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Je déclare ouverte cette séance du Comité permanent des transports, de l'infrastructure et des collectivités. Conformément à l'ordre de renvoi adopté le mardi 7 février 2017, nous poursuivons notre étude sur la qualité de l'eau.
Nous accueillons aujourd'hui M. Sal Iannello, directeur général des infrastructures et des services de développement, à la ville de Welland.
Nous avons également M. Stephen Craik, directeur de l'assurance de la qualité de l'eau, à EPCOR Utilities Inc.
Tous nos témoins se joindront à nous par vidéoconférence ou téléconférence.
Ensuite, nous allons entendre Mme Marie-Claude Guérin, spécialiste de l'eau potable pour la ville de Trois-Rivières.
Nous accueillons aussi Mme Michèle Prévost, professeure à l'École Polytechnique de Montréal, qui témoignera à titre personnel.
Enfin, Mme Élise Deshommes, aussi de l'École Polytechnique de Montréal, sera également des nôtres.
Je vous souhaite à tous la bienvenue.
Je vais tout d'abord céder la parole à M. Iannello.
Comme bon nombre des collectivités plus anciennes, une partie de la ville de Welland est aux prises avec un problème de plomb dans l'eau potable. Dans le cadre de notre programme d'échantillonnage, 10 % des échantillons ont révélé une teneur en plomb supérieure aux limites établies dans les normes provinciales.
En plus de son programme visant à remplacer la portion municipale des entrées de service en plomb, en 2008, la ville a mis sur pied un programme de financement pour aider les propriétaires à remplacer la section privée de leur entrée de service. Nous avons prévu consacrer la somme de 50 000 $ au remplacement de ces conduites, dont le coût sera partagé à parts égales jusqu'à concurrence de 750 $.
En 2010, la ville de Welland et la région de Niagara, qui fournit l'eau traitée au réseau de distribution de la ville, ont dû présenter un plan de contrôle de la corrosion au ministère de l'Environnement de l'Ontario. Présenté en novembre 2010, le plan soulignait qu'il y avait encore 1 346 entrées de service en plomb connues dans le réseau de distribution, dont 612 appartenaient à la ville et 734 aux résidants.
L'utilisation d'additifs pour le traitement de l'eau a été envisagée dans le cadre du plan, mais on a préféré remplacer toutes les entrées de service en plomb dans l'ensemble du réseau. À l'heure actuelle, il reste 296 entrées de service en plomb connues appartenant à la ville et 661 appartenant aux citoyens.
La ville estime qu'il lui faudrait environ trois à quatre ans pour remplacer toutes les entrées de service en plomb qui lui appartiennent dans le cadre de son programme de remplacement. Même si la ville a remplacé 51 % des entrées de service en plomb dont elle est responsable, le pourcentage n'est pas aussi élevé du côté des conduites privées, étant donné que seulement 10 % des propriétaires qui avaient des entrées de service en plomb les ont remplacés. Pourtant, la ville ne ménage aucun effort pour accroître...
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Même si la ville a remplacé plus de 51 % des entrées de service en plomb lui appartenant, les résidants n'en ont pas fait autant, car seulement 10 % des conduites privées ont été remplacées. On a obtenu ces piètres résultats, en dépit des efforts de la ville pour accroître le nombre de remplacements avant 2011, de concert avec la région de Niagara, qui avait égalé la contribution de la ville, de façon à ce qu'un budget de 100 000 $ soit prévu pour permettre aux propriétaires d'obtenir une subvention pouvant aller jusqu'à 1 500 $.
La ville continue d'annoncer son programme de remplacement des entrées de service en plomb à tous les résidants par l'intermédiaire d'Infotap, un dépliant envoyé aux résidants tous les deux ans, et par de la publicité dans les journaux locaux et sur le site Web de la ville, ainsi que sur le nouvel écran géant situé à l'extérieur de l'hôtel de ville.
La ville a rencontré les représentants des directions régionales de la santé publique depuis l'élaboration de son plan de contrôle de l'érosion. Le ministère de la Santé, à la demande de la ville, va visiter les résidants, là où il y a des populations vulnérables et où les propriétaires sont réticents à remplacer leur portion du branchement. De plus, le ministère de la Santé s'est offert pour rendre visite aux résidants, dont les échantillons ont révélé une concentration élevée de plomb dans l'eau, dans le cadre du programme d'échantillonnage de la ville.
Nous continuons d'espérer que de nombreux propriétaires accepteront l'offre, mais malheureusement, nous croyons qu'il faudra encore beaucoup de temps avant que les conduites privées soient remplacées par des matériaux sans plomb. À présent, la ville essaie de voir si elle pourrait couvrir la totalité des coûts liés au remplacement de la section privée des entrées de service afin d'accélérer les choses.
