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Merci, madame la présidente.
Le gouvernement du Nunatsiavut est une administration régionale autonome inuite établie en vertu de l'Accord sur les revendications territoriales des Inuits du Labrador, qui avait été signé en 2005 par le Canada, Terre-Neuve-et-Labrador et l'Association des Inuits du Labrador.
Même si le Nunatsiavut continue à faire partie de Terre-Neuve-et-Labrador, son gouvernement contrôle beaucoup de secteurs centraux de gouvernance, dont la santé, l'éducation, la culture et la langue, la justice et les affaires communautaires. Le gouvernement du Nunatsiavut se fonde sur une série de principes fondamentaux découlant de la constitution des Inuits du Labrador. Ces principes reflètent notre attachement de base à la démocratie et à l'égalité, à la préservation de notre culture et de notre langue, à l'édification d'une société saine et d'une économie durable et à la sauvegarde des terres, des eaux, des animaux et des végétaux de notre territoire ancestral.
Le gouvernement du Nunatsiavut fonctionne à deux niveaux distincts, mais interdépendants: le niveau régional et le niveau communautaire. En vertu de la loi précédente, toutes les eaux navigables par canot étaient protégées par défaut. Les changements apportés par la Loi d'exécution du budget de 2012 ont modifié l'approche de protection des voies navigables en prévoyant de les énumérer seulement dans une annexe de la Loi sur la protection de la navigation. Au Nunatsiavut, territoire des Inuits du nord du Labrador, la Loi ne protège actuellement que deux étendues d'eau: l'océan Atlantique et le lac Melville. Cette loi, adoptée sans consulter le gouvernement du Nunatsiavut, a supprimé la protection de quelque 15 000 lacs et 2 600 rivières que les Inuits du Labrador utilisent à des fins de transport aussi bien l'été que l'hiver depuis des temps immémoriaux.
En vertu de l'ancienne loi, ces lacs et rivières étaient protégés par défaut, ce qui correspondait de très près aux pratiques inuites traditionnelles consistant à protéger l'ensemble des terres et des ressources, de ne prendre que ce dont on a besoin et d'utiliser tout ce qu'on a pris. En limitant la protection à l'océan Atlantique et au lac Melville, le gouvernement du Canada a cessé de protéger nos terres et nos eaux.
L'Accord sur les revendications territoriales des Inuits du Labrador prévoit de tenir compte du principe de précaution dans les décisions relatives à la gestion des ressources. La suppression de la protection de 99,99 % de nos eaux ne reflète ni le principe de précaution ni une gestion environnementale responsable.
Le gouvernement du Nunatsiavut demande au gouvernement du Canada de rétablir les mesures de protection supprimées relatives aux eaux du Canada, y compris les eaux navigables du Nunatsiavut. S'il est envisagé d'apporter un changement quelconque à ce régime — celui qui existait en 2005 lors de la signature de l'accord de règlement de nos revendications territoriales —, le gouvernement du Canada doit consulter les Inuits et tenir compte de leurs droits.
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Je voudrais commencer par remercier la présidente et les membres du Comité d'avoir invité le Ralliement national des Métis à comparaître devant le Comité aujourd'hui.
Le Ralliement national des Métis représente 350 000 à 400 000 Métis de l'Ontario et des provinces de l'Ouest. Les Métis sont l'un des peuples autochtones du Canada. Ce ne sont pas simplement des sangs mêlés issus de l'union d'Européens et de membres des Premières Nations. Nous sommes un peuple unique qui se distingue aussi bien des Européens que des Premières Nations: nous formons la nation métisse. Le territoire de l'ancien Nord-Ouest est aujourd'hui le territoire de la nation métisse.
Le Ralliement national des Métis a été constitué pour représenter la nation métisse au Canada et au niveau international. Il se compose de cinq organismes dirigeants provinciaux: la Nation des Métis de la Colombie-Britannique, la Nation des Métis de l'Alberta, la Nation des Métis de la Saskatchewan, la Fédération des Métis du Manitoba et la Nation des Métis de l'Ontario.
Nous nous efforçons de régler les problèmes liés à l'eau sur une base régionale ainsi qu'à l'échelle nationale pour toutes les questions touchant la politique. Encore une fois, sommes très reconnaissants au Comité de nous avoir donné l'occasion de participer à l'important travail qu'il fait aujourd'hui. Le Ralliement national des Métis a quelques recommandations à présenter au Comité.
