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Merci, madame la présidente. Bonjour à toutes et à tous.
Je suis Pierre Arseneau, coordonnateur du bureau de Montréal pour le Syndicat des Métallos. Nous tenons à remercier le Comité permanent des transports, de l'infrastructure et des collectivités de recevoir le Syndicat des Métallos pour l'entendre au sujet de la sécurité ferroviaire.
Le Syndicat des Métallos compte parmi ses membres une dizaine d’entreprises au Québec, dont Central Maine & Quebec, ou CMQ, qui était autrefois Montreal, Maine & Atlantic, ou MMA, le Canadien National, le Canadien Pacifique ainsi que Quebec North Shore & Labrador.
Au cours de la brève présentation que nous ferons devant le comité aujourd'hui, nous allons reprendre la plupart des éléments que nous vous avons déjà présentés en janvier 2014. Nous ajouterons de nouvelles observations et recommandations.
Nous souhaitons nous concentrer sur les aspects suivants, à savoir: l'état des rails, des wagons et des locomotives de la MMA à l'époque; l’opération des convois ferroviaires avec un seul ingénieur de train; l’identification des marchandises sur les wagons; les équipes de premiers répondants et les mesures d’urgence; ainsi que la relation entre le Bureau de la sécurité des transports et Transports Canada dans le maintien de la sécurité ferroviaire.
Nous étions le principal syndicat chez MMA. Dans notre présentation, nous allons revenir plusieurs fois sur la tragédie de Lac-Mégantic.
Dans un premier temps, nous vous rappelons les faits essentiels survenus dans la nuit du samedi 5 juillet au dimanche 6 juillet 2014. À 23 heures, le train de la MMA s'arrête à Nantes. À 23 h 50, un incendie à bord d'une locomotive est signalé. À minuit, l'incendie est maîtrisé et le moteur de la locomotive est coupé par les services d'incendie. Vers 1 heure, le train commence à débouler la pente entre Nantes et le centre-ville de Lac-Mégantic à une vitesse élevée. Vers 1 h 14, un déraillement se produit dans une courbe en plein centre-ville de Lac-Mégantic. Il y a 47 personnes qui perdent la vie.
Le premier aspect que nous avons examiné est la mise sur pied d'une équipe d'urgence qualifiée en cas d'incident. Le Syndicat des Métallos est d’avis que l’accident de Lac-Mégantic ne serait pas survenu si un petit transporteur comme la MMA avait observé des règles aussi strictes que celles que se donnent et suivent les deux plus gros transporteurs au pays, soit le Canadien National et le Canadien Pacifique.
Nous croyons qu’en cas d’événement majeur ou des problèmes mécaniques urgents, toute compagnie ferroviaire, peu importe sa taille, doit disposer en tout temps de personnes qualifiées et formées capables de se rendre sur les lieux dans un délai raisonnable. Ces personnes doivent s’assurer de sécuriser tout convoi avant de quitter les lieux de l’incident ou de l’avarie mécanique. Elles doivent également passer en revue la procédure suivie par tous les intervenants avant leur arrivée, afin de s’assurer qu’aucun nouveau problème n’a été généré dans le cadre de leurs interventions.
En vertu de ces considérations, le Syndicat des Métallos souhaite faire la recommandation suivante, à savoir que les entreprises canadiennes de transport ferroviaire soient tenues en toutes circonstances et peu importe leur taille de disposer d'une équipe d'urgence composée d'employés qualifiés et formés capables de répondre dans un délai raisonnable à tout incident majeur ou problème mécanique urgent.
Je vais maintenant parler des équipes de premiers répondants et des mesures d'urgence.
De plus en plus de matières dangereuses traversent nos villes. Il faut qu’il y ait un meilleur partage de l'information pour assurer la sécurité du public canadien. La transparence de l’information à l'intention des premiers répondants est le plus beau gage de sécurité qu’une compagnie ferroviaire puisse donner aux communautés qu’elle traverse. Il est important que les maires, les services d’incendie, les services de police et ambulanciers ainsi que les directions de la santé d’une communauté sachent à quelles matières dangereuses, à quels enjeux sécuritaires et à quelles règles de procédure elles ont affaire.
En vertu de ces considérations, le Syndicat des Métallos souhaite faire la recommandation suivante. Les premiers répondants doivent être informés des matières dangereuses traversant leur territoire et des procédures à suivre en cas d’incident par l’ensemble des compagnies ferroviaires canadiennes au sujet de l’ensemble des activités au Canada. Ils doivent être formés adéquatement pour intervenir efficacement lors de catastrophes ferroviaires.
Un protocole d’intervention doit être établi entre les services d’incendie, les municipalités traversées et les entreprises ferroviaires désormais tenues de disposer en tout temps d’une équipe d’urgence. Enfin, celles-ci doivent publier à l’intention des premiers répondants visés une procédure d’intervention selon les différents scénarios pouvant se produire.
Je vais passer maintenant à la question touchant l'état des rails, des wagons et des locomotives de la CMQ.
Dans plusieurs régions où la MMA avait des voies ferroviaires, les médias et le public ont rapporté au fil du temps plusieurs anomalies de sécurité, aussi bien avant qu'après les événements de Lac-Mégantic.
Ainsi, on a pu apprendre que plusieurs incidents ont été rapportés, notamment que des clous sortaient des rails, que les voies ferroviaires étaient souvent croches ou mal alignées, que des locomotives prenaient souvent en feu et que des autobus et véhicules avaient parfois de la difficulté à traverser les voies ferrées — qui traversaient elles-mêmes les voies publiques — à cause de ce mauvais entretien des équipements.
