[Français]
Je vous remercie de votre invitation. Je suis heureux d'être devant vous aujourd'hui, afin de discuter du projet de loi .
[Traduction]
Je suis sûr que vous êtes nombreux à connaître la CAA, mais permettez-moi de vous parler brièvement de notre association et de son rôle dans le dossier de la sécurité routière.
La CAA a été fondée en 1913 pour défendre les droits et intérêts des automobilistes et non pour offrir des services de remorquage. Elle compte aujourd'hui 6,2 millions de membres au Canada, et les services qu’elle leur offre dépassent largement le cadre de l’assistance routière. Dès ses premiers jours, elle a milité pour des éléments essentiels du cadre de la sécurité routière en vigueur aujourd'hui au Canada et fait pression pour l'installation de panneaux d'arrêt, le port de la ceinture de sécurité et les coussins gonflables, ou encore les campagnes contre l'alcool ou les distractions au volant. La CAA est au premier rang de la défense des intérêts des voyageurs depuis plus d'un siècle. Aujourd'hui, nous représentons environ un conducteur adulte sur quatre au Canada et notre marque est reconnue comme l'une des plus dignes de confiance au pays.
[Français]
Nous avons remarqué que le régime de protection des consommateurs au Canada accusait un certain retard relativement à celui d'autres pays développés, Nous sommes donc heureux de constater que le projet de loi comblera plusieurs des lacunes actuelles.
[Traduction]
Aux États-Unis, par exemple, la National Highway Traffic Safety Administration, ou NHTSA, a le pouvoir d'exiger des constructeurs qu'ils rappellent les véhicules qui présentent des défauts de sécurité ou qui ne respectent pas les normes de sécurité fédérales. Depuis sa création en 1966, plus de 390 millions de voitures, camions, autobus, véhicules récréatifs, motocyclettes et cyclomoteurs, ainsi que 46 millions de pneus, et 42 millions de sièges pour enfants ont fait l’objet d’un rappel pour corriger des vices de sécurité.
Ici même au Canada, la CAA est d’avis que, pour les propriétaires des quelque 23 millions de véhicules légers qui circulent sur les routes, le projet de loi est un pas en avant qui contribue à raffermir le régime de conformité et d’application de la loi afin de mieux protéger tous les Canadiens. Nous sommes ravis de constater que dans sa version actuelle, il confère au ministre des Transports le pouvoir d'ordonner aux entreprises de corriger un défaut ou un cas de non-conformité et d'infliger des sanctions à celles qui enfreignent la loi.
[Français]
Même si la plupart des constructeurs respectent les normes rigoureuses que nous avons établies pour les véhicules canadiens, il n'en reste pas moins qu'à l'heure actuelle Transports Canada mène 16 enquêtes sur des défauts de sécurité. De ce nombre, 13 datent d'avant 2017. À l'évidence, une intervention des pouvoirs publics pourrait être utile dans certains cas, voire même nécessaire.
[Traduction]
Le 10 novembre 2016, par exemple, Transports Canada a rendu une décision provisoire établissant qu’un défaut de sécurité affectait les freins des camions F-150 2011 et 2012 équipés d’un moteur EcoBoost de 3,5 litres; le Ministère avait reçu plus d'une centaine de plaintes à ce sujet. Lorsqu'il a comparu devant le Sénat l'automne dernier, le a dit que son gouvernement avait communiqué avec Ford, mais que hélas, le constructeur réfutait ces constatations. Le ministre a souligné de plus que comme la législation en vigueur ne permettait pas de débloquer cette impasse, la population a dû exercer des pressions pendant près de 6 mois avant que le constructeur accepte de publier un avis de défaut le 5 mai dernier. Le projet de loi multipliera les outils dont dispose le ministre pour empêcher que ces situations traînent autant en longueur.
Aujourd’hui, la mesure la plus vigoureuse que Transports Canada peut prendre lorsqu’il estime que certains véhicules présentent un danger pour les Canadiens, c’est d'obliger le constructeur à envoyer un avis de défaut aux propriétaires pour qu'ils sachent que leur véhicule pose un risque. Ça se limite à ça. Le gouvernement n’a pas le pouvoir de contraindre un constructeur à ordonner un rappel ou à effectuer des réparations. Cela fait du régime canadien actuel un véritable colosse aux pieds d’argile.
