:
Bonjour à tous et à toutes.
J'aimerais savoir s'il y a consentement unanime pour que nous puissions entendre au moins un des témoins. Cela nous ferait gagner du temps par la suite. Si vous préférez que nous suspendions la séance, le temps d'aller voter et de revenir, c'est possible aussi.
Je suis prêt à entendre vos propositions.
Pour ma part, je suggère que nous entendions au moins un des témoins, avant de partir.
J'interprète votre silence comme une absence d'objection. Alors, allons-y.
En premier, je donne la parole à M. Marchi.
:
Bonjour, monsieur le président et chers membres du Comité.
Je m'appelle Sergio Marchi et je suis président et PDG de l'ACE, Association canadienne de l'électricité, la voix nationale de l'électricité depuis 1891. Notre mémoire, rédigé au nom de nos membres, contient 10 recommandations qui, nous l'espérons, vous aideront dans vos délibérations.
Un approvisionnement fiable en électricité est désormais indispensable dans une économie nationale se voulant concurrentielle et offrant une bonne qualité de la vie. Cependant, nombre de nos infrastructures arrivent au terme de leur cycle de vie utile, ce qui revient à dire que le Canada doit sérieusement réinvestir dans ses réseaux d'électricité. Plus précisément, le Conference Board a estimé que, jusqu'en 2030, nous devrons investir quelque 350 milliards de dollars. C'est pour cela que nos membres ont investi massivement à raison de près de 20 milliards de dollars par an dans leurs réseaux. Effectivement, au moins trois des cinq plus importants projets d'infrastructure des 10 dernières années ont été réalisés par notre secteur, selon le magazine ReNew Canada. Cette année, 7 des 10 plus importants projets de construction canadiens seront réalisés dans un domaine lié à l'électricité. Toutefois, ce rythme est insuffisant, et nous allons devoir nous adapter à de nouvelles technologies, à des sources de production différentes et à une demande changeante du côté de la consommation.
Mon association est favorable à la création de la BIC, la Banque de l'infrastructure du Canada. À condition qu'elle soit bien pensée et correctement mise en place, cette banque pourrait énormément favoriser les investissements dans le secteur de l'électricité, de même que dans des industries clés qui sont essentielles au maintien de la prospérité économique et à notre avenir. À cet égard, l'ACE formule les recommandations suivantes.
Premièrement, il conviendrait que la BIC accorde la priorité à des projets qui cadrent avec l'avenir énergétique vert du Canada afin de contribuer à des projets porteurs de changements, comme la modernisation du réseau d'approvisionnement, l'énergie distribuée, l'électrification des transports et la production d'énergie sans émissions. Il pourrait aussi être question de projets d'infrastructures vertes permettant de réduire l'empreinte au carbone du Canada et de faire en sorte que nous soyons plus résilients face aux changements climatiques.
Deuxièmement, il y a lieu de tenir pleinement compte de chaque structure organisationnelle des participants de notre secteur, qu'elle soit publique, privée ou hybride.
Troisièmement, il faut réserver un siège au conseil d'administration à une personne ayant de l'expérience dans le secteur de l'électricité, étant donné la très grande importance de celui-ci sur le plan économique.
Quatrièmement, il faudra examiner toutes les stratégies de financement, tous les flux de revenus et tous les mécanismes d'atténuation des risques en vue d'optimiser le rendement, moyennant la plus petite contribution possible par les contribuables. Cela voudra dire un financement par actions, par investissements directs et par garanties de prêt.
Cinquièmement, il est essentiel de tenir des consultations précoces avec les intervenants et de les maintenir. Cela supposera notamment la mise sur pied d'un comité consultatif composé de représentants de l'industrie, la réalisation d'un premier examen avant la limite de cinq ans et la codification d'un processus de demandes qui soit transparent et efficace.
Sixièmement, la BIC devrait faire office d'organisme centralisateur pour le gouvernement fédéral en vue d'améliorer les processus d'approbation.
Septièmement, il est essentiel de solliciter des projets dans toutes les parties du Canada pour garantir un équilibre régional et tenir compte, par exemple, du caractère unique sur le plan économique du Nord du Canada ainsi que de la participation des peuples autochtones.
Huitièmement, il va falloir également tenir compte des technologies novatrices parce qu'il est important de faciliter des projets novateurs, même si cela est synonyme de rendements inférieurs à court terme. Après tout, la véritable innovation prend du temps pour donner des résultats, mais la bonne innovation paye à terme.
Neuvièmement, les projets d'infrastructure transfrontaliers, comme les lignes de transmission vers les États-Unis, devront être admissibles au financement de la Banque, puisqu'ils stimulent nos revenus d'exportation et permettent de réduire les GES à l'échelle du continent.
Dixièmement, nous devrions nous inspirer des meilleures banques semblables à la nôtre et reproduire leurs modèles.