Toutefois, notons que depuis les incidents de Nantes et de Lac-Mégantic, la Central Maine & Quebec, constatant le piètre état du réseau que lui a légué la MMA, a investi depuis environ 21 millions de dollars dans l’entretien et la modernisation de ce réseau. De plus, d’autres aspects sont venus améliorer la situation, comme l’interdiction de la conduite d'un seul homme par train lorsque le convoi comprend des matières dangereuses. De plus, il semble y avoir davantage d’inspecteurs de Transports Canada pour réaliser les inspections des wagons et de leurs matières dangereuses.
On a quand même maintenu les recommandations 3 et 4 voulant que les entreprises souhaitant faire affaire au Canada dans le domaine du transport ferroviaire soient l'objet d'une vérification plus rigoureuse que ce qui se fait à l'heure actuelle au sujet de leurs antécédents, de leur solvabilité financière, de leur faisabilité d’affaires et de leur réputation avant qu’un permis d’exploitation ne leur soit accordé.
La quatrième recommandation se lit comme suit: « Que les inspections des équipements, voies ferroviaires, locomotives et wagons soient plus nombreuses et plus rigoureuses qu’à l’heure actuelle. »
Parlons maintenant de l’opération des convois par une seule personne.
Le Syndicat des Métallos estime et a toujours estimé que l'opération de convois ferroviaires par une seule personne à bord est très peu sécuritaire. En 2012, avant les incidents de Nantes et de Lac-Mégantic, Transports Canada ne pouvait pas ne pas connaître la question sécuritaire de ce type d'opération.
Deux rapports du Bureau de la sécurité des transports du Canada avaient traité de cette question auparavant et avaient formulé des recommandations claires à ce sujet. En 1996, le BST a publié un rapport d'enquête portant le numéro R96Q0050. En 2009, il a publié un autre rapport d'enquête sur le même sujet, soit le numéro R09T0057.
Si le gouvernement fédéral en avait pris connaissance en 2009 et avait appliqué les recommandations formulées par le BST, le permis d’opération des convois ferroviaires avec un seul ingénieur à bord n’aurait pas été délivré à la MMA et la tragédie de Nantes et de Lac-Mégantic n’aurait pas eu lieu.
Comme nous l’avons écrit précédemment, la conduite par une seule personne par train est désormais interdite lorsque le convoi comprend des matières dangereuses. C’est une avancée que le Syndicat des Métallos applaudit. Nous maintenons toutefois notre recommandation d’en interdire la pratique en toutes circonstances. En effet, la population n’est pas à l’abri d’un accident pouvant survenir entre deux trains dont l’un pourrait contenir des matières dangereuses et l’autre être conduit par un ingénieur unique.
En vertu de ces considérations, le Syndicat des Métallos souhaite faire la recommandation suivante, soit que Transports Canada n’autorise pas l’opération de convois ferroviaires avec un seul ingénieur de train à bord, et ce, en toutes circonstances, afin de mieux servir et protéger les travailleurs de ces entreprises ainsi que la population canadienne.
Parlons de l'identification des marchandises sur les wagons.
Les membres du Syndicat des Métallos, comme les différentes communautés du Canada, doivent savoir avec quelles matières dangereuses ils travaillent. Les responsables de ces communautés traversées par des convois de matières dangereuses ne sont pas toujours informés de ces transports ou ils ne le sont pas à temps ou de façon adéquate. Dans certains cas, ils ne disposent pas non plus de la formation adéquate pour traiter au profit de leur communauté ou de leur administration les informations qui leur parviennent des transporteurs ferroviaires.
En vertu de ces considérations, le Syndicat des Métallos souhaite faire les recommandations suivantes: resserrer les réglementations canadiennes en matière de surveillance et de sécurité des convois ferroviaires de produits dangereux; qu'il y ait une identification sur chacun des wagons des matières dangereuses transportées et la transmission des informations sur ces matières aux autorités compétentes et aux premiers répondants des municipalités desservies ou traversées par une ligne de chemin de fer.
Parlons maintenant du rôle du Bureau de la sécurité des transports du Canada, ou BST.
Selon le Syndicat des Métallos, Transports Canada doit donner suite rapidement aux recommandations du BST formulées à la suite de l’accident de Lac-Mégantic. Plusieurs éléments du rapport du BST vont dans le sens des recommandations que nous avons formulées à la suite de cet événement. Nous encourageons le gouvernement du Canada et Transports Canada à se soucier de la sécurité des populations canadiennes en tenant compte des recommandations formulées par le BST.
Pour ce qui est de la recommandation 8, le syndicat...
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Merci, madame la présidente.
Je m'appelle Phil Benson et je suis lobbyiste pour Teamsters Canada. Je suis accompagné aujourd'hui de Don Ashley, directeur législatif national de la Conférence ferroviaire de Teamsters Canada (CFTC).
Avec la Division des préposés à l'entretien des voies de la CFTC, Teamsters représente environ 65 % de la main-d'oeuvre ferroviaire et presque tout le personnel itinérant.
Les systèmes de gestion de la sécurité (SGS) ne représentent rien de plus qu'une pratique exemplaire que chaque entreprise devrait mettre en application. Il n'y avait donc pas lieu d'intégrer à la loi des dispositions touchant les SGS, autrement que dans le but de déréglementer le secteur et de permettre aux entreprises de s'autoréglementer. En 2009 et 2010, différentes études et évaluations en comité ont été menées à la suite d'une étude sur les systèmes de gestion de la sécurité ferroviaire effectuée par Transports Canada.
