Bienvenue à la 36e séance du Comité permanent des transports, de l'infrastructure et des collectivités, en cette 1re session de la 42e législature.
Merci beaucoup à nos témoins et aux membres du Comité de leur présence ce matin.
Nous poursuivons, conformément au paragraphe 108(2) du Règlement, notre étude de la réglementation des véhicules aériens sans pilote, les UAV, ou drones, comme ils sont communément appelés.
Nous accueillons Doug Johnson, vice-président, Politique de la technologie, pour la Consumer Technology Association et, par vidéoconférence, Stephen Wilcox, gestionnaire d'aéroport, Oshawa Executive Airport, pour le Conseil des aéroports du Canada.
Bienvenue à vous deux. Merci beaucoup de venir passer un peu de temps avec nous aujourd'hui.
Je vais demander à M. Johnson de commencer.
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Madame la présidente et membres du comité, je vous remercie de me permettre de témoigner devant vous ce matin.
La Consumer Technology Association, ou CTA, est l'association professionnelle qui représente le secteur des technologies grand public, une industrie de 386 milliards de dollars. Nos membres comprennent 2 200 entreprises, dont 80 % sont des entreprises en démarrage et des petites entreprises, ainsi que plus de 160 entreprises au Canada.
Tout comme l'association elle-même, notre groupe de travail sur les drones est le reflet d’un groupe diversifié de grandes et de petites entreprises, y compris des fournisseurs de composants, des fabricants de drones, des détaillants et des fournisseurs de services.
Nous sommes actifs dans les dossiers concernant les drones, et ce, dans plusieurs domaines, notamment les politiques publiques, les études de marché, les campagnes d'information des consommateurs et les normes de l'industrie.
En tant que porte-étendard de l'innovation, la CTA préconise depuis longtemps l’adoption de règles claires autorisant l'utilisation de drones dans l'espace aérien national. De façon générale, nous croyons qu'il est important que le Canada atteigne le juste équilibre fondé sur le risque au chapitre de l'élaboration de règles qui appuient l'innovation et la sécurité, au profit des consommateurs et du commerce.
La CTA a travaillé auprès de divers intervenants, y compris les législateurs et les organismes de réglementation aux États-Unis, pour faire avancer l'industrie du drone, étudier les questions de sécurité et de vie privée, et promouvoir l'utilisation sûre et avantageuse des drones.
Aux États-Unis, la CTA s'est associée à la Federal Aviation Administration, ou FAA, dans le cadre de la campagne Know Before You Fly visant à renseigner les consommateurs au sujet de la sécurité des drones. L'année dernière, nous avons fait partie du groupe de travail de la FAA sur l’enregistrement, chargé d'élaborer des recommandations consensuelles à l'intention de la FAA au sujet de l'enregistrement des drones. Plus tôt dans l’année, nous avons fait partie du comité de réglementation des drones de la FAA, qui a mis au point des recommandations consensuelles concernant les vols de drones au-dessus des zones habitées.
La CTA a également appuyé les premières règles permanentes concernant les opérations commerciales de drones aux États-Unis, qui sont entrées en vigueur l'été dernier.
Les règles concernant les opérations de drones doivent refléter une approche fondée sur les risques, de manière à intégrer les drones dans l'espace aérien national en vue de maximiser leur sécurité, leur utilité et leurs bienfaits économiques. Chaque règle, restriction et exigence relatives à une activité doit tenir compte de son risque intrinsèque, et concilier ce risque avec les avantages qui sont associés à cette activité.
Les règles concernant les drones doivent également être d’application souple pour une innovation technologique rapide. Pour ne pas entraver les nouveaux développements technologiques liés aux drones, les règles concernant les drones doivent laisser une place suffisante à la souplesse et à l’innovation, en particulier pour les petits drones, qui représentent la grande majorité des opérations commerciales et grand public.
Parallèlement, les décideurs doivent maintenir un degré de contrôle adapté aux risques courus. Lorsque le risque est faible, les décideurs doivent laisser libre cours à l'innovation et à l'expérimentation.
Il existe déjà de nombreux exemples d'innovation technologique en ce qui a trait au matériel et aux logiciels qui soutiennent la sécurité des drones et de leurs opérations, mais nous devons éviter d'imposer des solutions technologiques en particulier, au détriment des développements ou des solutions de rechange futurs en matière de sécurité.
