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Je déclare ouverte cette réunion du Comité permanent des transports, de l'infrastructure et des collectivités en cette première session de la 42
e législature.
Conformément au paragraphe 108(2) du Règlement, nous poursuivons notre étude sur la sécurité aérienne.
Nous sommes heureux d'accueillir les témoins suivants: M. Glenn Mahon, directeur des opérations de l'aéroport international de St. John's, qui représente l'Association des aéroports du Canada atlantique; M. Steve Maybee, vice-président des opérations des aéroports d'Edmonton, qui représente le Conseil des aéroports du Canada; et M. Harry Gow, qui est ex-président national de Transport Action Canada.
Bonjour à vous tous.
Sans plus tarder, je cède la parole aux témoins.
Monsieur Mahon, voulez-vous prendre la parole en premier?
Vous disposez de cinq minutes.
Monsieur le président, membres du Comité, au nom des aéroports du Canada atlantique, permettez-moi de vous dire que je suis très heureux d'être ici aujourd'hui pour prendre part à votre étude sur la sécurité aérienne. L'Association des aéroports du Canada atlantique compte 12 membres qui assurent la quasi-totalité du transport de passagers et de fret dans nos quatre provinces.
Je m'appelle Glenn Mahon et je suis directeur de l'exploitation à l'Aéroport international de St. John's. Bien que nous soyons un aéroport de taille moyenne à l'échelle internationale, nous sommes en fait le deuxième aéroport en importance dans la région, après Halifax, puisque nous accueillons annuellement 1,5 million de passagers. Histoire de vous mettre en contexte, sachez que l'aéroport Pearson à Toronto accueille environ 46 millions de passagers par an. Les 11 autres aéroports membres de l'Association des aéroports du Canada atlantique, l'AACA, accueillent de 52 000 passagers, dans le cas de Bathurst, à 3,9 millions de passagers par an dans le cas d'Halifax.
M. Maybee et moi travaillons au sein du comité de la sécurité de l'exploitation et des affaires techniques du Conseil des aéroports du Canada, le CAC, et les nombreuses préoccupations qu'il va exprimer tout à l'heure sont communes à tous les aéroports de notre région, même si, très souvent, nous nous retrouvons à devoir composer avec des équipes plus petites, avec moins de ressources, pour régler essentiellement les mêmes problèmes. Par le biais de l'AACA et du CAC, nous collaborons avec le milieu de l'aviation en général, ce qui est très important pour nous afin d'accroître notre capacité dans le règlement des problèmes de sécurité. Cette collaboration nous permet également de communiquer tous ensemble avec l'organisme de réglementation, ce que les aéroports ne pourraient pas faire à titre individuel, et cela sur des aspects d'intérêt commun.
À l'instar de l'Aéroport d'Edmonton, l'Aéroport international de St. John's est l'un des 21 aéroports du système national qui doit assumer la quasi-totalité du financement de ses infrastructures et de ses coûts d'immobilisation. L'Aéroport de St. John's a bénéficié d'une des rares subventions versées en 2011 par le gouvernement fédéral en vertu du programme intitulé La Porte canadienne de l'Atlantique, quand un financement de contrepartie a été offert par le gouvernement pour l'installation d'un système d'atterrissage aux instruments de 37 millions de dollars, système qui a permis d'améliorer considérablement la sécurité et le service à l'aéroport dans cette partie très brumeuse du Canada.
Bien que l'Aéroport de St. John's soit en mesure d'investir, avec ses propres fonds, dans ces infrastructures de sécurité, l'aide des gouvernements fédéral et provincial s'est avérée importante pour la réalisation de ce projet. Pour les petits aéroports où le niveau de fréquentation est inférieur à celui que nous enregistrons, il n'est pas possible de lancer de tels projets grâce aux recettes d'exploitation et aux taxes d'amélioration aéroportuaire seules. C'est pour cela que le gouvernement fédéral a créé le Programme d'aide aux immobilisations aéroportuaires.
Mis sur pied dans les années 1990 pour les aéroports enregistrant moins de 525 000 passagers par an, le PAIA est doté d'un budget d'environ 38,5 millions de dollars par an pour des projets de sécurité et de sûreté, pour les systèmes de sécurité et pour l'équipement essentiel. Bien que ce programme ne s'adresse pas à des aéroports de taille moyenne, comme celui de St. John's, il s'avère très important pour les petits aéroports de notre région et d'ailleurs au Canada. Malheureusement, la dotation du PAIA n'a pas été augmentée depuis la création du programme il y a 20 ans, même si les coûts d'exploitation des aéroports ont considérablement augmenté durant la même période.
Six des plus petits aéroports du Réseau national des aéroports, le RNA, dont quatre sont situés dans le Canada atlantique, ne sont pas admissibles au financement du PAIA parce qu'ils se trouvent sur des terres fédérales. Mes collègues responsables de ces aéroports cherchent à renverser cette iniquité depuis six ans, mais même s'ils ont reçu énormément d'appui de la part des députés de la région et même du ministre Marc Garneau, cette question demeure un problème en suspens dans le cas des infrastructures liées à la sécurité.
Les exigences réglementaires relatives aux aires de sécurité d'extrémité de piste, ou RESA, qui devraient entrer en vigueur d'ici quelques mois viendront alourdir davantage le fardeau qui pèse sur un nombre encore inconnu de petits aéroports. L'amélioration des pistes pourrait coûter des dizaines de millions de dollars à chaque aéroport concerné, soit un fardeau financier énorme pour ces aéroports qui ne peuvent bénéficier des programmes fédéraux et qui devront recourir à une augmentation des frais d'usager. Malheureusement, les transporteurs aériens sont tout à fait allergiques à toute augmentation des frais d'usager.
Même si tout le monde est d'accord avec le problème des sorties en bout de piste, qu'il convient de régler, les aéroports aimeraient que Transports Canada justifie les problèmes financiers et opérationnels auxquels il va les soumettre dans le cas des RESA. Les améliorations à la sécurité devraient s'appuyer sur de solides analyses des causes profondes du problème et devraient être proportionnelles aux risques constatés.
Nous avons constaté que votre comité a parlé des systèmes de gestion de sécurité, les SGS, qui représentent une approche inestimable en matière de sécurité aérienne, mais que les experts du domaine devraient mieux expliquer. Je vous garantis que la sécurité aérienne est notre grande priorité et qu'elle fait l'objet d'un travail d'équipe en continu. La technologie s'améliore sans cesse et nous apprenons régulièrement de nouvelles et meilleures façons d'exploiter nos aéroports en toute sécurité.
