:
Merci, madame la présidente.
[Français]
L'Association des chemins de fer du Canada représente plus de 50 exploitants de chemins de fer de marchandises et de voyageurs, dont les six transporteurs ferroviaires de catégorie 1 visés par ce projet de loi. Elle représente également 40 chemins locaux ou régionaux, dits d'intérêt local, partout au pays, de même que de nombreux fournisseurs de services voyageurs et de banlieue, dont VIA Rail, GO Transit et le RMT, et des chemins de fer touristiques comme le Chemin de fer Charlevoix.
[Traduction]
Je dois préciser dès le départ que le projet de loi pourrait avoir des répercussions sur tous nos membres, ce qui comprend les chemins de fer provinciaux et de banlieue, en raison des mesures de sécurité qu’il propose.
Quand j’ai témoigné ici l’an dernier au sujet de la Loi sur le transport ferroviaire équitable pour les producteurs de grain, j’ai parlé des effets négatifs que l’interconnexion prolongée pourrait avoir sur le secteur ferroviaire d’intérêt local, et j’ai suggéré de laisser ces dispositions devenir caduques. Nous avons été soulagés de constater que le projet de loi , qui crée le concept de transporteurs ferroviaires de catégorie 1 à l’article 2, indique clairement que l’interconnexion de longue distance ne s’applique pas aux chemins de fer d’intérêt local.
Dans votre rapport, vous recommandez, et je cite:
Que le ministre des Transports demande à l’Office des transports du Canada d’examiner les prix d’interconnexion du trafic ferroviaire qu’il prescrit afin de s’assurer qu’ils compensent adéquatement les compagnies de chemin de fer.
Le projet de loi n’exige pas que l’Office examine les prix d’interconnexion, mais fait un pas dans la bonne direction en ce qui a trait à l’interconnexion de longue distance en précisant que les prix établis par l’Office se fondent sur les tarifs commerciaux comparables.
En plus de faire de cette moyenne un minimum, la Loi stipule que l’Office doit tenir compte de la densité du trafic sur les lignes et des investissements à long terme requis, ce qui, si cette disposition est correctement appliquée, devrait nécessiter des prix supérieurs au minimum (prix moyen). C’est une bonne nouvelle, mais les problèmes pourraient se trouver dans les détails des futures décisions de l’Office.
Il y a ici des représentants du CN et du CP plus expérimentés que moi pour parler des conséquences de l’interconnexion de longue distance et des conditions de service connexes sur leurs activités. Au lieu de cela, j’ai pensé qu’il serait utile de parler de l'histoire récente du secteur ferroviaire, du succès des chemins de fer canadiens dans un contexte de politique publique et de certaines leçons importantes et durement apprises au cours des 30 dernières années de réglementation et de déréglementation du transport ferroviaire.
Les gouvernements successifs et ce comité ont contribué au succès du secteur ferroviaire canadien en établissant et en améliorant un régime réglementaire qui fait passer la liberté commerciale et les forces du marché avant l’intervention gouvernementale.
Avant l’introduction de la Loi nationale sur les transports, en 1967, la réglementation économique des chemins de fer au Canada était de plus en plus restrictive et axée sur le contrôle et l’uniformité des tarifs du transport marchandises. Avec cette approche, les chemins de fer étaient inefficients et avaient de la difficulté à faire les investissements de capitaux absolument requis pour maintenir et agrandir leurs réseaux.
Les chemins de fer aux États-Unis faisaient face à des défis similaires, ce qui a entraîné l’adoption de la Staggers Act et, en conséquence, la déréglementation significative du secteur ferroviaire américain. La Loi nationale sur les transports du Canada représentait le début d’un changement radical du cadre réglementaire des chemins de fer canadiens. Les contraintes rigides sur les prix ont été éliminées, permettant aux chemins de fer de faire concurrence plus efficacement.
Dans les années 1990, des décennies de déréglementation progressive avaient fait en sorte que l’accent était de plus en plus mis sur les forces commerciales, malgré le maintien de certaines protections afin d’assurer un équilibre entre les chemins de fer et les expéditeurs. L’adoption de la Loi sur les transports au Canada (LTC) en 1996 a apporté des changements additionnels qui ont réduit les obstacles à la sortie du marché, permettant aux chemins de fer de cesser d’exploiter des portions de leurs réseaux ou de les transférer à d’autres transporteurs afin d’être plus efficients. Cela a donné aux chemins de fer plus de liberté pour contrôler les coûts et faire des économies accrues. Cela a également stimulé fortement la croissance des chemins de fer d’intérêt local. À peu près au même moment, le CN a été privatisé, créant une compétitivité entre deux systèmes nationaux privés cotés en bourse.
Grâce à ces initiatives, les chemins de fer canadiens sont devenus des entreprises très productives, capables d’offrir un service à faible coût, tout en générant les revenus requis pour réinvestir dans leurs réseaux respectifs. Les expéditeurs, de leur côté, ont eu accès à un réseau ferroviaire de classe mondiale et bénéficient aujourd’hui de tarifs parmi les plus bas du monde. La performance des chemins de fer canadiens — en matière de prix, de productivité et d’investissements de capitaux — s’est grandement améliorée grâce à cette liberté réglementaire.
Les investissements par les chemins de fer canadiens dans l’infrastructure – plus de 24 milliards de dollars depuis 1999 – ont créé un réseau ferroviaire plus sécuritaire et plus efficient, dont bénéficient directement les clients.
Malgré ce bilan positif en matière de politique publique, et une politique nationale sur les transports qui reconnaît clairement que la concurrence et les forces du marché sont le meilleur moyen d’offrir des services de transport viables et efficaces, nous sommes ici aujourd’hui pour débattre d’un projet de loi qui ajoute aux recours pour le seul bénéfice des expéditeurs.
Il y a trois semaines, le président de l’Office des transports du Canada a prononcé un discours à Vancouver où il a dit que les recours existants, dont les services de médiation, l’arbitrage final sur les tarifs, l’arbitrage sur les niveaux de service qui permet à l’Office d’élaborer des ententes de niveau de service, et les décisions sur la qualité et l'étendue des services fournis par les chemins de fer, ne sont pas très utilisés et qu’en fait, l’Office prévoit communiquer avec les intervenants qui semblent ignorer les dispositions existantes. Et pourtant, nous sommes ici aujourd’hui pour discuter de nouvelles dispositions qui s’ajoutent à des mécanismes existants qui sont sous-utilisés.
En vertu de ce projet de loi, l’interconnexion de longue distance est offerte aux clients même s’ils ont accès à un transport routier ou maritime. Ce sont des services concurrentiels. Cela illustre comment nous oublions la nécessité de reconnaître la concurrence et de ne pas s’ingérer sur le marché.
[Français]
Permettez-moi maintenant de parler de la sécurité et des dispositions du projet de loi qui touchent les enregistreurs audio-vidéo de locomotive, ou EAVL.
[Traduction]
J’ai écrit hier à tous les membres de ce comité afin de préciser pourquoi nous soutenons les enregistreurs pour les enquêtes sur les accidents et la prévention des accidents. Les chemins de fer défendent depuis longtemps le droit d’utiliser cette technologie comme une autre mesure de défense de la sécurité au sein des systèmes de gestion de la sécurité des compagnies ferroviaires. Le secteur a toujours cru que les enregistreurs, par leur seule présence, décourageront les comportements non sécuritaires ou les activités non autorisées qui peuvent distraire l’équipage, aidant ainsi à prévenir les accidents.
Nous croyons que cette technologie permettra de sauver des vies, et qu’elle peut être mise en place de façon sensée et utilisée de manière responsable. Malgré des investissements considérables, il y a toujours des accidents qui pourraient être évités. Le bilan de sécurité des chemins de fer de classe 1 en Amérique du Nord est excellent, mais il n’est pas parfait. Tant que nous n’aurons pas des trains marchandises et voyageurs pleinement automatisés, il y aura des accidents dus à l’erreur humaine.
Les enregistreurs sont un outil, pas une solution magique, mais un outil important, qui a fait ses preuves, pour identifier les dangers, tout en dissuadant le très petit pourcentage d’employés qui pourraient être tentés d’utiliser leur téléphone intelligent ou de lire un livre alors qu’ils devraient être alertes et actifs. À cet égard, nous allons aider à changer la culture du milieu de travail de manière positive, comme l’ont fait des entreprises comme Phoenix Heli-Flight, une entreprise qui exploite des hélicoptères et utilise déjà des enregistreurs audio-vidéo dans ses appareils. De plus, on s’attend à ce que dans la grande majorité des cas, les preuves fournies par les enregistreurs corroboreront les déclarations et les explications des membres d’équipage.
Permettez-moi de parler de la question de la vie privée et de la sécurité. Certains disent se préoccuper de la protection de la vie privée, mais nous savons déjà, par l’utilisation d’autres technologies et de vidéos en milieu de travail, que le Commissariat à la protection de la vie privée impose des tests sur l’utilisation responsable des enregistreurs. Nous sommes impatients de travailler avec vous et le ministère afin d’élaborer cette réglementation.
En conclusion, les enregistreurs sont une technologie qui permettra de prévenir les accidents. Divers organismes d'enquête comme l'Office des transports du Canada et le NTSB, aux États-Unis, réclament son utilisation. Et si un accident se produit, les enquêteurs du Bureau de la sécurité des transports pourront mieux comprendre ce qui est arrivé. Ce sera utile à tout le monde.
Merci beaucoup.
:
Merci, madame la présidente, bonjour.
Je m'appelle Jeff Ellis, je suis le chef des services juridiques du Canadien Pacifique. Je suis accompagné de James Clements, notre vice-président à la Planification stratégique, ainsi que de Keith Shearer, directeur général des Pratiques réglementaires.
Je vous remercie de nous fournir l'occasion de nous exprimer devant vous aujourd'hui. Comme le temps est compté, nous concentrerons nos observations de ce matin sur deux questions, soit les enregistreurs audio-vidéo de locomotive et l'interconnexion de longue distance.
Notre entreprise est l'un des deux chemins de fer de catégorie 1 du Canada et exploite un réseau de 22 000 kilomètres au Canada et aux États-Unis. Nous relions des milliers de communautés avec l'économie nord-américaine et les marchés internationaux. Le CP a d'ailleurs fait divers investissements de capitaux importants, et continue d'en faire, pour améliorer la sécurité et la capacité de notre réseau. Depuis 2011, nous avons investi plus de 7,7 milliards de dollars dans l'infrastructure ferroviaire. En 2017, nous prévoyons investir encore 1,25 milliard de dollars. Si les modifications prévues au revenu admissible maximal entrent en vigueur dans leur forme actuelle, le CP investira probablement massivement dans de nouveaux wagons-trémies afin d'accroître la capacité de la chaîne d'approvisionnement.
Le CP détient la palme du chemin de fer le plus sûr en Amérique du Nord selon la Federal Rail Road Administration, aux États-Unis. Nous affichons la fréquence d'accidents ferroviaires la plus basse chaque année depuis 11 ans. Cela dit, la sécurité est un cheminement et non une destination en soi. Le moindre incident est un incident de trop. La technologie des enregistreurs est essentielle si nous voulons améliorer substantiellement la sécurité ferroviaire au Canada, parce que les facteurs humains demeurent la principale cause d'incidents ferroviaires. Depuis 2007, les incidents de sécurité causés par des défectuosités matérielles ont diminué de 50 %. De même, les défectuosités des rails ont diminué de 39 %. Parallèlement, le nombre d'incidents d'origine humaine a peu changé au cours de la même période. Selon les données publiées par l'OTC, 53,9 % des incidents ferroviaires survenus en 2016 sont attribuables à des facteurs humains. Il est clair que nous devons intervenir pour nous attaquer à ce type d'incident ferroviaire.
Les données objectives sont claires aussi. Par exemple, depuis la mise en place de DriveCam au New Jersey, New Jersey Transit affiche une réduction de 68 % des collisions d'autobus de 2007 à 2010. Le nombre de blessures causées aux passagers a diminué de 71 % pendant la même période. Les services de trains de banlieue Metrolink, en Californie, ont également enregistré une réduction importante du non-respect de la lumière rouge et de dépassement du quai de gare.
Il est toutefois impératif que la réglementation permette d'exposer les problèmes de sécurité avant qu'un incident ne survienne. Nous pourrons ainsi prendre des mesures proactives efficaces et appropriées pour rectifier le tir. Ce serait une erreur que de modifier le projet de loi pour empêcher les compagnies ferroviaires d'utiliser proactivement les données des enregistreurs audio-vidéo de locomotive. On se priverait de l'avantage indéniable de la technologie pour la sécurité. Le CP reconnaît que cette technologie doit être utilisée de façon respectueuse pour les employés en service, conformément aux lois canadiennes sur la protection de la vie privée, et nous sommes déterminés à travailler en étroite collaboration avec Transports Canada et nos syndicats au cours des prochains mois en vue de cet objectif.
Je céderai maintenant la parole à James.
:
La chaîne d'approvisionnement ferroviaire est l'épine dorsale de notre économie. Non seulement le système de transport de marchandises canadien est-il le plus sûr, le plus efficace et le plus écologique des moyens de transport de biens au Canada, mais il parvient à atteindre ses objectifs tout en maintenant les tarifs parmi les plus bas au monde pour le transport de marchandises. C'est un élément clé. Le Canada a absolument besoin d'un système ferroviaire en santé pour préserver sa compétitivité à l'échelle nationale, compte tenu de son vaste territoire. Faute d'un réseau ferroviaire concurrentiel, économique et efficace, capable de transporter des produits sur des milliers de kilomètres jusqu'aux ports pour l'exportation, au coût le plus bas au monde, la plupart des produits que les Canadiens vendent sur les marchés internationaux ne pourraient pas afficher de prix concurrentiels.
Le système de transport de marchandises doit son succès au cadre juridique et réglementaire, particulièrement depuis quelques décennies, parce qu'on reconnaît au Canada que la concurrence et les forces du marché sont les principes organisateurs les plus efficaces. Ces principes sont présentés dans la déclaration sur la politique nationale des transports, ainsi que dans l'article 5 de la Loi sur les transports au Canada.
Il importe de ne pas perdre ces principes de vue pendant notre réflexion sur les modifications législatives à apporter au cadre qui a si bien fait ses preuves pour assurer le bien-être économique des Canadiens. Le CP est ravi que le gouvernement ait décidé de laisser périmer le régime d'interconnexion étendue adopté par le gouvernement précédent avec son projet de loi , puisqu'il se fondait sur une justification qui nous semblait grandement déficiente et qui a engendré bon nombre de conséquences néfastes sur la politique publique, qui ont fini par nuire à la chaîne d'approvisionnement canadienne.
De même, il faut cependant souligner que le nouveau régime proposé pour l'interconnexion de longue distance, l'ILD, contient un certain nombre d'éléments problématiques. L'un des problèmes les plus fondamentaux du nouveau régime, comme du régime d'interconnexion étendue qu'il remplace, est la non-réciprocité avec les États-Unis. Ainsi, les compagnies de chemin de fer américaines auraient un accès important au réseau canadien (jusqu'à 1 200 kilomètres); elles auraient accès aux voies de circulation canadiennes, alors que les chemins de fer canadiens ne bénéficieraient pas des mêmes avantages en vertu de la loi américaine.
De par sa conception, le régime d'ILD aura des répercussions asymétriques, d'une part en ce qui concerne l'accès non réciproque par les compagnies de chemin de fer américaines aux réseaux respectifs du CP et du CN, et d'autre part, entre le CP et le CN, car notre exposition au trafic américain en vertu de ce régime est beaucoup plus grande que celle du CN étant donné l'emplacement géographique de nos réseaux respectifs et l'exclusion de deux corridors.
En outre, ce régime pourrait miner la compétitivité et l'efficacité de la chaîne d'approvisionnement canadienne en encourageant le déplacement du trafic canadien vers les chemins de fer américains et les chaînes d'approvisionnement des États-Unis, réduisant ainsi la densité de circulation pour les chaînes d'approvisionnement canadiennes.
Les conséquences négatives sur l'économie canadienne ne se limiteraient pas au secteur ferroviaire: si le trafic ferroviaire canadien est détourné vers les corridors commerciaux américains, cela diminuera aussi les volumes de transport de marchandises aux ports canadiens. Pour le CP seulement, cela signifie qu'une part importante de nos revenus annuels pourrait aller aux chemins de fer américains ainsi qu'aux corridors commerciaux des États-Unis selon le nouveau régime d'ILD proposé.
Soulignons par ailleurs que la décision d'accorder un accès non réciproque aux compagnies de chemin de fer américaines représente une concession importante faite par le Canada aux États-Unis au moment où l'on renégocie l'ALENA. Cela nous apparaît comme un choix politique non avisé pour l'économie canadienne. Il faudrait reconsidérer le régime proposé dans ce contexte.
Ensuite, tel qu'il est rédigé, le projet de loi oblige également un transporteur de liaison à fournir des wagons à l'expéditeur, outre ses autres obligations de service. Il est bien entendu qu'un transporteur public est tenu de fournir des installations convenables pour le transport. Toutefois, dans certains cas, la fourniture de wagons par un transporteur de liaison n'est pas possible. Par exemple, les wagons-citernes appartiennent généralement au client, pas à la compagnie de chemin de fer. Comme la Loi sur les transports au Canada traite déjà des obligations de fourniture de wagons par les compagnies de chemin de fer, il est important de préciser que le régime d'ILD n'impose pas d'exigences plus strictes dans ce domaine que les dispositions existantes.
Ensuite, comme le prix de l'ILD doit être déterminé par l'Office, sur la base des tarifs commerciaux fixés pour un transport comparable, il s'ensuit que les transports assurés au prix de l'ILD ou à tout autre prix réglementé (comme le grain en vertu du RAM) devraient être exclus de la détermination du prix de l'ILD, étant donné que ces tarifs ne peuvent être considérés comme commerciaux.
Par ailleurs, les compagnies de chemin de fer américaines qui mènent leurs activités au Canada et qui sont réglementées par le gouvernement fédéral devraient également être tenues de fournir des données sur les prix, qui seront utilisées par l'Office pour déterminer les prix de l'ILD.
Nous arrêterons nos observations préliminaires ici. Je sais qu'il y a beaucoup d'autres éléments du projet de loi dont nous n'avons pas discuté ce matin. Nous vous faisons part de nos considérations dans notre lettre et bien sûr, nous serons heureux de répondre à vos questions sur tous les enjeux.
Merci, madame la présidente.
:
Bonjour, madame la présidente, et merci beaucoup.
Je suis accompagné ce matin de deux de mes collègues: Janet Drysdale, vice-présidente, Développement de l'entreprise et durabilité au CN, ainsi que Mike Farkouh, vice-président des opérations pour la Région de l'Est. Je suis moi-même chef des services juridiques et vice-président exécutif des Services corporatifs du CN.
Nous apprécions beaucoup cette occasion de vous rencontrer aujourd'hui pour discuter du projet de loi , qui aura des incidences profondes sur le secteur ferroviaire au Canada. Le CN a participé très activement à l'examen de la Loi sur les transports au Canada dirigé par l'honorable David Emerson. Nous croyons que le comité d'examen de la loi a fait du bon travail, qu'il a réussi à exposer les changements législatifs nécessaires pour permettre au Canada d'atteindre ses objectifs de croissance du commerce pour les prochaines décennies. M. Emerson et ses collègues ont commandé un certain nombre d'études bien utiles. En ce qui concerne le transport ferroviaire, nous reconnaissons que, contrairement à certains examens antérieurs, celui-ci donne lieu à des recommandations fondées sur des données probantes davantage que sur des anecdotes. Le comité a également accepté l'évidence que la déréglementation du secteur ferroviaire favorise l'innovation, dont bénéficient ensuite les expéditeurs, les clients et l'économie canadienne dans son ensemble. Nous sommes un peu déçus qu'il n'y ait pas plus de recommandations du comité d'examen reprises dans le projet de loi .
[Français]
À la suite de la publication du rapport du comité d'examen, nous avons participé au processus de consultation entrepris par le ministre , notamment à plusieurs des tables rondes tenues aux quatre coins du pays.
[Traduction]
Il y a aussi le travail du Conseil consultatif en matière de croissance économique présidé par Dominic Barton qui nous donne espoir. Nous sommes particulièrement satisfaits du premier rapport de ce conseil, qui met l'accent sur l'importance de la croissance commerciale ainsi que du renforcement de notre infrastructure pour la réaliser. Il souligne également l'importance d'un système réglementaire qui favorise les investissements en infrastructure et permet au secteur des transports d'attirer les capitaux nécessaires pour investir dans une capacité accrue.
[Français]
Je suis sûr que vous connaissez le CN, mais j'aimerais vous rappeler quelques points importants.
Le CN exploite un réseau unique de 19 600 milles qui dessert trois côtes, soit celles de l'Atlantique, du Pacifique et du golfe du Mexique, ainsi que le port de Trois-Rivières. Au Canada, notre réseau s'étend sur 13 500 milles et relie tous les principaux centres et points d'accès, ce qui fait du CN un partenaire stratégique de la chaîne logistique du Canada.
Nous avons un portefeuille commercial extrêmement diversifié. Notre plus important secteur est le transport intermodal, soit l'acheminement de conteneurs pour l'importation et l'exportation. Le transport par conteneurs est le secteur de l'industrie ferroviaire qui connaît la croissance la plus rapide et qui est le plus concurrentiel.
[Traduction]
Plus en général, il me semble impératif que les membres du Comité comprennent que la réglementation et les forces du marché sont les principaux facteurs depuis 20 ans qui ont favorisé l'investissement et l'innovation dans le secteur ferroviaire du Canada. Selon l'OCDE, les expéditeurs canadiens bénéficient aujourd'hui des tarifs ferroviaires les plus faibles du monde industrialisé, nos tarifs étant même inférieurs à ceux des États-Unis. Au sujet du projet de loi , nous reconnaissons les efforts du ministre pour trouver un juste milieu entre les intérêts des chemins de fer et ceux des expéditeurs. Cependant, nous déplorons qu'il ne reconnaisse pas l'importance de la déréglementation tant pour favoriser des prix inférieurs et des services plus fiables pour les expéditeurs que pour permettre aux compagnies de chemin de fer d'investir massivement dans le maintien et la prolongation de notre réseau. Au cours des 10 dernières années, le CN a investi environ 20 milliards de dollars de capitaux au total.
J'aimerais maintenant céder la parole à ma collègue, Janet Drysdale.
