Conformément au paragraphe 108(2), le Comité permanent des transports, de l'infrastructure et des collectivités, étudie la réglementation des véhicules aériens sans pilote, ou UAV. Il s'agit de notre 35e réunion.
Mesdames et messieurs, soyez les bienvenus. Je me réjouis de constater que tout le monde est présent.
Une voix: Pas vraiment. Les représentants d'EXO Tactik sont coincés dans un embouteillage.
La présidente: Des témoins sont pris dans la circulation. S'ils avaient utilisé un drone, ils seraient arrivés à temps.
Nous allons d'abord entendre les témoins qui sont ici. Je vous présente Ian Glenn, chef de la direction chez ING Robotic Aviation Inc., et Mark Aruja, président du Conseil de Systèmes télécommandés Canada.
Bienvenue, messieurs. Merci de venir nous éclairer au sujet d'une industrie en émergence au Canada et ailleurs dans le monde.
Monsieur Aruja, la parole est à vous.
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Madame la présidente, j'aimerais tout d'abord exprimer ma gratitude au Comité pour son invitation à venir témoigner.
Systèmes télécommandés Canada est une association nationale sans but lucratif qui a été créée en 2003. Ses 500 membres représentent la communauté canadienne des systèmes sans pilote. Depuis 2006, nous collaborons de manière proactive avec Transports Canada concernant la réglementation des UAV. Nous coprésidons le Groupe de travail sur la conception du programme des systèmes d'UAV depuis sa mise sur pied en 2010, qui a élaboré le matériel d'orientation qu'utilisent actuellement l'industrie et les organismes de réglementation.
Les pratiques relatives aux opérations en visibilité directe, perfectionnées depuis cinq ans dans le cadre d'activités commerciales, constituent le fondement de l'avis de proposition de modifications à la réglementation qui devrait paraître dans la partie I de la Gazette du Canada d'ici au milieu de 2017.
Comme je suis le porte-parole d'une association de l'industrie, je ne parlerai pas de la réglementation elle-même, mais plutôt de sa mise en oeuvre. L'aspect qui nous préoccupe au premier chef est celui de la continuité des activités.
Selon la réglementation en vigueur, les opérations d'UAV sont approuvées au moyen d'un certificat d'opérations aériennes spécialisées, ou COAS. Dans leur demande de COAS, les exploitants doivent expliquer les mesures qu'ils entendent prendre pour atténuer les risques liés à leurs opérations. Il y a 10 ans, aucune orientation n'avait été donnée à l'industrie ou à l'autorité de réglementation sur la façon de remplir les demandes de COAS, les critères d'approbation par l'autorité de réglementation ou les risques commerciaux associés à l'absence d'un processus d'approbation.
Depuis, les résultats des travaux du groupe de travail, les pratiques exemplaires mises au point par notre association concernant les opérations en visibilité directe, l'amélioration des instructions visant le personnel de Transports Canada, la fiabilité et l'abordabilité croissantes de l'équipement, de même que les débouchés commerciaux considérables ont donné lieu à une véritable explosion du nombre de COAS délivrés.
J'aimerais maintenant aborder le thème de la continuité des activités. En 2011, Transports Canada a délivré une centaine de COAS. L'an dernier, il en a délivré 2 480, et la barre des 4 000 a été franchie cette année. Le Canada compte actuellement 1 000 entreprises dans le domaine des UAV, et c'est pourquoi la continuité des activités nous préoccupe au plus haut point. Ces entreprises investissent dans la propriété intellectuelle, l'équipement, la formation, le marketing et les ventes pour satisfaire aux exigences réglementaires et développer des entreprises viables sur le plan commercial.
L'application des technologies des UAS dans des secteurs aussi variés que le cinéma, la construction et l'agriculture de précision a contribué à l'amélioration des pratiques commerciales, à leur sécurité et à la baisse des coûts. Ces résultats se traduisent par des investissements en hausse dans le secteur. La certitude en matière réglementaire joue un rôle déterminant dans la capacité des investisseurs à définir les risques de leurs investissements. Nous sommes donc très heureux que le Canada se dote d'un régime réglementaire.
Le risque associé à la continuité des activités comporte deux volets. Le premier volet a trait à la transition vers la nouvelle réglementation, et le second au risque lié à la capacité de Transports Canada. Les deux volets sont liés.
Pour ce qui concerne la transition, la réglementation portera sur trois domaines fondamentaux qui en détermineront la structure: les exigences relatives aux connaissances; les procédures d'utilisation et l'équipement.
Parce que les entreprises ont investi énormément dans leur croissance, il est primordial d'assurer la continuité de leurs activités pendant le passage vers la nouvelle réglementation, ce qui suppose l'incorporation d'une évaluation de la situation commerciale dans un plan d'appui à la transition. Le déroulement des activités des entreprises titulaires d'un COAS devrait être ininterrompu, mises à part quelques adaptations mineures. Toutefois, nous avons quelques réserves, notamment pour ce qui concerne la définition des exigences relatives à l'équipement d'UAV. La solution reposera en partie sur la protection des acquis, qui tiendra compte des investissements réalisés, des obligations commerciales existantes et des compétences établies.
Sur la question du risque lié à la capacité de Transports Canada, vous serez peut-être surpris d'apprendre que seulement deux employés du ministère s'occupent du dossier de la réglementation des UAS. Cette situation pose le plus grand risque pour l'industrie canadienne, non seulement parce que la transition vers la nouvelle réglementation risque d'être problématique, mais également parce que le nombre de questions critiques qui doivent être réglées pour assurer l'avenir de l'industrie ne cesse de s'accroître.
Comme notre industrie compte parmi les plus novatrices au Canada, la réflexion prospective est inscrite dans notre ADN. En octobre, notre association a publié le document Beyond Visual Line of Sight Best Practices, qui propose à l'industrie les pratiques exemplaires recommandées pour franchir la prochaine étape cruciale. Il faut faire une analyse de rentabilisation des opérations hors visibilité directe, analogue à celle qui a été réalisée pour les opérations en visibilité directe, pour nous assurer d'exploiter l'immense potentiel économique offert.
Un rapport récent de PricewaterhouseCoopers estime la valeur du marché mondial accessible aux opérations d'UAS à 127 milliards de dollars. En matière de surveillance dans des domaines aussi variés que l'exploitation minière ou forestière, l'environnement, les pipelines et les réseaux ferroviaires, notre géographie et notre expertise nous permettent de conquérir le monde.
La capacité déficiente de Transports Canada a eu un impact direct sur les entreprises canadiennes, en reléguant au second rang les opérations hors visibilité directe, un domaine qui représente le Saint-Graal pour l'industrie et dans lequel la concurrence vient du monde entier.
Le Canada est un leader mondial du développement de l'industrie des UAS. Malheureusement, comme les États-Unis, l'Australie et des pays européens investissent beaucoup plus que nous, nous perdons du terrain. Il est urgent que le gouvernement agisse et investisse si nous voulons que l'industrie continue d'innover et de prospérer. Nous l'encourageons à prendre la véritable mesure des retombées économiques et sociales de cette industrie, et à réfléchir à la manière dont d'autres ministères pourraient fournir des ressources qui ne seraient pas seulement affectées à la réglementation.
En résumé, nous sommes contents du projet de règlement axé sur les opérations en visibilité directe. Toutefois, une stratégie judicieuse de mise en œuvre sera essentielle pour aider les Canadiens à se tailler une place dans le marché mondial avec cette technologie, et le gouvernement devra accroître ses investissements et prendre des mesures adaptées à la réalité du marché.
Merci.
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Bonjour. Mon nom est Ian Glenn, et je suis chef de la direction chez ING Robotic Aviation.
J'en suis à ma vingtième année dans le secteur des UAV. En 1996, l'Armée canadienne m'a confié son programme d'UAV, et je travaille dans ce secteur depuis. J'espère que Transports Canada me remettra une montre en or cette année.
Nos progrès n'ont pas assez importants ni assez rapides. Le portrait que Mark a présenté de notre situation était on ne peut plus juste. Nous avons pris du retard par rapport au reste du monde. Nous étions en tête mais, à cause des choix de Transports Canada pour ce qui est des ressources et des points d'intérêt dans ce secteur, nous avons reculé au point où les entreprises préfèrent faire affaire avec les États-Unis, au détriment du Canada.
