:
Merci, madame la présidente. Je suis enchanté d'être ici. Cela fait un long moment que j'attends ce plaisir.
[Français]
Madame la présidente et honorables membres du Comité, je suis heureux de vous rencontrer aujourd'hui pour parler du projet de loi .
[Traduction]
J'aimerais remercier le Comité d'avoir entrepris l'étude du projet de loi avant que la Chambre ne reprenne ses travaux. Nous vous en sommes très reconnaissants. Je sais que vous avez eu trois journées très chargées.
Un réseau de transport dynamique est essentiel pour maintenir le rendement économique et la compétitivité d'ensemble du Canada. Une fois adopté, ce projet de loi se traduira par des modifications à la Loi sur les transports au Canada et à d'autres textes législatifs qui permettront à notre pays de tirer parti des perspectives mondiales et d'apporter des améliorations destinées à mieux répondre aux besoins des Canadiens et à leurs attentes en matière de services.
Les mesures prévues dans le projet de loi reflètent ce que les Canadiens nous ont dit espérer au cours des nombreuses consultations que nous avons menées l'an dernier. Nous avons organisé plus de 200 rencontres et tables rondes partout dans le pays pour connaître le point de vue des intervenants des domaines du transport et du commerce, des groupes autochtones, des provinces et des territoires et des particuliers sur l'avenir des transports au Canada. Notre travail vise à instaurer et à favoriser les conditions nécessaires au succès à long terme. C'est précisément l'objectif de ce projet de loi.
Le projet de loi est un important premier pas — et j'insiste sur « premier pas » — sur la voie menant à une mise en oeuvre rapide de mesures concrètes à l'appui de Transports 2030, plan stratégique pour l'avenir des transports au Canada. Le projet de loi est axé sur nos priorités immédiates dans les secteurs des transports aériens, ferroviaires et maritimes. Son but est de réaliser une série de mesures favorisant la mise en place d'un réseau de transport intégré qui soit sûr, vert et innovateur et qui contribue à la croissance économique et à la santé de l'environnement, sans oublier le bien-être des Canadiens lors de leurs déplacements.
Les préoccupations des Canadiens ont été mises en évidence ces derniers mois par des cas très médiatisés de traitement inadmissible de passagers aériens, aussi bien au Canada qu'ailleurs. Le projet de loi propose de charger l'Office des transports du Canada d'élaborer, de concert avec Transports Canada, de nouvelles règles visant à mieux protéger les droits des passagers aériens au Canada. Ces règles garantiraient aux passagers aériens des droits clairs et uniformes qui seraient équitables aussi bien pour eux que pour les transporteurs aériens.
Voici quelques exemples des questions qui seraient abordées dans les nouveaux règlements: refus d'embarquement en cas de surréservation, retards et annulations, bagages perdus ou endommagés, retards excessifs sur l'aire de trafic, attribution aux enfants, sans frais supplémentaires, de sièges à côté d'un parent ou d'un tuteur et élaboration par les transporteurs de normes claires pour le transport des instruments de musique. Les voyageurs devront disposer de renseignements clairs sur les obligations des transporteurs et sur la marche à suivre pour obtenir une indemnisation ou déposer une plainte.
En vertu des mesures législatives proposées, les Canadiens et tous les voyageurs en déplacement au Canada bénéficieront d'une approche uniforme, prévisible et raisonnable. Mon objectif est de permettre aux passagers aériens de bien comprendre leurs droits tout en veillant à ce que la nouvelle approche n'ait pas d'effets négatifs sur l'accès aux services aériens ou le coût des voyages en avion.
J'ai clairement indiqué que les règlements comporteront des dispositions garantissant que tout cas de refus d'embarquement pour cause de surréservation sera réglé sur une base volontaire et qu'en aucun cas, une personne ne sera expulsée contre son gré d'un avion après avoir embarqué. En tant que Canadiens, nous nous attendons à ce que les transporteurs aériens qui desservent notre pays traitent leurs passagers avec le respect qui leur est dû et honorent leurs engagements.
[Français]
Ce projet de loi propose également que des règlements soient établis pour exiger des données de la part de tous les fournisseurs de services aériens afin de surveiller l'expérience des passagers aériens, notamment le respect de l'approche proposée en matière de droits des passagers aériens.
Ce projet de loi propose également d'assouplir les restrictions en matière de propriété internationale. Cela passera de 25 % à 49 % des actions avec droit de vote pour les transporteurs aériens canadiens et sera assorti de mesures de protection connexes, tandis que le plafond de 25 % sera maintenu pour les services aériens spécialisés.
En vertu de ces mesures de protection, un seul investisseur étranger ne pourra détenir plus de 25 % des actions avec droit de vote d'un transporteur aérien canadien, et aucune combinaison de transporteurs aériens étrangers ne pourra posséder plus de 25 % des actions d'un transporteur canadien.
L'incidence directe de niveaux d'investissement internationaux plus élevés sera celle-ci: les transporteurs aériens et les entreprises canadiennes souhaitant créer un nouveau service de transport aérien auront accès à un plus grand nombre de capitaux à risque. Par conséquent, ce bassin de capitaux, tant de source étrangère que de source canadienne, permettra au secteur canadien de devenir plus compétitif, ce qui se traduira par de meilleurs choix et une baisse des prix pour les passagers canadiens.
Une autre innovation de ce projet de loi est qu'il propose un nouveau processus simplifié et prévisible visant à autoriser des coentreprises entre les transporteurs aériens, en tenant compte de la concurrence et des considérations plus vastes d'intérêt public.
Au Canada, les coentreprises aériennes font actuellement l'objet d'un examen du Bureau de la concurrence sous l'angle du préjudice possible qu'elles peuvent causer à la concurrence, et ce, en vertu de la Loi sur la concurrence. Contrairement à de nombreux autres pays, en particulier les États-Unis, l'approche actuelle du Canada ne permet pas de tenir compte des avantages plus vastes que détiennent certains itinéraires pour le public. De plus, l'examen du Bureau n'est assujetti à aucun échéancier particulier.
D'aucuns se demandent si la manière actuelle d'évaluer les coentreprises ne risque pas de rendre les transporteurs canadiens moins attrayants aux yeux de leurs homologues internationaux comme partenaires de coentreprises, en plus de limiter la capacité des transporteurs canadiens à épouser cette nouvelle tendance.
Le projet de loi prévoit des mesures qui permettront au ministre des Transports d'étudier et d'approuver les coentreprises aériennes, lorsque cela sert l'intérêt public, en tenant compte des paramètres de concurrence. Le ministre entend consulter de près le commissaire de la concurrence pour s'assurer qu'il est dûment au courant de toute préoccupation au sujet de la concurrence. Les transporteurs aériens qui décident de faire évaluer leur projet de coentreprise en vertu de ce nouveau processus se verront offrir des échéanciers parfaitement clairs en vue d'une décision attendue.
À l'échelle mondiale, les aéroports engagent des investissements sans précédent dans le contrôle des passagers pour faciliter les voyages et obtenir des avantages économiques mondiaux. Les plus grands aéroports du Canada ont déjà exprimé leur désir d'investir dans ce domaine, et les aéroports plus petits ont manifesté le désir d'avoir accès à des services de contrôle afin de promouvoir le développement économique local.
Le projet de loi créera un cadre plus souple pour l'Administration canadienne de la sûreté du transport aérien, chargée de fournir des services de contrôle selon un mode de recouvrement des coûts, afin d'appuyer les efforts visant à préserver un système aéronautique à la fois sécuritaire et rentable.
[Traduction]
Le projet de loi propose par ailleurs d'importantes améliorations visant à renforcer la sécurité du transport par chemin de fer et à nous doter d'un réseau ferroviaire plus sûr auquel les Canadiens peuvent se fier. Comme vous le savez tous, puisque je l'ai répété à maintes reprises, la sécurité ferroviaire constitue ma toute première priorité.
Les modifications prévues de la Loi sur la sécurité ferroviaire imposeraient d'installer des enregistreurs audio-vidéo pour renforcer la sécurité ferroviaire en fournissant des données objectives sur les mesures prises par les équipes de train avant et pendant un accident ou un incident ferroviaire. De plus, cette obligation faciliterait l'analyse des problèmes connus de sécurité afin de prévenir les accidents.
Les dispositions prévues imposeraient aux compagnies de chemin de fer non seulement d'installer des enregistreurs, mais aussi de limiter l'utilisation des données recueillies en fonction de critères très stricts. Par exemple, le Bureau de la sécurité des transports aurait accès aux données enregistrées pour enquêter sur les causes d'un accident. Transports Canada et les compagnies de chemin de fer y auraient également accès, dans des conditions prescrites, afin d'assurer une gestion proactive de la sécurité et de faire le suivi des incidents et des accidents qui n'ont pas fait l'objet d'une enquête du Bureau de la sécurité des transports. Les limites qui seraient imposées sur l'utilisation des données ont pour but de maximiser la sécurité assurée par cette technologie tout en limitant le risque qu'elle empiète sur la vie privée des employés.
Le réseau canadien de transport ferroviaire des marchandises revêt une importance névralgique pour notre économie. Le projet de loi renforcerait ce réseau en en améliorant la transparence, l'équilibre et l'efficacité à long terme. Permettez-moi d'en donner quelques exemples clés.
En vertu du projet de loi, les expéditeurs auraient la possibilité de réclamer des sanctions financières réciproques en cas de violation d'un accord de service avec les compagnies de chemin de fer. Ils disposeraient d'un accès équitable à des processus plus opportuns de règlement des différends en matière de services et de prix, et un plus grand nombre d'expéditeurs pourraient en particulier se prévaloir du processus rationalisé d'arbitrage final. En outre, de nouvelles mesures permettraient à l'Office de mettre à la disposition des expéditeurs des moyens informels de règlement des différends, ainsi que des conseils à cet égard.
Le projet de loi introduirait également une nouvelle mesure, l'interconnexion de longue distance, qui permettrait aux expéditeurs captifs de différentes régions et secteurs d'avoir accès à une autre compagnie de chemin de fer. Les prix seraient basés sur des transports comparables, l'Office étant investi des pouvoirs nécessaires pour juger de la comparabilité. Le projet de loi aurait également pour effet de moderniser les mesures clés portant sur le transport du grain, comme le revenu maximal admissible, afin de favoriser les investissements des compagnies de chemin de fer et de veiller à ce que les taux d'interconnexion soient régulièrement mis à jour de façon à leur assurer un revenu adéquat.
De plus, le projet de loi renforcerait la transparence du secteur en imposant aux grandes compagnies ferroviaires de communiquer certaines données de rendement, de service et de prix relatives à leurs activités canadiennes. Transports Canada serait autorisé à rendre publiques les tendances relatives aux prix.
Grâce à ces initiatives et à d'autres dispositions du projet de loi, nous prenons les importantes mesures nécessaires pour mettre à la disposition des Canadiens le réseau ferroviaire de transport de marchandises dont ils ont besoin aussi bien aujourd'hui que dans les années à venir.
Ce ne sont pas les seules mesures que nous préconisons pour favoriser les échanges avec les marchés mondiaux. Le projet de loi propose aussi de modifier la Loi sur le cabotage et la Loi maritime du Canada afin d'améliorer le transport maritime et l'accès au financement des infrastructures maritimes. En particulier, les modifications de la Loi sur le cabotage autoriseraient tous les armateurs à repositionner les conteneurs vides qu'ils possèdent ou louent à différents endroits du Canada en utilisant des navires battant n'importe quel pavillon. Cela conférerait une souplesse logistique nettement plus importante à l'industrie. De plus, les modifications proposées de la Loi maritime du Canada permettraient aux administrations portuaires canadiennes d'accéder aux prêts et aux garanties d'emprunt de la Banque de l'infrastructure du Canada afin d'appuyer les investissements dans les grandes infrastructures habilitantes.
Je dirai en conclusion que je suis convaincu que ce projet de loi permettra de prendre d'importantes mesures qui faciliteront le passage du réseau de transport du Canada au XXIe siècle. En fin de compte, nous avons besoin d'un réseau qui réponde aux exigences de l'économie d'aujourd'hui afin de transporter nos voyageurs et nos marchandises avec efficacité et sécurité. L'adoption rapide du projet de loi cet automne nous permettrait de franchir une étape essentielle à la réalisation d'améliorations concrètes du réseau national de transport, améliorations qui profiteront aux Canadiens pendant des décennies.
Je vous remercie de votre attention. Je me ferai maintenant un plaisir de répondre à vos questions.
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Bonjour, monsieur le ministre.
Tout d'abord, j'espère que vous-même et vos collaborateurs avez réussi à bien comprendre ce que nous ont dit les différents témoins qui, invariablement, ont parlé d'une étape majeure. Nous réalisons ici des choses que certains attendent depuis très, très longtemps. Tous les témoins ont ajouté qu'ils aimeraient voir améliorer certains aspects, de sorte que j'estime que nous avons en quelque sorte trouvé un juste équilibre.
Vous en entendrez un peu plus, au moment opportun, sur l'interconnexion de longue distance et sur le point de correspondance le plus proche par opposition au point le plus compétitif. Nous entendrons parler de l'exclusion du soja du revenu admissible maximal, de la propriété des données recueillies par les systèmes d'enregistreurs audio-vidéo, de l'actualité des données et du temps qu'il faut pour que tout le monde puisse fournir les données nécessaires et faire preuve de la transparence voulue. Vous entendrez parler de tout cela plus tard.
En ce qui concerne la charte des droits des passagers aériens, j'ai passé beaucoup de temps dans des avions pendant que je faisais la navette entre Ottawa et la circonscription de Fleetwood—Port Kells, en Colombie-Britannique. Que je reste en attente sur une aire de trafic ou dans l'habitacle d'une fusée, il m'est indifférent d'avoir un peu de retard pourvu que je sois en sécurité. De toute évidence, il y a là un équilibre à trouver, mais, en dépit du fait que les compagnies aériennes ont beaucoup retenu l'attention, il ne faut pas perdre de vue que des retards sont causés lorsque les équipes au sol ne sont pas disponibles à un aéroport. Ce n'est pas un problème de sécurité; c'est plutôt un petit problème opérationnel.
Je m'interroge sur un point. Si on considère l'expérience globale des passagers et qu'on se demande si l'insistance sur la responsabilité des compagnies aériennes est équitable et équilibrée, compte tenu du fait que certains des autres intervenants contribuent — pas nécessairement du point de vue de la sécurité, des conditions météo ou des cas de force majeure, mais simplement quand des choses n'ont pas bien fonctionné — aux retards et aux problèmes que connaissent les voyageurs aériens, est-il possible d'inclure tous ces éléments dans l'équation?
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Merci, madame la présidente.
Monsieur Garneau, vous êtes venu à Rouyn-Noranda dernièrement, où vous avez fait une annonce concernant l'aéroport. Avec l'agrandissement de l'aéroport, les choses devraient s'arranger, mais présentement, seule Air Canada dessert les vols jusqu'à Montréal, de sorte qu'il n'y a pas de concurrence et que les prix sont très élevés. Cela peut facilement me coûter 1 200 $ pour faire un aller-retour entre Rouyn-Noranda et Ottawa, alors qu'à vol d'oiseau la distance entre les deux est de moins de 500 kilomètres. On voit que l'absence de saine concurrence a des répercussions énormes sur les prix.
Pourtant, dans votre projet de loi , vous vous attribuez le pouvoir d'approuver des accords de coentreprise entre compagnies aériennes même si le commissaire de la concurrence estime que l'entente affaiblira la concurrence et augmentera les frais des passagers.
Encore une fois, les profits d'Air Canada semblent passer avant les droits des consommateurs. Après avoir déposé un projet de loi qui a sacrifié l'emploi de 2 600 travailleurs au Québec, vous revenez à la charge avec un projet de loi qui retire des pouvoirs au commissaire de la concurrence.
De plus, selon le registre du Commissariat au lobbying du Canada, Air Canada est entrée en contact à plusieurs reprises avec votre gouvernement pour discuter du cadre législatif régissant les coentreprises aériennes internationales.
En somme, on a l'impression qu'Air Canada pousse votre gouvernement à affaiblir les pouvoirs du commissaire de la concurrence et les droits des passagers. Les lobbyistes d'Air Canada doivent être fiers de pouvoir compter sur votre appui.
J'aimerais que vous me disiez en quoi supprimer les pouvoirs du commissaire de la concurrence va rendre service aux usagers du transport aérien.
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Merci, madame la présidente.
Oui, je veux bien prendre un moment pour mentionner l'énorme contribution de mon cher ami, notre collègue Arnold Chan.
Je sais qu'il voudrait nous voir concentrer nos efforts sur notre travail pour avancer vers les objectifs que nous poursuivons. Lorsque je lui ai rendu visite, il y a quelques jours, il s'inquiétait non de lui-même, mais de ce que chacun de nous faisait. Il savait quel était son sort et voulait être sûr que nous resterions tous attelés à la tâche. Il voulait savoir ce qui se passait ici, discuter de notre travail au Comité de la procédure et des affaires de la Chambre, où nous siégions ensemble, et connaître les derniers potins de la Colline.
Il aimait cet endroit. C'était sa vie. Bien sûr, toujours fidèle à lui-même, il s'est confondu en excuses, malgré sa respiration difficile, parce qu'il ne pensait pas pouvoir se joindre à nous au caucus du lendemain ou à la Chambre, cet automne.
Je voudrais, en notre nom à tous, adresser mes condoléances les plus sincères à sa femme Jean et à ses trois fils. Nous sommes de tout coeur avec eux en ce moment difficile.
Arnold, nous n’oublierons pas de laisser parler notre coeur et d'utiliser notre tête et, en le faisant, nous penserons toujours à toi.
:
C'est encore moi, monsieur le ministre. J'ai l'impression que je suis en conversation avec vous. Cela doit rappeler aux fonctionnaires qui vous entourent les séances d'information qu'ils avaient l'habitude de me présenter.
Je tiens à dire brièvement que j'ai bien conscience qu'il faut trouver un équilibre délicat dans le portefeuille que vous occupez — et je sais que je parle à quelqu'un qui comprend bien la situation. Dans le secteur aérien, il faut tenir compte des compagnies aériennes, des aéroports et des voyageurs. Pour ces derniers, il y a la déclaration des droits des passagers. Dans le secteur de la marine, il faut tenir compte des cargos, des ports, des expéditeurs. Tous ces intervenants sont importants.
