pas à faire de l'innovation progressive. Il ne vise que l'innovation révolutionnaire. Autrement dit, si un projet n'est pas assez fou, ils ne le feront pas. C'est pourquoi ce modèle fonctionne.
Au Canada, nous n'avons jamais fait cela, culturellement. Je pense que c'est la direction que prend le monde. Je ne vois pas pourquoi, si nous excellons dans les inventions, nous ne pourrions pas soutenir la concurrence et créer ce modèle. Pourrait‑il être un peu différent et mieux adapté aux institutions canadiennes? Bien sûr. Cependant, pour moi, il est très clair que c'est la voie à emprunter.
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Tout le monde veut un Glaxo canadien. L'idéal serait d'avoir une multinationale canadienne qui aiderait à traduire et à commercialiser les données. Dans le domaine des sciences de la vie, une grande partie de la R‑D passe par les multinationales. L'idée d'une petite entreprise de biotechnologie qui grandirait pour devenir Pfizer est très rare aujourd'hui.
Je pense que c'est une question d'échelle, même si on exclut les sciences de la vie, qui est un cas particulier. L'entreprise Highline Beta, qui est membre de la CVCA, travaille avec des multinationales pour circonscrire un problème donné. Elle n'investit pas dans des entreprises existantes. Elle crée l'entreprise. Il existe un certain nombre d'autres petits incubateurs de projets, mais leur taille...
Comme le disait M. Asselin, dans ces modèles, les capitaux investis par le gouvernement américain dans ces institutions et ces collaborations... Ce que nous faisons ici n'est rien en comparaison. Nous investissons 20 ou 30 millions de dollars dans un fonds de capital-risque pour démarrer une entreprise et régler un problème. Il y en a un à Calgary pour trouver des solutions technologiques propres en collaboration avec le secteur pétrolier. Cela existe au Canada, mais simplement à une moins grande ampleur.
Singapour est un bon exemple en matière de propriété intellectuelle. Des entités privées et le gouvernement de Singapour collaborent directement pour accroître le nombre et la qualité des enregistrements de PI. Le gouvernement canadien s'arrête souvent en cours de route. Il commence... comme dans le cas du PARI. Il a une stratégie. Il fait de l'éducation, et c'est efficace, mais cela ne va pas assez loin. Il faut maintenant aller plus loin. On a besoin d'avocats très bien payés. On pourrait engager des gens de Norton Rose ou de Gowling, intégrer ces avocats à ISDE, les faire travailler avec des entreprises et rencontrer les entreprises là où elles sont, parce que toutes les entreprises ne sont pas sur la même longueur d'onde.
J'ai donné l'exemple du fonds pour la PI de la BDC. Quand le conseil d'administration et la direction d'une entreprise tirent parti de la PI pour obtenir du financement, ils comprennent ce qu'ils ont entre les mains. Quand on comprend cette valeur et qu'on l'utilise pour obtenir l'argent nécessaire à la croissance de l'entreprise, on devient plus attentif.
À mon avis, c'est une question d'échelle. Pour revenir à ce que disait M. Asselin, cela dépend des secteurs qu'on choisit. Ceux que les États-Unis ont retenus sont les mêmes que ceux dans lesquels nous avons du succès. Nous sommes un producteur mondial d'aliments. Nous avons des technologies propres extraordinaires et, en matière d'IA, nous sommes reconnus pour les recherches qui l'alimentent.
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Merci, monsieur le président.
Je vous remercie tous les deux de votre présence parmi nous.
J'aimerais clarifier quelques éléments concernant les étapes. Il y a la recherche, il y a la nouvelle entreprise, puis il y a l'expansion, la commercialisation, la monétisation de la PI, et ainsi de suite, pour la propriété publique.
Pour ce qui est de l'expansion — et c'est là qu'on parle des deux premières étapes —, est‑ce que je vous ai bien compris tous les deux...
Monsieur Asselin, est‑ce que vous invitez le gouvernement à investir davantage dans ces nouvelles entreprises et initiatives?
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Cela m'inquiète aussi. Je crois que nous partageons tous ce point de vue.
Nous sommes tous convaincus de la valeur l'initiative commerciale mondiale, de la valeur de notre gestion et de la valeur du rôle du Canada sur la scène mondiale. Toutes ces autres administrations sont très centrées sur leurs propres activités. Elles sont très sensibles à leur propre infrastructure et à la protection de leur PI, à la protection de leur monétisation et à la nécessité de s'assurer qu'elles ont ce genre d'entreprises. Nous voulons faire la même chose, mais il semble y avoir un manque.
Faut‑il que le gouvernement soit également un partenaire à ce stade?
