Bienvenue à la 92e réunion du Comité permanent de la science et de la recherche de la Chambre des communes.
Avant de commencer, je demande aux députés et autres participants en personne de consulter les fiches disposées sur la table, qui contiennent des lignes directrices permettant d'éviter les incidents liés à la rétroaction acoustique. Veuillez prendre note des mesures préventives suivantes mises en place pour protéger la santé et la sécurité de tous les participants, y compris les interprètes.
N'utilisez qu'une oreillette noire homologuée. Tenez votre oreillette éloignée de votre microphone à tout moment. Lorsque vous n'utilisez pas votre oreillette, veuillez la placer face vers le bas sur l'autocollant placé sur la table à cet effet.
Je tiens à vous remercier de votre collaboration.
La réunion d'aujourd'hui se déroulera selon une formule hybride. Je voudrais faire quelques commentaires supplémentaires à l'intention des députés. Les députés présents dans la salle sont priés de lever la main s'ils souhaitent prendre la parole. Ceux qui sont sur Zoom doivent utiliser la fonction « Lever la main ». Le greffier et moi-même ferons de notre mieux pour respecter l'ordre des interventions. Merci de votre compréhension à cet égard. Je vous rappelle que toutes les observations doivent être adressées à la présidence.
Conformément à l'article 108(3)i) du Règlement et à la motion adoptée par le Comité le mardi 31 janvier 2023, le Comité reprend son étude de la science et de la recherche dans l'Arctique canadien en lien avec le changement climatique. C'est notre sixième et dernière réunion sur ce sujet et je sais que nous l'avons tous trouvé très fascinant.
J'ai maintenant le plaisir de souhaiter la bienvenue à Natan Obed, président de l'Inuit Tapiriit Kanatami, et à Carrie Grable, directrice de l'Inuit Qaujisarvingat.
Vous disposerez d'au plus cinq minutes pour votre déclaration liminaire, après quoi nous procéderons à des séries de questions.
Monsieur Obed, je vous invite à faire une déclaration liminaire d'au plus cinq minutes.
Bonjour et merci beaucoup de m'avoir invité à discuter d'un sujet aussi important pour les Inuits.
Comme la présidente l'a dit, je m'appelle Natan Obed.
L'Inuit Tapiriit Kanatami représente 70 000 Inuits du Canada. Notre patrie s'appelle l'Inuit Nunangat et notre territoire comprend quatre régions géopolitiques: le Nunatsiavut dans le Nord du Labrador, le Nunavik dans le Nord du Québec, le Nunavut dans son ensemble — l'administration publique a été créée par suite d'une entente de règlement de revendications territoriales, mais il existe une organisation inuite issue d'un traité appelée Nunavut Tunngavik qui défend les droits des Inuits au Nunavut — et la région d'Inuvialuit, qui est représentée par l'Inuvialuit Regional Corporation.
À l'ITK, l'une de nos principales priorités est la lutte contre le changement climatique ainsi que les efforts d'adaptation et d'atténuation en cours concernant l'Arctique en mutation. Nous avons créé une Stratégie nationale inuite sur les changements climatiques qui a été lancée en 2019. De même, en matière de recherche et de science, nous avons créé la Stratégie nationale inuite sur la recherche, lancée en 2018. Nous avons essayé d'utiliser ces outils pour interagir avec tous nos partenaires, y compris le gouvernement, en ce qui concerne nos priorités en matière de recherche et de changements climatiques.
Comme vous en avez entendu parler, l'Arctique se réchauffe jusqu'à quatre fois plus vite que la moyenne mondiale. Les Inuits vivant dans l'Inuit Nunangat sont confrontés à un large éventail de défis socioéconomiques qui sont exacerbés par les changements climatiques, surtout dans des domaines comme la sécurité alimentaire, la santé et la sécurité.
La capacité de nous déplacer sur notre territoire comme nous l'avons toujours fait et de mettre à profit nos connaissances pour naviguer sur notre territoire est mise en péril par la mutation de l'Arctique. Nous avons perdu plus de 40 % de notre banquise au cours des deux dernières décennies. C'est un défi de taille pour nous en ce qui concerne les déplacements en général, étant donné que la banquise est notre autoroute, en particulier de novembre à juin, d'habitude. Pendant une grande partie de l'année, nous n'avons maintenant plus accès à la chasse et à la pêche comme avant, et nous ne pouvons plus nous déplacer d'une localité à l'autre. Seules deux localités disposent d'un accès routier entre le Sud du Canada et l'Arctique, et les réseaux routiers sont très rares, voire inexistants, entre les collectivités inuites. Par conséquent, la banquise — et l'hiver en général, au sens terrestre du terme — nous offre des possibilités de nous déplacer et de nous connecter d'une manière qui est aujourd'hui menacée.
Si nous continuons à émettre des gaz à effet de serre à ce rythme, la température dans notre région de l'Inuit Nunangat pourrait augmenter de plus de 10 °C par rapport aux moyennes de 1951 à 1990, ce qui aurait des effets catastrophiques sur notre biodiversité et nos communautés. Nous avons essayé de travailler en partenariat avec le gouvernement du Canada et, de notre mieux, avec la communauté des chercheurs, mais des obstacles importants subsistent et je me réjouis de pouvoir en discuter avec vous aujourd'hui.
Au cœur même de cet enjeu, il y a le défi que le gouvernement du Canada, les provinces et les territoires doivent relever pour reconnaître les Inuits comme un ordre de gouvernement en soi, doté de droits et de possibilités de partenariat qui leur sont propres, au‑delà des possibilités traditionnelles que le gouvernement du Canada comprend, qu'il s'agisse de relations d'État-nation à État-nation ou de relations entre le gouvernement fédéral et les provinces et les territoires. Cela s'étend à la manière dont le Parlement mène ses travaux, à la manière dont les lois sont rédigées et à la manière dont les décrets sont pris ou administrés. Cela conduit à l'exclusion des Inuits ou à leur individualisation, au lieu de travailler avec les Inuits en tant que collectif.