[Français]
Le projet de loi augmentera les recours possibles. Il conférera au ministre le pouvoir d'obliger les entreprises à émettre un avis de rappel et à réparer tout véhicule faisant l'objet d'un rappel sans frais pour le consommateur. Le ministre pourra même les empêcher de vendre des véhicules neufs au Canada tant qu'ils n'auront pas été réparés. Ce sera assez semblable à la législation américaine, et cela permettra enfin d'uniformiser les règles du jeu pour les consommateurs canadiens dans ces importants dossiers.
[Traduction]
À l’heure actuelle, le site Web de Transports Canada fournit des renseignements sur les rappels de véhicules et encourage les consommateurs à donner suite au rappel de leur véhicule le plus rapidement possible. Pourtant, nous savons que cela ne dépend pas toujours du consommateur. Le projet de loi sera un outil indispensable lorsque le ministre estimera qu’il doit intervenir pour qu’un rappel de véhicules ait lieu. Ce projet de loi permettra, en ce sens, de mieux protéger la population.
[Français]
Cela fait trop longtemps que les mesures de protection des consommateurs canadiens sont à la traîne de celles des États-Unis. À notre avis, le projet de loi contribuera dans une large mesure à rééquilibrer la situation. De plus, il représente un progrès évident pour les consommateurs canadiens.
Je vous remercie de votre attention.
[Traduction]
Nous serons heureux de répondre à vos questions.
Je vous remercie.
:
Bonjour. Je m'appelle George Iny, directeur exécutif de l'Association pour la protection des automobilistes. John Raymond m'accompagne. Il est membre du conseil d'administration de l'Association et un ancien concessionnaire automobile. Il travaille en étroite collaboration avec nous sur plusieurs dossiers, dont la sécurité automobile.
[Français]
L'Association pour la protection des automobilistes, l'APA, est une organisation sans but lucratif. Elle a été fondée en 1969. Elle offre un service de renseignements au public, par l'entremise du téléphone et d'un site Web.
Nous sommes une des sources importantes des plaintes véhiculées à Transports Canada en ce qui concerne la sécurité présumée des véhicules. Nous collaborons également avec des équipes d'enquête universitaires partout au Canada pour favoriser la surveillance du parc automobile.
Nous sommes une petite équipe. Nous travaillons beaucoup avec des gens de l'industrie même parce que nous aimons bien avoir des solutions réalistes, mais toujours en représentant les intérêts des consommateurs.
[Traduction]
Je suis ici pour passer en revue une partie des mesures proposées dans le projet de loi . J'essayerai de vous donner un peu de nuance ou de contexte. Une base de données permet de voir les rappels de véhicules. C'est une très bonne base de données. Elle est vieille, et elle n'est pas en temps réel. Ainsi, vous saurez s'il y a eu un rappel pour votre véhicule, mais pas si celui-ci a été réparé et nous aimerions avoir cette fonctionnalité.
Entre le dépôt du projet de loi et aujourd'hui, comme il s'agit d'une exigence des États-Unis, la plupart des fabricants ont pris le pas et font exactement cela. Le projet de loi permettrait de rattraper les retardataires. Il permettrait aussi au gouvernement d'établir un minimum de renseignements qu'il serait possible d'obtenir, parce que les sites Web ne sont pas tous faciles à consulter et ne donnent pas tous des renseignements complets sur le rappel.
C'est une condition préalable importante, si nous voulons que les défauts des véhicules usagés soient corrigés avant la revente. Le problème est important, et les détaillants de même que les ministères provinciaux se plaignent de l'absence d'un moyen normalisé pour trouver facilement ces renseignements. J'ajouterais qu'une inspection de la sécurité en vertu des régimes provinciaux ne comporte pas une vérification des rappels, contrairement à ce que les gens supposent. Les deux systèmes ne se parlent pas. Si ce problème était corrigé, autrement dit, si nous disposions au minimum de renseignements normalisés de bonne qualité en temps réel, cela pourrait faire partie du processus d'inspection.
Des sanctions administratives pécuniaires seraient un outil plus expéditif que le recours aux tribunaux. Le gouvernement ne va pas très souvent en cour et lorsqu'il le fait, il perd. Ce serait donc un mécanisme qui, nous l'espérons, pourrait être utilisé davantage. C'est un peu difficile, parce que vous offrez essentiellement un abonnement au gym à une personne sans savoir si elle va vraiment l'utiliser et devenir plus forte, mais c'est ce que nous espérons. Le projet de loi créerait un outil que le gouvernement pourrait utiliser, et le cas échéant, cela lui donnerait un peu plus de poids auprès des fabricants automobiles qui ne sont pas très conciliants.