Premièrement, il est nécessaire que le Canada adopte et mette en oeuvre le mode de pensée postcolonial dont fait état la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones, à savoir que la nation métisse a un intérêt dans les terres, les ressources et les voies navigables qui se trouvent dans son territoire traditionnel ou qui passent à travers.
Les Métis ont de nombreuses revendications territoriales non réglées découlant de la spoliation historique de leurs territoires traditionnels. L'un de nos objectifs est de chercher à négocier un règlement à cet égard. Entretemps, il y a des répercussions sur nos terres traditionnelles, que le Canada ne reconnaît pas toujours comme telles et qui ne font pas l'objet de consultations. Les conséquences ne sont pas étudiées et ne sont même pas connues. Les intérêts juridiques et culturels ayant trait aux voies navigables ainsi que les incidences du développement sur ces intérêts nous inquiètent beaucoup.
Le règlement de ces revendications en suspens fait partie du processus de réconciliation imposé par l'article 35 et la classe 24 de l'article 91 des Lois constitutionnelles de 1867 à 1982, processus qui, nous l'espérons, se fondera sur l'approche de nation à nation et de gouvernement à gouvernement que le présent gouvernement a si fortement préconisée et que nous appuyons pleinement.
Nous devons veiller à ce que les modes de vie traditionnels et les cultures des peuples autochtones soient pris en compte, y compris le mode de vie des Métis. Nous devons également mettre en place des processus visant à faire participer les peuples autochtones à la définition des régions délicates où la navigation joue un rôle central et à tenir compte des connaissances traditionnelles, scientifiques et culturelles des Métis lors de l'évaluation de ce qui constitue une importante ingérence. À notre avis, l'obligation de consulter l'impose.
Je conviens avec ma collègue, Mme Hoyt, qu'il est nécessaire de rétablir la protection de toutes les eaux navigables au Canada. Si des changements ou des modifications sensibles de cette approche sont envisagés, la nation métisse devrait être consultée sur leur mise en oeuvre et sur la façon de les inscrire dans l'annexe.
Nous considérons la Loi sur la protection de la navigation comme un élément important de la protection de l'environnement. À notre avis, il existe des processus parallèles d'examen de la législation de protection environnementale au niveau fédéral. C'est là un important aspect de cet examen.
Nous avons contribué à la modification de la Loi canadienne sur l'évaluation environnementale. Toutes importantes qu'elles soient, nos recommandations relatives à cette loi n'auraient pratiquement aucune valeur en l'absence d'un travail parallèle sur la mesure législative que nous examinons.
L'obligation de consulter n'est déclenchée que si des travaux touchant une voie navigable protégée sont entrepris. Si une voie navigable passant par notre territoire traditionnel n'est pas jugée protégée ou assujettie à cette mesure législative, il n'y aura pas de consultations et nous n'aurons pas la possibilité de présenter notre point de vue pour protéger nos droits ancestraux relatifs à l'eau.
Le gouvernement fédéral, les provinces et les municipalités ont une responsabilité conjointe en matière d'environnement. La nation métisse devrait également avoir des pouvoirs à cet égard. À notre avis, la loi devrait le prévoir et nous conférer des pouvoirs conformes aux principes énoncés dans la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones. Le gouvernement fédéral doit maintenir son engagement à faire pleinement participer les peuples autochtones et, en particulier, la nation métisse à l'examen des questions qui les touchent. Le leadership fédéral demeure essentiel.
Beaucoup des problèmes qui se posent peuvent être réglés dans le cadre du processus de la Loi canadienne sur l'évaluation environnementale. Nous voulons bien sûr être efficaces et éviter les chevauchements. Pour les peuples autochtones, les voies navigables constituent un gagne-pain. Ils y font la pêche pour leur propre alimentation et à des fins commerciales. C'est là une caractéristique centrale de la nation et des collectivités métisses. Nous devons donc être consultés lors de l'évaluation des modifications législatives pour que la loi puisse protéger et valoriser le mode de vie des Métis.
