:
Merci, madame la présidente.
Je pourrais peut-être commencer par quelques observations préliminaires, après quoi je répondrai à vos questions.
[Français]
Madame la présidente et honorables membres du Comité, je vous remercie de m'avoir invité à venir vous rencontrer aujourd'hui.
Tout d'abord, j'aimerais m'excuser pour le peu de temps que j'ai à vous consacrer. J'ai une réunion du Conseil des ministre ce matin à 9 h 30. Je vous prie de ne pas voir cela comme un manque de respect. Je connais bien la valeur de l'étude que vous entreprenez. La Loi sur la protection de la navigation est importante pour moi, pour notre gouvernement et pour tous les Canadiens.
Après ma courte allocution, je serai disponible pour répondre à vos questions. Lorsque je serai parti, ma représentante, Mme Catherine Higgens, sera ici pour répondre à vos questions. La discussion pourra alors se poursuivre avec elle.
[Traduction]
J'aimerais clarifier un point, soit mon rôle et celui de Transports Canada auprès de votre Comité. Certains commentaires parus dans les médias laissaient entendre que j'ai orienté les travaux du Comité. Je souhaite donc réitérer aussi clairement que possible le message suivant: les témoins que vous choisirez d'entendre, la teneur de vos constatations ainsi que l'échéancier établi pour votre rapport sont entièrement de votre ressort.
Mon rôle et celui de mon ministère consistent à vous informer et à vous aider, et c'est ce que j'espère accomplir aujourd'hui.
Mme Kate Young, la secrétaire parlementaire, et des experts en la matière au sein de mon ministère sont aussi disponibles pour vous aider et vous fournir les renseignements supplémentaires dont vous pourriez avoir besoin.
[Français]
La législation que vous examinez, soit la Loi sur la protection de la navigation, accorde au gouvernement du Canada les pouvoirs voulus pour réglementer les ponts, les barrages et d'autres projets qui touchent le droit du public à la navigation sur les cours d'eau les plus achalandés du Canada. La common law protège le droit du public à un passage libre et sans obstacles sur les cours d'eau partout au Canada.
L'objectif de la Loi est de trouver l'équilibre entre ce droit de navigation et la nécessité de construire des infrastructures comme des ponts et des barrages, et de veiller à ce que les cours d'eau demeurent sécuritaires en tout temps. J'insiste sur le mot « sécuritaire », parce que c'est là le réel objectif de cette loi, à savoir la navigation sécuritaire.
[Traduction]
Au fil des ans, l'industrie, les gouvernements provinciaux et territoriaux ainsi que les administrations municipales ont demandé à Transports Canada d'examiner l'ancienne Loi sur la protection des eaux navigables pour que les collectivités aient plus de facilité à exploiter les ressources et à construire d'importantes infrastructures. En 2012, la loi a été modifiée afin de simplifier le processus d'examen et d'en préciser la portée. Les ouvrages secondaires, comme le remplacement de ponceaux, ont été exemptés et on a ajouté une annexe énumérant les cours d'eau régis par la loi. Le droit à la navigation sur les cours d'eau ne figurant pas à l'annexe a continué d'être protégé par la common law.
Lorsque les modifications apportées à la Loi sur la protection des eaux navigables sont entrées en vigueur en 2014, la loi a été renommée Loi sur la protection de la navigation afin de mieux en refléter l'intention.
À la même période, la Loi canadienne sur l'évaluation environnementale a été modifiée pour que les évaluations environnementales ne soient exigées que pour certains types de projets désignés, peu importe si une approbation réglementaire était requise ou non en vertu, par exemple, de la Loi sur la protection de la navigation. Je m'attends à ce que ce soit l'un des changements qui seront pris en considération par le groupe d'experts qui se penchera sur la Loi canadienne sur l'évaluation environnementale.
[Français]
Dans le discours du Trône, notre gouvernement a promis de revoir nos processus environnementaux et réglementaires, plus particulièrement ceux qui s'appliquent aux projets de développement des ressources et d'investissements dans les infrastructures.
Dans la lettre de mandat qu'il m'a confiée, le premier ministre me demande de travailler avec le ministre des Pêches et des Océans et avec la Garde côtière canadienne, en vue d'examiner les changements apportés par le gouvernement précédent à la Loi sur les pêches et à la Loi sur la protection des eaux navigables, de rétablir les protections éliminées et d'incorporer des mesures de protection modernes.