Et puis, l'environnement réglementaire canadien évolue et se modernise, notamment pour garder le pas sur l'évolution permanente des normes internationales de sécurité. Les systèmes de gestion de la sécurité, les SGS, imposent une forme de reddition de comptes à partir du haut de la pyramide, par la désignation de cadres responsables, le plus souvent le PDG de l'aéroport ou un cadre supérieur. Grâce au soutien de la haute direction, ce genre de système permet de miser sur une démarche proactive en matière de sécurité par la mise en oeuvre de programmes de surveillance et d'inspections régulières du côté piste, qui sont améliorés dans le temps, afin de recenser les risques à la sécurité et de les atténuer avant que ne se produise un accident. Essentiellement, grâce aux SGS, la sécurité demeure en point de ligne de toute organisation.
Pour terminer, je tiens à vous dire que la collaboration au sein de notre secteur est l'une des grandes forces du secteur aéronautique canadien de nos jours, et elle est essentiellement dans des pays comme le Canada où l'aviation dépend d'un réseau d'aéroports locaux indépendants.
Encore une fois, je vous remercie de m'avoir donné l'occasion de témoigner devant vous aujourd'hui et j'ai hâte de pouvoir répondre à vos questions.
Merci.
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Monsieur le président, mesdames et messieurs du Comité, au nom du Conseil des aéroports du Canada et des 51 membres que nous représentons, merci de me donner l'occasion de venir témoigner devant vous sur un sujet qui est important pour les aéroports et pour la sécurité aérienne. Je m'appelle Steve Maybee et je suis vice-président de l'exploitation de l'Aéroport international d'Edmonton, ainsi que président du Comité de l'exploitation, de la sécurité et des affaires techniques du CAC.
Parmi les membres du CAC, on compte des aéroports internationaux très fréquentés, comme l’Aéroport international Pearson, et mon aéroport, mais aussi d'autres aéroports commerciaux plus petits, comme ceux de Saskatoon, de Prince George et d'autres aéroports affiliés dans le Canada atlantique. En tant que voix des aéroports du Canada dans des régions où nos membres ont des points de vue communs, CAC se veut également une plateforme pour permettre aux professionnels du milieu aéroportuaire de collaborer entre eux, mais aussi de travailler avec Transports Canada, avec le Bureau de la sécurité des transports, avec les transporteurs aériens, avec Nav Canada et les groupes de travailleurs, de même qu'avec d'autres partenaires, sur les différentes façons d'améliorer la sécurité dans les aéroports canadiens et dans le secteur de l'aviation.
L'aviation est une industrie qui exige d'importantes mises de fonds, et dans le cas des aéroports, les exigences réglementaires sont devenues de plus en plus complexes depuis le transfert de propriété par le gouvernement fédéral, au début des années 1990. L'Aéroport international d'Edmonton est l'un des 21 aéroports désignés dans le cadre du Réseau national des aéroports; il est exploité par des sociétés privées sans capital action qui se chargent de couvrir les coûts d'exploitation et d'infrastructure.
Grâce à des frais d'usager et à leurs revenus d'exploitation, les aéroports du RNA ont investi plus de 22 milliards de dollars dans les infrastructures aéroportuaires depuis 1992. Ces investissements ont non seulement permis d'améliorer l'expérience du public voyageur, notamment par la rénovation des terminaux, mais aussi les infrastructures du côté piste avec, en point de mire, l'amélioration de la sécurité.
Les administrations aéroportuaires sont régulièrement en contact avec les professionnels dévoués de la Direction de l'aviation civile de Transports Canada. Nous estimons que le gouvernement pourrait améliorer son action en matière de sécurité aérienne, mais comprenez bien que les préoccupations que nous exprimons concernent le fonctionnement du système lui-même et les procédures plutôt que le travail acharné des fonctionnaires qui sont souvent tout aussi frustrés que nous à cause du rythme de travail auquel ils doivent se conformer pour travailler dans le sens de nos objectifs communs, soit de disposer d'un réseau aéroportuaire sûr, moderne, efficace et de classe mondiale. Nous mettons le gouvernement au défi et lui nous met également au défi. C'est ainsi que fonctionne la collaboration autour d'un système réglementaire pour les aéroports, façon de parvenir à des règlements solides, qui évoluent sans cesse et qui donnent lieu à l'un des secteurs aéronautiques les plus sûrs dans le monde.
Les aéroports promeuvent avec force conviction les mesures nécessaires pour régler les problèmes de sécurité au voisinage des aéroports, comme les lasers dirigés contre les équipages en vol et la prolifération de véhicules aériens sans pilote, ou drones, à proximité des aéroports. Nos aéroports membres ont constaté avec plaisir que Transports Canada a récemment émis une ordonnance provisoire pour s'attaquer à ce problème croissant des UAV/drones.
Les règlements canadiens sur les transports aériens correspondent davantage aux normes internationales élaborées au niveau de l'Organisation de l'aviation civile internationale, où le Canada a déjà assumé un rôle de premier plan. Tout cela a donné lieu à l'adoption d'une approche uniforme et globale en matière d'application des normes et des règlements aéronautiques.
La sécurité aérienne est une discipline qui évolue et qui est toujours à parfaire. Or, les réductions budgétaires imposées à Transports Canada ont donné lieu à des périodes où l'organisme de réglementation a été moins en mesure de travailler aux côtés de l'industrie. Le CAC et d'autres associations du monde de l'aviation proposent des tribunes fort appréciées par les hauts fonctionnaires du ministère des Transports qui peuvent rencontrer un vaste éventail de professionnels de l'industrie, mais, ces derniers mois, les réductions budgétaires ont une incidence négative sur le niveau de service offert et sur l'importante collaboration avec l'industrie. Il y a certes toujours des choix à faire, mais on a toujours à y gagner sur le plan de la sécurité aérienne quand les différents acteurs du système, y compris Transports Canada, peuvent travailler ensemble.
Les ressources et le rythme de travail vont main dans la main et Transports Canada n'a pas échappé aux efforts de réduction du déficit déployés à l'échelle du gouvernement. Pratiquement parlant, cela veut dire que les fonctionnaires doivent établir des priorités dans leur charge de travail et mettre de côté les activités les moins pressantes. En 2015, à l'occasion d'un événement qui a été particulièrement frustrant, Transports Canada a finalement publié la cinquième édition du TP312, important recueil de normes techniques sur lequel s'appuient les aéroports. Cette mise à jour s'est fait attendre pendant 22 ans.