Le projet de loi contient un certain nombre de dispositions qui risquent fortement d'avoir des conséquences imprévues. Les éléments du projet de loi qui présentent les plus grands risques sont ceux qui concernent l'interconnexion de longue distance, que j'appellerai ILD. L'ILD est une solution qui, avant qu'elle n'apparaisse dans le projet de loi, n'avait jamais été recommandée, débattue ou examinée. Aucune évaluation de cette solution pour l'industrie ferroviaire n'a été menée et nous croyons que sa mise en oeuvre pourrait avoir des conséquences néfastes et imprévues.
Le CN a un vaste réseau de lignes secondaires desservant des collectivités éloignées dans toutes les régions du pays. Ces lignes secondaires posent un défi, car elles coûtent cher d'entretien et, en même temps, elles doivent gérer un trafic qui n'est pas dense. Souvent, la raison pour laquelle nous sommes en mesure de justifier le maintien du service sur ces lignes, ce sont les activités de longue distance qu'elles génèrent. L'ILD fait en sorte qu'un client peut nous obliger à diriger le trafic vers un point d'échange et à le céder à un concurrent, qui devient alors responsable de la majeure partie du déplacement et qui en récolte les bénéfices.
Cette solution fait en sorte que l'autre chemin de fer peut offrir des tarifs réduits, puisqu'il n'assume aucun des coûts d'entretien des lignes secondaires desservant les régions éloignées, où se trouve l'expéditeur. Il va sans dire que si cela devait devenir chose courante, nous aurions de la difficulté à justifier les investissements qu'il faut faire pour que ces lignes demeurent opérationnelles.
Au cours du débat en deuxième lecture, l'ILD a été décrite comme un mécanisme qui présentera aux expéditeurs captifs « des choix concurrentiels de trafic et [qui] les placera en meilleure posture pour négocier les options de services et les prix ».
Permettez-moi de parler d'abord de la notion de captivité. Selon le projet de loi, « captif » signifie le fait de n'avoir accès qu'à un seul chemin de fer. On fait fi complètement du fait que l'expéditeur a accès à d'autres moyens de transport. Ainsi, si un client expédie des produits en ayant recours à la fois au transport ferroviaire et au transport routier, dans le projet de loi , on le considère comme un expéditeur captif du transport ferroviaire. Nous proposons un amendement visant à clarifier la définition de « captif » de sorte que si un expéditeur utilise un autre moyen de transport pour au moins 25 % de l'expédition, on doit considérer qu'il a d'autres options et que, par conséquent, il ne devrait pas avoir accès à l'ILD.
En ce qui concerne la négociation des options de service et des prix, le projet de loi continue de donner aux expéditeurs un accès à tous les recours qui existent déjà à cet égard, dont l'arbitrage sur l'offre final, l'arbitrage final en groupe, les plaintes contre les frais de transport ferroviaire, les plaintes concernant le niveau de service et l'arbitrage sur les ententes de niveau de service. Conformément à la politique nationale des transports, et l'ILD offre une solution concurrentielle, nous proposons un amendement en vertu duquel un expéditeur qui peut avoir accès à l'ILD ne devrait pas avoir accès aux autres recours sur les prix et les services.
Par ailleurs, l'ILD offre un avantage compétitif non réciproque aux chemins de fer basés aux États-Unis. Ces chemins de fer ont déjà un net avantage parce que le trafic est beaucoup plus dense sur leurs lignes que sur les nôtres. Il y a tout simplement un plus grand nombre de trains qui circulent par mille de voie. Cette plus forte densité fait en sorte que les coûts fixes élevés d'entretien du réseau sont répartis sur un trafic plus dense. Les chemins de fer obtiennent de meilleurs rendements dans les déplacements sur de longues distances. Avec l'ILD, nous pouvons être tenus de transporter des marchandises sur une courte distance et de les transférer à une compagnie de chemin de fer états-unienne qui les transportera sur de longues distances et récoltera la plus grande partie des bénéfices. Ce sont des sommes qui pourraient alors être investies dans le réseau des États-Unis aux dépens du Canada.
Particulièrement en cette période où l'ALENA est en train d'être renégocié, nous ne comprenons pas pourquoi le Canada céderait cela en n'obtenant rien en retour. Offrir un tel avantage aux chemins de fer états-uniens pose un risque pour l'intégrité et la durabilité du réseau de transport, des ports et des chemins de fer du Canada, qui, pour générer le capital nécessaire permettant d'assurer la sécurité de l'infrastructure canadienne et de conserver de bons emplois pour la classe moyenne au Canada, a besoin d'un certain volume de trafic.
Nous savons que les exclusions prévues amènent des restrictions quant aux endroits où cette nouvelle solution est offerte, mais elles ne suffisent pas, surtout près de la frontière canado-américaine dans les trois provinces des Prairies. S'il y avait des dispositions similaires aux États-Unis, nous ne nous y opposerions pas. Cependant, il n'existe pas de droit à l'interconnexion chez nos voisins du Sud et cette absence de réciprocité nuit à l'industrie ferroviaire canadienne. Par conséquent, nous proposons un amendement qui établirait une autre exclusion pour qu'un expéditeur ne puisse pas demander à l'Office de prendre un arrêté d'interconnexion de longue distance si l'expéditeur se trouve à moins de 250 kilomètres de la frontière canado-américaine.
Un autre aspect au sujet duquel nous ne comprenons pas en quoi il est nécessaire d'intervenir, c'est la tentative de définir l'exigence relative au niveau de service. Les dispositions actuelles existent depuis longtemps. À notre avis, elles sont équilibrées et il n'est pas nécessaire d'adopter la modification proposée. Nous proposons également un amendement au sujet des dispositions du projet de loi qui prévoient des sanctions lorsque les chemins de fer ne respectent pas leurs obligations en matière de service.
En 2012, Jim Dinning, un facilitateur nommé par le gouvernement, a dit que ce type de sanctions ne devrait être imposé que si des sanctions s'appliquent également aux expéditeurs qui s'engagent à expédier certaines quantités, mais ne respectent par leur engagement. Le projet de loi ne contient pas de telles mesures de réciprocité. Nous proposons des amendements qui favorisent un meilleur équilibre entre les expéditeurs et les chemins de fer sur le plan des sanctions en rendant l'imposition de sanctions aux chemins de fer conditionnelle à l'imposition d'obligations similaires aux expéditeurs.
Nous aimerions féliciter le ministre d'être allé de l'avant en rendant obligatoire l'utilisation d'enregistreurs audio-vidéo de locomotive. Il s'agit d'une étape importante pour l'objectif collectif d'améliorer la sécurité du transport ferroviaire. Bien qu'il soit important d'avoir accès à l'information fournie par ces appareils lorsqu'il faut déterminer la cause d'un accident, ils sont encore plus précieux dans le cadre de nos efforts visant à prévenir les accidents.
Nous voulons dire quelques mots sur la disposition du projet de loi qui hausse le plafond quant à la proportion des actions du CN que peut détenir un seul actionnaire. La limite actuelle de 15 % — une limite que n'a aucun autre chemin de fer — empêche le CN d'attirer le type d'investisseurs de long terme dont il a besoin dans son secteur extrêmement capitalistique. Ce changement constitue une bonne première étape visant à corriger les règles du jeu inéquitables par rapport à nos concurrents. Nous demanderons aux membres du Comité d'examiner un amendement mineur pour veiller à ce que ce changement entre en vigueur immédiatement après la sanction royale.
Enfin, nous voulons dire un mot sur les expéditions de grain. Au cours de la campagne agricole qui vient de se terminer, le CN a transporté 21,8 millions de tonnes métriques de grains, la plus grande quantité qu'il n'a jamais transportée en une année. Nous avons battu de 2 % l'ancien record qui avait été établi en 2014-2015 et nous avons dépassé la moyenne triennale de 7 %. Je suis également ravie de vous dire que, préalablement au début de la campagne agricole, les expéditeurs de grain ont obtenu environ 70 % de l'approvisionnement en wagons du CN dans le cadre d'ententes commerciales novatrices qui garantissent aux expéditeurs un nombre de wagons et qui incluent des sanctions réciproques sur le plan du rendement.
Nous sommes dans une période de forte amélioration des services, de l'innovation et de la collaboration avec nos clients. Nous y sommes parvenus grâce à la négociation commerciale, à une meilleure communication et à une meilleure compréhension des défis auxquels nous faisons face chacun de notre côté. Si la chaîne d'approvisionnement canadienne veut déplacer le volume des échanges commerciaux que nous soutenons tous, cela ne peut être possible qu'avec la collaboration de l'ensemble de la chaîne d'approvisionnement. La réglementation a sa place, mais l'expérience montre que nous atteignons nos objectifs lorsque c'est l'exception.
Nous sommes ravis de pouvoir discuter avec vous aujourd'hui et nous avons hâte de répondre à vos questions.
:
Merci beaucoup, madame la présidente.
J'aimerais remercier nos témoins d'être ici aujourd'hui, en ce deuxième jour de notre étude de quatre jours sur la question. Vos témoignages nous intéressent beaucoup.
J'aimerais tout d'abord souligner qu'il va sans dire que nous comprenons l'importance de nos chemins de fer pour notre pays et notre économie, et que nous reconnaissons qu'il faut atteindre un équilibre entre les compagnies de chemin de fer et leurs clients. Je crois certainement que le projet de loi dont nous sommes saisis démontre que nous sommes déterminés à concrétiser cette vision, et que nous tenons tous à veiller à ce que le projet de loi nous permette d'y arriver.
Toutefois, certains commentaires formulés aujourd'hui par M. Bourque me rendent un peu perplexe, par exemple lorsqu'il affirme que le projet de loi crée des mesures qui s'ajoutent à des mesures rarement utilisées. J'aimerais ensuite examiner le témoignage de M. Ellis et de M. Clements sur l'interconnexion pour le transport longue distance. Je crois qu'il s'agit peut-être des mesures auxquelles M. Bourque a fait référence — mais je n'en suis pas certaine — lorsqu'il affirme que le régime de la zone d’interconnexion prolongée est foncièrement défectueux et qu'il a plusieurs conséquences néfastes sur les politiques publiques, ce qui, au bout du compte, nuit à la chaîne d'approvisionnement canadienne.
J'aimerais revenir sur certains témoignages que nous avons entendus dans le cadre de notre étude sur la Loi sur le transport ferroviaire équitable pour les producteurs de grain. Les statistiques qui avaient été fournies à notre comité dans le cadre de cette étude démontraient que l'interconnexion prolongée était, en fait, rarement utilisée. Nos expéditeurs ont reconnu que même si c'était le cas, ils considéraient qu'il s'agissait d'un outil très utile dans la négociation de contrats avec les compagnies de chemin de fer.
Des gens affirment donc qu'il s'agit d'un recours rarement utilisé, mais qu'il a eu des conséquences néfastes sur les politiques publiques et qu'au bout du compte, cela nuit à leurs chaînes d'approvisionnement canadiennes. Je tente de réconcilier ces commentaires et j'aimerais vous fournir l'occasion de nous donner votre avis sur la question.
:
Je formulerai d'abord quelques commentaires sur les problèmes que nous avons cernés en ce qui concerne l'interconnexion prolongée, et je parlerai ensuite des problèmes liés à l'ILD.
L'interconnexion prolongée a été effectuée en se fondant sur des coûts déterminés par réglementation, ce qui ne nous a pas nécessairement permis d'obtenir un rendement adéquat. En fait, on offrait à un expéditeur ou à un transporteur américain un prix réglementé et inférieur pour lui permettre d'avoir accès à nos réseaux. C'était donc l'un des problèmes.
L'autre problème, c'est que c'était très régional, et je crois que le gouvernement l'a reconnu par l'entremise de certaines modifications apportées.
Ensuite, ce qui reste — et c'est le dernier problème —, c'est le manque de réciprocité. En effet, supposons qu'aujourd'hui, l'entreprise Burlington Northern enregistre une diminution dans la quantité de pétrole brut expédiée le long de la côte nord-ouest du Pacifique. L'entreprise peut maintenant décider d'utiliser cette capacité vacante et tenter de couvrir les coûts fixes liés à cette capacité en faisant en sorte que l'expéditeur obtienne un tarif d'ILD jusqu'à la frontière, pour lui offrir ensuite un prix très bas pour le reste du déplacement, tout cela en vue d'augmenter le volume et de rétablir la densité.
Comme vous l'avez entendu, cela enlève des revenus aux compagnies de chemin de fer canadiennes et des emplois aux Canadiens, et cela diminue également la densité des autres éléments de notre chaîne d'approvisionnement, par exemple les ports. C'est le troisième élément qui, à notre avis, présente un problème.
:
Merci, madame la présidente.
Madame et messieurs, bienvenue. Merci d'être parmi nous.
J'aimerais débuter par une question qui s'adresse à tous les témoins et qui porte sur la sécurité.
J'ai bien entendu vos propos sur l'importance que vous accordez aux enregistreurs audio-vidéo. Cependant, dans mon esprit, un enregistreur audio-vidéo va aider le BST à tirer des conclusions sur un événement malheureux qui est déjà arrivé. Je cherche plutôt à savoir quelles mesures vous comptez mettre en oeuvre ou quelles mesures le projet de loi devrait prévoir pour éviter les accidents.
Comme M. Ellis l'a dit, on sait qu'une grande partie des incidents sont liés à des facteurs humains.
Il y a deux questions importantes quant à la fréquence à laquelle le facteur humain est en cause dans les accidents. D'une part, il y a le degré de fatigue des conducteurs de locomotive. D'autre part, il y a la demande répétée du BST qui souligne la nécessité d'instaurer des moyens de défense physiques supplémentaires. Il peut s'agir d'alarmes ou même de mécanismes technologiques qui permettent d'arrêter un train quand le conducteur a raté l'avertissement qu'il aurait dû percevoir. Cela semble répétitif.
Dans les principales compagnies, qu'en est-il des moyens mis en oeuvre, d'une part, pour atteindre une meilleure gestion de la fatigue et, d'autre part, pour aller vers ces moyens de défense physiques?
M. Ellis peut peut-être commencer, mais tout le monde est invité à répondre.
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Oui. J'ai bien compris votre question, mais je vais vous répondre en anglais, si vous me le permettez.
[Traduction]
En ce qui concerne la fatigue, nous prenons cette question très au sérieux. En effet, notre entreprise a fait la promotion, par exemple, des jours de travail d'un maximum de 12 heures pour remplacer le maximum actuel de 18 heures. Nous espérons que ce changement sera bientôt apporté.
Entretemps, comme l'a dit Sean, mon collègue, nous collaborons étroitement avec les syndicats, car certains des enjeux liés au repos dépendent des conventions collectives. Toutefois, nous ne mettons certainement pas de côté la question de la fatigue.
Cela dit, il s'agit de l'un des leviers que nous devons utiliser. À notre avis, les EAVL représentent un outil essentiel, et on a prouvé, dans d'autres modes de transport, que c'est un outil extrêmement efficace, surtout lorsqu'on en fait une utilisation proactive qui respecte la vie privée. Nous avons le plus grand respect pour la protection de la vie privée et pour les lois canadiennes en matière de protection de la vie privée, et nous pensons que nous pouvons traiter cet enjeu de façon à atteindre un équilibre entre les risques et la protection de la vie privée.
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Je peux peut-être répondre à l'aide d'un exemple.
Aujourd'hui, l'un de nos clients situés dans une région éloignée livre du bois d'oeuvre exclusivement par camion. Après concertation, nous avons pris la décision commerciale d'investir dans une voie ferrée qui se rendrait jusque chez lui, conformément à notre programme de lutte contre le changement climatique et à l'aide à faible coût aux infrastructures et au transport de marchandises. Mais, dès que nous établissons ce lien ferroviaire avec ce client qui, aujourd'hui, se sert exclusivement du camionnage, le projet de loi le considère désormais comme captif du transport ferroviaire.
Nous éprouvons des difficultés avec la définition de cette notion de captivité. Le camion, particulièrement sur de courtes distances, est un concurrent redoutable. N'oublions pas non plus les autres concurrents comme, par exemple, la Voie maritime du Saint-Laurent.
Quant aux autres expéditeurs, notamment, et à une très grande échelle le secteur pétrolier, ils peuvent choisir leur lieu d'approvisionnement. Nous affrontons la concurrence de l'approvisionnement en produits, du camionnage et, dans certains cas, du transport par oléoduc et, certainement, celle de la voie maritime des Grands Lacs et du Saint-Laurent.
Nous sommes très concurrentiels dans la dynamique CN-CP. Le hic, c'est la définition de « captif », celui qui ne peut accéder qu'à une voie ferrée, alors que, en fait, l'expéditeur a le choix d'autres moyens de transport viables.
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Merci beaucoup, madame la présidente, et mesdames et messieurs les membres du Comité.
La Western Grain Elevator Association est heureuse de contribuer à votre étude du projet de loi . Elle représente les six entreprises de manutention des grains les plus importantes du Canada. Ensemble, ces entreprises s'occupent de plus de 90 % des mouvements de grain en vrac de l'Ouest canadien.
Un transport par rail efficace soutient la capacité de notre industrie de réussir dans un marché concurrentiel sur le plan mondial. Nous reconnaissons le travail exhaustif de votre comité qui, l'année dernière, a rédigé un rapport très important. Celui qui a été publié en décembre 2016 appuyait en grande partie nos points de vue sur les principales questions.
Dans le projet de loi C-49, un certain nombre de recommandations formulées par les expéditeurs de grains ont été acceptées et un certain nombre d'autres pas. Nous demandions au gouvernement de renforcer la définition d'« installations convenables », afin de baser sur la demande et les besoins de l'expéditeur l'obligation des compagnies de chemin de fer de leur fournir des services et non sur ce que la compagnie était disposée à offrir. La définition du projet de loi ne se fonde pas explicitement sur la demande de l'expéditeur. Il y a des points positifs et négatifs dans la nouvelle définition.
Nous cherchions à obtenir la possibilité d'arbitrer les sanctions d'un piètre rendement au moyen d'accords sur le niveau de service et à disposer aussi d'un mécanisme de règlement des différends découlant de ces accords. Nous nous réjouissons de voir figurer des mesures en ce sens dans le projet de loi. Elles résoudront bien des défis en matière de performance du rail.
Nous demandions que l'interconnexion étendue soit rendue permanente pour permettre la poursuite de l'accès à l'un des outils les plus efficaces et les plus concurrentiels que nous ayons connus en matière de transport par rail. Mais l'interconnexion étendue n'a pas été rendue permanente, ce qui est une perte importante pour nous.
Nous demandions aussi que le gouvernement maintienne et améliore le revenu admissible maximal afin de protéger les agriculteurs contre les taux qu'on connaît en conditions monopolistiques. Cette protection a été maintenue; toutefois le secteur du soja en demeure exclu.
Nous avions également appuyé l'élargissement de l'autorité de l'Office pour qu'il puisse entreprendre, de son propre chef, l'examen des problèmes de performance du système ferroviaire et de les régler, de la même façon que, aux États-Unis, l'U.S. Surface Transportation Board. Le projet de loi C-49 prévoit l'examen officieux des problèmes par l'Office, mais sans lui accorder le pouvoir accru de corriger les problèmes systémiques.
Enfin, nous demandions au gouvernement d'améliorer la transparence et la robustesse des données sur les performances du secteur ferroviaire. Elles ont été améliorées dans le projet de loi, mais les données liées aux demandes des expéditeurs ne sont pas toujours collectées. Plus tard, dans la semaine, certains de nos homologues de l'industrie des grains donneront des points de vue supplémentaires sur l'utilisation des données, les échéanciers et les délais ainsi que les rapports au ministre. Notre association partage leur opinion sur ces sujets.
Bref, dans l'ensemble, le projet de loi constitue une amélioration importante par rapport à la loi actuelle et une avancée pour l'industrie des grains. Voilà pourquoi nous choisissons de ne proposer que quatre modifications techniques, qui représentent le strict minimum de modifications à apporter pour éviter que le projet de loi ne soit inapplicable et ne donne pas les résultats escomptés par le gouvernement. La principale concerne l'interconnexion de longue distance.
Nous vous dirigeons vers l'annexe A, que nous vous avons distribuée à l'avance. L'ordonnance sur l'interconnexion étendue en vigueur au cours des trois dernières saisons de croissance est progressivement devenue un outil inestimable pour les expéditeurs de grains de l'Ouest canadien. La nouvelle disposition sur l'interconnexion de longue distance est plutôt conçue pour créer des solutions de rechange concurrentielles. Dans cet esprit, les expéditeurs doivent pouvoir accéder à des lieux de correspondance qui constituent le choix logistique et économique le plus sensé et, pas nécessairement, à celui qui est le plus rapproché.
En ce qui concerne le sens raisonnable de la circulation et sa destination, le libellé actuel de l'article 129(1) peut donner à l'expéditeur un accès à la ligne de chemin de fer concurrente la plus proche, mais ce ne sera de presque aucune utilité si le lieu de correspondance le plus rapproché éloigne le chargement de sa destination finale; s'il n'a pas la capacité de traiter le volume du chargement; si la compagnie de chemin de fer concurrente la plus proche ne possède pas de voie ferrée sur toute la distance jusqu'à la destination finale du chargement. Pour vous aider à mieux comprendre, nous avons distribué l'annexe B, qui présente graphiquement des exemples concrets d'accès au lieu de correspondance le plus proche n'ayant aucun sens sur les plans logistique et économique.
Nous croyons que deux dispositions doivent être modifiées afin de mieux refléter l’esprit de la création de choix concurrentiels. Si vous allez à la carte 1 des documents que nous vous avons distribués, vous y verrez l’exemple d’un élévateur qui a accès à un lieu de correspondance se situant dans un rayon de 30 kilomètres, mais qui est dans la mauvaise direction. Le projet de loi C-49, à l’alinéa proposé 129(3)a), dit qu’un expéditeur ne peut obtenir une interconnexion de longue distance si une ligne de chemin de fer d’une compagnie concurrente se trouve dans un rayon de 30 kilomètres.
Expédier une cargaison dans la mauvaise direction ou sur la mauvaise voie ferrée occasionne des dépenses prohibitives et, dans ces cas, rend inutile le principe de l’interconnexion. Un expéditeur qui se trouve dans un rayon de 30 kilomètres d’un lieu de correspondance qui lui est inutile ne peut donc avoir accès à l’option d’interconnexion de longue distance; il se trouve donc en situation de désavantage concurrentiel.
Et à cause d’une interdiction figurant à l'alinéa proposé 129(1)a), un problème similaire existe pour les installations desservies par deux compagnies de chemin de fer. La solution à ce problème est d’ajouter le libellé « dans la direction la plus judicieuse de l'origine à la destination » aux alinéas proposés 129(1)a) et 129(3)a). Un tel énoncé, qui existe déjà pour d’autres fins à l’article proposé 136.1 du projet de loi, devrait être repris à l'article 129.