En ce qui a trait aux récentes propositions réglementaires concernant les drones qui sont à l’étude au Canada, certains aspects ont soulevé des préoccupations chez nos membres. L’une de ces préoccupations touche le mandat relatif à l’assurance requise qui est proposé pour tous les drones. L’autre préoccupation concerne la proposition d'abaisser de deux à un kilogramme le seuil de poids réglementaire de la catégorie des opérations de drones de très petite taille et à faible risque.
Nous savons que des initiatives d'harmonisation de la réglementation sont en cours entre les gouvernements du Canada et des États-Unis dans plusieurs secteurs industriels et relativement à plusieurs sujets qui sont certainement importants, compte tenu de l'ampleur du commerce entre les États-Unis et le Canada.
Pour ce qui est de la politique relative aux drones, et compte tenu de la réaction du marché et de l'appui de l'industrie aux règles qui sont entrées en vigueur aux États-Unis l'été dernier, nous soutiendrons l'examen attentif par le Canada des possibilités d'harmonisation de sa réglementation avec celle qui est déjà en place aux États-Unis.
À l'approche de 2017, l'un de nos plus grands défis liés à la politique sur les drones concerne la réglementation au niveau local.
Notre secteur s'engage à coordonner le processus d'élaboration des politiques entre les secteurs public et privé. Aux États-Unis, la FAA a rappelé aux autorités locales et des États la compétence exclusive du gouvernement fédéral en matière de sécurité des drones, d'altitudes de vol, de trajectoires de vol et de zones d'exclusion aérienne, et elle les a renseignées à ce sujet.
Nos membres craignent que des règles locales mal harmonisées et contradictoires mènent à une mosaïque hétéroclite de mandats qui risqueraient de trop contraindre les entrepreneurs et les entreprises en démarrage, d’étouffer la création d'emplois et de semer la confusion chez les utilisateurs de drones professionnels et récréatifs.
Les drones vont améliorer nos vies, en accélérant la livraison de fournitures et de médicaments, en améliorant la production et l’efficacité des cultures, ainsi que la sûreté de l’inspection et de l’entretien de notre infrastructure.
Selon une étude d'AUVSI, le marché des drones aux États-Unis entraînera la création de plus de 100 000 emplois dans la prochaine décennie.
La CTA prévoit que les ventes de drones aux États-Unis atteindront des niveaux record d'ici la fin de l'année, soit 2,4 millions d'unités, 112 % de plus qu'en 2015, et un revenu d’expédition de 1 milliard de dollars, soit une augmentation de 80 % par rapport à 2015.
Si l’on tient compte des services d'accompagnement, le marché des drones pourrait facilement dépasser 1,3 milliard de dollars d’ici cinq ans et, avec les politiques qui s’imposent, à savoir des règles équilibrées, la collaboration des intervenants et des initiatives d'information des consommateurs, le nombre de vols de drones pourrait dépasser un million par jour en Amérique du Nord d’ici 2025.
Je vous remercie encore une fois de m'avoir reçu ici ce matin. Je suis impatient de répondre à vos questions.
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Bonjour. Je vous remercie de me recevoir ici aujourd’hui.
Je m'appelle Stephen Wilcox, et je suis pilote commercial et gestionnaire d'aéroport au Oshawa Executive Airport. Je suis également vice-président du Airport Management Council of Ontario, et je siège au conseil de cet organisme depuis 2007.
Je représente aujourd'hui le Conseil des aéroports du Canada, le CAC. Le CAC compte 50 membres et représente plus de 100 aéroports de partout au Canada. Je suis ici aujourd'hui parce que nous sommes profondément préoccupés par la prolifération des drones dans l'espace aérien et autour de celui-ci. L'UAV, le drone, que vous voyez ici sur mon bureau, a été ramassé au bout de notre piste en service des départs il y a moins de deux mois.
Nous croyons comprendre que le gouvernement du Canada travaille à l'élaboration de nouveaux règlements sur les drones, et nous nous en réjouissons. En tant qu'administrateurs d’aéroports, la façon dont les drones sont intégrés au trafic aéroportuaire nous intéresse particulièrement, car nous devrons investir dans l'infrastructure qui les soutiendra. Pour cela, nous devons pouvoir participer à la planification et à la rédaction des règlements et des normes qui présideront à leur développement et à leur fonctionnement.