Dans le secteur ferroviaire, l'équilibre est différent et plus difficile à trouver, c'est garanti. Vous savez que c'est difficile. D'un côté, il y a les agriculteurs, les compagnies forestières, les compagnies minières, les conteneurs et le reste. De l'autre côté, il y a les compagnies ferroviaires et à cela, il faut ajouter un brin de syndicat. C'est un secteur très difficile. Chaque fois que l'on touche au statu quo, ce que fait le projet de loi , on crée des gagnants et des perdants. Le défi ici est de trouver quel est le meilleur équilibre.
J'aimerais revenir à ce que vous avez dit, je crois, à M. Sikand ou à M. Fraser. Il était question de savoir s'il fallait inclure dans le projet de loi la capacité pour l'OTC de prescrire l'autoapplication. Je vais prendre cette fois l'exemple du secteur forestier qui est très différent.
L'APFC s'était présentée devant le Comité pour demander d'accorder à l'office la capacité d'intervenir pour leur permettre d'étudier certains aspects. Je pense que tout cela est authentique, puisque, comme l'a souligné mon collègue M. Chong, ce n'est pas la première fois que l'on fait face à des situations d'urgence dans le secteur du transport du grain et des marchandises. Il arrive parfois que les jeux politiques qui se jouent invariablement dans le bureau d'un ministre empêchent ce dernier d'agir rapidement pour autoriser la réalisation d'une étude. Cela arrive dans tous les partis. Ce n'est pas une question partisane.
J'essaie de comprendre, monsieur le ministre, pourquoi vous ne pensez pas que ce serait une bonne idée pour l'OTC, qui possède les compétences en la matière, de prendre des mesures et d'agir rapidement afin de résoudre les différends, lorsqu'une situation se reproduit, parce que l'office a la capacité de le faire lui-même.
Voilà un domaine dans lequel l'équilibre me préoccupe vraiment. Je ne vois pas l'utilité d'accorder seulement au ministre le pouvoir d'enclencher une enquête sur présentation d'un avis écrit. Par le passé, j'y ai eu recours et vous aussi, mais nous ne demeurons pas toujours en poste... Je ne suis pas ministre des Transports et un jour vous ne le serez plus. Nous devons faire en sorte que le système fonctionne pour tous et pour toujours.
Vous devez vous souvenir que parfois les ministres hésitent à prendre des décisions, alors pourquoi ne pas accorder ce pouvoir à l'OTC?
:
Madame la présidente, je m'appelle Melissa Fisher. J'occupe le poste de sous-commissaire déléguée à la Direction des fusions du Bureau de la concurrence. Mon collègue Anthony Durocher, sous-commissaire des pratiques monopolistiques, m'accompagne aujourd'hui.
[Français]
Est également présent Mark Schaan, directeur général de la Direction générale des politiques-cadres du marché à Innovation, Sciences et Développement économique Canada. Il est responsable de la politique sur la concurrence, alors que le Bureau remplit la fonction indépendante d'application de la loi.
[Traduction]
Je crois comprendre que le Comité a des questions au sujet des modifications apportées au rôle du Bureau en ce qui concerne l'examen des ententes entre les transporteurs aériens, comme l'énonce le projet de loi .
Je vais commencer en donnant quelques renseignements contextuels sur le Bureau et son mandat. Je parlerai ensuite de l'expérience du Bureau en ce qui concerne l'examen des fusions et des accords ou ententes entre les fournisseurs de services aériens. Finalement, je parlerai des dispositions du projet de loi qui ont une incidence sur le rôle du Bureau relativement à l'examen de ces types d'accords ou d'ententes.
[Français]
Le Bureau est un organisme d'application de la loi indépendant qui veille à ce que les consommateurs et les entreprises du Canada puissent prospérer dans un marché concurrentiel et innovateur qui offre des prix moins élevés et un meilleur choix de produits. Le Bureau est dirigé par le commissaire de la concurrence et il est chargé d'assurer et de contrôler l'application de la Loi sur la concurrence et de trois lois canadiennes sur l'étiquetage.
[Traduction]
La loi octroie au commissaire le pouvoir d'enquêter sur les comportements anticoncurrentiels. Elle contient des dispositions civiles et pénales et couvre des sujets comme les indications fausses ou trompeuses, l'abus de position dominante dans un marché, les fusions et la fixation des prix. Les affaires civiles sont réglées devant le Tribunal de la concurrence, un organisme juridictionnel spécialisé, composé de juges de la Cour fédérale et de simples citoyens possédant une expertise dans le domaine des affaires, du commerce et de l'économie, alors que les affaires pénales sont réglées devant les tribunaux. La loi permet également au commissaire de faire des démarches auprès des organismes de réglementation, des commissions ou des tribunaux afin de promouvoir la concurrence dans divers secteurs. Le Bureau a pour hypothèse de travail fondamentale que la concurrence est profitable tant pour les entreprises que pour les consommateurs.
Je suis ici aujourd'hui pour parler du rôle du Bureau relativement à l'examen des ententes entre les transporteurs aériens et de la manière dont ce rôle changera si le projet de loi est adopté.
Le Bureau détient une vaste expérience de l'examen des ententes, y compris les fusions et les coentreprises, dans le secteur du transport aérien. De la formation des premières grandes alliances entre des compagnies aériennes à la fin des années 1990 à l'acquisition de Canadian Airlines par Air Canada en l'an 2000 et l'arrivée, et parfois le départ, de divers transporteurs depuis ce temps, le Bureau a examiné diverses ententes entre les transporteurs aériens qui pouvaient nuire aux entreprises et aux consommateurs qui dépendent des services aux passagers aériens en introduisant des hausses de prix et en limitant les choix.
Plus particulièrement, en 2011, le Bureau a contesté devant le Tribunal une proposition de coentreprise entre Air Canada et United Continental qui prévoyait une collaboration quant à certains aspects clés de la concurrence, notamment la tarification, l'établissement de la capacité, les programmes de fidélisation, de même que le partage des revenus et des coûts. Après un examen approfondi, le Bureau a déterminé que le projet de coentreprise aurait eu pour effet de permettre aux compagnies aériennes de monopoliser ensemble 10 liaisons transfrontalières principales entre le Canada et les États-Unis et de diminuer sensiblement la concurrence sur 9 liaisons supplémentaires. Cette situation aurait alors vraisemblablement entraîné une augmentation des coûts et une réduction des choix pour les consommateurs. En définitive, le Bureau a conclu un règlement négocié avec les parties. Le consentement conclu interdit à Air Canada et à United Continental de mettre en oeuvre leur entente de coentreprise dans 14 liaisons transfrontalières.
L'affaire Air Canada et United Continental est un exemple de la manière dont le Bureau pourrait examiner une entente relative à des services aériens en vertu de la Loi sur la concurrence. Le Bureau examine généralement ce type d'entente en vertu des dispositions sur les fusions ou de celles touchant la collaboration entre concurrents de la Loi sur les fusions, en fonction de la structure de l'entente. Ces ententes peuvent avoir des effets positifs, notamment renforcer l'efficience et la compétitivité, ce qui permet aux Canadiens de profiter de prix moins élevés et d'un meilleur choix de produits. Cependant, elles peuvent également soulever des préoccupations sur le plan de la concurrence et, si le commissaire détermine qu'une entente aura vraisemblablement pour effet de diminuer sensiblement ou d'empêcher la concurrence, ce qui correspond au seuil prévu par la Loi, il peut la contester devant le Tribunal, sous réserve d'une exception s'appliquant aux coentreprises considérées comme des fusions devant faire l'objet d'un préavis en vertu de la Loi, ou il recherche une solution consensuelle avec les parties sous la forme d'une entente.
Pour ce qui est des facteurs pris en compte lors de l'examen des fusions ou des ententes conclues entre concurrents, le Bureau procède à un examen exhaustif, tributaire des faits et fondé sur des données probantes, notamment sur une analyse quantitative. Dans son analyse d'une coentreprise entre des compagnies aériennes, le Bureau se concentrera sur les liaisons ou les services offerts par les parties se chevauchent ou sont susceptibles de se chevaucher.
Plus particulièrement, le Bureau détermine habituellement si les partenaires de la coentreprise fournissent des services concurrents aux passagers aériens entre une paire donnée de villes de départ et d'arrivée comme Toronto-Chicago ou Winnipeg-North Bay. Le Bureau détermine aussi si les consommateurs considèrent que le service sans escale ou avec une escale ou les voyages d'affaires et d'agrément se substituent l'un l'autre, par exemple. Le Bureau détermine s'il y a des concurrents qui desservent les liaisons exploitées par les parties qui se chevauchent, s'il ya des obstacles à l'entrée de nouveaux acteurs, ou si les concurrents actuels ou potentiels peuvent limiter la capacité de hausser les prix des parties à l'entente.
Une coentreprise qui réduit le nombre de concurrents ou de concurrents potentiels dans un marché déjà concentré soulèvera des préoccupations. Dans le cas de toute liaison qui se chevauche, le Bureau voudra s'assurer que les consommateurs ont accès à des services et à des prix concurrentiels et qu'une entente proposée ne ferait pas en sorte qu'une liaison soit captive d'une compagnie aérienne ayant un pouvoir de marché accru.
Pour l'évaluation des effets d'une coentreprise proposée sur la concurrence, il se peut que le Bureau doive obtenir une quantité importante de données et d'autres renseignements sur les marchés concernés auprès des parties à la coentreprise et d'autres intervenants dans ces marchés. Ces renseignements sont nécessaires pour effectuer un examen éclairé et crédible, basé sur de solides principes économiques. Le Bureau peut demander aux parties à l'entente de lui fournir ces renseignements de manière volontaire, obtenir ceux-ci auprès de tierces parties connaissant l'industrie ou consulter des sources publiques. Dans certains cas, il peut aussi s'adresser aux tribunaux pour obtenir une ordonnance de production de certains renseignements.
Le projet de loi établit un nouveau processus pour l'examen et l'autorisation des ententes entre au moins deux entreprises de transport offrant des services aériens. Ce processus couvrira tous les types d'ententes entre des transporteurs aériens, à l'exception des ententes pouvant être considérées comme des fusions devant faire l'objet d'un avis en vertu de la Loi sur la concurrence. Les fusions devant faire l'objet d'un avis sont des transactions de fusion qui atteignent des seuils financiers précis concernant la taille des parties et la taille de la transaction, et qui ne peuvent être effectuées que si le commissaire a eu la possibilité de procéder à un examen. Le ministre des Transports a le pouvoir de procéder à un examen de l'intérêt public des fusions devant faire l'objet d'un avis depuis l'an 2000.
Le projet de loi propose un nouveau processus pour les ententes concernant les services aériens qui permettront aux transporteurs aériens de volontairement demander au ministre des Transports d'autoriser un projet d'entente. Le commissaire recevra une copie de tout avis concernant une entente qui est fourni au ministre, accompagnée des informations prescrites par les lignes directrices.
Si le ministre détermine que le projet d'entente soulève des préoccupations importantes en lien avec l'intérêt public, le commissaire doit alors élaborer, dans les 120 jours suivant la réception de l'avis initial, un rapport à l'intention du ministre et des parties portant sur toute inquiétude liée à la possibilité que l'entente proposée empêche ou diminue sensiblement la concurrence. Un résumé du rapport du commissaire peut être rendu public. J'aimerais signaler à cet égard l'engagement pris actuellement par le Bureau en matière de transparence, sans sortir des limites dictées par les obligations de confidentialité, et préciser que cet engagement persistera dans le cadre de la procédure en question.
Le Bureau procédera à son analyse habituelle de la concurrence mais, dans la mesure où l'entente donne lieu à des préoccupations sur le plan de la concurrence, il n'aura pas la possibilité de résoudre ces préoccupations directement avec les parties en négociant des mesures correctives, ou en cherchant à obtenir une ordonnance corrective auprès du Tribunal. La décision finale dans de tels cas sera prise par le ministre des Transports et le ministre consultera le commissaire en ce qui concerne toute mesure corrective.
Dans les cas pour lesquels les parties ne demandent pas une autorisation au ministre et le ministre ne déclenche pas un examen de l'intérêt public, le Bureau évaluera les ententes en vertu de la Loi selon la procédure habituelle en vigueur, qui reste inchangée. Le Bureau s'engage à collaborer pleinement avec le ministère des Transports, notamment en faisant en sorte que ses employés soient disponibles pour fournir des conseils au ministre sur l'élaboration des lignes directrices exigées par le projet de loi et en prenant des mesures pour veiller à ce que ces lignes directrices obligent les parties à fournir l'information dont le Bureau a besoin pour réaliser une analyse de la concurrence de manière éclairée.
Même si le Bureau collaborera avec le ministre en échangeant des renseignements avec lui, l'examen des ententes réalisé par le Bureau demeurera distinct et indépendant de l'examen de l'intérêt public effectué par le ministre.
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Madame la présidente, membres du Comité, permettez-moi d’abord de vous présenter mes condoléances au nom de la Chambre de commerce du Canada, à l’occasion du décès de votre collègue parlementaire et membre de votre caucus, Arnold Chan.
La présidente: Merci.
M. Ryan Greer: Je suis sûr que nous sommes tous sensibles à la difficulté que vous devez ressentir à continuer de travailler dans une circonstance aussi pénible, et je vous suis reconnaissant de nous accueillir aujourd’hui.
Merci d’avoir invité la Chambre de commerce à participer à votre étude du projet de loi . Les amendements législatifs qui vous sont proposés affecteront les membres de toutes tailles de la Chambre, partout au pays et dans notre réseau de 200 000 membres.
J’aimerais commencer par féliciter M. Emerson et le Comité d’examen pour le rapport qu’ils ont préparé au sujet de la Loi sur les transports au Canada. Ce rapport exhaustif est à marquer d’une pierre blanche. Il contient des recommandations importantes pour moderniser les réseaux de commerce et de transport du Canada, et le projet de loi C-49 porte sur certaines des questions fondamentales qui y sont soulevées.
Notre angle d’approche, face aux différents éléments du projet de loi C-49, est l’impact des modifications proposées sur la compétitivité canadienne, de manière générale. Je commencerai donc par parler du secteur ferroviaire avant de faire quelques remarques sur le transport aérien.
Au Canada, la privatisation progressive du secteur ferroviaire a été un succès remarquable qui s’est traduit par d’importants investissements du secteur privé, lesquels nous permettent d’avoir des taux de fret parmi les plus bas et des niveaux de service parmi les plus élevés au monde.
Pour cette raison, la Chambre recommande la prudence si l’on envisage d’étendre la réglementation des chaînes d’approvisionnement du Canada. Dans une économie mondialisée, où la connectivité est devenue un facteur déterminant du succès économique, l’objectif de toute réforme du système de transport devrait être de continuer à rehausser l’efficience des chaînes d’approvisionnement, ce qui est d’ailleurs un thème essentiel du rapport de M. Emerson.
Le fait que ces chaînes d’approvisionnement soient organisées en réseaux, y compris dans le secteur ferroviaire, signifie qu’accorder un avantage réglementaire à un client, un secteur ou une partie du réseau prive inévitablement les autres parties du réseau de quelque chose. C’est l’une des raisons pour lesquelles les deux derniers comités d’examen de la Loi sur les transports au Canada, en 2001 puis en 2016, ont recommandé de ne pas élargir les limites de l’interconnexion et de maintenir un système essentiellement fondé sur les relations commerciales et les forces du marché.
En particulier, la Chambre est préoccupée par les dispositions proposées pour l’interconnexion de longue distance. Je pense que nous devrions nous méfier des conséquences imprévues, notamment du risque de décourager l’investissement et de réduire la productivité. N’oublions pas, en particulier, que la situation économique des voies secondaires éloignées desservant les industries des ressources naturelles est déjà difficile. L’ILD risquera de réduire le revenu que les compagnies de chemin de fer tirent de ces voies, ce qui compromettra leur survie.
Une autre conséquence de l’interconnexion de longue distance est qu’elle permettra aux compagnies ferroviaires américaines de profiter des lignes de chemin de fer canadiennes sans réciprocité. Sous sa forme actuelle, le projet de loi C-49 prévoit certaines exceptions géographiques pour l’accès américain, qui devraient au minimum être préservées. Sans ces exceptions, le Canada risquerait de perdre une grande quantité du trafic ferroviaire et portuaire destiné aux États-Unis, en particulier celui qui passe par Vancouver et Montréal.
Globalement, la compétitivité des chaînes d’approvisionnement est mieux assurée par l’existence d’un marché commercial comportant des dispositions suffisantes pour protéger les consommateurs en cas de litige. Le projet de loi C-49 propose des modifications raisonnables des mécanismes actuels de règlement des différends.
En ce qui concerne les décisions relatives au niveau de service au titre de la Loi sur les transports au Canada, la Chambre estime que la Loi devrait permettre de tenir compte de l’impact de ces décisions sur tous les éléments de la chaîne d’approvisionnement, et pas simplement sur un client particulier.
Cela étant, nous approuvons les dispositions du projet de loi qui modifient le régime du revenu maximum admissible, afin de supprimer certains des facteurs qui ont dissuadé les compagnies de chemin de fer de procéder à l’acquisition de nouveaux wagons-trémies. Nous approuvons également les mesures destinées à rehausser la transparence des données des chaînes d’approvisionnement, ainsi que certaines des mesures que le gouvernement a déjà prises à cet égard.
Nous appuyons aussi les dispositions du projet de loi C-49 concernant l’installation de caméras et d’enregistreurs dans les locomotives, y compris l’utilisation proactive de ces données par les compagnies de chemin de fer. Le ministre a souvent dit que la sécurité était sa grande priorité, et cela y contribuera.
Finalement, pour ce qui est du chemin de fer, la Chambre est favorable à l’augmentation de la limite individuelle de participation au capital-actions du CN de 15 % à 25 %. Il s’agit là d’une question d’équité par rapport aux autres transporteurs et aux autres modes de transport, et il est important de permettre à la compagnie d’avoir accès au capital nécessaire pour ses investissements à long terme.
Je passe maintenant rapidement aux dispositions du projet de loi concernant le transport aérien pour dire que la Chambre appuie l’instauration d’un nouveau régime des droits des voyageurs. Le régime actuel fondé sur les plaintes est chaotique. Il se traduit par une application incohérente des règles par les transporteurs. Il est grand temps de simplifier et d’uniformiser ces règles, autant dans l’intérêt des voyageurs que dans celui des compagnies aériennes elles-mêmes. Comme toute entreprise, une compagnie d’aviation est plus efficace et plus efficiente quand elle a plus de certitude au sujet de l’environnement dans lequel elle doit fonctionner.