Cela étant dit, certaines possibilités s'offrent au Canada. Sur la première diapositive, je pose la grande question de savoir où se trouve le vrai problème. Le vrai problème ne se trouve pas du côté de l'industrie des aéronefs non pilotés, mais du côté de l'incapacité du Canada à acheminer ses produits vers la mer de manière sécuritaire et efficace. Les aéronefs robotisés sont appelés à jouer un rôle pivot dans notre capacité à prouver qu'il existe des moyens sûrs et efficaces d'exporter nos produits dans le monde entier en réduisant les gaz à effet de serre.
En réalité, la plupart des produits transitent par des terres appartenant à des Premières Nations. Je suis l'un des premiers à avoir enseigné à leurs membres à manoeuvrer des UAV en toute sécurité. Le Canada a devant lui d'immenses possibilités de progrès.
La deuxième diapositive, sur laquelle vous voyez la photo d'un avion et d'un UAV, présente une technologie disponible qui offre une solution sinon complète, du moins très prometteuse aux défis qui pèsent sur Transports Canada et l'ensemble du pays. Il s'agit d'un petit dispositif appelé transpondeur, maintenant offert dans des formats minuscules. Les transpondeurs sont très souvent utilisés à bord d'aéronefs avec pilote. Il s'agit d'une technologie approuvée par l'Organisation de l'aviation civile internationale pour les gros aéronefs. À l'heure actuelle, la petite taille et la convivialité de ces dispositifs permettent de les monter sur tous les drones.
Que cela signifie-t-il pour nous? Je vais prendre l'exemple du pilote de Porter qui a signalé la présence d'un drone la semaine dernière. C'était probablement un ballon-sonde météorologique mais, en raison de sa position, le pilote n'était pas certain. Nos pilotes de ligne sont tout effrayés par le phénomène global des drones. Actuellement, il y a plus d'aéronefs sans pilote qu'avec pilote dans l'espace aérien canadien. D'ici Noël, deux millions et demi de drones voleront en Amérique du Nord. Il ne faut pas oublier que seulement 33 000 aéronefs sont immatriculés au Canada. Il existe une technologie qui nous permettra de gérer ce trafic. J'ai surnommé ce petit dispositif, offert par de multiples fabricants, la ceinture de sécurité de 2016. Le plus important selon moi est de trouver un moyen efficace pour que tous les intéressés sachent où se trouvent les drones.
Depuis 20 ans, j'ai siégé à tous les comités de travail du Conseil consultatif sur la réglementation aérienne canadien, ou CCRAC. Pour avancer rapidement, notre pays doit faire trois choses.
Premièrement, si des exploitants mènent des opérations au-delà du champ visuel — c'est-à-dire dans la zone la plus lucrative, qui est la raison d'être de notre travail —, il faut qu'il soit conforme. Comme ils sont en tous points semblables aux compagnies d'aviation, ils doivent se conformer à tous les processus de gestion de la sécurité et prendre toutes les autres mesures usuelles. Si quelqu'un achète un drone chez BestBuy, il doit savoir qu'il aura énormément de choses à apprendre.
Deuxièmement, il faut instaurer des mécanismes de conformité. Essentiellement, la réglementation mise au point par l'intermédiaire du CCRAC établit que les drones ressemblent à des engins aériens, des aéronefs, et qu'ils se comportent comme eux. C'est important.
Troisièmement, nous devons toujours indiquer notre position aux autres. Une affiche interdisant les drones sur la clôture d'un aéroport ne suffit pas. Le programme d'éducation... Même si vous faites du clavardage toute la journée, ce ne sera jamais suffisant. Il faut recourir à la technologie et la mettre en application, pas seulement pour les aéronefs non pilotés, mais également pour ceux qui le sont. Cette technologie est peu dispendieuse.
La quatrième diapositive illustre ma vision de ce qu'il faudrait faire pour contenter tout le monde. Après tout, nous sommes des Canadiens, n'est-ce pas? Le gros de notre travail ne se déroule pas dans la région du Grand Toronto ou le centre-ville d'Ottawa, mais dans les zones forestières.
Aujourd'hui, une de mes équipes travaille dans la neige, à l'extérieur de Cochrane et de Timmins, pour effectuer des levés aériens magnétiques pour la société De Beers. C'est dans ce genre de région que nous devons opérer. Ce serait beaucoup plus rentable, plus efficient, si nous pouvions manœuvrer hors visibilité directe. Si tous les aéronefs au Canada étaient équipés de cette technologie, ce serait un moyen extraordinaire d'atténuer les risques.
À l'origine, en 1999, la technologie de surveillance dépendante automatique en mode diffusion, ou ADS-B, a été adoptée par l'Alaska. Très rapidement, les accidents dus à des erreurs humaines ont reculé de 78 %. C'est une excellente technologie.
Pour terminer, je souligne que la technologie actuelle nous permet de faire le pas. J'ai déjà dit que les exploitants d'aéronefs pilotés qui préféreraient ne pas dépenser cet argent n'auront pas le choix. D'ici deux à trois ans, leurs appareils devront être dotés de cette technologie pour se rendre à Fort Lauderdale. L'une des avenues serait d'offrir un crédit d'impôt pour un équipement qui coûte 2 000 $ environ.
Cette excellente technologie, reconnue dans le monde entier, changerait la donne pour le Canada et tous ses citoyens. Pensons par exemple à notre Grand Nord blanc. Ne serait-il pas merveilleux que les Premières Nations qui contestent l'acheminement de marchandises vers l'océan aient accès à des emplois de haute technologie au sein même de leurs communautés, pour assurer que les marchandises sont transportées dans les règles?
Merci beaucoup.
Bonjour.
M. Stéphane Bouvier et moi représentons Support aérien EXO Tactik ce matin.
Notre entreprise a été lancée en février 2014 pour offrir un service de soutien aérien à l'aide de drones à des fins de sécurité publique. Nous sommes des opérateurs, nous pilotons les appareils pour aider les policiers, les pompiers et les intervenants d'urgence en sécurité civile à obtenir des images aériennes en direct des sites d'intervention. Nous contribuons ainsi à les aider à prendre de meilleures décisions plus rapidement, à optimiser leurs opérations pour sauver plus de vies et à protéger les intervenants qui se mettent souvent en danger pour nous protéger.
Les premiers mois d'activité ont été un peu plus difficiles, étant donné que le processus actuel d'obtention de permissions de vol n'est pas adapté aux opérations d'urgence. Il y a beaucoup de délais initiaux avant d'obtenir des permissions de vol. Malheureusement, le feu n'attend pas Transports Canada. Après avoir fait beaucoup de démarches, nous avons réussi à obtenir un certificat d'opérations aériennes spécialisées permanent spécifique. Cela a été d'un soutien essentiel à nos opérations.
L'an passé, en 2015, nous avons aussi soumis un mémoire au Conseil consultatif sur la réglementation aérienne canadienne, dans le cadre de l'avis de proposition de modifications concernant les véhicules aériens non habités.
Mon collègue voulait vous présenter l'historique des drones. Je vais donc le faire à sa place.
Ce sera bientôt le 100e anniversaire de la création des drones. De fait, ils étaient déjà en activité lors de la Première Guerre mondiale. À cette époque, les opérations des drones étaient surtout militaires, et ce fut le cas jusqu'à récemment. À partir du début des années 2010, la technologie est devenue beaucoup plus accessible au consommateur et au grand public.
Il y a des GPS installés à bord des appareils. Il y a aussi la miniaturisation des appareils, comme les transpondeurs, que M. Glenn vous a montrés. Tout est devenu plus petit, beaucoup plus accessible, moins dispendieux et beaucoup plus facile à piloter. Les batteries sont elles aussi devenues beaucoup plus accessibles.
En 2013, la compagnie DJI a mis sur le marché un drone qui s'appelle le Phantom. Nous allons en apporter un dans la salle tantôt. C'est comme le modèle T de l'automobile. C'est le premier modèle accessible: il est facile à piloter pour le consommateur et le grand public. Il est venu révolutionner le monde du drone. C'est à ce moment que la popularité des drones a explosé.
Aujourd'hui, il y a de plus en plus de drones. C'est là que cela devient plus problématique, comme ce fut le cas dans les débuts de l'automobile. Un jour, il y a eu trop de voitures et il a fallu réglementer la circulation, installer des feux de circulation et instaurer la ceinture de sécurité.