Les sanctions administratives pécuniaires devraient être assorties d'une disposition importante, soit une réserve pour la recherche dans le domaine de la sécurité automobile ou de la réduction des blessures. Pour la plupart, vous avez appris il y a déjà un bon bout de temps que Volkswagen avait triché aux tests d'émission de ses moteurs diesel, mais ceux qui ont découvert cette tricherie travaillaient dans le cadre d'une bourse d'études, une subvention de recherche, provenant d'une enquête antérieure dans laquelle un autre fabricant de véhicules automobiles ou de camions avait été déclaré coupable de tricherie. Autrement dit, une partie de ces sommes, si elles étaient perçues, devraient être réservées à la cause de la sécurité automobile.
Quant au pouvoir d'ordonner la correction de défauts, le pouvoir existe aux États-Unis depuis le début des années 1970 ou la fin des années 1960. C'est une faille dans notre loi originale que, selon le libellé de la loi, l'envoi d'une lettre par la poste était ce qui semblait raisonnable d'un point de vue politique, ou peut-être, d'un point de vue pratique. Depuis, essentiellement, les événements ont pris le pas sur notre loi, de sorte que plus de 99 % des rappels, soit environ 600 par an, sont annoncés et, je dirais qu'il y en a facilement 98 % environ qui sont traités selon un mécanisme volontaire. La réparation est faite par le fabricant, soit parce qu'il croit qu'il devrait le faire, soit parce qu'il est tenu de le faire aux États-Unis.
Nous pensons qu'il y a trois, quatre, cinq ou six rappels par an à l'égard desquels le gouvernement a vraiment besoin de dispositions plus musclées. Par rapport à la situation actuelle, ça ne change pas vraiment la donne.
:
Merci beaucoup pour votre témoignage et votre présence.
Avant de passer aux questions, pour le bénéfice de mes collègues autour de la table, je tiens à les avertir que je compte présenter un amendement. Je n'ai pas le texte de la proposition aujourd'hui, mais je tiens à ce que vous en saisissiez l'esprit.
Dans son témoignage, le ministre a expliqué que le ministère et les parties concernées discutaient de l'article 10.52 proposé. Il s'agit de l'amendement du Sénat. Essentiellement, je proposerai de supprimer la disposition actuelle — et merci au Sénat de m'avoir forcé à y réfléchir — et de la remplacer par un libellé qui ferait deux ou trois choses. Je tiens à ce que le nouveau libellé réitère sans équivoque que les mêmes recours offerts aux consommateurs seront aussi offerts aux concessionnaires en ce qui concerne la réparation, le remboursement ou le remplacement de véhicules défectueux, si un rappel est ordonné, mais aussi qu'il soit clair que rien de cela ne porte préjudice aux recours qui peuvent être négociés d'un point de vue commercial. Quand j'aurai une version traduite du libellé, je la ferai distribuer aux membres du Comité.
Je m'interroge sur les éléments de l'amendement du Sénat du point de vue de la protection des consommateurs.
Monsieur Jack, vous êtes peut-être bien placé pour en parler. À mon sens, l'une des conséquences potentielles de l'amendement était que si les concessionnaires avaient droit à un paiement d'intérêt de 1 %, cela pourrait motiver un fabricant à réparer les véhicules si le défaut de le faire engendrerait des conséquences financières, avant de réparer les véhicules qui sont sur la route aujourd'hui et que des consommateurs conduisent.
Avez-vous une position ou peut-être des réflexions sur cette asymétrie, laquelle serait susceptible de créer une étrange situation qui mettrait des Canadiens en danger?
:
Merci, madame la présidente.
Je veux analyser un peu plus en profondeur certaines solutions. Nous avons parlé des rappels. M. Lobb a parlé de l'achat d'un véhicule, que ce soit dans un encan à l'extérieur du pays... Il y a maintenant un mécanisme, du moins en Ontario, qui vous permet d'obtenir l'historique complet du véhicule que vous achetez. Vous obtenez une page complète de l'historique du véhicule. Est-ce une possibilité pour déterminer les véhicules visés par un rappel?
La deuxième possibilité, bien sûr, c'est à l'achat d'un véhicule. Vous faites aussi la plupart du temps une vérification de sécurité, à savoir si le véhicule a déjà eu une vérification de sécurité... Il y a aussi une autre possibilité, en saisissant le NIV, de déterminer et de voir qu'un rappel s'applique.
Selon vous, ces deux mécanismes peuvent-ils être utilisés ou avez-vous d'autres idées qui permettraient de savoir qu'un rappel s'applique lorsqu'un véhicule est vendu, que ce soit dans un pays ou en provenance d'un autre pays?
