Je suis le capitaine Dan Adamus, et je préside le conseil canadien de l'Air Line Pilots Association International. J'exerce le métier de pilote de ligne depuis 34 ans.
L'Air Line Pilots Association International, ou ALPA, représente un peu plus de 54 000 pilotes de 31 compagnies aériennes au Canada et aux États-Unis. L'ALPA est également le plus important organisme non gouvernemental de sécurité et de sûreté au monde.
Nous vous remercions de nous offrir la possibilité d'exprimer notre point de vue sur l'importance cruciale d'intégrer, en toute sécurité, les véhicules aériens sans pilote, UAV — ou les systèmes d'aéronef sans pilote, UAS, acronyme que j'utiliserai aujourd'hui — dans le système d'espace aérien national du Canada.
Je crois qu'on peut discerner un thème récurrent. Il y a beaucoup d'acronymes dans le domaine de l'aviation, et je vais utiliser certains d'entre eux tout au long de mon exposé d'aujourd'hui.
L'espace aérien de l'Amérique du Nord est le plus dynamique et le plus diversifié au monde. L'ALPA appuie sans réserve l'intégration sécuritaire des UAS dans le système d'espace aérien national. Ce dossier n'a rien de nouveau, et mon exposé montrera que nous sommes en faveur de l'avenir des UAS dans le système d'espace aérien national, en plus de présenter notre perspective sur les questions liées à l'intégration sécuritaire.
Nous devons maintenir la sécurité du système d'espace aérien national afin de fournir les services de transport aérien les plus sécuritaires et les plus efficaces au monde. Même si l'objet de la discussion d'aujourd'hui est le système d'espace aérien national du Canada, nous devons préciser que les questions de sécurité relevées transcendent les limites de l'espace aérien et elles touchent les pilotes de l'ALPA où qu'ils se trouvent au monde.
En août 2015, la Federal Aviation Administration, ou FAA, a publié une liste des incidents signalés par des pilotes en ce qui concerne la présence d'UAS dans la trajectoire de vol des avions. L'ALPA a examiné les 764 incidents, qui couvrent uniquement la période allant de novembre 2014 à août 2015. Le Canada a également connu une hausse rapide du nombre d'incidents rapportés mettant en cause des UAS; ainsi, le nombre de signalements de drones a décuplé d'une année à l'autre. Le volume des incidents et bon nombre des descriptions rappellent aux intervenants de l'industrie que le risque d'une collision entre un UAS et un avion a augmenté considérablement. L'ALPA croit qu'en guise de solution éventuelle, l’intégration sécuritaire des UAS dans le système d'espace aérien national doit comporter quatre éléments fondamentaux.
Le premier, c'est l'éducation. Toute personne qui envisage de faire voler un UAS doit comprendre l'engin, l'espace aérien et le risque que l'appareil entre dans la trajectoire de vol d'autres aéronefs. Dans le cas d'un UAS utilisé à des fins commerciales, en échange de rémunération ou à titre onéreux, le pilote doit détenir un certificat de pilote professionnel afin de garantir qu'il possède les compétences et l'expérience voulues pour respecter les normes de sécurité assurant la protection des passagers. Pour ce qui est des UAS pilotés à des fins récréatives, les utilisateurs doivent adhérer aux lignes directrices établies: par exemple, il faut garder les engins dans le champ visuel, à une altitude de moins de 90 mètres et à au moins 9 kilomètres des aéroports. À cet égard, l'ALPA exhorte le Parlement à accorder à Transports Canada un pouvoir définitif en la matière afin d'éliminer toute ambiguïté quant à l'étendue de son pouvoir de réglementer les UAS utilisés pour les activités récréatives, la modélisation ou les loisirs.
D'après ce que Transports Canada a déclaré à ce jour, les efforts en matière d'éducation que déploient actuellement le ministère et le segment récréatif de l'industrie des UAS sont toujours insuffisants.
À l'approche du temps des Fêtes, nous verrons probablement une augmentation du nombre d'UAS en usage. L'ALPA recommande que Transports Canada élargisse la portée de son initiative de sensibilisation en encourageant les fabricants, les entreprises et les organismes bénévoles directement touchés à promouvoir de façon dynamique l'utilisation sécuritaire de ces engins, notamment l'exigence d'éviter toute rencontre avec des avions de ligne.