[Traduction]
En juin dernier, nous avons rempli notre engagement à cet égard en lançant un examen approfondi à trois volets: renforcer la confiance dans les processus d'évaluation environnementale des grands projets; moderniser l'Office national de l'énergie; et examiner attentivement les modifications apportées à la Loi sur les pêches et à la Loi sur la protection de la navigation.
La consultation sera au coeur de cet examen. Le gouvernement croit en un processus coordonné, ouvert et transparent qui repose sur des preuves scientifiques, tout en tenant compte des points de vue des Canadiens. Et j'ai déjà entendu des Canadiens — peuples autochtones, représentants de l'industrie, usagers des voies navigables, représentants des provinces, des territoires et des administrations locales — qui m'ont dit que les modifications apportées à la Loi sur la protection de la navigation comportaient à la fois des avantages et des inconvénients. Par exemple, les changements ont plu aux constructeurs et aux propriétaires d'infrastructures, ce qui comprend les provinces, les territoires et les municipalités. Le changement ayant suscité le plus d'intérêt et soulevé le plus de préoccupations chez les usagers des voies navigables est, semble-t-il, le rétrécissement de la portée de la loi, laquelle englobait auparavant tous les cours d'eau du Canada, de sorte qu'elle s'applique désormais aux 162 rivières, lacs et océans qui figurent à l'annexe.
[Français]
Comme vous le savez, j'ai suggéré que ce comité examine les changements à la législation, y compris les cours d'eau désormais visés par celle-ci ainsi que les types d'obstacles à la navigation qui devraient être réglementés ou interdits en vertu de la Loi pour que la sécurité demeure au premier plan.
J'espère que le Comité pourra recueillir d'autres commentaires et points de vue qui s'ajouteront à ceux reçus dans le cadre de nos consultations.
Je suppose que le Comité entendra différents témoins et que vous aurez l'occasion de connaître les divers points de vue des Canadiens à ce sujet. Je suis conscient de l'importance d'entendre ce que les collectivités autochtones ont à dire sur ces questions.
J'ai hâte de prendre connaissance de vos recommandations.
Je vous remercie de votre attention et je peux maintenant répondre à vos questions.
Merci, madame la présidente.
:
Merci beaucoup, madame la présidente.
Monsieur le ministre, madame Higgens, je vous remercie de votre présence parmi nous ce matin.
Vous me permettrez, monsieur le ministre, de faire part de la position que nous avons concernant cette étude qui a été confiée à notre comité. Vous comprenez que cette étude, qui est venue bouleverser l'ordre du jour de nos travaux de cet automne, nous apparaît inutile compte tenu que les conclusions sont déjà connues. Tout comme le , vous avez eu à plusieurs reprises l'occasion de nous faire part de ces conclusions.
Laissez-moi revenir sur votre lettre de mandat en tant que , dont vous avez d'ailleurs parlé dans votre allocution d'ouverture de ce matin. Je vais vous lire un extrait de votre lettre de mandat. Je sais que vous en parlez régulièrement, monsieur Garneau, et c'est ce qui semble guider votre travail comme ministre depuis votre nomination. J'ai eu l'occasion de constater dans le dossier de la sécurité ferroviaire à Lac-Mégantic que vous tenez particulièrement à respecter votre lettre de mandat.
Parfois c'est bien, mais parfois cela peut créer certains désagréments, particulièrement dans ce dossier. Dans votre lettre de mandat, il est clairement dit que vous allez « travailler avec le afin de revoir les modifications à la Loi sur les pêches et à la Loi sur la protection des eaux navigables apportées par le précédent gouvernement, réinstaurer les protections éliminées et intégrer des mécanismes de protection modernes ».
À mon avis, il s'agit non seulement d'une demande de mener une étude, mais également d'une manière de dicter les conclusions de notre comité. D'après la lettre de mandat que vous avez reçue et à la lumière de l'information que nous avons, nous savons que la décision est prise, à savoir que les protections éliminées doivent être réinstaurées. Pour nous, cette demande est discutable étant donné que notre comité avait déjà un ordre du jour très chargé. Le Comité voulait concentrer ses efforts dans le dossier d'une stratégie nationale du transport avec l'objectif d'accélérer le développement économique au Canada et de se servir du plan d'infrastructures qui a été annoncé récemment pour faire des investissements judicieux qui vont créer du développement économique pour chaque communautés et chaque région du Canada.