Le financement pose problème. Comme c'est le cas de beaucoup d'autres municipalités, nous sommes confrontés à de nombreux défis en raison de l'âge de nos infrastructures et du déclin de notre base industrielle, ce qui exerce des pressions sur l'abordabilité des services. Comme vous l'ont sans doute dit de nombreux représentants d'administrations municipales, un financement durable et prévisible de la part des gouvernements fédéral et provinciaux contribuerait énormément à répondre à bon nombre de nos préoccupations, non seulement en ce qui concerne les réseaux d'aqueduc et d'égout, mais aussi tous les services publics.
En terminant, j'aimerais également offrir l'aide de l'Association canadienne des travaux publics, dont je suis membre pour la province de l'Ontario. Cette association regroupe des membres de partout au Canada et fait partie de l’American Public Works Association, notre homologue aux États-Unis. Nous pouvons offrir une expertise sur tous les aspects des travaux publics.
Je vous remercie de m'avoir donné cette occasion de comparaître devant vous aujourd'hui.
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Je suis Steve Craik, et je représente EPCOR au Canada.
EPCOR possède et exploite le système d'approvisionnement en eau potable de la ville d'Edmonton. Nous fournissons de l'eau potable à près de 900 000 habitants de la ville d'Edmonton et à environ 65 collectivités de la région d'Edmonton, desservant ainsi une population d'environ 1,2 million d'habitants. Nous exploitons également plusieurs services d'eau de petite et moyenne taille pour des clients de l'Alberta et de la Colombie-Britannique.
Je vais évidemment aborder la question du plomb dans l'eau à Edmonton, et vous parler de notre programme, des difficultés auxquelles nous sommes confrontés, en tant qu'exploitant de services d'eau, et des nouvelles lignes directrices de Santé Canada sur le plomb dans l'eau potable.
Comme la plupart des grands exploitants de services d'eau, EPCOR s'est attaqué de manière proactive à la question du plomb dans l'eau. À l'heure actuelle, environ 3 200 foyers et petites entreprises de la ville d'Edmonton sont munis d'anciennes entrées de service en plomb. Ce nombre se rapporte à la portion de l'embranchement qui appartient au service de distribution d'eau. Nous estimons qu'il y a environ 5 000 foyers et petites entreprises à Edmonton pour qui la section privée de l'entrée de service est également en plomb.
Notre programme consiste à aviser chaque année tous les résidants des maisons où nous savons qu'il y a des entrées de service en plomb. Nous offrons d'évaluer la concentration de plomb dans l’eau de robinet de toutes ces maisons et entreprises. Nous offrons également de fournir un filtre, au point d’utilisation de l’eau, qui peut éliminer le plomb. De plus, nous offrons de remplacer la partie dont nous sommes responsables et qui dessert la propriété, et nous sensibilisons nos clients au problème du plomb au moyen de sites Web et d'autres communications. Récemment, nous avons également mis sur pied un programme d'analyses aléatoires de l'eau pour toutes les maisons de la ville.
EPCOR a pour politique de remplacer la section des entrées de service en plomb dont elle est responsable, à condition que le propriétaire ait remplacé sa section. Nous allons éviter les remplacements partiels, car cela peut conduire à une augmentation des niveaux de plomb dans l'eau du robinet.
Quant aux difficultés auxquelles nous sommes confrontés dans le cadre de notre programme, tout d'abord, il y a la double propriété. Le propriétaire possède la partie du branchement qui se trouve dans la résidence et il est le seul responsable de son entretien.
Il y a aussi la sensibilisation et la motivation des clients. Les propriétaires sont généralement surpris d'apprendre qu'ils possèdent une partie de la tuyauterie en plomb et sont généralement réticents à dépenser de l'argent pour la remplacer. À Edmonton, le coût du remplacement de la portion privée des entrées de service en plomb peut atteindre 8 000 à 9 000 $.
Un autre défi est les logements locatifs. De nombreuses entrées de service sont reliées à ces logements, et le locataire a peu ou pas de contrôle sur le remplacement de ces entrées de service.
Les piètres registres constituent également un défi. Bien que nous conservions des dossiers électroniques sur la partie du branchement qui nous appartient, nous n'avons pas de données sur la section privée, alors nous nous fions à des estimations.
De plus, même si nous avons une politique visant à éviter les remplacements partiels des conduites de plomb, nous sommes souvent obligés de remplacer le tuyau parce qu'il s'est brisé ou qu'il est raccordé à une nouvelle conduite principale.