Je remercie encore le Comité de nous avoir donné la possibilité de présenter notre point de vue. Je serai heureux de répondre à toute question que vous auriez à me poser.
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Bonjour, madame la présidente, messieurs les vice-présidents, membres du Comité, mesdames et messieurs. Je m'appelle Kim Beaudin. Je suis le vice-président national du Congrès des Peuples Autochtones. Je suis heureux d'avoir l'occasion de m'adresser à vous depuis la ville de Saskatoon.
Je voudrais d'abord noter que le Comité siège à Ottawa sur le territoire traditionnel algonquin et que je m'adresse à vous aujourd'hui depuis le territoire traditionnel du Traité no 6.
J'aimerais aussi remercier le Comité permanent des transports, de l'infrastructure et des collectivités et le gouvernement du Canada d'avoir donné au CPA l'occasion de se faire entendre au sujet de cette importante mesure législative. Notre chef national, Robert Bertrand, m'a demandé d'assister à la réunion du Comité chargé d'étudier les modifications proposées de la Loi sur la protection de la navigation.
Depuis 1971, le CPA, qui était auparavant connu sous le nom de Conseil national des autochtones du Canada, s'est engagé à défendre les droits des Indiens inscrits et non inscrits vivant hors réserve, des Métis et des peuples inuits du Sud. Nous représentons également, au niveau national, les organisations affiliées provinciales et territoriales. Le congrès représente donc une importante partie des peuples autochtones du Canada. On estime, à l'heure actuelle, que plus de 70 % des Autochtones vivent hors réserve.
Depuis plus de 45 ans, le CPA s'est engagé à affronter les problèmes environnementaux et à leur trouver des solutions. Nos gens vivent un peu partout dans d'innombrables régions urbaines, rurales et éloignées. Nous partageons tous collectivement le lien avec la terre et nos voies navigables. Ce lien est profondément enraciné dans l'histoire de nos peuples et du pays depuis des centaines d'années. Il est vraiment vital pour tous les peuples autochtones, en fait pour tous les Canadiens, de ne pas rompre ce lien.
Les modifications de la Loi sur la protection de la navigation sont importantes pour les peuples autochtones parce qu'elles laissent essentiellement sans protection des millions d'étendues d'eau. La majorité des voies navigables échappant maintenant à l'application de la Loi, le gouvernement n'a pas à intervenir dans la plupart des projets de développement, ce qui le soustrait à l'obligation de procéder à des consultations.
La Première Nation crie Mikisew du nord de l'Alberta avait contesté les modifications apportées aux mesures législatives environnementales telles que la Loi sur la protection de la navigation. La décision rendue dans l'affaire Première Nation crie Mikisew c. Canada était remarquable parce qu'elle établissait l'existence d'une obligation de consulter beaucoup plus étendue que celle qu'avaient reconnue jusque-là les tribunaux canadiens, non seulement lorsque des travaux matériels sont proposés, mais aussi lorsque le Parlement ou une assemblée provinciale envisage de modifier des mesures législatives d'une manière qui porte atteinte aux droits des peuples autochtones.
Au sujet des changements proposés à la Loi sur la protection de la navigation, le CPA tient à souligner que le gouvernement fédéral a la responsabilité de prendre contact et de tenir des consultations avec tous les peuples autochtones. Ce sont des tribunes telles que les audiences du Comité qui permettent à des organisations autochtones comme le congrès de parler au nom de leurs membres.
Le congrès estime qu'il existe actuellement trois moyens auxquels le gouvernement fédéral peut recourir pour assurer la réconciliation grâce à un processus ouvert d'engagement et de consultation: les 94 appels à l'action proposés par la Commission de vérité et réconciliation, la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones et la victoire historique remportée par le CPA en avril dernier devant la Cour suprême du Canada dans l'affaire Daniels c. Canada. L'arrêt rendu par la Cour reconnaît en effet aux Métis et aux Indiens non inscrits le statut d'Indiens en vertu de l'article 91.24 de la Loi constitutionnelle et confirme la responsabilité fiduciaire du gouvernement fédéral à cet égard.