Passons au deuxième élément: l'enregistrement. L'ALPA a appuyé la décision de la FAA de mettre en oeuvre sans tarder une exigence d'immatriculation de tous les UAS, sauf pour les plus petits engins. Non seulement la collecte de renseignements de base sur l'identité des acheteurs permet aux autorités policières d'identifier le propriétaire si jamais l'appareil rencontre un problème, mais cela aide aussi à mettre en évidence la gravité liée à l'utilisation d'un UAS dans le système d'espace aérien national et la responsabilité de protéger la sécurité du public. L'ALPA encourage Transports Canada à mettre en oeuvre un système d'enregistrement le plus rapidement possible. De plus, l'ALPA recommande que Transports Canada exige l'enregistrement des UAS au point de vente. Cette approche assurera le meilleur respect possible des exigences d'enregistrement.
Le troisième élément porte sur la technologie. Si les UAS sont utilisés, intentionnellement ou non, dans l'espace aérien où circulent les avions, les pilotes doivent être en mesure de les voir sur les écrans de leur poste de pilotage et les contrôleurs doivent être capables de les voir sur leurs écrans radars. Par conséquent, les UAS doivent être équipés de technologies actives qui permettent d'éviter toute collision avec un aéronef avec pilote à bord.
Pour ces types d'utilisation, la technologie doit permettre aux pilotes de contrôler les engins et d'interagir avec ces derniers, comme s'ils se trouvaient à bord. Si la réglementation interdit l'utilisation des UAS dans une zone géographique particulière ou à une altitude donnée, ces engins doivent être dotés d'une technologie qui ne peut être contournée et qui limite leur utilisation aux zones géographiques et aux altitudes pertinentes. Il pourrait s'agir de lieux permanents, comme le Parlement et tous les aéroports publics, ainsi que de restrictions temporaires, comme les incendies de forêt ou les régions touchées par une catastrophe naturelle.
Transports Canada devrait élargir son évaluation continue des technologies qui sont capables de repérer les UAS et l'emplacement de leurs utilisateurs. Le ministère devrait également veiller à ce que les ressources nécessaires soient disponibles pour la mise au point de technologies d'évitement de collisions conçues spécialement pour ces appareils, de pair avec la mise en place de normes pour accélérer le plus possible leur adoption.
Le quatrième élément concerne les amendes et l'application de la loi. Les pilotes d'UAS doivent suivre une formation en bonne et due forme et ils doivent comprendre les conséquences des défaillances possibles. On doit identifier et poursuivre, comme il se doit, quiconque fait voler un UAS qui présente un danger pour d'autres avions dans l'espace aérien, surtout si la personne choisit de le faire imprudemment à proximité des aéroports. Nous appuyons la criminalisation de l'utilisation non sécuritaire intentionnelle des UAS et l'imposition d'amendes dans le cas d'une utilisation non sécuritaire involontaire de ces appareils.
Si Transports Canada a l'intention de compter sur les premiers intervenants pour assurer la conformité à la réglementation des UAS, le ministère devrait mieux informer les forces de l'ordre à l'échelle locale, régionale, territoriale et nationale. Pour permettre aux premiers intervenants d'accomplir leur travail efficacement, il est essentiel de fournir aux forces de l'ordre des renseignements qui définissent les utilisations illégales, qui établissent les coordonnées entre pairs et qui précisent le pouvoir de réglementation applicable, en plus d'offrir toute autre information pertinente, afin d'assurer la conformité à la réglementation des UAS.
Pour terminer, l'ALPA appuie les efforts soutenus pour intégrer, en toute sécurité, les UAS dans le système d'espace aérien nord-américain. Nous sommes conscients que les UAS créent de nombreux débouchés qui profitent à la société tout entière. Cependant, l'intégration doit se faire sans compromettre la sécurité aérienne; autrement dit, il faut protéger de manière proactive, et non pas réactive, le niveau de sécurité visé pour le transport aérien commercial dans le système d'espace aérien national.