À propos du prix de l’interconnexion de longue distance, ou ILD, l’alinéa proposé 135(1)a) du projet de loi fait en sorte que l’Office calculera les prix en prenant comme référence les prix comparables antérieurs. Cependant, la plupart des prix « comparables » à ce jour ont été établis dans des conditions monopolistiques. Si les prix eux-mêmes ne sont pas concurrentiels, et sont la vraie raison pour laquelle un expéditeur demanderait une ILD, ce processus ne réglera pas efficacement le coeur du problème. Nous craignons que sans une modification comme celle que nous proposons, une ILD devienne au prix de ligne concurrentiel.
Le paragraphe proposé 135 (2) énonce que l’Office des transports du Canada, ou OTC, établira un prix qui ne peut être inférieur à la moyenne des recettes par tonne-kilomètre pour un transport comparable. Cela enchâsse dans la loi un établissement de prix de monopole. Dans tout marché raisonnable, la rentabilité est établie sur ce qu’il vous en coûte pour faire des affaires, ce à quoi on ajoute une marge pour générer un profit. Le fait de pouvoir simplement facturer n’importe quel montant, sans regard aux coûts d’exploitation, peut entraîner des prix déconnectés de la réalité commerciale qui devrait être celle du « prix majoré ».
Nous espérons qu’il y aura d’importants changements aux dispositions proposées 135(1)b) et 135(2) afin que l’Office puisse avoir un droit de regard sur le coût, et non sur les recettes par tonne-kilomètre, et que les prix soient basés sur un transport commercialement comparable, et pas seulement sur un transport comparable. Pour que l’interconnexion de longue distance fonctionne, le taux doit être basé sur une marge raisonnable pour les compagnies de chemin de fer, et non sur au moins autant ou peut-être plus que ce qu’elles peuvent facturer dans un environnement monopolistique.
Le troisième domaine qui nous préoccupe est la liste des lieux de correspondance. Le paragraphe proposé 136.9(2) établit les paramètres de publication par les compagnies de chemin de fer de la liste des lieux de correspondance, de même que de retrait d’un de ces lieux de la liste. Les expéditeurs de grains sont inquiets de voir que les compagnies de chemin de fer pourraient choisir, de façon unilatérale, de mettre hors service tout lieu de correspondance.
Il y a d’autres lois qui interviennent dans ce contexte. Les paragraphes 127(1) et (2), sous la rubrique « Interconnexion », présentent un processus par lequel tout intéressé peut demander à l’Office d’ordonner une interconnexion, et où l’Office a le pouvoir de forcer une compagnie de chemin de fer à fournir les « installations convenables » pour permettre l’interconnexion à un lieu de correspondance. Ce même énoncé devrait s’appliquer à l’interconnexion de longue distance. Dans une perspective de lieu de correspondance, à la fois l’interconnexion et l’interconnexion de longue distance pourraient s’appliquer à un lieu de correspondance donné.
En ce qui concerne le soya et les produits du soya, quand le revenu admissible maximal, ou RAM, a été mis sur pied en 2000, le soya était à peine cultivé dans les Prairies et, par conséquent, il n’a pas été inclus dans la liste originale de l’Annexe II des grains visés par le programme. Depuis, le soya est devenu un acteur important dans les Prairies et une culture de base dotée d’un fort potentiel de croissance pour la production d’huile, de tourteau et d’aliments pour humains.
On doit noter que la portion canadienne du déplacement de cultures états-uniennes au Canada est assujettie au RAM. En conséquence, du maïs états-unien est couvert par le RAM, alors que le soya canadien ne l’est pas. Il n’y a aucune raison pour laquelle le gouvernement ne devrait pas saisir cette occasion d’ajouter le soya et les produits du soya à l’Annexe II.
En conclusion, le projet de loi C-49 est, dans l’ensemble, un pas important dans la bonne direction.
Et c’est en tout respect que nous demandons aux membres du Comité d'apporter seulement quatre modifications techniques non invasives afin de s’assurer que le projet de loi concrétise vraiment les intentions énoncées.
Merci beaucoup.
Madame la présidente, membres du Comité, au nom de la Canadian Oilseed Processors Association, ou COPA, j’aimerais remercier le Comité pour la possibilité qui nous est offerte de contribuer à cette importante étude du projet de loi .
La COPA travaille en partenariat avec le Conseil canadien du canola pour défendre les intérêts des transformateurs d’oléagineux. Nous représentons des entreprises qui possèdent et exploitent 14 installations de transformation, dans chacune des provinces depuis l’Alberta jusqu’au Québec. Ces installations transforment le canola et le soya cultivés par des agriculteurs canadiens en produits à valeur ajoutée pour les secteurs de la transformation alimentaire, de l’alimentation animale et des biocarburants. Cela crée non seulement une énorme demande en oléagineux cultivés par les producteurs de grains du Canada, mais aussi des emplois stables et bien rémunérés dans les régions rurales où s’effectuent nos activités.
Le succès de notre industrie repose sur la capacité d’accéder aux marchés étrangers. En fait, 85 % de nos produits de canola transformés sont exportés sur les marchés continentaux et d’outre-mer. Une logistique ferroviaire efficace est essentielle à l’expédition fiable et rapide de nos produits vers ces marchés. Pour mettre les choses en perspective, soulignons que 75 % de tous nos produits transformés transitent par le rail.
Étant donné l’importance du rail dans le succès de notre industrie, la COPA a travaillé en étroite collaboration avec la Western Grain Elevator Association, ou WGEA, au cours des deux dernières années afin de promouvoir des recommandations politiques clés qui, selon nous, sont indispensables à la création d’un environnement plus concurrentiel en transport ferroviaire. À notre avis, est, dans l’ensemble, un bon projet de loi. Il n’est pas parfait, mais il renferme plusieurs éléments essentiels qui, aux yeux des transformateurs de produits oléagineux à valeur ajoutée, amélioreront l’équilibre commercial entre l’expéditeur et la compagnie de chemin de fer. Il améliore notamment la capacité d’arbitrer les sanctions pour rendement médiocre au moyen d’accords de niveau de services, ou ANS, ainsi qu’un mécanisme de règlement des différends pour résoudre les désaccords concernant l’application d’un ANS signé. Nous sommes également d'avis que la transparence des données et leur robustesse ont été considérablement améliorées dans le projet de loi. Nous avons enfin constaté que la définition de « convenable » est renforcée.
Cela dit, nos préoccupations concernant les modifications proposées dans le projet de loi et visant à convertir, essentiellement, les anciennes dispositions relatives à l’agrandissement des limites d’interconnexion en interconnexion de longue distance, ou ILD, sont particulièrement notables. Pour le dire très clairement, l’interconnexion agrandie était un outil incroyablement important pour les transformateurs de produits à valeur ajoutée. Pour la première fois, l’interconnexion insufflait un semblant de concurrence véritable dans la logistique ferroviaire pour notre secteur, où il n’y en avait jamais eu auparavant, et donnait aux installations précédemment captives un accès à un deuxième transporteur pour les produits à destination des États-Unis. Notre industrie a constaté une amélioration spectaculaire du service ferroviaire vers les États-Unis pendant la période où l’interconnexion agrandie était en vigueur.
L’interconnexion agrandie était un outil extrêmement simple et efficace. Elle englobait toutes les interconnexions et son accès n’impliquait ni demande ni lourdeurs bureaucratiques. Les prix étaient clairement publiés pour des distances définies, ce qui donnait aux expéditeurs la certitude et la prévisibilité nécessaires pour réserver du transport à plus long terme. En outre, c’était un outil de négociation très efficace avec les transporteurs locaux, qui nous semblaient beaucoup plus axés sur le service et disposés à discuter d’une amélioration du service ou des prix grâce à l’effet de levier de l’interconnexion agrandie.
En revanche, le mécanisme d’ILD contenu dans le projet de loi présente un certain nombre de défis et supprime les caractéristiques clés dont nous tirions parti dans l’interconnexion agrandie. Plus particulièrement, l’ILD propose une multitude de paramètres et conditions compliqués pour déterminer quels lieux de correspondance sont accessibles aux expéditeurs et de quelle façon. L’ILD propose aussi une fixation des prix basée sur les prix comparables antérieurs. Jusqu’ici, tous les prix comparables ont été établis dans des conditions monopolistiques. Si les prix eux-mêmes sont non concurrentiels, il n’y a pas d’incitation à demander une ILD.
À défaut de mesures correctives, ces deux dispositions, dans leur forme actuelle, rendraient l’ILD peu ou pas utile. C’est pourquoi nous désirons travailler avec les membres de ce comité afin de trouver des solutions visant à faire de l’ILD un instrument de concurrence pour notre industrie, comme nous estimons que le gouvernement en avait l’intention avec ce projet de loi. À l'instar de la WGEA, nous croyons qu'il y a trois sujets de préoccupation principaux auxquels il faut remédier pour faire de l’ILD un outil efficace.
Certaines des modifications de forme que nous proposons, qui ressemblent à celles de la WGEA, se trouvent à l’annexe A, que nous avons distribuée à l’avance aux membres du Comité.
Le premier élément de notre liste de modifications de forme est qu'il faut préciser que l’accès au lieu de correspondance le plus proche signifie: un lieu de correspondance qui est dans la direction la plus judicieuse du transport et de sa destination, qu’une installation soit desservie par deux chemins de fer ou non, ou qu’il y ait ou non un autre lieu de correspondance dans un rayon de 30 kilomètres. Prescrire un accès en se basant simplement sur l’accès d’un expéditeur à la ligne de chemin de fer concurrente la plus proche, sans tenir compte d’autres facteurs, limiterait la valeur de l’ILD. Dans la pratique, quand on détermine le lieu de correspondance le plus proche, il faut considérer, d'abord, s’il se trouve en direction de la destination finale de la cargaison; ensuite, s’il est desservi par la meilleure compagnie de chemin de fer pour acheminer la cargaison vers la destination désirée; enfin, s’il a la taille et les infrastructures nécessaires pour exécuter l’interconnexion.
L’esprit du mécanisme d’ILD est de donner aux expéditeurs des options concurrentielles. Mais il faut que celles-ci soient des options que nous pouvons effectivement utiliser et qui sont appliquées de manière uniforme pour tous les expéditeurs. L'alinéa proposé 129(1)a) du projet de loi énonce que toute installation d’un expéditeur desservie par deux compagnies de chemin de fer ne peut pas faire de demande pour une ILD. Exclure des expéditeurs ayant deux compagnies de chemin de fer à leur disposition, en présumant simplement qu’ils ont ainsi des options concurrentielles, constitue une conclusion basée sur une fausse prémisse. Dans bien des cas, aucune des deux lignes de chemin de fer ne dessert la destination finale de l’expéditeur de la cargaison. De plus, le fait de restreindre l’accès à l’ILD place les installations desservies par deux compagnies de chemin de fer en situation de désavantage concurrentiel par rapport aux installations qui peuvent se prévaloir de l’ILD.
Permettez-moi de vous donner un petit exemple de ce que cela signifie dans les faits. Prenez la carte 2 qui se trouve à l'annexe B. Dans la municipalité de Camrose, en Alberta, un de nos membres exploite une installation de transformation qui est desservie par deux compagnies de chemin de fer, le Canadien National, ou CN, et le Canadien Pacifique, ou CP. À l'heure actuelle, cette installation a deux compagnies de chemin de fer à sa disposition, de sorte qu'elle n’est pas admissible à une interconnexion de longue distance, ou ILD, même s'il y en a une à Coutts, à la frontière de l'Alberta, où elle pourrait avoir accès au chemin de fer Burlington Northern Santa Fe, ou BNSF. En plus de limiter son accès aux marchés américains servis par BNSF, exclure cette installation la place en situation de désavantage concurrentiel par rapport à toutes les autres installations qui ont accès à cet ILD parce qu'elles ne sont pas desservies par deux compagnies de chemin de fer.
La deuxième modification de forme que nous voulons proposer, c'est que nous sommes aussi très inquiets par rapport à la capacité des dispositions d’ILD à répondre aux préoccupations des expéditeurs quant à la fixation des prix. Autrement dit, dans sa forme actuelle, définit un plancher pour les prix d’ILD, en indiquant qu’un prix doit être égal ou supérieur à la moyenne des recettes par tonne-kilomètre pour un transport comparable. Il faut que la formulation du projet de loi donne à l’Office des transports du Canada, ou OTC, la capacité de prendre en considération des prix concurrentiels commercialement comparables lorsqu’il détermine les prix d’interconnexion. En prenant comme référence les prix comparables antérieurs pour établir les prix d’interconnexion, on oublie le fait que ces prix ont été fixés dans des conditions monopolistiques. L’OTC devrait également tenir compte du coût réel pour transporter les marchandises, et non de ce que les compagnies de chemin de fer ont réussi à percevoir dans le passé, quand les pouvoirs monopolistiques étaient à l’oeuvre. Ainsi, tout en s’assurant que la compagnie de chemin de fer obtient un rendement raisonnable pour la conduite des affaires d’ILD, l’Office se gardera de perpétuer des prix excessifs fixés dans des circonstances où la concurrence n’existait pas.
En troisième lieu, nous nous inquiétons du pouvoir qu’ont les compagnies de chemin de fer de prendre la décision unilatérale de cesser de desservir un lieu de correspondance ou de le supprimer, sans aucun mécanisme de contrôle. Cela aussi va directement à l’encontre de l’esprit originel de la nouvelle ILD, à savoir donner aux expéditeurs plus d’options concurrentielles. Nous croyons que le projet de loi doit prévoir un contrôle plus strict sur le démantèlement des lieux de correspondance, en reconnaissant en fait les obligations qui incombent à d’autres transporteurs publics et qui semblent déjà limiter la possibilité que cela se produise.
Enfin, la COPA aimerait joindre sa voix à celles du nombre croissant de groupes de producteurs et d’associations agroalimentaires qui s’inquiètent du fait que le soya et les produits du soya ont été exclus du Programme de revenu admissible maximal, ou RAM. Le RAM est un outil précieux pour protéger les agriculteurs contre les hausses de taux exorbitantes. Nous savons que le gouvernement et les membres du Comité se soucient également des producteurs agricoles, d’où la décision de conserver le RAM dans cette nouvelle mouture de la Loi sur le transport au Canada. Il est donc surprenant que le soya et les produits du soya en soient exclus. Comme Wade l'a mentionné, le soya est maintenant l’une des principales cultures au Manitoba, et l’on s’attend à un accroissement semblable de la superficie qui lui est consacrée dans les deux autres provinces des Prairies. Vu cette hausse du nombre d’hectares, le potentiel de transformation à valeur ajoutée du soya dans l’Ouest canadien augmente, là où il n'y a actuellement aucune installation de transformation du soya à valeur ajoutée. Il n’y a pas de justification politique logique pour laquelle le soya devrait être exclu de ce programme, et non une autre culture qui y est déjà comprise. Les membres de la COPA et nos clients agriculteurs demandent donc que le soya et les produits du soya soient ajoutés à l’annexe II.
En conclusion, les transformateurs d’oléagineux sont d’avis que est un pas important dans la bonne direction. Les modifications de forme que nous proposons concernant l’ILD donneraient aux expéditeurs la possibilité d’avoir accès à d’autres transporteurs, ce qui renforcerait l’objectif général du projet de loi: offrir un système plus compétitif.
Merci.
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Merci, madame la présidente.
Comme vous l'avez dit, je suis Norm Hall, premier vice-président de la Fédération canadienne de l'agriculture, ou FCA. Mais je suis surtout ici à titre d'agriculteur de l'Ouest du Canada, plus précisément de Wynyard, au Centre-Est de la Saskatchewan, où se trouvent les plus grands lacs alcalins au Canada, dont la salinité est à la hausse. Je vous remercie de m'avoir invité à comparaître devant vous.
Comme vous le savez, la FCA a très fortement réclamé un examen des règlements et des lois qui régissent et gouvernent le transport du grain jusqu'aux points d'exportation, de même qu'un examen des transports. Le Conseil consultatif en matière de croissance économique du gouvernement a parlé de libérer l'agriculture canadienne. Voilà qui passe en grande partie par l'établissement d'un corridor d'exportation efficace au moyen d'un processus législatif et réglementaire solide, d'infrastructures modernes et de systèmes d'information où toutes les entreprises de transport et de manutention de grain sont tenues de rendre des comptes. C'est fort important pour que l'industrie puisse faire son entrée en toute confiance dans de nouveaux grands marchés d'exportation. Le principal intervenant dans toute cette chaîne est le producteur de la denrée, à savoir l'agriculteur.
En 2014 2015, les agriculteurs canadiens ont versé 1,4 milliard de dollars de fret aux chemins de fer en vertu du régime de revenu admissible maximal, ou RAM. Ce ne sont pas les expéditeurs qui en ont payé la note. Les entreprises céréalières sont des courtiers à prix coûtant majoré. L'ensemble des frais des chemins de fer sont refilés aux producteurs. Ce sont eux qui les assument. Les chemins de fer sont essentiellement des intervenants à prix coûtant majoré. Dans le cadre du RAM, ils sont assurés d'un rendement de 27 %. D'après une étude menée récemment par un de nos membres, l’Agricultural Producers Association of Saskatchewan, ou APAS, ce chiffre se rapprocherait davantage de 60 à 65 % de bénéfices pour les chemins de fer. Ce sont pourtant les agriculteurs qui assument tous les risques à l'étape de la production, et qui paient tous les coûts pour la production, le transport de la ferme aux installations terminales intérieures et aux sites de transbordement, puis jusqu'au point d'exportation, de même que pour l'ensemble des interruptions ou retards.
Les chemins de fer canadiens de même qu'un réseau de transport ferroviaire des grains efficace et peu coûteux sont essentiels à l'économie agricole du pays et à la santé financière des producteurs de céréales et d'oléagineux. Pour s'assurer que l'ensemble du réseau fonctionne, les décideurs doivent reconnaître que les agriculteurs paient la totalité de la facture du transport des grains exportés de la ferme jusqu'au port. Les moyens de subsistance de l'Ouest canadien sont donc à la merci du monopole ferroviaire qui tente de maximiser les bénéfices de ses actionnaires.
Il y a chaque année entre 35 et 40 millions de tonnes sous l'emprise de ce monopole. Puisque le transport est un des intrants les plus coûteux d'une ferme céréalière, on ne soulignera jamais assez l'importance d'assurer un milieu compétitif au moyen des règlements et des lois. Comme M. Emerson l'a dit avec justesse, les coûts de transport représentent souvent un obstacle plus sérieux à l'expansion des marchés que ceux des tarifs internationaux ou des barrières commerciales. Cette constatation a été mise en évidence lors de l'échec de la campagne agricole de 2013–2014. Comme les témoins précédents l'ont dit, 20 millions de tonnes additionnelles auraient pu être distribuées si l'industrie avait été contactée et en mesure de planifier en conséquence, plutôt que de louer 400 locomotives aux États-Unis, ce qui a court-circuité la capacité durant l'hiver.
Alors que le projet de loi représente un pas dans la bonne direction, on dirait presque qu'il a été conçu pour sembler améliorer les choses sans vraiment changer quoi que ce soit: laisser beaucoup trop de place aux chemins de fer pour ne pas respecter l'intention des dispositions, de sorte que nous serons bien loin d'un environnement concurrentiel; demander plus d'informations tout en limitant la capacité de l'Office à utiliser ces données; institutionnaliser les ILD, mais avec des tarifs fondés sur les recettes antérieures plutôt que sur les coûts réels; éviter de donner à l'Office le pouvoir de prévenir les problèmes et d'exiger des plaintes formelles; réguler les options d'interconnexion sans donner à l'expéditeur la flexibilité de choisir les lieux de correspondance qui les aideraient vraiment et augmenteraient la concurrence entre les chemins de fer; continuer à autoriser les chemins de fer à fermer de manière aléatoire ou arbitraire les sites de chargement de wagon et les installations de correspondance des producteurs; continuer à permettre aux chemins de fer d'utiliser les données d'établissement des coûts des années 1990, époque où ils ont réalisé des économies sur le dos des agriculteurs; et donner aux chemins de fer une année complète après la mise en oeuvre pour se conformer aux nouvelles exigences en matière d'information.
Je tiens également à préciser que même si mon exposé porte principalement sur des propositions stratégiques générales, la Fédération canadienne de l'agriculture appuie sans réserve les modifications législatives détaillées proposées par le Groupe de travail sur la logistique des récoltes, lesquelles figureront dans une lettre destinée au ministre.
Aux fins de transparence, puisque 40 millions de tonnes de grain doivent être transportées par train chaque année, il est absolument impératif que les compagnies ferroviaires respectent les nouveaux règlements exigeant la communication de renseignements et de données supplémentaires afin de permettre la logistique, le marketing et la planification proactifs dans l'ensemble de l'industrie. Pour atteindre cet objectif, il faut disposer de données en temps réel, lesquelles doivent être transmises assez rapidement pour permettre la planification proactive. Rien ne justifie le fait que les compagnies disposent d'une période d'un an après l'entrée en vigueur de la loi avant de s'y conformer.
L'utilisation des données par l'Office des transports du Canada ne devrait pas être restreinte; ces données devraient être entièrement utilisées pour faciliter et gérer la circulation et les volumes de grain afin de prévenir les retards, les arriérés et les perturbations. Par exemple, si les renseignements ou les données sont utilisés pour la gestion de l'interconnexion de longue distance, elles peuvent l'être dans d'autres domaines et à d'autres fins. L'Office devrait être libre de le faire, non pas pour rendre les données publiques, mais pour les utiliser lui-même. En outre, il faut lui conférer le pouvoir de trouver des solutions aux problèmes de manière proactive, sans attendre que l'industrie dépose des plaintes. Il faut amender la mesure législative pour lui donner des pouvoirs supplémentaires afin qu'il puisse, de son propre chef, corriger les lacunes au chapitre du rendement du service.
En ce qui concerne les sanctions réciproques, même si elles font l'objet d'un accord contractuel entre les compagnies de grain et les sociétés ferroviaires, je vous ai déjà indiqué que ce sont les agriculteurs qui finiront par faire les frais des problèmes qui surgiront entre elles. L'Office doit avoir le mandat et les ressources nécessaires pour surveiller, réglementer et assurer la conformité. Le niveau de service et les mécanismes de conformité doivent empêcher les compagnies ferroviaires, fortes de leurs pouvoirs de monopole, de devenir nonchalantes à propos du service fourni, puisque les expéditeurs et les agriculteurs n'ont d'autre choix que de faire appel à elles. Les lieux de chargement de wagons des producteurs constituent un bon exemple, et j'en traiterai bientôt.