Laissez-moi vous lire deux paragraphes de la lettre que les deux ministres ont adressée conjointement à notre présidente et à notre comité et, en fait, aux deux comités: « Dans le cadre du mandat que nous a confié le premier ministre, on nous a demandé d'examiner ensemble les modifications apportées par le gouvernement précédent à la Loi sur les pêches et à la Loi sur la protection des eaux navigables, en vue de rétablir les protections éliminées et d'y intégrer des mécanismes de protection modernes ». Non seulement on l'a dit une fois dans votre lettre de mandat, mais on le répète dans la lettre au comité. On nous dit en d'autres mots: « Voici les conclusions auxquelles vous devez arriver. »
En ce qui a trait à la Loi sur la protection de la navigation, je cite un autre extrait: « Les modifications qui sont entrées en vigueur en 2014 concentre l'application de la Loi sur les 162 voies navigables les plus fréquentées du Canada. Il est suggéré de vous concentrer sur ces changements, ainsi que les types d'interférences à la navigation qui devraient être réglementées ou interdites, et comment mettre en oeuvre au mieux ces termes de la législation.»
Vous comprenez, monsieur le ministre, que lorsqu'on a des indications aussi claires que celles-là et qu'on considère que les études préalables faites par un comité sénatorial et par un comité de la Chambre des communes se fondent sur suffisamment de témoignages, on peut présumer qu'on n'a pas besoin d'entendre une nouvelle série de témoignages.
J'ai lu tous les témoignages ou presque — je ne voudrais pas me faire prendre sur une virgule que je n'aurais pas lue — de ces deux comités et j'ai pu constater que beaucoup d'affirmations ont été faites, que beaucoup de choses ont été dites, que les municipalités, les communautés autochtones, les groupes environnementaux ont tous eu l'occasion de se prononcer sur ces projets de loi.
Pourquoi mobiliser encore une fois les efforts et l'énergie de notre comité pour reprendre un travail qui a été fait à plusieurs reprises, si ce n'est que pour trouver une justification à une volonté politique d'apporter des changements à des lois qui ont été dûment changées après des consultations et de défaire ce qui a été fait par l'ancien gouvernement?
La Loi vous donne la possibilité d'intervenir. Vous pouvez vous-mêmes faire les modifications sans avoir à modifier la Loi. Il est clairement inscrit dans la Loi que vous avez entre les mains tous les outils nécessaires pour répondre aux différentes demandes que vous pouvez recevoir.
Je vous rappelle le but visé de la première modification à la Loi, en 2009. Elle a été modifiée pour permettre d'accélérer le développement économique au Canada et pour faire en sorte que les projets puissent être réalisés plus rapidement.
Comme ancien maire, je peux vous dire qu'il est parfois très difficile de se soumettre à toutes les réglementations et de surmonter toutes les difficultés uniquement pour construire un petit pont afin de traverser un ruisseau. Un ruisseau est un ruisseau. On n'a pas besoin de faire une étude fédérale pour vérifier si les bateaux peuvent passer sous ce pont, puisque c'est un petit ruisseau.
Si c'est ce que vous voulez rétablir, si vous voulez revenir à cette époque...
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Oui, je suis tout à fait d'accord avec vous pour dire que certaines des mesures prises par le gouvernement précédent tiennent la route. En fait, c'est ce que j'ai dit dans ma déclaration préliminaire.
L'objectif ici n'est pas de retourner à ce qui existait auparavant, contrairement à ce que disait M. Berthold. Il s'agit plutôt d'examiner la loi, son intention, les modifications qui lui ont été apportées et de déterminer celles qui sont valables et celles qui ne le sont pas au chapitre des mesures de protection qui ont été éliminées. Voilà la tâche que je confie au Comité.
Je crois que c'est un exercice qui en vaut vraiment la peine. Contrairement à ce que M. Berthold prétend, il n'y a eu aucune consultation en 2012. Ces modifications ont été enfouies dans un projet de loi omnibus, parallèlement aux modifications à la Loi sur les pêches et à la Loi sur l'environnement.
Selon moi, nous avons une occasion en or d'examiner la loi, dans sa forme actuelle, d'une manière intelligente et dans un esprit de consultation, et de la moderniser afin de nous assurer qu'elle vise la bonne intention et qu'elle prévoit les bonnes mesures de protection.