L'autre aspect qui nous préoccupe est la perte de compétences dans le milieu. L'aviation est un secteur où les emplois sont hautement spécialisés. Quand Transports Canada exploitait les aéroports, le ministère disposait de son institut de formation et de perfectionnement professionnel en matière de gestion et d'exploitation aéroportuaires. Or, depuis le transfert des aéroports aux autorités aéroportuaires locales et aux administrations municipales, les aéroports ont dû se doter de leurs propres programmes de recrutement, de formation et de perfectionnement professionnel continu. Ils y sont parvenus à l'interne en recrutant des experts-conseils et en collaborant entre eux.
Le CAC fait partie d'un réseau international d'aéroports appelé le Conseil international des aéroports, ACI, et les professionnels du milieu aéroportuaire au Canada ont accès à la formation offerte à l'échelle internationale ainsi qu'au programme d'agrément. Les Canadiens sont des participants actifs à l'APEX, programme d'excellence aéroportuaire de l'ACI, dans le domaine de la sécurité, grâce auquel les dirigeants d'aéroports du monde entier participent à des examens de sécurité des aéroports. Initialement prévu pour être un programme de soutien des pairs dans le cas des aéroports des pays en développement, ce programme s'est avéré être un outil très précieux pour la promotion de la sécurité dans tous les aéroports.
Nous devons veiller à disposer d'un bassin de professionnels de l'aviation suffisamment important pour alimenter Transports Canada. Un grand nombre d'inspecteurs actuels n'ont jamais travaillé dans un aéroport, ce qui permet de douter de l'efficacité de Transports Canada dans sa fonction très exigeante d'organisme de réglementation national. Le problème ne fera que s'aggraver tandis que les plus anciens à Transports Canada vont prendre leur retraite, signifiant ainsi la disparition de fonctionnaires hautement qualifiés qui n'étaient déjà pas nombreux au départ.
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Merci, monsieur le président et honorables membres du Comité.
[Traduction]
Transport Action Canada, fondé en 1976, est un organisme national sans but lucratif qui a pour vocation de promouvoir les droits et les intérêts des passagers — par avion, par rail, par bus ou dans les transports en commun — et de promouvoir l'utilisation des transports en commun. Il s'agit d'un organisme caritatif agréé.
Il va sans doute falloir que je résume mes notes, parce qu'il va falloir que je condense tout cela en cinq minutes.
Transport Action se réjouit de l'intention du gouvernement du Canada d'établir un régime de droit des passagers de même qu'un code pour les lignes aériennes et le rétablissement du poste de commissaire aux plaintes des passagers aériens.
Nous sommes d'accord avec les recommandations du Centre pour la Défense de l'intérêt public, le PIAC, contenues dans son rapport destiné au secrétariat de coordination de l'examen de la Loi sur les transports.
Je vais maintenant vous lire certaines de nos questions. Certaines seront en anglais, mais je vais commencer par le français, si vous me le permettez.
[Français]
Je vais parler maintenant des enjeux liés au personnel.
Premièrement, il y a la gestion de la fatigue du personnel navigant. Les périodes de repos actuelles entre les quarts de travail des employés de travail sont-elles adéquates? Les longues heures de travail du personnel navigant mettent-elles en péril celui-ci et les passagers? Les membres des équipes ont-ils un répit adéquat entre les vols? Les moyens pour garder les employés en état de veille sont-ils efficaces ou sont-ils une forme de harcèlement qui nuit à la vigilance? Est-ce que la surveillance vidéo des employés dans la cabine de pilotage respecte les droits du personnel tout en améliorant la sécurité, ou est-ce plutôt une forme de microgestion intrusive?
Deuxièmement, il y a la question des compétences du personnel navigant étranger. Quels moyens Transports Canada mettra-t-il en place pour examiner les compétences du personnel navigant étranger et déterminer si la formation et le dossier de sécurité des employés sont adéquats et si le nombre d'heures de vol qu'ils cumulent est exact? Est-ce sécuritaire de permettre à du personnel de tout autre pays de travailler à bord d'aéronefs canadiens sans une approbation formelle de la part des autorités canadiennes?
Troisièmement, il y a les effets des vapeurs toxiques dans la cabine. Nous nous questionnons en particulier au sujet de certains matériaux inflammables tels que le Kapton, qui est utilisé pour isoler les fils électriques, et le Mylar, qui est utilisé pour l'isolation thermique. Actuellement, quelle utilisation fait-on de ces matériaux dans les aéronefs commerciaux canadiens? Y-a-t-il des mesures en place pour prévenir la fumée ou l'émanation de vapeurs, afin d'éviter qu'un désastre comme celui du vol 111 de Swissair ne survienne?
[Traduction]
S'agissant de la surveillance et de l'application de la loi par Transports Canada, notamment en ce qui concerne la formation et les compétences des inspecteurs ainsi que les procédures en matière de vérification et d'inspection, plusieurs questions se posent et je rejoins en cela l'exposé de mon collègue précédent.
L'Association canadienne des pilotes fédéraux a récemment cité une étude d'Abacus faisant état de « préoccupations largement partagées au sujet des réductions de la surveillance de la sécurité aérienne et de la crainte tenace d'un probable incident majeur en aviation dans un proche avenir au Canada. » Il s'agit d'une citation, car ce n'est pas moi qui l'affirme, mais l'association des pilotes.
Les réductions du nombre d'inspecteurs et le fait que Transports Canada se fie au Système de gestion de la sécurité à la place d'inspections régulières sont au coeur de ces préoccupations. Nous voulons notamment savoir si des études ont été effectuées pour déterminer si les coupes dans les rangs des inspecteurs ont eu des effets sur la sécurité et si des preuves empiriques existent quant à l'efficacité ou non des SGS des lignes aériennes, surtout si Air Canada n'exerce pas une vigilance étroite.
À la suite du désastre ferroviaire de Lac-Mégantic, Transports Canada a embauché plus d'inspecteurs afin de permettre davantage d'inspections des chemins de fer; fera-t-il la même chose dans le secteur aéronautique?
Nous n'avons pas retenu les points 3 et 4 pour vous faire part de nos remarques ou répondre à vos questions et nous allons tout de suite passer aux interventions en cas d'accident, en français.