Je vous remercie de votre attention et je suis impatient de poursuivre cette conversation.
Je vous remercie de votre présence.
Nous avons reçu de nombreux groupes et témoins différents. Pour moi, il y a une chose à retenir. Peut-être ai‑je tort ou raison, je ne sais pas. Il semble qu'il y a beaucoup d'organisations — au moins 40 —, qu'il s'agisse de recherche universitaire ou de différents groupes qui se concentrent sur l'étude du climat et d'autres phénomènes dans l'Arctique, mais beaucoup d'entre eux ne vivent pas là où ils font de la recherche. Ce n'est pas un reproche que je leur fais, c'est un fait. Ils dépendent beaucoup des personnes qui vivent sur place.
Pensez-vous qu'il serait bénéfique pour les universités et les organismes de recherche de mettre davantage l'accent sur la possibilité de vivre, de travailler et de faire de la recherche dans les collectivités qu'ils sont censés étudier?
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Merci pour cette question.
En tant qu'Inuit Tapiriit Kanatami ou qu'organisation inuite établie en vertu d'un traité, nous avons lutté pour obtenir une place dans l'établissement des priorités de recherche et le financement de la recherche, que ce soit avec le gouvernement fédéral, au sein du milieu universitaire ou au sein des trois conseils. Nous avons fait quelques percées, mais essentiellement peu.
La majeure partie du financement destiné à la science dans l'Arctique passe par des systèmes situés dans le Sud, et il profite à des établissements universitaires, à des gouvernements ou à des relations qui sont toutes orientées sud-sud. Des gens construisent leur carrière et vivent confortablement dans le Sud, tout en étant des experts sur nous et sur notre environnement, ou sur les changements climatiques dans l'Inuit Nunangat. Par conséquent, l'établissement de priorités pour les Inuits et les collectivités inuites est un changement transformateur que nous souhaitons.
Nous constatons que le gouvernement du Canada investit dans les infrastructures, en particulier dans Savoir polaire Canada à Cambridge Bay. Je pense que c'est une évolution très positive, bien que la gouvernance de POLAIRE reste une grande préoccupation pour les Inuits dans la mesure où le gouvernement du Canada n'a utilisé ses systèmes que pour alimenter la gouvernance de cette institution et la définition de ses priorités.
Nous espérons qu'à l'avenir, il y aura davantage d'approches basées sur le partenariat pour la recherche dans l'Arctique, mais aussi que les priorités de recherche des Inuits et des collectivités de l'Arctique seront tenues en aussi haute estime que l'établissement des priorités de recherche qui se fait dans le Sud.
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Merci, madame la présidente.
Merci, monsieur Obed et madame Grable, d'être revenus nous voir. Nous n'avons pas eu l'occasion de profiter de votre sagesse lors de votre dernière présence.
Je voudrais faire référence à quelque chose, monsieur Obed. C'était il y a huit ans, mais les paroles que vous aviez prononcées devant l'Assemblée législative de l'Ontario en juin 2016 sont restées gravées dans ma mémoire. Vous aviez parlé en particulier de la résilience du peuple inuit, qui est certainement mise à l'épreuve aujourd'hui avec le changement climatique. De toute évidence, la menace est très réelle, et la résilience face à l'adversité est tellement impressionnante.
Vous avez parlé de priorités et, d'après ce que j'ai compris de la Stratégie nationale inuite en matière de recherche, vous avez cerné les domaines prioritaires. Bien sûr, nous avons beaucoup entendu parler de l'infrastructure matérielle et ainsi de suite, mais pourriez-vous nous en dire plus sur les défis pressants en matière de santé auxquels les collectivités inuites sont confrontées et sur la manière dont la recherche peut relever les défis en question?
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Nous sommes très chanceux d'être au cœur de Qanuippitaa, une Stratégie nationale pour la santé des Inuits. Nous menons des travaux sur le terrain dans nos quatre régions. Ces travaux sont déjà terminés dans les régions d'Inuvialuit et de Nunatsiavut. Nous nous appuyons sur les enquêtes internationales sur la santé des Inuits menées au cours de l'année polaire qui ont permis de recueillir des données ponctuelles sur la santé et le bien-être des Inuits dans l'ensemble de l'Inuit Nunangat.
Nous réalisons maintenant une enquête sur la santé qui sera stable et durable. Nous espérons la réaliser tous les quatre ou cinq ans. Nous sommes en train de créer une première cohorte, de collecter les premières données sommaires qui nous permettront d'obtenir un portrait très clair sur l'état de santé des Inuits en 2023 ou 2024. Au cours des 20 à 30 dernières années, nous nous sommes appuyés sur l'Enquête auprès des peuples autochtones et sur d'autres enquêtes connexes sur la santé. Il s'agit d'un progrès indéniable.
En ce qui concerne notre état de santé, nous avons d'énormes défis à relever en matière d'insécurité alimentaire et de pauvreté. Nos taux d'insécurité alimentaire dépassent les 70 % pour l'insécurité alimentaire modérée et sévère. Nos taux de surpeuplement avoisinent les 55 %. Nos taux de tuberculose sont plus de 300 fois supérieurs à la moyenne nationale des personnes nées au Canada. Nous avons aussi une espérance inférieure de plus de 10 ans à l'espérance de vie canadienne.