Le ministre doit surveiller le niveau global de service et la disponibilité de service des compagnies ferroviaires; il ne peut les laisser retirer arbitrairement et à leur fantaisie des services qui sont nécessaires au transport efficace et rapide des grains vers des marchés extérieurs qui offrent aux agriculteurs et aux expéditeurs l'occasion d'améliorer leur position concurrentielle sur le marché. Puisque nous allons nous pencher sur les sanctions relatives au revenu admissible maximal imposées par suite d'une lacune au chapitre du service ou du contrat, la non-conformité ne doit pas être prise en compte dans le calcul du revenu admissible maximal.
Pour ce qui est de l'interconnexion de longue distance, ou ILD, les compagnies ferroviaires craignent de perdre des parts de marché. Bienvenue dans le monde de la concurrence. D'une seule voix, elles veulent discuter de la conclusion d'accords axés sur le marché, mais dès que leur monopole est menacé si on autorise l'ILD et la venue de transporteurs américains au pays, elles se ravisent et souhaitent l'adoption de règlements.
En ce qui concerne la limite d'interconnexion actuelle, qui est de 30 kilomètres, il existe, dans l'Ouest canadien, quatre points qui sont naturellement desservis par deux compagnies ferroviaires. La limite d'interconnexion de 30 kilomètres porte ce nombre à 14 sites sur 368. En vertu de la disposition fixant la limite à 160 kilomètres, la portée est élargie à 85 % des points, ce qui permet aux compagnies ferroviaires de recourir à l'interconnexion au besoin, si le service est lacunaire.
Car voilà l'utilité de l'interconnexion; elle sert en cas de piètre service. Elle permet à une entreprise de faire appel à une autre compagnie pour obtenir un meilleur service. L'interconnexion est censée être là pour favoriser la concurrence.
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Merci de cette excellente question. C'est un point qui suscite une légère confusion chez nous également.
D'une part, deux compagnies ferroviaires ont indiqué que l'augmentation de la limite d'interconnexion les préoccupait, car elles craignent que les transporteurs américains viennent jouer dans leur plate-bande. D'un autre côté, certains transporteurs de pétrole canadiens disposent déjà de réseaux étendus aux États-Unis. Je suppose que deux éléments entrent en compte dans cette discussion.
Nous avons constaté que les compagnies ferroviaires s'opposaient initialement aux dispositions relatives à l'interconnexion de longue distance lorsque ces dernières sont entrées en vigueur, mais qu'elles ont commencé à s'en prévaloir, sollicitant les entreprises et utilisant cette mesure aux fins prévues, c'est-à-dire à titre d'outil favorisant la concurrence. Car voilà l'objectif recherché. Combien de fois... C'est la quatrième fois que je comparais personnellement devant le comité des transports à propos de divers projets de loi visant à modifier la Loi sur les transports au Canada, dans lesquelles un thème revient sans cesse: comment faire en sorte que le marché du transport ferroviaire se comporte de manière concurrentielle?
Cela semble un postulat bien accepté; pourtant, quand on touche au but, les gens semblent prendre peur et veulent faire marche arrière. Nous sommes à la recherche d'un environnement concurrentiel. Si les compagnies ferroviaires offrent des services convenables à des taux adéquats dans les endroits qu'elles desservent, elles constateront que les expéditeurs ne cherchent pas d'autres solutions concurrentielles. Ce n'est que lorsque les taux sont trop élevés ou que le service est déficient qu'ils commencent à chercher des solutions de rechange pour acheminer leurs produits au marché.
Les compagnies ferroviaires, pour des motifs que je comprends, préfèrent transporter les produits vers l'est et vers l'ouest en raison des temps de cycle. Elles préfèrent aller à Vancouver et à Thunder Bay à cause des temps de cycle, car elles peuvent récupérer leurs actifs plus rapidement. Quand elles se rendent aux États-Unis, il leur faut beaucoup de temps — peut-être 30 jours — avant de récupérer leurs wagons. Nous constatons donc qu'elles ne sont pas très intéressées à servir le marché américain. Quand l'interconnexion de longue distance est entrée en jeu, elle a principalement permis à Burlington Northern d'intervenir pour combler le vide et transporter les produits vers les États-Unis.
Les expéditeurs utilisent l'interconnexion de longue distance activement et passivement. Si vous examinez les simples statistiques sur le recours à l'interconnexion de longue distance, ce mécanisme ne semble pas très utilisé. Mais il s'agit d'une utilisation active. Passivement, un expéditeur s'adresserait à une compagnie ferroviaire pour obtenir un service, en lui indiquant des taux qu'il jugerait raisonnables. La compagnie pourrait lui répondre qu'elle ne peut fournir le transport vers les États-Unis et qu'elle accorde la priorité aux expéditions dans d'autres corridors ou à autre chose. Elle ajouterait qu'elle parlerait à Burlington Northern pour voir si cette dernière pourrait accepter le transfert. Le transporteur principal dirait ensuite à l'expéditeur qu'il faut se montrer raisonnable; il lui proposerait un meilleur taux ou lui fournirait le service.
L'avantage de l'interconnexion de longue distance ne peut être évalué que par sa simple utilisation.
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Je vous remercie de votre question.
Les agriculteurs ne sont pas considérés à titre d'expéditeurs en vertu de la loi, alors ils se retrouvent dans une position unique. Nous payons tous les coûts, mais n'avons aucun droit en matière d'expédition.
M. Aubin a parlé d'une production accrue. Nous améliorons continuellement nos méthodes de production et nous produisons de plus grandes cultures. Par conséquent, nous avons besoin de marchés plus vastes. Sans un système de transport efficace, tout cela est en vain.
Nous avons le droit de commander des wagons de producteurs si les membres de l'association de Wade ne répondent pas à la demande. Nous avons une soupape de sûreté, mais nous n'avons pas le droit d'utiliser ces wagons de producteurs sur les chemins de fer. Les exercices 2013-2014 et 2014-2015 ont donné lieu à certaines des plus importantes commandes de wagons de producteurs de l'histoire, mais en raison du mauvais service, nombre de ces commandes ont dû être annulées et les producteurs n'utiliseront plus ces wagons. Donc, les compagnies de chemin de fer disent que ces voies d'évitement ne sont pas utilisées et prévoient en fermer encore plus, ce qui aggrave le problème.
Nous voulons un système plus efficace pour pouvoir être en position d'exporter, non seulement par l'entremise des ports, mais aussi vers les États-Unis, le Mexique et d'autres régions du Canada.
J'ai une dernière question, et elle porte sur une mesure qui est prévue dans le projet de loi , mais dont nous n'avons pas encore parlé, sauf avec le dernier groupe de témoins. Je reconnais que vous avez de nombreux amendements à proposer, 80 en tout, et que vous les avez réduits à seulement quelques-uns; il s'agit, selon vous, de modifications techniques qui traitent vraiment de l'objectif prévu.
En fait, la loi est modifiée par adjonction, après l'article 127, de ce qui suit, et je vais en lire le libellé. C'est sous la rubrique « Prix par wagon pour l'interconnexion », et je cite:
127.1(1) Au plus tard le 1er décembre de chaque année, l’Office fixe le prix par wagon à exiger durant l’année civile suivante pour l’interconnexion du trafic.
Viennent ensuite les éléments à prendre en compte:
(2) Lorsqu’il fixe le prix, l’Office prend en compte
(a) les réductions de coûts qui, à son avis, sont entraînées par le mouvement d’un plus grand nombre de wagons ou par le transfert de plusieurs wagons à la fois;
Voici l'alinéa qui m'intéresse vraiment:
(b) les investissements à long terme requis dans les 20 chemins de fer.
Je me demande si vous pourriez nous dire un mot là-dessus. Le cas échéant, cela faisait-il partie des modifications que vous aviez envisagées, ou comment cette disposition permet-elle de s'attaquer à la question de la compétitivité?
Par ailleurs, savez-vous si cet élément est bel et bien pris en considération au moment d'évaluer le prix pour l'interconnexion, et comment les investissements à long terme seront-ils surveillés? Connaissez-vous la réponse à ces questions?
Bonjour, madame la présidente, distingués membres du Comité. Au nom de la Western Canadian Shippers' Coalition, ou WCSC, je tiens à vous remercier de nous avoir invités à participer à cette séance. Je m'appelle David Montpetit, et je suis le président-directeur général de la WCSC. Je suis accompagné aujourd'hui de Lucia Stuhldreier, notre conseillère juridique.
La WCSC représente des entreprises qui sont situées dans l'Ouest canadien et qui expédient principalement des produits de base issus des ressources naturelles à des clients canadiens et étrangers de la chaîne d'approvisionnement. Notre organisation se concentre exclusivement sur les questions liées au transport. Depuis sa création, la WCSC contribue activement à exposer le point de vue des expéditeurs sur de nombreuses modifications à la législation. Plus récemment, nous avons participé à l'examen de la loi de 2015, mené par David Emerson, ainsi qu'aux consultations subséquentes lancées par le .
Notre objectif est de doter le Canada d'un système de transport concurrentiel, économique, efficace et sûr, qui permette à nos membres de soutenir la concurrence tant sur le marché national que sur le marché international. Nos membres représentent un éventail de marchandises, notamment des produits forestiers, des produits pétroliers et gaziers, du ciment, des granulats et du soufre, pour ne nommer que ceux-là. Vous trouverez une liste des membres actuels dans le mémoire, si cela vous intéresse.
Une chose que nos membres ont en commun, c'est qu'ils utilisent tous le transport ferroviaire. Leurs installations sont situées à proximité des ressources naturelles. Du fait de leur emplacement éloigné et du grand volume de marchandises expédiées, leur dépendance à l'égard du chemin de fer est totale pour l'acheminement des produits vers les marchés. Dans leur très grande majorité, ils n'ont accès qu'à un seul transporteur ferroviaire. Cet état de fait crée un déséquilibre considérable dans les relations commerciales, même face à de très gros expéditeurs, comme c'est le cas de la majorité de nos membres. La capacité de transporter une petite partie — comme on l'a dit ce matin, environ 25 % — des produits par un autre moyen de transport ne change pas grand-chose.
Nos membres essaient de négocier des accords commerciaux sur le prix du fret et des services ferroviaires, et ils préfèrent régler les différends sur le plan commercial. Toutefois, la réalité est que le marché au sein duquel ils doivent évoluer n'est pas concurrentiel. La possibilité de trouver un transporteur ferroviaire concurrent n'existe tout simplement pas, même si le prix du transport est exagéré ou en cas d'une augmentation de prix importante, d'une inexécution ou encore d'un rendement insatisfaisant. Les recours efficaces pour les expéditeurs servent donc, en quelque sorte, de filet de sécurité dans les négociations commerciales menées dans un marché non concurrentiel. L'existence de tels recours et la possibilité de les exercer aident à garantir un certain équilibre pour les expéditeurs.
En ce qui concerne le projet de loi , la WCSC a dirigé son attention vers les secteurs clés suivants: la déclaration des données des compagnies de chemin de fer; les obligations en matière de service ferroviaire; des recours plus faciles d'accès, plus rapides et plus efficaces; les pouvoirs de l'Office des transports du Canada; un examen obligatoire des dispositions de la loi relatives au transport ferroviaire; et, enfin, l'accès à des compagnies de chemin de fer concurrentes.
Ma collègue, Lucia Stuhldreier, vous présentera les préoccupations et les recommandations précises dans ce domaine.
En ce qui concerne les exigences de déclaration des données prévues dans le projet de loi , nos observations portent sur les données sur le service et le rendement des compagnies de chemin de fer. Les décideurs politiques, les organismes de réglementation et les utilisateurs du système de transport ont besoin de ces renseignements pour prendre des décisions fondées sur les faits. Ils ont besoin de données détaillées, presque en temps réel.
La WCSC a deux principales réserves au sujet des exigences provisoires prévues dans le projet de loi. Premièrement, les données sont trop générales pour pouvoir être d'une quelconque utilité. Par exemple, les compagnies de chemin de fer devront déclarer chaque semaine le nombre moyen de wagons se trouvant en déplacement sur leur réseau au Canada. Ces wagons pourraient contenir des métaux raffinés en provenance de la région de Montréal, de la pâte à papier provenant d'une usine située au nord d'Edmonton, du papier journal en provenance des Maritimes, ainsi qu'une foule d'autres produits.
Les données publiées n'indiqueront pas ces détails parce que, contrairement aux États-Unis, où le CN et le CP doivent produire une déclaration distincte pour chacun des 23 groupes de produits, toutes ces données seront regroupées au Canada. Certains ont également laissé entendre qu'au lieu de publier ces renseignements séparément pour chacune des compagnies de chemin de fer, comme c'est le cas aux États-Unis, on devrait les regrouper pour le CN et le CP; or, cela ne ferait que masquer davantage ce qui se passe vraiment dans le réseau. Bref, on produira ainsi des statistiques générales, de haut niveau, qui n'auront pas d'utilité sur le plan pratique.
Deuxièmement, les renseignements ne seront pas disponibles en temps opportun. D'abord, comme on vous l'a probablement déjà dit, le projet de loi prévoit retarder d'une année entière la mise en oeuvre de ces exigences. Une fois qu'elles entreront en vigueur, il y aura un délai de trois semaines pour le processus de publication. À titre de comparaison, c'est un délai trois fois plus long que celui en vigueur aux États-Unis pour rendre publics ces renseignements. Les données historiques sont probablement utiles pour discerner les tendances générales ou peut-être pour évaluer les défaillances passées en matière de service, mais elles sont très peu utiles pour la prise de décisions quotidiennes. Nous avons donc recommandé des modifications à ces dispositions.
Le deuxième point dont j'aimerais vous parler, c'est le service adéquat et approprié. Aux termes du nouveau paragraphe 116(1.2) du projet de loi , l'Office doit rejeter la plainte d'un expéditeur si l'Office est convaincu que la compagnie de chemin de fer offre « le niveau de services le plus élevé qu'elle peut raisonnablement fournir dans les circonstances ». J'ai essayé de trouver un bon exemple, mais c'est un peu comme si un enseignant disait à ses élèves: « Si vous obtenez 95 % à l'examen final, vous ne pourrez certainement pas échouer ce cours. » Cela n'indique pas à l'élève ce qui se passe s'il obtient 90 %, 85 % ou 65 %.
Ce que les expéditeurs et les compagnies de chemin de fer doivent savoir, c'est dans quelles conditions le service n'est plus adéquat ni approprié. Si le but est d'obliger les compagnies de chemin de fer à assurer le meilleur niveau de service qui peut être raisonnablement offert dans les circonstances, alors nous croyons que le projet de loi devrait l'énoncer clairement. Faute de quoi, nous nous attendons à des litiges superflus, à des objections préliminaires et, au bout du compte, il se peut fort bien que la Cour d'appel fédérale accepte notre interprétation, mais nous aurons consacré du temps et des ressources supplémentaires pour en arriver là, alors que nous pouvons régler la question dès le départ.
Un autre aspect des dispositions relatives au service aux termes du projet de loi concerne les recours rapides et faciles d'accès. Le projet de loi raccourcirait de 120 à 90 jours le délai dont dispose l'Office pour rendre une décision. Toutefois, pour un expéditeur aux prises avec de graves pénuries, attendre trois mois plutôt que quatre pour obtenir un dédommagement ne constitue pas vraiment une grande amélioration. Dans ces cas, il est essentiel que l'Office puisse accélérer le processus ou rendre un arrêté provisoire assurant un service minimum pendant le déroulement de l'instance. Cela peut faire la différence entre la poursuite ou la fermeture, du moins temporaire, des activités d'une installation, avec tout ce que cela peut engendrer, comme les mises à pied, les coûts associés à la remise en service d'un équipement important et les pertes commerciales.
Comme la plupart des tribunaux administratifs, l'Office a la capacité de contrôler ses propres instances. Or, le projet de loi imposerait les délais minimaux que l'Office doit laisser à la compagnie de chemin de fer et à l'expéditeur pour le dépôt des plaidoiries dans le cadre des plaintes sur le niveau de service. Cela signifie que l'Office ne pourra pas accélérer le processus, et cela remet aussi en question la capacité de l'Office d'émettre un arrêté provisoire en temps opportun. Nous avons formulé quelques recommandations à cet égard.
Le quatrième sujet que je voudrais aborder concerne, de façon plus générale, les pouvoirs de l'Office. Une des choses que la WCSC préconise depuis un certain temps, c'est l'idée de donner à l'Office la capacité d'enquêter, de sa propre initiative, sur des questions relevant de sa compétence. Vous avez entendu parler, au début de ces réunions, de l'enquête sur les retards au sol d'Air Transat. Une initiative semblable a été menée par le Surface Transportation Board aux États-Unis dans le cas de CSX en réaction à l'insatisfaction répandue à l'égard de la détérioration du service ferroviaire qui a touché un large éventail de clients. L'inclusion de tels pouvoirs dans le mandat de l'Office lui permettra de mieux régler ce genre de problèmes systémiques.
Par ailleurs, il y a l'arbitrage d'offre finale dans les différends relatifs au prix du transport de marchandises. Un élément crucial qui n'est d'ordinaire pas connu de l'arbitre dans pareils cas, c'est comment chacune des offres finales permet aux compagnies de chemin de fer de récupérer leurs coûts et d'offrir un rendement suffisant qui dépasse les coûts. D'ailleurs, les témoins du secteur ferroviaire vous ont expliqué ce matin à quel point cette question revêt une importance pour eux.
L'Office est un organisme indépendant. Il possède l'expertise requise pour déterminer les coûts en vue de les transmettre à l'arbitre. Nous recommandons donc que l'établissement des coûts par l'Office fasse partie des renseignements fournis à l'arbitre dans le cadre de tout arbitrage de l'offre finale.
Avant d'aborder la question de l'interconnexion de longue distance, j'aimerais mentionner que la WCSC a remarqué qu'un élément était absent de la loi et du projet de loi, et il s'agit d'une disposition qui, par le passé, a fait partie de presque toute réforme importante de la législation sur les chemins de fer: l'exigence que le ministre lance un examen pour vérifier comment se portent ces modifications. Selon nous, c'est ce qui s'imposerait en l'occurrence.
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Madame la présidente, distingués membres du Comité, bonjour. Merci de m’avoir invité à témoigner et de donner la chance à notre organisme de présenter son point de vue sur la Loi sur la modernisation des transports.
Premièrement, après avoir écouté ce qui s'est dit ce matin, je pense que c'est peut-être la dernière fois que je viens à Ottawa. Selon le CN, nous ne sommes pas mieux que morts, et je veux parler ici de tous nos membres. Les opérations de nos membres ne couvrent pas 500 miles de chemins de fer. Certains de nos membres ne couvrent que 23 miles, et la limite est d'environ 247 miles.
Je commencerai en vous informant de plus récents développements. Sur une note positive, disons que la volonté et l'intérêt que Transports Canada nous a témoignés pour ce qui est de travailler avec nous sur les chemins de fer d’intérêt local ont été très encourageants. Nos relations avec le ministère se sont considérablement raffermies au cours des deux dernières années. Nous apprécions le fait d'être consultés et inclus dans les discussions concernant l'orientation des modifications apportées tant aux politiques qu'aux règlements. Grâce à cette coopération avec Transports Canada, nous sommes des partenaires d'intérêt local plus sécuritaires et mieux informés.
Nous avons aussi été encouragés par certains progrès réalisés avec — croyez-le ou non — le CN. Nous constatons une volonté de coopération renouvelée à certains égards, comme c'est le cas pour le programme de formation en matière de sécurité que nous offrons en Saskatchewan. Il y a eu une certaine collaboration où nous avons vu le CN permettre à des partenaires d'intérêt local de faire des commutations entre compagnies ou de commuter à des terminaux où ils n'étaient peut-être pas très bons, laissant pour l'occasion les partenaires d'intérêt local intervenir et leur fournir l'excellent service dont ils sont capables. Certains échanges de ce matin ont porté sur ces situations où tous les intervenants peuvent trouver leur compte, et je crois que ces commutations en sont un bon exemple. Le CN a même permis à l'un de nos partenaires d'utiliser la voie de l'un de ses terminaux de ligne principale afin de garer des wagons et de sortir ses propres wagons. Voilà un autre exemple d'une intervention très efficace et d'une façon efficience de faire des affaires. Bref, c'est un scénario où tout le monde est gagnant.
La Western Canadian Short Line Railway Association, auparavant connue sous le nom de Saskatchewan Short Line Railway Association, est un organisme sans but lucratif défendant les intérêts des 14 compagnies de chemin de fer de l’Ouest du Canada qui en sont membres. Ce matin, je crois que le CN a mentionné que 70 % de ses clients étaient liés par des ententes de service. La Western Grain Elevator Association a pour sa part indiqué que 90 % de ses agriculteurs ont des liens commerciaux avec le CN. Je présume que les 10 ou 30 % qui restent font affaire avec nos membres, et nous sommes ici aujourd'hui pour parler au nom de ces derniers.
Bien que nos membres soient présents dans toutes les provinces de l’Ouest, c’est en Saskatchewan que se trouve le réseau le plus complet de transport ferroviaire sur de courtes distances. Les compagnies de chemin de fer d’intérêt local détiennent ou exploitent 24 % des 8 722 km de voie ferrée de la Saskatchewan. Nous employons environ 183 résidents. Le terme « résident » désigne des gens qui ont grandi et qui vivent dans la région où nous travaillons.
Il importe de mentionner que nous prodiguons nos services à 72 PME et que nous transportons environ 500 millions de dollars de marchandises par année. Tous nos bureaux principaux sont à moins d'un mile de notre propre chemin de fer. Je crois qu'il est aussi important de savoir que toutes les PME auxquelles nous donnons des services sont également parmi les grandes entreprises que le CN dessert. Toutes les entreprises ne commencent pas en tant que société. Certaines personnes commencent en tant qu'expéditeurs fixés à un seul endroit et bâtissent leur entreprise à partir de cela. Je crois que les lignes de courte distance sont toutes indiquées pour ce faire, car cela nous permet d'aider ces entreprises à prendre leur envol sans qu'elles aient à dépenser des sommes colossales dès le départ.
Nos membres, nos compagnies de chemin de fer et nos clients veulent des tarifs concurrentiels et des options en matière de transport ferroviaire. Nous croyons que l’avenir du transport passe par une bonification de l’offre de choix concurrentiels pour les agriculteurs, les expéditeurs et les petites entreprises. Nous craignons que le projet de loi proposé ne décourage encore plus la concurrence. Le nouveau mécanisme d’établissement du prix de l’interconnexion de longue distance est conçu de telle façon que nos expéditeurs clients n’y ont pas accès. Le recours aux prix du transport sur de courtes distances — qui est actuellement plus élevé que pour les camions — fait en sorte qu'il est virtuellement impossible pour nous d'être concurrentiels.