Nous savons très bien que les promoteurs des UAS et ceux qui souhaitent en devenir des exploitants tiennent à faire voler ces engins dans le système d'espace aérien le plus rapidement possible. De toute évidence, la présence d'une industrie solide des UAS présente des avantages sur le plan commercial, social et concurrentiel à l'échelle internationale. Toutefois, le gouvernement et l'industrie doivent adopter une vision à long terme au moment d'examiner l'état actuel de la technologie pour garantir la mise au point de systèmes de sécurité robustes, conjugués à des systèmes de réserve certifiés par Transports Canada, de sorte que les UAS soient exploités en toute harmonie avec les activités d'aviation commerciale et, surtout, de façon sécuritaire. Il serait imprudent de s'empresser de créer et de mettre en oeuvre des normes minimales, car cela risque non seulement de porter atteinte à la sécurité, mais aussi de nuire à l'expansion future des exploitations d'UAS pendant des années à venir.
Au nom des 54 000 pilotes de ligne dont la priorité absolue est la sécurité du transport, nous vous remercions de nous avoir donné l'occasion de témoigner devant le Comité aujourd'hui, et nous nous réjouissons à l'idée de travailler ensemble pour assurer la sécurité de notre système de transport aérien.
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Je vous remercie de me donner cette occasion de vous parler.
L'Association canadienne des propriétaires et pilotes d’aéronefs représente l'aviation générale au Canada. Elle compte 17 000 membres de partout au pays. Notre organisation ne s'occupe pas des lignes aériennes ou des réseaux organisés de transport aérien, mais de tout le reste. C'est l'aviation générale, et c'est elle que nous représentons. Nous nous intéressons aux aéronefs de plus petite taille, comme les avions d'affaires ou les avions qui pourvoient aux besoins du Nord ou d'ailleurs. C'est la portion « aviation générale » du secteur du transport au Canada.
Nous faisons partie du Conseil international des associations de propriétaires et pilotes d’aéronefs, qui compte 75 membres à l'échelle du globe. Nous avons aussi un siège à l’Organisation de l’aviation civile internationale, qui représente l'aviation générale. Nous avons donc quelqu'un à Montréal pour nous représenter dans ce contexte.
Du point de vue de l'aviation générale, nous avons déjà fait des représentations auprès de l’Organisation de l’aviation civile internationale afin de faire connaître notre position sur les véhicules aériens sans pilote — ou aéronefs télépilotés ou systèmes d'aéronef sans pilote, selon le nom qu'on veut bien leur donner. Nous avons déjà fait du lobbying auprès de l’Organisation de l’aviation civile internationale afin de faire valoir certains points qui nous tiennent vraiment à coeur. Il y en a quatre.
Tout d'abord, nous croyons que nous devrions être en mesure de partager l'espace aérien sans avoir à ajouter de membres aux équipages des aéronefs de notre parc aérien actuel. En d'autres mots, les aéronefs avec pilote ne devraient pas avoir à changer quoi que ce soit pour éviter les véhicules aériens sans pilote ou pour être en mesure de voler dans le même espace aérien qu'eux.
Un autre point, c'est qu'il ne devrait pas y avoir d'avis aux navigants. C'est un peu comme un rappel permanent. L'espace aérien ne devrait pas nécessiter d'avis aux navigants. Le fait qu'il y en ait signifie que l'aviation générale et les véhicules aériens sans pilote ne peuvent coexister sans que ce soit dangereux. Un avis aux navigants est un avis au sujet de quelque chose de particulier qui se produit. Si l'espace aérien fait l'objet d'avis aux navigants — des avis qui nous disent de faire attention aux véhicules aériens sans pilote —, il va y en avoir dans tout le pays. Nous ne pourrions pas vivre avec cette contrainte. Les avis aux navigants doivent porter sur des choses particulières.
Aucun espace aérien additionnel ne devrait être réservé aux véhicules aériens sans pilote, sauf, bien entendu, pour des besoins de formation et de mise à l'essai, comme cela se fait présentement en Alberta. Je sais qu'il y en a eu à Alma, près du lac Saint-Jean, au Québec. Il y a certaines régions où cela se fait, mais il ne devrait plus y avoir d'espace aérien additionnel mis de côté à cette fin. Nous devons cohabiter.
À l'évidence, les véhicules aériens sans pilote et les aéronefs télépilotés deviennent de plus en plus gros. D'ici quelques années, il se peut qu'ils soient même plus nombreux que les aéronefs avec pilote eux-mêmes. Nous allons devoir partager le ciel.