Pour ce qui est de simplifier le processus, c'est une bonne chose. On ne devrait jamais instaurer une loi si lourde qu'il faut une éternité pour obtenir une approbation. Toute mesure que le Comité pourrait recommander serait également prise en considération parce que, oui, nous tenons, comme je l'ai dit dans mon exposé, à ce que nos eaux navigables demeurent navigables et à ce qu'elles soient sans danger. Dans certains cas, nous pourrions effectuer une évaluation environnementale, advenant une entrave, mais dans l'ensemble, nous aimerions rendre les processus aussi simples que possible.
Nous serons ravis de connaître vos idées à ce sujet.
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Je vous remercie de la question.
Je ne sais pas si vous êtes au courant du fait que lorsqu'on parle de structures qui pourraient traverser au-dessus, en-dessous ou sur la surface d'un cours d'eau, cela exclut les pipelines, à moins que ce soit des pipelines qui ne sont pas évalués par l'Office national de l'Énergie.
Quand on parle de pipelines, nous avons décidé que l'évaluation qui est faite par l'Office national de l'Énergie porterait sur tout le trajet susceptible d'être emprunté par un pipeline, que ce soit s'il passe au-dessus du sol ou s'il traverse un cours d'eau. En fait, ce ne relève pas de la loi qui touche les eaux navigables d'inclure les pipelines, à moins que ceux-ci ne soient pas approuvés par l'Office national de l'Énergie. C'est ainsi que la loi est structurée présentement.
Pour revenir à votre question précédente, j'ai mentionné l'évaluation environnementale s'il y a des changements au sujet d'un cours d'eau. Si vous avez des questions à cet égard, je vous encourage à les adresser au panel d'experts qui s'occupent de la question de l'environnement.
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Merci beaucoup, madame la présidente.
Je remercie beaucoup mon collègue de me céder une partie du temps dont il disposait. Je comprends qu'il reste environ quatre minutes.
Monsieur le , en quatre minutes, je devrais avoir le temps de vous poser au moins une question. J'apprécie le fait que vous m'ayez laissé plus tôt le temps de faire mon intervention. Je vais donc vous poser une question. Je n'utiliserai pas cette période de temps uniquement pour continuer à expliquer quelles étaient mes réflexions et mes conclusions par rapport aux travaux du Comité.
Monsieur le , dans la lettre que vous avez envoyée à notre comité, il est fait mention de consultations que vont faire les deux ministères. Selon moi, cela devrait être la base préliminaire avant qu'une telle demande soit acheminée à notre comité. Il serait très intéressant de savoir quelles vont être les consultations que le ministère des Transports va mener et quels gens vont être rencontrés pour ne pas qu'on leur demande de parler deux fois du même sujet.
Il est même question de la mise en place d'un site Web où les gens pourront partager leurs commentaires. Pourriez-vous informer les membres du Comité à ce sujet et nous indiquer où en sont rendues ces consultations qui doivent être faites par votre ministère et où en est rendu le processus d'implantation du site Web?
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En fait, nous ne procédons pas à des consultations formelles en ce moment. Nous avons reçu beaucoup de commentaires de bien des gens qui avaient des choses à dire sur la loi mise en vigueur en 2014. Un bon nombre d'entre eux n'étaient pas d'accord, d'autres l'étaient, et ils se sont exprimés.
Nous croyons en la démocratie. Vous avez dit que cette affaire était déjà réglée et avez demandé pourquoi, dans ces conditions, nous faisions semblant de consulter le Comité. Or, comme je l'ai dit à M. Aubin, ce n'est pas réglé, au contraire. Des dispositions qui ont été appliquées dans le cadre des changements de 2014 pourraient être reconsidérés dans l'optique de les réintégrer possiblement dans la loi, mais d'autres pourraient disparaître à jamais parce que les changements qui ont été apportés n'avaient pas de sens.
Nous vous confions ce travail. C'est à vous de décider si vous allez le faire et, le cas échéant, comment vous allez procéder. C'est un comité multipartite et cela reflète la démocratie. Comme vous l'avez déjà mentionné, vous avez beaucoup d'autres questions importantes à traiter et je m'en réjouis, étant donné qu'une bonne partie d'entre elles touche les transports.
En fin de compte, je suis très heureux que vous ayez décidé de consacrer du temps à l'étude de la Loi sur la protection de la navigation.
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Merci, madame la présidente, et merci à vous, chers collègues.