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Ce serait bien que vous puissiez obtenir ces données, parce que je suis très curieux.
Par ailleurs, vous avez mentionné que la formation est très importante, dans vos remarques. Je pense que celle-ci va constituer un problème croissant pour la prochaine génération. J'ai lu un article, l'autre jour, indiquant que le nombre de Canadiens de plus de 65 ans est supérieur à ceux de 15 ans. Dans la mesure où nous avons déjà perdu des gens compétents, qui connaissaient le système, par le jeu de l'élimination naturel des effectifs, je pense que la situation va aller en empirant, surtout dans le Canada atlantique où cette tendance est exacerbée.
Du point de vue de la sécurité aérienne, dans quels secteurs pourrait-on concentrer les ressources pour la formation qui est énoncée comme une priorité dans le budget de 2007, afin de nous assurer de former les gens pour répondre aux besoins de la sécurité aérienne, dans une génération d'ici?
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Il y a beaucoup de choses à faire et tout ne concerne pas le domaine de la sécurité.
En matière de sécurité, il y a la question du droit à recevoir des aliments et de l'eau pendant les longues périodes d'attente aux aéroports, quand l'avion reste sur l'aire de stationnement, soit pour revenir à la porte, soit pour décoller.
Il y a aussi la question de l'espace vital pour les passagers, une question qui a soulevé la controverse au Canada et à l'étranger à cause du phénomène de thrombose veineuse. Beaucoup affirment que la thrombose veineuse peut être causée par le peu d'espace laissé pour les jambes à bord de certains vols et peut-être plus couramment, à bord des longs vols, quand les passagers ne peuvent pas se lever et se déplacer.
Le passager a donc certains droits qui sont des droits humains fondamentaux, que l'on pourrait consigner dans le code, mais pas forcément. Le reste du code toucherait des aspects comme la réservation et la surréservation, le remboursement, les plaintes sur différentes choses et ainsi de suite. C'est donc très vaste et seule une petite partie de cette problématique rejoint les questions qui nous intéressent aujourd'hui.
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Merci, monsieur le président.
Merci à nos témoins d'être ici ce matin et de nous communiquer leur expertise.
Je vous avoue que, depuis le début de cette étude sur la sécurité aérienne, j'ai l'impression d'être comme une balle de ping-pong . Deux opinions opposées nous sont présentées. D'un côté, le juge Moshansky nous dit que la situation est à ce point critique qu'il faudrait lancer une enquête publique pour faire toute la lumière à ce sujet. De l'autre, Transports Canada nous dit que la sécurité n'a jamais été aussi forte et que, même avec la croissance du nombre de vols, il y aurait moins d'incidents.
À la suite de vos témoignages, plus tôt, un certain nombre d'éléments m'apparaissent parfois discutables, voire contradictoires. On a dit, par exemple, que la surveillance ou la vérification de documents par des inspecteurs est aussi efficace et donne le même résultat en matière de sécurité que si les inspecteurs effectuaient plutôt une inspection sur le terrain. Enfin, c'est ce que j'ai compris d'une des interventions de M. Mahon. Il me semble que ce sont là deux types d'inspections totalement différents.
J'adresserai ma première question à M. Maybee. Je vous présente d'abord le contexte. Le 17 août 2016, Transports Canada a mis en place une politique qui indique que l'ensemble des aéroports canadiens ne sont plus soumis à une évaluation exhaustive du système de gestion de sécurité. Sauf erreur, dorénavant, les aéroports seront soumis à des inspections partielles que le ministère nomme « inspections de validation des programmes » ou « inspection de processus ou de procédure ». Ainsi, au lieu d'évaluer les 10 activités les plus importantes d'un aéroport, Transports Canada en évaluera parfois une, ou parfois quelques-unes, mais pas l'ensemble des activités.
Lorsque cette décision a été prise et publiée dans un bulletin interne de procédure, comme vous le savez sans doute, c'est-à-dire sans en informer les parlementaires ni le public, étiez-vous au courant de cette directive de Transports Canada, monsieur Maybee?
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Comme je le disais tout à l'heure, dans le passé, Transports Canada nous déléguait une équipe d'experts sur place. Ces gens-là se rendaient effectivement sur le terrain pour effectuer des inspections fondées sur les normes et sur les règlements. Ils repéraient les défauts que les autorités portuaires devaient ensuite corriger dans un délai fixé.
Comme je le disais, je ne pense pas que l'implantation du SGS soit synonyme de moins de surveillance. Je pense que c'est davantage le processus qui a changé. Après l'implantation du SGS, sur une période de quatre ans, et de sérieuses consultations avec Transports Canada, les aéroports sont maintenant chargés d'effectuer les inspections et la maintenance du côté piste, à leur niveau, et cela quotidiennement. Dans le cadre de ce processus spécifique — qui est proactif —, ils relèvent les défauts et les aspects à corriger.
Comme M. Maybee l'a mentionné, tous les trois ans, l'autorité aéroportuaire organise elle-même la venue d'un auditeur indépendant qui effectue un audit de nos processus pour repérer les éventuels problèmes de sécurité, les risques et ainsi de suite. Transports Canada réalise des audits suivant la même perspective, c'est-à-dire que le ministère contrôle la façon dont tout cela fonctionne à l'interne.
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Merci, monsieur le président.
Merci de vous être déplacés, messieurs.
Monsieur Gow, je vais commencer par vous. Dans l'étude portant sur la sécurité ferroviaire et lors d'une visite dans la localité de mon collègue, Lac-Mégantic, nous avons parlé du risque que le SGS ne permette pas de couvrir le genre de situation qui s'est produite dans le passé.
Je vous adresse cette question à vous, mais je la pose aussi à nos deux autres témoins. Est-il déjà arrivé, lors d'incidents, que des audits établissent une chose tandis que l'inspection physique réalisée par la suite aurait fait ressortir des défauts dans la documentation — pas forcément dus à la malhonnêteté —, mais des défauts concernant l'installation? En avez-vous des exemples?
Si vous me le permettez, monsieur le président, j'aimerais faire quelques remarques au sujet des coupures — je ne peux pas mieux qualifier la chose — qui ont été effectuées au cours de la dernière décennie. D'après l'Association des pilotes fédéraux du Canada, le programme de pilotage dans le secteur de l'aviation civile à Transports Canada a été réduit de plus de 8 millions de dollars à compter de 2008-2009. Outre que le budget total a donc été réduit de 8 millions de dollars pendant cette période, les données nous indiquent qu'à la fin de 2016-2017, il n'était que de 3,5 millions de dollars et que le nombre d'heures de vol était passé de 10 000 à un peu moins de 4 000 heures dans la même période.