Lorsqu’on procédera à l’élaboration des textes réglementaires pertinents, il conviendra selon nous de veiller à ce qu’ils reflètent clairement le fait que les compagnies d’aviation ne sont qu’une partie du système de transport aérien. Par exemple, les retards causés par les contrôles de sécurité restent l’une des principales plaintes des voyageurs qui prennent l’avion.
Le projet de loi exige aussi plus d’informations et de données sur le service des transporteurs aériens. Je recommande que cette exigence d’informations supplémentaires ne soit pas limitée à nos transporteurs, mais qu’elle s’applique aussi spécifiquement aux entités gouvernementales qui font partie du réseau et qui ont un impact sur la performance du système, comme l’ASFC et l’ACSTA.
Nous approuvons aussi les dispositions du projet de loi concernant les coentreprises et l’instauration d’un nouveau processus d’approbation par le ministre des Transports. Transférer le pouvoir ou créer ce nouveau processus permettra de prendre les décisions concernant les coentreprises en tenant compte de l’intérêt public et économique au sens large.
Nous recommandons que certaines des dispositions du projet de loi touchant les coentreprises soient modifiées. Notamment, la période d’examen d’une coentreprise par le ministre deux ans après son approbation devrait être allongée. Le compteur de cette période de deux ans démarre dès l’approbation du projet par le ministre plutôt qu’au moment où la coentreprise commence effectivement ses activités. Une fois qu’elle a décollé, si je peux dire, la période actuelle de deux ans n’est à notre avis pas suffisante pour évaluer le fonctionnement de la coentreprise sur le marché.
La Chambre approuve aussi les dispositions du projet de loi relatives au recouvrement des coûts de l’ACSTA, avec cependant une réserve importante, à savoir que ce n’est là qu’un palliatif en attendant que le gouvernement corrige ou tente de corriger le modèle de financement de l’agence. L’objectif du gouvernement devrait être de mettre fin au sous-financement chronique de l’ACSTA pour garantir que les voyageurs reçoivent vraiment les services de contrôle de sécurité qu’ils payent déjà avec leurs billets d’avion.
Nous approuvons également les dispositions concernant la propriété étrangère des compagnies d’aviation. Le ministre a déclaré que ce changement est destiné à stimuler la concurrence de façon à faire baisser les tarifs que payent les voyageurs. J’ajouterai seulement que, si le gouvernement veut vraiment faire baisser les tarifs, la première chose à faire est de revoir les coûts qu’il ajoute d’autorité au prix des billets, tels que les loyers aéroportuaires, les frais de sécurité, les droits de NAV Canada et d’autres taxes, qui ont tous un impact sur la compétitivité du transport aérien au Canada.
Je termine en félicitant le ministre, son équipe et son ministère pour tout le travail qu’ils ont consacré à Transport 2030 et au projet de loi . Je félicite également votre comité pour tout le travail qu’il fait cette semaine. Comme l’a dit le ministre ce matin, le projet de loi C-49 n’est que la première étape d’un projet de transformation de longue durée, et la Chambre de commerce est prête à continuer de collaborer avec le gouvernement pour rehausser la compétitivité du commerce et du transport au Canada.
Merci.
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Je vais commencer et mes collègues du bureau voudront peut-être intervenir.
L’une des raisons pour lesquelles nous avons introduit des dispositions sur les coentreprises dans le projet de loi est qu’à l’heure actuelle, les coentreprises n’ont pas de délais clairement définis dans notre pays parce qu’elles sont assujetties aux dispositions de la Loi sur la concurrence touchant la collaboration commerciale, que le commissaire de la concurrence peut invoquer à n’importe quel moment pour entreprendre un examen. Cela ne donne aucune certitude ni aucune prévisibilité aux parties, à moins qu’elles n’envisagent une fusion devant faire l’objet d’un avis.
Nous avons repris les dispositions sur les fusions, qui existent actuellement dans la Loi sur les transports au Canada et qui permettent de tenir compte de l’intérêt public, et nous y avons associé des délais plus clairs et plus courts. Si l’on prend les délais prévus pour les fusions, par exemple, il est important de tenir compte de la période qui mène au dépôt d’un avis de fusion, mais, en fin de compte, on peut prendre ce délai et dire qu’il y aura 42 jours pour informer les parties, et 150 jours s’il y a un facteur d’intérêt public à prendre en considération, et ensuite une date à déterminer pour toutes les étapes suivantes.
En ce qui concerne les coentreprises, je tiens à préciser que les 120 jours accordés au commissaire de la concurrence sont parallèles aux 150 jours du ministre des Transports. En fait, dans cet échéancier, nous avons essayé de trouver un juste équilibre entre la prévisibilité et la certitude, d’une part, et le souci de faire préserver une solide concurrence par le commissaire de la concurrence, d’autre part, ainsi que la prise en compte de l’intérêt public par le ministre des Transports. Nous croyons donc que la mesure envisagée préserve la compétitivité internationale dont le Canada jouit actuellement comme ses autres comparateurs.
En ce qui concerne votre remarque sur la période d’immunité minimum de deux ans, je tiens à souligner que c’est une période minimum de deux ans et qu’à moins d’indication contraire dans les modalités, les coentreprises n’auront pas de date d’expiration et continueront de fonctionner à perpétuité tout en faisant l’objet d’un examen annuel. Cela dit, nous croyons que le minimum de deux ans est suffisant. Il convient de souligner que, dans d’autres pays, comme les États-Unis, l’immunité antitrust peut être revue à n’importe quel moment par les autorités du secteur des transports et qu’il n’y a donc aucune garantie de pardon. Voilà pourquoi, dans les dispositions du projet de loi touchant les coentreprises, nous nous sommes efforcés de trouver un juste équilibre entre la préservation de la concurrence et la protection de l’intérêt public, tout en donnant aux parties le plus de certitude et de prévisibilité possible dans le cadre d’une procédure équitable.
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Toutefois, vous pouvez voir le problème. Lorsqu'on parle de concurrence, cela a une résonnance assez claire dans la tête de tous les citoyens. Lorsqu'on parle d'intérêt public, on est dans la vacuité, c'est le moins qu'on puisse dire.
Je passe au deuxième sujet, avant que le temps ne m'échappe. Je voudrais parler avec le représentant de la Chambre de commerce du Canada. Je vais donner un autre exemple, cette fois. Je pense que, en matière de développement économique, nous risquons de nous entendre.
Chez nous, à Trois-Rivières, il y a un aéroport régional qui, au fil des ans, n'a cessé de se développer, d'abord pour amener du trafic de plaisance, une école de pilotage, une compagnie de peinture d'avions et, maintenant, pour faire l'entretien d'un certain nombre d'avions d'Air Canada. Bref, on ne cesse d'investir dans un aéroport qui prend de l'ampleur et qui contribue au développement régional. Il y a même des ententes avec des compagnies aériennes pour organiser des vols nolisés.
Par contre, on achoppe sur un problème, parce que le projet de loi indique que si on veut avoir accès aux mesures de sécurité nécessaires pour faire un voyage hors frontières, on doit faire cela à ses frais.
Dans une perspective de développement économique régional, vous apparaît-il loyal que l'on ait deux types d'aéroports, c'est-à-dire certains qui reçoivent des services payés et d'autres qui doivent payer pour offrir ces mêmes services à leur clientèle?
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Oui, je vous remercie de votre question.
Vous avez soulevé, à mon sens, ce qui est un des quelques problèmes que posent le modèle de financement actuel de l'ACSTA et le fonctionnement de l'ACSTA dans son ensemble. À la base, le fait que nous percevons un droit pour la sécurité des passagers du transport aérien, qui entre dans les recettes générales du gouvernement, mais ne va pas entièrement aux services de sécurité — il sert à financer d'autres choses, mais le fait est qu'il n'est pas intégralement réinvesti —, met l'ACSTA en porte-à-faux pour ce qui est de remplir ses obligations dans les aéroports. C'est, à mon avis, une des raisons pour lesquelles le projet de loi cherche en attendant à autoriser les aéroports à prendre ces dispositions.
Comme je l'ai dit dans mes observations, je pense qu'on devrait considérer la capacité des aéroports de conclure ces ententes au mieux comme un palliatif, une solution temporaire, en attendant de revoir le modèle de financement de l'ACSTA pour arriver à quelque chose de plus raisonnable. Les aéroports québécois ne sont pas les seuls concernés. Il y a aussi des aéroports de petite et de moyenne taille dans tout le pays, surtout en pleine saison touristique. Ils reçoivent des demandes de voyageurs très haut de gamme ou de personnes qui voyagent sur des vols nolisés et qui souhaitent venir dépenser beaucoup d'argent dans leur collectivité, mais pour des raisons de calendrier ou de financement, ces aéroports ont du mal à obtenir du personnel de l'ACSTA.
À mon sens, vous avez mis le doigt sur une inégalité qui mérite d'être discutée. Cependant, je crois qu'avant de pouvoir y remédier, il faut revoir le modèle de financement global de l'ACSTA et l'utilisation faite du droit pour la sécurité des passagers du transport aérien pour financer l'ACSTA parce que, comme nous le voyons, certains gros aéroports sont incapables de satisfaire à toutes leurs obligations avec la prestation de services actuelle de l'ACSTA. Ils doivent passer des contrats pour des prestations supplémentaires à Pearson et ailleurs.
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Je remercie les témoins de leur présence. Je vous sais gré de la sincérité de vos observations préliminaires et de vos témoignages.
En plus de ne pas laisser jouer les forces du marché dans la manutention du grain au Canada en relevant le revenu maximum admissible, ce qui revient également à ne pas remédier à la cause sous-jacente des crises du transport du grain des 20 dernières années, il semblerait, d'après votre témoignage, que le gouvernement affaiblit aussi la concurrence dans un autre domaine en affaiblissant le pouvoir de ce qui est un organisme chargé de l'application de la loi, à savoir le Bureau de la concurrence.
Je trouve très intéressant, madame Fisher, que dans vos observations préliminaires, vous ayez longuement parlé du cas où le Bureau s'est attaqué, en 2011, à Air Canada et à United Airlines et à leur projet de coentreprise, pour finir par demander qu'ils excluent 14 lignes transfrontières de la coentreprise afin de garantir plus de concurrence pour les consommateurs canadiens et, donc, des prix plus bas pour les familles canadiennes.
Il est évident pour moi que le projet de loi que nous examinons aujourd'hui affaiblit le Bureau et l'application de la loi en mettant en place un nouveau processus qui permettra tout simplement au ministre de contourner le Bureau. Si la loi proposée s'était appliquée à l'affaire de 2011, j'imagine très bien ce qui se serait passé. Air Canada et United Airlines auraient demandé directement au ministre de bénéficier de ce nouveau processus et il est très probable que le ministre aurait approuvé la coentreprise, peut-être sans l'exclusion des 14 lignes. Il en serait résulté moins de concurrence et des prix plus élevés pour les consommateurs canadiens.
Je crois ne pas me tromper en disant que le projet de loi affaiblit l'application de la loi. Il affaiblit les pouvoirs de nos principaux organismes chargés de son application en ce qui concerne la concurrence. Êtes-vous d'accord avec moi?
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Madame la présidente et honorables membres du Comité, je vous remercie de me donner l'occasion de témoigner devant votre comité dans le cadre de votre étude sur le projet de loi .
Je m'appelle Doug Lavin, et je suis vice-président des Membres et relations externes de l'Amérique du Nord pour l'Association du transport aérien international — ou l'IATA.
L'IATA est une entreprise canadienne créée en vertu d'une loi spéciale du Parlement canadien. Elle représente les intérêts de 275 transporteurs aériens dans plus de 117 pays, dont Air Canada, Air Transat, Cargojet et WestJet. Par conséquent, l'IATA s'intéresse de près à l'étude du Comité sur le projet de loi .
Je vous ai fait parvenir mon mémoire écrit sur le projet de loi à l'avance, mais j'aimerais profiter du temps de parole qui m’est accordé cet après-midi pour souligner plusieurs points mentionnés dans ce mémoire.
Tout d'abord, il est important de souligner qu'une recommandation principale issue de l'examen de la Loi sur les transports au Canada mené en 2016 visait à réduire les lourdes taxes gouvernementales et les droits élevés qui s’appliquent au transport aérien au Canada, en raison de leurs effets négatifs importants sur les transporteurs aériens et les passagers. Plus précisément, dans le cadre de l'examen de la LTC, on a recommandé l'élimination progressive du loyer aéroportuaire, une réforme de la politique de l'utilisateur-payeur afin d'empêcher le gouvernement de percevoir des impôts dépassant ses investissements dans les services et les infrastructures, et la réduction du droit pour la sécurité des passagers du transport aérien.
Lorsqu'il a annoncé la politique du gouvernement en matière de transports, le a promis de réduire ce qu'il a appelé une « longue liste de frais et de redevances » applicables au transport aérien. En fait, ce matin, il a mentionné qu'il avait parcouru le pays en prévision du projet de loi et qu'on lui avait d'abord et avant tout parlé du coût élevé du transport aérien.
À l'IATA, nous sommes donc déçus d'apprendre que le projet de loi ne traite aucunement des problèmes liés aux coûts — il n’y a aucun appel à la réduction des loyers, des taxes ou des droits.
Reconnaissons toutefois que le a promis de régler ces problèmes au cours de la deuxième phase de concrétisation de la vision du gouvernement pour l'avenir des transports au Canada. Nous avons hâte d'appuyer le ministre Garneau et son équipe lors de la mise en oeuvre de cette deuxième phase.
Je crois que mes collègues de l'industrie aérienne et des associations commerciales qui ont comparu devant vous hier et cet après-midi sont mieux outillés que moi pour aborder les questions liées à la propriété des transporteurs aériens, aux coentreprises et à l'application du principe de recouvrement des coûts à l'ACSTA dont il est question dans le projet de loi . J’entends cibler mes observations sur le fait que le projet de loi C-49 demande à l’Office des transports du Canada et à Transports Canada de mettre au point un nouveau régime de droits des passagers plus strict.
L'IATA collabore actuellement avec quelque 70 gouvernements qui envisagent de réglementer les droits des passagers aériens ou qui l’ont déjà fait. Comme vous vous en doutez, certains gouvernements ont mieux réussi que d'autres à ce chapitre. Nous avons constaté qu'il existe deux approches principales en ce qui concerne les régimes de droits des passagers.
Dans le cadre de la première approche, le gouvernement intervient et décide comment les transporteurs aériens devraient traiter leurs passagers. Ce modèle est plus apparent dans l'approche adoptée par les États-Unis et l'Union européenne qui, par règlement, imposent de lourdes amendes aux transporteurs aériens qui ne satisfont pas aux exigences gouvernementales sur la façon dont les passagers devraient être traités en cas de retard, d'annulation ou de bagages égarés.
Ces amendes sont essentiellement punitives, car elles sont largement supérieures à ce qu’un retard ou une annulation coûte au passager aérien. Nous sommes d'avis que cette approche présente plusieurs difficultés.
Tout d'abord, il est difficile de définir précisément dans un règlement comment il convient de traiter un passager en couvrant toutes les situations possibles. En effet, chaque irrégularité est assortie de faits distincts qu’il est difficile de prévoir et encore davantage de réglementer. Par exemple, en Europe, les tribunaux sont intervenus en interprétant l’intention qui sous-tend la réglementation européenne relative aux droits des passagers, ce qui, plus souvent qu’à son tour, a débouché sur des interprétations contradictoires et a engendré de la confusion à la fois pour les transporteurs aériens et les passagers.
Deuxièmement, même les organismes de réglementation gouvernementaux les mieux intentionnés font souvent plus de mal que de bien en tentant de protéger les intérêts des passagers. Ainsi, aux États-Unis, la règle qui interdit les retards sur l’aire de trafic a fait augmenter le nombre de vols annulés, ce qui cause souvent aux passagers des désagréments autrement plus fâcheux que ne l’aurait fait un retard sur l’aire de trafic.
En 1987, le Canada a déréglementé l’industrie aérienne commerciale en se fondant sur le principe voulant que le libre marché, et non la réglementation gouvernementale, optimise l’expérience des passagers aériens. Encore aujourd’hui, rien ne permet de douter de la véracité de ce principe. Nous savons que les rares retards sur l’aire de trafic ou des bagages égarés causent des désagréments aux passagers aériens, sauf que la solution ne passe pas nécessairement par la mise en doute par le gouvernement des décisions des transporteurs aériens, puisque le marché concurrentiel, et plus récemment les médias sociaux, fournit déjà aux transporteurs tous les incitatifs nécessaires pour traiter les passagers le mieux possible.
Bien que des États aient repris à leur compte l’approche de l’Europe et des États-Unis à l’égard des droits des passagers, d’autres pays ont opté pour une seconde approche, une approche que le Comité et les organismes de réglementation canadiens devraient envisager, à mon avis.
Dans le cadre de cette approche, les États n’imposent à l’égard des droits des passagers aucune règle stricte assortie d’amendes ou de sanctions. Ils prévoient plutôt l’instauration de mesures pour que le passager soit pleinement au fait de ses droits avant même d’acheter un billet d’avion; c’est alors à lui de décider du niveau de service qu’il est prêt à s’offrir.
L'Australie est un bon exemple à ce chapitre. En plus d'avoir adopté une vaste loi de protection des droits du consommateur qui s’applique à toutes les industries, l’État australien a travaillé de pair avec les transporteurs aériens pour mettre au point des chartes des consommateurs qui précisent les engagements de chaque transporteur à l’égard du service et sa procédure de règlement des plaintes. La Chine et Singapour ont également choisi de miser sur la transparence plutôt que sur l’application de mesures punitives, et les résultats sont positifs sur les plans du respect des horaires ainsi que de la réduction du taux d’annulation et du prix des vols.
Il convient de souligner que, l’an dernier, l’Office des transports du Canada a agi en ce sens en obtenant l’engagement volontaire des transporteurs canadiens de publier, sur leur site Web respectif, leur grille tarifaire et leurs modalités de transport, en langage clair.