Je n'utiliserai pas la totalité du temps dont je dispose. Je n'ai qu'une brève question à poser au ministre.
Je vous remercie d'être parmi nous ce matin.
En ce qui concerne la Loi sur la protection des eaux navigables et les suppressions qui ont été effectuées, de nombreux groupes autochtones du pays ont été plutôt contrariés, c'est le moins qu'on puisse dire. Pour certaines personnes, un ruisseau n'est qu'un ruisseau, mais pour les Autochtones, c'est un moyen de subsistance.
Ma question au ministre est la suivante: depuis votre entrée en fonction, avez-vous entendu des préoccupations de la part de différents groupes autochtones d'un bout à l'autre du pays relativement aux modifications qui ont été apportées?
Merci, madame la présidente.
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Madame la présidente, le Comité examine la Loi sur la protection de la navigation, une loi qui porte avant tout sur la sécurité. Elle veille à encadrer les ouvrages qui peuvent entraver la navigation, et ses priorités consistent à assurer que ces ouvrages sont sécuritaires et qu'ils ont le moins d'incidence possible sur la navigation.
Il existe d'autres lois qui fournissent aussi des approbations réglementaires. L'examen de la Loi sur les pêches a été confié à un autre comité. Ce comité se penche sur les effets que ces modifications peuvent avoir sur les poissons et leurs habitats dans une bonne partie des cours d'eau qui nous intéressent, mais son examen se fait par la lentille des modifications apportées à la Loi sur les pêches, lesquelles définissent la portée de la loi et les protections consenties aux poissons et à leurs habitats.
Certes, les deux comités se penchent sur les cours d'eau, mais selon une optique et une approche alignées sur la raison d'être de chacune des lois.
Le groupe d'experts en matière d'environnement s'intéressera au processus d'évaluation environnementale et il posera les questions suivantes: quels projets convient-il de soumettre à une évaluation environnementale? Comment devrions-nous procéder pour que le processus d'évaluation inspire confiance? Le fonctionnement actuel de la loi a-t-il des lacunes?
Il y a plusieurs lentilles possibles, madame la présidente. En ce qui concerne la Loi sur la protection de la navigation, le ministre a souligné que la priorité était la navigation sécuritaire pour les Canadiens.
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Merci beaucoup, madame la présidente.
Je vous saurais gré, madame Young, de bien vouloir répondre à ces quelques questions.
Tout d'abord, dans votre propre intérêt et dans celui de tous, y a-t-il quelqu'un qui sait pourquoi le gouvernement précédent a apporté ces modifications à la Loi sur la protection des eaux navigables? J'étais président du caucus rural à l'époque, et un certain nombre de groupes, d'organismes et de particuliers nous ont demandé d'apporter ces modifications. L'un des premiers organismes à nous le demander a probablement été la Saskatchewan Association of Rural Municipalities. Madame la présidente, un membre de votre personnel — qui, à l'époque, vivait dans le comté de Huron, en Ontario, juste au sud-ouest de ma propre circonscription — était dans la pièce quand cela est arrivé. Les agriculteurs avaient de nombreuses demandes à nous faire en raison des problèmes liés à cette loi. Les modifications sont le fruit de consultations menées auprès de nombreux groupes et elles tiennent compte des propositions que ces groupes ont formulées. Elles n'ont pas été imposées unilatéralement et, malgré tout le respect que je vous dois, je crois qu'il serait beaucoup plus sensé pour le gouvernement de prêter oreille à ces groupes et d'essayer de comprendre le bien-fondé des modifications qui ont été apportées plutôt que de s'évertuer à changer tout ce le gouvernement précédent a fait .
Loin de moi l'idée de prétendre que toutes les lois sont parfaites, mais je peux vous dire que cette loi est bien meilleure qu'avant. J'ai des exemples de cela, certains qui se sont produits pas très loin de ma propre ferme. Dans une vie antérieure, j'ai élevé des bovins. Les choses n'avaient tout simplement pas de bon sens ou avançaient à pas de tortue. Lorsqu'un agriculteur se rend sur sa terre pour semer ou pour récolter, la dernière chose dont il a besoin, c'est d'une bureaucratie qui ne fonctionne pas. Je peux vous garantir que la bureaucratie qui était derrière la Loi sur la protection des eaux navigables se fichait éperdument que le travail se fasse ou que des décisions se prennent, ce qui a été pénible pour les agriculteurs et les municipalités rurales de tout le pays.