Transports Canada exige actuellement qu’à des fins de sécurité, les opérateurs ne pilotent pas leurs drones à moins de neuf kilomètres — soit cinq milles — d'un aéroport ou d'un aérodrome, afin de demeurer à l'écart des aéronefs pilotés et de la plupart des zones de contrôle. Tous les aérodromes doivent être considérés comme des « zones où les drones sont interdits » pour les opérateurs qui n'ont pas l’autorisation de Transports Canada ou de l'exploitant de l'aéroport.
Qu’a fait le CAC? Le CAC a écrit une lettre au ministre Garneau il y a un an. Cette lettre a été cosignée par une coalition d'une douzaine d'associations au Canada. Il s'agit notamment de l'Association du transport aérien du Canada, de l'Association canadienne de l’hélicoptère et de plusieurs conseils provinciaux de l'aviation.
Nous avons évoqué la nécessité d'un cadre réglementaire exhaustif pour le fonctionnement sûr et efficace des drones. Il est important que ce cadre favorise la sécurité de tous les aéronefs qui partagent l'espace aérien national. On ne saurait assurer la sécurité de cet espace sans des normes complètes encadrant la performance des aéronefs, des équipements conformes et compatibles et des procédures opérationnelles normalisées, afin que les pilotes puissent voir les drones de leurs aéronefs et que les contrôleurs puissent les voir sur leurs écrans.
À l'heure actuelle, la coordination est limitée entre l'organisme de réglementation, l'exploitant de l'espace aérien et les organismes d'application de la loi. Ces derniers n’ont actuellement pas de réglementation claire à appliquer. Les aéroports exercent déjà un rôle de coordination dans leur collectivité. Ils reçoivent les plaintes qui concernent le bruit des avions et les drones. En particulier, nous estimons que les aéroports peuvent aider le gouvernement du Canada à se conformer aux règlements qu'il est en train d'élaborer, afin que toutes les préoccupations soient apaisées. Les aéroports ont déjà commencé à sensibiliser la population à la nécessité d’éloigner les drones de l'espace aérien.
En juin dernier, nous avons rejoint le ministre Garneau pour le lancement de la campagne nationale de sensibilisation aux dangers des drones. Le ministre a dévoilé l’affiche « drones interdits » pour rappeler aux utilisateurs de n’opérer leurs appareils que dans les zones approuvées.
Les affiches « drones interdits » ont été distribuées aux aéroports fédéraux afin de promouvoir l’utilisation sûre des drones. Elles ont ensuite été distribuées à nos divers réseaux dans de nombreux aéroports du Canada. Bon nombre d’entre eux ont installé depuis les affiches « drones interdits » dans leurs aéroports et autour de ceux-ci.
Même si ces affiches contribuent à dissuader les utilisateurs, nous proposons respectueusement que le gouvernement du Canada intensifie ses efforts pour informer les distributeurs, les détaillants et les acheteurs de drones des exigences et des responsabilités rattachées à la possession de ces appareils.
À des fins de responsabilisation et pour faciliter la déclaration des défectuosités et des difficultés opérationnelles, il est important de jumeler tous ces aéronefs avec leurs propriétaires dans le cadre d'un processus d'enregistrement et de marquage. Ainsi, le propriétaire et opérateur du drone pourra être tenu responsable de l'opération de l’appareil. Sans processus d'identification, le propriétaire d’un drone peut simplement quitter la scène d'un accident ou d'un incident et ainsi éviter d’assumer la responsabilité de son comportement.
Nous nous attendons à ce que les drones deviennent de plus en plus courants dans notre espace aérien, et il est impératif de préserver la sécurité de l'espace aérien au Canada.
Les drones incontrôlés constituent un autre problème de premier ordre. Nous devons instaurer un processus pour régler ce problème. Encore une fois, vous en voyez un excellent exemple sur mon bureau ce matin. Nous n'avons pas pu parler à l'opérateur pour lui faire comprendre ce qu'il avait fait de bien ou de mal.
Je vous remercie, et je suis prêt à répondre à vos questions.
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Merci de me poser cette question.