Je conclurai en disant que, par leur histoire, les Canadiens ont montré qu'ils comprennent tout à fait l'importance d'envisager l'avenir. Rappelons-nous les grands chantiers ferroviaires du XIXe siècle, l'autoroute, la voie maritime et les systèmes de radiotélédiffusion du XXe siècle ou encore le bras canadien qui a permis à l'homme de travailler dans l'espace. Tout cela relève de la construction de notre infrastructure nationale, autrement appelée édification de la nation. Chaque fois que nous avons oeuvré ainsi, nous avons transformé le pays, nous l'avons uni et nous avons jeté les bases de la prospérité économique pour les générations à venir.
Comme ce travail d'édification d'une nation ne prend jamais fin, l'ACE se réjouit de songer que la Banque de l'infrastructure du Canada sera un autre instrument national qui contribuera à créer un avenir meilleur pour tous les Canadiens, un avenir où l'environnement sera mieux protégé.
Merci, monsieur le président. Voilà qui résume les 10 recommandations qui sont beaucoup plus étayées dans notre mémoire.
:
Nous reprenons la séance.
Merci, monsieur Aubin. Je crois savoir que vous avez ouvert la séance tout à l'heure et que vous l'avez pilotée, mais n'oubliez pas que notre comité avait décidé de ne pas siéger quand la sonnerie retentirait. C'est la raison pour laquelle je ne suis pas revenue pour ouvrir la séance. Quoi qu'il en soit, monsieur Aubin, vous aviez l'accord unanime des membres du Comité, ce qui est très bien. M. Marchi a donc eu la possibilité de faire son exposé.
Nous sommes limités par le temps et nous devons entendre trois témoins. M. Marchi s'est déjà exprimé, mais il serait intéressant d'entendre aussi les deux autres.
Monsieur Khan, nous allons commencer par vous et nous enchaînerons par Mme Ryan. Après cela, nous passerons aux fonctionnaires.
Vous avez la parole.
:
Merci, madame la présidente et messieurs les vice-présidents, et merci aussi aux membres du Comité permanent des transports, de l'infrastructure et des collectivités de la Chambre des communes. Je suis honoré d'être ici, devant vous.
[Français]
Je ferai de brefs commentaires sur le projet de loi , notamment en ce qui concerne les infrastructures essentielles du Canada.
[Traduction]
L'Institut des finances publiques et de la démocratie, dont je suis directeur de la performance, a récemment publié un article qui évalue les risques et les possibilités associés à la Banque de l'infrastructure du Canada. Cette étude a pour hypothèse fondamentale qu'il faut se doter d'un plan national en matière d'infrastructure assorti d'une stratégie, le tout s'appuyant sur des données factuelles. Voilà donc quelle devrait être la première priorité.
[Français]
Notre travail à cet égard nous a permis de cerner trois éléments clés qui forment la base des étapes nécessaires pour façonner un plan de travail et une stratégie nationale pour les infrastructures essentielles.
[Traduction]
Premièrement, il faudrait évaluer notre parc d'infrastructures actuel. Il faut plus particulièrement se demander si ces infrastructures donnent ou sont en voie de donner les résultats escomptés, tels qu'on les avait envisagés à l'étape de leur approbation.
Un rapport produit par le National Audit Office du Royaume-Uni souligne les coûts et les difficultés associés à la réalisation de grands projets d'État, ainsi qu'un certain nombre de problèmes récurrents qui plombent la performance. Des 149 grands projets recensés au Royaume-Uni en date de juin 2015, pour un coût total sur tout le cycle de vie de 511 milliards de livres, les chercheurs ont estimé peu probable, voire impossible de mener à terme 34 % de ces projets à moins que des mesures ne soient prises. Les investissements dans les infrastructures ne sont pas, à eux seuls, garants de résultats.
[Français]
La deuxième étape est de mener une analyse stratégique des besoins futurs du Canada en ce qui a trait aux infrastructures.
[Traduction]
Cette analyse devrait permettre de recenser les retombées économiques, sociales et environnementales que devraient donner les investissements dans les infrastructures. Elle tiendrait compte de facteurs comme les tendances démographiques, l'augmentation de la population, les activités économiques actuelles et projetées, les corridors commerciaux et les futurs déterminants de la croissance économique, l'environnement ainsi que les besoins et les écarts importants d'une région à l'autre.
Enfin, après avoir dressé un constat de l'état de nos infrastructures actuelles et de nos futurs besoins en la matière, nous pourrons déterminer jusqu'à quel point nous sommes loin de combler nos futurs besoins. Voilà les données probantes minimales dont nous avons besoin afin d'élaborer un plan national en matière d'infrastructures ainsi qu'une stratégie connexe.