Cela dit, j'aimerais savoir exactement ce que le gouvernement tient tellement à modifier et d'où sont venues les plaintes à ce sujet? S'agit-il de personnes qui estiment que les modifications apportées sont mauvaises pour l'environnement et ainsi de suite? Je peux vous affirmer que ce n'était pas du tout l'intention, et je ne crois pas qu'il y avait quoi que ce soit dans le projet de loi qui annulait la protection des eaux, la protection des voies navigables. J'aimerais que Mme Higgens nous fasse part de ses observations en la matière. Ce n'est pas l'intention et cela ne l'a jamais été. J'aimerais savoir d'où vient cette idée de tenir des consultations, de quels organismes nationaux ou peu importe. Madame Higgens et madame Young, pouvez-vous nous dire quelque chose à ce sujet?
:
Merci beaucoup, madame la présidente.
En ce qui concerne les consultations, j'avoue avoir l'impression que le ministre et le ministère nous envoient des messages contradictoires. Au début de sa déclaration, le ministre a laissé entendre qu'il n'avait amorcé aucune forme de consultation officielle au sujet de la Loi sur la protection de la navigation et que c'était pour cette raison qu'il avait vraiment hâte de prendre connaissance des travaux du Comité, précisant que c'est ce qui lui permettra de savoir quels changements doivent être apportés. Cependant, nous savons que, le 20 juin dernier, il avait déjà statué que des modifications allaient sans conteste être apportées à la loi. Nous avons cherché à savoir de quoi il s'agissait, mais Mme Young n'a pas été en mesure de nous répondre.
Madame Higgens, nous savons aussi qu'en répondant à une question de M. Fraser — question où il s'employait essentiellement à cerner certains des outils sur lesquels nous devrions peut-être mettre l'accent —, vous avez affirmé que c'était précisément les outils qu'il fallait, et que ceux-ci étaient essentiels pour rétablir les protections perdues aux termes de la Loi sur la protection de la navigation. Si l'on se fie aux déclarations publiques du ministre, à vos affirmations d'aujourd'hui et à la lettre de mandat remise au ministre, on pourrait croire que l'on prévoit déjà qu'il y aura rétablissement des protections perdues.
Il y a aussi ce que vous avez dit, madame Higgens, concernant le fait que vous cherchiez à joindre les collectivités des Premières Nations afin de cerner pour elles ce qui pourrait être problématique à leur endroit aux termes de la loi. J'aimerais que vous nous donniez des précisions à ce sujet. J'ai l'impression que le ministère est littéralement en train de chercher des arguments pour prouver qu'il est nécessaire de modifier la Loi sur la protection de la navigation et que les protections modifiées doivent être rétablies.
Je me demandais si vous pouviez nous dire un mot là-dessus.
:
Merci beaucoup. Je pense que j’ai eu l'information dont j'avais besoin.
Dans ce cas, j’aimerais maintenant parler du paragraphe 29(2). Vous avez dit que les préoccupations signalées au ministère tournent autour du fait qu’un certain cours d’eau se trouvant dans une certaine collectivité ne figure pas dans l’annexe, qu’il ne fait pas partie de la liste des cours d’eau visés par ces protections. Or, nous savons que le paragraphe 29(2) donne au ministre le pouvoir de modifier l’annexe 3.
Dans ce cas — et comme nous savons que des cours d’eau ont déjà été ajoutés —, pouvez-vous nous dire pourquoi cette option n’a pas été signalée aux communautés qui ont exprimé des préoccupations au sujet de leurs propres cours d’eau? Contrairement à ce que Mme Young a affirmé — que l’addition de cours d’eau à l’annexe se faisait sur une base ponctuelle —, la façon de procéder est décrite dans la loi.
Lorsqu’une collectivité vous affirme qu’elle se préoccupe du fait qu’un certain cours d’eau de son territoire n’est pas dans l’annexe 3, lui dites-vous qu’il existe un moyen pour remédier à cela? Si vous avez des réticences à l’égard de ce processus, quelles sont-elles?
J'aimerais revenir sur le concept d'examen inutile dont nous parlions précédemment.