C'est à cette étape que nous en sommes en ce qui concerne les drones. Ces appareils sont là pour de bon. Ils ne vont pas se vendre en moins grande quantité au prochain Noël; les ventes vont continuer de croître.
Merci.
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Merci beaucoup, madame la présidente.
Merci beaucoup à vous trois des présentations que vous avez faites et qui nous éclairent beaucoup sur la situation actuelle. Les trois témoignages étaient très différents.
À l'issue de ces trois témoignages, ma première question s'adresse à vous, monsieur Aruja.
Nous venons d'entendre M. Glenn nous parler de la ceinture de sécurité. Dans l'introduction de votre présentation, vous avez parlé d'une période de transition pour les appareils, afin que l'industrie ne subisse pas un genre de choc tarifaire, ce qui tuerait l'élan qu'il y a déjà vers ces appareils.
Précédemment, nous avons entendu les représentants des pilotes, ces autres utilisateurs du ciel. Ils ont tous estimé que les transpondeurs étaient absolument essentiels.
Quelle est la position de l'industrie sur l'utilisation de transpondeurs pour les drones?
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Merci énormément de poser cette question.
La première chose est d'assurer une coexistence sécuritaire dans l'espace aérien. La fiche du Canada en matière de sécurité est très enviable. L'industrie comprend tout à fait le sérieux de ce risque commercial et la nécessité de trouver une solution.
Je dirais en terminant que les images du dispositif qu'Ian vous a montrées, qu'on appelle transpondeur ADS-B, illustrent très justement la position de l'association concernant une forme quelconque d'encouragement du gouvernement. Il pourrait favoriser son adoption au moyen d'un crédit d'impôt ou d'un autre mécanisme.
Je vais donner un exemple très simple, celui d'un téléphone cellulaire. Il envoie un signal qui nous dit qui il est et où il se trouve. Les systèmes très évolués peuvent même indiquer vers où ils se dirigent. Cette technologie est devenue omniprésente, et elle offre une solution aux inquiétudes de ceux qui circulent dans l'espace aérien. Cette technologie peut être utilisée partout dans le monde.
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Notre certificat permanent nous donne la permission de faire des opérations d'urgence sans avoir à demander de nouveau la permission chaque fois. Depuis son obtention, nous avons vu une grande amélioration dans nos procédures d'opération. Cela a beaucoup facilité le processus. Avant l'obtention de ce permis permanent, qui est valide pour des opérations très encadrées et très limitées, nous avions des délais supérieurs à un mois avant d'obtenir les permis pour pouvoir piloter. De plus, nos opérations étaient relativement faciles à évaluer. Dans les derniers mois, c'est-à-dire cet été, il y avait facilement des délais de deux à trois mois au Québec pour que les opérateurs puissent avoir leur permis d'opérer.
Par conséquent, plusieurs opérateurs ne demandaient plus de permis et procédaient directement à l'opération sans être certifiés. D'autres ont perdu beaucoup de contrats à cause de ces délais beaucoup trop importants.
Vous me demandez quelle est mon opinion et celle de notre entreprise sur ce qui pourrait être amélioré pour accélérer le processus. Il ne s'agit pas nécessairement d'engager plus de personnel pour traiter les demandes de certificats plus rapidement, mais plutôt de modifier un peu la procédure totale.
En ce moment, Transports Canada et le Conseil consultatif sur la réglementation aérienne canadienne mettent en place un projet de règlement qui viendrait mettre en vigueur des normes d'opération équivalentes à celles du monde automobile ou de l'aviation.
Avant de prendre une voiture, on n'a pas besoin de demander un permis. Quand on a 16 ans, on suit des cours de conduite, puis on obtient son permis. On a des règles à respecter. On peut conduire sa voiture en respectant le code de la route. Si on ne le respecte pas, on est puni. L'équivalent pour les drones pourrait grandement améliorer le processus.
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La plupart des appareils vendus, notamment le Phantom dont je vous parlais, pèsent quand même plusieurs kilos. De plus, il n'y a pas de caractéristiques de sécurité propres à ces appareils. Par exemple, l'appareil n'a que quatre moteurs. Les moteurs des drones sont un peu comme des ampoules: ils peuvent brûler très facilement. Or si on perd un moteur, c'est fini, l'appareil tombe directement en ligne droite sur le sol.
Il y a eu beaucoup de cas de perte de contrôle de ces appareils et cela a engendré beaucoup de blessures partout dans le monde. Il y a eu un cas cet automne à Beloeil, au Québec. Il y a encore des problèmes. La dame qui a été blessée par l'appareil a dû être hospitalisée et elle poursuit maintenant l'opérateur du drone.
Par ailleurs, il est de plus en plus facile de piloter les drones. On a besoin d'un degré de connaissances ou d'attention de moins en moins grand pour faire voler ces appareils. Ils coûtent moins cher, donc les gens prennent plus de risques en les pilotant. En fin de compte, ils les sortent de la boîte, ils pèsent sur le bouton d'allumage, ils font démarrer les moteurs et ils font voler l'appareil n'importe comment. Ils ne font pas attention.
Il y a d'autres risques, comme celui que posent les piles installées dans ces appareils. Les piles à polymère de lithium sont les mêmes que celles des téléphones Galaxy Note 7, qui sont maintenant interdits dans les avions, mais elles sont plus grosses.
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Merci, madame la présidente.
Chers invités, je vous remercie d'être avec nous ce matin.
Je vais continuer à parler de sécurité, parce que c'est un des éléments sur lesquels je me questionne beaucoup, étant un néophyte relativement à toute cette industrie.
Nous avons entendu des représentants de pilotes qui exprimaient des craintes importantes.
Monsieur Glenn, j'aimerais revenir sur cette photo, parce qu'elle s'arrête exactement là où ma question commence. Si chacun des drones était muni du transpondeur que vous proposez, qui ferait quoi au moment où les deux objets volants se rencontreraient? Un citoyen qui ne connaît pas vraiment l'industrie pourrait comprendre que le pilote qui fait voler son appareil à vue peut réagir peut-être plus facilement. Toutefois, si on contrôle un drone à distance et qu'on ne voit pas ce qui se passe, qui doit faire quoi dans ce genre de situation?
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Le transpondeur apparaît à l'écran. Le pilote et le pilote qui commande un aéronef à distance se voient l'un l'autre à des distances supérieures à 10 kilomètres. Ils ont tous les deux la responsabilité d'éviter l'autre aéronef. Les règles qui s'appliquent en mer valent aussi pour la navigation aérienne.
Un pilote est un pilote, peu importe qu'il soit aux commandes d'un jouet acheté chez Best Buy ou d'un 747. Les responsabilités sont les mêmes, et les connaissances requises également. Si le pilote aperçoit un autre aéronef dans le ciel, il a la responsabilité de l'éviter.
Nous décrétons que les aéronefs non pilotés doivent éviter les aéronefs pilotés, bien entendu, mais tous les pilotes ont cette responsabilité. L'enjeu aujourd'hui est que les aéronefs pilotés ont une taille minimale parce que des personnes montent à bord — le 95e centile des personnes. C'est ce qui explique la taille d'un Cessna, par exemple.
Par contre, les drones peuvent être minuscules et très difficiles à détecter. Pourtant, les deux pilotes doivent s'éviter l'un l'autre. C'est ce qui a forcé les pilotes de l'appareil Porter à prendre des mesures d'urgence au-dessus du lac Ontario. Ils ont cru apercevoir quelque chose, et ils avaient raison. Il est impossible de savoir quoi au juste, mais ils ont évité un incident. Le transpondeur permet aux deux pilotes de se voir l'un l'autre beaucoup plus rapidement, et d'éviter les situations dramatiques. Il sert tout simplement à éviter les collisions.
Ma prochaine question s'adresse à Mme Riopel-Bouvier.
Sur les théâtres d'opérations où vous opérez, qui dit incendie, par exemple, dit forcément nombre de badauds qui viennent observer la scène. J'imagine que vous faites des vols à vue, puisque vous êtes très près des lieux. Dans un panache de fumée, cependant, j'imagine que vous pouvez aussi perdre de vue votre propre drone.