La loi est prescriptive, et les petits expéditeurs n’ont pas les moyens de s’engager dans des poursuites de plusieurs années contre des transporteurs ferroviaires de classe 1, ce qui signifie qu’ils n’essaieront même pas d’appliquer certains des mécanismes qui sont à leur disposition, comme cela a été mentionné ce matin. Il est inconcevable pour les producteurs de s’attaquer à un transporteur de classe 1. Cela leur fait peur, certes, mais c’est aussi un non-sens sur le plan financier.
Conjointement avec l’élimination prochaine de l’option d’interconnexion de 160 km et la disparition rapide des wagons de producteurs, l'adoption du projet de loi dans sa forme actuelle mettra les expéditeurs et les lignes ferroviaires sur de courtes distances dans une situation encore plus difficile. Nous croyions que l'intention de ce projet de loi n'était pas de mettre les petites entreprises et les lignes ferroviaires sur de courtes distances en faillite, mais il semble bien que ce soit vers cela que nous nous dirigeons.
Afin de donner un peu de contexte à mon propos, je vais commencer par une brève description de la structure actuelle des prix du transport sur de courtes distances et des mouvements d’un seul wagon. Les petites compagnies de chemin de fer ont une variété de clients. De nombreux expéditeurs n'ont qu'un seul wagon. Ce sont les expéditeurs de wagons de producteurs. Nous aimerions aider tous nos clients quant à leurs besoins en matière de transport et de mouvements. Hélas, cela n'est pas possible en raison des prix excessivement élevés qu'imposent les transporteurs de classe 1 pour les transports de courtes distances et les mouvements d'un seul wagon. Par choix ou par nécessité, ces marchandises sont souvent expédiées par camion, ce qui contribue grandement à l'augmentation des gaz à effet de serre, à la détérioration de nos routes provinciales et à la décentralisation de la croissance économique générée par les petites entreprises.
Pour des trajets de moins de 500 kilomètres, le transport routier est habituellement plus abordable que le transport ferroviaire. Tout ce que nous pouvons ajouter à cela, c'est qu'avec les chemins de fer d'intérêt local, nous sommes meilleur marché que le transport routier. Nous pouvons concurrencer le camion. Le problème, c'est que lorsque le wagon est remis à nos partenaires de classe 1, ces derniers ne sont pas en mesure d'être concurrentiels par rapport à ces prix, comme ils vous l'ont dit ce matin.
Permettez-moi de vous donner un exemple. Nous avons une ligne de chemin de fer qui va de Leader à Swift Current. Elle fait 120 kilomètres. Nous pouvons faire le trajet pour environ 650 $, ce qui est à peu près la moitié de ce que cela coûterait en camion, mais si nous souhaitons amener ce wagon jusqu'à Moose Jaw, c'est-à-dire 122 kilomètres plus loin par la grande ligne, le CP nous demandera environ 2 600 $. Dès lors, nous ne sommes plus concurrentiels. Que fera le producteur? Il mettra son grain dans son camion, il syntonisera Fox News et il se rendra jusqu'à un terminal ou un expéditeur plus important.
Comme cela a été dit ce matin, les membres de la Western Grain Elevator Association approvisionnent la compétition, mais certains de ces compétiteurs augmentent le nombre de camions qu'ils mettent sur la route. Cela crée un autre problème, et il y aura un autre comité pour décider de ce qu'il faudra faire pour l'avenir de notre réseau routier. Il est certes important de ne pas perdre de vue que nous examinons la situation actuelle, mais que nous réserve l'avenir?
Nous devons avoir les capacités nécessaires pour transporter le grain. L'autre jour, on discutait des pénuries de chauffeurs de camion. Le transport ferroviaire va rester une option à cet égard, et les déplacements jusqu'aux terminaux n'ont pas nécessairement besoin de viser les exportations. Il pourrait s'agir de terminaux intérieurs, un endroit où le grain pourrait être trié et préparé aux fins d'expédition à bord de trains plus gros pour le déplacement desquels le CN et le CP excellent.
L'autre problème pour nous, c'est qu'il commence à y avoir un écart considérable entre les prix pour un wagon unique et ceux pour plusieurs wagons. À l'heure actuelle, la différence entre les prix pour un wagon unique et pour un train de 25 wagons à destination des États-Unis est d'environ 1 000 par wagon. Si un expéditeur veut acheminer 15 wagons, cela lui coûtera probablement 15 000 $ de plus, une dépense additionnelle qu'il n'aura absolument aucune façon de justifier. Par conséquent, il optera pour un camion, même si ce ne sera pas toujours à destination du terminal intérieur le plus proche. Il l'expédiera là où il croira obtenir le meilleur marché, ce qui pourrait faire l'objet d'une tout autre discussion.
L'autre sujet dont nous devons parler, bien sûr, c'est celui de l'interconnexion. C'est d'ailleurs une partie très importante du projet de loi. La perte de la possibilité d'une interconnexion de 160 kilomètres est une grande déception pour nos membres. Même si elle n'était pas accessible à tous les expéditeurs de notre réseau ou aux lignes ferroviaires sur de courtes distances, cette option renforçait la position de négociation dans la plupart des endroits. Le retour de la zone d'interconnexion de 30 kilomètres fera en sorte que cette option ne sera plus offerte qu'aux deux de nos quatorze membres qui peuvent la rendre profitable. Les autres ne pourront plus s'en prévaloir.
Cette modification nuit à notre capacité à recruter de nouveaux clients. Comme elles n’ont pas accès à plusieurs voies ferrées, les entreprises se rendent compte qu’elles demeureront captives des transporteurs de classe 1 qui relient nos lignes ferroviaires sur courtes distances. Cette dynamique réduit notre capacité à développer nos activités sur nos lignes.
Malheureusement, l'interconnexion de longue distance qui est proposée n'est pas une alternative convenable à l'interconnexion de 160 kilomètres qui a été perdue. Selon notre compréhension, l’instauration d’un mécanisme d’interconnexion de longue distance visait à favoriser la concurrence en offrant aux expéditeurs des options étendues de transport. Nous ne croyons pas que l’interconnexion de longue distance atteindra cet objectif.
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Merci, madame la présidente.
Mon nom est Kevin Auch et je suis heureux de comparaître devant vous cet après-midi en compagnie de nos partenaires de l’industrie, la Western Canadian Shippers’ Coalition et la Western Canadian Short Line Railway Association, afin de vous faire part du point de vue des producteurs agricoles dans le cadre de l’étude par le Comité du projet de loi , Loi sur la modernisation des transports.
Je suis président de l’Alberta Wheat Commission, un organisme se consacrant à l’amélioration de la profitabilité de plus de 14 000 producteurs de blé de la province de l’Alberta. J’exploite aussi ma propre ferme près de la ville de Carmangay, dans le sud de l’Alberta.
Je suis ici aujourd’hui parce que le transport ferroviaire est une priorité de la Commission depuis sa création, en 2012. Les coûts associés aux insuffisances des chemins de fer remontent la chaîne d’approvisionnement et sont absorbés en fin de compte par les producteurs. À titre de preneur de prix, je ne peux pas modifier le prix de mon produit; par conséquent, ces coûts accrus diminuent ma profitabilité. Ils ont également un effet défavorable sur ma trésorerie, ce qui rend difficile le paiement des factures en temps opportun.
Ces problèmes ne touchent pas que mon exploitation. Ils sont répandus parce que, pour ce qui est du transport ferroviaire au Canada, le secteur agricole fonctionne dans un environnement de monopole. La plupart des silos auxquels les producteurs de l’Ouest du Canada livrent leur grain n’ont accès qu’à une seule voie ferrée, ce qui rend les expéditeurs et les producteurs agricoles captifs de transporteurs monopolistiques.
C’est un problème de taille, car le blé est une denrée lourdement dépendante des marchés d’exportation et du transport ferroviaire pour son expédition à partir des Prairies vers les installations terminales des ports de la côte Ouest et de Thunder Bay, ainsi que vers nos voisins au sud de la frontière. Nous apprécions les efforts du gouvernement visant à ouvrir les marchés aux producteurs agricoles grâce à des accords de libre-échange, mais nous perdrons notre crédibilité auprès des acheteurs étrangers si nous sommes incapables d’honorer leurs commandes en raison des insuffisances du transport ferroviaire. Nous en avons fait l’expérience en 2013 et en 2014, lorsque les acheteurs se sont tout simplement procuré leur grain d’autres pays. La réputation du Canada en tant que fournisseur fiable des marchés mondiaux est en péril.
La chaîne d’approvisionnement du grain au Canada fait d’importants investissements afin de tirer profit des occasions offertes par les nouveaux marchés et les marchés en croissance. Nous assistons à une grande expansion de la capacité des terminaux portuaires et des silos au pays. Les entreprises céréalières ont investi des centaines de millions de dollars pour s’assurer d’être prêtes à répondre à la croissance des marchés étrangers. Les producteurs agricoles se préparent aussi à tirer profit de ces occasions. Les investissements importants consentis par les producteurs agricoles ainsi que de nouvelles technologies novatrices ont beaucoup augmenté le rendement au fil des ans. En fait, le mois dernier seulement, le CN a reconnu cette situation en implorant le gouvernement du Canada d’investir dans de nouvelles infrastructures ferroviaires afin d’absorber l’afflux du grain. Le CN a déplacé en 2017 un volume record de 21,8 millions de tonnes métriques de grain.
Mon argument est qu’assurer un service ferroviaire adéquat est capital pour la croissance de notre secteur et la réputation du Canada en tant que fournisseur de grain fiable pour les marchés étrangers.
L’AWC loue l’engagement du gouvernement à l’égard d’un texte de loi visant à assurer un système ferroviaire mieux adapté, plus concurrentiel et plus responsable au Canada. Nous croyons que le projet de loi est un texte de loi historique qui pave la voie à des solutions permanentes et à long terme aux difficultés du transport ferroviaire auxquelles les producteurs agricoles canadiens font face depuis des décennies.
C’est pourquoi l’AWC est heureuse de l’inclusion de dispositions visant à augmenter la responsabilisation des compagnies de fer, notamment la possibilité pour les expéditeurs d’obtenir des sanctions financières réciproques, une définition claire d’un service adéquat et approprié et une interconnexion améliorée, toutes des mesures que l’AWC défend depuis longtemps. Le projet de loi contient aussi des dispositions majeures qui renforceront les pouvoirs d’enquête de l’Office des transports du Canada et exigeront la publication de données sur le rendement du système de transport ferroviaire.
En outre, l’AWC soutient la décision du gouvernement de conserver le revenu admissible maximal avec des modifications qui tiendront compte des investissements faits par les compagnies de chemin de fer et prévoient des incitatifs pour l’innovation et l’efficience.
En ce qui a trait au rôle joué par les sanctions financières réciproques, les compagnies de chemin de fer ont toujours disposé de diverses mesures visant à obtenir des gains d’efficience de la part des expéditeurs, notamment des tarifs fondés sur l’utilisation des actifs. Ces tarifs servent à pénaliser les omissions des expéditeurs par des sanctions financières afin d’améliorer leur efficience. Par exemple, lorsque la compagnie de chemin de fer place des wagons à mon silo local et que l’entreprise céréalière ne réussit pas à les remplir dans les 24 heures, cette dernière fait face à des sanctions financières automatiques. De son côté, la compagnie de chemin de fer ne subit aucune pénalité si elle a deux semaines de retard. Les compagnies de chemin de fer sont donc le seul maillon de la chaîne d’approvisionnement du grain qui n'a aucun compte à rendre.
Pour créer une chaîne d’approvisionnement efficiente, assurant une responsabilisation commerciale équilibrée, il faut que les compagnies de chemin de fer rendent des comptes pour les lacunes de leurs services.
Nous avons récemment appris que le CN avait inclus un genre de tarif d’expéditeur dans environ 70 % de ses ententes de services. Cela semble une bonne nouvelle à première vue, mais ces tarifs ne s’appliquent qu’en cas d’omission de placer les wagons et ne couvrent pas encore des problèmes courants tels que la livraison en temps opportun ou la fourniture d’information exacte. Nous sommes encouragés par le fait que le CN a pris certaines mesures pour améliorer la responsabilisation des compagnies de chemin de fer et nous sommes confiants que les dispositions énoncées dans le projet de loi assureront que les sanctions seront vraiment équitables et réciproques à l’avenir.
Tout en renforçant la responsabilisation, les sanctions financières réciproques créeront l’incitatif nécessaire pour que les compagnies de chemin de fer mettent l’accent sur le rendement et investissent dans des actifs permettant des gains d’efficience. Cette recommandation met les compagnies de chemin de fer en concurrence en vue d’obtenir des gains d’efficience, de réduire les risques des expéditeurs et, en fin de compte, de mieux desservir les marchés étrangers grâce aux exportations canadiennes.
Les dispositions relatives à l’interconnexion étendue en vertu du projet de loi , venues à terme le 1er août de cette année, se sont avérées un puissant outil d’intensification de la concurrence au profit des entreprises céréalières. Le projet de loi propose d’étendre, dans certaines situations, la limite d’interconnexion jusqu’à 1 200 km; à la différence cependant de l’option antérieure d’interconnexion étendue, des conditions du nouveau texte de loi semblent contredire l’intention première du législateur et rendent la nouvelle option moins efficace que les dispositions du projet de loi .
Par exemple, les dispositions antérieures relatives à l’interconnexion permettaient aux expéditeurs d’avoir accès à tout point de correspondance situé à moins de 160 kilomètres sans devoir présenter une demande de permis à l’Office des transports du Canada. La disposition énoncée dans le projet de loi stipule que l’expéditeur doit demander la permission du transporteur de départ ou demander un arrêté de l’Office pour avoir accès à l’interconnexion, au point de correspondance le plus proche. Non seulement ces modifications rendent-elles l’interconnexion plus onéreuse et compliquée, mais elles rendent la disposition essentiellement inutile dans divers scénarios y compris les suivants: si le point de correspondance en question ne dessert pas le corridor voulu. En d’autres mots, si les produits seraient déplacés dans la mauvaise direction; si le point de correspondance le plus proche ne peut pas recevoir le nombre prévu de wagons; ou si le point de correspondance en question est desservi par la mauvaise compagnie de chemin de fer — la ligne ferroviaire concurrente ne dispose pas nécessairement de voies ferrées couvrant tout le trajet jusqu’à la destination finale du mouvement.
Afin d’aplanir ces difficultés, nous demanderons au Comité d’étudier les modifications préconisées par le Groupe de travail sur la logistique des récoltes dont l’AWC est membre et qui permettraient aux expéditeurs d’avoir accès au point de correspondance le plus proche pouvant répondre à leurs exigences relatives à la direction, au volume et au transporteur privilégié.
Les coûts facturés aux expéditeurs sont en fin de compte imposés aux producteurs en remontant la chaîne d’approvisionnement. C’est pourquoi nos membres sont aussi préoccupés par la formule énoncée dans le projet de loi afin de fixer les prix de l’interconnexion de longue distance. Le paragraphe 135(2) prescrit à l’Office d’établir un prix qui n’est pas inférieur au revenu moyen par tonne-kilomètre d’un mouvement comparable. À notre avis, cela invite à établir un prix de monopole, fondé sur le revenu plutôt que sur un modèle de coût de production majoré. Le prix devrait permettre un profit raisonnable, mais ne devrait pas tenir compte des prix imposés antérieurement dans le cadre d’un environnement monopolistique.
En conclusion, l’Alberta Wheat Commission appuie fortement l’adoption rapide du projet de loi parce que nous croyons qu’il contribuera à corriger le déséquilibre entre le pouvoir de marché des compagnies de chemin de fer et celui des expéditeurs captifs. Nous invitons le gouvernement du Canada à poursuivre le dialogue avec le secteur de l’agriculture pendant l’élaboration de règlements appuyant l’esprit et l’intention de ce texte de loi, qui cherche à créer un système de transport ferroviaire mieux adapté, plus concurrentiel et plus responsable au Canada.
Je voudrais enfin remercier le Comité de l’occasion qui m’a été donnée aujourd’hui d’exposer le point de vue des producteurs et je vous invite à poser toute question que vous auriez à propos de mes observations.
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Cette carte sera différente de la description des corridors exclus mais, de façon réaliste, tout expéditeur qui envoie ses marchandises vers la région de Vancouver pour qu’elles finissent sur une voie d'évitement à cet endroit ne pourrait pas s’en servir. Nous pouvons dessiner une carte très semblable pour le Québec afin de montrer que certains des expéditeurs les plus captifs dans le Nord de cette province auront exactement le même problème, car leur unique lien avec tout autre transporteur se trouvera dans ce corridor Québec-Windsor.
Cela dit, à part ces éléments, pour la WCSC, un des problèmes sous-jacents que ce recours pose est que, pour qu'il soit efficace, il faudra qu'une quelconque des compagnies de chemin de fer soit disposée à faire office de transporteur de liaison et à faire concurrence aux autres pour ce transport au moyen de l’interconnexion de longue distance. Tout comme son prédécesseur le prix de ligne concurrentiel, cela peut être déterminant pour ce recours. Depuis le début des années 1990, nous n’avons pas observé que des compagnies étaient disposées à se faire concurrence en se servant du prix de ligne concurrentiel, et aucun élément du recours à l’interconnexion de longue distance ne semble changer cette dynamique.
En plus de cela, la portée du transport admissible à l’interconnexion de longue distance, sur le plan géographique et à d'autres égards, est beaucoup plus étroite que ce qui, en théorie, pourrait permettre de profiter de prix de ligne concurrentiels.
Troisièmement, cette solution présente un certain nombre d’obstacles qui n'existent pas actuellement avec le prix de ligne concurrentiel.
De ce point de vue, et compte tenu de notre expérience du prix de ligne concurrentiel, bien que nous ayons observé que certains transporteurs étaient disposés à se faire concurrence jusqu’à 160 kilomètres sous le régime du projet de loi , nous n’avons rien vu de plus. Le prix de ligne concurrentiel a été en vigueur tout ce temps. Nous nous inquiétons que le CN et le CP ne soient pas disposés à se faire concurrence — il est clair que dans l’Ouest canadien, la majorité des interconnexions se fait entre ces deux transporteurs — ce qui est nécessaire pour que pareille solution soit efficace.
Oui, on élimine l’exigence de conclure un marché avec le transporteur de liaison, mais le fait que les gens n’aient pas été en mesure de conclure cet accord n’est vraiment qu’un symptôme de cette question sous-jacente plus fondamentale, qui est que le CN et le CP ont « refusé de se faire concurrence ». Je veux être certain que vous sachiez que ce n’est pas moi qui le dis, mais bien le rapport sur l’examen législatif publié en 1992. On a repris ces mots en 2001, et je pense qu’on a aussi dit quelque chose du genre dans le dernier rapport.
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Comme je le disais plus tôt, nous avons créé cet organisme à la suite de la tragédie de 2013. Ce sont des gens d'affaires locaux qui ont décidé de prendre la situation en main et de tenter de faire ressortir quelque chose de positif de cette tragédie. Nous nous sommes donc associés à des partenaires tels que l'Université de Sherbrooke, le Cégep Beauce-Appalaches, qui est situé dans notre région, et la Commission scolaire des Hauts-Cantons. Ce partenariat va nous permettre de travailler avec des gens se situant à trois différents niveaux d'enseignement. La compagnie de chemin de fer CN et Desjardins comptent également parmi nos partenaires.
Comme vous le savez, il n'y a qu'un seul centre de formation destiné aux premiers répondants au Canada et il s'agit du Justice Institute of British Columbia, le JIBC. Cet institut est situé à Vancouver, plus précisément à Maple Ridge, et offre des services en anglais seulement. Nous voulons créer un centre de formation du même type à Lac-Mégantic, dans l'Est du Canada, et offrir ces services aux francophones ainsi qu'aux anglophones de notre territoire. En effet, comme le Canada est très vaste, il est fort coûteux pour les Québécois, les Ontariens et les gens des provinces de l'Est d'aller suivre de la formation dans l'Ouest, par exemple à Vancouver. À la suite de la tragédie, nous avons ressenti la volonté de créer un centre de ce type à Lac-Mégantic.
Comme vous le disiez plus tôt, madame la présidente, certains membres du Comité permanent des transports, de l'infrastructure et des collectivités sont venus à Lac-Mégantic en juin 2016. L'une des recommandations du Comité était que Transports Canada se joigne à la Ville de Lac-Mégantic pour créer ce centre de formation. Nous sommes ici aujourd'hui pour en parler de nouveau et pour attirer l'attention sur ce projet.
Ce que nous demandons, c'est que Transports Canada uniformise et rende obligatoire la formation des chefs de train et que celle-ci soit dispensée par des organisations accréditées. Nous demandons également que Transports Canada uniformise et rende obligatoire une formation portant précisément sur les risques ferroviaires à l'intention des premiers répondants des localités traversées par une voie ferrée. Comme on le sait, 1 200 villes au Canada sont traversées par un chemin de fer. Or, ces gens ne reçoivent pas la formation nécessaire en matière ferroviaire. C'est donc à cela que nous travaillons.
Nous vous avons fait parvenir un mémoire. Je ne sais pas si tout le monde en a pris connaissance, mais nous pourrons répondre à vos questions concernant ce document.
Bon après-midi à vous, madame la présidente, mesdames et messieurs les membres du comité permanent, madame la greffière et madame et messieurs les témoins.
Je m'appelle Brad Johnston. Je suis le directeur général de la logistique et de la planification de Teck Ressources. Aujourd'hui, je suis accompagné de ma collègue Alexa Young, responsable des relations avec le gouvernement fédéral.
Je vous remercie de nous permettre de présenter l'opinion de Teck au sujet du projet de loi . Teck est une entreprise exploitante de ressources diversifiée et fièrement canadienne. Nous comptons plus de 7 000 employés partout au pays. Teck est le principal utilisateur du réseau ferroviaire canadien, et ses exportations vers l'Asie et d'autres marchés représentent près de 5 milliards de dollars par année. Il est donc très important pour nous que le projet de loi favorise un service de transport ferroviaire transparent, équitable et sécuritaire qui répond aux besoins des utilisateurs et des Canadiens.