Dans l'arrêt Daniels, la juge de la Cour suprême Rosalie Abella a déclaré: « À mesure que le rideau continue de se lever sur l'histoire des relations entre le Canada et ses peuples autochtones, de plus en plus d'iniquités se font jour et des réparations sont instamment réclamées. »
Une occasion de réparation réside dans la possibilité très réelle que le gouvernement fédéral et le congrès se rapprochent dans le cadre d'une réconciliation progressive prenant la forme d'un processus d'engagement et de consultation. On trouve un exemple positif de consultation réussie dans le cas de la Loi de 2002 sur les espèces en péril. Il s'agit d'une loi fédérale dont la conception et la présentation au Parlement se sont faites en étroite collaboration avec les peuples autochtones. Le CPA avait activement participé au processus, ce qui avait permis d'intégrer les connaissances traditionnelles autochtones, ou CTA, dans les évaluations particulières devant aboutir à des décisions. Une liste des détenteurs de CTA a été établie, donnant la possibilité aux peuples et aux collectivités autochtones de participer activement aux décisions. Grâce à ces processus, le Canada, de concert avec les peuples autochtones, a pris des engagements concrets dans le cadre de la Convention des Nations unies sur la diversité biologique.
À cet égard, le CPA demande, en vue d'une protection adéquate de nos voies navigables, que le processus de réconciliation entre le gouvernement et les peuples autochtones continue de prendre racine et de se développer jusqu'à ce qu'il englobe tous nos gens, y compris ceux qui vivent hors réserve.
Nos peuples ainsi que les générations qui les ont précédés et celles qui les suivront vivent de la terre depuis des siècles. Ils savent ce qui marche et ce qui ne marche pas en matière de mesures et de politiques et ce qui peut le mieux servir les intérêts de tous les Canadiens. Pour eux, la terre et les voies navigables sont sacrées. Pour des milliers et des milliers d'entre eux, c'est un mode de vie, qu'ils se livrent à l'agriculture, à la récolte, à la chasse ou à la pêche.
Les Autochtones qui vivent hors réserve au Canada constituent une mine de connaissances et de sagesse en matière d'environnement. Ils ont la capacité et le désir d'aider le gouvernement à trouver des solutions efficaces aux problèmes climatiques qui seront avantageuses pour tous les Canadiens.
J'aimerais dire au gouvernement du Canada que le CPA est prêt à collaborer avec le gouvernement fédéral ainsi qu'avec les gouvernements provinciaux et territoriaux pour trouver des solutions concrètes, rationnelles et mutuellement avantageuses permettant de faire de la Loi sur la protection de la navigation un instrument inclusif qui bénéficie à tous les peuples autochtones du Canada, qu'ils vivent dans des régions urbaines, rurales ou éloignées.
La gestion et la protection des voies navigables de notre pays sont et resteront essentielles pour tout le monde: nous, nos familles et nos enfants.
Je voudrais vous remercier de m'avoir donné l'occasion de m'adresser à vous aujourd'hui. Meegwetch.
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Madame la présidente, je peux dire au nom du Ralliement national des Métis que nous ne considérons certainement pas cette réunion comme une consultation, pas plus que ne l'était notre participation à l'examen de la Loi canadienne sur l'évaluation environnementale. Ce processus comprenait un examen très approfondi. Comme ma collègue, Mme Hoyt, je suis membre du comité consultatif multilatéral. Nous avons explicitement exprimé le même point de vue.
Je pense que ce point particulier constitue l'un des défis que nous devons affronter aujourd'hui. Nous n'avons pas de propositions de modifications à examiner. Il m'est donc particulièrement difficile de vous dire, au nom du Ralliement national des Métis, que nous ne savons pas ce que vous envisagez de faire, mais que c'est ainsi que nous pourrions réagir à d'éventuels changements.
Je crois qu'il serait important de prévoir, dans le cadre de tout changement, des consultations avec le Ralliement national des Métis et la nation métisse et, en particulier, avec nos membres dirigeants.
Je vous remercie.
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Je remercie tous les témoins de leur présence au Comité.
Je tiens à mentionner tout d'abord qu'après coup, vous penserez probablement à certaines choses que vous n'avez pas pu inclure dans votre réponse. Je vous invite donc à nous présenter par écrit vos idées, vos réflexions et vos recommandations. Ainsi, nous les aurons officiellement et nous pourrons en tenir compte lorsque viendra le moment de formuler nos recommandations à la fin de cette étude.