On évalue actuellement que l'écart sur le plan des infrastructures nationales au Canada va de 0 à 1 billion de dollars. Bien que toute projection soit synonyme d'incertitude, cet écart est énorme et on ne s'y fiera pas pour bâtir une stratégie nationale en matière d'infrastructure.
[Français]
Il est impératif de comprendre où nous en sommes et où nous nous en allons. Ce n'est qu'à ce moment qu'une feuille de route peut être tracée afin de nous rendre à destination.
[Traduction]
Reconnaissons cependant que le budget de 2017 fait état d'une ambitieuse initiative de collecte de données dans le cas des infrastructures canadiennes, cela pour guider les investissements directs à réaliser dans les infrastructures. De plus, dans la Loi de mise en oeuvre du budget, il est précisé que la Banque de l'infrastructure du Canada sera notamment chargée de recueillir et de diffuser les données de surveillance et d'évaluation de l'état des infrastructures au Canada.
Selon nous, cette initiative dont il est question dans le budget de 2017 et le rôle de la Banque correspondent précisément à ce qu'il faut, d'abord et avant tout, pour disposer d'un plan national en matière d'infrastructure fondé sur des données et d'une stratégie connexe. Les détails relatifs à cette initiative devront être annoncés dans les prochains mois et nous attendons avec impatience de savoir ce dont il sera question et quel sera l'échéancier fixé.
Commençons par l'élaboration du plan, puis enchaînons par la mise en place des stratégies et des instruments appropriés, comme la Banque, qui permettront au mieux de réaliser ce que prévoira le plan.
[Français]
Ces initiatives sont malheureusement dans le mauvais ordre: nous mettons la charrue devant les boeufs.
[Traduction]
Merci pour le temps que vous m'avez accordé pour cette occasion de m'adresser à vous aujourd'hui. Je suis maintenant prêt à répondre à vos éventuelles questions.
:
Bonjour, je m'appelle Sarah Ryan et je suis recherchiste supérieure au SCFP. Merci beaucoup d'avoir invité le SCFP à vous faire part de ses préoccupations au sujet de la Banque de l'infrastructure du Canada.
Le Syndicat canadien de la fonction publique, le SCFP, est le plus important syndicat au Canada, puisqu'il représente 643 000 travailleurs à l'échelle du pays. Les membres du SCFP sont employés dans différents domaines et secteurs: dans les soins de santé, dans l'éducation, dans les municipalités, dans les bibliothèques, dans les universités, dans les services sociaux, dans les services publics, dans les services d'urgence, dans les transports et dans les compagnies aériennes.
En prenant connaissance des nouvelles précisions communiquées au sujet de la Banque de l'infrastructure du Canada, les membres du SCFP ont exprimé de sérieuses craintes que la Banque ne soit en fait qu'un outil de privatisation. Ils craignent beaucoup que la Banque ne conduise à la privatisation des aéroports, des ports, des transports en commun, des routes, des autoroutes, des ponts, des réseaux d'eau potable et d'égout, des services publics d'hydroélectricité et des réseaux de transmission. Ce sont autant de services clés dont la population canadienne dépend quotidiennement.
Le projet de loi précise que les projets d'infrastructure financés par la Banque doivent rapporter des revenus et promouvoir l'intérêt public. Or, il n'est possible de générer des revenus que de deux façons: par l'imposition de taux d'intérêt élevés sur les prêts et par l'application de droits de péage ou de frais d'usager dans le cas des nouveaux projets d'infrastructure ou même des infrastructures existantes.
Le mandat de la Banque est foncièrement contradictoire. Les investisseurs privés seront de toute évidence les grands gagnants de cette opération, puisque les recettes des projets financés par la Banque tomberont dans leur poche. En revanche, les grands perdants seront les Canadiens qui dépendent quotidiennement des infrastructures pour leur chauffage et pour leurs déplacements, ainsi que pour avoir accès à de l'eau potable. Le public devra assumer les coûts des taux d'intérêt élevés qu'imposera la Banque et il sera durement touché par une augmentation du coût de la vie qui découlera des nouveaux frais d'usager et des droits de péage.
Le projet de loi permettra également la présentation de projets d'infrastructure hors sollicitation. Ce faisant, les investisseurs se retrouveront en position de contrôle et pourront eux-mêmes fixer les priorités quant à ce qu'il conviendra de construire.
La Banque confiera aux investisseurs un contrôle sans précédent sur la façon de construire, d'exploiter et de structurer les infrastructures. Les projets d'infrastructure élaborés par les investisseurs privés seront pensés en fonction des profits que pourront en tirer les bailleurs de fonds et des risques qu'ils seront appelés à prendre, cela sans aucun rapport avec les besoins ni les intérêts du public. Cette formule prive les gouvernements et les citoyens de la capacité de décider du genre d'infrastructures dont ils ont besoin dans les collectivités, et de la manière de les construire et de les financer. On se trouve à limiter très sérieusement la capacité du public à influencer les décisions relatives aux investissements dans les infrastructures.