Lorsqu'on a effectivement inspecté le matériel et les voies ferrées, on a découvert que l'information fournie par les entreprises et les vérifications correspondantes de Transports Canada n'étaient que pure fiction. C'est ce qui a mené en 2011 à la modification des dispositions touchant les SGS dans la Loi sur la sécurité ferroviaire. Nous ne savons pas si ces modifications auront une incidence sur quoi que ce soit. Nous pouvons présumer que les entreprises ne souhaitaient pas de tels changements, car aucune mesure n'a été prise pour les mettre en oeuvre jusqu'à la tragédie de Lac-Mégantic. Le gouvernement a alors été forcé d'agir.
À la fin de la dernière législature, le projet de loi a entraîné de nouvelles modifications à la Loi sur la sécurité ferroviaire, conférant au ministre le pouvoir d'ordonner aux entreprises d'apporter les correctifs nécessaires à leur SGS et supprimant l'exigence suivant laquelle la gestion de la fatigue doit être fondée sur des avis scientifiques. L'octroi de tels pouvoirs correctifs au ministre témoigne du manque de confiance du précédent gouvernement envers les SGS. N'est-il pas évident que même les conservateurs doutaient des intentions des entreprises?
Dans son récent budget, le gouvernement a alloué 143 millions de dollars en vue d'améliorer la sécurité ferroviaire, notamment grâce à une surveillance plus étroite et une application plus rigoureuse de la loi. Si l'on ajoute les fonds injectés par le précédent gouvernement, on en arrive à près de 175 millions de dollars en deniers publics pour consolider ce que d'autres témoins vous ont décrit comme étant un cadre réglementaire déjà solide et sécuritaire. Si la Loi sur la sécurité ferroviaire avait été modifiée après la tragédie de Lac-Mégantic, elle différerait de la loi actuelle. Nous vous demandons donc de la réviser, et de le faire rapidement.
Nous étions perplexes lorsque nous avons appris que le projet de loi supprimait l'exigence suivant laquelle la gestion de la fatigue devait se baser sur des données scientifiques. On nous a répondu que l'on voulait ainsi éviter les difficultés liées à la rédaction des dispositions réglementaires et que ces mesures allaient se retrouver dans le règlement, comme c'est effectivement le cas. Il faut d'abord préciser que la loi de 2011 a été adoptée à l'unanimité des voix par la Chambre et le Sénat, où toutes les discussions se sont concentrées sur la fatigue.
On nous a ensuite informés que le ministère de la Justice avait demandé que l'on inclue dans la loi une définition de la science de la fatigue pour garantir que le règlement soit conforme aux exigences des législateurs. À notre avis, les entreprises n'ont pas apprécié que les législateurs exigent une gestion de la fatigue en fonction de données scientifiques. Nous sommes soulagés de constater que le gouvernement actuel l'exige pour l'établissement des règles.
Selon ce que nous savons actuellement, la catastrophe de Hinton a mené à un contrôle insuffisant des heures de travail, laissant le reste aux conventions collectives. Pendant plus de six décennies, le gouvernement fédéral a eu recours à des lois forçant le retour au travail, violant ainsi les droits constitutionnels des travailleurs ferroviaires de se syndiquer et de faire la grève.
Or, il sera impossible de normaliser et de gérer de façon uniforme les heures de travail via les conventions collectives, à moins que les droits conférés par la Charte soient protégés. Dans les secteurs du camionnage et du transport aérien, les heures de travail sont établies par une réglementation; elles ne devraient jamais être fixées dans le cadre des négociations collectives. Il faut résoudre ce problème dans le secteur ferroviaire.
Je vous ai remis un graphique illustrant le nombre mensuel d'infractions aux règles touchant le temps de travail et de repos. C'est le nombre de fois qu'une seule entreprise a enfreint les dispositions de la convention collective à cet effet pendant une période de trois ans. Je crois que le décompte actuel est de 5 000. Pour quelle raison? Lorsqu'on laisse ces considérations à la discrétion d'une entreprise dans le cadre de la négociation collective, cela devient pour elle un simple coût d'exploitation, l'entreprise n'ayant aucun intérêt à établir des règles pour la santé et la sécurité des travailleurs et la protection de la population.
Les données scientifiques liées à la fatigue sont claires: de longues heures de travail et la fatigue qui s'ensuit causent des maladies et affaiblissent les capacités cognitives. Transports Canada a pour mandat d'assurer l'efficience de notre système de transport, de protéger le public et de permettre aux entreprises de prospérer. Travail Canada n'autoriserait pas les membres de la CFTC à travailler de longues heures comme ils le font, car cela pose un problème pour la santé. Transports Canada ne peut pas s'occuper des dommages causés à la santé par la fatigue parce que cela ne fait pas partie de son mandat. Pour que l'on puisse établir des règles fondées sur des données scientifiques, il faudra que les ministères cessent de travailler ainsi de façon cloisonnée.
Nous recommandons tout d'abord que Travail Canada prenne les choses en main lorsque Transports Canada doit composer avec des enjeux liés aux heures de travail et à la fatigue dans le secteur ferroviaire et tous les autres secteurs des transports. Il faudrait tout au moins que Travail Canada participe aux discussions et que la santé des travailleurs soit prise en compte dans le processus d'établissement de règles basées sur des preuves scientifiques par Transports Canada. Nous recommandons aussi que la Loi sur la sécurité ferroviaire soit modifiée pour permettre à Transports Canada de prescrire les heures de travail, comme cela se fait dans d'autres secteurs.
Le ministre est d'ores et déjà habilité à modifier les règles de base. Cela concerne davantage les systèmes de gestion de la sécurité dont M. Ashley va vous parler.