Nous avons des défis essentiels à relever en matière de santé. Certains sont dus en partie au manque d'accès. Notre taux de morbidité pour le traitement du cancer est beaucoup plus élevé que la moyenne canadienne. Le défi auquel nous sommes confrontés est celui de l'accès à la santé. La plupart de nos soins de santé passent par des structures d'aiguillage. Nous avons des centres de santé locaux, mais ils sont pourvus par un personnel infirmier qui fournit des soins et renvoie tous les patients qui ont des problèmes de santé importants vers des centres régionaux. Souvent, ces centres régionaux servent ensuite de centres d'aiguillage vers le Sud.
La plupart des soins aigus prodigués aux Inuits du Canada sont dispensés à St. John's, Montréal, Ottawa, Winnipeg, Edmonton et Yellowknife. Ce système a permis de sauver des vies, mais sa structure même constitue un obstacle aux soins en amont et à l'assurance que les personnes souffrant de maladies graves peuvent être rapidement diagnostiquées et traitées.
Nous sommes également confrontés à des défis de nature climatique. Nous avons moins accès à la chasse, à la pêche et aux aliments traditionnels. Cela a engendré des défis pour notre alimentation, mais aussi pour le tissu social de notre communauté et la manière dont nous partageons les uns avec les autres, la manière dont nous transmettons nos connaissances et notre information, et enfin la santé générale de notre peuple.
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Merci, madame la présidente.
Je salue les témoins qui sont avec nous, aujourd'hui.
Monsieur Obed, le Comité a reçu des experts et des chercheurs qui font de la recherche nordique, notamment des gens du Centre d'études nordiques, de l'Université Laval, dans la ville de Québec.
Ces gens mènent des projets en coconstruction avec des communautés inuites, notamment. Ils nous ont parlé de la difficulté liée à la coconstruction de projets, compte tenu du manque de ressources, qui sont très limitées. Or, selon eux, la mise en œuvre de projets de recherche en coconstruction avec les communautés inuites est le seul moyen de réaliser des projets qui sont non seulement pertinents, mais qui répondent aussi vraiment à vos besoins.
J'aimerais avoir vos observations à ce sujet.
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Oui, il y a des défis tout à fait propres aux partenariats avec des établissements de recherche du Sud afin d'effectuer un travail utile dans l'Inuit Nunangat. J'aimerais vous parler de quelques partenariats qui ont fonctionné, mais seulement parce qu'il y a eu une véritable approche de partenariat du début à la fin, et il a été très difficile d'y parvenir.
ArcticNet est l'un de ces réseaux. Il est hébergé à l'Université Laval et il a reçu des fonds fédéraux, plus récemment du Fonds stratégique des sciences. Les Inuits sont maintenant partenaires d'ArcticNet, avec l'Inuit Circumpolar Council du Canada, pour tracer la voie des cinq prochaines années pour ce réseau. Il réunit des universitaires, des industriels, des gouvernements, des Inuits et d'autres peuples autochtones dans un programme de recherche commun. Il s'agit d'une approche fondée sur le partenariat.
Je pense qu'il existe un malentendu naturel entre beaucoup d'entre nous, que ce soit à propos des rôles et des responsabilités du gouvernement fédéral ou de la composition et des règles propres au milieu universitaire, puis des personnes qui s'adressent à nous pour établir des partenariats, surtout des chercheurs principaux, des professeurs titulaires de chaires de recherche et leurs points de vue particuliers sur le monde et leurs idées sur le partenariat. Ensuite, il y a notre gouvernance, qui est souvent mal comprise, sans que cela devienne une affirmation négative.
Notre capacité à nous réunir et à travailler ensemble prend du temps. Par nature, c'est un défi. Les conditions imposées à chacun d'entre nous dans tous nos rôles réduisent considérablement les fenêtres dont nous disposons pour collaborer. Cependant, nous avons un intérêt commun. Tant que nous pouvons accepter et célébrer toutes les différentes priorités que nous avons ensemble, je pense que c'est la voie à suivre.
L'autre exemple est le partenariat de recherche que nous avons récemment établi avec le Royaume‑Uni, Savoir polaire Canada et les Inuits. Nous avons mené plus de 20 projets sur l'adaptation au changement climatique. Ils ont collaboré avec des universitaires britanniques et canadiens, ainsi qu'avec des partenaires inuits.
Il y a donc des exemples de bons travaux.
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Monsieur Obed, vous avez parlé de l'un des défis très importants qui se posent pour vous, soit celui de faire reconnaître votre propre forme de gouvernance. Comme vous le savez, le peuple québécois reconnaît l'importance de l'autodétermination des peuples et l'importance d'avoir un dialogue de nation à nation.
Quelles sont vos attentes envers le gouvernement fédéral, aujourd'hui?
On parle de réconciliation et de vérité, mais il existe toujours un sujet dont personne ne veut parler — en anglais, on utilise l'expression « un éléphant dans la pièce » —, soit la Loi sur les Indiens. Cette loi est à l'origine de conflits.
Premièrement, pensez-vous qu'on devrait abolir la Loi sur les Indiens? Présentement, on propose de la modifier.
Deuxièmement, que devrait-on faire, concrètement, pour reconnaître les communautés et les nations autochtones afin qu'elles puissent avoir leur propre forme de gouvernance et atteindre l'autonomie?
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Merci pour cette question.
Je pense que je vais parler des obstacles, puis je laisserai la parole à Carrie Grable.
Nous travaillons aussi étroitement que possible avec les trois Conseils. L'incapacité des trois Conseils à accepter la gouvernance inuite dans la façon dont ils élaborent leurs stratégies et leurs conditions pour leurs programmes au sein des agences est un énorme obstacle.
Notre admissibilité institutionnelle a presque toujours été refusée. Nous faisons des progrès dans ce domaine. Je pense que les IRSC sont les premiers à avoir reconnu l'admissibilité institutionnelle des Inuits lorsqu'ils demandent des subventions de recherche, sans que le travail soit soumis à l'optique théorique traditionnelle du chercheur principal. Par ailleurs, en ce qui concerne le gouvernement du Canada en général et la manière dont le pays s'associe à d'autres pays pour mener des projets de recherche dans l'Inuit Nunangat à la grandeur de l'Arctique canadien, nous n'avons presque jamais participé à ces délibérations, même si les projets — les fonds — vont finir par soutenir ou traverser nos terres natales. C'est une approche complètement dépassée.