Le a indiqué que le Cabinet aura le dernier mot sur ce qu'il convient de construire, mais puisque la Banque pourra travailler avec des investissements privés, les membres du SCFP ne sont pas certains que le Cabinet sera disposé ou en mesure de rejeter une quelconque proposition émanant des investisseurs. Qui plus est, le secteur privé continuera de jouer un rôle clé dans la structuration des projets, justement pour en tirer un profit maximum.
Quand ce sont les gouvernements qui proposent, conçoivent, financent et bâtissent les projets d'infrastructure, le public peut exiger qu'il lui rende des comptes. Cependant, le projet de loi n'exige pas grand-chose de la Banque sur les plans de la transparence et de la reddition de comptes publics. Il permet de garder secrètes les données sur les projets et les accords conclus avec les investisseurs. Autrement dit, les données de financement des infrastructures communautaires, les noms des participants aux projets et les bénéfices devant être dégagés par les investisseurs ne seront pas rendus publics. Voilà de mauvaises nouvelles pour les Canadiens qui ont le droit de savoir comment les fonds publics, qui serviront à financer en partie la Banque, seront dépensés et comment les infrastructures publiques seront bâties.
En guise de conclusion, le SCFP vous adresse les recommandations suivantes.
Premièrement, le gouvernement devrait établir une banque de l'infrastructure publique qui soit apte à consentir des financements à faible coût, c'est-à-dire des financements publics pour de nouveaux projets d'infrastructure. À l'heure actuelle, le gouvernement n'est pas à court de sources d'emprunt à de faibles taux d'intérêt. Pour peu que la Banque passe par une banque publique et par une institution prêteuse, comme la Banque de développement du Canada, la SCHL ou EDC, ses investissements réalisés par des emprunts ne contribueraient pas à augmenter le déficit ou la dette nette, pas plus que ne le fera la proposition actuelle.
Deuxièmement, le gouvernement devrait exiger davantage sur les plans de la reddition de comptes, de la transparence et de la tenue d'examens par le vérificateur général relativement à la Banque et à ses projets. La Banque devrait être tenue de dévoiler publiquement l'ensemble des transactions commerciales, des évaluations du rapport qualité/prix et des contrats. Le conseil d'administration de la Banque devrait aussi compter des fonctionnaires chargés de veiller à ce qu'elle agisse dans le sens de l'intérêt public. Les projets d'infrastructure publics doivent demeurer publics et ne pas être transformés en accords secrets avec des sociétés privées.
Enfin, le gouvernement ne devrait pas permettre à des entreprises privées de fixer les priorités en matière d'infrastructure, notamment par le biais de soumissions spontanées. Il devrait plutôt mettre en place un processus public et transparent fondé sur des analyses factuelles susceptibles de donner lieu à une planification vraiment objective des projets d'infrastructure.
Merci.
:
Bonjour, je m'appelle Glenn Campbell et je suis sous-ministre adjoint à Infrastructure Canada. Je suis accompagné de Niko Fleming, chef à Finances Canada.
La section 18 de la partie IV constituerait la Banque de l'infrastructure du Canada, d'abord annoncée dans l'énoncé économique de l'automne 2016, puis dans le budget de 2017. Les amendements proposés visent les articles 403 à 406 qui se trouvent aux pages 236 à 248 du projet de loi .
Si vous me le permettez, je vais vous présenter à grands traits le contexte dans lequel s'inscrit ce projet de banque. Après cela, je me livrerai à un survol du projet de loi, puis je me ferai un plaisir de répondre à vos éventuelles questions.
La Banque de l'infrastructure du Canada a pour mission de consentir un financement novateur à des nouveaux projets d'infrastructure et à contribuer à la réalisation de ces projets, notamment des projets qui sont porteurs de changements et qui, sinon, n'auraient pas été construits au Canada. La Banque doit aussi attirer des investissements privés et institutionnels. La banque envisagée s'inscrit dans le cadre du « Plan investir dans le Canada » d'Infrastructure Canada, de plus de 180 milliards de dollars. Le gouvernement fédéral continuerait d'apporter son appui principalement par le biais de modèles d'infrastructure traditionnels. Le budget de la Banque de l'infrastructure du Canada représente moins de 10 % du budget total que l'État consacrerait aux infrastructures.
La Banque serait une option offerte aux gouvernements partenaires, surtout aux municipalités, aux provinces et aux territoires, pour bâtir davantage de projets d'infrastructure. La Banque est un nouveau modèle de partenariat destiné à transformer la façon dont les infrastructures seront planifiées, financées et mises en service au Canada. Comme elle fera fond sur l'expertise et le capital du secteur privé, elle permettra d'étirer les deniers publics et de les employer de façon plus stratégique, l'accent étant mis sur les grands projets porteurs de changements, comme les plans de transports en commun régionaux, les réseaux de transports et le branchement au réseau d'électricité.