En ce qui concerne les filtres, bien que nous fournissions des filtres aux clients qui ont des entrées de service en plomb, nous considérons qu'il s'agit d'une mesure à court terme.
En outre, il y a du plomb provenant d'autres sources. Notre programme d'échantillonnage aléatoire a montré que les niveaux de plomb peuvent parfois dépasser la norme actuelle, même dans les maisons où il n'y a pas d'entrée de service en plomb.
Enfin, il y a les protocoles d'échantillonnage et d'analyse. Les résultats de tout programme de surveillance du plomb dépendent grandement de la façon dont les échantillons sont relevés et analysés, du nombre d'échantillons qui sont recueillis et du moment et de l'endroit où ils sont prélevés. Il semble y avoir un manque de consensus dans l'industrie sur cette question, ce qui prête quelque peu à confusion pour les services d'approvisionnement en eau.
Enfin, pour ce qui est des répercussions du réexamen des principales lignes directrices de Santé Canada, en tant qu'exploitants de services d'eau, nous convenons qu'il est nécessaire de les revoir et, en ce qui a trait aux risques pour la santé, nous devons faire confiance aux experts de Santé Canada.
À long terme, les lignes directrices entraîneront l'élimination du plomb et une réduction du plomb dans les entrées de service et dans l'eau du robinet à la grandeur du pays. Toutefois, de nombreux exploitants de services d'eau ne seront pas en mesure de respecter les lignes directrices à court terme et même de se conformer à la réglementation provinciale au moment de sa publication. C'est une préoccupation pour nous. Les lignes directrices devraient également définir les protocoles d'échantillonnage et d'analyse appropriés pour les services d'eau et les exigences pour les programmes de surveillance.
J'ai une dernière observation pour le Comité. Nous pensons que le plomb dans l'eau potable est un problème de santé publique extrêmement important, probablement l'un des plus importants en ce moment, mais c'est aussi un enjeu complexe pour lequel il n'y a pas de solution simple et rapide. Il faudra plusieurs années pour éliminer complètement les sources de plomb, et toute nouvelle directive ou réglementation devra en tenir compte et prévoir une période d'ajustement pour les services d'approvisionnement en eau.
Enfin, les grands exploitants de services d'eau sont probablement mieux préparés pour gérer les problèmes associés au plomb, et la plupart ont déjà mis en place un programme quelconque; cependant, je pense que les services d'eau de petite et moyenne taille seront bien moins bien préparés.
Je vous remercie de votre attention.
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Oui, je suis à l'écoute.
Bonjour à tous.
La population de la ville de Trois-Rivières compte 136 000 personnes. Nous avons 965 000 kilomètres de conduites d'eau. Depuis 2013, nous travaillons à parfaire la méthode d'échantillonnage de l'eau afin d'y détecter la présence de plomb et de cuivre. Nous avons procédé à plusieurs échantillonnages et n'avons obtenu que très peu de résultats hors normes. Notre système anticorrosion est efficace, et nous contrôlons assez bien le pH de l'eau. Nous menons des recherches intéressantes et avons acquis une expertise certaine en matière de réseaux et d'alimentation des maisons en eau suivant la date de leur construction.
Seuls quelques échantillons ont révélé la présence de plomb. Nous avons alors refait les échantillonnages en respectant des délais plus longs. Peut-être avions-nous mal effectué l'échantillonnage, compte tenu de ce qui avait été demandé quant à la durée pendant laquelle il fallait laisser couler l'eau avant de prélever l'échantillon.
Par contre, tout était conforme quand nous avons révisé notre travail. En 2017, les résultats d'analyse des échantillons prélevés ne dépassaient pas les normes sur l'ensemble des six réseaux qui alimentent la ville de Trois-Rivières.
Je suis professeure de génie civil à l'École Polytechnique de Montréal, où j'occupe une chaire industrielle de l'eau potable, cofinancée par le CRSNG et par les services publics de la grande région de Montréal, qui desservent environ trois millions de clients.
Je mène des recherches sur la qualité et les réseaux de distribution de l'eau depuis 1990, et je participe à des recherches sur le plomb depuis 2005. J'ai été chercheuse principale dans le cadre d'initiatives regroupant diverses universités et services publics en vue de réduire le plomb dans l'eau du robinet partout au Canada par l'entremise d'une série d'études en laboratoire et d'études sur le terrain financées par le Réseau canadien de l'eau, dont la représentante, Mme Conant, a participé à votre dernière réunion.