Le milieu de la recherche est souvent en retard d'une génération, voire de deux générations, sur les efforts de réconciliation des gouvernements, ce qui est surprenant si l'on considère que les universitaires ont souvent l'impression d'être éclairés, d'agir sans aucun préjugé et d'être totalement objectifs dans leur façon de délibérer.
Il en va de même pour des choses comme les processus de nomination par le gouverneur en conseil, que j'ai évoqués. Vous comprendrez le dilemme de Savoir polaire Canada qui a lancé un appel à candidatures pour son conseil d'administration et qui a demandé à ITK de proposer des noms. Si nous proposons démocratiquement des Inuits pour siéger au conseil d'administration de Savoir polaire Canada, ces noms seront soumis au processus de désignation du gouverneur en conseil et le gouvernement décidera si ces Inuits sont aptes ou non à siéger au conseil d'administration de Savoir polaire Canada.
Le problème fondamental auquel nous sommes toujours confrontés dans ce pays est que nous n'avons pas réussi à faire tomber les structures coloniales d'exclusion des Inuits pour participer à ces processus et à faire reconnaître la gouvernance inuite dans notre façon de travailler tous ensemble. Nous avons maintenant une compréhension commune de la volonté d'établir des partenariats et de nous respecter mutuellement, mais nous avons encore un long chemin à parcourir pour modifier les structures en place afin d'en faire une réalité.
Ce n'est pas comme si les Inuits venaient à la table en disant que nous exigeons une façon non naturelle de gouverner. Nous demandons simplement d'appliquer notre gouvernance à une table multilatérale, à laquelle nous avons été invités à siéger, sans être invités à participer aux processus décisionnels.
Madame Grable, voulez-vous ajouter quelque chose?
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Merci, madame la présidente.
Monsieur Obed, nous en sommes au stade de nos délibérations où nous devons formuler des recommandations pour un rapport. De nombreux témoins de différents horizons et points de vue nous ont dit que l'un des obstacles à leur travail et à leur champ d'action, aussi vaste soit‑il, est l'absence d'une stratégie fédérale coordonnée en matière de recherche dans l'Arctique.
J'entends tout ce que vous dites. Je comprends que si nous devions faire cette recommandation, il faudrait collaborer avec votre communauté pour veiller à ce que la stratégie fonctionne correctement dans le contexte de tout ce que vous avez dit. Seriez-vous théoriquement en faveur de l'élaboration d'une stratégie de recherche précise, sachant qu'il y aurait beaucoup de travail à faire sur la portée, la fonction, etc.
Je commencerai par cela.
Parmi les autres témoignages qui m'ont frappée — et je pense que vous l'avez évoqué en passant dans vos commentaires aujourd'hui — on a dit que la stratégie du gouvernement en matière de financement de la « recherche dans l'Arctique » a misé sur des sujets de recherche importants comme le changement climatique, mais qu'une gamme beaucoup plus large de recherches devraient bénéficier d'un financement, qu'il s'agisse de développement économique, de gouvernance, de sécurité alimentaire, de stratégie en matière de santé mentale, d'infrastructure ou peu importe. Le champ est tellement vaste.
Recommanderiez-vous — encore une fois, dans le contexte d'une collaboration formelle au sens propre du terme — que les priorités d'une stratégie de recherche dans l'Arctique soient élargies pour englober l'ensemble plus vaste des besoins des peuples de l'Arctique?
Si nous pensons à notre stratégie en matière de changement climatique, elle ne tombe pas sous le sens pour, disons, quelqu'un qui en prendrait connaissance au cours d'une conférence sur les changements climatiques parce qu'elle n'est pas axée exclusivement sur l'environnement. En fait, c'est l'inverse. Elle est davantage axée sur la capacité de nos collectivités à être durables dans un Arctique en mutation. Cela signifie qu'il faut mener des recherches sur les infrastructures et sur la manière de construire des infrastructures plus résistantes. Comment atténuer les pires effets du changement climatique? Comment mieux comprendre les phénomènes météorologiques extrêmes pour nous permettre de devenir plus résilients?
Pour vous donner un exemple, notre compréhension des conditions météorologiques évolue au fil du temps et constitue pour nous un indicateur important pour savoir si nous devons aller quelque part un jour donné. Ensuite, une fois que nous nous trouvons dans un scénario de tempête, ce qui compte, c'est notre façon d'agir et de réagir. Si nous pouvons mieux comprendre l'évolution de l'Arctique et du climat qui y règne, nous pourrons être plus en sécurité sur le territoire.
J'aimerais citer l'exemple de SmartICE, un partenariat entre...
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Merci, madame la présidente.
Bienvenue à nouveau parmi nous, monsieur Obed et madame Grable.
On vous a posé une question et vous avez parlé de la recherche. Je ne pense pas que vous ayez eu la chance de conclure. Sinon, j'ai une question complémentaire sur la recherche.
Monsieur Obed, vous venez de parler de la recherche en relation avec l'infrastructure et la manière de mieux la comprendre en relation avec les événements. Avez-vous d'autres commentaires? Je pense que vous vouliez parler de SmartICE et du manque de consultation, ou d'une bonne consultation, avec les collectivités où la recherche a lieu. Comment recommanderiez-vous aux chercheurs de concevoir de meilleures recherches afin de se concentrer davantage sur les priorités locales et de mener des recherches avec la communauté locale? Comment qualifieriez-vous une bonne approche de partenariat?