Tout au long du processus de consultation qui a mené à l'élaboration du projet de loi, Teck s'est efforcée de proposer des solutions équilibrées aux problèmes importants liés au service ferroviaire qui touchent régulièrement tous les secteurs. Les problèmes qui touchent le service ferroviaire depuis longtemps nuisent à notre compétitivité, à la viabilité économique à long terme de notre chaîne d'approvisionnement nationale, ainsi qu'à la réputation du Canada en tant que nation commerçante. À titre d'exemple, au cours des 10 dernières années, les coûts directs engagés par Teck en raison d'interruptions du service ferroviaire ont représenté de 50 à 200 millions de dollars sur des périodes de 18 mois. Ce sont des coûts, bien entendu, que nos compétiteurs internationaux n'ont pas à payer. Essentiellement, nous croyons que la solution est une législation qui favorise les relations commerciales dans un marché sans concurrence, tout en permettant aux chemins de fer de demeurer rentables et souples sur le plan opérationnel. Cette solution profiterait aux chemins de fer, aux expéditeurs et à tous les Canadiens.
Notre solution repose principalement sur le besoin de mettre sur pied une base de données précise, accessible et complète pour le transport ferroviaire de marchandises. Nous avons également proposé une définition d'un service convenable qui tient compte du monopole dans lequel nous oeuvrons. Teck a également présenté ce qui constitue, selon nous, la seule solution viable à long terme au grand déséquilibre de la relation expéditeur-compagnie de chemin de fer, et ce, afin d'introduire une réelle concurrence au sein du marché du transport ferroviaire de marchandises du Canada en accordant les droits de circulation à tous, y compris les expéditeurs.
Qu'entendons-nous par « droits de circulation »? Comme dans le secteur des télécommunications au Canada, nous voulons voir une vraie concurrence au sein du secteur ferroviaire. Autrement dit, nous proposons une solution qui permettrait à de nouveaux joueurs qui répondent aux critères de gérer un chemin de fer. Nous sommes déçus que l'introduction d’une réelle concurrence ne soit pas prévue dans le projet de loi , encore plus que dans le cadre des examens législatifs antérieurs, mais nous sommes satisfaits de la vision audacieuse d'un grand nombre de dispositions, notamment: les nouvelles exigences redditionnelles pour les compagnies de chemin de fer en ce qui a trait aux tarifs, au service et au rendement; une nouvelle définition de service ferroviaire convenable; des recours plus accessibles pour les expéditeurs relativement aux tarifs et aux services et l'interdiction faite aux compagnies de chemin de fer de transférer unilatéralement la responsabilité aux expéditeurs par l'établissement des tarifs.
Nous croyons également que le projet de loi réussit à répondre aux besoins de tous les intervenants, y compris les expéditeurs et les compagnies de chemin de fer. Par contre, pour que le projet de loi atteigne son but et qu'un équilibre soit atteint, nous croyons que des modifications mineures doivent être apportées. Les modifications que nous proposons visent à résoudre les problèmes de conception qui auront des conséquences non voulues ou qui ne correspondent simplement pas aux buts du projet de loi. Nos amendements proposés visent également à tenir compte de la réalité selon laquelle, en raison des contraintes associées au fait de dépendre d’un seul chemin de fer pour tous les déplacements de notre charbon destiné aux aciéries et des limites géographiques, certains éléments clés du projet de loi , dont l'objectif est de rééquilibrer la relation expéditeur-compagnie de chemin de fer, ne s'appliqueront pas à certains expéditeurs, dont Teck. À titre d'exemple, les dispositions relatives à l'interconnexion de longue distance n'aideront aucunement nos cinq mines de charbon destiné aux aciéries du sud-est de la Colombie-Britannique, car cette région, et de nombreuses autres, ne sont tout simplement pas visées par ces dispositions. De plus, nos recommandations tiennent compte de l'expérience que possède Teck des processus prévus par la loi.
Quant à la transparence, le projet de loi donne de solides munitions pour combler les lacunes au chapitre des données sur le niveau de service qui minent actuellement notre système national de transport ferroviaire et qui font en sorte que les décisions commerciales et stratégiques ne sont pas assez éclairées. Cependant, nous croyons que certaines dispositions relatives à la transparence n'atteignent pas l'objectif qui consiste à rendre accessibles les données pertinentes sur le rendement de la chaîne d'approvisionnement. Nous sommes particulièrement préoccupés par le mécanisme de communication des données énoncé au paragraphe 77(2).
Le modèle américain sur lequel le projet de loi est fondé présente des lacunes et ne fournit pas le niveau de fiabilité, de précision et de transparence requis dans le contexte canadien. Tout d’abord, le modèle américain ne repose que sur une partie des données internes des compagnies de chemin de fer, et il n'est pas exact ni complet en ce qui a trait aux expéditions.
De plus, le modèle américain a été élaboré à un moment où la technologie ne permettait pas le stockage et la transmission de grandes quantités de données. En 2017, nous avons les capacités voulues en matière de stockage de données, et une telle restriction n'est plus nécessaire relativement au système des feuilles de route pour l'interconnexion de longue distance énoncé à l'article 76 ni au système relatif au rendement du service dont il est question à l'article 77. Soulignons que les compagnies de chemin de fer recueillent déjà ces données.
Afin que l'on puisse s'assurer que les rapports relatifs au transport ferroviaire des marchandises contiennent des données suffisamment détaillées en ce qui a trait au niveau de service et qu'ils tiennent compte de la réalité canadienne, nous recommandons un amendement qui garantira que les compagnies de chemin de fer fourniront toutes les feuilles de route plutôt que de limiter les obligations en matière de rapports à ce qui est prévu au paragraphe 77(2).
En ce qui a trait à la capacité de l'Office de recueillir des données sur le calcul des frais ferroviaires et de les traiter, nous croyons que le projet de loi renforcera considérablement la capacité de l’Office des transports du Canada de le faire. Ainsi, ses décisions quant au calcul des frais feront en sorte que les tarifs facturés aux expéditeurs seront justes et justifiables. Cela est primordial pour maintenir l'intégrité de l'arbitrage sur la dernière offre, qui constitue le recours pour les expéditeurs contre les compagnies de chemin de fer et leur pouvoir de marché. Cependant, vu le libellé actuel, nous craignons que les expéditeurs n'aient pas accès au calcul des frais ferroviaires, ce qui va à l'encontre de l'un des objectifs du recours.
Dans le cadre du modèle d'arbitrage actuel sur la dernière offre, les arbitres demandent à l'Office une décision quant au calcul des frais seulement si la compagnie de chemin de fer et l'expéditeur acceptent que la demande soit faite. Nous avons cependant remarqué que les compagnies de chemin de fer refusent habituellement de collaborer avec les expéditeurs et s'opposent à la demande. Le projet de loi doit limiter la capacité d'une compagnie de chemin de fer de refuser ce type de demande. Pour assurer le niveau de transparence et d'accessibilité adéquat afin que les recours prévus soient pertinents, nous recommandons que les expéditeurs aient également accès à une décision de l'Office quant au calcul des frais qui découlent de ce processus.
Quant au niveau de service, nous craignons que le libellé du projet de loi quant à savoir si une compagnie de chemin de fer a respecté ses obligations en matière de service ne tienne pas compte du déséquilibre entre les compagnies de chemin de fer et les expéditeurs, vu le monopole qui existe au Canada. Le paragraphe 116(1.2) du projet de loi C-49 obligerait l'Office à déterminer si une compagnie de chemin de fer s'acquitte de ses obligations en matière de service en tenant compte des besoins et des contraintes de l'expéditeur et de la compagnie de chemin de fer en matière d’exploitation. Le libellé est le même en ce qui a trait aux arbitrages portant sur le niveau de service. Le libellé ne reflète pas la réalité, car pour ce qui est du service qu'une compagnie de chemin de fer peut offrir à ses clients, c’est à la compagnie de chemin de fer de déterminer les ressources à fournir. Ces décisions comprennent l'achat d'actifs, l'embauche de main-d'oeuvre et la construction d'infrastructures, ce qui peut entraîner une ou plusieurs contraintes.
Puisque ces contraintes ne sont déterminées que par le transporteur ferroviaire, il n'est pas approprié qu'elles deviennent un facteur déterminant dans une décision de l'Office. Par conséquent, nous recommandons de supprimer la disposition ou de prévoir l'examen des contraintes.
En guise de conclusion, comme le démontre l'échec des examens législatifs antérieurs touchant le transport ferroviaire de marchandises, malgré de bonnes intentions, la bonne conception des lois est essentielle pour que l'on puisse obtenir les résultats souhaités. Moyennant quelques modifications mineures, le projet de loi permettra de délivrer le Canada du statu quo qui a entraîné des interruptions du service de transport ferroviaire de marchandises à répétitions et mené à une multitude de solutions de fortune qui ont fait des gagnants et des perdants dans toutes les industries au fil des ans.
Encore une fois, en tant que plus grand utilisateur du réseau ferroviaire au Canada, nous croyons que nous avons maintenant l'occasion d'être audacieux et de construire une nouvelle législation du transport ferroviaire de marchandises de renommée mondiale pour le Canada, qui profitera aux expéditeurs, aux compagnies de chemin de fer et à tous les Canadiens. Je vous remercie, et j'ai bien hâte de répondre à vos questions.
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Merci de l'occasion de comparaître devant vous.
Depuis 1916, l'AGF représente les intérêts de l'industrie canadienne en matière de fret ferroviaire, routier, maritime et aérien auprès de divers paliers de gouvernement et organismes internationaux. Nous en sommes dans notre 101e année et, malgré les apparences, je n'étais pas à la première assemblée.
Dans notre témoignage d'aujourd'hui, nous nous attacherons principalement aux modifications du projet de loi aux articles de la Loi sur les transports du Canada qui concernent les expéditeurs ferroviaires, et nous dirons aussi un mot des modifications proposées à la Loi sur la sécurité ferroviaire et à la Loi sur le cabotage.
Le Canada compte une cinquantaine de chemins de fer, mais l'industrie du fret ferroviaire est dominée par deux transporteurs de catégorie 1, qui pèsent environ 90 % des recettes du fret ferroviaire canadien. Le problème fondamental est qu'il n'y a pas de concurrence efficace dans les chemins de fer, et que les obstacles à l'entrée sont si grands que la situation ne saurait être rectifiée par les seules forces du marché.
Le mieux que l'on puisse faire, donc, c'est d'instaurer un régime juridique et réglementaire qui remplacera une concurrence réelle et rééquilibrera le pouvoir de négociation entre les acheteurs et les vendeurs sur le marché du fret.
Certes, il y a une concurrence limitée entre le CN et le CP dans quelques marchés, essentiellement intermodaux, mais pour de nombreux expéditeurs, le marché ferroviaire est un double monopole plutôt que même un duopole; c'est-à-dire que le CN ou le CP est le seul chemin de fer possible pour les expéditeurs à bien des endroits. Il faut noter que le problème n'est pas que dans l'Ouest canadien. Je tiens à le souligner. Le problème n'est pas que dans l'Ouest canadien; il existe dans l'Est également, y compris dans l'axe Québec-Windsor. Le fret ferroviaire n'est pas un marché concurrentiel normal, comme le reconnaît la législation ferroviaire au Canada depuis 100 ans.
Lors du dépôt du projet de loi , le ministre a dit qu'il vise les objectifs suivants:
Le gouvernement du Canada... a déposé aujourd'hui un projet de loi visant à améliorer l'expérience des voyageurs et à mettre en place un système de fret ferroviaire transparent, équitable, efficient et plus sécuritaire pour faciliter le commerce et la croissance économique.
Le projet de loi renferme diverses dispositions qui contribueront à l'atteinte de cet objectif. Dans son examen du projet de loi, l'AGF a analysé les changements proposés et les résultats que les expéditeurs en tireront dans la pratique lorsqu'ils voudront en tirer parti. Nos recommandations visent les parties du projet de loi où notre expérience indique que les dispositions, telles qu'elles sont formulées, ne permettront pas d'atteindre les objectifs que s'est fixés le gouvernement.
Mon collègue, M. Hume, présentera les 10 recommandations que nous proposons au sujet des dispositions concernant les expéditeurs et commentera la politique qui sous-tend le projet de loi .
Je devrais mentionner que M. Hume a travaillé aux Contentieux du CN et du CP, et que, ces 23 dernières années, il a mis sur pied une pratique pour représenter les expéditeurs non seulement devant l'Office des transports du Canada, en tirant parti de toutes les dispositions de la loi qui sont actuellement en place, mais aussi devant les tribunaux, jusqu'à la Cour suprême du Canada inclusivement. Il a des perceptions importantes qui lui sont en quelque sorte propres, en ce sens qu'il est une des rares personnes à avoir eu recours à ces dispositions au cours de sa carrière.
À la fin des remarques de M. Hume, s'il nous reste du temps, madame la présidente, nous commenterons très brièvement les changements proposés à la Loi sur la sécurité ferroviaire et à la Loi sur le cabotage.
Forrest.
Les recommandations que nous faisons sur les dispositions applicables aux expéditeurs sont résumées dans notre mémoire à partir de la page 25. Comme M. Ballantyne l'a indiqué, les recommandations de l'AGF visent à donner effet aux objectifs de la Loi sur la modernisation des transports tels que nous les voyons.
Nos recommandations concernent les changements proposés aux dispositions relatives au niveau de service; le projet de création d'un remède pour l'interconnexion de longue distance; la nécessité d'accroître les pouvoirs de l'Office en matière d'interconnexion; le dégagement d'un financement suffisant pour l'Office et l'octroi du pouvoir d'agir de sa propre initiative, et par requête ex parte s'il y a lieu, pour s'autoriser à partager avec les expéditeurs — et je dis bien « avec les expéditeurs » — l'information fournie par les chemins de fer sur les coûts et les prix raisonnables; la clarification du changement proposé obligeant à déposer une liste de lieux de correspondance; et les changements proposés à l'arbitrage des ententes sur le niveau de service et les modifications à la procédure sommaire pour l'arbitrage sur l'offre finale (AOF).
Après la remise de notre mémoire au Comité, nous avons reçu un exemplaire d'une FAQ de Transports Canada intitulée « Des corridors de commerce aux marchés mondiaux », qui dégage des perceptions sur les enjeux que vise le projet de loi . Malheureusement, le document renferme plusieurs idées fausses qu'il faut corriger.
Ainsi, à la page 11, on peut lire que divers facteurs contribuent à la compétitivité du prix de l'ILD. Cependant, le projet de loi renferme une disposition qui bloque cette compétitivité. Ainsi, le nouveau paragraphe 135(2) interdit à l'Office d'établir le prix plus bas que la moyenne des recettes par tonne-kilomètre pour un transport comparable qui est effectué par le transporteur local. Cela signifie que le prix sera nécessairement non concurrentiel par rapport aux autres recettes pour le transport comparable qui sont inférieures à la moyenne.
Le document précise à plusieurs endroits que les dispositions ILD donnent à l'Office le pouvoir discrétionnaire de définir quel transport est comparable. Ce faisant, par contre, l'Office est restreint dans l'établissement d'un prix concurrentiel par application du paragraphe 135(2).
Notre recommandation pour corriger le problème est double. En premier lieu, il faut préciser au paragraphe 135(2) que l'Office n'établit pas de prix qui est supérieur — et non pas inférieur — à la moyenne par tonne-kilomètre pour un transport comparable qu'effectue le transporteur local.
En second lieu, il faut amender l'article pour obliger l'Office à établir le prix en se fondant sur les prix consentis aux expéditeurs qui ont accès à deux ou plusieurs chemins de fer au point d'origine. S'il n'y a pas de prix concurrentiel, c'est-à-dire de prix qui donne accès à deux ou plusieurs chemins de fer à l'origine, l'Office devrait être tenu de fixer le prix en régie intéressée. Ainsi, les prix seraient établis à partir de prix concurrentiels, plutôt que d'un menu de prix sur un marché captif. Je reviendrai plus loin sur la « régie intéressée », car je crois savoir que c'est un enjeu qui peut prêter à controverse pour vous.
À la page 11, la FAQ mentionne de nombreuses exclusions ILD dans le projet de loi, et les justifie en citant des problèmes possibles de congestion et la difficulté d'imputer la responsabilité pour certaines matières dangereuses. En toute déférence, madame la présidente, et membres du Comité, ces craintes sont sans fondement aucun.
Pourquoi le remède ILD, un remède concurrentiel, devrait-il être hors de la portée de grands groupes d'expéditeurs? Pourquoi devrait-il être discriminatoire à l'endroit des expéditeurs à cause du point d'origine ou du type des marchandises expédiées? Comment tout cela s'aligne-t-il sur notre politique nationale des transports?
Dans un sommaire de nos exclusions, à la page 12, la FAQ renvoie les expéditeurs exclus à d'autres remèdes puisque l'accès à l'ILD leur est refusé. Voilà qui n'est pas rassurant et qui est loin de témoigner de l'efficacité du remède. Nous recommandons d'éliminer les exclusions pour l'ILD.
À la page 7, la FAQ énonce que l'interconnexion étendue a démontré que les chemins de fer peuvent soutenir et soutiennent effectivement la concurrence pour le transport dans les divers réseaux des transporteurs, ce qui donne de la marge de négociation aux expéditeurs. On s'attend de même que l'ILD stimule ce genre de concurrence.
Cependant, la comparaison entre l'interconnexion étendue et l'ILD ne se prête pas à la comparaison. Le prix de l'interconnexion étendue...
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Nous serions d'avis, je suppose, que les décideurs ou les utilisateurs actuels tentent de mener leurs différentes activités dans un vide d'information. C'est essentiellement parce qu'il n'existe tout simplement pas de système cohérent ou rationnel de mesure du transport des marchandises au Canada — comme le système de feuilles de route.
La transition vers un régime de données est un élément de cette vision, et nous applaudissons à cette mesure, convaincus que nous allons dans la bonne direction, mais, avec la formulation actuelle, nous n'y sommes pas encore tout à fait. Quant à certains changements simples à la loi, il est très facile de voir à ce que toutes les données soient prises en compte. Étant moi-même un peu maniaque des données, je dirai que nous voulons les voir. Nous voulons voir les données brutes, pas les données agrégées.
Au sujet de l'article 76, qui concerne les données sur l'interconnexion de longue distance, nous craignons que, si nous copions le système américain, les chemins de fer ne fourniront pas toutes les données. Elles sont toutes recueillies par les chemins de fer, qui ne les communiquent cependant pas. C'est ce que nous disent nos spécialistes qui exercent également aux États-Unis. Cela serait un problème. Rien ne sert de recueillir les données si nous ne les avons pas toutes. Cela serait très probablement la cause d'évaluations ou de conclusions imparfaites, qu'elles s'expliquent par des pannes de service ou par un sous-investissement en infrastructure.
À l'article 77 sur les indicateurs de rendement, si nous voulons mesurer le rendement du système ferroviaire à l'aide de données, nous devons examiner toutes les données là aussi. J'ai parlé des feuilles de route. Il n'en est pas question à l'article 77, mais ce système, c'est essentiellement un enregistrement. C'est un système de consignation du transport d'une marchandise d'une origine donnée vers une destination donnée. C'est un moyen très facile de documenter le transport des marchandises dans notre système. Les deux chemins de fer de catégorie 1 le font aux États-Unis. Ils peuvent le faire au Canada.
Je suis désolé. Votre question était longue et...
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Il n'existe pas de formation en matière de sécurité ferroviaire ou de culture de la sécurité.
Les compagnies ferroviaires nationales, soit le CN et le CP, offrent de la formation sur la sécurité, notamment aux opérateurs, mais cette formation n'est pas reconnue d'une compagnie à l'autre. Autrement dit, un employé du CN qui va travailler au CP doit recommencer sa formation.
Les chemins de fer d'intérêt local, pour leur part, n'offrent aucune formation. Ce sont souvent des retraités du CN ou du CP qui donnent de la formation.
Il n'existe absolument aucune formation commune, qu'il s'agisse des opérations ou de la culture en sécurité. On parle de culture en sécurité ferroviaire depuis l'accident de 2013, mais auparavant, il n'en était pas question dans l'industrie en général. Cela dit, je pense que c'est un point très important.
Dans le projet de loi, on ne parle que des enregistreurs audio-vidéo. C'est une technologie intéressante, mais il reste que c'est un moyen qu'on utilise après qu'une tragédie est survenue. Or, que fait-on pour ne plus qu'il y ait de tragédies? Nous voulons que plus personne ne vive une catastrophe comme celle que nous avons vécue à Lac-Mégantic.
Nous désirons travailler de concert avec Transports Canada et le gouvernement canadien pour améliorer cet aspect de la formation, qui est très important.
Le deuxième aspect que nous touchons est la formation des premiers répondants. Dans l'Est du Canada, ceux-ci ne reçoivent aucune formation en matière de sécurité ferroviaire. Toutes les villes ne peuvent pas se permettre d'envoyer leurs premiers répondants suivre de la formation à Vancouver ou à Pueblo, aux États-Unis. Il faut donc créer un centre pour les francophones, un centre bilingue, dans l'Est du Canada. À mon avis, c'est très important. On ne dit rien dans le projet de loi sur une telle formation. Il n'est question que des enregistreurs audio-vidéo.
Il ne fait aucun doute que le Canada est une nation commerçante. Dans le cas qui nous occupe, c'est l'Australie qui est notre principal concurrent. La production des mines de charbon sidérurgique canadiennes n'a presque pas changé en 10 ans, alors qu'en Australie elle a bondi de, disons, 60 %. Je me demande parfois pourquoi. La chaîne d'approvisionnement est l'une des raisons qui expliquent cet état de fait.
À mon avis, une chaîne d'approvisionnement de calibre mondial, comme on dit, devrait présenter différentes caractéristiques, dont une plateforme d'investissement dans les infrastructures. Les participants comprennent bien cela. On devrait mesurer et surveiller les opérations de la chaîne d'approvisionnement en temps réel. Il devrait aussi y avoir une plateforme de planification ainsi que... Bon, tenons-nous-en à ces trois caractéristiques pour l'instant.
Voilà qui donne la mesure du niveau de contrôle des participants sur la chaîne d'approvisionnement. Tout cela est fondé sur les faits, c'est-à-dire sur les données. C'est pourquoi nous consacrons une grande partie de nos suggestions aux données, à l'évaluation du système américain de lettre de transport. C'est l'élément principal de notre réponse.
Au sujet de la question précédente, j'ai parlé de l'importance de l'exactitude des données. En ce moment, nous ne prenons pas de mesure de nos opérations. Ce n'est pas ce que l'on appelle du calibre mondial et il n'y a pas d'amélioration. Si vous travaillez au système de gestion de la qualité, vous devez mesurer ce que vous faites. La publication de ces mesures doit être transparente. Tout le monde doit partager la même compréhension de ce qui se passe. C'est ainsi que les gens gèrent les chaînes d'approvisionnement.