Voilà un survol du projet de loi qui permet d'édicter la Loi sur la Banque de l'infrastructure du Canada et qui touche à six grands domaines: la constitution de la Banque, son mandat, ses fonctions et ses pouvoirs, sa gouvernance, le financement et la reddition de comptes. Je vais vous parler de chacun de ces aspects tour à tour.
J'avais préparé une réponse plutôt longue pour parler de tout le contenu du projet de loi, mais je m'en remets à vous si vous souhaitez...
Premièrement, la Banque serait constituée en société de la Couronne à compter de la date de sanction du projet de loi.
Deuxièmement, la loi de la Banque établirait son mandat et sa raison d'être qui seraient de réaliser des investissements dans des projets générateurs de revenus qui vont dans l'intérêt public, et de chercher à attirer les investissements du secteur privé et des investissements institutionnels pour financer ces projets.
Troisièmement, pour ce qui est des fonctions et des pouvoirs de la Banque, et pour lui permettre de parvenir à ses fins, celle-ci pourrait réaliser des investissements dans toute une diversité d'instruments financiers, y compris dans des placements sous la forme d'actions ou dans des titres de créance. La Banque pourrait effectuer ces investissements directement dans les projets d'infrastructure, mais elle pourrait aussi le faire en collaboration avec des investisseurs privés et des investisseurs institutionnels ainsi qu'aux côtés d'investisseurs gouvernementaux. La Banque appliquerait un modèle d'investissement et de prêt conjoints. Elle pourrait aussi accorder des garanties de prêt moyennant une autorisation spéciale du , selon un mode opératoire conforme aux obligations généralement faites aux sociétés d'État.
La Banque aurait aussi pour fonctions, en marge des investissements, d'être un centre d'expertise pour conseiller tous les gouvernements au sujet des projets générateurs de recettes et elle devra travailler avec tous les paliers de gouvernement pour recueillir les données relatives aux futurs investissements et pour diffuser ces données.
Quatrièmement, le projet de loi en énonce les paramètres généraux de la gouvernance de la Banque. Comme elle sera assimilée à une société d'État, elle sera essentiellement visée par les dispositions de la Loi sur l'administration financière. Le projet de loi actuel prévoit que le conseil d'administration, les membres du conseil et le premier dirigeant seront nommés par le gouverneur en conseil, sur recommandation du gouvernement, et il est prévu que le conseil jouera un rôle dans la sélection du premier dirigeant.
Le 8 mai, le gouvernement a pris de l'avance en lançant un processus de nomination à la fois ouvert, transparent et fondé sur le mérite, cela pour les membres de la haute direction de la Banque. À la faveur de ce processus, le gouvernement va d'abord choisir le président du conseil, puis les autres administrateurs et, enfin, le premier dirigeant. Toutes les nominations ne prendront effet que si la loi établissant la Banque est adoptée par le Parlement et qu'elle reçoit la sanction royale.
Le cinquième élément — et j'ai presque terminé, madame la présidente — vise à permettre au de verser jusqu'à 35 milliards de dollars à la Banque. Il est prévu que l'actif et le passif de la Banque, de même que ses revenus et ses dépenses soient regroupés dans les livres du gouvernement du Canada. Il est prévu que le capital ne soit transféré à la Banque qu'afin de limiter l'intervention du Trésor qui ne recevrait une partie des bénéfices dégagés que de façon échelonnée dans le temps. Bien qu'on prévoie que les liquidités s'élèveront à 35 milliards de dollars, le gouvernement a annoncé que la Banque serait autorisée à se prévaloir d'une déduction fiscale, selon les règles de la comptabilité d'exercice, jusqu'à concurrence de 15 milliards de dollars sur 11 ans.
Je vais faire vite, madame la présidente. La société de la Couronne devra rendre des comptes au Parlement par le biais d'un certain nombre de mécanismes importants exigeant qu'elle soumette un résumé de son plan d'affaires annuel, de même qu'un rapport annuel. Elle sera sujette à la Loi sur la protection des renseignements et à la Loi sur l'accès à l'information. Les seules exceptions concerneront les renseignements commerciaux de nature délicate appartenant à des tiers qui, eux, demeureraient confidentiels, en ce qui concerne le partenaire commercial, mais pas la transaction. La Banque sera soumise à une norme de discipline extrêmement élevée consistant à faire vérifier ses livres par le vérificateur général du Canada et par un auditeur du secteur privé. Le Parlement aura le pouvoir d'examiner la loi sur la Banque tous les cinq ans.
En conclusion, la Banque est donc l'un des outils à la disposition de différents partenaires, en plus des programmes traditionnels de financement des infrastructures. Le gouvernement est favorable à un système de prise de décisions locale, notamment par les municipalités, les provinces et les territoires parrains de projets à l'étape de l'établissement de leurs priorités en matière d'infrastructure, de sorte à répondre au mieux à leurs besoins.