:
Cela dépend du genre de cadre auquel nous pensons. Comme vous le savez, dans le projet de loi , certaines dispositions permettraient au ministre d'autoriser l'essai de véhicules autonomes sur les routes canadiennes. Nous y sommes très favorables.
Nous avons besoin d'un cadre, parce qu'il se passe déjà des choses qui seraient techniquement illégales, comme l'essai de véhicules autonomes. Si nous tenons à ce qu'il y ait des activités de recherche et développement au Canada, nous devons évidemment pouvoir tester ces véhicules à un moment donné. Je ne peux m'imaginer que ceux qui ont rédigé le projet de loi à l'origine avaient l'intention de nous interdire ce genre d'activités. Nous sommes très favorables à cette partie du cadre.
Par ailleurs, absolument, il faut un cadre plus étoffé. Nous avons témoigné devant le comité du Sénat, qui a examiné cette question en long et en large. Nous avons fait un sondage sur cette question. Nous savons à peu près où les Canadiens se situent: ils croient que l'arrivée de véhicules autonomes est imminente, mais ils en ont un peu peur, donc il faut plus de discussion, d'éducation publique et d'élaboration de politiques. Nous croyons comprendre qu'un comité de directeurs généraux provenant d'une brochette de ministères se penche sur quelques-uns de ces enjeux qui toucheront inévitablement différents ministères.
La réglementation de l'assurance est très intéressante, et le ministère des Transports aura évidemment un rôle à jouer à cet égard, tout comme le ministère de l'Innovation, des Sciences et du Développement économique. C'est véritablement un enjeu interministériel.
La confidentialité des données nous préoccupe beaucoup à la CAA. Le Commissariat à la vie privée s'est aussi penché sur la question. Qui contrôle les données que votre véhicule collectera sur vous, ou qu'il collecte peut-être déjà sur vous, tandis que nous entrons dans l'ère du téléphone intelligent sur roues? La question se pose avant même l'arrivée des véhicules autonomes. C'est pour les 10 à 20 prochaines années, avant que nous nous promenions tous dans un véhicule autonome; nous aurons des véhicules qui collecteront une quantité énorme de renseignements sur nous.
:
Tout d'abord, deux réserves.
Premièrement, cela implique aussi les provinces, parce que véhicule roule sur les routes à l'intérieur des provinces, donc la réponse ne sera pas entièrement fédérale.
Deuxièmement, nous ne devrions pas hésiter à emprunter ce qui se fait ailleurs, au lieu de réinventer la roue, parce que nous sommes un acteur de taille moyenne. Si nous pouvons trouver un vaste ensemble de règles qui fonctionnent, que ce soit aux États-Unis ou en Europe, nous pourrions envisager de regarder ailleurs.
Troisièmement, quand les choses changent aussi rapidement, la réponse n'est peut-être pas de nature législative pour le moment, mais nous devons être prêts, avoir un cadre prêt, afin que nous puissions y insérer les règles par la suite.
:
Merci beaucoup, madame la présidente.
Bonjour à tous.
Je représente Fiat Chrysler, Ford et General Motors, mes compagnies membres. Au Canada, ces compagnies exploitent cinq usines d'assemblage, plusieurs usines de pièces et de composantes et chacune a des installations de recherche et d'ingénierie qui ont des mandats de développement de technologies automobiles de pointe, y compris des partenariats pour le développement de logiciels connexes.
Les membres de l'ACCV demeurent résolus à créer et fabriquer des automobiles sûrs, à améliorer de façon proactive les technologies de protection des occupants en cas d'accident, ainsi que de nombreuses technologies d'assistance à la conduite nouvelles et innovatrices de pointe pour améliorer la sécurité en aidant le conducteur à éviter des accidents en premier lieu.
Nous souscrivons au projet de loi . Nous continuons de partager l'objectif du gouvernement d'accroître la sécurité des Canadiens et de fournir la souplesse réglementaire supplémentaire à l'appui des technologies de pointe en matière de sécurité et des autres innovations, en accord avec le projet de loi.
Dans nos observations écrites, nous avons cerné quatre domaines ayant des implications pratiques et commerciales qui doivent être revus, surtout étant donné que le projet de loi prévoit la possibilité de déléguer une partie des pouvoirs ministériels actuels et proposés. Nos recommandations ne compromettent en rien les objectifs du projet de loi liés à la sécurité.