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J'aimerais formuler encore quelques remarques.
Au mois d'avril de l'an dernier, M. Garneau a déclaré ceci: « Je vois les transports au Canada comme un réseau unique et interconnecté qui stimule l’économie canadienne. »
Si l'objectif global est de rendre notre économie aussi concurrentielle que possible à l'échelle internationale, alors tout ce que comprend le projet de loi , tout comme d'autres mesures législatives évidemment, qu'il s'agisse de l'ALENA, de l'AECG ou autres, devrait être orienté vers ce but. Espérons que les différentes dispositions du projet de loi contribueront à l'atteinte de cet objectif.
La notion de système interconnecté soulève certaines contradictions, comme le fait que chaque acteur du système est, de facto, une sorte d'île coupée du monde et ce n'est rien là qu'un enjeu suscité par la logique normale du libre marché. Chaque acteur tente d'obtenir la meilleure position possible pour lui-même. D'une certaine façon, c'est un casse-tête pour M. Garneau, qui aspire à un système interconnecté.
L'un des problèmes de gouvernance auxquels est confronté le gouvernement est le suivant: comment conjuguer, d'une part, le besoin légitime des entreprises privées qui veulent maximiser le retour sur investissement des actionnaires et, d'autre part, la nécessité d'un système qui fonctionne de manière efficace pour l'ensemble de l'économie.
J'espère que le projet de loi pourra contribuer à cela.
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C'est une excellente question.
Commençons par le temps, en l'occurrence le temps que met un train pour faire le trajet aller-retour entre un point A et un point B. Nous mesurons cela en heures. Cette mesure est hypothétique.
Il y a le temps attribué à une subdivision précise. Quand nous employons le mot « granularité », cela signifie que nous ne mesurons plus les choses selon les moyennes dans l'ensemble du système. Dans le cas qui nous occupe, à savoir le trajet entre le sud-est de la Colombie-Britannique et Vancouver, cela ne nous est pas très utile. Pas du tout, à vrai dire. Nous désirons connaître le temps, la quantité, la disponibilité des locomotives et des wagons pour transporter nos marchandises. Mon Dieu, pourquoi les locomotives? Quelle est la capacité de redondance? Nous ne visons pas la perfection à 100 %, alors nous voulons savoir ce qui est à notre disposition en cas de besoin. Quelle est la capacité contingente en matière de wagons? Certains sont-ils libres? Sont-ils tous utilisés? Nous abordons ces questions dans le détail dans nos recommandations. Il y a le temps attribué à une subdivision précise.
Au sujet de l'enjeu de la congestion tel qu'il se pose à un acteur comme Teck Resources, nous pourrions regrouper les données, mais nous voulons savoir ce qui se déplace dans le couloir où les marchandises sont transportées. Il serait possible de fondre toutes les données de circulation ou de les regrouper selon le type de wagon, la longueur du train, etc. Cependant, quand notre marchandise est combinée à d'autres marchandises, comment les produits réagissent-ils? Voilà ce que nous faisons. Ce qui se produit en janvier peut différer de ce qui se produit en août. Il y a aussi un facteur saisonnier.
Il y a la capacité en main-d'oeuvre. Combien d'employés avez-vous en réserve? Il s'agit de mesurer, de manière très « granulée », la chaîne d'approvisionnement afin de savoir, d'une part, si l'on dispose d'une capacité adéquate — c'est le dénominateur — et, d'autre part, ce qui est transporté — c'est le numérateur.
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Merci, madame la présidente et membres du comité de nous donner l'occasion de discuter du projet de loi avec vous.
Pulse Canada apprécie l'attention particulière que vous portez à ce projet de loi, ainsi que vos efforts pour accélérer son étude avant la reprise des travaux parlementaires. Nous avons déposé un mémoire à votre attention, et je vais aborder quelques-unes des recommandations qui y figurent.
Pulse Canada est une association sectorielle nationale qui représente plus de 35 000 producteurs et 130 transformateurs et exportateurs de pois, de lentilles, de haricots, de pois chiches et de cultures spéciales telles les graines à canaris, les graines de tournesol et les graines de moutarde. Depuis 1996, la production canadienne des légumineuses à grains et des cultures spéciales a quadruplé, et le Canada est maintenant le plus gros producteur et exportateur de pois et de lentilles au monde, ce qui représente le tiers du commerce mondial. La valeur des exportations de l'industrie a dépassé 4 milliards de dollars en 2016.
Le marché des légumineuses à grains et des céréales spécialisées est très compétitif, et le maintien et la croissance de la part de marché du Canada dans plus de 140 pays desservis par ce secteur d'activité représentent une priorité absolue pour l'industrie. Les cultures de légumineuses à grains et de céréales spécialisées sont les cultures céréalières les plus multimodales de l'Ouest canadien; 40 % des exportations de notre secteur qui transitent par Vancouver sont conteneurisées. La gestion efficace de la logistique de ces chaînes d'approvisionnement stimule la compétitivité de notre secteur. À ce titre, un service ferroviaire prévisible et fiable est essentiel pour assurer cette compétitivité et cette croissance économique.
C'est dans cette optique que Pulse Canada a évalué le projet de loi . Fournira-t-il un service amélioré, une meilleure capacité ferroviaire et des tarifs marchandises compétitifs aux expéditeurs de petite et de moyenne taille qui constituent la grande partie du secteur des légumineuses à grains et des cultures spécialisées? Pulse Canada estime que le projet de loi C-49 a le potentiel de produire ces résultats, mais nous aimerions proposer certaines recommandations afin de nous assurer que le projet de loi fournisse les résultats escomptés par le gouvernement, qu'il réponde aux besoins des expéditeurs, ainsi qu'aux attentes de l'ensemble de l'économie canadienne.
Une concurrence accrue est le moyen le plus efficace de fournir de meilleures capacités de service et des tarifs améliorés, et c'est dans ce contexte que le régime de tarifs du trafic d'interconnexion de longue distance proposé présente les meilleures possibilités. Les forces concurrentielles à l'origine de l'élargissement du principe d'interconnexion offert au marché ferroviaire et découlant du projet de loi , ont directement profité aux expéditeurs de légumineuses à grains et de cultures spécialisées, et le secteur souhaiterait que le trafic d'interconnexion de longue distance entraîne les mêmes résultats.
Vous avez aujourd'hui pris connaissance de recommandations importantes et détaillées sur la façon d'améliorer le LIH. Je voudrais simplement insister sur un point: exclure l'accès à cette disposition à de grands groupes d'expéditeurs ou limiter l'accès d'un expéditeur au concurrent ferroviaire le plus proche alors que le concurrent suivant peut peut-être offrir la meilleure combinaison de services, de prix et d'acheminent, diminue considérablement l'effet potentiel de cette disposition. Pour que le LIH fonctionne comme prévu, en laissant prévaloir les forces du marché et la concurrence — un point sur lequel les expéditeurs et les sociétés ferroviaires s'entendent — cela ne devrait pas être artificiellement limité à partir d'une liste d'exclusions qui réduit de vastes possibilités économiques. Ces exclusions devraient être supprimées pour permettre aux expéditeurs et aux compagnies ferroviaires de fonctionner avec le LIH dans un environnement aussi compétitif que possible. Les expéditeurs, les compagnies ferroviaires et l'économie canadienne en retireraient d'énormes avantages. Le retrait de ces exclusions contribuerait également à réduire les différences d'interprétations et d'intentions, ainsi que les problèmes juridiques éventuels qui nuiraient aux décisions liées à cette solution pour les années à venir.
Je vais maintenant me concentrer sur les dispositions du projet de loi qui vise à accroître la transparence de la chaîne d'approvisionnement. La création d'un environnement concurrentiel avec des relations commerciales équilibrées nécessite un réseau de transport ferroviaire de marchandises transparent, afin que toutes les parties prenantes puissent prendre des décisions commerciales fondées sur des informations claires et en temps opportun. Pour y parvenir, le projet de loi propose deux nouvelles réglementations significatives en matière de données et une disposition transitoire qui exigerait que les réseaux ferroviaires fournissent des données sur les services et les performances en fonction du modèle utilisé par la United States Surface Transportation Board. C'est un bon début. Cependant, le projet de loi prévoit que suite à la sanction royale, une année complète s'écoulera avant que ces données ne soient disponibles sur le marché. Lorsque les données deviennent disponibles, le projet de loi permet un décalage de trois semaines entre la collecte de ces données et leur publication.
Dans le cas des États-Unis, les compagnies ferroviaires et l'organisme de réglementation ont commencé à publier ces données dans les trois mois qui ont suivi leur demande, et elles étaient rendues publiques une semaine après leur remise par des compagnies ferroviaires aux responsables de la réglementation. Grâce aux efforts concertés des expéditeurs, des gouvernements et des compagnies ferroviaires, ainsi qu'à un amendement au projet de loi , Pulse Canada croit que le Canada peut au minimum égaler les échéanciers établis aux États-Unis et respecter l'intention du projet de loi C-49 de fournir des données opportunes au marché commercial.
Comme recommandé en décembre par le comité dans votre rapport concernant le projet de loi , le projet de loi a présenté une nouvelle exigence importante afin que les compagnies ferroviaires fournissent des renseignements confidentiels, commerciaux et exclusifs à l'Office des transports du Canada.
Comme vous l'avez constaté, ces données sont importantes, car elles permettraient à l'office d'évaluer plus efficacement les problèmes liés au réseau ferroviaire, puis d'enquêter, et d'exercer son autorité pour émettre des ordonnances aux compagnies ferroviaires. Hier, Scott Streiner a considéré ce point comme étant une question importante et Pulse Canada partage également cette opinion. Cependant, le projet de loi limite l'utilisation de ces données en précisant explicitement qu'elles ne peuvent être utilisées que par l'Office pour calculer les taux d'interconnexion longue distance. Le fait d'exiger ces données des compagnies ferroviaires, mais en réduisant l'étendue de leur application, limite considérablement l'effet de cette nouvelle disposition réglementaire et ne respecte pas pleinement l'intention des données qui est de soutenir l'exécution par l'Office de ses responsabilités légales. Tout aussi importantes, ces données pourraient être utilisées pour mesurer pleinement l'incidence du projet de loi C-49 et permettre des évaluations fondées sur des preuves, jusqu'à l'entrée en vigueur du projet de loi.
Pour conclure, j'aimerais aborder les changements proposés au projet de loi qui élimineront le grain conteneurisé du revenu admissible maximal. Pulse Canada comprend que l'intention du gouvernement à l'égard de ce changement de politique est d'inciter à l'innovation dans la chaîne d'approvisionnement par conteneurs, d'augmenter la capacité des conteneurs et d'améliorer les niveaux de service. Ce sont des résultats précieux et nous devons collectivement nous assurer qu'ils sont atteints, car l'élimination de ce trafic du calcul du RAM pourrait avoir un effet négatif sur la compétitivité internationale des secteurs des légumineuses à grains et des cultures spéciales. Nous devons donc veiller à ce que d'autres dispositions du projet de loi C-49 fixent les conditions nécessaires à cette modification du RAM pour qu'elles soient couronnées de succès et qu'elles donnent lieu à plus de service et à une plus grande capacité. Les recommandations en matière de données que j'ai abordées plus tôt permettront à toutes les parties prenantes d'évaluer le résultat de la politique, mais Pulse Canada a formulé des recommandations concernant d'autres dispositions du projet de loi, afin de s'assurer que l'ensemble des solutions proposé aux expéditeurs, en cas d'échec du service ou de litiges liés aux coûts, fonctionne.
Tout d'abord, la disposition réciproque de pénalité et le processus de règlement des différends qui l'accompagne mis en place pour les accords des niveaux de service représentent un changement précieux qui établira la responsabilité commerciale entre les expéditeurs et les compagnies ferroviaires. Nous félicitons le gouvernement pour l'avoir présenté. Afin de s'assurer de l'efficacité de son fonctionnement, Pulse Canada a demandé au comité d'envisager de préciser que l'intention de ces pénalités est suffisante pour encourager la responsabilisation commerciale et les performances, tout en reconnaissant les différences de pouvoir économique des petits expéditeurs par rapport à celui des compagnies ferroviaires.
Deuxièmement, pour les expéditeurs de petite et de moyenne taille et les expéditeurs conteneurisés qui n'expédient plus dans le cadre du RMA, il sera essentiel que le renforcement général des services d'information de l'Office et des services de règlement des différends présenté dans ce projet de loi, le projet de loi , soit efficace. L'Office ayant la capacité de tenter de résoudre un problème qu'un expéditeur peut avoir avec la compagnie ferroviaire d'une façon informelle offre aux expéditeurs un moyen moins conflictuel, plus rentable et opportun de résoudre les problèmes de service, sans qu'une plainte formelle liée au niveau de service ne soit déposée auprès de l'Office. Ce sont les obstacles auxquels sont confrontés les expéditeurs lorsqu'ils envisagent d'accéder aux dispositions de l'Office, et c'est la raison pour laquelle l'Office a déclaré qu'il augmenterait ses activités de liaison auprès des expéditeurs. Cela n'a rien à voir avec une « campagne de promotion » de l'agence.
Pour réaliser pleinement le potentiel de cette disposition, Pulse Canada demande au comité d'envisager de préciser ce que signifie pour l'Office de prendre des mesures en cas de résolution informelle. Notre point de vue est que la prise de mesures peut inclure une grande variété d'activités, y compris des interrogations, des visites sur le site, des demandes d'informations, des enquêtes, etc. Des précisions sur cette question pourraient aider l'élaboration de ce projet de loi. En définitive, cependant, Pulse Canada considère les pouvoirs de l'Office proprement dit, pouvoirs qui ont été longuement discutés aujourd'hui, comme le moyen le plus efficace et le plus efficient d'aborder les différends et les problèmes de réseau, et invite fortement le gouvernement à examiner la demande de l'Office d'obtenir ces pouvoirs.
Enfin, j'aimerais aborder brièvement une disposition du projet de loi qui est spécifiquement axée sur le secteur des céréales. L'exigence énoncée à l'article 42 du projet de loi, selon laquelle les compagnies ferroviaires autoévaluent leur capacité à transporter le grain au cours d'une prochaine année céréalière et à évaluer les mesures qu'ils prendront pour permettre le transport du grain, peut être une disposition extrêmement puissante qui peut servir de base à la mesure de l'optimisation des activités ferroviaires pendant l'année céréalière, ainsi qu'à sa fin. Afin de renforcer cette disposition et de s'assurer qu'elle livre les résultats escomptés, Pulse Canada offre dans son mémoire, des recommandations pour améliorer cette section, afin de définir clairement les paramètres du type d'information que les compagnies ferroviaires doivent fournir. Pour le secteur des légumineuses à grains et des cultures spéciales, des paramètres bien définis fournissent une plateforme supplémentaire pour le suivi et l'évaluation de l'effet de la décision de retirer le grain conteneurisé du RMA.
Merci.
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Merci, madame la présidente.
En tant que vice-président, je représente les membres qui travaillent sur tous les trains de marchandises, les trains de banlieue et les trains de passagers de ce pays. Auparavant, il y a environ 29 ans, je travaillais comme serre-frein pour le CN. Comme je suis chef de train qualifié et mécanicien de locomotive, j'ai passé une bonne partie de ma vie recroquevillé dans les cabines de commande de locomotives qui mesurent 2,4 mètres ou 8 pieds par 3 mètres ou 10 pieds. Je suis donc très familier avec les questions entourant les enregistrements audio et vidéo dont nous sommes en train de parler.
Le projet de loi entraînerait possiblement l'assouplissement de différentes mesures législatives qui causent énormément de soucis à Teamsters Canada. Nous croyons que le projet de loi C-49, avec ses prétendus avantages qu'il offrirait au public et sur le plan de la sécurité, compromettrait la vie privée de nos membres. Par exemple, nombre d'entre vous se souviendront du déraillement de train qui s'est produit au nord de Toronto. Un groupe de traction a percuté un train, sans causer beaucoup de dommages, certes, mais l'accident est survenu dans un secteur densément peuplé et il a été très médiatisé. Par la suite, un cadre supérieur du CP et propriétaire du matériel roulant et de la voie ferrée a déclaré publiquement que l'accident aurait pu être évité si les locomotives avaient été équipées d'appareils d'enregistrement audio et vidéo. C'est impossible. L'enregistrement audio et vidéo est examiné après l'accident; or, à moins que les employeurs prétendent pouvoir exercer une surveillance audio et vidéo au moment de l'accident, il n'y a pas de prévention possible. Au mieux, ce sont des outils qui permettent d'analyser un accident après coup.
Le Bureau de la sécurité des transports du Canada, le BST, a actuellement accès à des enregistreurs vidéo et audio de locomotives. Or, depuis plusieurs années, VIA Rail et la majorité des transporteurs de marchandises reçoivent des locomotives équipées d'enregistreurs audio et vidéo. Ces appareils placés sous tension enregistrent en direct. Si un incident ou un accident survient, la réglementation actuelle donne au BST plein accès à l'information ou aux données recueillies à la faveur de ce processus.
Le projet de loi proposé autoriserait l'accès à ces enregistrements à un employeur ou à une tierce partie et nous croyons que cette disposition jetterait un froid sur la communication entre les travailleurs dans les locomotives. La dimension de ces locomotives est de 2,4 mètres ou 8 pieds par 3 mètres ou 10 pieds et les employés y passent 10, 12, 14 ou 16 heures; ils communiquent entre eux; ils discutent de choses et d'autres. Nous nous préoccupons du froid que jettera cette mesure sur les communications. Il en a été question et le Parlement a parlé il y a quelque temps de cette culture de la peur qui était inculquée, voire encouragée par la direction du CN. Les membres de la direction se sont tous retrouvés chez CP. Ce même climat se reproduit actuellement, surtout lorsque j'entends les gens de CP parler de la possibilité d'utiliser ce genre de renseignements à des fins disciplinaires. Et ce n'est un secret pour personne, car ils ont approché le syndicat et leur ont dit qu'ils voulaient se servir de ces appareils pour exercer leur autorité sur les employés. Ils veulent utiliser cet équipement de surveillance à des fins de discipline.
Nous croyons que le maintien de communications ouvertes entre les employés dans les cabines de locomotives est essentiel au bon fonctionnement de l'équipement, tout comme le sont les communications entre le pilote et le copilote d'un avion. Si ces communications sont entravées parce que des employeurs peuvent écouter ces enregistrements à volonté et les utiliser simplement comme outil de discipline, peu importe les circonstances, cela ne favorisera certainement pas le maintien de communications ouvertes dans les locomotives. Les renseignements privés ne seront plus du domaine privé. Les gens discutent de choses et d'autres au cours d'une journée de travail. Il s'agit ici du bureau du mécanicien de locomotive et du chef de train; ces derniers y passent de 10 ou 12 heures par jour, parfois davantage, alors ils discutent de tout et de rien. Certaines conversations portent sur les activités ferroviaires, d'autres sur des sujets que tout un chacun peut avoir avec ses collègues durant une journée de travail. Pourquoi les employeurs devraient-ils y avoir accès?
Nous pensons que le projet dans sa forme actuelle va à l'encontre de nos droits en tant que Canadiens. Nous considérons qu'il serait inapproprié de demander une dérogation à la Loi sur la protection des renseignements personnels et les documents électroniques, LPRPDE, pour 16 000 cheminots. Cette mesure nous obligerait à demander une exemption spécialement pour nos employeurs — ceux-là mêmes qui encouragent l'instauration d'une culture de la peur — pour surveiller. Nous avons un problème avec cela.
Nous pensons que le projet de loi est beaucoup trop vague, qu'il ne précise pas comment les renseignements privés seront consultés, recueillis et utilisés. Qui sont ces tierces parties? Quel est l'objectif derrière l'idée d'une tierce partie qui aurait accès à ces renseignements?
Vous avez certainement entendu parler, par le CP du moins, de l'éventualité d'utiliser les enregistrements audio et vidéo à des fins d'enquêtes disciplinaires et dans le cadre d'actions menées contre les employés. Les employeurs ont déjà d'importants moyens mis à leur disposition pour assurer la surveillance de leurs employés. Il existe des caméras orientées vers l'avant appelées les « témoins silencieux »; elles sont disposées à l'extérieur, face aux locomotives, et aux passages à niveau. Il y a des enregistrements audio de ce qui se passe à l'extérieur. On utilise ces renseignements lorsqu'un accident survient à un passage à niveau. Il y a également un consignateur d'événements de locomotive, communément appelé la « boîte noire », qui enregistre toutes les fonctions mécaniques.
Il y a le Wi-Tronix qui contrôle la vitesse et qui permet de surveiller les communications cellulaires. Il envoie un signal d'alarme à l'employeur lorsque quelque chose ne va pas. Actuellement, si un train s'arrête après l'application des freins d'urgence, le Wi-Tronix déclenche un signal d'alarme pour aviser l'employeur. Grâce à cet appareil, l'employeur peut examiner les prises de vue de la caméra orientée vers l'avant à distance. Tout cela existe aujourd'hui. Nous utilisons tout cet équipement actuellement et nous n'avons nullement besoin de cette technologie invasive, de cette caméra vidéo qu'ils colleraient en pleine face des employés pendant 10 ou 12 heures consécutives, enregistrant absolument tout ce qu'ils font.
Nous pensons que ce projet de loi va à l'encontre des recommandations que le BST a faites dans son rapport sur les enregistreurs vidéo et audio dans les locomotives. Le BST recommande plutôt l'enregistrement de renseignements protégés à des fins non punitives et non disciplinaires. Nous sommes d'accord avec cela; nous sommes d'accord avec l'idée de donner accès à cette information au BST. Les possibilités en matière de cueillette de données semblent illimitées. Nous avons parlé de l'utilisation sûre et salutaire des renseignements, mais ce sont là des termes très vagues. Qu'est-ce qu'une utilisation sûre et salutaire exactement? Dans l'état actuel des choses, un enregistrement est effectué, 24 heures par jour, sept jours par semaine, et le BST a accès à ces enregistrements. Devrait-on en donner également l'accès à l'employeur?
Le système judiciaire a confirmé le droit à la vie privée à de nombreux paliers, y compris en arbitrage, dans le cadre d'examens judiciaires, dans les cours d'appel, et jusqu'en Cour suprême. Ce projet de loi nous priverait de ce droit. De nombreuses causes sur cette question ont été débattues. J'en mentionnerai deux. Malheureusement, nous ne disposons que de la version anglaise. Dans un premier cas, un employeur a jugé nécessaire d'acheter une caméra d'un commerçant local et de la placer à l'intérieur de l'horloge d'une salle où les équipes de travail s'enregistrent en entrant au travail, afin de les surveiller subrepticement. L'employeur a déclaré qu'il s'agissait d'un gestionnaire sans scrupule, qui avait agi de son propre chef, mais il ne faut pas oublier que ce gestionnaire sans scrupule a été défendu en arbitrage par une entreprise multinationale. Si ces agissements avaient été jugés bien fondés, le jugement aurait force de loi aujourd'hui au Canada.