Vos drones disposent-ils d'instruments de sécurité qui font en sorte, par exemple, qu'un des moteurs ne puisse pas s'arrêter, que des batteries ne puissent pas lâcher ou bien que ces dispositifs soient couplés à un deuxième système? Vos drones ont-ils des particularités de sécurité différentes de ceux qu'on peut acheter en vente libre?
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En effet. Nous achetons nos appareils de manufacturiers. Ensuite, nous devons ajouter plusieurs caractéristiques de sécurité ou faire des modifications sur les appareils pour augmenter la sécurité.
Notre appareil le plus utilisé en ce moment comporte huit moteurs. Effectivement, comme vous le mentionniez, même si un moteur tombait en panne, nous pourrions, à la limite, terminer la mission et revenir atterrir normalement. Aussi, les batteries sont branchées en parallèle, au cas où l'une des deux ferait défaut. Bref, nous avons effectivement plusieurs caractéristiques de sécurité.
Nous avons aussi plusieurs procédures en matière de sécurité. Par exemple, c'est la responsabilité du pilote de garder l'appareil en ligne de vue, d'éviter le panache de fumée le plus possible et de voler dos au vent justement pour rester à l'extérieur du panache de fumée.
Vous parliez des badauds. Quand il y a des opérations à la suite d'un incendie ou quoi que ce soit d'autre, effectivement, cela attire beaucoup l'attention. Toutefois, il y a des équipes de policiers, de pompiers et de techniciens ambulanciers paramédicaux qui établissent des périmètres de sécurité justement pour s'assurer que les passants ne viennent pas trop près de la scène d'incendie.
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Je pense que nous y parviendrons dans le domaine de la navigation en visibilité directe en adoptant le cadre réglementaire proposé. Il s'agira d'une bonne base pour aller de l'avant en matière de navigation hors visibilité directe. Nous avons besoin d'un processus d'approbation qui facilitera les opérations hors visibilité directe. L'industrie est prête à démontrer qu'elle peut assurer une surveillance efficace des pipelines et mener le type de missions de surveillance environnementale que Ian a décrites.
Aujourd'hui, j'ai lu un article sur la détérioration du régime des glaces dans l'Arctique. Tous ces phénomènes sont réels. Du côté des communautés rurales, nous entrevoyons un potentiel économique extraordinaire dans le secteur secondaire, qui ne demande qu'à être exploité. Il faut développer nos opérations en visibilité indirecte. Le Royaume-Uni, la France, l'Australie et, dans les derniers mois, les États-Unis ont tous donné le feu vert.
La société Burlington Northern Railroad y recourt pour assurer la surveillance de son infrastructure ferroviaire. C'est le Saint-Graal. Il faut aller de l'avant, mais c'est impossible sans une volonté ferme et les ressources nécessaires. Nous parlons en termes de semaines, pas en termes d'années.
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Merci, madame la présidente.
Et merci, monsieur Sikand.
Je tiens à préciser que je comprends, que je respecte et que j'apprécie certaines activités proposées par l'industrie pour la société. Très franchement, c'est emballant, mais il y a aussi un côté sombre à la médaille, il ne faut pas l'oublier. Les défis tiennent essentiellement à la sécurité publique et à la protection des renseignements personnels. Je voudrais non seulement vous poser des questions à ce sujet, mais j'aimerais aussi exprimer les attentes personnelles que j'ai à votre égard, vous qui êtes les représentants de l'industrie, et non du gouvernement. Je veux être très clair. Il faut trouver un équilibre entre les visées économiques, la raison d'être de vos entreprises, de votre travail — dans lequel vous excellez, de toute évidence —, et la responsabilité qui vous incombe d'offrir un produit qui garantit la sécurité du public et la protection des renseignements personnels.
Plusieurs passages de vos allocutions font allusion à votre expertise. En votre qualité d'experts, avez-vous réfléchi à ce que vous ferez pour faire de la prévention, et j'insiste sur le mot « prévention »? Nous pouvons imposer tous les règlements voulus, mettre en place tous les contrôles voulus, nous serons toujours en mode réaction. Nous arriverons toujours après l'incident. Pourquoi ne pas nous mettre en mode prévention, pour éviter que l'incident se produise?
Dans quelle mesure avez-vous réfléchi à des moyens de prévention pour assurer la sécurité publique et la protection des renseignements personnels?
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C'est une excellente question.
Il y a presque 10 ans maintenant, nous avons engagé des pourparlers avec le Commissariat à la protection de la vie privée, à l'échelon du fédéral, mais également avec les autorités provinciales. Ann Cavoukian, la commissaire à la protection de la vie privée en poste en Ontario, a publié Privacy by Design, un document précurseur sur le principe de la protection de la vie privée dès la conception et l'intégration de la technologie de gardiennage virtuel pour éviter les utilisations qui portent atteinte au droit à la vie privée et autres droits associés. Il faut agir de manière anticipée et proactive, dit la commissaire.
Nous représentons l'industrie professionnelle. Il s'agit de questions fondamentales pour nous puisque, sans l'acceptabilité sociale de nos opérations, nos entreprises sont vouées à l'échec. L'une de nos pratiques exemplaires exige le port d'une veste visible durant les opérations, pour indiquer qui nous sommes. Si nous faisons des manoeuvres à proximité de la propriété de quelqu'un, avant de procéder, nous rencontrons le propriétaire pour lui expliquer ce qui se passera, et nous lui remettons notre carte professionnelle pour qu'il puisse nous appeler en cas de problème. C'est ainsi que fonctionne l'industrie.
L'utilisation à des fins récréatives soulève d'importantes préoccupations, c'est clair. La différence entre les aéronefs ordinaires et les drones, en fait, est la présence d'une caméra.
Je sais qu'un avocat spécialisé en droit de la vie privée est venu vous dire mardi que la caméra installée sur les drones récréatifs offre un champ de vision très large. Dans les faits, la plupart sont de moins bonne qualité que la caméra d'un téléphone cellulaire. Les possibilités réelles sont assez restreintes. Cependant, c'est la perception générale qui est à la base de l'acceptabilité sociale. C'est pourquoi notre industrie a abordé le problème de manière très proactive pour trouver des solutions, et je crois que nous y sommes arrivés.
J'insiste, nous sommes en mode réaction. Vous êtes en mode réaction quand vous parlez de vestes et de champ de vision. Ce sont des dispositifs de réaction. Très honnêtement, cela ne m'intéresse pas parce que tous ces moyens sont déployés après une fois le fait accompli. L'incident s'est déjà produit.
Je veux savoir comment nous pourrions être proactifs, faire de la prévention, et quelle technologie l'industrie propose dans cette optique? Soyons réalistes. Le marché progressera au rythme de l'évolution des technologies mises au point — le gouvernement n'est pas un inventeur, c'est l'industrie qui fait ce travail — pour protéger la vie privée des citoyens et assurer leur sécurité.
Si nous parlons des moyens pris pour prévenir les incidents, où en est l'industrie dans ce domaine et quels produits pourraient être mis en marché pour assurer la protection des renseignements personnels et la sécurité du public?
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Merci beaucoup, monsieur Badawey. Votre temps est écoulé.
J'aimerais souligner que nous avons aussi le plaisir d'accueillir le président de Support aérien EXO Tactik, M. Stéphane Bouvier. Il est arrivé un peu en retard parce qu'il était pris dans la circulation.
Votre collègue s'est bien débrouillée.
Je dois passer la parole à M. Rayes, mais je tiens à dire que M. Bouvier nous a apporté un UAV, qu'il a déposé sur la table. Vous pourrez y jeter un coup d'oeil lorsque nous passerons au prochain groupe de témoins, si vous le désirez, ou avant, mais discrètement.
Nous allons écouter M. Rayes. Vous avez six minutes.
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Merci, madame la présidente.
J'ai vu que vous aviez la main levée et je sentais que vous vouliez réagir aux commentaires précédents. J'ai une question à vous poser, ensuite je vous permettrai de continuer sur le sujet. Si vous désirez ajouter certains éléments, je vous donnerai le reste de mon temps de parole pour le faire, puisque mon confrère qui est intervenu avant moi a posé essentiellement les mêmes questions que je trouvais très intéressantes et que je souhaitais vous poser.