Nous formulons les recommandations suivantes qui visent simplement à améliorer la clarté et, ce faisant, à permettre la mise en oeuvre de politiques plus efficaces et d'une administration efficiente.
La première concerne le nouvel article 10.61 proposé, Interdiction d'offrir en vente — défaut ou non-conformité. Les constructeurs vendent, en gros, de nouveaux véhicules à des concessionnaires qui sont des entreprises privées indépendantes; les constructeurs ne vendent pas de véhicules à des consommateurs, au détail. Le libellé proposé tient à tort le constructeur ou l'importateur de véhicules, qui ne vend pas de véhicules aux consommateurs, criminellement et administrativement responsables des actions d'une autre entité commerciale indépendante, en l'occurrence le concessionnaire, qui vendrait des véhicules visés par un ordre de rappel et d'arrêt de vente aux consommateurs.
Les constructeurs et les importateurs de véhicules ne devraient pas être tenus criminellement ou administrativement responsables des actions de concessionnaires de véhicules neufs détenus et exploités de façon indépendante. Le libellé proposé pour interdire l'offre en vente de véhicules défectueux ou non conformes devrait viser à plus juste titre les concessionnaires, qui sont les entités qui vendent des véhicules aux consommateurs. Un tel libellé serait plus compatible avec les responsabilités et les exigences imposées aux États-Unis.
Nous recommanderions de revoir cette disposition afin de conférer le pouvoir d'ordonner aux constructeurs et aux importateurs de véhicules d'envoyer un avis aux concessionnaires afin qu'ils rendent les véhicules conformes avant la première vente.
La deuxième recommandation concerne le nouvel article 8.1 proposé, Pouvoir d'ordonner des tests, analyses ou études. Nous sommes conscients que ce pouvoir propre au Canada est proposé afin de recueillir rapidement des renseignements afin de vérifier la non-conformité ou les défauts lorsque ces renseignements ne sont pas fournis volontairement. Néanmoins, dans sa forme actuelle, la formulation est très vague et cette disposition pourrait être appliquée de façon plus large que ne le souhaite le législateur, le résultat potentiel étant que des tests, des analyses ou des études pourraient être ordonnés dans n'importe quel scénario, ce qui risquerait de transférer les responsabilités de Transports Canada en matière de conformité et de vérification aux compagnies, au lieu que le ministère exerce ses responsabilités en matière de surveillance.
Ce libellé doit être modifié afin de préciser que l'intention est d'ordonner des tests, analyses ou études afin de vérifier la non-conformité, et d'inclure la notion de du « caractère raisonnable ».
Notre troisième recommandation concerne le nouveau paragraphe 10.4(1) proposé, Date de correction. Les membres de l'ACCV s'efforcent de transmettre aux propriétaires de véhicules les renseignements les plus exacts et à jour sur les rappels. La Loi en vigueur exige qu'un premier avis de rappel soit envoyé aux propriétaires de véhicules au plus tard 60 jours après l'avis donné à Transports Canada. Si les pièces nécessaires pour réparer le véhicule ne sont pas immédiatement disponibles au moment du premier avis, un deuxième avis est envoyé lorsque les pièces sont disponibles.
À cette étape préliminaire du rappel, l'information sur la disponibilité des pièces nécessaires pour les réparations n'est peut-être pas disponible et les estimations de la date de disponibilité des pièces peuvent être révisées plusieurs fois. Ainsi, il se pourrait que plusieurs avis soient envoyés aux consommateurs. Ces derniers ont tendance à devenir moins sensibles, ou désensibilisés, à ces avis. Le message perd son importance et ils ont tendance à fermer les yeux sur l'importance de l'avis en premier lieu. Cela mine la confiance de la population envers le système. Ce n'est pas ce que nous voulons, et nous croyons que ce n'est pas ce que Transports Canada veut.
Le fait d'imposer l'exigence dans la Loi empêche aussi l'exploitation des technologies de communication qui peuvent être mieux adaptées pour transmettre l'information de façon plus opportune, par exemple les outils de recherche des rappels dans le site Web du fabricant que nos membres ont déjà mis en place.
Cette exigence supplémentaire n'est pas nécessaire dans la Loi et elle peut être prise en compte dans l'article 15 du Règlement sur la sécurité des véhicules automobiles, qui définit tous les renseignements devant figurer dans la notification adressée au ministre et la notification adressée aux propriétaires de véhicules.