C'est ce que vous dites, madame Furlong. Vous invitez vraiment le Canada à prendre un peu d'initiative à cette prochaine étape pour intervenir parallèlement aux régimes de retraite, aux entreprises et d'autres, pour faciliter l'investissement et investir également.
Cela suppose des consultants, des avocats et des dépenses, et nous comprenons certaines des préoccupations que les gens d'en face peuvent avoir à cet égard. Cela suppose également l'échec de certains accords, mais le résultat net est positif si nous participons et si nous prenons ce risque.
Le gouvernement devrait‑il prendre des risques?
Ce que notre pays doit devenir est plus ambitieux. Le gouvernement, en prenant des risques et en acceptant les échecs, doit être plus agile et parler publiquement des échecs et les reconnaître avant de dire qu'il va faire ceci ou cela.
Je me souviens d'avoir dit au premier ministre de l'Alberta qu'il fallait miser sur sa population. En Alberta, les gens traversent des périodes de prospérité et de ralentissement, et alors que l'économie ralentissait et qu'il songeait à diversifier, je l'ai invité à parier sur les gens qui tolèrent le risque le plus élevé au Canada.
Aujourd'hui, voyez l'économie de l'Alberta: c'est la province qui a connu la plus forte croissance du capital-risque au dernier trimestre et au cours de la dernière année. Oui, le gouvernement.
Cela ne veut pas dire que les gouvernements doivent décider à la légère de ce qu'ils vont faire de l'argent des contribuables. Je peux vous donner des exemples où un gouvernement rentre dans son argent et réalise des bénéfices. Les impératifs stratégiques dont nous parlons aujourd'hui pour faire croître notre économie et être mieux positionnés pour l'avenir sont les avantages qui découlent de notre participation, mais il faut bien cibler les choses.
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Puis‑je ajouter deux dimensions qui me semblent vraiment importantes à cet égard?
Il y a d'abord l'approvisionnement public. Nous avons des champions mondiaux exceptionnels dans les secteurs de pointe. Je pense à CAE, à Bombardier, et aussi à MDA dans le secteur de l'aérospatiale. Ces entreprises reçoivent de l'argent de la NASA, du Pentagone, mais pas du MDN. Elles n'obtiennent rien de notre agence spatiale — ou très peu.
Pourquoi agissons-nous ainsi? Aucun autre pays ne fait cela. Nous devons changer la façon dont nous aidons nos propres champions mondiaux.
Éric Martel, le PDG de Bombardier, me disait que le Pentagone adore les avions de son entreprise parce qu'ils sont petits et très perfectionnés sur le plan technologique, et pourtant personne au Canada n'en achète, non plus pour notre propre , qui voyage beaucoup.
C'est l'une des dimensions.
L'autre, et j'espère que vous y serez sensibles, ce sont les fonds de pension. Nos fonds de pension représentent moins de... et Mme Furlong a soulevé la question... Dans le capital-investissement canadien, ils représentent moins de 3 % du portefeuille. C'est fou, non? Comment se fait‑il que nous ne changions pas les incitatifs pour que cela change? C'est du capital canadien appartenant à des contribuables canadiens qui veulent un rendement sur leurs pensions. Cet argent va...
Ce serait une solution facile sur les deux fronts, mais nous ne faisons rien.
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Merci, monsieur le président.
Monsieur Asselin, j'ai bien aimé votre dernière intervention, parce que j'y ai retrouvé ce qui se passe dans l'industrie forestière. Je pense par exemple à Chantiers Chibougamau, qui fait des poutres lamellées-collées. Malheureusement, ces poutres ne sont commercialisées qu'en Europe, pour de grandes infrastructures. On n'utilise pas ce produit ici ou, du moins, on n'encourage pas son utilisation.
Cela m'amène à vous parler à tous les deux du fait que je trouve assez étonnant que nos mécanismes de développement de marchés ne soient pas plus puissants. Je pense entre autres à tout le secteur innovant des bioproduits, comme l'exemple des investissements dans la production de fibre cellulosique à partir de pâte de papier, domaine dans lequel s'implique la société FPInnovations. Toutefois, les producteurs me disent qu'il n'existe pas de marché pour ce produit actuellement. Un mécanisme de développement de marchés au Canada pourrait-il être utile dans ce cas?
Madame Furlong, je dois vous confesser mon manque de connaissances du secteur financier, qui est quand même assez énorme. Je suis désolé si je dis des bêtises.
Vous avez parlé tout à l'heure des fonds de travailleurs au Québec, entre autres du Fonds de solidarité FTQ et de Fondaction, de la CSN. Il existe dans la région du Saguenay—Lac‑Saint‑Jean au Québec des fonds de développement régional. C'est un abri fiscal, on ne se le cachera pas, mais c'est quand même à petit volume. Je présume que cela existe ailleurs.