Le projet de loi vise à combiner les deux approches à l'égard de la question des droits des passagers. D’une part, il oblige les transporteurs aériens à rendre les modalités de transport facilement accessibles aux passagers, en langage clair et concis. L'IATA appuie une telle transparence. Le projet de loi réclame également que l’Office des transports du Canada et Transports Canada mettent au point une réglementation pour encadrer les normes minimales à respecter et le dédommagement à accorder aux passagers en cas d’irrégularité. L'IATA a de sérieuses réserves par rapport à cette approche, surtout si les amendes sont de nature punitive.
Advenant que le projet de loi conserve sa forme actuelle et que l'OTC et Transports Canada adoptent l'approche utilisée par les États-Unis et l'UE, nous exhortons ces organismes de réglementation à respecter des principes qui favorisent la prise de règlements précis et équitables. Il s'agit notamment de se prémunir contre les conséquences imprévues et d'inclure des dispositions pour les résoudre lorsqu'elles se présentent, et de s'assurer que les avantages valent bien les coûts engendrés par la réglementation. Le dédommagement devrait correspondre au temps ou aux biens perdus par les passagers et ne pas être de nature punitive. Nous devons garantir que les exigences relatives au service à la clientèle s’appliquent à tous les maillons de l’écosystème du transport aérien, et non uniquement aux transporteurs aériens, et que les transporteurs aériens puissent être mis à l’amende strictement pour ce qui relève de leur champ d’action. Enfin, les règles régissant les droits des passagers ne devraient pas être de nature extraterritoriale.
Je vous remercie de votre attention. J'ai hâte de répondre à vos questions.
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Merci, madame la présidente.
J'aimerais remercier le Comité d'avoir invité la Northern Air Transport Association à comparaître. Je m'appelle Glenn Priestley et je suis fier d'être le directeur exécutif de la NATA.
Nos membres représentent toutes les facettes des activités aériennes menées dans les régions nordiques et éloignées. Nos exploitants s'engagent à respecter les normes les plus élevées et à coopérer avec tous les organismes gouvernementaux en vue de respecter ces normes par l'entremise de l'application de règles et de pratiques recommandées qui sont logiques et qui soutiennent l'industrie de l'aviation canadienne.
J'aimerais profiter de cette occasion pour remercier les membres du Comité et son personnel d'avoir inclus la NATA, qui représente les opérations menées dans les régions nordiques et éloignées partout au Canada, dans ces importantes discussions sur les mesures législatives énoncées dans le projet de loi . Il arrive trop souvent que la politique en matière d'aviation soit élaborée en tenant surtout compte des services aériens offerts dans le Sud du Canada. Le présent gouvernement et divers comités, notamment le Comité permanent des transports, n'ont ménagé aucun effort pour comprendre les problèmes propres à l'aviation dans les régions nordiques et éloignées, et nous vous en remercions.
Le projet de loi est vaste et comporte trois sections qui touchent le secteur de l'aviation au Canada. Toutefois, dans le cadre de cette comparution, nous mettrons l'accent sur les mesures législatives visant à établir un régime de droits des passagers aériens du point de vue de la réalité nordique. Nous considérerons que l'ATAC représente notre association principale. Nous examinerons tous les éléments, mais si vous me le permettez, j'aimerais me concentrer sur le régime de droits des passagers.
La gestion de la sécurité des passagers et du coût d'ensemble de l'expérience de voyage représente une question complexe et quotidienne pour les exploitants nordiques. En effet, leur engagement à long terme à l'égard des collectivités isolées, qui exige d'importants investissements initiaux et continus dans de nouveaux aéronefs et de nouvelles installations, crée une relation spéciale entre le transporteur aérien et le client. Cette relation ressemble davantage à un partenariat, et les importants partenariats commerciaux établis avec de nombreux gouvernements des collectivités inuites et des Premières Nations représentent une facette unique pour tous les exploitants nordiques. Ces relations permettent de reconnaître les besoins des collectivités et des particuliers.
À titre d'exemple de cette reconnaissance, mentionnons les places réservées aux aînés de la collectivité dans les aires d'attente de la plupart des aéroports nordiques. Les exploitants dans le Nord ont dû trouver des solutions à des problèmes opérationnels qui n'existent tout simplement pas dans le Sud. Par exemple, il y a la planification de vols de longue distance avec des renseignements et du soutien limités, ce qui signifie qu'il faut prévoir des plans de rechange pour assurer la sécurité des voyageurs.
Dans son rapport sur la sécurité aérienne au Canada en date du 7 juin 2017, votre comité a souligné l'insuffisance de l'infrastructure aéronautique dans le Nord, une infrastructure requise pour améliorer l'expérience des voyageurs, la sécurité globale du système et la fiabilité des services. La section du rapport consacrée aux enjeux concernant le Nord se termine sur la recommandation suivante: « Que Transports Canada élabore un plan et un échéancier afin de répondre aux besoins en matière d'infrastructure et de conditions d'opérations des compagnies aériennes qui servent le Nord du Canada et les petits aéroports. »
En ce qui concerne la modification apportée à la Loi sur les transports au Canada en vue d'établir un régime de droits des passagers aériens, la Northern Air Transport Association est très préoccupée par les généralités incluses dans la formulation et par l'accroissement du pouvoir réglementaire que ces modifications et d'autres conféreraient à l'Office des transports du Canada.
Soyons clairs: la NATA convient que le passager payant a des droits. Toutefois, nous craignons qu'en raison de problèmes qui se sont produits dans le Sud du Canada et ailleurs dans le monde, les transporteurs aériens du Nord soient accablés d'une réglementation à taille unique. En ce moment, les membres de la NATA participent activement à des consultations sur des règlements problématiques qui ont été établis dans ce cadre relativement aux heures de vol et au service des équipages.
Voici notre résumé.
La NATA convient que l'expérience de voyage devrait être aussi transparente que possible et que les attentes devraient être clairement énoncées.
La NATA s'oppose à l'inclusion d'indemnités minimales dans la réglementation, car il y a trop de variables.
La NATA souscrit aux procédures visant à aviser les passagers des situations imprévues qui provoquent des retards.
La NATA convient que chaque transporteur aérien doit continuer de maintenir un manuel opérationnel visant ces procédures et d'autres procédures liées au transport des passagers, aux articles apportés à bord et aux bagages enregistrés.
La NATA est préoccupée par la modification de nature générale qui autorise le ministre à attribuer des pouvoirs réglementaires additionnels à l'OTC sans consultation.
En résumé, la Northern Air Transportation Association a un excellent bilan de service sur le plan de la gestion des passagers dans des environnements de vol et des emplacements difficiles. Par exemple, les exploitants nordiques sont fiers de leur tradition d'offrir des repas chauds compris dans le prix du billet sur de nombreux vols. Pour des raisons évidentes, les exploitants du Nord se sont investis dans leurs collectivités d'une façon différente de celle des exploitants du Sud.
La NATA convient que les passagers ont des droits. Nos membres respectent tous leurs clients depuis de nombreuses années, et savent reconnaître leurs besoins spéciaux et leur culture unique. La NATA est fière d'être un membre fondateur du Comité consultatif sur l'accessibilité de l'OTC, un forum important qui fournit des orientations à nos membres sur la façon d'améliorer un système déjà performant lorsqu'il s'agit du transport des passagers.
La mise en oeuvre de tout régime de droits des passagers doit tenir compte des efforts actuels de l'industrie sur le plan de la sécurité des passagers. Nous sommes pour l'élaboration d'un nouveau processus de règlement des différends axé sur les transporteurs aériens pour remplacer le modèle actuel de l'OTC qui fait obstacle à la participation des consommateurs.
Merci.
:
Bonjour. Je vous remercie beaucoup de nous donner l'occasion de comparaître devant vous.
[Français]
Nous sommes heureux de pouvoir discuter avec les membres du Comité.
[Traduction]
Je m'appelle Allistair Elliott. Je suis représentant de la Fédération américaine des musiciens des États-Unis et du Canada pour le Canada — la FAM. En tant que musicien professionnel depuis 40 ans, j'ai joué de la musique dans le monde entier, ou presque. Parallèlement à ma carrière sur la scène, je travaille à la Fédération canadienne des musiciens —FCM. Au départ, j'ai été membre de son conseil d'administration, ensuite, à partir de 1999 j'ai présidé la Calgary Musicians' Association — section locale 547 de la FAM, et maintenant, je suis représentant international pour le Canada.
Je suis accompagné de mon amie Francine Schutzman, hautboïste et professeure, qui a joué dans l'Orchestre du Centre national des Arts pendant 38 ans. Elle a déjà présidé l'Organisation des musiciens d'orchestres symphoniques du Canada et préside maintenant la Musicians Association of Ottawa-Gatineau — section locale 180 de la FAM.
Nous sommes ici aujourd'hui pour féliciter avec enthousiasme et Transports Canada d'avoir inclus les instruments de musique dans le régime de droits des passagers dans le cadre du projet de loi , Loi apportant des modifications à la Loi sur les transports au Canada.
La Fédération canadienne des musiciens est le bureau canadien de la Fédération américaine des musiciens des États-Unis et du Canada, qui est composée de 200 bureaux régionaux en Amérique du Nord représentant collectivement environ 80 000 musiciens professionnels, dont 17 000 vivent et travaillent au Canada. Nous défendons les intérêts des musiciens depuis 121 ans.
Comme division distincte de la FAM et en vertu de sa reconnaissance au titre de la Loi sur le statut de l'artiste au Canada, la FCM peut négocier des ententes et des conditions de travail équitables couvrant tous les secteurs de l'activité musicale au Canada. Notre objectif, c'est que le Canada harmonise ses dispositions avec celles de la Modernization and Reform Act of 2012 de la FAA concernant le transport d'instruments de musique à bord des transporteurs aériens commerciaux. Nous avons fourni au Comité notre présentation à l'Examen de la loi sur les transports au Canada qui remonte à janvier 2015.
Je veux remercier — je sais qu'elle était présente ce matin, mais ses collègues peuvent lui transmettre le message — de nous avoir encouragés à soumettre cette présentation il y a quelques années.
Après avoir plaidé notre cause auprès de tous les principaux intervenants, nous étions très heureux de participer aux discussions sur les droits des passagers et nous sommes impatients de collaborer à l'élaboration de règlements une fois que le projet de loi aura reçu la sanction royale.
Nous voudrions remercier également Air Canada d'avoir agi en chef de file en tant que transporteur aérien et d'avoir collaboré étroitement avec la FCM pour offrir un meilleur service aux musiciens. Cet été, lors de la quatrième Conférence internationale des orchestres, Air Canada a remporté le prix Federation of International Musicians Airline of Choice de 2017.
[Français]
Nous remercions Air Canada et lui offrons nos félicitations.
[Traduction]
Lorsque les musiciens se déplacent dans le cadre de leur travail, ils transportent des bagages aux formes bizarres. Les joueurs de petits instruments n'ont généralement aucune difficulté à les ranger à bord. Ce sont les gros instruments qui posent problème. Ce sont les violoncelles qui posent le plus de problèmes. De nombreux instruments sont en bois, sont fragiles et subissent grandement les effets des changements de température qui, à eux seuls, peuvent endommager irrémédiablement un instrument. Souvent, les instruments des musiciens professionnels sont vieux et coûtent très cher. Le plus souvent, les violoncellistes réservent un deuxième siège pour leur instrument. Néanmoins, on leur dit parfois qu'ils ne peuvent pas monter à bord avec leurs instruments, ce qui représente des pertes de possibilités de travail, de travail et de revenus. Certains d'entre vous connaissent peut-être une chanson intitulée United Breaks Guitars. Elle a été inspirée par un incident. En effet, un guitariste, Dave Carroll, a été forcé d'enregistrer son instrument, qui était brisé une fois arrivé à destination.
Nous saluons les mesures qui ont déjà été mises en oeuvre pour résoudre en partie les problèmes auxquels font face les musiciens qui voyagent avec leurs instruments, et nous remercions l'ACSTA d'avoir collaboré directement avec nous à certaines initiatives. Il reste encore beaucoup de travail à faire. Il nous faut une politique applicable à l'échelle de l'industrie qui soit bien annoncée, de sorte que les musiciens puissent planifier en conséquence leurs déplacements avec leurs outils de travail en ayant l'assurance qu'ils arriveront à temps pour leur entrevue ou leur spectacle, et ce, sans qu'un incident survienne.
J'aimerais conclure en parlant des observations qu'a faites récemment l'une des membres les plus en vue de notre fédération, Mme Buffy Sainte-Marie, lorsqu'elle a reçu, au Sénat du Canada, une reconnaissance spéciale pour sa contribution à la culture musicale canadienne. Pendant sa déclaration, elle a demandé que le gouvernement prenne des mesures pour que les musiciens puissent voyager avec leurs instruments. Elle a donné un exemple où on lui avait imposé des frais supplémentaires de 1 376 $ pour une guitare et une valise.
Les musiciens ont depuis longtemps du mal à transporter leurs outils de travail qui, souvent, coûtent très cher et sont irremplaçables. Au nom de tous les musiciens du pays, nous vous remercions pour l'inclusion des instruments dans les mesures, nous saluons vos efforts, et nous sommes impatients de collaborer étroitement avec vous à l'élaboration des règlements qui seront utiles à tous.
[Français]
Merci.
Je m’appelle John McKenna et je suis président de I’Association du transport aérien du Canada.
L’ATAC représente le secteur canadien du transport aérien commercial depuis 1934. Elle compte environ 190 membres qui oeuvrent dans l’aviation commerciale dans toutes les régions du Canada.
[Français]
Nous accueillons favorablement cette occasion de nous prononcer sur le projet de loi , car il aborde des éléments importants de l'aviation commerciale au Canada. Les droits des passagers, la propriété étrangère, les coentreprises, l'Administration canadienne de la sûreté du transport aérien et l'Office des transports du Canada sont autant de sujets qui suscitent des débats depuis un certain temps déjà.
[Traduction]
Toutefois, je me prononcerai uniquement sur les thèmes principaux de ce projet de loi étant donné que l'applicabilité des mesures proposées ne sera déterminée que par les règlements connexes qui en résulteront. Ces règlements, qui seront élaborés par l'Office des transports du Canada, ne verront probablement pas le jour avant un an.
Pour ce qui est de la propriété étrangère des compagnies aériennes canadiennes, lors de son discours du 3 novembre 2016 à la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, le ministre a affirmé que grâce à la hausse de la limite de propriété étrangère, « il sera possible d'offrir plus d'options aux Canadiens et de créer de nouvelles compagnies aériennes à bas prix ».
La présence d'un plus grand nombre de transporteurs se traduit habituellement par un meilleur choix pour les voyageurs, mais il faudra nous donner un argument convaincant qui confirme l’affirmation selon laquelle les investissements étrangers favorisent l’émergence de transporteurs à bas prix.
[Français]
Contrairement à ce que prétend le gouvernement, ce n'est pas le fait de permettre aux investisseurs étrangers de détenir une plus grande part des compagnies aériennes qui favorise la création de plus de transporteurs à très bas taux au Canada.
[Traduction]
La réduction des coûts d’exploitation des compagnies aériennes permet de réduire les coûts pour les voyageurs, et non l’origine du capital. Des compagnies aériennes à bas prix verront le jour au Canada uniquement lorsque le gouvernement décidera d’aider le secteur aérien plutôt que de le saigner.
Accroître la limite de propriété étrangère des compagnies aériennes pourrait également entraîner une hausse de l’exportation des bénéfices générés au Canada vers des intérêts étrangers, qui ne seraient alors pas réinvestis dans notre secteur.
Cela dit, nous ne nous opposons pas à l’idée du gouvernement d’autoriser la propriété étrangère à concurrence de 49 %. Néanmoins, nous demandons que ce changement s'accompagne du principe de réciprocité chez nos partenaires étrangers. Autrement dit, si nous autorisons les investisseurs étrangers à détenir 49 % des intérêts de nos compagnies aériennes, nous devrions bénéficier du même privilège dans leur pays.
[Français]
Je serais curieux de savoir si notre gouvernement a amorcé un dialogue avec nos principaux partenaires d'affaires concernant la réciprocité en matière d'augmentation des limites de la propriété étrangère des transporteurs aériens canadiens.
[Traduction]
Les droits des passagers sont souvent au coeur des discussions au Canada, et le gouvernement tient à ce qu'ils soient protégés par la loi. Entre autres mesures étudiées par le ministre, il y a l'imposition de normes d’indemnisation des passagers pour les retards de vols et les refus d’embarquement à cause de facteurs qui relèvent du transporteur, ainsi que pour la perte ou le bris de bagages. Par ailleurs, le ministre désire clarifier les règles qui permettent aux enfants de s’asseoir avec un parent sans frais supplémentaires et les règles qui régissent le transport d’instruments de musique.
[Français]
Nous cautionnons le fait que le gouvernement veut simplifier les règles pour les voyageurs et leur faciliter l'accès à de l'assistance lorsqu'ils se trouvent dans des circonstances inhabituelles où ces règles ne sont pas observées.
[Traduction]
Sachez que plus de 140 millions de personnes ont voyagé par avion au Canada en 2016. Le nombre de plaintes déposées chaque année à l’Office des transports du Canada était bien inférieur à 500. Je soulève ce point pour vous donner une idée de la véritable ampleur du problème. Bien entendu, certaines plaintes demeurent dans la sphère du transporteur, mais malgré tout, la vaste majorité des voyageurs ont une expérience positive.
Selon nous, les mesures législatives sur les droits des passagers devraient comporter trois grands principes.
[Français]
L'un des principes fondamentaux du projet de loi est que la décision de décoller ou non doit appartenir au pilote. Le risque de subir des répercussions financières graves, voire excessives, ne devrait pas influencer la décision du pilote.
[Traduction]
Ensuite, les dédommagements versés aux passagers qui ont subi des désagréments devraient correspondre aux réalités économiques du transport aérien au Canada. Les dédommagements financiers abusifs qui sont disproportionnés par rapport au chiffre d'affaires des transporteurs réalisé pour un vol donné ne peuvent qu'entraîner la détérioration de notre réseau de transport aérien enviable et même la diminution des services offerts sur certains itinéraires.
[Français]
À titre d'exemple, les droits des passagers aériens en Europe sont si généreux qu'un passager voyant son vol retardé ou reporté peut obtenir un dédommagement qui excède largement le prix même du billet.
[Traduction]
Ces façons de faire ne peuvent qu'entraîner la hausse des coûts imposés aux compagnies aériennes et à tous les passagers.