De plus, nous sommes d'avis que la responsabilité et le fardeau de détecter et d'éviter — ce que l'on appelle détection et évitement — incombent aux aéronefs télépilotés. Nous avons deux yeux pour regarder dehors et nos aéronefs sont équipés de systèmes qui leur permettent de voir et de dispositifs particuliers pour éviter les collisions. Cependant, les aéronefs télépilotés ou véhicules aériens sans pilote eux-mêmes doivent être en mesure de détecter et d'éviter.
Voilà les quatre points que nous avons fait valoir auprès de l’Organisation de l’aviation civile internationale.
L'Association canadienne des propriétaires et pilotes d’aéronefs a déjà répondu à un avis de proposition de modification mis de l'avant par Transports Canada, en 2015, à propos des véhicules aériens sans pilote. Nous avons effectivement certaines choses à proposer. Mon collègue a parlé de quelques propositions formulées par l'Air Line Pilots Association. Nous en avons aussi formulé quelques-unes. De toute évidence, nous sommes d'accord sur beaucoup d'entre elles.
L'une de ces propositions est que tous les véhicules aériens sans pilote en circulation devraient être enregistrés de manière à ce qu'il soit possible de les associer à une personne. Ces appareils ne peuvent être anonymes. Chaque appareil — que ce soit un jouet ou quelque chose de plus gros — devrait être lié à son propriétaire. Ils devraient être enregistrés.
L'éducation est un autre aspect important. Chacun doit savoir ce qu'il peut faire avec un véhicule aérien sans pilote ou un aéronef télépiloté. Nous demandons aussi que la vente de ces appareils soit conditionnelle à la présentation d'une preuve de compétence. Nous demandons aux Best Buy et aux Future Shop de ce monde de refuser d'en vendre aux personnes qui n'en ont pas. Même en vente libre, il devrait y avoir une preuve de compétence. Une personne doit montrer qu'elle connaît les règles. Nous allons devoir vivre ensemble dans cet univers.
Notre association estime qu'il y a présentement un manque d'information au sujet de ces questions. Même en ce qui concerne la vente libre, nous avons testé quelques magasins; les gens nous ont répondu: « Non. Vous n'avez qu'à aller sur le site de Transports Canada. » Cela n'est pas suffisant. J'ai même une revue, ici, qui avise ses lecteurs de consulter le site de Transports Canada, mais qui n'en dit pas davantage. Il n'y a pas assez d'information qui circule à ce sujet.
À l'heure actuelle, ce qui importe, c'est de voir les véhicules aériens sans pilote. De toute évidence, avant d'aller hors de portée visuelle, la technologie devra être à toute épreuve. C'est ce que nous demandons, et nous sommes d'accord avec l'Air Line Pilots Association à ce sujet.
Je vous remercie beaucoup de la très gentille invitation que vous m'avez lancée de témoigner devant vous sur ce que j'estime être un sujet très important.
Un mot sur moi: je suis avocat. Je suis associé chez McInnes Cooper, ici, à Halifax. Ma pratique porte exclusivement sur le droit en matière de vie privée et de technologie. J'ai 15 ans d'expérience dans le domaine des nouvelles technologies perturbatrices.
J'ai eu l'occasion de fournir des conseils aux opérateurs de véhicules aériens sans pilote et des conseils juridiques aux entreprises qui souhaitent se servir de ces appareils. Toutefois, je tiens à ce que vous sachiez que je parle en mon propre nom, et pas au nom de ma firme ni au nom de mes clients ni au nom de quelque association que ce soit.
Ce qui nourrit probablement le plus mes opinions à ce sujet, c'est le fait que je sois moi-même un opérateur de véhicules aériens sans pilote récréatifs, et ce, depuis plus d'un an maintenant. Mon intérêt n'est pas suscité par l'aviation proprement dite, mais plutôt par ma grande passion pour la photographie et la vidéographie amateurs. Nous vivons dans un pays magnifique, et il est encore plus beau vu du haut des airs.
Un professeur de photographie m'a déjà dit que 99 % des photos étaient prises à la hauteur des yeux et qu'il est bien de s'élever ou de s'abaisser pour changer la perspective. Je peux vous assurer — et les pilotes dans la salle pourront corroborer mes dires — qu'à 100 ou 200 pieds, on découvre un pays absolument fascinant, et c'est cette perspective que j'aime capturer.