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Les sujets de recherche sont tellement vastes et diversifiés. Je vous donnerai l'exemple de la tuberculose et de son éradication.
Du point de vue de la santé publique, nous essayons encore de comprendre comment parler de la tuberculose et comment détecter la tuberculose active au sein de nos populations. Nous avons mené des projets de recherche. J'ai participé à l'un d'entre eux au Nunavut, appelé Taima TB dans le cadre duquel nous avons jumelé des infirmières en santé publique à des champions de la tuberculose du Nunavut. Ils ont fait du porte-à-porte dans les collectivités sur la base des renseignements démographiques dont nous disposions. Ils ont parlé aux gens de la tuberculose et leur ont demandé s'ils voulaient passer un test de dépistage. Cela s'est fait en inuktitut et dans un esprit communautaire.
La démarche a été très efficace. Il s'agissait d'un travail de santé publique en amont. La portion consacrée à la recherche nous a permis de comprendre son efficacité. Si nous devions consacrer de l'argent à l'éradication de la tuberculose, serait‑ce l'un des moyens de mettre en œuvre une approche de santé publique de nature communautaire pour réduire le taux au fil du temps? Cela nous a permis d'obtenir des renseignements précieux. Si nous nous étions contentés de dire: « Embauchons des infirmières en santé publique du Sud pour venir faire du porte-à-porte », nous n'aurions pas obtenu les mêmes résultats.
La volonté d'un chercheur principal de s'associer à des Inuits — dans ce cas, je travaillais à l'époque pour l'organisation Nunavut Tunngavik — et sa capacité à travailler avec nous sur chaque élément du projet, y compris l'organisation d'un festin communautaire et la communication des résultats à la communauté de façon concrète, peuvent créer une interaction positive entre la communauté et le projet de recherche.
Nous devons reconnaître que nous avons eu des interactions très négatives avec des chercheurs au fil du temps. Une partie de la construction de chacune de nos approches concertées de la recherche consiste à déstigmatiser la recherche, à être prudents dans la manière dont nous la menons, à adopter une approche centrée sur la collectivité et sur la personne, et à communiquer les résultats pour que les participants ne prennent pas connaissance de renseignements qui les concernent dans un article du Globe and Mail ou n'en entendent pas parler lors d'une conférence réunissant des chercheurs dans le Sud.
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J'ai parlé un peu plus tôt de la complexité et de la façon dont nous sommes découpés dans notre espace géopolitique en tant qu'Inuits, ce qui a créé quatre approches de recherche distinctes, qui s'inscrivent toutes, je dirais, dans une perspective inuite en apparence très similaire, mais tout à fait propre au territoire dans lequel les Inuits résident.
Il existe des pratiques exemplaires que nous pouvons utiliser, mais chacun de nos modèles de gouvernance réside principalement dans les provinces et les territoires à titre de partenaires, et de structures de recherche au sein de ces ressorts, plutôt que de partenariats de recherche à travers l'Inuit Nunangat du Nord au Nord.
Nous nous réunissons par l'entremise de l'ITK et nous assurons notre gestion de la recherche avec un comité national Inuit Qaujisarvingat. C'est le comité qui guide Carrie Grable et son travail, et qui guide ensuite notre conseil d'administration dans les décisions qu'il prend en matière de recherche, mais je dirais qu'il s'agit d'une fonction démocratique inuite au niveau technique supérieur, ce qui constitue, à mon avis, une pratique exemplaire, mais qui s'applique peu à votre question.
J'aimerais faire quelques commentaires à l'intention de nos nouveaux témoins.
Veuillez attendre que je vous nomme avant d'intervenir. Pour ceux qui participent par vidéoconférence, cliquez sur l'icône du microphone pour l'activer et veuillez vous mettre en sourdine lorsque vous ne parlez pas.
Pour l'interprétation pour ceux qui participent par Zoom, vous avez le choix au bas de votre écran entre le français, l'anglais et le parquet. Les personnes présentes dans la salle peuvent utiliser l'oreillette et utiliser le canal de leur choix.
J'ai maintenant le plaisir de souhaiter la bienvenue à Pippa Seccombe-Hett, vice-présidente de la recherche au Collègue Aurora qui se joint à nous par vidéoconférence. De SmartICE, nous accueillons Katherine Wilson, directrice de la coproduction des connaissances.
Nous accorderons un maximum de cinq minutes pour les déclarations liminaires, après quoi nous procéderons à des séries de questions.
Madame Seccombe-Hett, je vous invite à faire une déclaration liminaire d'au plus cinq minutes.
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Merci, madame la présidente.
Je suis heureuse d'avoir la chance de m'adresser à vous et de présenter le point de vue d'un établissement d'enseignement du Nord. Je travaille pour le Collègue Aurora, le collège communautaire public des Territoires du Nord-Ouest, et nous vous remercions d'inclure nos points de vue dans ces discussions.
Comme vous l'avez entendu au cours de ces séances, le Nord a toujours suscité un intérêt considérable chez les chercheurs et il continue d'attirer de plus en plus leur attention, surtout considérant les changements importants découlant des changements climatiques et leurs répercussions disproportionnées sur les écosystèmes et les populations du Nord et de l'Arctique. Cependant, historiquement, les habitants du Nord n'ont pas reçu les ressources nécessaires pour diriger les travaux scientifiques et la recherche dans la région, la majorité de ces travaux dans les Territoires du Nord-Ouest étant menés par des chercheurs provenant de l'extérieur de la région, généralement de ministères fédéraux et d'universités du Sud du Canada. Les fonds nationaux de recherche pour la science et les infrastructures sont principalement accessibles aux chercheurs universitaires et aux scientifiques du gouvernement fédéral. En l'absence d'une université dans les Territoires du Nord-Ouest pour ancrer ces fonds, les collectivités et les organisations du Nord ont été largement exclues, un constat à l'origine d'un sentiment d'injustice.