Si vous me le permettez, j'ajouterai que le nombre d'appareils utilisés pour la formation en vol a été réduit et qu'il est passé de 42 à 14 dans le même temps. Le ministère a subi toute une série de réductions des effectifs exprimées en équivalent temps plein, sous le gouvernement précédent, ce qui représente plus de 100 postes entre 2009-2010 et 2014-2015.
Puis-je demander à un de nos témoins ce qu'il en pense?
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Merci beaucoup, monsieur le président
Encore une fois, merci à nos témoins de s'être déplacés aujourd'hui et de nous faire part de renseignements très importants à la faveur de notre étude.
Je suis remplaçant aujourd'hui et je n'ai pas suivi toute l'étude, mais il se trouve qu'il y a plusieurs petits aéroports dans ma circonscription de Foothills, dans le sud-ouest de l'Alberta, notamment les aéroports de Springbank, d'Okotoks et de Pincher Creek. Est-ce que, à cause de ce nouveau règlement, ces aéroports vont avoir de la difficulté à demeurer ouverts?
Monsieur Maybee, la nouvelle réglementation en matière de SGS est-elle assez souple pour permettre de régler toutes les situations auxquelles font face les aéroports de toute taille, qu'il s'agisse de l'Aéroport international d'Edmonton ou de celui de Spingbank, qui s'apparente davantage à un aéroport régional?
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Si vous me le permettez, je dirais qu'il faut miser sur la formation, encore la formation, et toujours la formation en condition réelle.
Soit dit en passant, une compagnie de chemin de fer a cherché à faire rouler ses locomotives sans personne dans la cabine, ce qui revient en quelque sorte à mettre un simulateur aux commandes d'un simulateur de pilotage. Ça n'a pas fonctionné à cause d'un trop grand nombre de facteurs extérieurs, comme le vent, le franchissement d'animaux ou encore des épisodes inattendus de pluie battante, si bien que la machine n'a pas pu s'en sortir.
Il est possible qu'une machine ne puisse pas facilement concevoir un renard ou un chevreuil qui apparaît soudainement sur la piste ou encore une volée d'oies s'engouffrant dans un moteur. Certes, ça peut se faire, mais je n'ai pas entendu dire que cela se faisait beaucoup.
Au final, dans des conditions de plus en plus imprévisibles et instables à cause des changements climatiques, j'ai l'impression qu'un entraînement dans des conditions réelles pourrait permettre d'éviter des accidents à l'atterrissage et au décollage.
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Bonjour. Je m'appelle Mark Beauregard et je suis vice-président des Affaires réglementaires à l'Association des industries aérospatiales du Canada.
Nos membres fabriquent des produits d'aéronautique et d'aérospatiale et offrent des services de maintenance, de réparation et de révision d'aéronefs. Ils représentent 28 milliards de dollars annuellement pour notre économie et emploient beaucoup plus que 200 000 personnes. Plus de 80 % des biens et des services du secteur de l'aéronautique sont exportés, en grande majorité pour des applications civiles.
Notre industrie se conforme à tout un régime de normes et de règlements en matière de sécurité destinés à faire en sorte que les voyages aériens se fassent en toute sécurité, qu'ils soient fiables et durables. Certes, les produits et les services de sécurité sont essentiels et ils constituent une partie nécessaire de l'impératif sécurité. Tout cela n'est rendu possible que grâce à la collaboration internationale et à un réseau mondial d'organismes ainsi qu'à des dispositions réglementaires.
Le Canada est depuis longtemps un leader dans ce domaine. La Direction de l'aviation civile de Transports Canada, TCAC, est connue dans le monde entier comme étant l'un des quatre grands organismes de réglementation, aux côtés de la FAA américaine, de l'AESA européenne et de l'ANAC brésilienne. Tout cela est important compte tenu du rôle très clair que joue TCAC sur le plan de la sécurité aérienne, mais aussi parce que toute approbation et certification de TCAC ouvre les portes des marchés mondiaux aux produits et services canadiens et facilite la tâche des manufacturiers canadiens ainsi que des fournisseurs de services désireux de négocier avec des pays étrangers. Le leadership de TCAC nous permet non seulement d'être en sécurité mais aussi d'être plus prospères.
Nous croyons que le maintien de TCAC dans sa position de chef de file mondial, dans le domaine de la certification, pourrait directement favoriser au moins 30 % de l'activité aérospatiale canadienne. Cela représente 10 milliards de dollars de notre PIB annuel. Voilà qui devrait être considéré comme un bon exemple d'organisme de réglementation moderne assurant la sécurité des Canadiens et créant des débouchés économiques pour l'innovation et l'entrepreneuriat canadiens. Cependant, la capacité de Transports Canada à maintenir sa norme de service est menacée, même si son rôle est plus important que jamais.
Au cours des 10 dernières années, l'industrie aérospatiale canadienne a connu une croissance considérable. Exprimé en PIB, notre poids économique a augmenté de 31 %, notre production de 39 % et nos investissements en R-D de 64 %. Dans la même période, le budget de la Division des normes de certification des aéronefs de Transports Canada n'a connu aucune augmentation en taille. En fait, en termes réels, ce budget a même diminué, ce qui a d'importantes répercussions négatives. L'absence de financement approprié a occasionné des retards sur les plans de la certification et de l'approbation. Elle a aussi occasionné des goulets et freiné l'industrie dans sa capacité à répondre à la demande et à demeurer concurrentielle sur les marchés étrangers. Nous percevons les signes avant-coureurs d'une remise en question, par la communauté internationale, de la réputation mondiale de TCAC en tant qu'administration de pointe dans le domaine de l'aviation. La perte de cette réputation entraînera la disparition de l'avantage concurrentiel dont jouissent les compagnies canadiennes comptant sur les services de TCAC.
Il est bien connu qu'il faut des années pour se bâtir une réputation, mais que celle-ci peut être détruite très rapidement. C'est certainement applicable au cas de TCAC. Disons-le carrément, la position de chef de file mondial que TCAC détient depuis longtemps en tant qu'organisme de certification et de réglementation est menacée.