Mon exposé porte principalement sur l'utilisation à titre récréatif de véhicules aériens sans pilote qui pèsent moins de deux kilogrammes. Il s'agit en fait de véhicules aériens sans pilote très petits.
Je ne crois pas qu'il y ait le moindre doute sur le fait que les véhicules aériens sans pilotes sont une nouvelle technologie perturbatrice qui est en train de donner naissance à une toute nouvelle industrie, avec une foule de nouveaux débouchés, tant sur le plan industriel qu'économique. Je suis convaincu que des experts vont vous vanter le travail formidable que les véhicules aériens sans pilotes permettent dans le secteur industriel, notamment en agriculture, en foresterie, dans des secteurs associés au transport de produits, etc.
J'espère en outre que, comme moi, vous entendrez les opinions de nombreux petits exploitants, des gens qui ont passé les dernières années à créer des entreprises qui s'appuient sur cette technologie, et qui sont un peu inquiets de ce que les deux prochaines années leur réservent en matière de réglementation. Comme c'est souvent le cas, cette nouvelle technologie perturbatrice s'accompagne de ce que l'on pourrait décrire comme une « technopanique ».
En ma qualité d'avocat spécialiste de la vie privée, j'entends constamment parler de préoccupations à ce sujet. La majorité de ces préoccupations sont, en fait, injustifiées puisque la plupart des drones ou des véhicules aériens sans pilotes sont munis d'objectifs grands-angles qui ne conviennent pas à la surveillance.
Bien entendu, la question de la sécurité a suscité beaucoup de discussion et de préoccupations. En situation de technopanique, je soutiens qu'il faut prendre un peu de recul et respirer profondément afin d'essayer de se focaliser sur les faits plutôt que sur les émotions et les peurs.
Si vous effectuez une recherche sur de nouveaux sites avec les mots clés « drone », « collision » ou « incident évité de justesse », vous allez voir un exemple de ce que je perçois comme étant de la technopanique. Beaucoup de ces rapports — et j'ai vu que nombre d'entre eux portaient sur l'espace aérien canadien — ne s'appuient pas sur des examens approfondis, du moins, pas en ce qui concerne la technologie des drones utilisée dans les véhicules aériens sans pilote qui sont vendus dans les Best Buy ou qui se retrouvent sous l'arbre de Noël, ces appareils mêmes dont les ventes inquiètent.
L'incident le plus récent nous fournit un exemple intéressant. Il s'est produit aux alentours de l'aéroport des îles de Toronto et il fait présentement l'objet d'une enquête. L'objet a été aperçu à 9 000 pieds d'altitude au-dessus du lac Ontario, près de la frontière américaine. Cette frontière est à 28 kilomètres de l'aéroport et, en fait, à 28 kilomètres du rivage. Aucun drone de chez Best Buy ne peut parcourir une telle distance. L'appareil aurait volé hors de portée ou au-delà des capacités de la plupart des véhicules aériens sans pilotes, sauf si l'opérateur avait été dans un bateau. Les premiers rapports faisaient simplement état d'un objet non identifié, qui aurait pu être un sac en suspension ou quelque chose du genre, mais les médias ont choisi d'utiliser le mot évocateur de « drone » dans leurs titres, et la nouvelle a retenu l'attention.
Je suis d'avis que toute approche à la réglementation des drones devrait prioriser le soutien du développement de cette industrie au Canada — cette industrie est là, et elle est là pour rester — et elle devrait, bien entendu, s'efforcer d'atténuer les risques de façon réaliste.
Si vous cherchez un bon modèle, je crois que vous devriez adopter exactement celui des États-Unis. Il est très simple. Cette nouvelle approche sur les drones de moins de 55 livres est sans ambiguïté et elle est beaucoup plus simple que la réglementation proposée par Transports Canada. L'appareil doit porter un numéro d'immatriculation — je suis prêt à défendre cela. Il ne doit pas dépasser une altitude de 400 pieds, et je suis d'accord avec cela. Tous les vols doivent, bien entendu, rester dans le champ visuel de l'opérateur, et les vols effectués dans les espaces aériens contrôlés doivent avoir été signalés au préalable au contrôle de la circulation aérienne concerné. Les Américains ont d'ailleurs mis au point un système assez simple pour ce faire.