La responsabilité commune est un autre principe majeur. On ne peut tenir une compagnie aérienne responsable des événements qui sont indépendants de sa volonté. Le ministre a dit que « [l]es normes d’indemnisation font partie des mesures à l’étude [et que] [c]es normes s’appliqueraient aux passagers qui se sont vu refuser l’embarquement à cause de facteurs qui relèvent du transporteur ». On doit définir clairement les facteurs qui relèvent directement du transporteur.
Un transporteur peut certes prendre la décision d'annuler ou de retarder un vol, mais la raison qui le justifie peut être totalement indépendante de sa volonté. Les conditions météorologiques, les retards au sol causés par la congestion dans la zone de dégivrage, le déblaiement des neiges, la congestion à l'aéroport d'arrivée et le contrôle du trafic aérien influencent tous la décision du transporteur. En outre, certains retards sont liés à la sécurité.
La sécurité des passagers est l'aspect le plus important pour les pilotes et les compagnies aériennes. Les retards liés à la sécurité ne devraient pas entraîner de pénalités pour les transporteurs. La loi devrait s'attaquer à la façon dont les compagnies aériennes gèrent de tels retards de vol.
J'ajouterais que l'application d'une politique universelle est tellement répandue à Transports Canada et que la politique du ministère ne peut tout simplement pas s'appliquer ici. On ne peut pas imposer aux aéroports éloignés et du Nord les normes d'indemnisation qui s'appliquent aux grands aéroports du Sud du pays.
[Français]
La facilité de se conformer à la loi, la gestion des plaintes et la convivialité pour les passagers sont des éléments qui dépendent tous de la complexité des règles qui accompagneront les modifications proposées à la loi.
[Traduction]
Nous souhaitons seulement que le gouvernement travaille en collaboration avec les parties intéressées à l'ébauche des nouveaux règlements afférents au projet de loi. Après quoi, l'objectif du ministre, celui d'améliorer l'expérience des passagers, sera réalisable.
[Français]
Merci.
:
Merci, madame la présidente et chers membres du Comité.
Je m'appelle Bernard Bussières. Je suis vice-président des affaires juridiques de Transat. Je suis accompagné de mon collègue George Petsikas, directeur principal des affaires gouvernementales.
Transat est honorée d'avoir été invitée à comparaître devant vous aujourd'hui dans le cadre de votre étude du projet de loi .
Depuis notre fondation en 1987, nous avons toujours collaboré de manière assidue et proactive avec les décideurs gouvernementaux, les législateurs et les autorités de réglementation dans le but de formuler une politique avisée qui assure la croissance d'une industrie importante au Canada, celle du voyage et du tourisme. C'est dans cet esprit que nous nous présentons devant vous aujourd'hui.
[Traduction]
Vous devriez avoir à votre disposition un mémoire détaillé que nous avons transmis à la greffière du Comité plus tôt ce mois-ci. Nous aimerions profiter des quelques minutes qui nous sont accordées cet après-midi pour apporter des éléments de réflexion supplémentaires et reprendre quelques points clés de notre mémoire qui, nous le croyons, enrichiront vos délibérations.
[Français]
En premier lieu, nous considérons le projet de loi comme une première étape visant à résoudre certains défis auxquels doit faire face l'industrie du transport aérien, qui est d'une importance vitale pour le Canada. En effet, bien que le projet de loi tente d'intégrer certaines des recommandations du rapport Emerson, il ne se prononce pas sur certains aspects critiques comme la politique fiscale sectorielle, la compétitivité des coûts, le financement des infrastructures aériennes, la révision du modèle de l'utilisateur-payeur, pas plus que sur la gouvernance des aéroports.
Nous demandons au gouvernement fédéral d'effectuer un suivi à cet égard dans les plus brefs délais, afin d'assurer une amélioration approfondie intégrale des politiques qui touchent notre industrie ainsi que les voyageurs.
[Traduction]
En ce qui concerne le cadre régissant les droits des consommateurs prévu par le projet de loi , Transat figure parmi les premiers acteurs de l’industrie à avoir accueilli favorablement cette initiative lorsque le projet de loi a été déposé devant le Parlement. Comme nous l’avons clairement indiqué à cette occasion, nous sommes prêts à travailler en étroite collaboration avec le gouvernement, les instances réglementaires et nos collègues de l’industrie afin d’élaborer un cadre juste et équilibré pour l’indemnisation et la prestation des services de soutien nécessaires à nos clients dans le but d’améliorer leur expérience de voyage.
Nous vous renvoyons à nos observations supplémentaires sur ce sujet dans notre mémoire et nous réitérons notre appui aux interventions que nos collègues du CNLA ont fait à ce propos aujourd’hui.
[Français]
Aujourd'hui, nous aimerions mettre l'accent sur nos principales préoccupations concernant le projet de loi , lesquelles sont motivées par les dispositions relatives aux coentreprises aériennes. À première vue, ces dispositions semblent anodines, mais elles ne le sont pas. Elles sont obscures et complexes, j'en conviens aisément. Dans notre mémoire, nous avons tenté d'expliquer en détail pourquoi elles constituent dans les faits une menace à long terme pour une concurrence saine dans notre industrie et pour l'atteinte d'un équilibre juste et raisonnable entre l'intérêt public et l'intérêt du consommateur aérien.
Par conséquent, nous invitons les membres du Comité à tenir compte de ce qui suit lorsqu'ils traiteront des modifications que nous proposons aux dispositions.
[Traduction]
Transat ne cherche aucunement à faire obstruction dans ce dossier. En effet, de nombreux facteurs peuvent faire en sorte que les coentreprises de transporteurs aériens soient en mesure d’offrir un plus large éventail de services, de destinations et d’avantages aux voyageurs, aux collectivités et à l’économie du Canada.
C'est une bonne chose, bien sûr, mais à notre avis, cela ne doit pas se faire au détriment des consommateurs. En termes simples, les efforts du gouvernement pour rééquilibrer l’intérêt public et l’intérêt des consommateurs auront en réalité pour effet de favoriser le premier au détriment du second, ce qui nuira à terme à une saine concurrence.
[Français]
La norme omniprésente de l'intérêt public, qui est une caractéristique commune de toute loi visant à conférer des pouvoirs résiduels à l'autorité ministérielle pour traiter un large éventail de questions et de circonstances indéfinies, n'est pas suffisante dans sa formulation actuelle pour justifier la neutralisation d'un contrôle, en vertu de la Loi sur la concurrence, des ententes potentiellement anticoncurrentielles entre les partenaires d'une coentreprise aérienne.
[Traduction]
La conservation et la coordination de fonctions critiques telles que le développement d’itinéraires, le déploiement de capacités, la détermination des tarifs, etc. entre les partenaires d’une coentreprise devraient être considérées comme une fusion de facto de ces entités commerciales. Les lois existantes suffisent à déterminer si ces types d’accords entre concurrents favorisent l’intérêt public.
En effet, nous croyons qu’il incombe aux parties qui préconisent des dispositions spécifiques pour la coentreprise de démontrer pourquoi elles sont nécessaires et pourquoi elles ne pourraient pas atteindre leurs objectifs commerciaux autrement.
[Français]
Il faut toujours se rappeler que des commissaires de la concurrence ont, par le passé, exprimé de sérieuses inquiétudes concernant les comportements anticoncurrentiels potentiels des coentreprises aériennes, plus particulièrement lorsque celles-ci contrôlent une importante part de marché. Ce n'est donc pas seulement Transat qui formule cette mise en garde.
[Traduction]
En outre, et comme nous l'avons déjà mentionné, nous reconnaissons qu'il faut souvent atteindre un équilibre législatif et politique entre le concept de l’intérêt public ou national et le concept de l’intérêt des consommateurs au sens plus étroit, ce que le droit de la concurrence surveille d’ailleurs. Cet équilibre a déjà été atteint dans le secteur des transports grâce aux dispositions relatives à la fusion incorporées à la Loi sur les transports au Canada, élaborées conjointement par le commissaire de la concurrence et le ministre des Transports.
[Français]
Par conséquent, au lieu de réinventer la roue, nous proposons, pour plus de clarté et de cohérence, que les dispositions liées aux fusions soient largement adoptées aux fins d'examen et d'approbation des coentreprises. Le processus que nous proposons serait plus transparent, car le rapport du commissaire de la concurrence et la décision d'immuniser une coentreprise seraient alors rendus publics.
[Traduction]
Il permettrait de justifier les choix du gouverneur en conseil, avec l’apport de tous les ministères concernés, au lieu d’accorder au ministre des Transports la responsabilité exclusive d’immuniser les coentreprises par une décision qui ne nécessite aucune publication.
[Français]
Cela entraînerait une décision exécutoire aussi bien du commissaire de la concurrence que du ministre des Transports, qui ont des connaissances et responsabilités différentes à l'égard de la coentreprise.
[Traduction]
Il comprendrait un processus d’examen périodique afin de s’assurer que les conséquences de la coentreprise continuent de justifier l’immunité contre la Loi sur la concurrence.
[Français]
En conclusion, la nécessité d'un processus équitable, transparent et public concernant l'immunisation des coentreprises de compagnies aériennes contre la concurrence est particulièrement importante dans le contexte canadien, où l'industrie est dominée par un transporteur important. Nous croyons que notre proposition, qui reflète le processus actuellement prévu dans le cas de fusions dans le secteur des transports, répond à ces objectifs.
Nous vous remercions de votre aimable attention et nous sommes à votre disposition pour répondre à vos questions.
:
Bonjour et merci, madame la présidente.
Je m'appelle Neil Parry. Je suis le vice-président de la prestation des services de l'Administration canadienne de la sûreté du transport aérien, aussi appelée l'ACSTA. Je vous remercie de me donner l'occasion de témoigner devant vous aujourd'hui.
Comme bon nombre d'entre vous le savent, l'ACSTA est une société d'État mandataire financée au moyen de crédits parlementaires, qui relève du Parlement par l'entremise du ministre des Transports. L'ACSTA est responsable des mesures — directes ou prises par un fournisseur de services — visant un contrôle efficace des personnes qui montent à bord des avions ou qui accèdent à une zone contrôlée par l'entremise des points de contrôle. De plus, les biens que ces personnes ont en leur possession font l'objet d'un contrôle, tout comme les biens ou les bagages qu'elles donnent à une compagnie aérienne aux fins du transport.
À titre d'autorité de contrôle de la sécurité de l'aviation civile du Canada, l'ACSTA est réglementée par Transports Canada et est désignée à titre d'autorité nationale en la matière. L'ACSTA est assujettie aux lois, à la réglementation et aux procédures nationales en ce qui a trait à la façon dont elle réalise ses activités et ses contrôles. Dans ce contexte, le mandat de l'ACSTA comprend quatre responsabilités de base dans le domaine de la sécurité de l'aviation: le contrôle des passagers préalable à l'embarquement, le contrôle des bagages enregistrés, le contrôle des non-passagers et le Programme de carte d'identité pour les zones réglementées.
Étant donné la nature de la réunion d'aujourd'hui sur l'examen du projet de loi , Loi sur la modernisation des transports, mes commentaires se centreront sur les modifications relatives à la Loi sur l’Administration canadienne de la sûreté du transport aérien. De façon précise, mes commentaires porteront sur le recouvrement des coûts des activités de contrôle de la sécurité dans les aéroports du Canada.
Le projet de loi vise à apporter deux modifications à la Loi sur l'ACSTA. Ces modifications officialiseraient les pouvoirs en matière de politique associés aux initiatives de recouvrement des coûts des aéroports désignés qui souhaitent accélérer le contrôle des passagers, de même qu'au recouvrement des coûts des aéroports non désignés. Ces services dépasseraient le mandat de l'ACSTA et nécessiteraient l'autorisation du ministre des Transports.
Sous la direction de Transports Canada, l'ACSTA a jusqu'à maintenant entrepris deux essais en matière de recouvrement des coûts. En 2014, l'Autorité aéroportuaire du Grand Toronto a demandé l'approbation du pour l'achat d'une capacité de contrôle supplémentaire directement auprès de l'ACSTA aux fins des opérations de contrôle préembarquement. Après avoir reçu l'autorisation du ministre, nous avons conclu un accord avec l'AAGT afin de lui vendre des heures de contrôle supplémentaires. En juin dernier, nous avons conclu une entente d'essai similaire avec l'Autorité portuaire de Vancouver, pour les mêmes besoins.
En 2015, Transports Canada a modifié la réglementation pour permettre aux aéroports non désignés de conclure des accords de recouvrement des coûts avec l'ACSTA en vue d'attirer de nouveaux circuits commerciaux et d'accroître le développement économique. Ces aéroports doivent répondre aux mêmes exigences que les aéroports de catégorie 3 du Canada. Jusqu'à maintenant, l'ACSTA a tenu des consultations et discussions avec 12 aéroports non désignés et, bien qu'elles aient été productives, aucun accord n'a encore été signé.
Voilà qui met fin à mon discours préliminaire. Je serai heureux de répondre à vos questions. Merci.
Je m'appelle Jeff Walker. Je suis le gestionnaire stratégique principal de l'Association canadienne des automobilistes. La plupart des gens nous connaissent sous le nom de CAA.
Je vous remercie de m'avoir invité ici aujourd'hui. Je suis heureux de pouvoir vous parler du projet de loi , surtout en ce qui a trait aux droits des voyageurs aériens.
Je vais commencer par vous présenter quelques renseignements généraux sur notre rôle à l'égard des droits des voyageurs aériens. Comme bon nombre d'entre vous le savent, la CAA existe depuis plus de 100 ans. Elle a été fondée en 1913 et à cette époque, son principal mandat à titre de défenseure des intérêts des consommateurs était d'assurer la sécurité des routes et des automobilistes. Nous avons aujourd'hui 6,2 millions de membres d'un océan à l'autre, et les services que nous leur offrons dépassent largement notre mandat d'origine.
En fait, la CAA est le plus grand exploitant d'agences de voyages d'agrément au Canada, notamment grâce à son réseau de 137 boutiques et à ses services en ligne. Cela dit, nous sommes un organisme sans but lucratif et nous travaillons d'abord et avant tout dans l'intérêt de nos membres, y compris ceux qui voyagent.
Nos agents sont tous les jours en interaction avec des voyageurs aériens. Nous comprenons bien ce marché, ce qui nous permet d'adopter une position solide et éclairée en faveur des droits des voyageurs aériens, tout en reconnaissant que les intérêts de ces consommateurs sont mieux servis lorsque les transporteurs se livrent une saine concurrence.
Le régime de protection des voyageurs aériens est demeuré inchangé depuis plusieurs années au Canada, si bien que le traitement réservé aux voyageurs canadiens accuse maintenant un sérieux retard comparativement à ce qui est offert aux voyageurs américains et européens. Il est temps de retrousser nos manches et de mieux protéger les voyageurs aériens de notre pays.
Nous réalisons de nombreux sondages et effectuons des recherches auprès de nos membres. Un sondage mené auprès de Canadiens membres ou non de la CAA a révélé que plus de 90 % — 91 % en fait — des Canadiens trouvaient que le Canada devait avoir sa propre charte des voyageurs aériens. Nous accueillons favorablement le projet de loi et l'appuyons, puisqu'il contient nombre des améliorations que nous demandons depuis plusieurs années et que nous croyons qu'il améliorera les choses pour le public voyageur. Cela dit, le projet de loi ne permettra pas d'atteindre tous les objectifs souhaités. Il laisse entre autres à un futur processus réglementaire le soin de régler des aspects très importants du traitement et des dédommagements prévus pour les voyageurs, notamment le montant auquel ils auront droit et le moment de le recevoir, et nous encourageons vivement le Comité à suivre de près ce processus. Même si ses intentions sont bonnes, le projet de loi sera considéré un échec si, au bout du compte, les voyageurs lésés ne reçoivent qu'un maigre bon de réduction pour un café en guise d'indemnisation. Nous devons tous veiller à ce que cette situation ne se produise pas.
Le projet de loi aborde certains points importants; il s'applique notamment à toutes les compagnies aériennes, qu'elles soient canadiennes ou étrangères, ainsi qu'à tous les voyageurs, qu'ils soient Canadiens ou non, afin d'éviter que certains passagers soient moins bien traités que d'autres. Il prévoit l'établissement de normes minimales concernant le traitement des passagers et les indemnités à verser en cas de retard, d'annulation, de surréservation ou de bagage perdu ou endommagé. Il traite de l'obligation, pour le transporteur, de veiller à ce que les enfants aient un siège à côté de leurs parents, et ce, sans frais supplémentaires. Il permet à l'Office des transports du Canada de recueillir et d'observer des données sur la manière dont les transporteurs traitent leurs passagers. Enfin, il donne à l'OTC le pouvoir d'étendre ses décisions aux autres passagers d'un même vol qui auraient été lésés de la même manière.
Toutefois, le projet de loi demande à ce qu'une plainte soit déposée par un passager avant que toute action puisse être entreprise. Nous sommes d'accord avec Scott Streiner, le premier dirigeant de l'OTC, et avec David Emerson, qui ont tous deux fait valoir devant le Comité plus tôt cette semaine que le régime de protection serait plus efficace si l'OTC avait le pouvoir d'ouvrir ses propres enquêtes lorsqu'il le juge nécessaire et la capacité d'appliquer ses décisions à l'ensemble de l'industrie, plutôt qu'aux passagers d'un même vol seulement, lorsqu'une situation touche les normes minimales de traitement.
Il est d'ailleurs intéressant de souligner que si l'OTC a pu convoquer une audience publique sur l'affaire ayant impliqué Air Transat il y a quelques semaines, c'est uniquement parce qu'il s'agissait d'un vol international. S'il avait été question d'un vol intérieur, l'OTC n'aurait pas eu le pouvoir de décider par lui-même de tenir une audience, même sous le régime du projet de loi . Et si rien ne change, l'OTC ne pourra pas non plus enquêter sur tout problème d'ordre systémique qu'il pourrait déceler, à moins qu'une plainte soit formulée ou qu'il en fasse la demande au ministre.
Il convient aussi de souligner que la réglementation établira vraisemblablement des règles précises pour certaines situations. Par exemple, pour un retard de x heures imputable à une compagnie aérienne, les passagers devront recevoir une compensation y. Or, selon le système actuel, il faudra quand même qu'une plainte soit déposée par un passager pour qu'une indemnisation puisse être versée. Considérant que les transporteurs connaîtront d'emblée les règles du jeu, ils sauront très bien quand ils seront en faute, alors pourquoi attendre une plainte? Ne devrait-on pas plutôt indemniser les voyageurs de façon proactive dans ces situations?