Il y a tout de même deux ou trois bonnes nouvelles. Premièrement, il n'est pas trop tard pour corriger le problème et redonner à Transports Canada sa capacité à se maintenir dans son rôle d'administration aéronautique de classe mondiale. Deuxièmement, il n'est pas difficile de corriger la situation. Nous estimons que l'injection de quelque 30 millions de dollars sur cinq ans dans la Division des normes de certification des aéronefs de TCAC serait suffisante pour protéger les 10 milliards de dollars que TCAC rapporte à notre économie chaque année.
Quand vous lirez l'étude, songez au rôle important que joue TCAC pour garantir la sécurité aérienne au Canada, de même qu'à son incidence sur les entreprises et les collectivités canadiennes qui bénéficient des retombées de son leadership mondial. Je vous exhorte à veiller à ce que TCAC reçoive l'appui financier dont il a besoin pour s'acquitter de ce très important travail.
Merci beaucoup de m'avoir écouté. Je serai heureux de répondre à vos questions.
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Merci, monsieur le président.
[Traduction]
Bonjour.
Comme le président l'a indiqué, je m'appelle Robert Donald. Je suis directeur général du Conseil canadien de l'aviation et de l'aérospatiale.
C'est la première fois que nous avons le privilège de nous adresser à vous et nous vous en remercions.
Pour ceux qui ne connaîtraient pas notre organisation, notre conseil, sachez que nous ne sommes ni une association professionnelle, ni un syndicat. Nous sommes une ressource de l'industrie. Nous sommes un partenaire national, sans but lucratif, qui regroupe des entreprises, des associations de l'industrie, dont beaucoup se trouvent dans la pièce, des éducateurs, des syndicats et des gouvernements.
Nous nous intéressons surtout à la main-d'oeuvre nationale qui travaille dans le secteur de l'aviation et de l'aérospatiale, et cela pour le compte de tous les sous-secteurs: les hélicoptères, les avions d'affaires, l'ATAC, l'AIAC et les autres qui sont tous représentés à notre conseil, aux côtés de collèges, de l'industrie et de syndicats.
Nous appliquons des solutions adaptées aux besoins particuliers de l'industrie en matière de compétences et d'effectifs pour faire en sorte que l'industrie dispose d'une main-d'oeuvre suffisante, suffisamment qualifiée, pour aujourd'hui et pour demain en fonction de la croissance projetée, croissance qui vous a été confirmée ces derniers jours.
Nous sommes principalement financés par des entreprises partenaires, par des projets de formation et par des projets gouvernementaux qui nous engagent pour réaliser des études sur le marché du travail et qui nous confient d'autres mandats au nom de l'industrie.
Il y a trois choses dont je veux vous parler ce matin, toutes trois liées à des questions de personnel, thème qui est inscrit à votre ordre du jour. Premièrement, notre industrie est confrontée à des pénuries d'effectif croissantes. Ces pénuries ont non seulement une incidence sur l'économie nationale et sur la viabilité des entreprises, mais aussi sur la sécurité. Deuxièmement, il nous manque une stratégie nationale en matière de main-d'oeuvre, avec l'appui du gouvernement, pour combler les lacunes que connaît notre industrie sur le plan de la main-d'oeuvre. Troisièmement, il nous faut des normes nationales et un programme national de certification pour les métiers non brevetés afin d'améliorer la sécurité.
S'agissant des pénuries critiques constatées, le CCAA vient juste de terminer l'étude du marché du travail la plus complète jamais réalisée pour notre industrie. Vous en trouverez des exemplaires sur notre site Web, si cela vous intéresse.
Soixante-treize pour cent des répondants ont admis être aux prises avec des pénuries immédiates et persistantes, au point que des postes vacants demeurent non comblés. Même si ces entreprises n'envisagent pas toutes des niveaux de croissance semblables, cette situation ne peut qu'aggraver le problème. Si le Canada ne peut pas compter sur suffisamment de travailleurs ayant les compétences requises, tous ces emplois iront ailleurs et ne reviendront jamais chez nous. Nous sommes dans une situation de concurrence mondiale. Nous sommes aussi en concurrence avec d'autres secteurs, au Canada, qui courent après les mêmes talents.
Le manque de personnel expérimenté pourrait permettre à ceux qui ne possèdent pas les niveaux habituels de compétence de suivre une formation et de faire le travail. Cela s'applique à la main-d'oeuvre de notre industrie tout autant qu'à celle des organismes de réglementation. Si nous comptons de moins en moins de personnes aux niveaux habituels de compétence, les risques pour la sécurité apparaissent évidents.
Nous devons donc nous doter d'une stratégie nationale en matière de main-d'oeuvre pour régler ce problème de pénurie de compétence. Seuls les gouvernements peuvent envisager une action dans la durée. Nous avons besoin de l'appui du gouvernement. L'industrie ne peut avoir une perspective à plus de deux ou trois mois pour les PME. Les Air Canada et Bombardier de ce monde peuvent adopter une perspective à terme de deux ou trois ans. Les collèges, eux, peuvent envisager un avenir un peu plus éloigné. Cependant, seul un gouvernement peut envisager les choses à très long terme et comprendre que notre industrie doit se doter d'une stratégie à long terme. C'est fondamental.
Quant à la question des normes nationales et d'un programme national de certification, j'espère que vous avez reçu la partie de notre documentation montrant que nous élaborons des normes depuis plus de 25 ans. Elles sont uniques dans le monde. Aucun pays n'en a de comparables. L'OACI nous a demandé de faire la démonstration du système canadien au reste du monde. Les normes et la certification favorisent la promotion de la sécurité. Un peintre certifié est plus sûr qu'un peintre en aviation non certifié, même si son travail doit être contresigné par un mécanicien d'entretien d'aéronefs.
Merci beaucoup pour votre temps et je serai heureux de répondre à vos questions.
Merci bien.
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Merci, monsieur le vice-président et messieurs les membres du Comité de m'avoir invité pour vous parler.
Je m'appelle Robert Deluce et je suis président et chef de la direction de Porter Airlines.
Porter est la troisième compagnie aérienne régulière au Canada. Nous desservons quelque 23 destinations au Canada et aux États-Unis, notre flotte est constituée de 29 Q400 de Bombardier, faits au Canada, et nous employons environ 1 500 personnes, que nous appelons des associés.
Nous connaissons bien des difficultés à cause de la façon dont le gouvernement fédéral réglemente et conditionne nos opérations, mais aujourd'hui, j'entends vous parler surtout du prochain règlement sur la gestion de la fatigue du personnel.