Lorsque j'ai commencé à travailler dans les Territoires du Nord-Ouest il y a 25 ans, j'ai passé beaucoup de temps à défendre les priorités de la recherche nordique, car les résidents du territoire n'avaient pas accès aux fonds, ce qui empêchait la région d'établir et de maintenir une capacité de recherche dans le Nord.
Une grande partie de la recherche menée dans les Territoires du Nord-Ouest a apporté des contributions considérables à la science et est précieuse aux échelles nationale, régionale et internationale, mais il subsiste un décalage entre la science à grande échelle dans l'Arctique et les préoccupations et priorités régionales en matière de recherche. Les temps ont certainement changé depuis que je travaille dans les Territoires du Nord-Ouest et de nombreuses nouvelles initiatives nationales et régionales visent à habiliter et à renforcer le leadership et les capacités de la recherche autochtone et nordique. Cependant, ce manque de leadership en matière de recherche et d'accès aux ressources persiste dans les Territoires du Nord-Ouest.
En tant que collège public des Territoires du Nord-Ouest, le Collège Aurora dispose d'un personnel de recherche sur tous ses campus et a maintenu une capacité de recherche interne minimale jusqu'à la dernière décennie, lorsque l'établissement est devenu admissible aux fonds des trois Conseils. Depuis lors, la capacité de recherche a vraiment commencé à se développer et à concrétiser la possibilité de mettre en place des programmes de recherche appliquée, en partenariat avec les collectivités, qui profitent aux collectivités nordiques et se concentrent sur les questions propres aux Territoires du Nord-Ouest.
Nous avons également été en mesure d'ancrer l'accès aux fonds de recherche pour nos partenaires autochtones et régionaux et d'accroître les collaborations avec les universités, ce qui a permis à la région d'accéder à des fonds, des mentorats et des partenariats nouveaux.
Le Collège Aurora est en train de se transformer en université polytechnique, et une partie de cette vision consiste à élargir cette orientation vers la recherche appliquée. L'accès à des fonds de recherche nationaux a conféré au Collège un rôle important pour la région et a ouvert de nouvelles possibilités de financement pour soutenir et développer la recherche nordique et le leadership en matière de recherche.
Du point de vue de l'infrastructure, le Collège Aurora exploite le Centre de recherche de l’Arctique de l’Ouest, un centre de recherche construit sur mesure à Inuvik, dans les Territoires du Nord-Ouest. Cette installation est le centre logistique de la recherche dans l'Arctique de l'Ouest. Il sert la collectivité, le Collège et le milieu de la recherche externe, qui comprend plus de 300 chercheurs régionaux, nationaux et internationaux chaque année.
Cependant, il n'existe aucune autre infrastructure de recherche de cette nature au Collège ou dans le territoire, et il y a un besoin criant d'une infrastructure de recherche partagée similaire pour faciliter les activités de recherche dans les régions du Centre et du Sud des Territoires du Nord-Ouest, surtout sur le campus de Yellowknife. L'absence d'une telle infrastructure constitue un obstacle aux programmes de recherche et à la création de partenariats de recherche pour le Collège et la collectivité de recherche nordique au‑delà du Collège.
En ce qui concerne la collaboration, les Territoires du Nord-Ouest disposent d'un processus d'autorisation des recherches pour examiner, suivre et contrôler l'activité de recherche régionale. Ce processus vise à atténuer le risque de préjudice lié à la recherche et à promouvoir les pratiques exemplaires et la communication entre les chercheurs et les habitants du Nord. Malheureusement, la loi est obsolète et insuffisante pour garantir que les chercheurs mobilisent les habitants du Nord et les Autochtones pour établir des collaborations et des relations de recherche constructives.
Des mécanismes plus robustes sont nécessaires pour garantir que les populations nordiques participent de manière appropriée, à des collaborations de recherche constructives, qui procurent des bénéfices à la collectivité, qui mettent en commun les connaissances de manière appropriée, qui respectent l'autodétermination des Autochtones en matière de recherche et qui renforcent les capacités de recherche nordique.
Cela dit, nous voyons de plus en plus de possibilités de renforcer le leadership de la recherche nordique au moyen d'examens de la recherche nordique, de la participation de conseils consultatifs, d'investissements considérables dans le renforcement des capacités et dans des collaborations de recherche solides et éprouvées. Toutefois, il reste encore beaucoup à faire pour accroître considérablement la capacité de recherche nordique.
Je vous remercie de m'avoir permis de m'adresser à vous, et je répondrai volontiers à toutes vos questions afin de contribuer aux travaux du comité permanent.
Je vous remercie de votre attention.
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Merci, madame la présidente.
M. Arreak a envoyé un message pour dire qu'il était désolé de ne pas pouvoir être présent aujourd'hui, mais il m'a donné la permission de lire son témoignage en son nom, ainsi qu'il suit.
Qujannamiik. Je vous remercie de m'avoir invité et de m'avoir demandé de vous parler aujourd'hui. Je m'appelle Andrew Arreak et j'habite à Pond Inlet. Je suis le chef des opérations de SmartICE au Nunavut pour la région Nord de Qikiqtaaluk.
Le changement climatique affecte l'état des glaces dans tout le Nord. La glace fond non seulement par le haut, sous l'effet de la chaleur du soleil, mais aussi par le bas, sous l'effet des courants océaniques chauds. Cela rend certaines conditions de glace imprévisibles pour ceux qui doivent les emprunter.
La glace est vitale pour les habitants du Nord. Nous l'empruntons pour nous rendre sur nos terrains de chasse et nos terrains de camping, et même pour aller voir notre famille et d'autres collectivités. Cela fait partie de notre identité.