En matière de capital de risque, le gouvernement ne devrait-il pas encourager ce genre d'initiatives, ou est-ce à trop petite échelle pour véritablement donner une forme de tremplin à des entreprises?
Madame Furlong, je pense encore à l'étape finale. Nous avions de grandes multinationales comme Nortel et BlackBerry, et quelqu'un a parlé de Bombardier, qui semble toujours avoir ses propres difficultés. Est‑ce simplement à cause de la taille du Canada?
Dans le secteur de l'hydrogène, on fait de la recherche et du développement de produits de calibre mondial, mais les gens auxquels j'ai parlé disent que le gouvernement doit intervenir et fournir l'infrastructure qui permettrait aux gens d'acheter leurs produits et à la propriété intellectuelle de rester au Canada.
Pourriez-vous, l'un ou l'autre, répondre à cette question, car il me semble que cela concerne le rôle du gouvernement en matière de marchés publics.
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Nous avons deux témoins dans notre deuxième groupe.
J'aimerais faire quelques observations avant de revenir au sujet à l'étude.
Ceux qui participent à distance peuvent obtenir des services d'interprétation en choisissant, au bas de leur écran, entre le parquet, l'anglais et le français. Ceux qui sont dans la salle peuvent utiliser l'oreillette et sélectionner le canal utile.
Je vous rappelle que tous les commentaires doivent être adressés à la présidence.
Nous avons deux témoins, et chacun disposera de cinq minutes pour faire un exposé préliminaire, après quoi nous passerons aux questions.
Il semble qu'on ait légèrement modifié l'ordre des interventions.
Monsieur Georgaras, vous avez la parole pour cinq minutes.
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Merci, monsieur le président.
Je m'appelle Konstantinos Georgaras. Je suis le président de l'Office de la propriété intellectuelle du Canada.
Je suis honoré de prendre la parole depuis le territoire non cédé du peuple algonquin anishinabeg.
C'est un plaisir pour moi d'être ici pour vous expliquer comment l'OPIC, l'Office de la propriété intellectuelle du Canada, appuie l'innovation et la commercialisation de la PI. L'Office est un organisme de service spécial relevant d'Innovation, Sciences et Développement économique Canada. Nous occupons une position cruciale dans l'écosystème de l'innovation, entre la créativité, l'inspiration, la science et la technologie d'un côté et le marché de l'autre. Nous accordons des droits de PI sous forme de brevets, de marques de commerce et de modèles industriels. Ces droits favorisent la créativité et aident les innovateurs à accéder au marché pour utiliser leur PI, octroyer des licences et faire du commerce tout en se protégeant.
Notre mandat de base comporte trois volets. Premièrement, il faut que des droits de propriété intellectuelle de qualité soient accordés en temps utile pour que les innovateurs puissent accéder au marché en toute confiance. Deuxièmement, il faut sensibiliser l'ensemble de l'écosystème de la PI pour aider les innovateurs à prendre des décisions éclairées. Troisièmement, il faut aider les entreprises à être concurrentielles à l'échelle mondiale grâce à la coopération internationale.
L'OPIC touche une très vaste clientèle. En 2021, nous avons reçu près de 129 000 demandes de droits de PI. Comme ces droits peuvent durer plusieurs années, notamment jusqu'à 20 ans pour les brevets, il existe plus de 875 000 droits de PI en vigueur au Canada aujourd'hui. Au total, l'OPIC a plus d'un million d'interactions par année avec des clients et des clients potentiels.
Je rappelle que les entreprises fonctionnent à l'échelle mondiale. Ainsi, plus de 70 % de la PI provient de l'étranger. De même, 56 % des Canadiens déposent des demandes dans d'autres pays où ils exploitent.
Au‑delà des chiffres, dans le cadre de la Stratégie nationale en matière de PI, nous travaillons en étroite collaboration avec ISDE et avec Statistique Canada à l'enquête sur la connaissance et l'utilisation de la PI, effectuée auprès de 16 000 entreprises. Ce sont de nouveaux éléments d'information que j'aimerais partager. Nous avons demandé aux entreprises en quoi la PI contribuait directement à leur réussite. Près de 60 % des répondants ont indiqué qu'ils en tiraient un avantage direct, notamment du point de vue de l'augmentation de la valeur de l'entreprise, de l'augmentation des recettes et de l'emploi, et de la possibilité de collaborer et d'obtenir du financement.