C'est un élément important à considérer, surtout quand on sait que l'Association de consommateurs de l'UE a conclu dernièrement que seulement un voyageur aérien sur quatre en Europe obtenait l'indemnisation qui lui était due à la suite d'un long retard, les compagnies aériennes n'étant pas tenues de la verser automatiquement. L'ajout d'une telle clause permettrait à l'OTC de se concentrer sur les plaintes plus complexes.
Selon l'Association du transport aérien international, 60 pays ont déjà adopté un régime protégeant les droits des voyageurs aériens. Les voyageurs du Canada, pour leur part, sont depuis trop longtemps assujettis aux politiques respectives de chaque compagnie aérienne, et doivent en plus se soumettre à un processus inutilement laborieux auprès de l'OTC en cas de plainte. Même si la grande majorité des voyages aériens se déroulent sans anicroche, il serait utile pour tout le monde — pour les voyageurs comme pour les membres de l'industrie — d'avoir un ensemble de normes clairement définies. Les transporteurs auraient alors une chance équitable de se livrer concurrence.
Or, comme je l'ai mentionné précédemment, l'efficacité du nouveau régime dépendra du processus réglementaire à venir. En tant que protecteur des consommateurs, la CAA espère que ce processus permettra d'atteindre certains objectifs.
Il faudrait premièrement que les conditions soient rédigées en langage clair et simple par les transporteurs, afin d'être faciles à comprendre par le commun des voyageurs. Deuxièmement, il faudrait des indemnisations et des normes minimales garantissant aux voyageurs qu'ils seront bien traités et, comme l'a fait valoir la secrétaire parlementaire Karen McCrimmon, il faut s'assurer que les transporteurs n'aient aucun avantage à mal servir leurs clients. Troisièmement, il faudrait que les compagnies aériennes communiquent de façon proactive les indemnisations et les normes minimales auxquelles le consommateur a droit. Quatrièmement, il faudrait des évaluations récurrentes pour vérifier que la réglementation et les indemnisations conviennent toujours. Finalement, il faudrait publier de façon périodique des rapports détaillant la façon dont les transporteurs traitent les passagers et gèrent leurs bagages, car la transparence encourage la droiture.
Nous allons participer à ce processus réglementaire pour nous assurer que les intérêts des consommateurs soient encore et toujours pris en compte. C'est un prérequis incontournable si l'on veut que les Canadiens applaudissent ce nouveau régime.
Nous vous exhortons donc à demeurer bien engagés dans ce dossier, au-delà des présentes audiences, pour vous assurer que le nouveau régime soit efficace et profitable pour tous les voyageurs aériens du Canada.
Je vous remercie. Je serai heureux de répondre à vos questions.
:
Bonjour madame la présidente, mesdames et messieurs les membres du Comité.
[Français]
Je m'appelle Massimo Bergamini et je suis président-directeur général du Conseil national des lignes aériennes du Canada.
Je tiens à vous remercier de l'occasion qui nous est offerte aujourd'hui de témoigner devant vous pour présenter la perspective de notre organisme au sujet du projet de loi .
Avant de commencer, permettez-moi de dire quelques mots au sujet de notre organisme et de notre industrie.
Le Conseil national des lignes aériennes du Canada a été créé en 2008 par les quatre principales lignes aériennes du Canada, soit Air Canada, Air Transat, WestJet et Jazz, dans le but de promouvoir des politiques, des lois ainsi qu'un cadre réglementaire qui favorisent un réseau de transport aérien sécuritaire et concurrentiel.
[Traduction]
Collectivement, nos membres transportent plus de 92 % du trafic aérien intérieur du Canada et 65 % de son trafic aérien international. Ils emploient directement plus de 50 000 Canadiens et contribuent à 400 000 autres emplois dans des secteurs connexes, comme l’aérospatiale et le tourisme. D’après le Conference Board du Canada, en 2012 notre industrie a contribué près de 35 milliards de dollars au PIB du Canada. Ces statistiques impressionnantes témoignent du rôle qu’une industrie de l’aviation forte et concurrentielle joue pour assurer la prospérité économique du Canada.
Mais pour en venir au point qui nous intéresse, l’aviation commerciale est devenue la seule façon pratique pour des millions de Canadiens de voyager pour rencontrer leurs familles, se rendre au travail ou simplement explorer notre vaste pays. Et ils voyagent beaucoup. D’après Statistique Canada, le nombre total de passagers embarqués et débarqués au Canada a augmenté de 30 % entre 2008 et 2016. Il est clair que l’époque de l’élite du jet set est depuis longtemps révolue.
À eux seuls, nos membres ont participé à plus de 71 millions de déplacements de passagers l’an dernier. Alors que les gens peuvent maintenant réserver un vol d’avion aussi facilement qu’ils conduisent une automobile, le voyage aérien est en voie de devenir le domaine de la classe moyenne, et non l'exclusivité du 1%. Pour les Canadiens, l’avion fait maintenant partie que de la vie quotidienne. Il est l’élément vital d’une société ouverte, diversifiée et dispersée géographiquement.
Dans notre pays, la liberté de voyager est considérée comme un acquis et le transport aérien est devenu un lien essentiel entre les gens et les collectivités. Pour citer le rapport Emerson:
Le transport aérien fournit un accès et une mobilité à la main-d’oeuvre afin qu’elle se rende dans les endroits urbains, ruraux et éloignés du Canada et les aéroports et transporteurs aériens agissent comme des moteurs économiques pour les collectivités et le pays [...]
C’est la raison pour laquelle une industrie aérienne commerciale concurrentielle est si importante. C’est la raison pour laquelle ce projet de loi est si important. Et c’est la raison pour laquelle il est très important de réussir du premier coup.
Malheureusement, nous considérons que l’approche du gouvernement rate la cible.
Le Rapport Emerson a reconnu l’interconnectivité complexe sur laquelle repose l’expérience des voyages aériens et qui contribue à la compétitivité mondiale de notre industrie. Il propose une approche en trois volets qui s’attaque aux principales composantes d’une industrie aérienne concurrentielle: le coût, l’accès et l’expérience des utilisateurs. Le projet de loi n’en aborde qu’une seule: l’expérience des utilisateurs.
De notre point de vue, l’adoption du projet de loi sans mesures économiques pour s’attaquer au problème de la structure des coûts publics risque de créer d’autres déséquilibres économiques qui pourraient éventuellement nuire à ceux que le projet vise à protéger.
[Français]
En termes clairs, même si nous trouvons que certains aspects du projet de loi nécessitent des éclaircissements — vous trouverez nos recommandations à l'annexe technique après mes commentaires —, nous ne nous inscrivons pas en faux contre le projet de loi et nous ne nous opposons d'aucune façon à son adoption.
Nous sommes toutefois préoccupés par le fait que l'approche du gouvernement revient à mettre la charrue avant les boeufs.
Instaurer un système de pénalités économiques comme cadre pour aborder les problèmes de services, sans régler en même temps la structure des coûts publics, risque d'avoir une incidence négative sur l'industrie et, au bout du compte, sur les passagers.
[Traduction]
Comme M. Lavin de l’IATA l’a souligné plus tôt, l’expérience internationale sur cette question est éclairante et elle devrait être prise en compte.
Comme je l’ai souligné au moment du dépôt du projet de loi en mai dernier:
Notre organisme et nos membres partagent et appuient l’engagement du ministre Garneau à s’assurer que tous les passagers aériens ont la meilleure expérience possible dans leurs voyages aériens et nous avons hâte de collaborer avec lui et avec l’Office des transports du Canada à cette fin.
Toutefois, nous reconnaissons également que l’expérience d’un voyage en avion ne commence pas avec l’enregistrement des bagages et ne se termine pas avec la récupération des bagages. Et cela ne se produit pas dans un vide économique ou systémique.
Il faut faire intervenir beaucoup d’éléments mobiles pour amener un passager à sa destination. Il faut les efforts coordonnés de centaines de personnes dévouées qui travaillent dans des sociétés aériennes, des aéroports, des tours de contrôle du trafic aérien, la sécurité aérienne et les services frontaliers. Chaque voyage est lié à un ensemble complexe de systèmes, de règlements et de coûts. Chaque élément contribue au résultat, et il convient d’examiner chacun d’entre eux lorsqu’on cherche à améliorer les services offerts aux passagers. Il ne fait aucun doute que dans ce système complexe, les capacités sont parfois sollicitées au maximum en raison de circonstances imprévues et c’est alors que des erreurs sont commises, des vols sont retardés, des bagages sont perdus et des correspondances sont manquées.
En 2016, environ 2 800 plaintes ont été formulées par des passagers à l’Office des transports du Canada. Parmi celles-ci, environ 560 ont été retirées ou ne relevaient pas du mandat de l’Office. Parmi le reste des plaintes, 97 % ont été réglées sans médiation, c'est-à-dire que la compagnie aérienne a été informée de la plainte et qu’elle a conclu une entente mutuellement satisfaisante avec ses invités sans autre intervention de l’Office. Moins de 1 % des plaintes ont été soumises à l’arbitrage.
[Français]
Loin de moi l'intention de minimiser les inconvénients que connaissent parfois nos passagers. Il est toutefois important de mettre ces chiffres dans le juste contexte d'un système qui mène à bon port plus de 350 000 passagers par jour, et ce, à longueur d'année.
[Traduction]
L’éclaircissement et la codification des droits des passagers, comme le fait le projet de loi , sont des mesures positives qui amèneront davantage de certitude sur le marché. C’est une certitude. Nous sommes déçus toutefois que cette mesure n’ait pas été introduite conjointement avec des mesures concrètes pour s’attaquer à la structure non concurrentielle des coûts publics à laquelle notre industrie est confrontée ou les engorgements dans le système causés par le sous-financement de la sécurité aérienne et des contrôles frontaliers.
Le rapport Emerson a reconnu comment la hausse des frais et des redevances ainsi que les retards dans les contrôles de sécurité ont une incidence sur tous les voyageurs et l’efficacité de l’industrie. Il recommande d’éliminer graduellement les loyers aéroportuaires, de réformer la politique de l’utilisateur-payeur pour le transport aérien et de mettre en place des normes de rendement réglementées pour les contrôles de sécurité. Malheureusement, il n’y a aucune disposition dans le cadre fiscal quinquennal du gouvernement pour des dépenses additionnelles dans ce secteur. À lui seul, le projet de loi ne pourra rien faire pour atténuer la pression des coûts exercée sur notre industrie aérienne ou sur les engorgements dans le système qui échappent à son contrôle.
Septembre est le mois où les feuilles commencent à changer de couleur à Ottawa et c’est aussi le moment où le Parlement reprend ses activités. C’est également le moment où les délibérations budgétaires sont amorcées sérieusement au sein du gouvernement. Nous espérons que, lorsque votre comité aura terminé son étude du projet de loi et qu’il sera prêt à le renvoyer à la Chambre des communes, vous recommanderez que le gouvernement commence immédiatement à prendre les mesures nécessaires pour mettre en oeuvre les dispositions en matière de concurrence du rapport Emerson dans le cadre financier fédéral de l’an prochain. La mise en oeuvre des recommandations du rapport Emerson concernant la structure de coûts publics de l’industrie aérienne, ainsi que l’élimination des engorgements durant les contrôles de passagers, en parallèle avec les dispositions du projet de loi , permettraient d’établir de nouvelles règles de jeu pour les compagnies aériennes, les aéroports, les voyageurs et, en fin de compte, pour notre pays.
Merci.
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Nous allons commencer, puisque nous avons indiqué clairement nos préoccupations à cet égard.
Comme nous l'avons indiqué dans notre exposé, nous essayons d'être réalistes. Nous savons comment les choses évoluent dans le monde. Les coentreprises existent, pas seulement au Canada, mais aussi aux États-Unis et en Europe, et elles offrent beaucoup d'avantages potentiels pour les voyageurs, notamment une connectivité améliorée, plus de destinations, etc. Toutefois, nous devons tenir compte des conditions précises du contexte canadien.
Le Canada est un petit marché. Un de nos transporteurs aériens en particulier porte intérêt aux coentreprises de ce genre et aux dispositions qui auraient pour effet de dédommager cette coentreprise, de la protéger contre la surveillance, pour ainsi dire, ou l'application active de la législation sur la concurrence en transférant ce pouvoir au ministre. Nous savons de quel transporteur aérien il s'agit. Il participe actuellement à une coentreprise qui, selon les chiffres que nous avons pour 2016, contrôlait plus de 35 % des parts de marché dans 30 marchés transatlantiques. Il s'agit des trois principaux membres suivants: Air Canada, Lufthansa et United. On parle ici des vols à destination et en provenance du Canada.
Dans plusieurs de ces marchés, ce chiffre dépassait les 40 %; il était de plus de 80 % dans deux marchés et de 90 % dans un marché, la Suisse. Ce sont d'extraordinaires parts de marché, et on propose soudainement de réduire la capacité du commissaire de la concurrence de veiller aux intérêts des consommateurs, de surveiller la façon dont cette mesure sera mise en oeuvre et de déterminer si ce sera ou non dans l'intérêt à long terme des consommateurs canadiens. Voilà pourquoi nous sonnons l'alarme et vous demandons d'attendre. Le ministre a certes un rôle à jouer. Il y a bien sûr des considérations d'intérêt public qui doivent être examinées, comme la création d'emplois, la connectivité et le commerce. Tout cela est valable, et je crois savoir que nos collègues de WestJet ont parlé de connectivité hier.
Toutefois, cela ne doit pas se faire à n'importe quel prix. Ce qu'on observe ici, comme nous l'avons indiqué dans votre exposé, c'est que le pendule — la politisation du processus — oscille beaucoup trop vers la capacité du ministre de prendre cette décision sans nécessairement s'appuyer sur une contribution significative du commissaire de la concurrence, qui plus est une contribution transparente.
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Merci de la question, monsieur Sikand.
Premièrement, allons-y d'une évidence. C'était un incident extrêmement malheureux. Nous regrettons manifestement ce qui s'est produit là-bas. Nous sommes une entreprise de transport aérien fière qui sert le Canada et les Canadiens depuis 30 ans. Nous avons remporté de nombreux prix internationaux pour notre service. Ce n'est pas ainsi que nous voulions que cela se déroule. Nous avons présenté nos excuses à nos passagers. Nous participons activement, en toute transparence, à l'enquête publique de l'OTC sur cet incident. Comme vous le savez, l'OTC a tenu des audiences publiques il y a quelques semaines, et nous y avons présenté notre version des événements. Je ne veux pas répéter cela maintenant parce que cela a été dit publiquement, évidemment, et je ne crois pas que cela ajoute quoi que ce soit à la discussion que nous avons ici.
Je peux toutefois dire ceci: si nous pouvons dégager un quelconque bon côté de ce malheureux incident, c'est que cela nous sert de mise en garde. Je crois savoir que vous avez entendu, hier, nos collègues d'Air Canada et de WestJet parler d'une approche holistique et systémique pour veiller à ce que des incidents de ce genre ne se reproduisent pas à l'avenir.
Vous devez comprendre une chose. Le simple fait d'établir une obligation, une pénalité ou une amende et de dire qu'il faudra verser un montant d'argent quelconque si on ne procède pas au débarquement des passagers après un certain nombre d'heures n'aurait été d'aucune utilité pour les passagers qui étaient là ce soir-là. Je peux vous en assurer, car il n'est pas nécessaire de mettre en place des mesures incitatives d'ordre financier ou de nous menacer pour que nous menions à bien nos activités. Nos équipages veulent amener les gens à destination le plus rapidement possible et en toute sécurité.
Ce qui s'est produit résulte de la défaillance de la coordination centrale des communications au sein du système. Lorsqu'un avion vole à 35 000 pieds d'altitude à la vitesse de 600 milles à l'heure, le capitaine et son équipage contrôlent la situation, essentiellement, en collaboration avec les contrôleurs aériens, évidemment. Une fois que cet aéronef rempli de passagers se retrouve sur le tarmac d'un aéroport, il se retrouve dans un tout autre environnement. Entrent alors en scène une multitude d'intermédiaires et de fournisseurs de services qui s'affairent dans tous les sens. Habituellement, dans des circonstances normales, cela fonctionne bien. J'ai l'habitude de dire que cela ressemble à une symphonie lorsqu'un avion s'arrête à une porte d'embarquement et que les camions, les ravitailleurs et des bagagistes arrivent. Mais lorsque les choses tournent mal, comme ce fut le cas à Toronto, et que toute l'opération vire au chaos total, nous devons alors avoir un plan. Il nous faut un chef d'orchestre immédiatement. Nous suggérons respectueusement que ce rôle incombe à l'aéroport.
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Je comprends à quel point la situation était exceptionnelle, mais nous n'avons pas reçu de plaintes concernant d'autres appareils, pas à ma connaissance.
Là encore, si vous vous apercevez que vous avez des personnes sous votre responsabilité, dans votre avion... C'est un peu une question rhétorique à ce stade-ci, et je comprends cela. Mais vous vous épargneriez bien des soucis en ayant un gouvernement à qui l'on demande d'intervenir pour régler le problème qui se présente lorsque les gens ne pensent pas, lorsqu'ils n'utilisent pas leur tête, et ne posent pas la simple question, « Qu'allons-nous faire pour nos passagers? »
Johnson & Johnson a mis la barre haute dans l'affaire de l'altération du Tylenol. L'entreprise a dit qu'elle se fichait de savoir quel était le problème, et qu'elle allait simplement le régler. Lloyd's de Londres a fait exactement la même chose à la suite du tremblement de terre à San Francisco. Elle a simplement réglé le problème et payé les réclamations.
C'est l'énoncé de valeur qui doit être affiché sur le mur de toutes les compagnies aériennes, de toutes les entreprises, en fait. Le consommateur a priorité, et nous avons manqué à notre engagement, et c'est la raison pour laquelle le gouvernement fait ce qu'il fait à l'heure actuelle.