Cela dit, je ne suis pas tout à fait d'accord sur les dires de mon prédécesseur. Je crois que l'industrie et le gouvernement ont la responsabilité commune d'établir des règles claires. Je suis convaincu que cette technologie est là pour de bon. De toute manière, on n'arrêtera pas l'évolution. L'industrie va clairement s'adapter. Je ne voudrais pas que ce soit le gouvernement qui paie. M. Berthold l'a souligné tout à l'heure. L'industrie peut faire son travail elle-même, sans qu'on ait à s'ingérer dans ses affaires.
Ma question porte sur toutes les technologies dont vous parlez, comme le transpondeur. J'aimerais connaître votre opinion à ce sujet. Vous pouvez répondre en premier vous deux, puis vous pourrez continuer par la suite.
Au même titre qu'il l'a fait pour les coussins gonflables pour des questions de sécurité, le gouvernement vient de légiférer en ce qui concerne la caméra de recul. Elle sera maintenant obligatoire. L'industrie va s'adapter et va inclure cette technologie pour tout le monde. Je crois qu'on ne devrait même pas se poser la question. Toutes les plus récentes technologies en matière de sécurité devraient être incluses. On devrait même installer des coussins gonflables de tous les côtés. Pourquoi serait-ce seulement les plus riches qui pourraient se permettre ces systèmes de sécurité? Ils devraient être obligatoires et on devrait étaler les coûts sur l'ensemble du système.
Pourrait-on, à la base, obliger les compagnies à installer ces systèmes de sécurité dans tous les nouveaux appareils qui sont mis en vente, de même que mettre en place une réglementation qui obligerait ceux qui en ont déjà à aller se procurer ces systèmes de sécurité? Cela ferait nécessairement en sorte de baisser les coûts, de rendre ces nouveaux systèmes de sécurité plus accessibles et d'assurer une plus grande sécurité.
Par l'entremise d'une autre réglementation, on pourrait obliger les utilisateurs à suivre une formation dans le but qu'ils respectent les règles d'utilisation, dans le même esprit que les cours de conduite, par exemple.
J'aimerais entendre votre opinion à tous les deux, en premier.
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Effectivement, il existe aujourd'hui plusieurs technologies que nous utilisons pour rendre la sécurité des appareils plus fiable. L'un des principes est la redondance. En aviation, on retrouve très souvent le phénomène de la redondance. Les avions utilisés pour le transport de passagers comptent jusqu'à deux redondances pour chaque système utilisé.
Par exemple, l'appareil que vous pouvez voir ici est beaucoup plus gros. L'une des raisons qui expliquent son plus gros format, c'est que tout est redondant à l'intérieur. La redondance, c'est le fait que tous les systèmes sont en double. Ainsi, si un système lâche, un autre prend le relais.
L'appareil que vous voyez ici, le petit Phantom 4, n'a aucune redondance. Pour le moment, il dispose de quatre moteurs. Si un moteur ou une hélice lâche, l'appareil plante et s'écrase.
La redondance est donc l'une des caractéristiques de ce genre d'appareil.
Pour ce qui est de la sécurité passive et active, il existe des systèmes de parachute qui...
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Je dois malheureusement vous interrompre. Tout cela a été expliqué tout à l'heure par votre collègue.
Ce que je voudrais savoir, c'est si, d'après vous, on pourrait obliger les compagnies à installer ces systèmes de redondance ou de sécurité dans ces appareils. Nous ne sommes pas des experts, ici, mais nous pouvons imaginer que cela existe. Pourquoi ne pas obliger, par réglementation, que cela soit déjà inclus dans les appareils, de la même façon que le gouvernement a déjà instauré une réglementation pour les coussins gonflables et la ceinture de sécurité et qu'il a l'intention de le faire pour la caméra de recul?
C'est le rôle de l'appareil gouvernemental de légiférer et c'est celui du secteur privé de s'adapter et de trouver les technologies pour ce faire, sinon le produit n'arrivera pas sur le marché, à moins d'être illégal, auquel cas des mesures seront prises, tout simplement.
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Nous reprenons nos travaux. J'invite nos témoins à gagner leur place. Messieurs Di Benedetto, Kerry Moher et Marc Moffat, je vous prie de prendre votre fauteuil.
Je tiens à informer les personnes assises au fond de la salle et les membres du Comité que les témoins précédents resteront avec nous jusqu'à la fin de la réunion. Ils se tiendront à votre disposition, soit dans la salle, soit à l'extérieur, pour répondre à toute autre question des membres du Comité ou de quiconque d'autre.
Je vous remercie tous de votre patience.
Messieurs Iacono et Aubin, nous poursuivons notre réunion. Est-ce que vous pouvez gagner vos fauteuils ou quitter la salle? Je vous laisse le choix.
Merci beaucoup.
Monsieur Fraser, vous avez six minutes pour poser vos questions.
Madame la présidente, mesdames et messieurs les députés et distingués invités, je m’appelle Tony Di Benedetto et je suis le président-directeur général de Drone Delivery Canada.
Permettez-moi tout d’abord de vous remercier tous de me donner l’occasion de témoigner devant le Comité permanent des transports, de l’infrastructure et des collectivités. Nous nous trouvons réellement aux débuts d’une industrie très prometteuse et cela m’encourage de voir que le gouvernement est déterminé à entendre des experts de ce secteur d’activité pour s’assurer de bien faire les choses pour ce qui est de la réglementation des véhicules aériens sans pilote, ou drones.
Pas un jour ne passe, ou presque, sans qu’on n’entende un reportage ou ne lise un article sur les drones. Parfois, l’article nous rappelle pourquoi il est si important de définir une approche responsable qui garantira notre sécurité à tous. Je pense ici à la nouvelle d’un avion de Porter qui a évité de justesse un objet qui peut avoir été un drone à 50 kilomètres de l’aéroport Billy-Bishop.
D’autres reportages nous rappellent, quant à eux, l’immense potentiel de cette technologie. Je vous parle du reportage du réseau anglais de Radio-Canada, la semaine dernière, qui a montré comment un drone équipé de défibrillateurs pouvait réduire le temps de réaction et accroître les taux de survie en cas d’arrêt cardiaque. Pour mettre ce reportage en perspective, quelque 40 000 Canadiens sont victimes annuellement d’un arrêt cardiaque, selon les estimations de la Fondation des maladies du coeur. Lorsque le coeur s’arrête de battre, les chances de survie diminuent de 7 à 10 % à chaque minute qu’il faut attendre qu’un défibrillateur envoie une décharge électrique salvatrice pour relancer le coeur.
Un informaticien de l’Université de Toronto a déterminé que des drones équipés de défibrillateurs et placés dans des endroits stratégiques pourraient précéder de nombreuses minutes les ambulances sur les lieux d’un incident et dans certains cas, réduire de moitié le temps de réaction, ce qui aiderait beaucoup de personnes à survivre. Ce n’est là qu’une application possible.
Les possibilités sont quasi illimitées quand on pense aux diverses applications de cette technologie: depuis les drones pour l’agriculture, la cartographie, l’exploration, le rétablissement après les catastrophes, jusqu’à la planification urbaine, les services de sécurité, l’architecture et le génie, en passant par la gestion de l’environnement, les loisirs et les divertissements, sans oublier la façon dont cette technologie révolutionnera la livraison juste à temps et la gestion de la logistique entourant les chaînes d’approvisionnement.
À mesure que la technologie et l’innovation progresseront, cette liste ne fera que s’allonger. Voilà ce qui nous enthousiasme autant à Drone Delivery Canada.
Depuis 2014, nous travaillons de concert avec le gouvernement et les municipalités à l’examen du potentiel des drones dans la mise au point d’une solide plateforme logistique. Nous sommes fiers de dire que nous avons été les premiers sur le marché. En très peu de temps, nous avons réuni certaines des personnes les plus talentueuses de notre pays — des chercheurs d’avant-garde et des professeurs en études aérospatiales — pour mettre au point une plateforme logistique commerciale capable de répondre à des besoins gouvernementaux et commerciaux dans les régions rurales et éloignées du pays. Par exemple, nous travaillons avec la ville de Vaughan, la première ville canadienne à mener un programme expérimental et nous cherchons ensemble comment les drones peuvent assurer ces services logistiques à la ville.
Nous sommes également emballés par le potentiel qu'offre cette technologie aux communautés nordiques du Canada. Nous menons actuellement un projet pilote qui concerne ces communautés pour voir comment les drones peuvent, de manière sûre et fiable, assurer des services indispensables tels que la livraison juste à temps de médicaments et de fournitures médicales.