À ces études s'ajoute une coétude épidémiologique menée sur 302 enfants de Montréal, afin de démontrer les effets du plomb dans l'eau potable sur les niveaux de plomb dans le sang des enfants canadiens. Récemment, j'ai aussi été conseillère dans le cadre de l'enquête sur la teneur excessive en plomb de Hong Kong, auprès de la Pew foundation, dont je parlerai plus tard, et auprès de l'EPA des États-Unis au sujet les méthodologies d'échantillonnage et de modélisation.
Aujourd'hui, je suis accompagnée de Mme Elise Deshommes, une chercheuse universitaire dans ma chaire de recherche. Mme Deshommes a neuf ans d'expérience en ce qui concerne le plomb dans l'eau potable. Elle a publié plusieurs articles sur l'échantillonnage, la surveillance et le remplacement partiel, elle a participé à l'étude épidémiologique et elle fournit du soutien technique à divers comités, y compris à Santé Canada.
Je tenterai de présenter mes idées en deux volets, tout d'abord en réaction à la mesure de cinq microgrammes par litre proposée par Santé Canada, et ensuite, je tenterai de résumer les principales conclusions de mes recherches.
En ce qui concerne les nouvelles lignes directrices proposées relatives à la santé, nous convenons tous que le plomb est un enjeu national reconnu, et j'appuie les lignes directrices proposées par Santé Canada. J'aimerais insister auprès des membres du Comité sur le fait qu'il s'agit d'un changement par rapport à 10 microgrammes — c'est-à-dire qu'on passe de 10 parties par million après 6 heures à 5 parties par million après une période de stagnation réduite —, et il s'agit donc essentiellement d'un resserrement des lignes directrices, mais d'un resserrement limité, sans entrer dans les détails techniques, lorsqu'on examine les protocoles d'échantillonnage.
Je fonde mon soutien sur deux choses. Tout d'abord, il y a l'étude menée par la Pew foundation aux États-Unis, une vaste étude des impacts sur la société et sur la santé de l’exposition au plomb durant l’enfance. Cette étude est très utile. En effet, elle démontre qu'il est très avantageux de réduire le plomb dans l'eau du robinet d'une concentration de 11 microgrammes par litre, en moyenne, à une concentration de 5 microgrammes par litre, en moyenne, ce qui est très semblable à la mesure adoptée par Santé Canada. On a calculé un rendement sur l'investissement de 2,5 milliards de dollars pour l'ensemble des États-Unis à la suite des interventions visant à éliminer les conduites de service en plomb à l'échelle de ce pays. C'est un nombre important qu'il ne faut pas oublier.
Mon soutien est également justifié par les résultats de l'étude épidémiologique menée sur 303 enfants à Montréal, car cette étude a démontré que lorsque les niveaux de plomb sont sous cinq microgrammes, la présence de conduites de surface en plomb n'a pas d'effet ou n'augmente pas les niveaux de plomb dans le sang des enfants de façon importante.
C'est ce qui termine mes commentaires sur les nouvelles lignes directrices de Santé Canada. J'aimerais maintenant aborder trois enjeux sur lesquels je peux prendre position en me fondant sur les résultats des recherches.
Tout d'abord, lors de réunions de comité précédentes, j'ai entendu de nombreuses questions sur la présence à l'échelle du Canada, et j'ai entendu les témoignages de mes collègues des municipalités. Nous avons mené un sondage auprès de 21 services publics dans 6 provinces canadiennes, afin de comprendre cette présence en calculant le nombre de conduites de service en plomb au Canada et en analysant les pratiques de gestion utilisées à l'échelle du pays.
Nous sommes arrivés à des conclusions assez étonnantes. Par exemple, il pouvait y avoir entre zéro et 70 000 conduites de service en plomb dans un service public donné. Ce qui est étonnant, c'est que ces canalisations pouvaient représenter de moins de 1 % à 36 % des conduites. C'est donc un gros problème dans certains services publics, mais c'est beaucoup moins préoccupant dans d'autres.
Nous avons mené deux séries d'études sur les effets d'un remplacement partiel des conduites de service en plomb, et ces deux études laissent croire que les remplacements partiels ne sont pas la solution privilégiée, mais qu'ils ne causent pas une augmentation du niveau de plomb à long terme. C'est un renseignement important, car les services publics ont hérité d'un grand nombre de ces raccordements partiels, et comme de nombreuses personnes l'ont indiqué, il est difficile d'obtenir un remplacement complet avec la participation du propriétaire.