Monsieur Bergamini, je vais parler de l'équilibre entre un système où l'utilisateur paie et un système où tout le monde paie. J'ai trouvé intéressant d'entendre l'un de nos témoins précédents mentionner que nous nous classons au premier rang dans le monde pour ce qui est de nos aéroports. Ce sont d'excellentes installations, mais nous sommes au 61e rang pour les coûts. Il ne semblait pas comprendre le lien entre les deux: le fait que nous payons des coûts élevés est la raison pour laquelle nous avons de bonnes installations.
Quel est l'équilibre approprié entre un système où l'utilisateur paie, compte tenu de tous les frais, etc., dont nous parlons, et un système où tout le monde paie, qui devient une subvention gouvernementale? Quel est l'équilibre approprié?
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Merci, madame la présidente.
Ma première question va s'adresser à M. Bussières, mais j'aimerais d'abord fournir de l'information aux membres du Comité.
J'ai fait une recherche rapide sur mon iPad. Le ministre, entre autres personnes, a mentionné ce matin que rien n'avait été fait au cours des 10 dernières années. Il ne faut pas oublier que, pendant cette période, les libéraux ont été au pouvoir pendant deux ans, mais cela, c'est une autre histoire. Les conservateurs étaient donc au pouvoir pendant les huit autres années, et je vais fournir des justifications pour six de ces années.
Il faut comprendre que l'industrie de l'aviation a énormément évolué. J'aimerais vous part part de la statistique suivante: de 2010 à 2016, c'est-à-dire pendant six ans, le nombre de vols a augmenté de 31 millions. L'industrie devait donc réagir et s'ajuster. C'est probablement ce qui explique que le gouvernement ait décidé d'élaborer un projet de loi afin d'améliorer la situation.
Ce point est maintenant clarifié. Il est important de remettre les choses en perspective, de façon à bien répondre aux interrogations de certains.
Comme je l'ai mentionné, ma première question s'adresse à M. Bussières, d'Air Transat. Je vais adopter une approche différente. Ce n'est pas un tribunal, ici, et notre rôle n'est pas d'accuser cette compagnie aérienne de mal gérer la crise associée aux événements qui se sont produits à Ottawa. Ce n'est du moins pas ce que j'entends faire. J'ai l'intention d'être constructif.
Vous avez vécu cette situation, mais cela aurait pu arriver à d'autres compagnies. En effet, aucune compagnie aérienne n'est à l'abri de tels problèmes. Vous devez réagir ponctuellement, ce qui est tout à fait légitime. Cela dit, j'espère que votre réflexe est de mettre sur pied des mécanismes pour éviter de vivre d'autres problèmes de ce genre. Je suis convaincu que vous n'êtes pas heureux d'avoir à gérer ce genre de situation.
J'aimerais que vous nous disiez ce qui, selon vous, pourrait être inclus dans la charte des passagers pour contrer ce genre de situation et en minimiser les répercussions sur les Canadiens et les Canadiennes.
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Merci, madame la présidente.
J'aimerais simplement faire une observation. Cette réflexion se poursuit depuis un certain temps déjà et nous a particulièrement occupés cette semaine. Comme je l'ai déjà mentionné, ce ne sera pas fini demain, ni la semaine prochaine ni le mois prochain. C'est une collaboration qui évolue constamment et bien sûr, un partenariat avec les 338 députés, ainsi qu'avec les membres de l'industrie eux-mêmes.
Un rapport sur les hypothèses a été préparé. Il nous mène à 2022. Ce rapport fait état des facteurs socioéconomiques, stratégiques et liés à l'approvisionnement. Ces facteurs influencent les prévisions de la demande aérienne: par exemple, le produit intérieur brut, le revenu personnel disponible, la population adulte, les débouchés économiques, le rendement des transporteurs aériens, la structure des itinéraires de vol, la taille moyenne des aéronefs, l'occupation passagers, les coûts de la main-d'oeuvre et la productivité, le coût du carburant, l'efficacité du carburant, les coûts que doivent absorber les transporteurs aériens outre ceux liés au carburant et à la main-d'oeuvre, les hypothèses concernant le modèle de la répartition des passagers et les nouvelles technologies. C'est la base d'un plan stratégique. C'est la base des prochaines étapes.
Puis-je proposer ce qui suit? Ce comité continuera d'exister encore au moins deux ans, avec les membres présents autour de cette table. Après, il accueillera probablement de nouveaux membres. Le fin mot de l'histoire, c'est que nous avons une occasion à saisir. Le projet de loi est le fondement d'un futur plan stratégique global en matière de transports. Réfléchissons tous au sein de nos organisations respectives afin de proposer des objectifs tangibles et pragmatiques pour cette stratégie. Attachons-y des mesures concrètes, réalistes, que nous pouvons accomplir à court et à long terme, en fonction des facteurs socioéconomiques, stratégiques et liés à l'approvisionnement que je viens de décrire.
Ce n'est pas une mince affaire, messieurs. M. Rock disait il y a 10 ans que c'était un défi. Je suis surpris qu'on n'ait toujours rien fait 10 ans plus tard. Malheureusement, c'est ainsi, mais encore une fois, je ne veux pas parler du passé. Je veux parler de l'avenir. Nous avons une occasion à saisir. Saisissons-la et allons de l'avant avec de nouvelles recommandations, à la lumière de ce que vous venez de nous dire, de l'information que nous cherchons à recueillir.
Encore une fois, le projet de loi est là, mais nous aurons encore bien du temps pour essayer de trouver un juste équilibre entre le rendement, les droits des passagers, la valeur et le retour sur l'investissement, parce que nous voulons tout autant que vous que vous réussissiez.
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Je vous remercie de la question.
Je pense que l'expérience quotidienne de nos transporteurs nous indique que la réalité des retards...
Veuillez m'excuser, mais je vais vous répondre dans la langue de Shakespeare afin de mieux m'expliquer.
[Traduction]
Concernant les lenteurs en première ligne — et c'est le coeur de notre argument — l'expérience du voyageur ne commence pas au moment de l'enregistrement. Il y a toute une série d'étapes, et quand il y a un retard... Nous apprécions les efforts déployés par nos collègues de l'ACSTA dans des conditions très difficiles d'un point de vue financier et de la planification, mais notre organisation, tout comme le conseil des aéroports, réclame fortement des normes de rendement réglementées qui élimineraient les goulots d'étranglement qui pénalisent non seulement les passagers touchés à l'aéroport, mais tout le système national et international, puisque les retards déclenchent toute une réaction en chaîne.
C'est très important et en ce sens, j'appuie ce qu'ont dit mes collègues d'Air Transat.
[Français]
Nous devons aborder cette question en tant qu'écosystème complexe. Il faut absolument s'attarder au problème du financement de ce système. Il n'est pas suffisant d'aborder cette question par la voie réglementaire.
Je pense que vous vous souvenez tous de la tragédie de Walkerton. J'ai travaillé dans le secteur municipal. Bon nombre de gouvernements provinciaux à l'échelle du Canada ont adopté des règlements afin d'aborder des situations comme celle survenue à Walkerton.
[Traduction]
Les ministres provinciaux de l'Environnement ont joué les héros. Ils ont signé une nouvelle réglementation stricte, mais ont refilé la facture aux municipalités, qui n'avaient pas les ressources ni les moyens de la mettre en oeuvre. Il faut regarder l'ensemble du tableau. C'est un exercice réglementaire — de manière générale, nous sommes d'accord avec cela —, mais il faut absolument nous pencher sur les fondements économiques de l'industrie si nous voulons qu'il porte fruit.
:
Pas vraiment. Si vous me le permettez, j'aimerais enchaîner sur ce que M. Badawey disait tout à l'heure.
En fait, je suis d'accord avec vous. Pendant des années — encore une fois, avant que Massimo se joigne à nous — alors que je dirigeais le CNLA, j'ai supplié le gouvernement d'élaborer un plan stratégique intégré descendant pour aider notre industrie stratégique à participer à la réussite de notre pays. Comme Massimo l'a mentionné, cela supposait une approche globale. Le ministre a dit aujourd'hui qu'il s'agissait d'une première étape. Le projet de loi n'est pas le fondement de cette approche globale, et c'est notre problème, car il y a plein de questions à l'étude, en particulier celle du financement de l'infrastructure.
J'aimerais simplement revenir sur le point qui a été soulevé tout à l'heure lorsque nous nous sommes posés la question de savoir si nous demandions une subvention à l'industrie financée par les contribuables pour nous aider à payer ces aéroports. Je ferais valoir qu'au cours des 20 dernières années, il est clair que les usagers ont subventionné les aéroports en faveur des contribuables. Il est ici question d'aéroports qui ont été transférés au début des années 1990 et dont la valeur comptable nominale était d'environ 1,5 milliard de dollars. Aujourd'hui, on parle de bien plus de 7 milliards de dollars de loyers aéroportuaires versés à ce jour au Trésor fédéral. Ce n'est pas un mauvais rendement. Ensuite, les aéroports ont bénéficié d'investissements en immobilisations de 18 milliards de dollars qui se sont traduits par des emplois — notamment pour les travailleurs de la construction — des avantages économiques en aval, ainsi que des milliards et des milliards de dollars en activité économique que cette infrastructure a rendu possible. Tout cela s'est réalisé aux frais des consommateurs, et non des contribuables, et c'est un modèle quasi unique dans le monde industrialisé.
Tout ce que nous disons, c'est qu'il est temps de revoir ce modèle, car nous ne pensons pas qu'il nous aide à réaliser ce dont nous sommes capables ou pourrions l'être, c'est-à-dire des choses encore plus grandes au Canada sur le plan de la croissance économique, de la connectivité, du commerce et de la concurrence avec les grands acteurs mondiaux qui savent bien gérer leurs secteurs de l'aviation. C'est tout ce que nous disons, alors allons-y. Je suis d'accord avec vous.
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Merci, madame la présidente.
Je m'appelle Jacob Charbonneau, cofondateur et président et directeur général de Réclamation vol en retard Canada. Meriem Amir, une collègue, m'accompagne aujourd'hui.
Réclamation vol en retard Canada est une société multidisciplinaire dûment enregistrée auprès du Barreau du Québec, regroupant plusieurs professionnels régis par le Code des professions du Québec. Nous offrons des services juridiques relativement au transport aérien par l'entremise de nos avocats.
La mission première de l'entreprise est de défendre les droits des passagers aériens en informant les consommateurs de leurs droits et en aidant les voyageurs lésés à obtenir des compensations facilement, rapidement et sans risque. Nous offrons un service clés en main à nos clients pour qu'ils obtiennent des compensations pour un retard, une annulation ou un refus d'embarquement.
Nous sommes fiers et honorés d'avoir été invités à ces consultations publiques. Nous avons donc déposé un mémoire coécrit par M. Jean -Denis Pelletier, ancien commissaire à Transports Canada, et moi-même. Dans ce mémoire, nous mettons en exergue la situation actuelle dans le secteur aérien.
Au cours des derniers mois, il y a eu un grand nombre de discussions critiques et de plaintes relatives au transport aérien. Plusieurs événements ont défrayé les manchettes, notamment des cas de surréservation, d'annulation et de retard de vols, de manque de prises en charge, de longues attentes sur le tarmac et de pratiques d'affaires douteuses. Il y a un manque d'information sur les droits des passagers et des pressions des compagnies aériennes pour retirer les publicités visant à informer les passagers de leurs droits dans les aéroports canadiens, le tout, dans un contexte où les compagnies aériennes engrangent des profits records.
Nous avons donc le sentiment que les profits à court terme et la valeur boursière prennent le dessus, au détriment des services offerts aux clients. Les passagers sont traités comme de la marchandise à transporter. Le manque de réglementation fait en sorte que les compagnies aériennes ont une marge discrétionnaire sur le plan du traitement du client. Les transporteurs aériens ne subissent que peu ou pas de conséquences relativement à la façon dont les passagers sont servis, ce qui soulève une grogne générale et une perte de confiance des passagers envers le système en place.
Dans le cadre de ce mémoire, nous avons procédé, en premier lieu, à un sondage auprès de notre clientèle ayant subi des problèmes de vol au cours des dernières années. Nous avons obtenu la participation de plus de 333 répondants. Voici les faits saillants du sondage. Vous les trouverez à l'annexe 6 de notre mémoire.
Tout d'abord, nous avons été surpris de constater que plus de 35 % de nos clients n'étaient pas au courant des compensations possibles avant d'entendre parler de nos services. La quasi totalité des passagers, soit plus de 99 % d'entre eux, pensent que le Canada devrait adopter des règlements afin de garantir une compensation financière aux passagers à la suite de vols retardés ou annulés.
Nous avons aussi analysé les retards et les annulations de vols au Canada et les tendances au cours des dernières années. Voici les points saillants de cette étude.
En ce qui concerne le nombre de retards, nous avons vu une augmentation. Le pourcentage des vols qui ont été touchés par une forme ou une autre de retard, pour toutes les tranches d'heure, est passé de 12 % en 2014 à 15 % en 2016. Les annulations de vols canadiens ont aussi augmenté. Elles sont passées de 1,2 % en 2014 à 1,4 % en 2016. C'est une augmentation de 16 %. À titre de comparaison, pour les vols soumis à la réglementation européenne, le taux est de 0,4 %, soit quatre fois moins.
Il semble évident que nous avons besoin d'une loi et de règlements qui fixeront un niveau de qualité minimal de la protection des passagers, apportant ainsi une dimension citoyenne importante à la libéralisation des marchés de l'aviation et une protection canadienne normalisée pour tous les usagers et encadrée dans une charte des droits des passagers.
Les passagers sont laissés à eux-mêmes et ne savent plus vers qui se tourner pour obtenir de l'aide. Ils sont heureux qu'une entreprise puisse maintenant les accompagner afin de s'y retrouver et les aider à obtenir une compensation. D'ailleurs, plusieurs de nos clients ont déjà tenté une approche directe auprès de la compagnie aérienne et ont essuyé un refus.
Bien que l'Office des transports du Canada joue un certain rôle de médiation, plusieurs de nos clients préfèrent utiliser nos services, et ainsi gagner du temps et une expertise avec une solution clés en main.
La nouvelle loi et les règlements découlant du projet de loi doivent contenir des dispositions claires et sans équivoque, afin de limiter les divergences d'interprétation étant donné l'existence de zones grises. Cette nouvelle loi facilitera la tâche aux passagers désirant faire valoir leurs droits individuels et permettra de regagner la confiance des voyageurs.
Nous avons donc tenu compte des tendance actuelles et des meilleures pratiques internationales pour faire quelques recommandations, afin de placer le Canada à l'avant-garde en matière de protection des voyageurs.
Les modifications proposées tiennent également compte de l'impact financier sur le secteur du transport aérien et prévoient dès lors des mesures visant à plafonner les coûts.
Voici en résumé quelques-unes des 15 propositions de notre mémoire.
Nous proposons de: déclarer le projet de loi complémentaire à la convention de Montréal; modifier l'article 67.3 dont il est question à l'article 17 du projet de loi C-49 en remplaçant les termes « seule une personne lésée » par « représentée par une personne ou en son nom », conformément au Règlement sur les transports aériens actuel; modifier le paragraphe 18(2) du projet de loi , qui concerne le sous-alinéa 86(1)h)(iii) de la loi, afin de permettre aux personnes lésées d'être représentées par un avocat, conformément à nos droits constitutionnels; édicter des règles claires quant à l'affichage des droits et des recours des passagers aériens dans les aéroports canadiens, notamment en permettant aux entreprises et aux associations qui défendent les droits des passagers d'afficher des publicités dans les aéroports canadiens; obliger les compagnies aériennes qui refusent l'embarquement ou qui annulent un vol d'avoir à présenter à chaque passager concerné un avis écrit de la raison du refus d'embarquement ou de l'annulation — il conviendrait que les transporteurs s'efforcent également d'informer les passagers qui atteignent leur destination finale avec un retard d'au moins trois heures de la raison de ce délai; créer une vigie plus publique de la gestion des aéroports canadiens; appliquer ou suivre la législation européenne en matière d'indemnité minimale à verser en cas de retard important, d'annulation ou de refus d'embarquement — il serait souhaitable que le Comité donne à Transports Canada, qui écrira les règlements par la suite, des directives claires, équivalentes aux directives européennes, sur les barèmes à utiliser; définir un retard important comme étant de deux heures pour les vols intérieurs et de trois heures pour les vols internationaux; établir les indemnisations minimales à verser aux passagers, équivalentes à un vol annulé pour tous les délais d'attente sur le tarmac excédant trois heures, et exiger que les transporteurs permettent aux passagers de quitter après 90 minutes, conformément aux conditions de tarifs des transporteurs, et ce, peu importe les circonstances, qu'elles soient exceptionnelles ou non; appliquer les mêmes droits à la prise en charge prévue au règlement européen lors d'un refus d'embarquement, d'annulation ou de retard important — cette prise en charge doit s'appliquer même en cas de circonstances extraordinaires échappant au contrôle de la compagnie aérienne; définir une circonstance extraordinaire comme un événement n'étant pas inhérent à l'exercice normal de l'activité du transporteur aérien concerné et qui échappe à la maîtrise effective de celui-ci du fait de sa nature ou de son origine — aussi, nous proposons de déclarer que le fardeau de prouver la circonstance extraordinaire repose sur les épaules du transporteur; déclarer que le délai de prescription doive correspondre aux délais de droit commun de trois ans au Canada; enfin, rendre imputables les aéroports canadiens en cas de grève, de rénovations majeures ou de bris mécaniques causant des retards importants ou des annulations de vols — cela permettrait aux passagers d'obtenir les mêmes indemnisations et d'avoir les mêmes droits que les passagers ayant subi un préjudice de la part des transporteurs aériens.
En conclusion, nous croyons fermement que l'Office des transports du Canada et le gouvernement se doivent d'adopter une loi qui soit aussi généreuse et transparente que ce que nous pouvons voir au niveau international; surtout, une loi qui soit humaine, protégeant et facilitant l'accès à une indemnisation; une loi claire et sans équivoque qui réduise au maximum les zones grises et laissant peu de place à l'interprétation.
Cette loi est plus que nécessaire pour ranimer la confiance des voyageurs dans les transporteurs aériens. Ces mesures permettront de suivre les meilleures pratiques internationales et les tendances en matière de protection des consommateurs. Elles permettront au Canada d'être à l'avant-garde pour ce qui est de la protection des passagers aériens.
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Merci, madame la présidente.
Mesdames et messieurs, merci de m'avoir invité à témoigner devant vous dans le cadre de votre étude du projet de loi .