Les projets appuyés par la Banque feront l'objet de dispositions juridiques conventionnelles rigoureuses entre partenaires, cela afin de protéger les intérêts des Canadiens. Le gouvernement et les fonctionnaires ont collaboré avec les ministères responsables des infrastructures et des finances et ils ont mené de vastes consultations.
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Merci, madame la présidente, et merci à tous.
Je remercie les témoins d'être parmi nous. Nous nous excusons du retard.
Ma première question s'adresse à vous, monsieur Ali Khan.
Dans un document que vous avez coécrit, je crois, avec M. Kevin Page et d'autres personnes de votre organisation, vous avez mentionné que la raison d'être de la Banque de l'infrastructure du Canada était faible, à vos yeux, et que le gouvernement n'avait aucune réelle idée si la Banque allait atteindre ses objectifs ou non, puisqu'il ne semble pas y avoir de modèle semblable ailleurs dans le monde. Il semble que la structure de la Banque sera telle qu'il s'agira d'un simple transfert d'actifs du public vers le privé.
Compte tenu des nouvelles informations dont vous disposez, croyez-vous toujours ce que vous avez écrit dans ce document?
Madame Ryan, lorsque nous avons reçu le et certains de ses hauts fonctionnaires, nous leur avons demandé ce qui dicterait le choix des projets. Un des hauts fonctionnaires nous a répondu que ce serait le rendement ou l'intérêt des investisseurs dans les projets. Naturellement, ils recherchent plus que les taux de 2 % à 3 % que tout gouvernement, fédéral, provincial ou municipal, peut aller chercher dans le financement. On semble faire croire à tout le monde qu'il manque de possibilités d'obtenir du financement en ce moment, ce qui est totalement faux, d'après moi.
J'ajouterais ceci. Cette semaine, le a déclaré que ce serait le Cabinet qui déciderait des projets. On ne sait plus trop. Je pense que vos inquiétudes sont tout à fait légitimes.
Ce sont donc les investisseurs, à la recherche de bons investissements, qui vont investir la plus grosse partie des sommes dans cette banque.
D'après vous, à qui la Banque de l'infrastructure du Canada va-t-elle vraiment profiter?
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Merci, madame la présidente.
Avant de poser mes questions, je dois dire que nous sommes tous conscients d'être dans le secteur des services. C'est ce que nous faisons. Les gens s'attendent à ce que nous assurions un certain niveau de service et — ce qui est sans doute le plus important de tout — à un coût abordable pour le contribuable.
J'ai déjà vécu cela, dans mon incarnation précédente d'élu municipal, quand j'essayais d'aller chercher le plus d'argent possible auprès de différents intervenants, comme le secteur privé ou les fonds de pension ou simplement par le biais de partenariats que nous organisions.
Ma première question s'adresse à vous, monsieur Campbell. Envisagez-vous que cette Banque de l'infrastructure soit très semblable à celle de la province de l'Ontario, en lien avec Infrastructure Ontario?
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Nous accélérons la réalisation des projets qui, autrement, resteraient sur les tablettes, cela afin de créer plus de services que les gens attendent de nous, que ce soit sous la forme de nouveaux hôpitaux, de nouvelles routes, de nouveaux centres de santé et ainsi de suite.
Deuxièmement, cette formule permet d'alléger le fardeau des contribuables fonciers qui, autrement, n'auraient pas d'autre choix que de payer pour ces projets.
Troisièmement, le risque est désormais partagé, non plus entre trois paliers de gouvernement seulement, mais entre quatre partenaires, soit les trois paliers de gouvernement et le secteur privé.
Enfin, on peut, je crois, parler d'un triple résultat. Je pense, monsieur Khan, que vous avez parlé au début des résultats sur trois niveaux: sur le plan social, sur le plan économique et sur le plan environnemental.
On n'obtient pas tout le temps des rendements financiers, mais nous pourrions obtenir des rendements sur les plans social et environnemental dans le cas de certains projets comme ceux touchant à l'énergie, à l'énergie verte, aux infrastructures pour ce qui est de l'eau, aux eaux usées et aux routes, ainsi qu'à l'environnement à cause des changements climatiques. Seriez-vous d'accord pour dire que l'on enregistrerait ces résultats dans le temps grâce à certains de ces investissements?
Je vais passer au travers de quelques aspects très rapidement.
Monsieur Khan, je suis d'accord avec vous quand vous dites qu'on est en train de mettre la charrue devant les boeufs. Nous avons pris connaissance des rapports du Sénat, du directeur parlementaire du budget et des instituts C.D. Howe et Fraser, ainsi que d'autres, au sujet de la transparence et de la nécessité de disposer d'abord et avant tout d'un solide plan d'infrastructures en vue de jeter les bases de toute action future.