Enfin, j'aimerais ajouter que mon groupe a terminé la quantification des avantages offerts par certaines interventions et que les résultats sont prêts à être examinés par les services publics, qu'il s'agisse de retirer les conduites de service en plomb ou de remplacer les mauvais robinets et les conduites de raccordement dans les écoles, un sujet dont on parle beaucoup au Canada. J'aimerais ajouter que les travaux de quantification que nous avons menés relativement à l'exposition aux conduites de service en plomb dans les foyers et aux conduites de service partielles en plomb dans les foyers et dans les écoles indiquent clairement qu'il faut accorder la priorité à l'élimination des conduites de service en plomb et, si possible, à l'élimination de toutes les conduites de service, surtout que...
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Je peux offrir une réponse partielle à votre question, car j'ai participé à la rédaction de la réglementation de l'Ontario.
Oui, la réglementation est différente dans chaque province. Pour vous donner un exemple frappant, dans la réglementation du Québec, on utilise un échantillon recueilli après cinq minutes d'écoulement, et la probabilité de mesurer un niveau élevé de plomb est très faible. D'un autre côté, en Ontario, on recueille un échantillon après 30 minutes de stagnation, et on mesure ainsi un taux plus élevé.
Il faut préciser qu'il y a de grandes différences entre les provinces qui suivent les lignes directrices de Santé Canada, les règlements de l'Ontario ou les règlements du Québec. De plus, certaines provinces mènent très peu d'activités d'application de la loi. Il n'y a pas de règlements communs ou même d'objectifs communs en vue de réduire le plomb à l'échelle du Canada.
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Merci, madame la présidente.
Je vais tenter d'aller au fond des choses. M. Bratina, de la circonscription de Hamilton, a présenté ceci en raison du défi auquel nous faisons face en ce qui concerne le plomb, et manifestement, en raison du défi que cela pose pour nos jeunes. Cela me touche personnellement. En effet, dans ma collectivité, nous avons mené une évaluation du risque sur la santé humaine. Cette évaluation a permis de découvrir de nombreux contaminants préoccupants dans les sols et les terrains de la ville. On a également trouvé du plomb. En creusant un peu plus, nous avons reconnu les effets du plomb, surtout, encore une fois, sur nos jeunes.
Cela dit, je vais tenter de me concentrer sur une solution. Je crois que cela repose en grande partie sur un élément, et c'est le financement durable. Nous savons que c'est un problème. Peu importe la province où nous habitons, le plomb dans l'eau potable n'est pas une bonne chose. Lorsqu'il se retrouve dans les conduites, qu'elles soient publiques ou privées, il faut s'en occuper.
Concentrons-nous sur le secteur privé. J'aimerais poser ma prochaine question à tous les témoins, mais j'aimerais d'abord entendre la réponse de M. Iannello, en raison de son expérience à l'échelon municipal.
En passant, Sal, je suis très heureux de vous revoir. Je ne vous avais pas vu depuis longtemps. Selon votre expérience pour trouver une formule de financement durable, comment pouvons-nous y parvenir, à votre avis, en évitant de toujours compter sur les contribuables ou les frais liés à l'eau ou aux eaux usées payés par les usagers? J'aimerais que vous formuliez d'autres recommandations ou que vous formuliez des recommandations au nom de l'Association canadienne des travaux publics sur les initiatives auxquelles le gouvernement pourrait participer.
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Je crois qu'au bout du compte, le mot clé dans le financement durable, c'est toujours « prévisible ». De cette façon, nous n'avons pas à tenter de réunir les fonds nécessaires chaque année pour savoir ce que nous allons faire et nous pouvons établir un plan. Comme l'ont souligné, je crois, mes collègues d'Edmonton et Mme Prévost, le plus gros problème se trouve dans les conduites privées. On pourrait s'occuper des conduites publiques.
Manifestement, comme vous le savez bien, Port Colborne et votre municipalité, Welland, où je travaille, sont des municipalités plus anciennes qui ont subi d'énormes pertes industrielles et qui ont donc déjà des problèmes à trouver la capacité nécessaire pour payer l'eau. Toute augmentation du coût peut causer des difficultés à un grand nombre de nos ménages. Par conséquent, tout financement durable et prévisible serait absolument fantastique.
En ce qui concerne ce sujet particulier, comme d'autres l'ont mentionné, les conduites privées se retrouvent au coeur de ce problème. En effet, un très grand nombre de personnes ne comprennent pas les dangers du plomb ou ont l'impression qu'elles n'y sont pas exposées, car elles utilisent des stratégies d'évitement — c'est-à-dire qu'elles boivent très peu d'eau. Ce sont les personnes que nous avons de la difficulté à convaincre. C'est la raison pour laquelle, comme je l'ai dit, nous avons autrefois tenté de créer des programmes et d'augmenter les fonds que nous y injectons. C'est la raison pour laquelle j'ai mentionné l'initiative dans laquelle nous avons discuté, avec un conseiller, de la possibilité de payer 100 % des coûts. Toutefois, dans ce cas, il devient difficile pour la municipalité de payer ces coûts. Tout soutien fédéral ou provincial serait certainement très apprécié. C'est essentiellement ce qu'il faut retenir.