L'une des principales questions que nous avons examinées ici ainsi qu'à un autre comité, c'est que les changements ont été faits pour une raison. C'est principalement pour que les travaux d'utilité publique puissent se faire d'une façon plus fiable, plus rapide et moins coûteuse. Compte tenu de ce que nous avons entendu jusqu'ici, les préoccupations semblent porter surtout sur ce qui pourrait arriver par suite des changements.
Y en a-t-il parmi vous qui connaissent des exemples précis d'incidents attribuables aux changements que vous auriez voulu éviter ou face auxquels vous avez eu l'impression d'être tout à fait impuissants? Avez-vous des exemples précis d'obstacles à la navigation découlant de la suppression de la protection des cours d'eau?
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Cette question s'adresse à vous ainsi qu'à M. Vermette.
Le concept des relations de nation à nation implique non seulement de suivre ce qui se passe au jour le jour au fur et à mesure que des projets sont envisagés, mais aussi d'établir ensemble à l'échelle macro-économique un cadre de consultation à mettre en oeuvre à l'avenir.
Comme vous l'avez noté, cette réunion ne constitue pas en soi une consultation, mais, à votre avis, que doit comprendre une bonne consultation? Vous pouvez répondre brièvement, mais, encore une fois, je vous encourage à développer par écrit votre réponse concernant le cadre à établir et à nous la faire parvenir.
Monsieur Vermette.
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Merci, madame la présidente.
Je souhaite la bienvenue à chacun des invités et les remercie de leur présence parmi nous aujourd'hui.
Leur expertise est particulièrement importante pour nous ce matin puisque, malgré tout l'amour que je puisse avoir pour la nature, je demeure un citadin. Leur mode de vie, qui est nettement plus en relation avec la nature, nous apporte vraisemblablement un tout autre éclairage à ce sujet.
Ma première question s'adresse à M. Beaudin.
Si j'ai bien compris vos propos préliminaires, vous avez mentionné que la consultation de 2002 sur les espèces menacées a été réussie. En quoi cette consultation précise était mieux réussie que celles qui ont eu lieu par la suite?
Je peux parler de ma propre expérience avec les quatre groupes de travail chargés d'élaborer le Cadre pancanadien sur le changement climatique.
Pour le Ralliement national des Métis, c'est un problème de ne pas siéger au sein de ces groupes de travail parce que cela signifie que nous sommes constamment à la traîne. Nous assistions à des réunions, mais nous ne disposions pas d'une information complète. Nous recevions l'information la plus complète que nous puissions obtenir, mais nous avions toujours un retard de deux à quatre semaines. Lorsque certains de ces processus sont raccourcis à l'approche d'une échéance ou pour permettre au gouvernement d'honorer ses engagements, je crois qu'il est très important de disposer de tous les renseignements possibles afin d'être en mesure de prendre des décisions efficaces et responsables. Notre gouvernement métis essaie donc d'être aussi bien informé que le gouvernement du Canada lorsqu'il prend des décisions.
Nous voulons par conséquent être adéquatement informés et disposer d'un temps suffisant pour mener à bien nos propres processus internes et pour veiller à ce que les décisions soient à la fois transparentes, responsables et adaptées à la situation.
Je vous remercie.
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Je vais essayer d'explorer un peu plus à fond les questions qui se posent.
Dans sa forme actuelle, la Loi sur la protection de la navigation exige du gouverneur en conseil de s'assurer que l'inscription d'un nouveau cours d'eau dans l'annexe sert des intérêts économiques nationaux ou régionaux, qu'elle est dans l'intérêt public ou qu'elle a été demandée par une administration locale. C'est le point que je veux approfondir. Je vais y revenir dans quelques instants.
Transports Canada compte sur les consultations menées par les promoteurs pour démontrer que l'ajout d'un cours d'eau correspond à la volonté des parties susceptibles d'être touchées.
J'ai trois questions à poser. Certaines ont déjà fait l'objet d'une réponse, mais je veux aller plus loin pour être en mesure de formuler une bonne recommandation sur la base de la discussion d'aujourd'hui.
Premièrement, quels changements voudriez-vous apporter au processus? La question s'adresse aux trois témoins.