Nous examinons la possibilité de nous associer à des communautés autochtones du Canada et d’employer leurs jeunes. Comme un bon nombre de pays ailleurs dans le monde, nous examinons aussi comment Drone Delivery Canada peut être utile à la Société canadienne des postes, dans ce cas pour livrer le courrier aux communautés nordiques, ce qui aiderait à réduire les coûts, permettrait des économies d’échelle et ferait disparaître des routes les camions qui émettent des gaz à effet de serre.
Nous pouvons tous ici voir le potentiel. La difficulté est la suivante: il faut que ce secteur d’activité prenne son essor en exploitant ce grand potentiel, mais en veillant aussi à ce qu’il le fasse d’une façon qui nous protège tous et à ce que les questions d’ordre juridique et éthique soient résolues.
En tant que chefs de file sectoriels, nous voulons continuer à faire partie de ce processus, à travailler aux côtés du gouvernement pour nous assurer que le Canada est perçu comme un leader dans l’élaboration des politiques en matière de technologies nouvelles et émergentes.
L’avenir, c’est tout de suite. En ce moment, les politiques et les règlements gouvernementaux sont en retard par rapport aux progrès de l’industrie. Le marché mondial des drones continue d’intéresser les investisseurs et les efforts font progresser cette technologie à la vitesse grand V.
Unissons nos forces et travaillons ensemble. Nous ne pouvons continuer d’exister dans un vide réglementaire, juridique et éthique. Les possibilités sont illimitées. Tout comme le potentiel, cependant, elles doivent être mobilisées et réglementées dans l’intérêt fondamental de tous.
Je vous remercie de nouveau du temps que vous m’avez consacré et je suis impatient de travailler avec vous à l’établissement de politiques qui deviendront des modèles pour le reste du monde.
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Madame la présidente et mesdames et messieurs les membres du Comité, je vous remercie de me donner la possibilité de comparaître aujourd'hui.
Je suis fier d'être Canadien et je possède une petite entreprise. C'est pourquoi je suis très excité par les possibilités qu'offrent les véhicules aériens sans pilote, UAV, tant au Canada que dans le monde entier. J'ai hâte de vous expliquer comment je pense que les Canadiens pourraient profiter de cette technologie et utiliser les possibilités qu'elle offre pour améliorer la situation économique et sociale.
Dans un monde où les acronymes particuliers à une industrie sont bien trop nombreux, je vais utiliser le mot « drone » au lieu de « UAV » aux fins de notre discussion d'aujourd'hui.
Comment pouvons-nous convaincre les Canadiens que l'utilisation des drones est à la fois sécuritaire et rentable? Je pose la question parce que je pense que nous ne pourrons pas retirer tous les bénéfices qu'offrent les drones si la population canadienne n'accepte pas mieux les drones ou plus précisément les opérateurs de drone et leurs qualifications.
Depuis 15 ans, Fresh Air Educators, une société dont le siège social mondial se trouve à Ottawa, est à la pointe de l'innovation et de l'éducation en ligne dans le domaine des loisirs de plein air. Notre leadership a pris naissance avec les cours pour la sécurité des bateaux à moteur grâce à un partenariat très réussi avec Transports Canada pour mettre sur pied un programme fédéral de carte de conducteur d'embarcation de plaisance, ainsi qu'avec la United States Coast Guard pour offrir des programmes de formation des plaisanciers, particuliers à chaque État, qui débouchent sur ce que l'on appelle généralement un permis de conduire pour bateau.
En s'appuyant sur ce leadership, Fresh Air Educators a introduit les innovations utilisées pour l'éducation en ligne des plaisanciers à d'autres activités de plein air, comme la chasse et les armes à feu, les véhicules tout-terrain, les motoneiges et les bateaux à voile. Nous avons établi des partenariats avec des douzaines d'organismes étatiques, provinciaux et fédéraux pour offrir à leurs résidents des programmes en ligne d'éducation, et les Fresh Air Educators ont accordé des certificats à plus de deux millions de passionnés de plein air, grâce à nos 125 cours en ligne offerts pour le compte de plus de 50 agences gouvernementales, tant au Canada, aux États-Unis qu'en Australie.
Plus récemment, nous nous sommes joints à la Small UAV Coalition de Washington D.C. et nous avons travaillé avec des experts du domaine des drones pour mettre au point une formation en ligne qui serait un outil clé pour fournir une formation en matière de sécurité et d'éthique aux millions des nouveaux opérateurs de drone commerciaux et de loisirs en Amérique du Nord.
Il est difficile d'obtenir des données précises sur les ventes effectuées dans cette industrie au Canada et quantifier ainsi les possibilités. Cependant, il est prévu qu'aux États-Unis, par comparaison, plus de deux millions de drones seront vendus en 2016, la quatrième année de suite au cours de laquelle les ventes ont été multipliées par deux. On prévoit que les ventes vont atteindre 10 millions de drones d'ici 2020, même si effectivement ce sont les drones commerciaux qui représentent la plus grosse partie de cette croissance.
Les principaux fabricants mondiaux de drones ont reconnu que le Canada était un marché très important. Compte tenu de notre situation géographique, personne dans la salle ne devrait être surpris d'apprendre que la possession de drones au Canada s'accroît à un rythme comparable. Nous devons tirer profit des possibilités économiques que les drones offrent à la fois aux citoyens canadiens et aux petites entreprises. Il faut que la certification et la formation soient bien faites pour que l'utilisation de ces drones soit sécuritaire et éthique, tout en renforçant la confiance de la population dans ces engins.
Le Canada a déjà eu l'image d'un pays de pointe en matière de drone, et ce, dans le monde entier, et il avait un avantage considérable sur de nombreux pays pour ce qui est de la possibilité juridique d'exploiter des drones à des fins commerciales. C'est pourquoi les sociétés canadiennes ont pu développer leurs activités sur le plan national et exporter, dans le monde entier, leurs capacités et leur expertise.
De plus, le Canada a réussi à attirer les investissements américains importants pour ce qui est de la formation et des tests reliés au drone, mais cet avantage a été complètement perdu au cours des derniers mois. La Federal Aviation Administration des États-Unis a adopté de nouveaux règlements révisés relatifs aux drones en 2016 qui ont autorisé l'exploitation commerciale des drones aux États-Unis. Le Canada doit réagir de son côté si nous voulons continuer à jour un rôle important dans cette industrie internationale en pleine croissance.
Heureusement que Transports Canada a apporté des mises à jour solides et bien pensées à la réglementation actuelle relative aux drones. Ces règlements révisés comprennent trois éléments essentiels, à savoir l'enregistrement, l'éducation et la certification. L'enregistrement est associé à la responsabilité, mais ne s'y limite pas. Il faut faire en sorte que l'enregistrement débouche sur l'éducation. Une fois votre drone enregistré, nous allons vous enseigner comment l'utiliser de façon sûre, légale et éthique. De plus, il faudrait travailler avec les opérateurs commerciaux pour qu'ils possèdent la formation nécessaire pour se procurer l'enregistrement légalement exigé et acquérir les habiletés nécessaires pour réussir dans le domaine.
Ce nouveau règlement sur les drones offre au Canada la possibilité incroyable de reprendre sa place de leader mondial. Permettez-moi d'aborder quatre éléments clés du règlement proposé dont les aspects particuliers sont importants.
Il y a premièrement l'enregistrement. Cette obligation sera plus facilement respectée si nous pouvons protéger les renseignements personnels du titulaire de l'enregistrement et si nous évitons des d'imposer droits inutiles.
En second lieu, il faut former de façon interactive et intéressante tous les utilisateurs. La plupart des accidents impliquant des drones qui ont fait les manchettes sont tout simplement causés par un manque d'éducation et d'information au sujet des obligations touchant la sécurité et la réglementation. Il n'y a aucune malveillance. Il s'agit simplement d'ignorance. Il faut donner à tous les opérateurs de drone une solide base en matière d'éthique pour qu'ils puissent correctement utiliser la technologie des drones. C'est également de ce groupe que sortiront les futurs opérateurs commerciaux. Il faut donc ouvrir la voie.