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Je ne peux pas parler pour toutes les municipalités, mais je suis certain que l'une ou peut-être plusieurs d'entre elles ont pensé à cette possibilité.
Dans notre cas, nous avons tenté de financer cela nous-mêmes. Comme vous le savez bien, nous avons deux échelons de gouvernement. Les intervenants à l'échelon régional ont fourni une partie du financement, car ces gens s'occupent du traitement de l'eau. Même si l'eau quitte leur usine en bon état, par l'entremise de notre programme, ils ont fourni une bonne partie du financement. Nous avons tenté de fonctionner de cette façon. Nous croyons que c'est possible. En fait, le secteur privé n'a pas dépensé de fonds depuis de nombreuses années. C'est la raison pour laquelle je répète que dans notre cas, contrairement à d'autres municipalités, nous avons choisi le remplacement partiel. C'est la raison pour laquelle vous voyez deux chiffres différents. Lorsque nous obtenons des fonds, que ce soient des fonds fédéraux ou provinciaux, pour des projets d'immobilisations — et nous avons de nombreux projets liés à l'eau, comme vous le savez bien —, nous remplaçons les conduites principales. Lorsque nous remplaçons une conduite principale, nous remplaçons toutes les conduites de service en plomb. Les échantillons que nous avons recueillis après ces travaux ont démontré que la quantité de plomb dans les foyers n'avait pas augmenté. Nous nous concentrons là-dessus. C'est la raison pour laquelle tout financement fédéral ou provincial qui nous permettrait de remplacer les conduites d'eau principales nous aidera à éliminer les conduites de service en plomb publiques. Encore une fois, je répète que les conduites publiques [Note de la rédaction: difficultés techniques].
Ma prochaine question s'adresse peut-être davantage aux représentants des municipalités.
La plupart des grandes municipalités traitent l'eau avant de la distribuer dans le réseau d'eau potable. Dans ce cas, l'eau ne contient pas de plomb à la sortie de l'usine de filtration.
Si les propriétaires de réseaux privés ne changent pas une portion de leurs conduites d'eau et qu'ils laissent couler l'eau des robinets de la salle de bain, de la douche ou d'ailleurs dans la maison, ils retournent au réseau public de l'eau contenant du plomb. Au fil des années, avez-vous quand même observé à l'usine de filtration une diminution de la concentration de plomb dans l'eau à traiter avant sa distribution dans le réseau d'eau potable?
Monsieur Craik, pouvez-vous répondre à cette question?
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Nous offrons de l'argent. Nous offrons jusqu'à 1 500 $. Nous aidons sur le plan financier. Nous sommes probablement les mieux placés à cet égard.
Je pense qu'au bout du compte, puisqu'il s'agit de propriétés privées, j'imagine qu'il est très difficile de forcer qui que ce soit, si on peut le dire ainsi, à moins que soit adoptée une mesure nous donnant l'autorité d'entrer sur un terrain privé, de retirer la conduite et de la remplacer. Les municipalités ne veulent vraiment pas aller jusque-là. Aucun conseiller n'approuvera un règlement m'autorisant à défaire la cour d'une propriété privée.
Nous avons essayé d'avoir un règlement de ce type pour un certain nombre de dossiers, et c'est maintenant soumis à l'approbation du conseil. Cela concerne d'autres questions, soit les eaux de ruissellement et les collecteurs d'eaux pluviales, mais c'est la même chose. C'est une propriété privée, le château...
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Nous vous remercions de témoigner devant nous aujourd'hui. Mon collègue a posé une question inusité; la mienne sera plus commune.
Je comprends que vous avez une expérience et des connaissances approfondies dans ce domaine. Nous savons qu'il s'agit d'un problème complexe et il est évident que des mesures s'imposent. La question est la suivante: quelles mesures doit-on prendre et comment doit-on les appliquer? Ma question s'adresse à tous les témoins; nous aimerions entendre vos commentaires.
Pourriez-vous nous donner deux ou trois suggestions à cet égard? Vous avez fait des recherches exhaustives sur le sujet. Oui, nous sommes les législateurs, mais nous avons besoin de vos suggestions. Quelle mesure immédiate pourrions-nous prendre? Il faut aussi tenir compte des coûts — qui représentent la base —, puisque plus une mesure coûte cher, plus il faudra du temps pour l'appliquer. Comment peut-on dépenser moins et obtenir plus de résultats, plutôt que l'inverse?