Il existe un certain nombre de technologies pour, disons, nous défendre contre les drones dans les aéroports. Le géorepérage en est une, même si je crois comprendre qu'il est possible de contourner le logiciel qui dirige essentiellement le géorepérage. On peut aussi maintenant installer une technologie de surveillance de l'espace aérien au regard de l'intrusion de drones. Elle se limite actuellement à environ un kilomètre, alors que nos approches couvrent environ neuf kilomètres.
La difficulté n'est pas vraiment liée aux personnes qui opèrent des drones dans les limites du règlement. Elle réside plutôt dans le fonctionnement involontaire des drones qui échappent à la portée du règlement. Nous observons, en l'absence d'information, des personnes qui ne savent tout simplement pas que le petit parc où ils se trouvent est voisin de l'approche d'une piste. Il est étonnant de constater à quel point les gens ne sont pas conscients de la présence des avions. C'est l’un des problèmes observés.
Le principal problème concerne naturellement les drones hors de contrôle. Je n’ai pas du tout l’impression que quelqu'un a essayé de poser ce drone sur la piste. Il s’est simplement posé là quand ses piles se sont épuisées. En fin de compte, il a probablement échappé simplement au contrôle de son propriétaire, et c'est là le principal défi auquel nous sommes confrontés.
Nous devons nous assurer que les gens sont conscients de la présence des avions, et nous devons être en mesure d'enregistrer les drones afin de savoir qui les opère. Nous devons également créer un système non punitif pour que l'opérateur d'un drone sache que si son drone échappe à son contrôle, il peut appeler à Oshawa ou composer un numéro central pour le Canada, afin de signaler le problème.
Nous connaissons les obstacles liés à l'espace aérien. Nous avisons les pilotes. Nous le faisons tout le temps pour les grues terrestres, ou pour les oiseaux. Je pense qu’il est aussi important de sensibiliser la population et de nous assurer d’être avisés en cas de problème que de mettre en œuvre une technologie de géorepérage. L’empreinte autour d'un aéroport est si vaste que même en couvrant neuf kilomètres, nous ne faisons que commencer à nous occuper des principales activités aériennes.
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Je dirais que le problème le plus pressant représente aussi probablement une occasion à saisir.
Vous êtes tous conscients de la rapidité avec laquelle la technologie des drones évolue. En parallèle, la technologie offre des solutions à certains des problèmes de sécurité dont nous avons parlé. Je pense que nous avons non seulement une bonne occasion d'élaborer les règles et les règlements dont nous avons besoin pour encadrer cette technologie nouvelle et émergente, mais aussi de proposer des solutions qui assurent et renforcent la sécurité.
Je voudrais souligner, en ce qui concerne les aéroports en particulier, une annonce faite au printemps dernier au sud de la frontière. Il existe un partenariat entre une association aéroportuaire des États-Unis et une de nos sociétés membres qui se concentre sur les renseignements concernant l'espace aérien. Ce partenariat a mis au point un système numérique d'avis et de sensibilisation propre aux aéroports, qui permet aux opérateurs de drones de d'abord déterminer s'ils peuvent ou non faire voler leur appareil dans cette zone, puis d’aviser l'aéroport local. L'aéroport local peut également entrer en contact avec cet opérateur. C'est l'un des nombreux exemples de technologies, de services et de solutions de développement de logiciels qui renforcent la sécurité, en particulier dans ce cas autour des aéroports.
Le défi consiste à concevoir des règles qui concilient l’exigence de sécurité et le souci d’innovation, et qui ne font pas obstacle à la croissance de ce marché. Nous avons aussi l'occasion de reconnaître que la solution à certains problèmes passe davantage par les outils technologiques que par la réglementation. Même s’il est tentant d’adopter une réglementation qui semble attrayante et avantageuse, nous devons nous prémunir contre l'envie de mettre en œuvre des solutions précises, comme je l'ai dit plus tôt, parce que la technologie évolue et qu'une meilleure solution pourrait être disponible dans six mois ou dans six ans.
J'allais justement vous demander de nous déposer cette étude, si cela est possible.
Ma prochaine question s'adresse au deux témoins.
Vous avez tous les deux parlé, quoique dans une perspective un peu différente, de votre désir de soutenir le gouvernement quant au développement d'une réglementation. D'un côté, monsieur Johnson, vous nous dites qu'il nous faut des règles souples qui seraient en mesure de suivre l'évolution technologique. D'un autre côté, monsieur Wilcox, vous semblez souhaiter une réglementation un peu plus stricte. C'est du moins ce que j'ai perçu. Vous avez donné deux exemples et vous avez parlé de l'importance d'enregistrer les appareils.