Ces avantages ne profitent pas seulement aux multinationales. En fait, les microentreprises comptant seulement un à quatre employés ont également fait état d'avantages tangibles. L'enquête a également révélé que 58 % des répondants savaient ce qu'est la PI, mais qu'il restait un écart à combler. À noter que seulement 4 % des répondants avaient une stratégie officielle en matière de PI.
Compte tenu des résultats de l'enquête, nous venons de publier la stratégie opérationnelle de l'OPIC, qui présente un horizon quinquennal de priorités. L'une de ces priorités est de continuer à sensibiliser l'ensemble de l'écosystème de la PI pour combler les lacunes. Nous offrons de la documentation générale et des produits d'information pour aider les innovateurs à prendre des décisions éclairées, notamment sur les enjeux de l'élaboration d'une stratégie de PI, sur le fonctionnement du système de PI pour obtenir des droits, sur la recherche et l'embauche d'un professionnel de la PI et sur les moyens de protéger les droits au Canada et à l'étranger. Au total, nos produits d'information ont été consultés plus de 200 000 fois.
L'OPIC n'est qu'un élément de l'écosystème de la PI. Nous avons un vaste réseau composé de partenaires importants à l'échelle fédérale et provinciale, d'associations de gens d'affaires, d'universitaires et de professionnels de la PI, pour faciliter les contacts avec des clients potentiels.
L'an dernier, en collaboration avec des partenaires importants comme la Banque de développement du Canada, le PARI du CNRC, le Service des délégués commerciaux et l'Institut de la propriété intellectuelle du Canada, nous avons créé le village de la PI, qui est un partenariat visant à aider les PME canadiennes à utiliser la PI plus efficacement.
En conclusion, pour envisager la commercialisation de la PI et son positionnement dans l'écosystème de l'innovation en général, il faut tenir compte de multiples dimensions. Quant à nous, nous sommes honorés de servir les gens les plus créatifs du pays, à raison de plus d'un million d'interactions par année, pour les aider à accéder au marché en toute confiance, à prendre des décisions éclairées en cours de route et à être concurrentiels à l'échelle mondiale.
Merci encore de m'avoir invité aujourd'hui. Je me ferai un plaisir de répondre à vos questions.
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Merci, monsieur le président.
Je suis heureux de me joindre à vous aujourd'hui à partir du territoire non cédé des Algonquins Anishinabeg.
Je m'appelle Mark Schaan. Je suis sous-ministre adjoint principal du Secteur des stratégies et politiques d'innovation, à Innovation, Sciences et Développement économique Canada. Je suis accompagné de mon collègue Nipun Vats, sous-ministre adjoint du Secteur des sciences et de la recherche.
Je suis, entre autres, chargé de prendre des initiatives pour faciliter l'innovation, promouvoir la croissance économique et consolider la compétitivité des entreprises canadiennes sur le marché mondial, notamment par l'entremise de la politique sur la propriété intellectuelle.
[Français]
Le gouvernement reconnaît que la propriété intellectuelle est un atout majeur pour les entreprises et que la mise en place d'une stratégie rigoureuse en matière de propriété intellectuelle peut être cruciale pour le succès et la croissance des entreprises dans l'économie d'aujourd'hui. Les entreprises axées sur la propriété intellectuelle sont plus innovantes, exportent davantage, connaissent une croissance plus élevée et créent de meilleurs emplois.
Conscient de cette situation, le gouvernement a réalisé un certain nombre d'investissements pour mettre en place un écosystème d'innovation adapté à la propriété intellectuelle. Il a initialement investi 85,3 millions de dollars dans le cadre de la Stratégie en matière de propriété intellectuelle, lancée en 2018. La Stratégie est conçue pour aider les entreprises, les créateurs, les entrepreneurs et les innovateurs canadiens à comprendre leur propriété intellectuelle, à la protéger et à y accéder.
[Traduction]
La stratégie en matière de PI repose sur trois piliers principaux: la réglementation de la PI, la sensibilisation, l'éducation et les conseils en matière de PI, et les instruments stratégiques favorisant la croissance.
La stratégie comprend un certain nombre d'initiatives distinctes, dont des modifications aux principales lois sur la propriété intellectuelle pour réduire les obstacles à l'innovation, notamment à la Loi sur les brevets, à la Loi sur le droit d'auteur et à la Loi sur les marques de commerce, pour clarifier les pratiques acceptables et prévenir les utilisations abusives des droits de propriété intellectuelle. Elle comprend la création du Collège des agents de brevets et des agents de marques de commerce, qui sera chargé de réglementer cette profession de façon indépendante et de fournir des conseils de qualité.
[Français]
La Stratégie inclut un soutien aux cliniques de propriété intellectuelle dans les facultés de droit, à hauteur de 1 million de dollars sur cinq ans et de 0,2 million de dollars par la suite. Ces cliniques fournissent des conseils de base en matière de propriété intellectuelle et contribuent à former les experts en propriété intellectuelle de demain.