Voilà. J'aimerais connaître l'opinion de chacun. Merci.
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Merci, madame la présidente.
Ma question s'adresse à Stephen ou à Marie-Claude, mais n'importe qui peut me corriger si je me trompe.
Nous avons entendu quelques témoins. Selon ce que je comprends, le principal problème — à part le plomb, bien sûr —, c'est que les propriétaires de maison n'ont pas les moyens de remplacer leur partie des conduites. Pour éliminer le plus de plomb possible, il faut remplacer la conduite au complet. Le remplacement partiel ne fait tout simplement pas l'affaire.
C'est difficile d'aborder la question selon l'angle du gouvernement, puisque la division des pouvoirs, si l'on veut, complique un peu les choses. Je crois que la vraie solution — ou la solution la plus viable — vise le dernier point de contact, parce que même si on procède au remplacement complet des conduites, il y a tout de même des éléments corrosifs qui continuent de se déverser dans l'eau.
Stephen, vous dites que l'installation d'un filtre ne représente peut-être pas la solution la plus efficace, mais c'est ce qu'exigent certaines villes des États-Unis. L'installation de filtres ne serait-elle pas la meilleure solution?
Je suis désolée, monsieur Aubin, mais vous avez dépassé votre temps de parole.
Nous remercions tous les témoins. Nous vous sommes très reconnaissants d'avoir pris le temps de nous fournir ces renseignements qui orienteront notre étude.
Nous allons suspendre les travaux un instant et nous les reprendrons sous peu.
Conformément à l'ordre de renvoi du mercredi 25 octobre 2017, nous étudions le projet de loi , Loi modifiant la Loi sur le ministère des Travaux publics et des Services gouvernementaux (retombées locales). Pour ceux d'entre vous qui siégeaient déjà au Comité, nous avons déjà abordé la question avec l'actuel . C'est lui qui avait présenté le projet de loi. Il a ensuite été approuvé, après deux modifications proposées par le Comité. Ensuite, M. Hussen a été nommé ministre et ne pouvait plus être le parrain du projet de loi. C'est M. Sangha qui a pris le relais. À l'époque, il s'agissait du projet de loi . C'est maintenant le projet de loi C-344.
Monsieur Sangha, voudriez-vous nous parler du projet de loi, s'il vous plaît?
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Quel plaisir pour moi, madame la présidente, d'avoir été invité à comparaître devant le Comité permanent des transports, de l'infrastructure et des collectivités. Je vous remercie de me l'accorder.
Mon projet de loi , d'initiative parlementaire, vise à modifier l'article 20 de la Loi sur le ministère des Travaux publics et des Services gouvernementaux pour y définir les retombées locales. Votre comité a déjà étudié en profondeur un projet de loi semblable, , qui n'a pas abouti, pour des raisons administratives comme l'a expliqué votre présidente. Cette étude avait donné lieu à la proposition d'amendements. Me voici avec le projet de loi C-344 et vos amendements.
Permettez-moi de tous vous féliciter pour votre excellent travail sur le projet de loi antérieur, le .
Les ententes sur les retombées locales offrent aux quartiers, aux collectivités locales, des occasions socio-économiques concrètes à saisir et les retombées, pour l'environnement, qui découlent de travaux fédéraux réalisés d'un bout à l'autre du Canada, notamment la création d'emplois locaux, des occasions d'apprentissage et d'éducation et des logements abordables. En augmentant le pouvoir du ministre des Services publics et de l'Approvisionnement, le projet de loi lui assure un rôle de premier plan dans l'amélioration des collectivités. Il lui donne en fin de compte les moyens de réduire au minimum les retards et d'assouplir le développement des infrastructures locales.
Ces ententes exigent que les soumissionnaires communiquent des renseignements sur les retombées locales des travaux. Elles permettent au ministre de formuler des ententes entre les promoteurs et les groupes communautaires locaux. Elles formeraient la pierre angulaire des partenariats entre les collectivités locales et les promoteurs pour s'attaquer aux problèmes locaux.
Le projet de loi oblige le ministre à faire rapport annuellement au Parlement sur les retombées locales qui se sont concrétisées.
Nous notons que les fonds d'investissement fédéraux permettent des améliorations sensibles dans toutes les circonscriptions canadiennes, même celle de Brampton où 95 millions de dollars de ces fonds sont allés au service Züm d'autobus express et 69 millions aux infrastructures d'évacuation des eaux pluviales de la région de Peel. De même, toutes les circonscriptions canadiennes obtiennent du financement pour les projets fédéraux. Il est évident que si des ententes sur les retombées locales étaient liées à ces investissements fédéraux, ce serait la prospérité pour les collectivités.