J'aimerais si possible que vous nous fassiez part de trois éléments sur lesquels, à votre avis, nous devrions nous pencher de façon prioritaire dans le cadre d'une éventuelle réglementation. Je parle ici de trois éléments qui vous semblent être absents dans la réglementation actuelle.
Nous pouvons commencer par M. Wilcox.
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Le drone en soi est un aéronef. Il volera dans l'espace aérien avec des aéronefs, et nous avons déjà une série de très bonnes lignes directrices régissant le vol des aéronefs.
Nous devons d’abord instaurer des normes de conception. Je me rends compte que la technologie évolue, mais nous pourrions établir des normes axées sur la performance qui nous permettraient de nous assurer que les drones fonctionnent selon leurs paramètres de conception. Nous avons ces attentes en ce qui concerne les aéronefs, et elles ne devraient pas être moins élevées pour les drones.
Nous avons ensuite besoin d'un ensemble de normes applicables aux opérateurs de drones. Nous constatons que les drones sont là pour rester. Dans certains cas, ils ne sont que de simples jouets qui seront utilisés dans la cour arrière d’une maison, et nous ne devrions pas nécessairement limiter cette utilisation, mais nous devons éduquer les utilisateurs. Je pense qu'il y a lieu d'autoriser ou d'approuver les opérateurs. Il est aujourd'hui possible d’obtenir un permis de pilote de loisir en 25 heures et de faire voler un avion dans l'espace aérien. Nous avons donc déjà un système en place qui permet d’octroyer des permis en fonction des risques. Nous devons pouvoir octroyer des permis à titre personnel.
L'enregistrement est aussi nécessaire. Nous devons être en mesure d’enregistrer les drones, parce que c’est la seule façon dont nous pouvons apprendre à connaître l'industrie à mesure qu’elle grandit, et tirer des leçons de nos réussites et de nos échecs. Comme je ne connais absolument rien de ce drone, je ne peux rien pour empêcher la même situation de se reproduire. Si nous savions qui était l'opérateur, nous pourrions le renseigner et le sanctionner, s’il y a lieu.
Vous m'avez demandé d'envoyer des statistiques. Comme nous comptons en partie sur l’enregistrement pour les collecter, nous...
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Nous interagissons de façon plus directe avec les pays, les régions et les administrations à l'extérieur des États-Unis, madame la présidente. Le contexte stratégique est concurrentiel, tout comme l'industrie. Comme vous l'avez peut être constaté dans le cadre d'audiences antérieures, nous élaborons un cadre stratégique et, à ce jour, les entreprises ont trouvé plus facile de faire des affaires ou de la recherche-développement relativement aux drones dans certains pays plus progressistes, ou dans certains contextes réglementaires qui s'adaptent rapidement et créent ces occasions. Ces milieux sont concurrentiels du point de vue de nos membres, mais en parallèle, l’harmonisation, comme vous l'avez dit, nous intéresse aussi.
Je dirais qu'au moins en Amérique du Nord, l’écart s’est rétréci pour ce qui est de l'élaboration de politiques et des possibilités. Il y a environ deux ans, les États-Unis accusaient un certain retard, même sur le marché nord-américain, mais nous avons rapidement rattrapé ce retard au moyen des règles permanentes mises en place l'été dernier, et avec les règles à venir concernant les vols de drones au-dessus de zones habitées et les autres secteurs d'opérations élargies.
Je ne peux nommer un seul pays ayant pris une véritable avance. Je pense que l'élaboration des politiques se poursuit dans bon nombre de ces pays. Nous savons que les organismes de réglementation de certains de ces pays veulent parler devant nos membres, et que l’élaboration des politiques est aussi concurrentielle à cet égard.
Je serais heureux de partager avec les membres du Comité les documents qui nous révèlent ce qui se passe sur différents marchés, si vous le jugez utile. Notre gouvernement, aux États-Unis, a publié des rapports au sujet de ce qui se passe sur différents marchés. Un rapport paru il y a environ six mois, il me semble, donne un aperçu de la situation en Europe et en Asie, en plus de l'Amérique du Nord.