Nous recommandons enfin que Santé Canada, Travail Canada et Transports Canada entreprennent une étude conjointe pour évaluer les coûts de la fatigue dans le secteur des transports par rapport aux soins de santé financés par l'État et aux coûts sociaux qui en découlent pour ces travailleurs, leurs familles et la société.
Camarade Ashley.
Je vous ai transmis un document sur les systèmes de loco-commande (SLC) que je vous laisse le soin de consulter. Pour poursuivre dans le sens des propos de Phil, je vais simplement vous parler un peu de la fatigue.
La fatigue est un gros problème pour nos membres dans ce secteur. C'est le temps de repos après le travail qui semble surtout retenir l'attention. Ce n'est pourtant pas ce qui est le plus problématique. Il faut surtout s'inquiéter du fait que 80 % de nos membres travaillent sur appel. Ils ne savent donc jamais à quel moment on va les appeler pour travailler. Un cheminot peut être en repos depuis 20 heures en s'attendant à ce qu'on le rappelle au travail d'un moment à l'autre, mais ne pas avoir de nouvelles pendant les 12 heures suivantes. Dans de telles circonstances, il n'est pas nécessairement facile de demeurer frais et dispos pour pouvoir accomplir ses tâches lorsque l'appel finira par arriver.
Un employé de bureau se rend à son travail, rentre ensuite à la maison pour souper avant de se mettre au lit. Il se repose en sachant très bien qu'il va travailler le lendemain matin. Lorsqu'un travailleur débarque d'un train pour aller refaire ses forces, il se réveille le lendemain en s'attendant à ce qu'on le rappelle au travail. Le train prévu ne se présente pas, et les retards s'accumulent. Rendu au lendemain soir alors que tout le monde se prépare à aller au lit, il est rappelé pour aller faire un quart de 12 heures sur un train. C'est l'horaire de travail qui est problématique.
Nous étions plutôt contents lorsque la première ébauche du Règlement sur le SGS a été publiée dans la Partie I de la Gazette du Canada. On y indiquait que les entreprises ferroviaires allaient devoir mettre en oeuvre un processus pour établir les horaires de leurs employés, en listant tous les métiers touchés. Nous n'avons pas commenté ces mesures, parce que nous les estimions bénéfiques. Un changement est toutefois intervenu quelque part entre la Partie I et la Partie II de la Gazette. Lorsque la Partie II a été publiée, on pouvait y lire qu'une compagnie de chemin de fer doit appliquer les principes de la science de la fatigue lorsqu'elle établit les horaires de ces employés. Mais comme l'entreprise n'a aucune intention d'établir un horaire pour ces gens-là, elle n'est pas tenue de suivre le règlement. Ces entreprises ne veulent rien savoir d'employés qui ne seraient pas toujours à leur disposition, car cela pourrait perturber leur bon fonctionnement. Elles veulent s'assurer de pouvoir faire rouler leurs trains quand elles le veulent, avec une gestion minimale. C'est ce qui est à l'origine du problème de la fatigue.
C'est un problème que nous ne devrions pas avoir à régler dans le cadre des négociations collectives. C'est lié à la sécurité, et aucun enjeu semblable ne devrait être au menu des négociations collectives. C'est bien sûr une bonne chose de vouloir améliorer les dispositions en place, mais c'est par voie réglementaire que l'on doit régler les questions de sécurité.
Tout comme Brian, je faisais partie du Groupe de travail sur la gestion de la fatigue du Conseil consultatif sur la sécurité ferroviaire. Notre dernière rencontre remonte à mars 2015, soit il y a plus d'un an. Transports Canada nous a alors indiqué que l'on allait dissoudre le groupe de travail parce que plus aucun progrès n'était réalisé. Nous essayions de faire avancer les choses, mais les entreprises ferroviaires se contentaient de retarder le processus parce qu'elles ne voulaient pas que des changements soient apportés. Comme le ministère s'est rendu compte que l'on n'allait nulle part, il a indiqué qu'il allait dissoudre le groupe de travail...
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Certainement. Nous remercions tous les membres du Comité de nous avoir invités à présenter le point de vue d'Unifor sur l'avenir de la sécurité ferroviaire au Canada, notamment en ce qui a trait aux équipements télécommandés, à la gestion de la fatigue et aux systèmes de gestion de la sécurité.
Je m'appelle Jerry Dias et je suis président national d'Unifor. Je suis accompagné aujourd'hui de Brian Stevens, notre directeur du Secteur ferroviaire national.
Nous représentons près de 85 000 membres qui travaillent dans le secteur fédéral du transport aérien, maritime et routier ainsi que des télécommunications. Dans le contexte plus particulier de l'étude menée par votre Comité, j'ajoute que nous comptons plus de 12 000 membres dans le secteur ferroviaire.
La majorité de nos membres du secteur ferroviaire effectuent des inspections de sécurité et d'entretien et des réparations sur les wagons de passagers et de marchandises et les locomotives des chemins de fer de catégorie 1, de VIA Rail et de différents transporteurs régionaux.
Nous représentons en outre 65 mécaniciens et conducteurs de locomotive travaillant pour Savage Alberta Railway, une entreprise du CN, et 40 autres qui sont à l'emploi de TTR dans la région du Lower Mainland et au port de Vancouver. Vous trouverez aussi certains de nos membres dans les bureaux des gares de triage, dans les centres d'appel des équipages du CN et au service des voyageurs chez VIA Rail. Il ne fait aucun doute que nous avons déjà notre mot à dire quant à l'avenir de la sécurité ferroviaire.