Le projet de loi permet la consultation approfondie des collectivités canadiennes, renforçant en conséquence des infrastructures des collectivités locales pour le bien des habitants. De plus, divers groupes d'entreprises et organisations appuient l'idée des ententes sur les retombées locales. Les chambres de commerce de Toronto, de Vancouver et de Montréal les ont déjà reconnues comme une politique économique très efficace et un moyen optimal de lutte contre le chômage chez les jeunes.
De plus, d'après un rapport commun du centre Mowat et de la fondation Atkinson, ces ententes ont déjà permis d'améliorer les milieux appauvris.
L'Ontario en a déjà mis en oeuvre, et d'autres provinces, comme la Nouvelle-Écosse, le Québec et le Manitoba en font autant. De plus, d'autres pays, parmi lesquels les États-Unis et le Royaume-Uni, en ont déjà mis en oeuvre dans leurs fonds respectifs pour les infrastructures. En fin de compte, ces ententes créeraient les fondations permettant aux collectivités d'obtenir leur juste part des investissements fédéraux dans les infrastructures. De plus, elles visent à assurer, grâce aux futurs projets fédéraux de construction, d'entretien ou de réparation d'infrastructures, des retombées locales dont profiteront les millions de Canadiens.
Je vous dis aussi que, en plus de leurs avantages concrets, ces ententes permettent de recouvrer la dignité et de construire son soi intérieur.
Voilà ma proposition. Merci beaucoup. Je suis prêt à répondre à vos questions.
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Merci, madame la présidente.
Bienvenue, monsieur Sangha.
Je vous remercie d'être avec nous et de nous proposer le projet de loi , qui est en bonne partie l'ancien projet de loi . Ce n'est pas à vous que je vais apprendre qu'il est largement inspiré d'un projet de loi semblable dans la législation ontarienne. Je vous avoue avoir un faible pour ces projets de loi qui comportent peu d'articles et une seule idée principale, où on essaie d'aller directement au but.
Dans cet esprit, je vous demanderais une précision concernant le paragraphe 20.1(2) proposé, où il est écrit: « Le ministre peut, avant d'attribuer un marché pour la construction, l'entretien ou la réparation d'ouvrages [...] ».
Pourquoi ne sentez-vous pas le besoin de dire « le ministre doit »? Si le ministre « peut », il peut aussi ne pas le faire, auquel cas tout l'esprit du projet de loi et toutes les retombées espérées ne se concrétiseront jamais.
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Merci, madame la présidente.
Je tiens à suivre le filon de M. Fraser, parce que je me posais les mêmes questions.
Le projet de loi donne au ministre « le pouvoir d'exiger une évaluation » des retombées locales, mais ces collectivités n'englobent pas — et corrigez-moi, monsieur Sangha, si je me trompe — les milliers de collectivités canadiennes que nous ciblerions normalement pour les dollars fédéraux destinés aux infrastructures, parce qu'il ne s'applique pas à quelque 3 700 municipalités du pays, que ce soit la ville de Brampton ou la région de Peel ou, dans ma circonscription, la ville de Halton Hills ou la région de Halton. Le projet de loi le dit clairement:
Le ministre peut, avant d'attribuer un marché pour la construction, l'entretien ou la réparation d'ouvrages publics, d'immeubles fédéraux ou de biens réels fédéraux, exiger que les soumissionnaires fournissent des renseignements sur les retombées locales que généreront les travaux.
Ça exclut visiblement l'immense majorité des projets d'infrastructures dans tout le Canada, dont une majorité importante relève soit des provinces, soit des municipalités. Je pense que nous devons être clairs, alors que nous étudions ce projet de loi, et préciser qu'il ne s'applique pas aux infrastructures municipales ou à celles des provinces, mais uniquement aux infrastructures appartenant à l'État fédéral, par exemple aux immeubles fédéraux ou aux ports fédéraux qui peuvent être soumis au contrôle direct de l'État fédéral. Il ne s'applique pas aux pistes cyclables, à la voirie locale ou aux autres infrastructures municipales locales.
Je pense que cette mise au point importe beaucoup. Je suppose que c'est l'intention du projet de loi, parce que nous nous attirerions toutes sortes de problèmes touchant les compétences fédérales et provinciales si nous devions obliger les provinces et les municipalités à évaluer les retombées communautaires des projets qui leur appartiennent.
C'est la seule précision que je voulais apporter, par suite de l'intervention de M. Fraser.