Parlons donc de la Banque de l'infrastructure à propos de laquelle j'entends dire qu'elle n'offre réellement rien de nouveau ni de novateur et qu'aucun projet n'est entrepris. Je vous rappelle — et je vous adresse cette question à vous, monsieur Campbell — qu'en 2009, PPP Canada, qui est une société d'État, a été précisément mise sur pied pour aller chercher des fonds dans le secteur privé; PPP Canada a même mené à bien un certain nombre de projets. Pour un investissement initial de 1,3 milliard de dollars, celle-ci est allée chercher plus de 6 milliards de dollars.
Dans le rapport de KPMG, que j'ai ici, je constate d'après les parties ayant échappé au caviardage qu'on parle de se servir de PPP Canada qui est un mécanisme existant. On y dit qu'il faut recourir à cette organisation, qui existe déjà, et donc utiliser cette société de la Couronne. S'il avait fallu lui conférer d'autres fonctions ou lui donner un mandat élargi, on aurait pu y songer. Cette organisation aurait pu être rentable, efficace et efficiente.
Je me demande donc pourquoi vous n'avez pas envisagé de vous appuyer sur un mécanisme existant ayant un bon bilan à son actif, d'autant que, si cela avait été nécessaire, vous auriez pu lui confier un mandat élargi.
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Je parle plus particulièrement de PPP Canada, à l'échelon fédéral. Si des compétences particulières sont nécessaires, vous pourriez très bien les transférer à la Banque, puisque traditionnellement, on les retrouve dans les municipalités et dans le secteur public. Sinon, on n'aurait jamais rien construit.
Dans ma région, par exemple, je peux vous dire a priori qu'il existe une installation de traitement de biocarburants, dans ma ville, à la réalisation de laquelle ont participé les paliers municipal, provincial et fédéral, de même que le secteur privé. Elle va ouvrir en juin. Une ligne de transports en commun rapides, la Canada Line, a également été financée en partie par le secteur privé et par les paliers fédéral, provincial et régional. Même chose pour le pont Port Mann et pour le pont Golden Ears. Ces projets ont été réalisés dans les mêmes conditions, à la seule différence, qu'avec ce mécanisme, comme vous l'avez dit, il y a des garanties de prêt.
Face à un tel bilan, je ne comprends pas pourquoi, pour autant que le gouvernement veuille prendre cette orientation... Je sais que le gouvernement veut une formule toute nouvelle, tape-à-l'oeil, inédite, mais il m'aurait semblé raisonnable et rationnel, puisque vous disposez déjà d'un mécanisme, de la doter de l'expertise additionnelle nécessaire et d'en élargir le mandat.
PPP Canada existe encore. Cette organisation continue d'aller chercher des fonds ailleurs, même si elle vient d'être transférée dans le portefeuille du ministre qui peut éliminer les actifs et s'en débarrasser, ce que je devine être l'objectif ultime, pour y substituer la Banque. Un investissement de 35 milliards de dollars en vertu du modèle PPP Canada pourrait générer 170 milliards de fonds d'infrastructure sans aucun risque pour le public. Je continue à ne pas comprendre pourquoi vous n'avez pas simplement étendu le mécanisme existant.
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Merci, madame la présidente, et merci à vous, monsieur Badawey.
J'aime votre analogie entre la Banque de l'infrastructure et un véhicule. Tout le monde sait bien que le Nunavut est la région du pays qui manque sans doute le plus d'infrastructures. Alors, espérons que votre véhicule soit un buggy adapté à la toundra, pour qu'il ne risque pas de s'embourber dans les vastes étendues nordiques.
Pour parler de projets en particulier, il y en a trois auxquels je pense a priori et qui ne décolleraient pas sans l'aide de la Banque de l'infrastructure. Je songe au projet de la route et du port de la baie Grays, à la route éventuelle, à la ligne d'électricité et à la liaison par fibre optique entre le Manitoba et la région de Kivalliq, ce qui est un projet d'hydroélectricité à Iqaluit, une ville qui brûle actuellement tout juste la moitié du diesel consommé sur tout le territoire pour son électricité.
L'une des craintes dont les gens du Nord me font part est qu'il s'agit de projets nouveaux, porteurs de changements, de projets structurants comme doit l'être tout projet dans le Nord. Quand le chemin de fer a été construit, on ne se préoccupait pas alors d'évaluation environnementale et on ne se sentait pas obligé de se plier à un régime réglementaire comme c'est le cas aujourd'hui. Le problème est qu'il est peut-être possible de financer ces projets, mais que rien n'existe actuellement pour permettre à un gouvernement territorial, à des organisations inuites ou encore à des municipalités, qui sont à court d'argent en partant, de porter un projet jusqu'au stade où il sera examiné. Quand tel est le cas, les fonds attendent et ne servent à rien.