Tant pour Savage Alberta Railway que pour TTR, nos conducteurs de locomotive n'utilisent pas pour l'instant les systèmes de télécommande pour les manoeuvres de triage. Il y a toutefois un grand nombre de nos membres qui travaillent dans des gares de triage où les systèmes de télécommande des locomotives sont utilisés. Nous sommes donc préoccupés par l'utilisation que l'on fait actuellement et que l'on fera de plus en plus de cette technologie.
Dans les gares de triage comme sur les voies d'évitement, nos membres peuvent compter sur la protection adéquate que leur procure un dispositif de verrouillage personnel activé aux deux extrémités de la voie où ils travaillent, ou encore sous les wagons ou les locomotives. Cette protection est prévue depuis longtemps dans nos ententes dans le secteur ferroviaire. C'est ce qu'on appelle généralement la règle du drapeau bleu qui est appliquée en trois étapes. Il y a d'abord une lumière ou un drapeau bleu indiquant au conducteur de la locomotive que des employés d'entretien travaillent près des voies. En second lieu, l'aiguillage est enclenché dans la direction opposée. Troisièmement, un dispositif de verrouillage personnel est activé pour éviter que l'on circule par inadvertance sur les voies où nos membres travaillent.
Plus que jamais soucieux d'accroître la vitesse tout en réduisant les temps d'arrêt, les chemins de fer de catégorie 1 laissent entendre que nos membres pourraient fort bien compter uniquement sur des mesures administratives pour assurer leur sécurité. Ainsi, un contrôleur de la circulation ferroviaire aviserait les équipages de télécommande des locomotives que nos employés d'entretien travaillent sur certaines voies.
En l'absence de lignes de visibilité dégagées, les locomotives contrôlées à distance présentent un plus grand risque pour nos membres travaillant sous les wagons ou à proximité. Lorsqu'un conducteur est aux commandes de la locomotive, il peut voir que l'aiguillage est enclenché dans la direction opposée ou qu'il y a un drapeau bleu entre les voies. L'opérateur du système de télécommande n'est pas toujours en mesure de faire ces constatations lorsqu'il travaille au pupitre de conduite.
Le drapeau bleu et le dispositif de verrouillage sont les seules protections adéquates dont peuvent disposer nos membres qui travaillent dans les gares de triage et sur les voies d'évitement. Les mesures administratives ne sont pas totalement fiables, et les risques s'accroissent considérablement avec le recours grandissant aux systèmes de télécommande. Les évaluations des risques menées dans le cadre du SGS n'éliminent pas tous les dangers; nos membres ne sont pas à l'abri.
Les entreprises ferroviaires vous diront qu'elles effectuent des évaluations des risques, comme elles sont tenues de le faire, lorsqu'il y a des changements dans leurs modes de fonctionnement ou qu'une nouvelle technologie, comme les SLC, est mise en service.
Précisons que nos membres sont protégés par le Code canadien du travail et son règlement en matière de santé et sécurité. À nos yeux, le SGS est simplement une mesure administrative supplémentaire qui n'est pas conçue pour la protection des travailleurs. C'est un système qui vise à permettre aux entreprises de maximiser leurs profits au prix des risques encourus par les travailleurs. Il faut surtout s'inquiéter du fait que les intervenants de l'industrie croient de plus en plus que les processus d'évaluation et de contrôle des risques sont fiables et assurent la protection des travailleurs. Nous estimons que les évaluations des risques dans le cadre du SGS ne sont rien d'autre qu'une étape d'analyse supplémentaire que les entreprises sont obligées de franchir lorsqu'elles souhaitent apporter des changements à leurs modes de fonctionnement.
En outre, l'industrie s'appuie sur l'hypothèse voulant que l'évaluation des risques du SGS constitue une solution de rechange acceptable pour les mesures de prévention prévues dans l'ordre de priorité établi à l'article 19.5 du Règlement canadien sur la santé et la sécurité au travail. Ce n'est pourtant pas le cas. Pour dire les choses comme elles sont, l'approche de santé et sécurité au travail se distingue nettement, du fait qu'elle est fondée sur l'élimination des risques. C'est la prévention qui est visée.
Pour ce qui est de la gestion de la fatigue, la plupart de nos membres ont un horaire de travail qui respecte la Partie III du Code canadien du travail. Nous ne voulons pas dire par là qu'il ne leur arrive jamais de se sentir fatigués. Ils peuvent par exemple ressentir la fatigue lorsqu'ils ont à travailler sur un site de déraillement ou lorsqu'ils doivent multiplier les quarts de travail en raison de changements opérationnels. Le fait est que les quarts de travail de nos membres sont prescrits en vertu de la Partie III du Code canadien du travail. Ainsi, un mécanisme interne — la convention collective — intervient parallèlement à un mécanisme externe — le Code du travail — pour protéger la santé et la sécurité de ces travailleurs.
Pour nos membres travaillant dans les cabines des locomotives comme pour nos camarades des Teamsters, c'est Transports Canada qui est responsable de la gestion de la fatigue. Je ne vous apprends pourtant rien en vous disant qu'un autre groupe de travail a failli à la tâche en ne parvenant pas à élaborer une réglementation qui aurait protégé la santé et la sécurité de ces travailleurs.
On peut bien parler de sécurité ferroviaire, mais ce ne sont pas que des mots. Il faut s'employer d'abord et avant tout à détecter les risques pour pouvoir les éliminer, plutôt qu'à mettre en oeuvre de nouvelles technologies comme le SLC ou à établir des mesures administratives qui sont censées atténuer ces risques.
Nous vous remercions du temps que vous nous avez consacré et nous nous ferons un plaisir de répondre à toutes vos questions.
Je suis accompagnée aujourd'hui de Michael Teeter, mon conseiller en politique.