Nous sommes résolument engagés envers la sécurité, mais le projet de règlement risque de perturber grandement le fonctionnement de Porter et de bien d'autres compagnies aériennes. L'avis de proposition de modification relativement à la gestion de la fatigue des équipages a été émis en 2014 et il a été accueilli par les réactions négatives d'un grand nombre d'acteurs de l'industrie. Toutefois, il a subi quelques révisions depuis. Le règlement actuellement proposé revient à appliquer une solution universelle à un problème dont la solution exige une analyse au cas par cas.
Porter a remporté énormément de succès avec son système de gestion de la sécurité autogéré, sous la surveillance de Transports Canada. Celui-ci nous permet de miser sur des pratiques exemplaires en matière de sécurité au sein de la compagnie. Les restrictions contenues dans le règlement proposé vont exiger une importante augmentation de l'effectif de personnel navigant. Nous allons devoir faire un choix entre éliminer plus de 650 vols par mois et engager 68 membres d'équipage de plus — 34 pilotes et 34 agents de bord — pour nous affranchir des restrictions énoncées dans l'avis d'intention. Cela représenterait 13 % d'augmentation de notre effectif de pilotes. Le coûte total de mise en oeuvre du nouveau règlement dépasserait les 6 millions de dollars par an, en dollars de 2017.
La demande mondiale de pilotes progresse plus rapidement que le rythme auquel les écoles d'aviation canadiennes peuvent produire des diplômés. Le taux de roulement du personnel navigant technique, le PNT, enregistré en 2016-2017 est le plus élevé de nos dix années d'existence. Le règlement proposé exigera que chaque compagnie aérienne augmente son effectif de PNT d'environ 10 %, ce qui, pour Air Canada — et je ne parlerai pas pour cette compagnie — et ses filiales, dont Rouge, signifierait quelque 300 pilotes de plus. C'est beaucoup plus que tout l'effectif de PNT de Porter. Cette situation pourrait avoir un effet dévastateur sur nos opérations parce que, soit nous allons manquer de pilotes, soit nous devrons revoir nos normes de formation et d'expérience.
Sur le plan des politiques, cette proposition de règlement pourrait avoir une conséquence négative: l'embauche de pilotes moins expérimentés au Canada ou la diminution de l'offre en termes de nombre de liaisons aériennes et de tarifs plus élevés pour les passagers. Comme il n'y a qu'un nombre limité de pilotes professionnels formés, la pénurie est mondiale et tout le monde essaie de répondre à la demande du marché. Porter et les autres compagnies aériennes sont déjà touchées par ce phénomène et cet avis d'intention ne fera qu'exacerber la situation.
Cette proposition de règlement ne fait rien pour promouvoir la sécurité et rien ne justifie l'intention du ministère. En fait, à cause de lui, les compagnies aériennes canadiennes seront moins concurrentielles que leurs pendants américains.
Dans nos dix années d'existence, nous sommes parvenus à régler tous les problèmes de fatigue à l'aide de notre système de gestion de la sécurité. Nous croyons que tous les transporteurs au Canada parviendront à mieux gérer la fatigue à l'aide de systèmes de gestion du risque fatigue et de gestion de la sécurité que par la mise en place d'un programme se voulant universel. Nos systèmes actuels permettent à chaque compagnie aérienne d'adopter les pratiques exemplaires qui lui conviennent et qui peuvent être surveillées par Transports Canada.
Merci beaucoup. Je suis prêt à répondre à vos questions.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie nos trois témoins, qui ont certainement un horaire très chargé, d'être parmi nous et de nous consacrer un peu de leur précieux temps.
Ma première question s'adresse à vous, monsieur Deluce.
Avant de modifier sa réglementation ou ses procédures, Transports Canada consulte-t-il des compagnies comme la vôtre pour recueillir leur avis?
Sinon, vous retrouvez-vous plutôt devant un fait accompli et forcés de vous battre pour apporter des améliorations aux procédures après avoir subi les conséquences de ces changements?
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Merci, monsieur le président.
J'ai une question pour Porter Airlines. Vous avez parlé de la situation actuelle en ce qui concerne les pilotes, ce qui laisse entrevoir la situation que créera la pénurie imminente de pilotes. Il a été souligné que la fatigue des pilotes constituait une préoccupation en matière de sécurité. Le 25 mars 2017, un avis d'intention de modifier le Règlement de l'aviation canadien a été publié dans la partie I de la Gazette du Canada. Les modifications réglementaires proposées portent sur les systèmes de gestion des risques liés à la fatigue, les SGRF, le temps de service de vol maximal et la notion d'« aptitude au travail ».
Cela dit, j'ai quatre questions.
La première: quel impact, s'il en est, les modifications réglementaires proposées auront-elles sur les niveaux de dotation à Porter Airlines?
Deuxièmement, Porter Airlines a-t-elle un SGRF en place? Si oui, pouvez-vous expliquer en quoi consiste le processus de mise en oeuvre de ce système; sinon, de quelle façon gérez-vous les risques liés à la fatigue?
Troisièmement, quelles recommandations, le cas échéant, feriez-vous à Transports Canada en ce qui concerne les modifications réglementaires proposées sur le SGRF?
Enfin, comment Porter Airlines fait-elle, à l'heure actuelle, pour déterminer si ses pilotes et ses équipages sont aptes au travail, et en quoi les modifications proposées changeraient-elles vos pratiques?
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C'est une question à plusieurs volets. Voyons voir si on peut s'en sortir.
Pour commencer, les modifications proposées visent environ 13 % de notre personnel navigant, ce qui est considérable. Sans compter qu'actuellement, le taux de roulement du personnel est le plus élevé que nous ayons jamais connu en 10 ans d'activités. Nous devrons donc composer simultanément avec deux phénomènes concomitants.
Pour Porter, et je devrais probablement dire pour l'ensemble de l'industrie, l'objectif est d'améliorer la sécurité du système. Je pense qu'il ne faut pas se focaliser exclusivement sur la fatigue du personnel. Il faut plutôt se demander comment rendre l'ensemble du système plus sécuritaire. À notre sens, l'avis d'intention et les modifications proposées ne vont pas renforcer la sécurité du système. Ils vont obliger les compagnies aériennes à réviser certaines de leurs normes d'embauche et réévaluer la formation, ou alors à changer de cap et commencer à éliminer des vols.