Nous devrions suivre cet exemple. Si nous ne le faisons pas, les États-Unis et l'Europe vont dominer cette industrie, et les Canadiens vont rester sur la touche.
Nous avons déjà une approche sensée en ce qui concerne la réglementation de nos voies navigables. Je pilote une petite embarcation de plaisance et je visite les ports et les côtes de notre belle province de la Nouvelle-Écosse. Pour être en mesure de piloter mon bateau, j'ai dû passer un test et obtenir une carte de conducteur d’embarcation de plaisance. Le test portait sur les règles de la circulation navale, les règlements internationaux sur les abordages, les règles de sécurité et les façons de piloter en toute sécurité. J'ai aussi dû enregistrer mon embarcation, inscrire le numéro d'immatriculation complet sur la coque et me procurer une assurance.
Les embarcations de plaisance coexistent avec les bateaux de travail de bien des façons. Je suis d'avis que les véhicules aériens sans pilote peuvent coexister avec les utilisateurs actuels de l'espace aérien, et qu'ils devront le faire.
Je défends également l'une des dispositions proposées par Transports Canada. Les personnes qui se servent de modèles réduits et de petits drones sous les auspices d'une association reconnue, selon les règles de sécurité de cette association et avec la protection de ses assurances devraient être en mesure de s'adonner à leur passe-temps dans ce contexte sans avoir à se plier à un cadre réglementaire d'une plus grande complexité. Toutefois, la personne qui sortirait de ce contexte devra évidemment se conformer à tous les règlements en vigueur.
Notre façon de réglementer les activités entourant les véhicules aériens sans pilote doit être sensée, proportionnelle et cohérente, et elle doit être nuancée en ce qui concerne l'ensemble des risques possibles.
Comme le disait d'une certaine façon un intervenant précédent, il importe aussi de ne pas perdre de vue que la technologie évolue très rapidement dans ce domaine. D'ici cinq ans, je crois que les appareils seront équipés de technologies de détection et d'évitement très efficaces. Ils disposeront d'excellents dispositifs de sûreté et de transpondeurs relativement peu coûteux qui pourront avertir les contrôles de la circulation aérienne et les autres utilisateurs de leur présence. Les capacités de détection et d'évitement y gagneront en acuité et en discernement.
Nous avons déjà des lois sur la protection de la vie privée, sur l'intrusion, sur la nuisance et sur d'autres choses semblables, alors je ne suis pas convaincu que nous devons élaborer de nouvelles lois pour tenir compte d'une technologie donnée. Ces lois d'application générale font l'affaire.
Si nous réglementons en fonction d'une technopanique, nous n'allons pas rendre service au Canada et les règlements régressifs que nous allons instaurer seront difficiles à réparer ultérieurement.
Je crois que nous devrions nous baser sur les quatre points que nous avons défendus en lien direct avec ce que la Federal Aviation Administration a fait aux États-Unis et opter pour une approche sensée et simple. Si vous sortez du cadre de réglementation des 55 livres ou si vous souhaitez aller plus haut que 400 pieds, vous devrez vous conformer à une réglementation beaucoup plus rigoureuse puisque, de toute évidence, le niveau de risque est différent.
J'ai bien hâte de discuter plus avant de cette question avec vous.
Merci.
J'ai beaucoup aimé le terme « technopanique » qu'a utilisé M. Fraser. Au cours des dernières années, chaque fois qu'il y a eu une nouvelle technologie ou une nouvelle application qui rejoignait le plus de gens possible, nous avons effectivement assisté à une technopanique.
Dans le cas des drones, je crois que l'inquiétude est légitime lorsque c'est la sécurité des passagers de lignes aériennes ou des utilisateurs de petits appareils qui est en jeu. Effectivement, on voit de plus en plus de drones.
J'ai été un peu surpris, monsieur Gervais, que vous demandiez qu'on ne vende pas de drones dans les magasins Best Buy aux personnes qui n'ont pas un certificat ou une autorisation.
Nous commençons à peine notre étude sur les drones et je m'attends à ce que nous en apprenions beaucoup sur ce sujet au cours des prochaines semaines.