La Stratégie comprend un programme de propriété intellectuelle autochtone, subventionné à hauteur de 1 million de dollars sur cinq ans et de 0,2 million de dollars par la suite. Celui-ci finance les organisations autochtones admissibles pour soutenir la participation aux sessions de l'Organisation mondiale de la propriété intellectuelle, ainsi qu'aux initiatives et aux projets à petite échelle liés à la propriété intellectuelle, au savoir autochtone et aux expressions culturelles autochtones.
[Traduction]
La stratégie en matière de PI comprend par ailleurs ExplorerPI, avec un budget de 4,5 millions de dollars sur cinq ans et de 0,4 million de dollars par la suite, qui offre un guichet unique à la PI sur le Web, dont l'accès peut être acheté ou autorisé auprès des gouvernements et des universités du Canada. Elle appuie également l'inclusion de la PI canadienne dans les normes internationales. Il y a aussi un collectif pilote de brevets, d'une valeur de 30 millions de dollars, pour aider les entreprises du secteur des technologies propres axées sur les données à avoir accès à une gamme de services, dont des possibilités de formation, des renseignements sur les brevets, des conseils et un bassin de brevets.
[Français]
Plus récemment, en 2021, le gouvernement a lancé des initiatives supplémentaires pour soutenir davantage les chercheurs, les entreprises en démarrage et les entreprises axées sur la technologie du Canada. Par exemple, un investissement de 90 millions de dollars dans ÉleverlaPI aidera les accélérateurs et incubateurs d'entreprises à fournir aux jeunes entreprises canadiennes un accès à des services de soutien en matière de propriété intellectuelle, pour les aider à gérer, à exploiter et à protéger leur propriété intellectuelle de manière stratégique.
Le programme Assistance PI, doté de 75 millions de dollars, aide les clients du Programme d'aide à la recherche industrielle du Conseil national de recherches du Canada à répondre à leurs besoins en matière de propriété intellectuelle.
[Traduction]
Ces investissements sont complétés par l'Examen stratégique de la PI dans les programmes, annoncé dans le budget de 2021. Cet examen permet actuellement d'évaluer comment les programmes d'innovation et de sciences du Canada pourraient mieux intégrer les considérations relatives à la PI tout au long du cycle, de la recherche fondamentale aux projets commerciaux à court terme. Pour alimenter l'examen, le gouvernement veut connaître l'opinion de la population sur cette question cruciale. Il ouvrira une page Web et un questionnaire sur la page Web de la Stratégie nationale en matière de PI.
[Français]
Enfin, le plan directeur de la nouvelle Société canadienne de l'innovation a récemment été publié. Il y est question d'une organisation axée sur les résultats et dotée d'un mandat clair et ciblé pour aider les entreprises canadiennes de tous les secteurs et de toutes les régions à devenir plus innovantes et plus productives.
Les Canadiens sont talentueux, créatifs et inventifs. Ces activités aideront les Canadiens et les entreprises canadiennes à transformer leurs nouvelles idées et leurs nouvelles technologies en nouveaux produits et services et en entreprises en pleine croissance au Canada.
[Traduction]
Je tiens à vous remercier du temps que vous nous avez consacré aujourd'hui. Nous nous ferons un plaisir de répondre aux questions des membres du Comité.
:
Je me ferai un plaisir de parler des modifications législatives, après quoi j'inviterai mon collègue de l'Office de la propriété intellectuelle du Canada, l'OPIC, à vous dire un mot de l'administration des droits de propriété intellectuelle et commerciale.
Comme je l'ai dit, un certain nombre de modifications qui s'inscrivent dans la stratégie en matière de propriété intellectuelle ont été apportées à la législation canadienne afin de mettre les droits à l'abri des abus. Ainsi, le législateur essaie d'empêcher ce qu'on appelle parfois le « squattage de marques », pratique qui consiste à s'approprier des marques sans avoir l'intention de les exploiter.
Nous avons notamment essayé de mettre en place des mécanismes efficaces pour permettre à d'autres d'obtenir ces marques non exploitées et de les faire retirer de la liste. Nous avons également adopté des pratiques efficaces en ce qui concerne le barème des frais associés aux marques.
Dans l'ensemble, ces cas et ces modifications constituent en fait une partie importante des révisions apportées, mais je vais céder la parole à mon collègue de l'OPIC, qui pourra vous dire un mot de ce qui se passe actuellement à l'Office en ce qui concerne les marques de commerce.
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Je vous remercie de la question.