Nous avons également eu cet incident avec l'autre employeur fédéral, mettant en cause un gestionnaire qui soupçonnait un employé de réclamer frauduleusement des indemnités à la Commission de la santé et de la sécurité du travail. Le gestionnaire a décidé de son propre chef de retenir les services d'un enquêteur privé sur la base d'une impression, sans aucune preuve ni aucun renseignement étayant ses soupçons. Une cassette vidéo a été utilisée dans le cadre de cette enquête et un gestionnaire a affirmé avoir été mis au courant de l'affaire le lundi suivant un tournoi de hockey. Je me demande ce que ce gestionnaire savait ce vendredi-là pour décider de son propre chef d'embaucher un enquêteur privé afin de surveiller subrepticement son employé, alors qu'il n'avait pas été mis au courant de la situation avant le lundi. Voilà ce que les employeurs sont en mesure de faire aujourd'hui avec l'équipement qu'ils ont à leur disposition. Encore là, la société a présenté le gestionnaire comme une personne sans scrupule qui s'est fait elle-même justice, mais une multinationale a défendu le gestionnaire jusqu'en arbitrage, et si nous n'avions pas gagné, le jugement aurait force de loi aujourd'hui.
Nous croyons en outre que ce projet de loi va à l'encontre de l'article 8 de la Charte des droits et libertés parce qu'il autoriserait l'État ou les employeurs à recueillir des renseignements privés sans toutefois offrir de protection adéquate. Nous ne croyons pas que l'on cherche à atteindre un juste équilibre entre la sécurité et le droit des employés à la vie privée.
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Bonsoir, madame la présidente et mesdames et messieurs les membres du Comité.
Je vous remercie d'avoir invité Fertilisants Canada à venir s'entretenir avec vous aujourd'hui de la . Nous sommes heureux de comparaître devant vous pour vous présenter de l'information sur notre mandat et formuler nos recommandations afin de favoriser le renforcement de l'objectif du projet de loi, à savoir promouvoir la concurrence dans le secteur du transport ferroviaire des marchandises.
Je vais commencer par nous présenter. Je m'appelle Clyde Graham et je suis premier vice-président de Fertilisants Canada. Je suis accompagné de M. Clyde MacKay, notre conseiller juridique sur les questions liées au transport ferroviaire.
Fertilisants Canada représente les fabricants, les grossistes et les détaillants d'engrais azotés, phosphatés, potassiques et sulfureux, et de produits connexes. Collectivement, nos membres emploient plus de 12 000 Canadiens et contribuent à plus de 12 milliards de dollars annuellement à l'économie canadienne grâce à ses installations manufacturières, minières et de distribution de pointe.
Notre association qui comprend des sociétés comme PotashCorp, Koch Fertilizer Canada, The Mosaic Company, CF Industries, Agrium et Yara Canada, entre nombreuses autres, est déterminée à favoriser la croissance continue du secteur des fertilisants par des programmes et des travaux de recherche novateurs et des initiatives de sensibilisation.
Le Canada est l'un des premiers producteurs de fertilisants au monde. Nos produits aident les agriculteurs à fournir des aliments en abondance et de manière viable au Canada et aux États-Unis et dans plus de 70 autres pays dans le monde. Nous jouons donc un rôle fondamental dans l'industrie agroalimentaire canadienne qui, selon le conseil consultatif en matière de croissance économique du , est très novatrice.
Afin de répondre à la demande des agriculteurs dans le monde entier, nous nous appuyons fortement sur le réseau ferroviaire pour le transport de nos produits le long de nos corridors commerciaux vers les marchés nationaux et internationaux. Fertilisants Canada est un fier partenaire du réseau ferroviaire canadien et nous sommes l'un de ses plus importants groupes de clients à la fois pour le CN et le CP.
En tant qu'intervenants clés, nous sommes encouragés à travailler avec le gouvernement, et ce dernier a montré qu'il avait à coeur de moderniser le réseau de transport canadien et d'améliorer sa capacité. Nous saluons les objectifs du projet de loi en ce qui touche le transport de marchandises et nous appuyons nombre de changements qui ont été proposés, y compris ceux qui apportent des éclaircissements aux questions touchant la responsabilité civile, le renforcement de la sécurité ferroviaire, la promotion de la concurrence et la transparence des données.
Dans le contexte actuel de mondialisation croissante, nous sommes heureux de la reconnaissance par le gouvernement de la nécessité d'adopter une approche nuancée du transport des marchandises pour répondre aux besoins de l'économie canadienne. Nous formulons les recommandations suivantes, tout en sachant que le réseau de transport de marchandises par train doit évoluer afin d'assurer que les cadres des sociétés ferroviaires canadiennes ne nuisent pas à la qualité des emplois, au commerce et à la saine concurrence au Canada.
J'aimerais commencer par discuter des exclusions pour l'interconnexion de longue distance.
Les mesures proposées dans le projet de loi empêcheraient certains produits et certaines régions de bénéficier des avantages de l'interconnexion de longue distance, et cela inquiète beaucoup nos membres. Le Canada adhère depuis longtemps au principe du transport public comme fondement de notre économie. Ce principe empêche les sociétés de transport de faire de la discrimination à l'encontre de certains types de biens. C'est ce qui a maintenu l'économie canadienne en marche en dépit des distances considérables. Si l'on amende la loi pour y exclure certains types de biens et certaines régions de l'interconnexion de longue distance, cette mesure aura l'effet négatif d'éroder le principe du transport public, créant un dangereux précédent pour l'ensemble des Canadiens.
Comme la majorité de nos membres exercent leurs activités dans des collectivités et des régions qui dépendent du réseau ferroviaire, si l'accès à l'interconnexion de longue distance leur est refusé simplement pour des raisons de localisation, le prix à payer pour poursuivre leurs activités augmentera d'autant. En ce qui touche la sécurité, j'aimerais également que vous portiez votre attention sur les mesures visant l'exclusion des produits toxiques par inhalation de l'interconnexion de longue distance. L'un de ces produits, l'ammoniac anhydre, est un élément de base des engrais azotés et il est appliqué directement et à grande échelle dans le sol canadien pour l'obtention de récoltes plus saines. Ce fertilisant est indispensable pour de nombreux agriculteurs.
À ce jour, aucune preuve ne porte à croire que ce produit ne puisse être transporté par chemin de fer en toute sécurité. Nos membres ont à coeur la sécurité du transport des marchandises.
Pour étoffer mon observation, je tiens à préciser que nos membres utilisent les wagons construits précisément pour la manutention en toute sécurité de l'ammoniac. Nos membres paient des sommes élevées pour la couverture d'assurance et les mesures de sécurité nécessaires à la protection du transport des produits. Ils paient déjà des tarifs marchandises nettement supérieurs pour le transport de matières dangereuses et notre association élabore de façon proactive des codes de sécurité et des ressources didactiques pour la chaîne d'approvisionnement et pour les premiers intervenants afin de favoriser la manutention sécuritaire des engrais.
D'autres catastrophes, comme celles survenues à Lac-Mégantic, ne doivent jamais se reproduire. Cependant, il faut adopter une approche sur le transport de marchandises dangereuses axée sur des décisions de principe responsables à l'aide de données probantes.
Je tiens à préciser qu'il n'existe aucune raison de sécurité, et il n'en a jamais existé, pour discriminer l'expédition de MTI, comme l'ammoniac, par interconnexion de longue distance. Nos membres paient déjà des taux de prime, ce qui permet d'indemniser les compagnies ferroviaires qui assument la responsabilité d'assurer la manutention de ces produits. Au sujet du transport de l'ammoniac, les taux sont de quatre à cinq fois plus élevés que pour d'autres genres d'engrais. Les prix d'interconnexion de longue distance établis par l'Office en tiendront compte et permettront d'indemniser adéquatement les compagnies ferroviaires.
J'aimerais également vous présenter brièvement deux autres recommandations portant sur les changements prévus à la zone d'interconnexion agrandie et aux lieux de correspondance.
Tout d'abord, une mise en garde s'impose contre les dispositions qui permettraient aux compagnies ferroviaires d'annuler le service des lieux de correspondance par la présentation d'un simple préavis. Nous sommes d'avis que les modifications proposées empêcheraient l'Office des transports du Canada de rétablir les lieux de correspondance et accentueraient le déséquilibre de pouvoir actuel entre les expéditeurs et les compagnies ferroviaires. Auparavant, les compagnies ferroviaires refusaient la présence de lieux de correspondance afin d'éviter le transfert du transport ferroviaire vers des réseaux adjacents. Nous recommandons d'abolir cette disposition du projet de loi afin d'éviter de commettre à l'avenir un préjudice contre les expéditeurs captifs.
Ensuite, les membres de Fertilisants Canada sont déçus de la décision du gouvernement de mettre un terme à la disposition sur la zone d'interconnexion agrandie dans un rayon de 160 kilomètres. Je crois bien que cette question a été abordée plus d'une fois. Nous avons constaté que l'interconnexion dans un rayon de 160 kilomètres a permis d'améliorer la concurrence sur de plus longues distances comme l'a confirmé Transports Canada. Puisque le fret ferroviaire dans l'Ouest canadien n'a pas fondamentalement changé depuis l'adoption en 2014 du règlement sur l'interconnexion dans un rayon de 160 kilomètres, nous sommes déçus que le gouvernement ait décidé de mettre un terme à la zone d'interconnexion agrandie.
Le secteur des engrais canadien est un fier partenaire du réseau ferroviaire du Canada. Ce réseau fonctionne bien pour l'ensemble des industries canadiennes. Il s'agit d'une approche concertée sur le transport des biens au Canada et ceux destinés à l'exportation. Ensemble, nous contribuons à la concurrence du Canada sur les marchés mondiaux dans le secteur agroalimentaire grâce au commerce et au transport. Notre industrie de 12 milliards de dollars et les 12 000 emplois comptent sur un réseau ferroviaire moderne, concurrentiel et en santé pour survivre et prospérer. Il est crucial pour nous de veiller à ce que nos produits soient livrés en toute sécurité aux agriculteurs, notamment vers la région du Niagara, les champs de céréales des Prairies ou dans les terres intérieures de la Colombie-Britannique et nous sommes très fiers de nos réussites à ce chapitre.
Nous appuyons vivement la plupart des propositions présentées dans ce projet de loi et en saluons les intentions. Les expéditeurs captifs, qui sont affectés à une ligne ferroviaire et tributaires de la compagnie de chemin de fer, doivent profiter de notre infrastructure ferroviaire à l'échelle nationale. Nous nous réjouissons que le gouvernement les appuie. Nous croyons, cependant, que d'autres efforts s'imposent et nous encourageons donc les membres de ce comité à tenir compte de nos recommandations. Nous estimons pouvoir améliorer le projet de loi grâce à l'adoption d'une approche de principe réfléchie et axée sur des faits probants.
Je vous remercie. Il s'agit de la fin de notre exposé. Ian et moi serons heureux de répondre à vos questions.
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Heureusement, oui. Tout d'abord, l'EAVL ne changerait rien à la fatigue.
Déjà, en 2010, les responsables du chemin de fer du CN et notre syndicat commençaient à négocier dans la convention collective des méthodes permettant de régler le problème de la fatigue. On n'a pas accordé la priorité à cette question, et la situation n'a pas beaucoup progressé. La dernière convention collective, qui — je crois — a été ratifiée avec le CN le 4 août, contenait beaucoup plus de dispositions sur la fatigue. En outre, le CN et les Teamsters ont établi, avec l'aide d'un spécialiste en matière de fatigue — un ancien agent du BST qui se spécialise dans la science du sommeil —, un plan de collaboration afin que nous puissions travailler ensemble pour cumuler des renseignements scientifiques et en faire le suivi pour nous assurer que les méthodes que nous adoptons en ce qui a trait à l'horaire, au repos et à l'équilibre travail-vie personnelle des membres d'équipage ont une incidence positive et factuelle. C'est une chose que d'affirmer que nous pensons que ces méthodes seront utiles; c'en est une autre que de mesurer leur utilité.
Je crois que vous avez entendu aujourd'hui les représentants du CN aborder un peu l'étude menée au moyen de l'appareil Fitbit, dans le cadre de laquelle nous... J'en ai porté un. Je ne ferais rien porter à nos membres que je ne porterais pas moi-même. L'appareil surveille nos habitudes de marche et de sommeil. Il y a quelques bogues, au début. Par exemple, selon l'enregistrement, durant une période de deux heures où je me trouvais à une réunion concernant les pensions, je dormais, alors il y a eu un petit débat à ce sujet, mais nous avons réglé certains des bogues à cet égard, et nos membres portent les appareils. Nous prévoyons — c'est ce que nous avons fait — les mettre dans un environnement sans horaire établi et sans les améliorations que nous avons négociées, faire le suivi des renseignements sur les membres, transformer leur environnement afin qu'il soit plus structuré, selon un horaire établi, puis les laisser s'y adapter. Nous commençons tout juste à recevoir les données contenant les renseignements de suivi, et, jusqu'ici, c'est très positif.
Nous recevons des lettres de membres qui disent: « Ma foi, j'ai enfin une vie, et les choses fonctionnent bien. »
Fait intéressant: la semaine dernière — je ne suis pas certain de ce que les représentants du CP vous ont dit à ce sujet —, nous avons conclu un accord provisoire avec le chemin de fer du CP, soit une prolongation de un an des conventions collectives actuelles des mécaniciens de locomotive et des chefs de train du CP. Cette entente arrivera à échéance en décembre. Une prolongation provisoire a maintenant été présentée à des fins de ratification. La pierre angulaire de cette entente, ce sont les dispositions qui concernent l'établissement des horaires de manière à tenter d'éviter la fatigue d'une façon semblable, à l'aide des mêmes spécialistes du sommeil que ceux à qui nous avons recours, au CN, pour tenter d'apporter des améliorations sur ce plan également.
Nous observons beaucoup de progrès, depuis un meilleur équilibre travail-vie personnelle jusqu'à des gens qui ne s'absentent pas à l'improviste, en passant par un meilleur maintien en poste pour les employeurs, qui profitent d'une meilleure assiduité au travail.
Nous suivons le processus relatif aux conventions collectives pour y arriver, alors il y a eu de bonnes nouvelles. Vous êtes peut-être au courant de l'entente conclue la semaine dernière, mais cette entente est positive pour tout le monde afin que l'on tente de faire avancer les choses sur ce plan.
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Merci, madame la présidente.
Je vais continuer avec le thème auquel je m'en suis tenu au cours des dernières heures. Je vais adresser mes questions à M. Graham.
La vision d'ensemble m'intéresse beaucoup. Soyons clairs: il ne s'agit que des affaires. Il s'agit de pratiques commerciales et, par le fait même, de tenter d'établir un équilibre fondé sur la valeur du rendement des investissements, qui nous donne, au final, comme vous l'avez mentionné plus tôt, un meilleur rendement de l'entreprise et de ceux que vous représentez. Les membres de Fertilisants Canada comptent pour 12 000 emplois et contribuent annuellement à hauteur de 12 milliards de dollars à l'activité économique au Canada seulement; 12 % de l'approvisionnement en fertilisants du monde provient du Canada, apportant une forte contribution au PIB sur laquelle nous comptons; le Canada exporte des fertilisants dans plus de 80 pays, et 95 % de la production de potasse du Canada est exportée; enfin, le fertilisant est la troisième marchandise expédiée en masse par les chemins de fer canadiens. Vu tous ces éléments, il y a de fait quelque chose à dire à ce sujet.
Ce qui m'intéresse le plus dans ce processus d'écoute, cette semaine, c'est que nous nous assurions d'intégrer les caractéristiques du projet de loi dans la grande vision d'ensemble concernant les bonnes pratiques commerciales. Cela devient pour vous un moteur pour que la vision du , qui suppose de s'assurer que les investissements futurs en matière d'infrastructures sont alignés sur une stratégie de transport nationale, commence à prendre forme et que nous ne nous retrouvions pas avec les mêmes problèmes et difficultés que ceux que nous avons déjà éprouvés au début du siècle, lorsque nous avons commencé à construire ces éléments d'infrastructure en vase clos, malheureusement.
Comment pouvons-nous intégrer nos données, notre distribution, nos systèmes logistiques? Comment pouvons-nous nous assurer d'intégrer non seulement notre infrastructure de transport nationale, mais aussi notre système de transport international, pour que, de nouveau, notre PIB connaisse une croissance rapide pendant de nombreuses années, pour 30 à 50 ans? Voici ma question: comment pouvons-nous nous améliorer pour devenir un moteur qui vous permettra de faire des affaires?
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Nous voulions que la limite soit permanente parce qu'il y avait là, selon nous, une valeur réelle pour les expéditeurs. La capacité de service à un juste prix découle de la concurrence. L'accroissement des distances limites d'interconnexion le permettait. La mesure était très claire et simple, et elle fonctionnait bien.
Nous avions une longue liste d'autres recommandations. Chez Pulse Canada, nous mettons beaucoup l'accent sur les données, nos travaux sont vraiment axés sur les données. Nous mettons l'accent sur les données probantes: nous ne voulons pas utiliser de données anecdotiques pour décrire les défaillances de service: nous voulons que tout ça soit mesuré. Nous avons consacré beaucoup d'argent pour obtenir de nouvelles données. Les données sont très importantes. Le projet de loi fait vraiment monter la barre en ce qui a trait aux données, pas autant que nous le voudrions, mais tout de même.
Pour ce qui est des pouvoirs d'agir de sa propre initiative dont dispose l'Office, pour les expéditeurs de petite et moyenne tailles, il y a d'importants obstacles pour avoir accès au processus de plainte sur les niveaux de service, ou d'arbitrage de l'offre finale. Ils n'ont ni le temps, ni l'argent, ni le désir de vraiment combattre une compagnie de chemin de fer lorsque le service est déficient. Selon nous, dans de tels cas, il faut un cadre réglementaire plus strict, et nous avons besoin d'un organisme qui a en sa possession les données et les éléments de preuve et qui peut surveiller le réseau et intervenir lorsque les services sont défaillants.
Comme nous en avons discuté plus tôt aujourd'hui, les pouvoirs d'agir de sa propre initiative sont extrêmement importants pour nous. Nous n'avons pas vu de disposition à ce sujet dans le projet de loi, et c'est l'une de nos recommandations maintenant. Nous aimerions qu'une telle disposition s'y trouve.
Ce sont là, selon moi, les principaux enjeux. Les pénalités réciproques sont aussi très importantes. Nous avons constaté qu'il y a une disposition à ce sujet dans le projet de loi. Tout ce que nous demandons, en fait, c'est que l'intention soit précisée. Lorsqu'on parle d'une pénalité équilibrée ou d'un montant équilibré — ce qu'un expéditeur peut payer comparativement à ce qu'une compagnie de chemin de fer peut payer — lorsqu'on pense aussi au montant qu'il faut établir pour susciter un changement comportemental, eh bien, ces montants sont très différents. Si un expéditeur doit payer un frais de 100 $ parce qu'il n'a pas chargé un wagon à temps, ce montant a un impact, mais des frais de 100 $ pour la compagnie de chemin de fer qui ne livre pas les wagons à un expéditeur qui en expédie 15... l'entreprise va probablement tout simplement choisir de payer la pénalité, c'est possible.
Qu'est-ce qui, alors, entraînera un changement comportemental dans le cadre du contrat? C'est ce que nous voulons vraiment. Tout est là. Il ne s'agit pas de modifier le libellé du projet de loi, il suffit d'en préciser l'intention. Il faut trouver le juste équilibre entre la prise en considération de la capacité des petits expéditeurs comparativement à celle d'une grande compagnie de chemin de fer et la façon d'accroître le rendement.
Je proposerai donc les trois éléments suivants: les données, les pénalités réciproques et la création d'une option concurrentielle qui prolonge les distances d'interconnexion. Nous voulons offrir des services de transport sur de longues distances, peu importe le nom qu'on donnera au système ou de quelle façon il fonctionnera, nous voulons obtenir des résultats. Nous sommes préoccupés, actuellement, par toutes les exclusions.
Comme vous l'avez entendu aujourd'hui, l'établissement des coûts... Nous sommes favorables à toutes ces choses. Il est très important pour nous que le système fonctionne. C'est le résultat qui importe. Nous mettons l'accent sur les résultats. Les expéditeurs n'accordent aucune importance aux noms qu'on donnera à ces choses: ce sont les résultats qui importent.
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Il ne coûte rien aux compagnies de nous retirer nos droits à la vie privée. Très souvent, lorsque je regarde la réglementation ferroviaire, il y a beaucoup de poudre aux yeux, beaucoup de choses, mais on ne veut pas vraiment dépenser d'argent.
Une de nos préoccupations, ici, dont M. Hackl a parlé avec beaucoup d'éloquence, concerne toutes les fonctionnalités déjà en place qui pourraient être utilisées actuellement. Lorsqu'on retire à quelqu'un son droit à la vie privée, la première question que les tribunaux poseront, c'est de savoir s'il y avait une solution de rechange qui aurait pu être utilisée pour en arriver à la même fin ou obtenir de meilleurs résultats sans retirer ce droit à la vie privée. La réponse est oui. De telles possibilités existent déjà.
Ce à quoi j'aimerais que tous les députés réfléchissent, c'est cette pente glissante, le fait que, selon moi, la bureaucratie a mis de l'avant son programme depuis longtemps dans ce dossier. C'est une lutte que nous avons menée pour eux. Ils ne sont pas particulièrement gentils pour nous ni pour la main-d'oeuvre. Pour dire les choses simplement, ils veulent cette politique parce qu'ils veulent qu'on en arrive là. Il y a beaucoup d'autres façons de procéder, mais ils vont simplement retirer à quelqu'un son droit à la vie privée. Ils se disent, pourquoi ne pas seulement soustraire quelqu'un à la Constitution. Retirons tout simplement ses droits.
Selon moi, tous les députés devraient être contre une telle chose et devraient bien y réfléchir. Surtout dans le cas des députés du Parti libéral, on parle ici du fondement de la plupart de ces droits. Le simple fait qu'un bureaucrate ou quelqu'un se pointe et dise que c'est quelque chose qu'il aimerait faire... M. Hackl a présenté ce qui est déjà en place avec beaucoup d'éloquence, et il faut tenter d'éviter à tout prix cette pente glissante.