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Madame la présidente, par votre entremise, la Consumer Technology Association s’efforce d’englober tout le spectre d'intérêt pour les drones, de l'enfant qui joue avec son drone jouet aux opérations commerciales plus avancées effectuées avec des drones qui utilisent souvent la même plateforme que les drones grand public.
Il est important d'établir un cadre stratégique qui permet à quelqu'un de jouer avec un drone, de s'y intéresser et de décider d’en faire son gagne-pain ou de créer une petite entreprise afin de fournir un service, peut être à une entreprise immobilière locale, en prenant des photos.
Nous voulons permettre à ces gens — peut-être des enfants dans certains cas, ou des adultes — d’apprendre à connaître cette technologie, de jouer avec elle, de s'intéresser à elle, et de faire quelque chose avec elle.
Au niveau de l'association, nous sommes certainement conscients, dans l'ensemble, des activités de nos membres, qui vont de la prestation de nouvelles fonctions et de nouveaux modèles de leurs drones, à quelques mois d’intervalle, aux entreprises qui expérimentent des façons de contrôler plusieurs drones en même temps — des approches non seulement simples, mais aussi multiples en matière de technologie des drones.
Beaucoup de choses intéressantes se produisent dans cette industrie, mais nous devons aussi garder à l’esprit qu’elle comporte une dimension personnelle. La personne qui utilise aujourd’hui son drone à des fins récréatives pourrait être propriétaire de la petite entreprise de demain.
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Je suis le commissaire adjoint Byron Boucher. Je supervise les opérations aux Services de police contractuels et autochtones.
Cette dernière appellation peut être déroutante pour ceux d'entre vous qui vivez dans ce que nous appelons les provinces sans services contractuels, à savoir l'Ontario et le Québec. Je surveille les opérations dans les provinces qui ont engagé la GRC comme police provinciale ou municipale, autrement dit, l’ensemble des provinces et des territoires, à l'exception de l'Ontario et du Québec, où nous exerçons des activités fédérales.
Je vais mettre en contexte mes observations préliminaires en ce qui concerne notre utilisation de véhicules aériens sans pilote, plus communément appelés drones.
L’utilisation de ces appareils à la GRC ne ressemble pas du tout à l’utilisation qu’en font les militaires. Nous n’utilisons pour ainsi dire que des modèles commerciaux que tous peuvent acheter. Certains d'entre eux sont plus chers, mais seulement en raison de leur équipement, comme de meilleures caméras ou des détecteurs infrarouges.
La GRC utilise principalement les drones de quatre façons.
La première et principale utilisation concerne la reconstitution d'accidents. Lorsque se produit un grave accident de la route, où nous devrons comparaître devant un tribunal ou participer à une enquête, nous utilisons un drone pour prendre des images aériennes et photographier la scène en prévision d'une audience. Par exemple, avant les drones, ce service offert par hélicoptère nous aurait probablement coûté 2 000 $ de l'heure, alors que l’on peut utiliser un drone pour beaucoup moins cher, et le réutiliser autant de fois que nous le voulons.
La deuxième utilisation a trait aux photographies aériennes de scènes de crime. On y recourt sur la scène d’un crime majeur où il y a eu des pertes de vies humaines, sur l'ensemble d'une propriété. Nous procédons de la même façon en prévision d'une audience. Comme ces zones seraient clôturées avant que le drone soit utilisé, le public n’y aurait donc pas accès. Dans un cas comme dans l’autre, aucun problème de protection de la vie privée ne se présente pour nous.
La troisième utilisation est celle des opérations de recherche et sauvetage. N’oubliez pas que pour nous, ces drones, dans leur configuration actuelle, ne peuvent voler qu’une trentaine de minutes, ce qui est assez limité, avant qu’il soit nécessaire de recharger la pile. Il s’est produit des situations où des gens se sont perdus dans des régions densément boisées et nous avons réussi à les localiser à l'aide d'un drone.
La dernière utilisation est ce que j'appellerais les situations d’urgence, qui peut être une situation de prise d'otage en cours avec un risque de pertes de vie, et nous avons dû appeler le Groupe tactique d’intervention. Pour nous protéger et protéger les autres, et pour avoir une bonne vue d’ensemble de la propriété et de la zone environnante afin de connaître exactement la nature de la menace, nous pourrions envoyer un drone pour avoir ce genre de vue sans placer aucun humain dans la ligne de tir.