Il y a troisièmement les tests à passer en personne. La nouvelle règle de la partie 107 de la FAA est beaucoup plus simple que le processus d'exemption de l'article 333, mais elle est d'une lourdeur inutile puisqu'elle oblige les opérateurs commerciaux à se rendre dans l'un des 700 centres d'examen pour y subir un test de connaissances qui pourrait très facilement être administré en ligne. En outre, cette épreuve en personne coûte 150 $, alors que les examens passés en ligne pourraient coûter beaucoup moins cher.
Quatrièmement, il y a le programme. Il serait trop facile que le programme prévu comprenne des connaissances aéronautiques qui sont mieux adaptées aux pilotes des compagnies aériennes qu'à des pilotes de drones. Il faut que le programme et les épreuves se rapportent directement à l'activité visée, et abordent les sujets en des termes adaptés au public. Grâce à une collaboration de plus de 15 ans avec le bureau de la sécurité des bateaux de Transports Canada, Fresh Air Educators est bien placée pour fournir aux Canadiens la certification et la formation en ligne nécessaires pour que la population ait confiance dans les drones.
Je vous remercie de votre attention. Je serai heureux de répondre à vos questions.
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Bonjour. Je remercie madame la présidente et les membres du Comité. Vous devriez avoir devant vous un petit paquet de mes notes qui expliquent ce que fait notre centre d'excellence; je vais vous en parler également.
Je suis heureux de prendre la parole ce matin et je vous remercie sincèrement pour l'opportunité qui m'est offerte. Je m'appelle Marc Moffat. Je suis le directeur général du Centre d'excellence sur les drones, CED, situé à Alma, au Québec, et adjacent à la 3e Escadre de Bagotville. J'ai eu le plaisir de servir au sein des Forces armées canadiennes pendant 20 ans dans les forces aériennes.
Tout d'abord, voici quelques mots sur notre organisation et sur ce que nous avons accompli à ce jour pour appuyer la communauté canadienne des systèmes de drones. Établi en 2001, le CED s'est engagé à appuyer l'industrie des drones et son développement. Notre site est soutenu depuis ses débuts par la ville d'Alma et son conseil.
Le CED est une organisation à but non lucratif dont la mission est de développer un centre d'expertise, de services et d'innovation dans la conception, les applications et les opérations de drones, mais qui oeuvre spécifiquement à soutenir l'intégration sécuritaire des drones dans notre espace aérien canadien.
La ville d'Alma soutient humblement que le site d'essai du CED a été fondé avant même que la Federal Aviation Administration ne crée les six sites américains.
Le CED a récemment été mentionné dans la Stratégie québécoise révisée de l'aérospatiale 2016-2026. Le gouvernement du Québec a convenu d'investir dans deux domaines précis. Tout d'abord, le CED dirigera la mise en place d'un créneau d'excellence sur les drones, mandaté pour fournir des orientations stratégiques au secteur aérospatial québécois. Deuxièmement, le gouvernement a convenu d'investir 800 000 $ en infrastructures pour la création d'un site de préqualification et de formation. Ce site de préqualification représente un investissement potentiel de 2,5 millions de dollars. II serait ensuite bien positionné pour devenir le seul site du genre en Amérique du Nord.
Pour ce qui est des opérations, des infrastructures et de l'espace aérien, la proximité et la coopération du CED avec la 3e Escadre Bagotville ont permis, à titre d'exemple, de mener des opérations d'un appareil de type moyenne altitude, longue endurance, MALE dans des espaces aériens restreints et non restreints. Notre équipe a appuyé l'opération d'un drone mesurant 45 pieds d'envergure et volant à plus de 160 kilomètres de l'aéroport d'Alma à des altitudes supérieures à 15 000 pieds.
Plus récemment, Transports Canada a approuvé l'établissement de huit zones aériennes restreintes de classe F pour effectuer des opérations de drones. Plus précisément, ces zones sont essentielles aux opérations hors de portée visuelle. La possibilité de réaliser ces vols représente la prochaine étape critique du développement des drones au Canada.
Le CED est également cofondateur du Consortium international de sites de tests aéronautiques, ICATS. Première organisation internationale du genre, le Consortium soutient l'industrie en permettant le développement et les tests de drones. ICATS a été créé pour partager des informations entre ses membres sur la sécurité opérationnelle, la réglementation des vols et, lorsque cela est possible, sur des expériences opérationnelles réelles.
Le CED et ses quelque 20 membres, qui viennent des universités, des collèges et de l'industrie privée, ont développé une expertise très spécifique et exclusive. Le Centre a participé à de multiples tables rondes, conférences et autres événements liés au secteur et souhaite partager avec vous quelques-unes de ses observations.
Pour ce qui est de l'élaboration de la réglementation, je dirais que la réglementation proposée concernant les drones de moins de 25 kilogrammes effectuant des vols à vue semble fournir le cadre approprié. Il est accepté par la communauté dans son ensemble. Cependant, les échéances ont continué d'être reportées et, à mon avis, ont abouti à de nombreuses opérations illégales puisque le processus d'obtention de COAS est trop lent pour répondre à la demande. Je suis à peu près certain que ce secteur souscrirait à cette affirmation.
Pour ce qui est de la reconnaissance et du soutien accordé au site d'essai national, nous avons besoin de la participation et de l'implication de Transports Canada. À titre d'information, deux sites d'essai ont été établis au Canada: l'un est situé à Foremost en Alberta — je ne sais pas si les responsables de ce site ont été invités à comparaître — et nous-mêmes. Nous avons reçu le soutien de Transports Canada lors de l'établissement de l'espace aérien restreint et nous croyons que ce ministère est très intéressé à participer au développement et à l'exploitation des opérations BVLOS. Par contre, à ce jour, nous avons été traités comme tous les autres opérateurs.
Certaines provinces, comme l'Alberta et le Québec, ont consacré temps et argent pour développer des orientations stratégiques. Il est urgent d'élaborer des orientations stratégiques au niveau fédéral. Je crois que cela aurait une influence positive sur le développement global de la réglementation.
Pour ce qui est de la normalisation au niveau des régions, comme je l'ai déjà dit, bien que la réglementation se développe en fournissant un cadre sécuritaire, il existe un écart important entre les régions quand on parle de son application. Le processus de demande de COAS varie dans chaque région et c'est une problématique qui doit être adressée.
Pour ce qui est de la sensibilisation, Transports Canada semble s'inquiéter du nombre des incidents reliés aux drones, mais je crois fermement que ce nombre accru d'incidents dans les statistiques est attribuable au manque de connaissance des utilisateurs récréatifs. Je crois que nous avons parlé de cet aspect au cours de l'intervention précédente.
En conclusion, je vous remercie de m'avoir fourni cette opportunité. J'ai hâte de répondre aux questions que vous souhaitez poser, et je pourrais le faire également en français.
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Merci, madame la présidente.
Je vous remercie tous de vos témoignages très éclairants.
Au cours de cette étude sur les drones, plus on entend de témoins, plus on en apprend et plus on se rend compte qu'il y a un potentiel extraordinaire pour l'économie canadienne. Votre désir d'avoir des certitudes en ce qui a trait à la réglementation est important. Or, il ne faudrait pas développer une phobie de cette nouvelle technologie, comme on l'a entendu lors de la première réunion. Il ne faudrait pas faire avec les drones ce qu'on a fait avec Uber, c'est-à-dire attendre qu'il soit trop tard avant d'agir et dresser les industries les unes contre les autres.
Je vous remercie donc de vos témoignages très intéressants.
Nous recevons des témoins de qualité et nous avons reçu une demande de représentants d'aéroports de comparaître devant nous. Nous avions aussi soulevé la possibilité d'inviter des gens du monde municipal. Il serait peut-être pertinent d'allouer une journée supplémentaire à l'étude des drones pour vraiment faire le tour de la question, afin que le Comité remette rapidement un rapport au gouvernement. Nous devons jouer notre rôle de conseillers relativement à cette réglementation. Je soumets cette demande à l'ensemble de mes collègues. Nous sommes très ouverts à l'idée d'ajouter cette journée de séance.
Messieurs Di Benedetto, vous demandez qu'il y ait une réglementation. En même temps, vous dites que votre principal obstacle est la réglementation. Pouvez-vous me dire exactement de quoi l'industrie a besoin pour bien aller tout en assurant la sécurité? En quelques mots, comment expliquez-vous ce paradoxe? Vous dites que la réglementation vous nuit et, en même temps, vous dites en avoir besoin.
L'un ou l'autre de vous deux peut répondre.
:
Merci, madame la présidente.