L'Union canadienne des employés des transports est le syndicat national représentant la plupart des inspecteurs et des employés à Transports Canada, à la Garde côtière canadienne, au Bureau de la sécurité des transports du Canada, à l'Office des transports du Canada et dans un grand nombre d'aéroports au pays.
Je suis très heureuse d'être de nouveau invitée à comparaître devant ce comité pour discuter de l'importante question de la sécurité ferroviaire. Nous ne devrions jamais sous-estimer les répercussions de la tragédie de Lac-Mégantic sur Transports Canada, les inspecteurs et les gestionnaires.
Le ministère n'a pas ménagé ses efforts pour rectifier les anomalies mises au jour par cette terrible tragédie. La réponse du gouvernement au rapport final de votre comité souligne bien ces efforts.
Sous l'égide du gouvernement précédent, la direction a notamment essayé d'aplanir les difficultés associées à l'embauche d'inspecteurs. Les divisions en charge de la sécurité pour les différents modes de transport ont procédé à des embauches en dépassant les budgets prévus afin de combler les pénuries de main-d'oeuvre et de faire face au grand nombre de départs à la retraite attendus.
Il faut des années pour former des inspecteurs, et nombreux sont ceux qui arrivent à Transports Canada en provenance du secteur privé vers la fin de leur vie professionnelle. L'embauche est difficile du fait que des compétences et des qualifications approfondies sont requises. Il est également difficile d'attirer des inspecteurs, car les salaires versés dans le secteur privé sont souvent plus élevés qu'au gouvernement.
Nous sommes atterrés de constater que le nouveau gouvernement a réduit les budgets de Transports Canada de 21 % alors que son déficit augmente de 25 milliards de dollars. Si l'on ajoute à cela les difficultés associées au processus de dotation qui met l'accent sur les compétences générales comme les communications, plutôt que sur l'expertise technique dont les inspecteurs ont besoin, il devient de plus en plus ardu de faire concurrence au secteur privé pour attirer les meilleurs éléments.
En outre, ces compressions mettent Transports Canada dans une situation intenable en l'obligeant à réduire en conséquence ces activités pourtant essentielles aux fins de la sécurité des transports, notamment quant au nombre et au type d'inspections menées et à la quantité d'inspecteurs. Si le gouvernement du Canada n'arrive pas à assurer une surveillance efficace de la sécurité des transports, à quoi sert-il donc?
Nous craignons de voir ces compressions budgétaires miner la capacité de Transports Canada de remplir son mandat qui consiste à assurer la sûreté et la sécurité des voyageurs. Plutôt que de le diminuer, il faut qu'on augmente le nombre d'inspecteurs pour la sécurité ferroviaire, maritime, aérienne et routière, ainsi que pour les marchandises dangereuses.
Je ne peux qu'en conclure que ce gouvernement se permet de réduire le nombre d'inspections et d'inspecteurs parce qu'il est convaincu que les systèmes de gestion de la sécurité permettront à eux seuls de rectifier les anomalies. Nous savons que la compagnie de chemin de fer MM+A avait un programme de SGS, mais que 42 personnes n'en ont pas moins malheureusement perdu la vie, et que les trois employés qui avaient suivi les procédures de la compagnie sont ceux qui font l'objet d'accusations criminelles.
Ce n'est pas avec les SGS que l'on pourra éviter des tragédies comme celle de Lac-Mégantic. La solution viendra plutôt d'une amélioration des inspections, des mesures réglementaires, des structures organisationnelles et des mécanismes de protection des dénonciateurs.
Depuis des années, l'UCET s'efforce de convaincre Transports Canada d'adopter des mesures plus efficaces pour la protection des dénonciateurs, de séparer les inspecteurs des vérificateurs des SGS, et de créer des équipes chargées de faire appliquer les lois pour les différents modes de transport. Certes, le ministère est à l'écoute, mais il est très lent à réagir. Il y a pourtant encore bien des choses à faire à Transports Canada, et je vais vous en donner quelques exemples.
Il faut davantage d'inspecteurs de même qu'une garantie d'investissement dans une formation pertinente pour que les inspecteurs puissent maintenir leurs compétences à niveau. Depuis trop longtemps, les compagnies de chemin de fer tiennent pour acquis que leur pouvoir de lobbying aura toujours le dessus sur la volonté d'un inspecteur de Transports Canada, ce qui ne devrait jamais être le cas.
Les inspecteurs et les vérificateurs de Transports Canada ont besoin des autorisations ministérielles et de l'appui inconditionnel du ministre et des gestionnaires de tous les niveaux. On devrait faire connaître sans tarder cette nouvelle approche fondée sur la confiance envers les inspecteurs en n'oubliant pas de souligner les ajustements apportés aux autorisations ministérielles correspondantes dans toutes les lois en matière de sécurité.
Les vérifications de documents menées dans le cadre du SGS ne devraient en aucun cas remplacer les inspections directes et inopinées effectuées par des inspecteurs et des vérificateurs des SGS. Les équipes multidisciplinaires devraient inclure des inspecteurs des marchandises dangereuses lorsque les compagnies ferroviaires transportent de tels produits.
Il convient de simplifier le langage et aussi la structure à Transports Canada. Il y a en effet bien trop de moyens différents de définir les SGS et les inspections. Il ne devrait y avoir que deux termes efficaces liés à la surveillance — inspection et vérification des SGS — et des équipes distinctes d'inspecteurs et de vérificateurs pour chacune. La définition des SGS ne peut tout simplement pas être laissée au bon vouloir d'une compagnie de chemin de fer. Les règlements et autres définitions des SGS doivent être précis et non ambigus, et rédigés en des termes simples et faciles à comprendre.