Notre dernière recommandation concerne l'indemnisation des concessionnaires. D'après la description que M. Fraser a donnée du projet d'amendement qu'il compte déposer, nous verrions d'un bon oeil cet amendement qui répond aux préoccupations des concessionnaires et des fabricants d'équipements d'origine, les FEO. Les membres de l'ACCV traitent l'indemnisation relative aux nouveaux véhicules visés par un rappel avec leurs concessionnaires indépendants d'une façon juste et équitable, tant au Canada qu'aux États-Unis. Nous continuerons de le faire, et nous demeurons ouverts à d'autres discussions pour donner suite à leurs préoccupations.
Madame la présidente, voilà ce que j'avais à dire. Je serais heureux de répondre à vos questions. J'espère que nous pouvons obtenir un certain appui à nos recommandations dans ce dossier précis.
:
Madame la présidente, honorables députés, je suis reconnaissant de l'occasion qui m'est donnée d'être parmi vous pour discuter de l'importante question de la sécurité des véhicules et des modifications proposées à la Loi sur la sécurité automobile, telles qu'elles sont envisagées dans le projet de loi . Je ne vais pas vous ennuyer avec les détails du discours promotionnel sur notre association, mais qu'il suffise de dire que nous représentons les constructeurs automobiles étrangers sur le marché canadien, essentiellement tous ceux qui ne sont pas membres de l'association de Mark.
D'emblée, je tiens à dire que la sécurité est extrêmement importante pour chacune des entreprises membres de CMAC. Comme je l'ai dit à vos collègues du Sénat l'automne dernier, nos membres ont toujours été à l'avant-garde de l'introduction de technologies de sécurité avancées, comme les ceintures à trois points d'ancrage, le contrôle électronique de la stabilité et les systèmes d'éclairage de pointe, actuellement visés par la NSVAC 108, que j'ai aussi évoquée dans mon témoignage au Sénat, et à l'égard desquels nous attendons toujours un règlement définitif du ministère.
J'ai été ravi d'assister à une partie de la séance du Comité mardi dernier sur le projet de loi . Plusieurs membres du Comité ont exprimé leurs préoccupations concernant le rythme rapide de l'innovation technologie dans l'industrie automobile. Je suis d'accord avec vous que le rythme est sans précédent et perturbateur. À cet effet, les Constructeurs mondiaux d'automobiles du Canada sont favorables à la marge de manoeuvre que le projet de loi S-2 accorde pour prendre en compte les adaptations à ces changements rapides concernant la propulsion, la connectivité et les technologies d'automatisation. Si cette marge de manoeuvre est utilisée avec prudence, elle devrait permettre au Canada de rester à l'avant-garde des percées technologiques et de tout régime réglementaire nécessaire pour les soutenir.
Je tiens aussi à commenter brièvement les articles de la Loi qui visent à permettre au Canada une plus grande harmonisation réglementaire avec les États-Unis. Les membres des Constructeurs mondiaux d'automobiles du Canada souscrivent à la reconnaissance des normes américaines dans la région de l'ALENA, puisque nos usines dans les trois pays ont comme objectif de servir le marché américain dans son ensemble et la construction d'un même modèle pour les trois pays a l'avantage de réduire la complexité et de produire des économies d'échelle.
Cela dit, les véhicules qui satisfont aux normes mondiales de la Commission économique des Nations unies pour l'Europe sont tout aussi sécuritaires et intègrent souvent des avancées qui ne sont pas encore adoptées aux États-Unis. Nous croyons donc que le Canada devrait conserver la marge de manoeuvre nécessaire pour reconnaître d'autres normes avancées, en plus de celles du FMVSS, afin d'offrir les plus grands avantages aux Canadiens et de garantir que nous pourrons satisfaire aux obligations que l'AECG nous impose.
Sans ces considérations, les Canadiens perdent au change. Transports Canada se heurte non seulement à la croissance de règlements non pertinents, mais manque aussi une occasion de jouer un rôle de premier plan dans le cadre réglementaire nord-américain, non pas en adoptant une norme unique au Canada, mais plutôt en évaluant d'un oeil critique les normes en vigueur dans le reste du monde — par exemple les normes de la CEE-ONU, de même que celles des États-Unis — pour faire en sorte que les Canadiens ne soient pas privés des technologies de pointe en matière de sécurité ou d'environnement, pour la simple raison que les États-Unis ne sont pas prêts ou disposés à les adopter. Le Canada peut, et honnêtement devrait, être novateur dans sa réglementation et tirer parti des dispositions de coopération réglementaire en ce qui concerne les règlements et les normes au sein des États-Unis et de l'Union européenne.