SmartICE est une entreprise sociale dirigée par des Autochtones qui aide les collectivités à surveiller leurs propres conditions de glace et à partager ces renseignements avec leur communauté. SmartICE offre de la formation, des emplois et des renseignements sur la sécurité de la glace afin que nous puissions nous adapter à l'évolution de l'état des glaces et maintenir notre mode de vie. Nous utilisons les technologies les plus récentes pour surveiller l'épaisseur de la glace depuis le ciel, à l'aide de satellites, et en nous appuyant sur nos connaissances inuites.
Je vous parlerai aujourd'hui de la science et de la recherche arctiques du point de vue des collectivités, et j'aimerais insister sur quatre points importants.
Le premier est la nécessité pour les Inuits d'occuper des postes de direction. Le deuxième est la nécessité d'une formation élaborée en commun. Le troisième est la nécessité de créer des espaces de recherche adaptés à la collectivité. Le quatrième est la nécessité d'un financement continu.
Je vais développer chacun de ces points.
Chaque collectivité SmartICE dispose d'un comité local qui décide où et quand SmartICE fonctionne.
Mon comité à Pond Inlet s'appelle Sikumiut. Les membres sont des gens de la région qui ont grandi, vivent et circulent sur la glace. Certaines personnes peuvent penser que je suis le seul à prendre les décisions, mais en fait, je suis ce que décide Sikumiut. Il est important d'avoir des dirigeants locaux, car leurs connaissances inuites me guident dans les différentes zones que je dois surveiller selon la saison. Ils me guident aussi quant aux renseignements les plus importants à partager et à la manière de communiquer en utilisant notre dialecte et nos connaissances locales.
SmartICE propose différents types de programmes de formation. J'ai fait partie de plusieurs équipes qui ont participé à l'élaboration de la formation, car je sais que les Inuits aiment apprendre.
Toute notre formation est pratique. Elle se déroule dans la collectivité, de sorte que nous n'avons pas besoin de quitter nos familles. Nous n'avons pas besoin d'aller dans le Sud pour obtenir un diplôme occidental pour faire de la recherche. Nous avons également des programmes qui permettent aux Inuits de devenir la prochaine génération d'instructeurs. Je suis maintenant instructeur, ce qui me permet de dispenser cette formation en anglais ou dans ma langue, l'inuktitut.
Mon deuxième point est que la formation dans les collectivités doit être élaborée conjointement. En travaillant ensemble, nous pouvons mettre au point des programmes qui non seulement nous conviennent, mais qui ouvrent l'accès aux emplois, aux compétences et aux renseignements dont nos collectivités ont besoin. Nous avons montré que la capacité et l'intérêt existent, et que nous pouvons effectuer une grande partie de la recherche nous-mêmes, dans nos propres collectivités.
Troisièmement, nous avons besoin d'espaces de recherche propres à chaque collectivité. Dans ma collectivité, Pond Inlet, il y a une station de recherche et une autre est en cours de construction. Aucune de ces stations n'a été construite pour répondre aux besoins des collectivités en matière de recherche. Elles répondent aux besoins des chercheurs saisonniers du Sud, qui ne viennent que deux ou trois mois en été, alors que je travaille et vis dans la collectivité toute l'année. J'ai eu la chance d'obtenir un bureau en ville, mais je manque encore d'espace pour entreposer et réparer mon matériel. La plupart de mes collègues inuits n'ont pas de bureau et doivent travailler chez eux, dans des espaces surpeuplés, qui ne sont pas des conditions dans lesquelles on peut être très productif.
Je travaille pour SmartICE depuis ses débuts en 2015, et aujourd'hui, nous opérons dans 36 collectivités dans tout le Nord du Canada. SmartICE continue de se développer parce que nous fournissons aux collectivités du Nord des services que les gouvernements ou les universités n'offrent pas.
Les collectivités ne paient pas pour nos services. SmartICE soumet des propositions à diverses agences et organisations pour obtenir du financement. Cela prend beaucoup de temps, sans garantie que nous puissions continuer à fonctionner chaque année. Par conséquent, mon quatrième point consiste à souligner la nécessité pour les organisations nordiques telles que SmartICE de disposer d'un financement permanent afin de pouvoir continuer à fournir ces services importants à nos collectivités.
En conclusion, les habitants du Nord sont tout à fait capables de travailler dans les domaines de la science et de la recherche à condition qu'on leur en donne la possibilité, qu'ils participent à la direction et à la formation, et qu'ils disposent de l'espace et du financement adéquats.
Lorsque vous établissez un véritable partenariat avec les collectivités pour la science et la recherche, vous obtenez le soutien de la collectivité et toutes les parties concernées profitent du travail accompli.
Qujannamiik.
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Je vous remercie de votre question.
Le Centre de recherche de l'Arctique de l'Ouest à Inuvik a remplacé une infrastructure vieillissante créée par le gouvernement fédéral. Il a été financé par le Fonds pour l'infrastructure de recherche dans l'Arctique en 2009 et a ouvert ses portes en 2011. La demande de financement a été rédigée conjointement avec nos partenaires régionaux, c'est‑à‑dire notre gouvernement régional, le Conseil tribal des Gwich'in et la Société régionale inuvialuite.
Nous avons examiné ensemble les avantages de la présence du centre de recherche depuis 45 ans et nous avons conçu une vision de ce qu'il pourrait soutenir à l'avenir. C'est une installation partagée où nous pouvons mener des activités de sensibilisation à la science, à la technologie, à l'ingénierie et aux mathématiques avec les jeunes et les étudiants de la collectivité, soutenir les chercheurs de passage ainsi que les étudiants des collèges et nos chercheurs internes. C'est donc une installation partagée. Un personnel nombreux s'occupe des réservations et de la gestion de l'installation afin qu'elle soit accessible à tous, y compris aux collectivités et aux groupes régionaux, nationaux et internationaux.