Dans un premier temps, il m'apparaît que des examens inutiles n'existent pas, mais que tous les projets ne requièrent peut-être pas le même niveau d'évaluation environnementale. En réponse à ma question, vous me donniez l'exemple d'un ponceau. Effectivement, je ne pense pas que nous allons faire une évaluation environnementale nationale pour modifier un ponceau ou pour en construire un. Cependant, prenons l'exemple d'un ponceau qui serait construit tout près d'une frayère ou quelque chose qui est très local, mais qui suscite une préoccupation environnementale précise.
Ce que la loi fait présentement, c'est de faire disparaître toute obligation d'évaluation environnementale. Peut-être que pour un projet plus simple, à partir du moment où le propriétaire de l'ouvrage fait la démonstration qu'il a tenu compte de cet aspect, il pourrait obtenir un permis. Est-ce que réduire au maximum possible les évaluations environnementales est vraiment ce que nous souhaitons? Ne pourrions-nous pas mettre en place l'octroi de permis variés, qui tiendrait compte d'une évaluation environnementale en fonction du projet?
:
Merci, madame la présidente.
Tout d'abord, un commentaire. Dans le Comité des pêches et des océans, je me suis familiarisé avec le « principe de précaution », lequel s'applique notamment à certaines de nos remontées de saumon, etc. Essentiellement, le principe dit ceci: en cas de doute, nous protégeons. La Loi sur la protection de la navigation semble prendre la direction diamétralement opposée: la protection n'existe pas d'office, elle n'existe que s'il y a une bonne raison d'en avoir. Il s'agit d'une rupture que nous devrions peut-être examiner, en tant que groupe, lorsque viendra le temps de se pencher sur les modifications qui pourraient être apportées à la loi.
Essentiellement, pour qu'un plan d'eau soit mis sur la liste des rivières, lacs et ruisseaux protégés, il faut une évaluation qui tiendra compte des activités commerciales, récréatives et autochtones. Y a-t-il d'autres facteurs que ces trois-là qui auraient pu être inclus et dont nous pourrions nous servir pour établir quelles rivières, quels lacs et quels ruisseaux devraient être protégés?
Si vous n'avez pas de réponse à me donner pour l'instant, je vous demanderais de nous communiquer ultérieurement le fruit de vos réflexions à ce sujet.
:
Madame Higgens, en 2009, la Loi a été modifiée en vue de simplifier le processus, comme vous l'avez mentionné tout à l'heure. L'Arrêté sur les ouvrages et les eaux secondaires a été pris dans l'intention d'exempter les ouvrages et les cours d'eau secondaires du processus d'approbation officiel et de les considérer préapprouvés. Je présume que c'était en raison d'intérêts spéciaux qui ont été portés à l'attention du gouvernement de l'époque, et en tenant compte de ces préoccupations, ils ont ensuite mis en oeuvre — à défaut d'un meilleur terme — les recommandations qui en ont découlé.
Pour approfondir un peu la question, en 2012, on a présenté des modifications législatives qui sont entrées en vigueur en 2014. La loi a été rebaptisée Loi sur la protection de la navigation. J'ajouterais que le ministre a dit très clairement tout à l'heure que la Loi sur la protection de la navigation porte sur la sécurité — pas les intérêts spéciaux, mais bien la sécurité.
Cela étant dit, en 2014, de multiples articles ont été modifiés. La plus importante modification a été l’introduction d’une annexe qui répertorie les eaux navigables, où il est nécessaire d’obtenir des approbations avant de construire, d’ériger et de modifier, entre autres, des travaux qui gênent la navigation.
Revenons à 2016, au point où nous en sommes aujourd'hui. La Loi s'attache à la sécurité et, bien sûr, le processus est mis de l'avant. J'entends une fois de plus qu'elle a suscité des préoccupations, mais pas nécessairement auprès des groupes d'intérêts spéciaux qui veulent des exemptions et des choses du genre. Elle met l'accent sur la sécurité pour faire en sorte que des entités comme les groupes autochtones puissent soulever des préoccupations. Bien entendu, comme ces préoccupations se rapportent à la sécurité, nous sommes maintenant en plein dans ce processus. Pouvez-vous donner des détails à ce sujet?
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Merci beaucoup, madame la présidente.
J'ai écouté avec attention ce que les gens avaient à dire. J'ai aussi écouté les propos de la secrétaire parlementaire et du ministre. Je remercie beaucoup les fonctionnaires de nous avoir donné des précisions.