Quelle a été notre réaction? La demande a augmenté, comme je l'ai dit. La hausse a été particulièrement marquée pendant la pandémie.
Il y a deux ans, nous avons lancé un plan de relance complet pour les marques de commerce. Il s'agissait de renforcer la capacité, de modifier certains de nos processus et de recourir à la technologie. Je suis heureux de pouvoir dire que, pendant l'exercice qui se terminera dans quelques jours, nous aurons produit 67 000 premiers rapports et délivré 48 000 approbations. C'est une augmentation de 50 % par rapport à l'année précédente.
Je suis également heureux de signaler que, depuis juillet, l'arriéré a diminué pendant huit mois consécutifs. Nos mesures s'implantent et commencent à porter fruit.
Nous constatons une tendance à résorber l'arriéré.
Juste entre le début de la recherche et le moment où surgit une excellente idée ou une analyse de rentabilisation solide dans les travaux, on constate un problème d'information, car il arrive souvent que la personne n'ait pas d'expérience en affaires, peut-être, ni non plus sur le plan juridique.
Quels sont les rôles du Bureau des brevets, du système juridique et du gouvernement, qui a peut-être investi des millions de dollars dans l'idée en question? Comment tout cela peut‑il se conjuguer pour protéger l'investissement de tout le monde, y compris celui de l'auteur de l'idée? Comment cela se passe‑t‑il?
:
Cette fois encore, je vais amorcer la réponse pour inviter ensuite mon collègue à vous parler du rôle précis de l'Office.
L'un des objectifs de la Stratégie nationale en matière de propriété intellectuelle était en fait de relever le niveau global de sensibilisation et d'information dans l'ensemble de l'écosystème de l'innovation. Vous n'ignorez pas que tous les intervenants doivent travailler de concert avec un certain niveau de savoir-faire en matière de propriété intellectuelle si nous voulons assurer de bonnes protections.
Je voudrais signaler quelques éléments en particulier et des améliorations que nous avons apportées. Nous avons par exemple investi dans des ateliers juridiques portant sur la propriété intellectuelle. Ils sont offerts par des facultés de droit aux quatre coins du Canada, et nous commençons à les offrir aussi dans les écoles de commerce, qui peuvent demander de l'aide pour s'assurer que les petites et moyennes entreprises peuvent en fait obtenir gratuitement des conseils sur la façon d'aborder les mesures de protection de leur idée.
J'attire également votre attention sur ExplorerPI, la base de données dont j'ai parlé et qui contient toute la propriété intellectuelle que le gouvernement fédéral a soutenue en finançant les universités. L'information est regroupée à un seul endroit pour qu'il soit possible de se donner une capacité de développement des entreprises pour faciliter le transfert.
:
C'est un phénomène économique mondial, qui découle des changements dans toutes les industries et tous les domaines de l'économie. La technologie a permis à chaque secteur de bénéficier des avantages liés aux éléments intangibles.
[Traduction]
C'est vraiment le passage d'industries tangibles, où les principes fondamentaux de la propriété intellectuelle pouvaient être très différents, dans un monde où on fabriquait des objets matériels sans apport technologique, à une économie qui est de plus en plus propulsée par les données, les logiciels et les services, voire par l'intégration des données et de la technologie, même dans les industries qui produisent des objets matériels.
[Français]
Prenez le secteur de l'automobile, par exemple. Auparavant, une voiture était simplement composée de pièces. Maintenant, c'est plutôt un ordinateur avec des pneus.
[Traduction]
Étant donné cette intégration fondamentale de la technologie dans tous les produits, il n'est pas étonnant qu'il y ait eu une croissance rapide du mouvement visant à protéger la propriété intellectuelle au moyen de dispositions sur les dessins industriels et les brevets, et même de droits sur la propriété intellectuelle et commerciale, puisque les marques et la réputation représentent désormais une part énorme de la valeur immatérielle dans l'économie. Cette croissance rapide s'explique en fait par ce que nous observons dans l'économie mondiale.
L'objectif du Canada est de s'assurer de réussir dans un monde où nous sommes passés d'une certaine situation où nous avions un avantage sur le plan de la main-d'œuvre et de notre capacité fondamentale de fabrication à une situation différente où nous pourrons toujours réussir.
:
Merci beaucoup pour la question.
Comme mon collègue l'a mentionné, on a observé un changement très important pendant la pandémie, ce qui a aussi eu pour effet d'aider les PME.
[Traduction]
Il y a eu une transformation profonde, car des entreprises de plus en plus nombreuses sont actives sur des plateformes virtuelles. Il y a eu une quasi-démocratisation de certaines plateformes, pour ainsi dire.