Les membres de notre association voient d'un bon oeil les modifications de la Loi sur la sécurité automobile qui procureront des améliorations significatives en matière de sécurité publique. Toutefois, il convient d'éviter d'imposer un fardeau réglementaire supplémentaire qui ne produirait pas d'avantages réels pour les automobilistes.
La question a été soulevée par un membre du Comité mardi à savoir si la collecte d'un plus grand nombre de données améliorerait vraiment la sécurité. Les membres du CMAC ne sont pas contre la disposition concernant la collecte de données supplémentaires, pourvu que cela soit raisonnable et utile et que cela améliore, à terme, la sécurité. L'expérience des États-Unis a montré que l'identification de défaut liée à la sécurité est souvent une tâche très complexe et qu'à elles seules, les données sont insuffisantes pour cette tâche. Les États-Unis rassemblent une quantité énorme de données, mais celles-ci n'ont pas facilité l'identification précoce de certains des défauts liés aux récents cas de rappel largement médiatisés.
Sous ce rapport, nos membres sont préoccupés par le paragraphe 8.1(1) proposé, dont M. Nantais a aussi parlé, qui confère au ministre le pouvoir d'ordonner à une compagnie « d'effectuer des tests, des analyses ou des études [...] qu'il estime nécessaires [...] pour les besoins des vérifications de conformité à la présente loi ». Il s'agit d'un pouvoir discrétionnaire sans réserve, très vaste et unique au Canada, permettant au ministre d'ordonner ces tests sans considération des coûts pour l'entreprise, ni des implications potentielles liées à la Charte, de demander à une compagnie d'effectuer et de payer des travaux que le gouvernement pourrait utiliser un jour contre elle.
Cette disposition pose problème, et si le libellé ne peut pas être resserré dans le texte de loi, nous croyons que des règlements devraient être élaborés afin de donner des orientations sur les conditions justifiant une telle demande, le cadre qui sera utilisé pour normaliser les attentes relatives à la façon dont ces demandes seraient traitées et qui supposeraient les coûts des tests en question.
Il y a, dans ce projet de loi tel que modifié par le Sénat, d'autres dispositions qui préoccupent nos adhérents, mais je vois que j'ai épuisé mon temps de parole. Les conversations que j'ai pu avoir avec des membres du Comité, ainsi que les deux ans consacrés à l'étude de ce projet de loi me porte à penser qu'il est en outre grand temps de procéder à son adoption.
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Merci, madame la présidente, et merci, mesdames et messieurs membres du Comité.
Je m'appelle Michael Hatch, économiste en chef de la Corporation des associations de détaillants d'automobiles, la CADA. Nous sommes une association nationale qui, comme le savent beaucoup d'entre vous, regroupe les concessionnaires franchisés d'automobiles et de camions neufs au Canada. Nous sommes plus de 3 200 répartis dans l'ensemble du pays où nous sommes présents dans, pour ainsi dire, chaque ville, chaque collectivité locale. Cela représente plus de 150 000 emplois bien payés.
Nous apprécions l'occasion qui nous est donnée d'exprimer devant vous le point de vue et les préoccupations de notre réseau de concessionnaires alors que le Comité étudie le projet de loi . J'entends faire ressortir toute l'importance que ce texte revêt pour notre secteur d'activités, tant au niveau des ventes qu'au niveau de la construction automobile.
Permettez-moi de dire d'emblée que la CADA est favorable de ce projet de loi et qu'elle espère le voir adopter sans trop tarder. Nous nous étions déclarés en faveur d'un projet analogue déposé par le gouvernement précédent, et nous sommes heureux de voir qu'il a l'appui de l'ensemble des parties.
Permettez-moi de commencer par dire quelques mots au sujet du rappel de véhicules en général. Précisons, d'abord, qu'il s'agit de quelque chose de plus en plus fréquent, cela n'est un secret pour personne. Il y a, à cela, de multiples raisons. D'abord, le nombre de voitures a beaucoup augmenté. Puis, les systèmes qui entrent dans la construction des nouveaux véhicules sont de plus en plus complexes et le secteur automobile a amélioré les systèmes permettant de repérer les problèmes qui pourraient imposer un rappel. Tout cela me paraît être une bonne chose.
En raison du nombre croissant de véhicules circulant sur les routes, et de leur plus grande complexité, le nombre de rappels est appelé à augmenter et non à diminuer. Dans la vaste majorité des cas, les constructeurs et les concessionnaires font bien leur travail et les problèmes éprouvés par les consommateurs sont réglés rapidement et de manière efficace.