Il faut un haut fonctionnaire gouvernemental responsable par mode. Il y a en effet bien trop de hauts dirigeants et aussi beaucoup trop de chevauchements entre les structures régionales et la surveillance fédérale du transport.
Nous nous réjouissons de l'insertion de mesures de protection des lanceurs d'alerte dans la Loi sur la sécurité ferroviaire récemment révisée, dont nous nous attribuons le mérite. Nous croyons qu'il devrait y avoir de meilleures communications avec tout le personnel des entreprises de transport à propos des mesures de protection des dénonciateurs, et des moyens et méthodes de les utiliser. Il règne une certaine confusion du fait que Transport Canada et le Bureau de la sécurité des transports du Canada présentent deux options différentes relativement aux dénonciateurs. Peut-être faudrait-il alors procéder à une rationalisation et instaurer de meilleures communications avec le public et l'industrie sur les procédures relatives aux lanceurs d'alerte, ainsi que sur les mesures de protection qu'offrent ces procédures.
Transports Canada doit incorporer une meilleure utilisation de la technologie pour que les inspecteurs soient mieux en mesure d'effectuer leur travail de surveillance. Par exemple, des règlements pourraient être mis en place pour forcer les transporteurs et les expéditeurs à installer des systèmes de contrôle en temps réel sur les wagons qui contiennent certaines catégories de marchandises dangereuses.
Il se trouve que des compagnies de chemin de fer ont des wagons transportant des marchandises dangereuses qui traversent de grands centres urbains et villes partout au Canada. Le public, les dirigeants municipaux et les premiers intervenants demandent des données en temps réel sur les types de marchandises qui traversent leurs communautés. Le temps est venu de dire aux expéditeurs et compagnies de chemin de fer qu'ils doivent divulguer des données en temps réel. Il est peut-être possible d'enchâsser des protections commerciales, mais il n'est par contre pas possible que de nos jours, ces types de renseignements soient cachés des personnes les plus concernées.
En guise de conclusion, je tiens à vous dire que les membres, soit les inspecteurs et enquêteurs à Transports Canada et au Bureau de la sécurité des transports du Canada, comptent parmi les plus dévoués pour la cause publique, les plus engagés qui soient et les plus professionnels que je connaisse. Ces individus font invariablement de leur mieux; travaillent d'arrache-pied pour acquérir de nouvelles compétences et suivre des cours de formation; sont parfaitement au courant des grandes responsabilités afférentes à leurs emplois, et s'en acquittent avec passion et détermination. Nous devons bien traiter ces personnes extrêmement importantes et trouver des moyens de les aider à travailler de façon plus efficace et productive.
Je pense que plusieurs de ces recommandations leur permettront dans une certaine mesure d'atteindre ces objectifs. Mais avant tout, en tant que législateurs et dirigeants gouvernementaux, vous vous devez de faire confiance à ces personnes et aux gestionnaires à qui elles rendent des comptes. Nous avons affaire ici à des tâches difficiles que le gouvernement fédéral a le devoir, de par son mandat constitutionnel, de faire et de bien faire. Votre soutien est essentiel.
Permettez-moi de vous remercier de nouveau de m'avoir permis de témoigner devant vous aujourd'hui. Sachez que je suis toujours disposée à répondre à vos questions, que ce soit aujourd'hui ou à n'importe quel autre moment.
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Tout d'abord, l'une des choses que nous voulons, et cela cadre bien avec l'intention du Comité, c'est que le public ait confiance en notre système de transport ferroviaire.
Nous sommes tous des cheminots. Nous avons plus de fer dans le sang que ce qu'on pourrait nous injecter, car nous sommes nés sur les chemins de fer, nous y avons travaillé et nous continuons de défendre leurs intérêts.
Lorsqu'il s'agit des inspections ferroviaires, du point de vue de notre groupe, le groupe mécanique, c'est toujours aléatoire. Sur le terrain, il y a des inspecteurs à certains endroits au pays qui interviennent en fonction des appels qu'ils reçoivent, pourvu que nous ayons le bon numéro de wagon, le bon numéro de train, le bon emplacement. Cela arrive.
Cependant, si on compare avec l'industrie du camionnage, à l'échelle provinciale, où on va fermer un tronçon de l'autoroute pour y inspecter tous les camions, on ne voit pas cela dans l'industrie ferroviaire.
La raison pour laquelle on ne voit pas cela, comme Jerry l'a dit plus tôt, c'est à cause de la vitesse des trains. Les barons des chemins de fer ne veulent pas que Transports Canada ou quiconque ralentisse leurs trains. En fait, certains PDG ne préconisent pas la sécurité ferroviaire, mais plutôt l'augmentation de la vitesse des trains.
En ce qui concerne Transports Canada, il doit y avoir un plus grand nombre d'inspecteurs sur le terrain. Ces inspecteurs doivent être plus interventionnistes et pas seulement des vérificateurs. Ils contribuent ainsi à préserver la confiance des citoyens à l'égard de la sécurité ferroviaire.
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Que ce soit dans le transport aérien, routier ou ferroviaire, il y aura toujours des travailleurs qui voudront faire plus d’heures. Dans le transport routier — car j’ai participé à cela —, j’ai essuyé beaucoup de reproches de la part de membres qui se croyaient en mesure de poursuivre le travail.
Un des objectifs de la réglementation est d’assurer la sécurité des travailleurs. En tant que syndicat, nous ne pouvons pas appuyer une pratique qui n’est pas sécuritaire. Lorsque la réglementation permet ce genre de pratique, ce n’est pas la faute du travailleur; c’est la réglementation qui est problématique. C’est aussi la faute de l’entreprise qui profite de cette pratique et qui permet sciemment aux employés de travailler de trop longues heures.