Je me demande s'il ne serait pas possible d'aller chercher de l'argent de cette façon pour les grands projets dont la réalisation nécessitera deux ou trois ans. C'est ce qu'on m'a dit à propos de la baie Grays, parce que ne serait-ce qu'à l'étape d'avant-projet, quelques années avant la réalisation, les promoteurs en étaient déjà à plus de 15 millions de dollars.
Pourrait-on financer ce genre d'initiatives afin de les amener sur un tremplin d'où il sera possible de les faire décoller?
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J'avais commencé à vous dire que, dans le contexte du déficit d'infrastructures qui s'applique aussi à notre industrie de l'électricité, on estime qu'il faudra remplacer pour 350 milliards de dollars d'infrastructures jusqu'en 2030 et que la facture sera impressionnante. Voilà pour une chose.
Par ailleurs, toutes nos demandes d'augmentation de tarif doivent passer par les organismes de réglementation, ce qui veut dire que nous risquons de ne pas pouvoir récupérer cet investissement de 350 milliards de dollars par le biais de la tarification, à cause de la réglementation.
Troisièmement, les projets d'innovation que nous soumettons à l'organisme de réglementation sont généralement refusés parce que, de façon générale, le régulateur essaie de limiter les coûts, ce qui est tout à fait légitime. Cependant, quand notre industrie se tourne vers les gouvernements fédéral et provinciaux, elle se fait dire qu'elle n'est pas assez innovante.
Nous y voyons donc un instrument parmi d'autres, mais pas le...
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La garantie de prêt n'a de valeur que si quelqu'un ne rembourse pas son prêt.
Et cela est important parce que, tout à l'heure, Mme Watts a voulu déterminer si la Banque allait servir à quelque chose qui n'existe pas déjà. M. Campbell a été très honnête. Il a dit que la Banque est un outil visant à offrir des garanties au marché. On parle de garanties quand quelqu'un se porte garant et assume donc la responsabilité des risques. Dans ce cas, le garant serait le contribuable, et cela à hauteur de 35 milliards de dollars, ce qui veut dire qu'en fin de compte, le contribuable serait responsable en cas de dépassement de coûts ou de manque à gagner. La seule différence, la seule chose qui est nouvelle dans ce modèle, c'est qu'on se trouve à nationaliser. Plutôt que de privatiser, on nationalise une activité qui appartient actuellement au secteur privé.
S'il advenait que les clients de M. Marchi, ceux qu'il représente, dépassaient leur budget sans pouvoir se rabattre sur une garantie de prêt, le prêteur perdrait cet argent. Cependant, en vertu de cette proposition, ce sont les contribuables qui perdront de l'argent parce qu'ils se seront portés garants, d'après ce qu'a dit M. Campbell. C'est ce que nous avons sous les yeux, c'est nouveau, c'est une vaste opération de nationalisation du risque financier associé aux projets d'infrastructure.
Actuellement, les municipalités peuvent signer des contrats à prix fixe avec les constructeurs. Si les constructeurs dépassent le budget, ils doivent eux-mêmes absorber l'excédent, à moins qu'ils n'aient contracté une garantie de prêt du gouvernement, auquel cas c'est le contribuable qui ramasse la facture. Dans ma circonscription, nous avons eu un constructeur qui a fait faillite pendant qu'il construisait un pont. Heureusement qu'un garant privé a assumé les coûts et a terminé le projet, sans qu'il en coûte rien de plus aux contribuables. Si le prêt avait été garanti par les contribuables, le risque aurait été de nouveau transféré au gouvernement.
J'ai une question directe à poser à M. Campbell. Si une entreprise prend un prêt pour bâtir une infrastructure, qu'elle bénéficie d'une garantie de prêt, mais qu'elle ne rembourse pas sa dette, créant ainsi une mauvaise créance — autrement dit, après la liquidation d'éventuelles garanties, il resterait une perte à absorber...
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Je lance une question, et la personne qui le voudra bien pourra saisir la balle au bond.
Je cherche toujours à savoir si la Banque de l'infrastructure du Canada est une bonne idée ou une fausse bonne idée. J'ai l'impression que la transparence qu'on nous propose se résume à ceci: le gouvernement nous dit de lui faire confiance et que c'est une bonne idée.
Pour étudier la privatisation des aéroports, on fait affaire avec Credit Suisse. Pour la Banque de l'infrastructure du Canada, on fait affaire avec BlackRock. Par ailleurs, cette nouvelle banque serait créée en société d'État. Elle serait donc totalement à l'abri d'une vérification ou de questions de la part du directeur parlementaire du budget.
Quelle possibilité avons-nous, citoyens ou élus, de suivre cette banque et de voir si elle tiendra réellement les promesses qui nous auront été faites?
Qu'en dites-vous, madame Ryan?