Autrement, en ce qui concerne la protection de la vie privée, nous traitons souvent avec le Commissariat à la protection de la vie privée. Je les ai tenus au courant tout au long de nos travaux dans ce dossier, et je leur ai permis de prendre connaissance de notre politique et d’y contribuer pour nous assurer que tout est conforme. Avec un temps de vol limité à 30 minutes, lorsque nous parlons de surveillance policière, les drones ne représentent pas vraiment un outil auquel nous voudrions recourir dans notre contexte actuel. Évidemment, l’armée américaine ou l’armée canadienne, je n’en suis pas sûr, les utiliseraient d’autres façons.
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Voilà deux bonnes questions.
Pour ce qui est de la première, le cadre réglementaire que l’on se propose de publier dans la partie I de la Gazette du Canada après consultation publique est encore en cours d’élaboration. Dans les cas où il existe un risque de sécurité, les pilotes devront être enregistrés, avoir un niveau de formation plus élevé, et ainsi de suite, comme on l’a indiqué. On attend d’avoir complété le cadre et d’avoir une bonne idée de la réglementation définitive pour chiffrer de manière précise le coût de la mise en œuvre, mais nous y travaillons déjà. Nous planchons là-dessus. La gestion de ce projet aura certainement un coût pour Transports Canada, mais nous n'avons pas encore ces détails.
La deuxième question, relative à l'utilisation commerciale ou récréative, est vraiment fascinante. Je ne veux pas trop m’étendre, mais historiquement, la réglementation des modes de transport a toujours distingué entre utilisateurs récréatifs et commerciaux, car les risques étaient généralement plus élevés pour le public. Pour répondre aux attentes du public en matière de sécurité dans le cadre de contrats avec un transporteur ou une entité de transport quelle qu’elle soit, un niveau plus élevé de sécurité est exigé.
Cette distinction est profondément ancrée dans l’histoire de notre réglementation. On la retrouve, mais beaucoup moins marquée, dans le règlement actuel. Lorsqu’on a commencé à élaborer les règlements sur les UAV, on s’est dit: « Ça ne tient pas debout. » Ce qu’il faut, c’est identifier les risques associés à ces types d'opérations et aux différents gabarits de l'équipement. Nous avons décidé de ne plus suivre cette approche, sauf à reconnaître que l'association des utilisateurs de modèles réduits a un processus en place qui est très fort.
Voyons, en termes généraux, quels sont les risques et les moyens de les réduire. Quel que soit l’opérateur, les risques dépendent de la façon dont on exerce l’activité, du lieu où on l’exerce et de la complexité de l'environnement dans lequel elle s’exerce. Ce sont les axes que suivra la nouvelle réglementation proposée. C'est l'approche que nous adoptons.
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Merci, madame la présidente.
Je remercie les témoins d'être avec nous ce matin.
Depuis le début de notre étude sur les drones, tout en ayant une préoccupation certaine quant aux aspects sécuritaires et de protection de la vie privée, nous parlons des éléments positifs qu'offrent les drones, comme de la croissance économique et de nouvelles possibilités.
Mes premières questions s'adressent au représentant de la GRC.
C'est peut-être l'amateur de films de science-fiction en moi qui me fait poser cette question. Dans votre présentation, vous nous faites part des aspects positifs des drones, par exemple la possibilité de reconstituer une scène d'accident, de faire de la recherche de personnes et de surveiller une prise d'otage.
Cependant, j'aimerais connaître le côté sombre de la situation, soit l'autre point de vue. Devez-vous combattre une nouvelle sorte de criminalité où le marché de la contrebande serait favorisé par l'avènement des drones? Sinon, peut-on imaginer que des attaques potentielles puissent survenir à cause de la prolifération des drones? Quels sont les mesures que vous avez développées pour faire face à cette nouvelle réalité, si tant est qu'elle existe?
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Je donnerai un début de réponse à cette question, puis je demanderai à Dave de terminer, et de compléter pour moi.