Donc, pour répondre à votre question, oui. Il suffit de consulter la réglementation pour le transport routier et le transport aérien et les heures de service. Ces éléments y sont abordés.
Je vais vous expliquer la façon la plus simple de voir la chose. Ça ne touche pas tous les éléments du principe de la science de la fatigue, mais c’est une façon très simple d’aborder la question. Prenons le nombre d’heures qu’un employé est en service. Ajoutons à cela 8, 10 ou 12 heures de repos. Si le total dépasse 24 heures, il y a violation du principe de la science de la fatigue. Donc, lorsque ces travailleurs attendent pendant de longues périodes avant de faire leur quart de 12 heures, en réalité, ils sont en service pendant 16, 18 voire 20 heures. Si l’on ajoute à cela 10 heures de sommeil, il y a violation du principe de la science de la fatigue.
Aucune autre industrie n’a cette exigence. Les camionneurs voulaient des journées de 18 heures. Selon les chercheurs sur le sommeil qui ont analysé les résultats de cette étude, non seulement ce serait dangereux pour la sécurité du public, mais ce serait aussi très mauvais pour la santé des travailleurs. Ils ne pouvaient donc pas autoriser de telles journées de travail. La raison pour laquelle nous demandons la tenue d’une étude est que c’est exactement ce qui se produit. Au fil des ans, ces travailleurs développent diverses maladies et compromettent leur santé. Cela entraîne des coûts en soins de santé et les entreprises profitent de cette situation.
Si les travailleurs agissent de la sorte, il faut adopter des règlements pour les en empêcher. La question a été réglée pour le transport routier et le transport aérien. Nous devons être fermes et dire: « Non, vous ne pouvez plus faire cela. »
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Je vais parler franchement.
Les représentants des chemins de fer vous disent qu'ils ont bâti le pays. En passant, je suis très fier de dire que les Teamsters ont maintenant 108 ans, je crois. Leur organisation existait avant la Confédération. Ils ont eux aussi construit le pays, car ils faisaient fonctionner les trains.
On peut parler des barons des chemins de fer. Ils se présentent ici. Nous pensions que quelque chose avait été fait. En 2011, le Parlement a donné son consentement unanime concernant la question de la fatigue, et absolument rien... Je parie que si l'on suivait la trace de l'ACFC et des groupes de pression jusqu'au CPM, je suis sûr qu'on découvrirait qu'ils ont dit qu'ils ne veulent pas que cela se réalise parce que c'est contraignant et qu'il leur en coûterait de l'argent.
Je pense qu'il est triste qu'un petit groupe ait le pouvoir de dire qu'il n'en veut pas, et que par conséquent, rien ne se produira. Les données scientifiques existent. Je pense que Transports Canada veut que cela se concrétise. C'est la même chose du côté des parlementaires. Nous voulons que cela se fasse, mais rien n'a été fait. Cela n'est pas arrivé qu'une seule fois: je sais qu'au cours des 15 dernières années, à quatre reprises, la Chambre et le Sénat ont été de notre côté, à 100 %. Je sais que plus tard, la ministre s'est rangée de notre côté, et c'est resté en plan.
C'est très frustrant, car le problème ne disparaîtra pas. Des gens se blessent. D'autres tombent malades. Cela entraîne des coûts pour les soins de santé. C'est carrément inacceptable, et je crois qu'il est temps d'agir. La dernière fois, M. Sikand a posé une question des bureaucrates, qui sont venus. Il a dit qu'il faut régler cela. Pourquoi le problème n'est-il pas réglé? Ils continuent à venir ici et à se demander pourquoi ce n'est pas réglé. C'est la seule réponse que nous avons.
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En ce qui concerne les marchandises dangereuses, nous faisons partie de la plupart des conseils consultatifs et de beaucoup de comités qui ont existé et qui existeront.
Mais, encore une fois, sur les nombreuses questions soulevées, par exemple l'accès direct aux renseignements par les municipalités, la réponse a été négative. Beaucoup de bon travail a été accompli. Nous avons encore des comités actifs. Je trouve étonnant que, après un accident, les résultats se fassent attendre trois ou quatre ans ou deux ou trois ans. C'est scandaleux. Hinton, n'est-ce pas il y a 40 ans?
Nous n'avons pas encore réglé le problème de la lassitude. Il semble seulement que, dans cette industrie, ça prend beaucoup de temps. Après le 11 septembre, on a eu recours à mes services. Ç'a été une période difficile. Il n'a pas fallu 15 ans pour accomplir quelque chose, mais, pour être honnête, le point final de cette histoire n'a été mis qu'il y a deux ans et demi.
Pour résoudre les problèmes dans d'autres secteurs, nous semblons vraiment obtenir l'adhésion de l'industrie pour ensuite agir. Ici, rien. Voilà pourquoi j'espère que votre comité, son personnel et les députés pourront collaborer, comme je l'ai fait, antérieurement. Je pense que nous avons rencontré jusqu'ici huit d'entre vous.
J'espère que votre personnel et vous pourrez vous réunir et discuter, parce que votre comité a vraiment beaucoup de pouvoirs, si je me fie à mon expérience des comités antérieurs. Nous pourrons donner suite à vos recommandations et les réaliser.
Il faut simplement que ça se fasse. Ce n'est pas seulement une question de lassitude. Ce n'est pas seulement les inspecteurs. C'est l'industrie elle-même. Nous devons aider ces sociétés ferroviaires à entrer dans le XXIe siècle. Nous pouvons et devrions faire mieux, et il me tarde de collaborer avec vous pour parvenir à ce résultat.