Ce qui a été particulièrement intéressant, pour en revenir à votre question précédente, c'est que les plateformes elles-mêmes ont commencé à exiger que les entreprises prouvent qu'elles possèdent la propriété intellectuelle échangée sur les plateformes. C'est ainsi que des PME de plus en plus nombreuses se sont adressées à l'OPIC pour faire reconnaître leurs droits et prouver qu'elles en sont propriétaires.
Ce fut une transition très intéressante vers l'économie virtuelle.
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Merci, monsieur le président.
Je suis content de vous voir aujourd'hui, messieurs Schaan et Vats, parce que vous allez peut-être pouvoir répondre à l'une de mes interrogations. Les témoins précédents nous ont parlé de l'importance des transferts de connaissances dans l'économie réelle. Pour ce faire, il existe un modèle assez intéressant au Québec, qui est celui des centres collégiaux de transfert de technologies, les CCTT.
Vous savez que le gouvernement fédéral finance les CCTT qui ont une désignation de centre d'accès à la technologie, une désignation CAT. Au Québec, de nombreux CCTT sont financés par le gouvernement fédéral, à hauteur de 100 000 dollars présentement, si je ne me trompe pas. Or, le programme est en train d'être revu pour financer un moins grand nombre de CCTT, mais accorder des sommes plus élevées à ceux qui en recevront.
Cela suscite beaucoup d'inquiétude dans les CCTT. Auriez-vous avez une petite mise à jour à faire à ce sujet? Comment fonctionnera le soutien financier accordé aux CCTT?
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Merci pour la question, à laquelle je vais répondre en fonction de deux aspects.
Il y a d'abord un aspect mondial, à savoir les stratégies industrielles qui touchent les trois secteurs les plus importants pour tous les investissements du gouvernement: une transition numérique, une économie plus résiliente en réaction aux changements géopolitiques, et des changements mondiaux dans la chaîne de valeur.
De plus, ces objectifs mondiaux comprennent d'autres aspects tout aussi importants, notamment les stratégies du gouvernement, les investissements ciblés comme ceux dans la chaîne de valeur du secteur de l'automobile, la stratégie quantique, la stratégie sur l'intelligence artificielle et les investissements dans les grappes d'innovation mondiale, qui incluent aussi les autres priorités du gouvernement dans les aspects ou les secteurs qui représentent beaucoup d'avantages.
Merci aux témoins. C'est très intéressant, d'autant plus que, comme beaucoup de Canadiens, je suppose, je ne connais absolument rien au processus des brevets, mis à part la nature même des brevets.
Monsieur Georgaras, dans votre déclaration liminaire, vous avez parlé des entreprises étrangères qui déposent des brevets chez nous et des entreprises canadiennes qui le font à l'étranger. Pouvez-vous me donner un cours de base sur les brevets? Si j'étais une entreprise, que devrais‑je faire? Où dois‑je déposer mes brevets pour être protégé à l'échelle mondiale? Avons-nous des accords avec l'étranger?
Je voudrais avoir une vue d'ensemble de la situation.
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Merci beaucoup de la question.
Comme je l'ai dit, 70 % de nos demandes proviennent de l'étranger et la plupart des Canadiens présentent des demandes à l'extérieur du Canada. Par exemple, l'an dernier, 12 000 Canadiens ont demandé des brevets aux États-Unis. À l'inverse, 16 000 Américains ont présenté une demande au Canada.
Nous avons mis en place un certain nombre de mécanismes pour cette raison. L'OPIC fournit de l'information sur la façon de pénétrer les marchés et sur les facteurs à prendre en considération.
Nous adhérons à des traités internationaux régis par l'Organisation mondiale de la propriété intellectuelle et à des traités qui portent sur les brevets, les marques de commerce ou sur les dessins industriels. De la sorte, celui qui souhaite s'implanter sur des marchés multiples peut faire une seule déclaration par l'entremise de l'Organisation mondiale de la propriété intellectuelle. Il suffit d'acquitter des droits dans une seule devise et de décider ensuite dans quels pays on veut s'implanter. C'est une façon de faciliter la libre circulation à l'échelle mondiale. Au cours des trois dernières années, je suis heureux de le dire, nous avons adhéré aux régimes des marques de commerce et des dessins industriels.
Dans ces trois domaines, le Canada est très bien classé pour le nombre de demandes. Pour le régime des brevets, nous sommes au cinquième rang. Pour les marques de commerce et les dessins industriels, nous sommes au sixième à l'échelle internationale. Voilà qui montre que les investisseurs s'intéressent au Canada et que les Canadiens veulent rayonner à l'échelle mondiale.
:
La stratégie d'une entreprise en matière de propriété intellectuelle repose sur plusieurs éléments. Elle est façonnée en partie par son secteur d'activité, son lieu d'implantation et son marché.