Dans le cas de Porter en particulier, si nous estimions au contraire que nos circonstances ne nous permettent pas d'ajuster nos normes, notre formation ni quoi que ce soit d'autre pour satisfaire à l'exigence visant l'embauche des membres d'équipage, et que nous devons en même temps composer avec la pénurie de pilotes qui sévit actuellement et pour plusieurs années à venir — en attendant le retour du pendule — nous n'aurions pas d'autre choix, en nous fondant sur les horaires de vols actuels, que d'éliminer 650 vols. C'est énorme.
Il y avait une troisième partie à votre question. Comment faisons-nous, aujourd'hui, pour gérer la fatigue de l'équipage? Principalement à l'aide de notre propre système de gestion des risques liés à la fatigue, en nous appuyant largement sur le système de gestion de la sécurité, le SGS. À ma connaissance, nous avons eu deux cas de fatigue, que les membres d'équipage se sont empressés de signaler. Croyez-moi, ils n'hésitent pas une seconde à signaler un événement en tant qu'incident ou danger. Tout est consigné dans notre SGS.
Deux rapports ont été rédigés. Ces rapports ont fait l'objet d'une enquête en règle, et des mesures de correction ou d'atténuation ont été prises pour éviter que le même type de situation se reproduise. Une vérification complète a été effectuée et des procédures ont été mises en place pour gérer les éléments que les membres d'équipage estiment être potentiellement préoccupants en ce qui concerne la fatigue pouvant découler de la conception des horaires ou de tout autre facteur.
Voilà le processus que nous utilisons pour gérer la fatigue des équipages. Nous pourrions l'officialiser, d'une certaine manière. J'adhère entièrement au système de gestion des risques, mais je ne vois rien de bon dans un simple changement unilatéral des choses ni dans la création d'un ensemble de règles unique, applicable à la fois aux gros porteurs internationaux, au fret, aux vols régionaux de courte distance et aux petits affréteurs qui exercent leurs activités dans des régions éloignées. De manière empirique, je pense que cela aura pour effet de faire bifurquer dans l'autre direction notre objectif commun qui est de renforcer la sécurité du système.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie les témoins d'être parmi nous.
Avant de poser ma première question, j'aimerais en poser une à mes collègues, par votre entremise, monsieur le président. Je souhaite déposer une motion dont le Comité pourra disposer. On parle d'une éventuelle privatisation de nos aéroports et, même si ce n'est pas annoncé, il m'apparaît important et tout à fait pertinent d'étudier le lien que cela peut avoir avec les questions de sécurité.
Toutefois, comme je suis en formation continue, en tant que député, je me dois de tirer des leçons de l'expérience que nous avons vécue mardi dernier. Compte tenu de l'information que nous avons reçue ce matin, il semblerait que vous ayez raison, et que M. Badawey n'ait pas tort. Voyez dans quelle situation cela nous met. Je ne veux pas répéter la chose. Je demande simplement à mes collègues, s'il y a consentement unanime, que nous nous réservions trois ou quatre minutes à la fin de la rencontre pour disposer de cette question.
Ma prochaine question s'adresse à M. Deluce.
Je vais essayer, autant que possible, de faire preuve de délicatesse, mais j'aimerais néanmoins connaître votre opinion. Nous avons bien compris que, selon vous, on ne devrait pas appliquer une politique globale, c'est-à-dire à l'ensemble des compagnies aériennes au Canada.
Cependant, lorsqu'une mesure publique est émise par Transports Canada, elle est connue de toutes et de tous, incluant les voyageurs. Or, même si nous n'entrons pas dans les détails, nous savons que votre compagnie a entamé une procédure judiciaire pour éviter la publication d'un audit dont elle a fait l'objet.
Des intérêts privés sont en jeu, soit, et je ne veux pas nécessairement poursuivre dans cette direction, mais une question me préoccupe: comment vos clients peuvent-ils connaître les consignes de sécurité si l'audit n'est pas disponible?
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Oui. Merci, monsieur Hardie.
Et merci à vous, monsieur le président.
M. Donald a parlé d'aller de l'avant avec une stratégie de la main-d'oeuvre. Je dois dire que dans une perspective générale, je ne peux qu'être d'accord. Dans ma vie antérieure, nous étions de plus en plus préoccupés par les changements démographiques et la pénurie de ressources humaines dans laquelle tous les secteurs allaient se retrouver. Pénurie d'ingénieurs, de médecins, d'avocats, la liste est longue.
Ma question est d'ordre général. J'aimerais connaître vos réflexions sur la façon de nous engager dans cette voie. Par quel processus pourrions-nous accorder des pouvoirs aux personnes qui connaissent le mieux la situation, c'est-à-dire vous trois? J'essaie d'être pragmatique. J'aimerais vraiment connaître votre avis à tous les trois sur la meilleure façon d'aller de l'avant et de nous montrer plus pragmatique dans nos recommandations afin de lier tout cela à une stratégie de la main-d'oeuvre.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je remercie les témoins d'être ici aujourd'hui.
Nous pourrions parler de ce sujet en long et en large toute la journée. Néanmoins, je vous demanderais de nous donner des courtes réponses. Au moins, cela nous donnera une idée. Je vous invite aussi à nous fournir d'autres détails par courriel, si vous le voulez.
Ma première question s'adresse à MM. Beauregard et Donald.
On a beaucoup parlé de la sécurité liée aux manoeuvres, aux conditions de travail des pilotes ainsi que des systèmes de gestion de sécurité, mais très peu des appareils comme tels. J'aimerais entendre votre opinion, à titre de membre de l'industrie de l'aérospatiale, au sujet de la fiabilité et de la sécurité des appareils actuellement en service au Canada. Que faut-il mettre en place pour s'assurer que les appareils qui décollent sont en bon état?
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Merci, monsieur Barlow.
J'aimerais vous remercier, messieurs Deluce, Donald et Beauregard, d'être venus témoigner devant notre comité.
Monsieur Deluce, j'ai noté que vous vous étiez engagé à nous faire parvenir quelques notes supplémentaires liées à des questions posées par des membres de ce comité. Si vous avez des commentaires additionnels à formuler à l'égard de ces questions, je vous invite à nous les faire parvenir. Je vous remercie.
Je vais maintenant vous laisser quitter vos places. Nous allons, pour notre part, traiter la motion de M. Aubin. Nous avons effectivement consenti unanimement à accorder du temps à M. Aubin pour qu'il dépose cette motion.
Monsieur Aubin, je vous cède la parole.