L'une des raisons pour lesquelles je vous pose la question, c'est que je ne sais pas vraiment si les paliers de gouvernement autochtones ont la même possibilité que les gouvernements provinciaux ou les administrations locales de demander des ajouts. C'est pour cela que j'étais curieux de savoir si on ne vous a jamais expliqué la marche à suivre.
Si l'annexe était maintenue telle quelle, je la trouverais encombrante. Il est difficile d'ajouter des cours d'eau à la liste. À votre avis, serait-il possible de trouver un moyen de permettre aux utilisateurs ou aux groupes autochtones de présenter une simple demande d'ajout provisoire en attendant une enquête complémentaire, sans pour autant modifier l'ensemble de la liste? Pouvez-vous penser à un mécanisme quelconque qui, sans bouleverser tout le système, rendrait plus facile pour vos organisations de demander la protection des cours d'eau que vous utilisez à des fins de navigation?
Madame Hoyt.
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Merci beaucoup, madame la présidente.
Merci à vous tous d'être ici ce matin pour cette étude du Comité sur une possible révision de la Loi sur la protection de la navigation.
Comme vous, dès le départ, j'ai été très étonné de la manière dont le Comité a amorcé l'étude de la Loi sur la protection de la navigation. Nous étudions présentement des modifications à venir, des modifications que le gouvernement semble déjà avoir décidé d'apporter sans qu'on nous les ait communiquées, ce qui inquiète notre parti.
En fait, à plusieurs reprises, le et le ont très clairement signifié qu'ils souhaitaient apporter des modifications à la Loi et rétablir des protections qui étaient prévues dans l'ancienne version de la Loi, avant les dernières modifications.
Parallèlement, le s'était engagé, dans la lettre qu'il avait adressée au Comité, à entreprendre de son côté des consultations avec les communautés autochtones et avec les différents groupes concernés. À notre grande surprise, lors de sa comparution devant le Comité, le ministre des Transports a écarté ces consultations du ministère des Transports lui-même dans le but de connaître les attentes et les besoins, pour plutôt tenir une consultation plus officielle en vue de justifier des changements éventuels à la Loi sur la protection de la navigation.
Avec mes collègues, j'ai eu plusieurs occasions de citer différents extraits de lettres qui nous ont été envoyées par le ministre, alors je ne reviendrai pas là-dessus. Cependant, je suis un peu surpris de constater que même Transports Canada a décidé de faire des audiences de notre comité les consultations officielles de Transports Canada. J'ai une courte expérience comme parlementaire, mais je n'ai pas vu cela souvent.
Dans une lettre, l'avocate de la nation Heiltsuk dit ceci:
Je vous écris parce que le sous-ministre Michael Keenan a invité la cheffe Marilyn Slett à réitérer le fait que la première nation souhaite comparaître devant le Comité permanent des transports.
Donc, le sous-ministre demande à une cheffe de réitérer son souhait de comparaître devant le Comité, plutôt que de demander directement à la nation de transmettre ses commentaires aux fonctionnaires de Transports Canada. J'avoue que cela est très surprenant.
Je cite une phrase d'une autre lettre, signée celle-là par M. Keenan:
[...] nous communiquerons avec le Comité pour l'inciter à entendre ce que les Premières Nations côtières et la Première nation Heiltsuk ont à dire.
Donc, vous comprenez un peu notre étonnement face au processus. Nous aurions aimé pouvoir discuter de vos propositions et proposer des changements éventuels à la Loi. En effet, il a clairement été dit, à plusieurs reprises, que le allait effectuer des changements à la Loi. Nous aurions aimé entendre ce que vous avez à dire sur ces modifications.
Madame Hoyt, je retiens ce que vous avez dit tout à l'heure concernant le nombre de demandes d'avis sur les différents changements. Cela doit être très difficile, pour une petite organisation comme la vôtre, d'en suivre le déroulement, comparativement à cette grosse machine qu'est le gouvernement fédéral. Vous devez également faire affaire avec les communautés locales et provinciales. Donc, j'imagine que le fait de revenir devant le Comité pour réitérer vos commentaires sur cette question ajoutera une charge de travail à votre communauté.