Beaucoup d'entreprises cherchent avant tout à protéger leurs produits là où elles les vendent. Elles veulent également que leur technologie soit reconnue par un organisme de renom qui peut faire savoir aux intéressés qu'elles ont une idée, qu'elles l'ont protégée et qu'un organisme l'a étudiée sérieusement. Cela dit sans vouloir dénigrer quelque autre organisme de protection de la propriété intellectuelle ailleurs dans le monde.
Voilà pourquoi beaucoup de gens déposent des demandes d'abord dans des pays comme les États-Unis ou dans l'Union européenne. Ce sont de grands marchés qui ont de très grands bureaux des brevets dotés de la capacité voulue.
Cela dit, le Canada joue un rôle de plus en plus important non seulement en tant que deuxième pays pour le dépôt de brevets, mais aussi en tant que marché. C'est pourquoi mon collègue a noté que la majorité des demandes reçues dans le système canadien de propriété intellectuelle proviennent de l'étranger. C'est à cause de l'intérêt que suscite le Canada.
C'est aussi pourquoi nous devons examiner très attentivement la situation des entreprises canadiennes, car bon nombre d'entre elles s'intéressent en fait à ces marchés à l'étranger et présentent peut-être leurs demandes à d'autres organismes.
Ensuite, il s'agit de savoir sur quels droits porte la demande. Pour certaines entreprises, il n'y a rien de mieux que les brevets. C'est la chose la plus importante qu'elles puissent obtenir. D'autres s'intéressent plutôt aux secrets commerciaux, aux droits d'auteur, à la marque de commerce ou au dessin industriel.
Tout cela est propre à l'entreprise, ce qui explique pourquoi il est essentiel que les PME de premier plan réfléchissent bien aux conseils et stratégies en matière de propriété intellectuelle. Ces choix stratégiques au sujet des marchés, des droits et de l'ordre dans lequel il faut les aborder sont tous très importants, surtout lorsqu'une entreprise est aux premiers stades de croissance, avant d'atteindre la maturité en matière de capitalisation.
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Ce n'est pas juridiquement contraignant. Je suppose que nous sommes sur la même longueur d'onde.
J'ai un dernier point à soulever, monsieur le président.
Votre plan ministériel indique, à la page 28, l'investissement total des entreprises au Canada, ce qui comprend les produits de propriété intellectuelle. L'investissement total des entreprises s'élevait à 228 milliards de dollars en 2019‑2020 et à 204 milliards de dollars en 2020‑2021.
Il y a donc un recul de plus de 10 % des investissements, et l'exercice 2021‑2022 montre également une baisse de 4,5 % depuis 2019‑2020.
Cette baisse des investissements des entreprises est-elle préoccupante pour le gouvernement?
:
Comme je l'ai dit plus tôt, le processus des brevets comporte de multiples étapes. Il y a d'abord la demande, mais le demandeur a un maximum de quatre ans pour décider s'il veut aller de l'avant. C'est ce qu'on appelle la période de demande d'examen. Nous laissons au demandeur le soin de décider quand il convient de donner suite.
À partir du moment où il demande un examen, notre première étape est de 14 mois. C'est comparable à ce qu'on observe dans d'autres pays industrialisés. Entre la demande d'examen et le dossier final, il faut compter en moyenne 30 mois.
Il y a des mécanismes en place pour que, si les demandeurs doivent agir rapidement, ils puissent présenter leur demande prioritaire. Par exemple, s'il s'agit d'une demande pour une technologie verte, son étude est accélérée sans frais, ou s'il s'agit d'une demande qui a déjà été examinée dans une autre administration, l'étude peut se réaliser plus rapidement. Des mécanismes rendent possible une accélération de l'examen.
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Je tiens à remercier les témoins d'avoir comparu et d'avoir répondu aux excellentes questions des députés. Les témoins peuvent se retirer.
Chers collègues, nous avons quelques questions à régler en fin de séance.
Le député Cannings a posé des questions au sujet du budget des déplacements. Le greffier, M. Buck, a une mise à jour à présenter à ce sujet.
De plus, nous devons discuter de la séance de jeudi prochain. Nous ne pouvons pas obtenir le créneau habituel. Il est proposé de reporter la séance à 18 h 30 le même soir. Il est donc possible soit de la reporter à cette heure‑là, soit de l'annuler.
J'en ai parlé aux députés. Nous devons simplement établir notre programme. La parole est à vous.
Tout d'abord, je propose que la séance se tienne à 18 h 30. Il est maintenant possible d'en discuter.
Monsieur Soroka, voulez-vous présenter la motion?