Ce centre dispose de laboratoires spécialisés. Il a des ateliers. Nous pouvons ainsi compenser une grande partie du coût des chercheurs du Sud qui viennent travailler dans la région. Qu'il s'agisse de manutention de marchandises, de services de laboratoire, d'eau, d'espaces de réunion ou d'autre chose, il faudrait quelque chose de semblable, voire de plus grand, dans le Sud des TNO ou dans le Centre-Sud des Territoires du Nord-Ouest, car il n'y a aucune infrastructure de ce genre.
Mais je pense que l'élément commun est que la collectivité englobe les possibilités d'éducation ainsi que la communauté de recherche externe, de sorte que c'est une infrastructure partagée.
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Merci, madame la présidente.
Encore une fois, nous en sommes au stade de l'étude où nous essayons de formuler des recommandations pour le gouvernement en ce qui concerne la recherche dans l'Arctique. De nombreux témoins nous ont parlé des difficultés rencontrées en raison du manque de coordination et, essentiellement, de l'absence de priorités de recherche ciblées du gouvernement fédéral pour l'Arctique.
Pensez-vous que le Comité devrait recommander au gouvernement d'élaborer une sorte de stratégie de recherche coordonnée et propre à l'Arctique, qui pourrait à la fois faciliter la coordination entre les différents acteurs intéressés par la recherche sur l'Arctique, et aider à concentrer le financement du gouvernement sur les domaines prioritaires essentiels?
Je vais commencer par entendre Mme Wilson, puis je demanderai une réponse du Collège Aurora.
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Merci, madame la présidente.
C'est une autre séance très intéressante. Nous en apprenons toujours plus sur le Nord, sur ses forces, sur les possibilités qu'il offre et sur certaines de ses faiblesses.
Je commencerai par Mme Wilson.
Dans votre déclaration liminaire, vous avez parlé de quatre domaines sur lesquels nous devons nous concentrer et que nous devons renforcer. Je considère que ce sont des recommandations, mais je m'interroge sur leur ordre. Si nous avions une baguette magique aujourd'hui, où commencerions-nous à renforcer les capacités et à nous concentrer sur davantage de projets et de recherches dont les concepts sont à la fois autochtones et occidentaux, fusionnés dans le cadre d'une approche à deux yeux, comme nous l'appelons chez nous au Cap-Breton? Je me demande où nous pourrions commencer à investir.
J'ai une autre question. Vous avez parlé de projets axés sur... Dans le monde des organisations à but non lucratif, on a tendance à toujours se concentrer sur des projets, qu'ils portent sur la recherche ou non, en raison du travail et aussi pour aider à financer les opérations. En ce qui concerne vos activités, disposez-vous actuellement d'un financement stable qui vous permet de souffler un peu et de vous concentrer sur d'autres domaines?
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En bref, non, nous n'avons pas de financement stable. Une grande partie du financement de la recherche est axée sur des projets pilotes et les résultats, au lieu d'investissements à long terme.
Pour ce qui est de l'enchaînement des quatre points dont nous avons parlé, je commencerais dans l'ordre où ils ont été présentés dans l'exposé, à savoir travailler avec les dirigeants et à l'échelle de la collectivité pour comprendre leurs intérêts envers la recherche axée sur la collectivité. Honnêtement, très souvent, leurs questions sont des questions globales qui remontent.
Pour en revenir à la formation et à l'emploi, bien des personnes avec qui je travaille sont de très jeunes parents et, même s'il y avait une université à Iqaluit, ils ne quitteraient pas leur collectivité pour Iqaluit, ne quitteraient pas leur famille, parce qu'ils ont besoin de ce soutien. Je ne recommanderais pas d'adopter une approche partant du Sud en ce qui concerne les universités, mais plutôt de penser à une formation différente pour qu'ils puissent faire la recherche eux-mêmes.
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Merci, madame la présidente.
Mes prochaines questions s'adressent à Mme Seccombe‑Hett, du collège Aurora.
Madame Seccombe‑Hett, en tant que représentante d'un collège situé dans l'Arctique, vous êtes bien placée pour savoir comment faire de la recherche avec les communautés sur place et déterminer quels sont les besoins en matière de recherche.
J'aimerais avoir vos commentaires concernant le financement de la recherche.
Quelle est la situation quant aux besoins en matière de recherche dans l'Arctique au collège Aurora?
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Je vous remercie. C'est tout le temps que nous avions.
Merci beaucoup à nos deux témoins, Pippa Seccombe-Hett et Katherine Wilson, pour leur témoignage et leur participation à l'étude du Comité sur la science et la recherche dans l'Arctique canadien en lien avec le changement climatique. Vous pouvez vous adresser au greffier si vous avez des questions, et vous pouvez également soumettre des renseignements supplémentaires par l'intermédiaire du greffier.
Les témoins peuvent maintenant quitter la salle. Je vous remercie de nouveau.
Mesdames et messieurs les députés, la réunion d'aujourd'hui met fin à la partie de notre étude consacrée aux témoignages. Lors de la réunion de jeudi, nous donnerons des instructions de rédaction à nos analystes et nous fixerons une date limite pour la présentation des mémoires sur l'étude de la science et de la recherche dans l'Arctique canadien.
Lors de la réunion de jeudi, nous débattrons également des travaux du Comité.
En plus d'autres points, je sais que nous devons approuver un budget pour notre prochaine étude sur les plastiques. Nous envisageons de commencer mardi prochain l'étude sur l'innovation, la science et la recherche en matière de recyclage des plastiques. Le greffier s'est employé à confirmer la présence de fonctionnaires du ministère à la première réunion de l'étude.
Le Comité souhaite‑t‑il lever la séance?
Des députés: Oui.
Le président: La séance est levée.