La dernière fois que je suis entré dans un magasin Best Buy, j'ai vu des drones de la grosseur de ma tasse de café, mais aussi des plus gros. M. Fraser utilise chez lui des drones pour faire de la photographie à 200 ou 300 pieds d'altitude.
Parmi les drones qui sont utilisés actuellement, lesquels sont les plus menaçants pour l'industrie aérienne?
La question s'adresse d'abord à M. Gervais, puis ensuite à M. Adamus.
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Merci de votre question.
Si je me fie à mon expérience, je fais généralement de la photographie de paysage. Je ne regarde donc pas dans les arrière-cours des autres. En ce qui concerne de telles questions, je crois que nous devons certainement nous demander si des règles additionnelles sont nécessaires ou justifiées.
Il est actuellement possible d'obtenir des images satellites de très haute résolution de chaque pied carré ou mètre carré du territoire canadien. Si j'étais curieux de savoir si vous avez une piscine ou un spa dans votre arrière-cour, je peux déjà me procurer librement cette information. Le recours à une autre technologie change-t-il grandement la donne?
Ce dont je suis notamment conscient, c'est que la majorité des drones sur le marché... Nous entendons souvent parler de ce qui se retrouvera sous les sapins de Noël. Il y en aura des millions qui seront déballés Noël prochain. La majorité de ces drones ont des objectifs grand-angulaires, et c'est destiné à regarder le paysage et à s'émerveiller devant la magnifique vue que vous avez à cette hauteur. Dans la majorité des cas, vous n'êtes en fait pas assez près. J'ai volé près de gens. J'ai évidemment fait voler mon drone près de moi, et je peux vous dire qu'il est impossible de reconnaître quelqu'un rendu à une certaine altitude.
Les lois sur la vie privée concernent les renseignements personnels et les personnes identifiables. La majorité des drones ou des véhicules aériens sans pilote utilisés à des fins récréatives que recense le magazine Consumer Reports n'ont vraiment pas une grande incidence sur la vie privée des gens. C'est davantage une perception que la réalité.
Cependant, j'ai certainement entendu des gens qui voient la présence d'un drone au-dessus de leur quartier ou de leur maison comme une intrusion en soi. Je crois que c'est à peu près tout ce qu'il y a à dire à ce sujet.
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Merci, madame la présidente.
Je remercie les témoins de leur participation aujourd'hui.
De prime abord, je me suis demandé si cette question constituait vraiment une urgence, mais plus je vous écoute, plus je constate son importance.
On parle beaucoup de la sécurité du trafic aérien. On parle aussi de la protection de la vie privée. J'ai été maire d'une municipalité de 45 000 habitants. Nos échanges me rappellent une situation où il avait fallu traiter avec les avocats de la Ville. Un citoyen qui possédait des caméras de sécurité s'en servait aussi pour photographier sa voisine lorsqu'elle se trouvait au bord de sa piscine en maillot de bain. Nous avons eu à gérer cette situation.
Je me rappelle très bien que le greffier de la municipalité nous avait alors parlé des problèmes qui viendraient avec les drones, les appareils photos, et de la difficulté à déterminer qui s'en chargerait. Les citoyens s'adressent aux municipalités, mais ces enjeux sont de compétence fédérale.
Beaucoup de questions vont devoir être réglées. Par exemple, nous n'avons pas vraiment parlé des problèmes de sécurité impliquant des terroristes ni de l'utilisation qu'ils pourraient faire des drones. Je n'ai pas vu la liste de tous les témoins qui comparaîtront, mais j'imagine que nous en parlerons avec d'autres témoins.
Dans le domaine de la navigation, une formation est donnée concernant les embarcations nautiques utilisées dans des activités de loisir. Chaque personne qui veut conduire un bateau à moteur doit au préalable remplir un questionnaire sur Internet. Même si je ne l'ai jamais fait, j'imagine qu'on doit, par l'entremise des différentes questions, sensibiliser ces personnes et leur fournir de l'information pour qu'ils comprennent mieux les enjeux. Naturellement, quelqu'un pourrait se faire passer pour une autre personne et passer le test, mais compte tenu de la façon dont c'est fait, on peut penser que la majorité des gens suivent ce processus.
À votre avis, devrait-on exiger que tous les utilisateurs de drones suivent une formation de ce genre?