Je m'appelle Daniel-Robert Gooch et je suis le président du Conseil des aéroports du Canada.
[Français]
Le CAC compte 51 membres, qui exploitent plus de 100 aéroports au Canada, y compris tous les aéroports privés du Réseau national d'aéroports. Nos membres gèrent plus de 90 % du trafic aérien commercial au Canada et une proportion encore plus élevée du trafic international.
[Traduction]
Le CAC s’attache notamment à promouvoir la sécurité et le dynamisme des aéroports locaux, à améliorer l’expérience des voyageurs, à optimiser les services gouvernementaux et à connecter le Canada au reste du monde par voie aérienne. Au cours des derniers jours, nous avons écouté les témoignages dans le cadre de l’étude que fait ce comité de la Loi sur la modernisation des transports.
Il est clair que l’industrie des transports aérien est complexe et qu’elle suppose l’interaction entre différents partenaires sur le site de l’aéroport, y compris les administrations aéroportuaires et les transporteurs aériens, bien entendu, mais aussi Nav Canada, des fournisseurs de services et des organismes gouvernementaux comme l’Administration canadienne de la sûreté du transport aérien et l’Agence des services frontaliers du Canada.
Les administrations portuaires ont pour mandat de fournir l’infrastructure nécessaire en vue de faciliter le mouvement des transporteurs aériens et le traitement des passagers. Elles appliquent la réglementation en matière de sécurité aéroportuaire, offrent des services d’intervention en cas d’urgence dans les aéroports pour composer avec des situations d’urgence liées aux aéronefs et assurent un commandement central pour intervenir en cas de problèmes relatifs à la sûreté opérationnelle, à l’infrastructure et à la sécurité.
Les grands aéroports disposent de plans d’intervention pour s’occuper des passagers dans le cadre d’opérations irrégulières. Ces plans prévoient le déploiement, au besoin, de certains biens, comme des autobus de terrain d’aviation, des bouteilles d’eau, des goûters et des fournitures pour bébés. Les aéroports sont habilités à appliquer leurs plans d’intervention pour s’occuper des passagers si nécessaire et peuvent faire appel à des ressources supplémentaires pour les aider à s’assurer que les passagers disposent des éléments essentiels dont ils ont besoin à court terme. Pendant des opérations régulières et irrégulières, le but est toujours de transporter les passagers où ils doivent se rendre de façon sécuritaire et en temps opportun.
Les aéroports s’efforcent constamment de rehausser l’expérience des passagers, point de plus en plus important pour ceux qui ont connu une hausse extraordinaire du trafic aérien au cours de la dernière décennie. À titre d’exemple, au cours des sept premiers mois de cette année, le mouvement des passagers a augmenté de 6,3 %. Ce mouvement hausse le nombre de visiteurs internationaux, ce qui contribue à l’économie canadienne et génère des recettes fiscales supplémentaires pour le gouvernement. C’est une bonne nouvelle. Cependant, s’il est bon pour les affaires et l’économie canadienne que les aéroports soient plus occupés, il peut être plus difficile sur le plan logistique d’offrir aux passagers la bonne expérience que vise l’industrie. Les aéroports du Canada ont fait des investissements stratégiques dans l’infrastructure lorsqu’ils ont eu besoin de croître et de répondre aux besoins des passagers. En fait, depuis 1992, ils ont investi 22 milliards de dollars dans l’infrastructure pour rehausser la sûreté, la sécurité, le confort et le mouvement des passagers.
Cette croissance a exercé des pressions particulières sur les services gouvernementaux dans les aéroports, en particulier sur le contrôle des passagers assuré par l’ACSTA et les services frontaliers offerts par l’ASFC. Aux heures de pointe, les voyageurs sont confrontés à de longues files d’attente aux points de contrôle de sécurité et à nos frontières aériennes, ce qui ternit l’expérience des passagers. En fait, c’est la plainte la plus fréquente des voyageurs.
Vous vous rappellerez peut-être que j’ai déjà soulevé ces questions devant le Comité plus tôt cette année dans le cadre de votre étude sur la sécurité aérienne. Je suis ravi d’annoncer que le dossier avance, mais nous ne sommes toujours pas rendus où nous devrions l’être. Le ministre des Transports a entrepris d’importants travaux dans ce secteur.
L’initiative Transports 2030, lancée il y a près d’un an, s’engage à examiner la structure de gouvernance de l’ACSTA et à faire en sorte qu’elle doive respecter davantage une norme de service et que son financement soit plus réactif et durable. Le projet de loi offre à l’ACSTA un cadre pour administrer de nouveaux services de contrôle ou des services supplémentaires suivant un régime de récupération des coûts. Cette mesure donnera aux aéroports la souplesse accrue de faire des ajouts aux services de contrôle de sécurité pour des raisons opérationnelles, comme celle de rehausser le niveau de service aux voyageurs en correspondance ou de prévoir une aire d’enregistrement distincte pour les voyageurs en classe affaires. Cependant, d'ici le budget du prochain exercice, elle devrait être accompagnée de la pleine affectation des droits pour la sécurité des passagers du transport aérien au financement des contrôles. Les responsables des aéroports s’inquiètent vraiment que les mécanismes de récupération des coûts prévus dans le projet de loi C-49 deviennent le mécanisme servant à recueillir du financement afin de procéder aux contrôles. Autrement dit, les aéroports ne recevraient pas la totalité des droits que les passagers paient pour leur sécurité. Si les aéroports doivent aussi payer pour bénéficier d’un niveau de service acceptable, ils devront générer des revenus supplémentaires qu’il faudrait ensuite récupérer auprès des transporteurs aériens et des passagers. En d’autres termes, les voyageurs devraient payer deux fois pour le même service et ils ne devraient pas avoir à le faire.
Les responsables des aéroports du Canada se réjouissent que le gouvernement ait récemment entrepris des travaux supplémentaires pour adopter un ajustement structurel à long terme dans le but de régler ce problème. Notre objectif commun ne devrait pas seulement être d’améliorer les temps d’attente aux points de contrôle, mais aussi d’offrir aux clients une expérience professionnelle et satisfaisante tout en continuant d’assurer un niveau élevé de sécurité.
Certains responsables d’aéroports croient que la meilleure approche consisterait à rehausser leur rôle dans la prestation des contrôles de sécurité dans les aéroports, comme c’est le cas en Europe et dans bien d’autres régions du monde; cependant, le message à retenir est que, lorsqu’il est question de trouver une solution permanente, il n’en existe pas qui convienne à toutes les situations. Il est important qu’on explore toutes les options avant que le gouvernement ne prenne de décision finale.
Il est essentiel de trouver une solution de contrôle de sécurité à long terme pour les passagers, qui méritent un service prévisible et un bon rapport qualité-prix; cependant, nous ne pouvons pas nous asseoir sur nos lauriers dans l’intérim. L’ACSTA a besoin de recevoir un financement suffisant pendant le prochain exercice pour répondre à la demande. Le gouvernement devrait aussi relancer ses investissements stagnants dans les voies ACSTA Plus, nouvelle approche qui améliore l’expérience des voyageurs dans les quelques sites où cette initiative a été mise en place. Cependant, l’ACSTA ne sera pas en mesure d’aller plus loin avant de recommencer à recevoir du financement.
En améliorant l’expérience des voyageurs aériens, on améliore aussi le service aérien dans les collectivités en offrant plus de liaisons aériennes à des prix plus avantageux. La modification que l’on propose d’apporter à la Loi sur les transports au Canada en vue de hausser de 25 % à 49 % les limites concernant la propriété étrangère des transporteurs aériens canadiens vise à stimuler le trafic et la concurrence à l’échelle nationale, objectifs louables dans les deux cas.
[Français]
Les aéroports du Canada se réjouissent des progrès réalisés par ce gouvernement dans tous ces dossiers importants. Nous espérons que cette dynamique se poursuivra et que le travail amorcé dans le cadre du plan stratégique Transports 2030 et des audiences de votre comité se traduira par des réformes concrètes.
Une fois de plus, je vous remercie de m'avoir donné l'occasion de m'adresser à vous aujourd'hui.
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Madame la présidente, honorables membres du Comité, merci de m’avoir invité à cette réunion. C’est pour moi un privilège exceptionnel de partager le point de vue des voyageurs aériens aujourd’hui.
Air Passenger Rights est un réseau indépendant et sans but lucratif de bénévoles qui s'attachent à responsabiliser les voyageurs par le truchement de l’éducation, de la défense des intérêts, des enquêtes et des poursuites. Notre groupe Air Passenger Rights Canada sur Facebook compte plus de 5 000 membres.
Je m’appelle Gábor Lukács et je suis le fondateur et coordonnateur du réseau Air Passenger Rights, qui est né de mes activités de défense des droits des voyageurs canadiens. Depuis 2008, j’ai déposé contre des transporteurs aériens 26 plaintes concernant la réglementation qui ont obtenu gain de cause; elles se rapportaient à des questions comme la responsabilité pour les bagages endommagés, les retards et les pertes de bagages, les retards et les annulations de vols, et les dédommagements pour les embarquements refusés involontaires.
Je suis ici pour émettre une mise en garde. Le projet de loi ne se penche pas sur la question clé du manque de respect des droits des passagers au Canada, il ne protège pas adéquatement les passagers canadiens et il ne respecte pas les droits prévus dans le régime de l’Union européenne. Je couvrirai chaque point en détail.
On blâme souvent l’absence d’une mesure législative adéquate pour justifier les malheurs des passagers. C’est un mythe. La Convention de Montréal est un traité international qui protège les passagers qui voyagent à l’étranger. Elle couvre une multitude de secteurs: les dommages, les retards et la perte de bagages jusqu’à concurrence de 2 000 $; et les retards des passagers, à hauteur de plus de 8 000 $. Elle offre même un dédommagement dans le cas de blessures ou de décès. La Convention de Montréal s’inscrit dans la Loi sur le transport aérien et a force de loi au Canada.
Le Canada exige aussi des transporteurs aériens qu’ils énoncent les conditions de voyage en langage clair dans un soi-disant tarif. Le défaut pour un transporteur aérien d’appliquer les conditions du tarif est passible d’une amende pouvant aller jusqu’à 10 000 $ et constitue une infraction punissable sur déclaration de culpabilité par procédure sommaire. Par conséquent, les lois, les règlements et les décisions réglementaires existantes pourraient offrir une protection appréciable aux passagers canadiens si seulement ils étaient appliqués par l’organisme de réglementation, l’Office des transports du Canada. L’ennui, c’est que cet organisme a renoncé à son devoir d’appliquer la loi. Comme vous le voyez dans ce diagramme qui montre les statistiques des quatre dernières années, le nombre de plaintes est monté en flèche — il a presque quadruplé — tandis que le nombre de mesures d’application a baissé pour être quatre fois moins élevé qu’il ne l’était.
La Cour fédérale d’appel a aussi critiqué l’Office. Dans un jugement récent, le juge de Montigny a conclu que l’Office avait commis une faute en faisant fi non seulement du libellé de la Loi sur les transports au Canada, mais aussi de son objet et de son intention. Il a aussi rappelé à l’Office qu’il était responsable de veiller à ce que les politiques menées par le législateur — en l’occurrence vous, les parlementaires — soient appliquées. Il ne fait aucun doute que ces lois peuvent être améliorées, et nous estimons qu’elles devraient l’être. Cependant, sans application, la loi ne restera qu’un libellé. Dans sa forme actuelle, le projet de loi ne fait rien pour remédier à la situation.
Le projet de loi accuse de nombreuses lacunes majeures. Il omet complètement des secteurs importants de la protection des passagers et mine les droits existants dans d’autres secteurs. Premièrement, il ne crée pas de mécanisme d’application et ne prévoit pas la moindre conséquence financière pour les transporteurs aériens qui enfreignent les règles, qui désobéissent aux règles établies. Par conséquent, le non-respect des règles reste l’option la plus profitable pour eux. Deuxièmement, le projet de loi n’offre aucune protection aux passagers les plus vulnérables: les enfants voyageant seuls et les personnes handicapées. Troisièmement, il nuit aux groupes de défense — comme Air Passenger Rights — dans leurs efforts pour protéger les droits des passagers en interdisant la plupart des plaintes préventives qui visent une intervention avant que quelqu’un ne puisse être lésé.
J'ai eu gain de cause dans les 26 plaintes que j'ai déposées et dont j'ai parlé plus tôt à une exception près, et ces plaintes étaient à caractère préventif. Je n'ai pas personnellement été touché, mais les pratiques que j'ai remises en doute étaient manifestement néfastes, et les autorités l'ont reconnu.
Nous recommandons que le Comité retire le nouvel article 67.3 qui se trouve à l'article 17 du projet de loi.
Quatrièmement, contrairement à ce que les représentants de Transports Canada vous ont dit lors de leur passage au Comité lundi, le projet de loi ne fournit pas une protection comparable à ce que prévoit le régime de l'Union européenne. Dans le cas des défaillances mécaniques, qui sont monnaie courante, le projet de loi propose en fait de désengager les transporteurs aériens de l'obligation d’indemniser les passagers pour les désagréments causés. C'est brillamment caché au nouveau sous-alinéa 86.11(1)b)ii).
C'est tout le contraire que prévoit le régime de l'Union européenne. Il reconnaît que c'est la responsabilité des transporteurs aériens de veiller à un entretien adéquat de leur flotte et oblige les transporteurs aériens à indemniser les passagers pour les désagréments qu'entraînent le retard ou l'annulation d'un vol en cas de défaillance mécanique.
Nous recommandons que le Comité modifie l'alinéa 86.11(1)b) pour préciser qu'en cas de défaillance mécanique les transporteurs aériens sont tenus d'indemniser les passagers pour les désagréments que cela entraîne.
Cinquièmement, le projet de loi fait un pas en arrière en ce qui concerne les longs retards sur l'aire de trafic en doublant le retard acceptable sur l'aire de trafic, faisant passer la norme canadienne de 90 minutes à 3 heures. C'est un recul. Cela vient en fait éroder les droits actuels des passagers.
Nous recommandons que le Comité modifie l'alinéa 86.11(1)f) en remplaçant 3 heures par 90 minutes, ce qui aurait pour effet de rétablir le statu quo.
En terminant, nous souhaitons également attirer votre attention sur certains faits troublants qui renforcent nos inquiétudes au sujet de l'impartialité et de l'intégrité de l'Office des transports du Canada. Avant même l'adoption du projet de loi par le Parlement et la tenue de toute consultation publique sur les règlements à venir, l'Office a déjà consulté l'IATA en ce qui a trait aux règlements qu'il devra élaborer.
L'IATA est l'Association du transport aérien international et représente les intérêts privés de l'industrie du transport aérien. Selon nous, l'Office a ainsi agi sans tenir compte du processus parlementaire et de la primauté du droit. À titre informatif, nous en avons la preuve dans la déclaration sous serment de l'IATA présentée devant la Cour suprême du Canada; c'est le numéro de dossier 37276.
Des passagers ont également communiqué avec nous pour nous expliquer que le personnel de l'Office leur avait tourné le dos et les avait informés sans cérémonie que le dossier relatif à leur plainte auprès de l'Office serait fermé. Aucune décision n'a été rendue et aucune d'ordonnance n'a été émise pour confirmer le rejet de ces plaintes; or, le personnel a fait comprendre aux demandeurs que leur plainte avait été rejetée. Les demandeurs n'ont pas été informés de leur droit de demander un processus d'arbitrage officiel, ou le personnel de l'Office les a dissuadés de se prévaloir de ce droit.
À notre avis, l'Office a perdu son indépendance, et l'intégrité des activités de protection des consommateurs est compromise. Les gestes de l'Office et son inaction quant à l'application de la loi, comme les statistiques nous le démontrent, ont miné la confiance du public à l'égard de l'impartialité de l'Office.
Nous recommandons que le Comité modifie le projet de loi pour transférer au ministre le pouvoir de l'Office de prendre des règlements et transférer d'autres responsabilités relatives aux droits des passagers du transport aérien à un organisme de protection des consommateurs distinct.
Je tiens à vous remercier de nous avoir donné l'occasion de vous présenter les préoccupations des passagers du transport aérien. Nous vous avons déjà soumis un mémoire qui souligne ces préoccupations et qui présente des recommandations détaillées sur la manière de sauver le projet de loi.
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Je vous remercie de cette question.
J'ai écouté ce qui s'est dit lors d'une réunion sur Air Transat, la semaine dernière. Il est clair que la situation est vraiment complexe. Après deux jours de discussions, je n'arrivais pas à savoir clairement qui était responsable de cette situation.
[Traduction]
Je crois qu'il est juste de dire que les passagers ne veulent pas vraiment que les gens jettent le blâme sur un autre et qu'ils veulent que les gens assument leurs responsabilités.
J'ai l'impression que nos membres de partout au Canada s'efforcent de contrôler et d'influencer positivement l'expérience des passagers — dans la mesure de leurs moyens — qui transitent par leur aéroport, même s'ils n'ont pas nécessairement de contrôle ou d'influence directement sur bon nombre de ces éléments. Il ne fait aucun doute que ce qui est survenu sortait de l'ordinaire.
Je crois que nous sommes aussi en droit de nous attendre à ce que les aéroports élaborent des plans. Les grands aéroports ont des plans sur la manière de gérer des situations irrégulières. Je crois que nous sommes aussi en droit de nous attendre à ce que tout le monde communique entre eux, coordonne ensemble les mesures et s'efforce de faire constamment mieux.
Je ne vais pas parler au nom des autorités de l'aéroport d'Ottawa — je vais les laisser parler en leur propre nom —, mais j'ai entendu mes collègues mentionner ce qu'ils avaient à leur disposition: les autobus, les bouteilles d'eau et les collations. Cela découle en grande partie des leçons retenues des expériences précédentes.
En ce qui concerne les aéroports, les transporteurs aériens, NAV CANADA, les agents de service d'escale et les entreprises de ravitaillement, nous n'avons pas besoin que le gouvernement nous rappelle qu'il faut communiquer entre nous pour améliorer nos pratiques. Nous le faisons constamment. Lorsqu'un tel incident survient, tout le monde se réunit et se demande ce qui s'est produit, où nous avons failli à la tâche et comment nous pouvons intervenir plus efficacement la prochaine fois.
C'était un incident très malheureux. Il va sans dire que l'aviation est très complexe; cela nécessite la collaboration de nombreux acteurs.