J'écoutais vos préoccupations concernant la protection des voies navigables, qui m'apparaissent tout à fait légitimes. Selon vous, est-ce qu'une révision des mesures de protection comme celle-là aurait nécessité que Transports Canada tienne une plus grande consultation directement auprès de vos communautés?
Madame Hoyt, vous pouvez peut-être répondre la première.
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Madame la présidente, je tiens à dire, avec tout le respect que je vous dois, que je suis un peu choqué par les commentaires de mon collègue, Luc Berthold. Je sais que ces témoins n'ont pas été consultés auparavant.
Cela dit, je voudrais passer aux dispositions de la Loi sur la protection de la navigation concernant le choix et la renonciation. Je m'intéresse particulièrement à ces dispositions parce que je crois vraiment qu'elles illustrent l'incertitude introduite par cette loi.
Conformément à la LPN, les propriétaires d'ouvrages établis dans des eaux autres que celles de l'annexe ne sont plus autorisés à renoncer au régime de la loi cinq ans après l'entrée en vigueur des modifications. Avez-vous connaissance d'ouvrages dont les propriétaires ont profité de cette occasion? À votre avis, les eaux navigables sont-elles menacées en cas de renonciation?
Andrea, pouvez-vous répondre en premier, s'il vous plaît?
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Merci, madame la présidente.
Je voudrais commencer par remercier les témoins de leur présence aujourd'hui. Je tiens à leur dire que, contrairement à ce que dit mon collègue Luc Berthold, une consultation ne se limite pas à une seule rencontre. De vraies consultations impliquent l'établissement de relations. Nous espérons que c'est à cela qui mènera ce processus.
[Français]
Puisque vous vous êtes déplacés pour être avec nous ce matin, j'aimerais vous donner l'occasion de nous faire part de votre vision et de vos attentes à l'égard des consultations au sujet de la Loi sur la protection de la navigation.
Cette réunion-ci est le début du processus. C'est l'occasion de nous faire part de vos recommandations avant que des changements soient suggérés. C'est l'inverse de ce que mon collègue a dit précédemment. Nous voulons connaître vos recommandations avant de proposer quoi que ce soit. Je vous laisse donc le soin de nous en faire part.
Je vous remercie encore une fois d'être venus nous rencontrer ce matin.
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Merci, madame la présidente.
Je crois qu'il faudrait être sourd pour ne pas entendre que vous souhaitez voir l'ensemble des cours d'eaux être réintégrés par défaut dans la Loi. Je pense aussi entendre très clairement que, selon vous, le processus d'étude environnementale devrait se déclencher automatiquement lorsqu'il y a un projet d'infrastructure sur un cours d'eau. Cependant, il semble que vous soyez ouverts à l'idée que le processus d'étude environnementale soit lié à l'importance de l'infrastructure. C'est donc dire que ce processus n'aurait pas à être identique pour tous les types de projet. Pour ce qui est des projets majeurs, nous pourrions parler notamment des projets de pipelines qui sont appelés à traverser de très nombreux cours d'eaux dans l'ensemble du pays.
À votre avis, qui devrait être en charge de l'étude environnementale liée à ces projets majeurs? Croyez-vous que cette responsabilité devrait incomber au ministère des Transports ou êtes-vous d'accord pour qu'elle soit assumée par l'Office national de l'énergie?
Je vous invite à répondre à tour de rôle. Comme le veut la façon de procéder que nous avons matin, nous pourrions commencer par entendre Mme Hoyt.
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Je vous remercie de votre question.
Le Congrès des peuples autochtones préférerait qu'un seul organisme s'occupe des modifications ou recommandations attendues. Nous constatons en général que si deux ou trois comités ou organismes différents étudient différents changements à apporter à la loi ou s'occupent par exemple de l'approbation d'un pipeline, c'est un peu comme une grande mêlée dans une partie de football. Différents intervenants se renvoient la balle, et on n'est jamais sûr de savoir qui prendra la décision.
Bien entendu, comme vous le savez, la question des pipelines est constamment évoquée dans les actualités partout au Canada. Elle s'étend maintenant aux États-Unis. Il est donc important qu'un seul organisme s'en occupe.
Nous avons l'intention d'examiner cette question et de transmettre une réponse officielle au gouvernement fédéral. J'estime qu'il s'agit d'une question vraiment importante. Je vous remercie de l'avoir soulevée.