Après cette première rencontre, mon opinion n'a pas changé. Mon collègue a presque confirmé qu'on assiste présentement à une sorte d'opération de relations publiques. Il est très dommage qu'on utilise les ressources du Comité pour procéder à un tel exercice.
Madame la secrétaire parlementaire nous a dit tout à l'heure qu'elle ne voulait pas laisser croire que des changements majeurs devaient être apportés à la Loi sur la protection de la navigation. Pourtant, l'intérêt des ministères à cet égard semble tellement évident qu'il le faut faire immédiatement. On a complètement bouleversé le calendrier de notre comité pour qu'il puisse faire immédiatement l'étude de ces modifications.
Ces modifications semblent uniquement justifiées par la volonté de changer des choses que le gouvernement précédent avait mises en place. Or ces choses fonctionnent bien, selon les témoignages que nous avons entendus ce matin. Tout fonctionne bien. On a réussi à réduire les délais et à faire en sorte que les municipalités puissent procéder plus rapidement.
Ces demandes de modifications avaient été faites à l'époque par Transports Canada. Encore une fois, je n'arrive pas à comprendre pourquoi on consacre à cela autant de temps et de ressources de la Chambre, alors que cette consultation aurait pu être faite uniquement par le ministère. Les deux ministres nous ont induit en erreur. Je pense que c'est grave. Dans la lettre qu'on nous a adressée, il est clairement indiqué que le ministère consultera la population. Or on apprend qu'il ne consultera que les nations autochtones. C'est bien, mais ce n'est pas ce qui nous a été dit.
Il y a là un sérieux manque de respect envers le Comité. J'exhorte mes collègues à faire part de cette indélicatesse de la part du ministère ou du ministre à l'endroit du Comité.
Madame la présidente, pourquoi demander à notre comité de faire un travail qui est normalement dévolu au ministère? Pourquoi ajouter une autre consultation alors que le ministère a déjà les moyens d'agir pour répondre à toutes les demandes et qu'il semble n'y avoir ni problème, ni plainte? On est en mesure d'intervenir. Il n'y a pas de demande de modification en cours. Qu'est-ce qui est si urgent? Quels sont les changements envisagés? Quel est le problème? Je n'en sais rien, et personne ici ce matin n'a pu me dire le problème qu'il y a en ce qui concerne la Loi sur la protection de la navigation. Personne n'a pu le faire.
Pour cette raison, madame la présidente, vous ne serez pas surprise que je dépose la motion suivante, qui sera étudiée par ce comité:
Que le Comité, après avoir constaté que le Ministre des Transports a déjà ses propres conclusions quant aux modifications à apporter à la Loi sur la protection de la navigation, mette fin immédiatement à son étude de la Loi sur la protection de la navigation.
Pourquoi prendre plus de temps à étudier des choses qui fonctionnent bien? C'est d'ailleurs ce qu'on nous a dit ce matin. C'est incompréhensible. Il n'y aura pas de consultation. Donc, nous avons été induits en erreur. Le ministre a déjà décidé. La voie est tracée par la lettre de mandat qu'il reçu du premier ministre. Je considère que le Comité a des choses beaucoup plus importantes à faire que de servir uniquement d'instrument pour un exercice de relations publiques du gouvernement auprès des différents groupes d'intérêt qu'il veut servir.
Je vais remettre une copie de la motion au greffier. Nous pourrons probablement en discuter, si les membres du Comité sont unanimement d'accord pour le faire.
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Merci, madame la présidente.
Je remercie les membres du Comité d'avoir accepté que l'on aborde cette question en public. Je pense que c'est important.
Je répète encore une fois que nous avons eu la démonstration que cette étude n'était pas nécessaire pour le travail du Comité. En effet, nous avons eu la démonstration que, dans sa lettre, le ministre nous a induits en erreur quand il a affirmé que le ministère tiendrait des consultations publiques sur cette question.
Nous avons eu la démonstration que la loi actuelle permet de répondre aux plaintes des municipalités, des intervenants et des différentes communautés autochtones si un cours d'eau doit être inclus ou non sur cette liste.
De plus, il aurait été intéressant que le ministre prenne connaissance du témoignage de 2012 de M. Nathan Gorall, directeur général du Groupe de travail sur le Programme de protection des eaux navigables à Transports Canada. C'est un témoignage qu'il a fait devant le Comité sénatorial permanent de l'énergie, de l'environnement et des ressources naturelles. M. Gorall a été très clair. En 2012, Transports Canada...