Chers invités, je vous remercie d'être parmi nous et de mettre à niveau mes connaissances qui, je l'avoue, étaient assez limitées. Elles me parvenaient par des images qu'on voit souvent sur Facebook. Elles sont absolument magnifiques quand il est question de promotion touristique, mais un peu catastrophiques quand on voit des drones s'écraser au sol.
J'aimerais comprendre comment se partage l'espace aérien. Dans le cas d'un aéronef courant, on sait que dès qu'un avion décolle, sa route est déjà tracée. On sait exactement où il passera et tous les risques de collision sont évités. Cependant, on a l'impression qu'on n'a pas à suivre de telles règles dans le cas des drones, mais c'est peut-être une fausse impression. Du moins, peut-être que l'usage récréatif n'est pas soumis à de telles règles, alors que l'usage professionnel y est soumis.
J'aimerais que l'un d'entre vous m'éclaire sur le partage de l'espace aérien entre les drones et les aéronefs.
[Français]
Merci beaucoup, madame la présidente.
Je vais poursuivre dans la même veine.
Nous avons tous, du moins ceux et celles qui ont des enfants, essayé de faire voler un de ces petits drones qui sont disponibles dans les magasins et qui coûtent un peu moins cher. Nous avons tous percuté des murs et, finalement, brisé le fameux drone, malgré tous les systèmes de protection. C'est, je pense, ce que les Canadiens connaissent des drones à l'heure actuelle.
L'éventualité que des drones livrent des colis chez les gens, à leur porte, soulève évidemment des questions de sécurité. Je vais y revenir. Cela dit, la réglementation municipale est également un enjeu.
De fait, plusieurs intervenants sont impliqués dans la commercialisation de l'utilisation des drones. Par exemple, est-ce qu'un drone va circuler le soir, la nuit, le matin? Va-t-il pouvoir livrer des colis à proximité des écoles? On a de sérieuses craintes concernant l'utilisation des drones.
Nous n'en avons pas encore beaucoup parlé, mais il faut songer à l'acceptabilité des drones, notamment les drones professionnels, par opposition aux drones qu'on utilise à la maison, comme moi, qu'on tente de faire voler et qui finissent par briser un pot de fleurs ou autre objet du genre, comme je l'ai mentionné.
Qu'en est-il de l'utilisation commerciale? Messieurs Di Benedetto, votre entreprise a-t-elle entrepris des démarches auprès d'autorités autres que Transports Canada?
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Exact. Vous avez raison. À l'échelle mondiale, c'est un secteur en train d'exploser. Il y a des pays comme l'Australie, l'Ukraine, le Royaume-Uni. Aux États-Unis, la FAA vient d'attribuer sont premier permis il y a environ un mois.
Tout le monde veut s'engager prudemment dans ce changement de paradigme qui touche l'utilisation de notre espace. Une approche raisonnable consisterait à commencer lentement, à apprendre peu à peu, à faire participer tous les intéressés au processus et ensuite, à renforcer progressivement ces activités. C'est ainsi que nous pensons que le monde va évoluer du point de vue commercial.
Nous modifions certaines petites choses. Nous faisons des essais tous les jours avec nos chercheurs et nos partenaires universitaires. Nous apprenons tous les jours quelque chose. Nous commençons dans ces grands espaces, le Canada pourra être un chef de file.
Nous allons faire de notre pays un chef de file dans cet espace et ensuite, tout le monde fera la même chose. C'est la bonne façon de procéder. Du point de vue commercial, cela semble tout à fait logique.
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Voilà qui est fascinant. J'ai bavardé un peu avec certains d'entre vous. On nous a dit qu'il ne fallait pas paniquer avec cette nouvelle technologie et je ne pense pas que cela soit justifié.
Je comprends que cette technologie offre de grandes possibilités, en particulier dans le Nord, et qu'elle peut desservir les collectivités isolées, livrer les biens nécessaires, etc. Les possibilités sont infinies dans cette région et nous devons élaborer un cadre réglementaire pour ces activités.
J'imagine également qu'un jour on trouvera à l'arrière d'un véhicule de la police un drone avec les menottes parce qu'il a livré des drogues à quelqu'un.
Il est vrai qu'il y aura beaucoup de cadeaux de ce genre à Noël, mais je pense que, dans un an, la plupart de ces cadeaux vont se retrouver sur les étagères une fois passé l'attrait de la nouveauté, ce qui laissera deux secteurs. L'un est le secteur commercial, et ce secteur a des projets très solides. L'autre est le bricoleur. Quand j'étais jeune, à l'époque où nous nous lancions des pierres, nous aimions beaucoup bricoler nos voitures. Il y a quelqu'un qui a eu une idée brillante. Pourquoi ne pas faire des petites pistes de course pour que les jeunes puissent montrer ce qu'ils sont capables de faire, tout en respectant la sécurité? En ce moment même, il y a des bricoleurs dans des sous-sols qui sont en train de construire des drones plus grands et plus rapides et qui peuvent aller plus haut.
Je m'adresse à vous, monsieur Moher, mais monsieur Moffatt, vous pouvez également intervenir. Avez-vous réfléchi à la façon d'intéresser ces bricoleurs, de les faire participer, pour qu'ils fassent tout cela au grand jour; pour qu'ils innovent au lieu de les obliger à rester dans leur sous-sol où ils vont faire des bêtises?
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Merci, madame la présidente.
J'aimerais revenir sur la question de l'éducation, qui m'apparaît primordiale. Il me semble que l'industrie sur le plan de l'usage professionnel arrivera plus facilement. En fait, c'est déjà plus réglementé que dans le domaine récréatif, même si c'est le domaine récréatif qui prend actuellement le plus grand espace.
Que vous survoliez avec vos drones nos forêts, nos pipelines, le Grand Nord, soit, mais quand le drone du voisin survole ma cour, j'ai un problème qui est celui non pas du vol d'identité nécessairement, mais du bris de mon intimité.
Comment abordez-vous la question du droit à la vie privée avec une industrie aussi émergente que celle du drone?
Commençons par M. Moher.
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Si l'on donne trop de liberté aux opérateurs, cela risque de causer des problèmes, en particulier dans le domaine récréatif. L'idée est que tous ces drones, qu'ils soient destinés à un usage récréatif ou commercial, contiennent des technologies qui les obligent à ne pas faire certaines choses, par exemple, à ne pas voler à telle hauteur, à ne pas dépasser telle limite autour du Parlement ou de certaines écoles. Ce sont des technologies qui doivent être intégrées et qui ne puissent être modifiées par les consommateurs. Il y aura toujours des bricoleurs qui vont essayer de modifier les choses, mais c'est une technologie qu'il faut proposer aux fabricants pour qu'ils l'utilisent.
Nous avons d'étroites relations avec les fabricants dont nous achetons les produits. C'est ce qui nous pousse à agir pour assurer la sécurité. La dernière chose à faire serait de laisser un étranger prendre le contrôle d'un drone en vol. Du côté récréatif, il y a ces petits drones, et nous pensons que ce sont des jouets. En fait, ce ne sont pas des jouets. Ce sont des jouets pour nous, mais ils peuvent être considérés comme nuisibles par d'autres.
Il faut que les fabricants assument certaines responsabilités. Nous, les concepteurs et les opérateurs, nous avons un intérêt très direct lorsqu'il s'agit d'assurer la sécurité non seulement la nôtre, et celle de nos clients, mais également celle de la population. C'est un aspect qu'il conviendrait d'aborder avec les fabricants qui proposent cette technologie, en leur disant que cet aspect doit être intégré dès le départ à cette technologie.
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Ma question s'adresse aux représentants de Drone Delivery Canada.
Sauf erreur, vous voulez qu'il y ait une réglementation qui vous permette d'effectuer des livraisons à l'aide de drones. Il peut s'agir de livraison de pizza, de médicaments et même de choses de plus grande taille, comme vous l'avez dit tout à l'heure.
De quelle façon prévoyez-vous faire des livraisons par drone de façon sécuritaire, étant donné qu'il ne sera pas possible pour le pilote d'avoir constamment à vue son drone, comme c'est requis actuellement?
J'ai une deuxième question. D'après vous, qui sera tenu responsable si, lors d'une livraison, il y a un accident entre un drone et un individu, une auto, un camion ou autre? Comment va-t-on déterminer la responsabilité?