Les amendements que nous souhaiterions voir apporter à ce projet de loi au Sénat portent sur quatre points: il conviendrait d'assurer qu'en matière de rappel, la responsabilité continue à incomber aux constructeurs; il faudrait en outre que la loi n'impose pas de nouvelles obligations aux concessionnaires; il faudrait par ailleurs que lorsqu'un véhicule ne peut pas être réparé, il soit racheté au concessionnaire et, enfin, lorsqu'un rappel semble devoir durer, le constructeur devrait avoir à rembourser au concessionnaire ses coûts de stockage. Sur ce dernier point, je m'étendrai un peu plus dans quelques instants.
L'amendement qui va être proposé dans le cadre de vos délibérations devrait permettre d'atteindre ces quatre objectifs, et je remercie M. Fraser de ce qu'il a dit plus tôt au sujet de cet amendement précis. Nous attendons de voir comment cet amendement sera formulé au juste.
Je précise que le concessionnaire ne vend pas son stock de véhicules en consignation. Dès qu'un véhicule lui est livré, en effet, il en devient propriétaire et c'est donc lui qui doit financer un stock dont la valeur atteint généralement plusieurs millions de dollars. Or, lorsqu'un véhicule est invendable en raison d'un rappel qui se prolonge, et que le problème en cause n'a pas de solution immédiate, le concessionnaire encourt des frais importants. Il lui faut, en effet, continuer à assurer le financement de son inventaire, à l'entretenir et, dans certains cas, qui sont rares certes, le concessionnaire se retrouve pendant des mois, voire plus, avec un stock de véhicules invendables.
C'est un peu comme quelqu'un qui devrait, chaque mois, régler l'hypothèque sur une maison d'un million de dollars, alors qu'il ne peut pas l'habiter, ni la louer, mais qu'il lui faut tout de même acquitter les taxes foncières et régler les factures d'électricité. C'est un peu dans ce genre de situations que se retrouvent les concessionnaires lorsque, en cas de rappels qui perdurent, ils se retrouvent pendant des mois, voire plus longtemps encore, avec un stock de voitures invendables. Cela n'arrive que rarement, mais lorsque cela se produit les concessionnaires sont frappés de plein fouet, étant donné qu'il s'agit essentiellement de petites et moyennes entreprises.
L'amendement que nous proposons permettrait notamment de régler ce problème en prévoyant que lors d'un rappel, le constructeur aurait à rembourser au concessionnaire ses coûts de stockage, calculés selon une certaine formule. Nous avons établi cette formule après consultation avec nos homologues américains puisque, aux États-Unis, une loi fédérale assure à cet égard la protection des concessionnaires.
Vous savez tous sans doute que si le gouvernement a déposé ce projet de loi, c'est en partie pour uniformiser notre législation avec celle des États-Unis. L'amendement que nous proposons répond à ce même motif.
Notre proposition est simple. En cas de rappel de véhicules, le constructeur aurait soit à corriger le problème dans les meilleurs délais, soit à les racheter au prix facturé. Dans les rares cas où la solution est retardée, le constructeur serait tenu de rembourser au concessionnaire les coûts liés à la période de rappel, comme c'est le cas aux États-Unis.
Il y a quelques jours, mardi pour être précis, le ministre a évoqué les discussions que nous avons eues avec le gouvernement. Nous sommes parvenus à une solution de compromis que traduira, espérons-nous, le nouvel amendement qui doit être proposé au Comité. Nous avons hâte d'assister au débat dont cet amendement va faire l'objet.
Nous souhaitons voir adopter ce projet de loi, car il s'agit d'un texte important pour la sécurité des consommateurs. En tant que concessionnaires et associations de concessionnaires, nous continuerons à rechercher une solution législative au déséquilibre qui marque la relation entre les constructeurs et les concessionnaires, en cas de rappels qui perdurent, mais il ne s'agit pas là d'un problème relevant de ce projet de loi.
Il est clair, en effet, que les rappels sont appelés à se multiplier et le problème que cela pose pour les concessionnaires ne va pas disparaître. Nous sommes partisans de ce projet de loi et nous ne voulons rien faire pour engêner l'adoption, mais nous entendons continuer à chercher une solution législative qui permettra de protéger les concessionnaires, qui, en cas de rappels qui durent des mois et parfois même des années, se retrouvent avec un stock de voitures qu'ils ne peuvent pas écouler.
Je tiens à remercier les membres du Comité et je me ferai un plaisir de répondre, au mieux de mes capacités, aux questions qu'on souhaitera me poser.