Le drone typique que l’on trouve aujourd’hui, du type prêt à l'emploi, a une durée de vol de 30 minutes. Il est vrai que certains ont une charge utile plus grande, que la technologie évolue rapidement et que le rayon d’action augmente avec les drones à ailes fixes, mais la majorité sont des drones de plaisance qui peuvent voler 30 minutes. Ils restent un sujet de préoccupation, évidemment, par exemple dans des zones protégées où nous devons assurer la sécurité d'un VIP. On travaille beaucoup sur les contre-mesures avec nos partenaires et l'industrie. Dave a participé à de nombreux essais de recherche, également avec Recherche et développement pour la défense Canada, RDDC, afin de trouver des parades dans des situations où ils pourraient constituer une menace pour une personne protégée.
Pour ce qui est de la contrebande, comme vous l'avez mentionné, il est plus que probable que le problème augmentera en même temps que les distances couvertes par les drones à ailes fixes. Notre frontière avec les États-Unis est assez ouverte. J'ai travaillé pendant de nombreuses années en Colombie-Britannique, où l'on pouvait traverser librement la frontière. À quoi bon recourir à un drone pour franchir la frontière? En pleine nuit, n’importe qui peut traverser. C'est ouvert. Il n'y a pas de clôtures.
On suit de très près tout ce qui concerne les contre-mesures quand il s'agit de drones. La technologie évolue rapidement.
Je ne sais pas si Dave a quelque chose à ajouter.
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En ce qui a trait à la réglementation sur les UAV, je pourrais peut-être passer très brièvement en revue ce que nous avons fait jusqu'ici pour répondre exactement à cette question.
Cette réglementation aura une incidence sur une population très importante et autrefois non réglementée, et divers groupes sont intéressés comme vous le soulignez à juste titre. Lorsque nous avons élaboré notre approche initiale avec une stratégie axée sur le risque pour déterminer où se situent les risques et comment faire face à ces risques directs pour le public, etc., nous avons préparé un avis de proposition de modification, comme l’a dit Aaron McCrorie.
Comment avons-nous abordé ça? En envisageant toute une série de dispositions hypothétiques pour répondre à toutes ces questions. Dans certains cas, ça prenait la forme de questions. Comme pour l'âge minimum requis pour pouvoir utiliser ces engins. Nous voulions entendre ce que les gens avaient à nous dire à ce sujet.
C’était des consultations publiques. Très larges. Avec des réunions dans différentes provinces. Des discussions avec les autorités provinciales et les forces de l’ordre locales, tout au long du processus. Tout a été fait pour recueillir les contributions sur la problématique à l’étude. C'est l'étape qui a été mentionnée dans la vérification. Celle qui précédait les consultations pour la Gazette, partie I.
C’est la méthode que nous avons suivie. Nous pensons avoir fait du bon travail. Il y a eu beaucoup de discussions, complétées par des activités d'éducation et de sensibilisation. Alors quand nous présenterons le projet de règlement et que nous le publierons dans la première partie de la Gazette, au printemps 2017, j'espère, dès que possible, la plupart de ces conversations et des opinions les plus diverses auront déjà été prises en compte.
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Merci, madame la présidente.
Mes questions s'adressent aux représentants du ministère des Transports.
Dans votre allocution, vous avez mentionné que vos homologues provinciaux, territoriaux et municipaux ont également été mis au défi de trouver un moyen de veiller à ce que cette technologie soit utilisée en toute sécurité et avec respect.
Je suis un ancien maire d'une municipalité de 45 000 habitants. À l'époque, nous avions beaucoup de préoccupations en ce qui a trait à la sécurité de la vie privée, notamment l'utilisation de caméras de surveillance par des citoyens. C'était avant même que les drones soient utilisés de façon plus importante.
D'ailleurs, nos greffiers n'avaient pas beaucoup d'informations à ce sujet lorsque nous avons eu à gérer la question de la sécurité et de la protection de la vie privée à propos des caméras de surveillance. On n'était même pas rendu aux drones. Ils se disaient que quelque chose allait sûrement arriver. Ils se demandaient aussi qui allait gérer ce dossier. Est-ce que ce serait la Sûreté du Québec, les policiers municipaux ou la Gendarmerie royale du Canada.
Ma première question est la suivante. Quels intervenants du milieu municipal avez-vous consultés, que ce soit des organismes ou des individus? J'aimerais en savoir un peu plus à ce sujet parce que, à ma connaissance, cela n'a pas été discuté au Québec, en tout cas pas au sein des deux regroupements municipaux.