NDVA Réunion de comité
Les Avis de convocation contiennent des renseignements sur le sujet, la date, l’heure et l’endroit de la réunion, ainsi qu’une liste des témoins qui doivent comparaître devant le comité. Les Témoignages sont le compte rendu transcrit, révisé et corrigé de tout ce qui a été dit pendant la séance. Les Procès-verbaux sont le compte rendu officiel des séances.
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STANDING COMMITTEE ON NATIONAL DEFENCE AND VETERANS AFFAIRS
COMITÉ PERMANENT DE LA DÉFENSE NATIONALE ET DES ANCIENS COMBATTANTS
TÉMOIGNAGES
[Enregistrement électronique]
Le mardi 2 décembre 1997
[Traduction]
Le président (M. Robert Bertrand (Pontiac—Gatineau—Labelle, Lib.)): Je déclare la séance ouverte.
Je souhaite tout d'abord la bienvenue à tout le monde, notamment au lieutenant-général Crabbe.
Avant d'entendre nos témoins, nous devons commencer par parler du budget de déplacement pour notre... Oui?
M. John O'Reilly (Victoria—Haliburton, Lib.): Je propose que le comité adopte le budget de 246 964 $ qui nous a été soumis, pour ses déplacements au Canada et en Bosnie relativement à l'examen des problèmes socio-économiques auxquels font face les membres des Forces canadiennes.
Le président: Des interventions? Monsieur Benoit.
M. Leon Benoit (Lakeland, Réf.): Deux choses ne vont pas. D'abord, il n'a jamais été question de cela avant aujourd'hui. Deuxièmement, les deux motions devraient être distinctes. J'aimerais d'ailleurs que cette motion soit représentée lors de la prochaine réunion, pour que nous ayons la possibilité d'en discuter. Nous n'aurons d'autre choix que de voter contre cette fois-ci, si les choses nous sont présentées ainsi.
Le président: Si je comprends bien, vous vous objectez au point 9, c'est-à-dire aux frais de déplacement pour un voyage en Bosnie.
M. Art Hanger (Calgary-Nord-Est, Réf.): C'est cela. Nous n'en avons même pas reçu copie.
M. Leon Benoit: Tout ce que nous avons, c'est une motion.
Le président: Mais le budget a été envoyé à votre bureau.
M. Art Hanger: Quand cela?
M. Leon Benoit: Je ne l'ai pas reçu.
M. Art Hanger: Étant donné qu'une partie du contingent canadien en Bosnie va rentrer en janvier, j'estime que nous aurons amplement la possibilité—si l'on veut les interroger quant à la qualité de la vie là-bas—, de nous entretenir avec ceux et celles qui y ont passé six mois. Je ne vois pas l'intérêt de se déplacer là-bas pour évaluer les questions de qualité de la vie. Cela étant, je ne vais pas appuyer cette motion.
M. John Richardson (Perth—Middlesex, Lib.): Aviez-vous l'intention de retourner en Bosnie après le déplacement du comité conjoint?
Le président: Oui.
M. John Richardson: Un autre déplacement!
Le président: D'après ce que j'ai cru comprendre, John, cela ne coûtera rien au comité, car les militaires vont s'occuper du transport aérien...
M. John Richardson: Nous allons prendre un de leurs avions?
Le président: Oui. Nous n'aurons plus qu'à payer pour l'hôtel et les indemnités journalières.
M. Art Hanger: Monsieur le président, je continue à ne pas voir la nécessité de ce déplacement—surtout que nous aurons la possibilité de rencontrer des militaires ayant passé six mois en Bosnie—, d'aller voir sur place des gens qui n'auront passé que trois ou quatre mois sur le théâtre des opérations. Je ne comprends absolument pas la raison d'être de ce déplacement, surtout qu'il est question de qualité de la vie.
• 1535
Or, comme vous avez fait mention des destinations dans la
motion, nous allons devoir voter contre.
Le président: Monsieur Pratt.
M. David Pratt (Nepean—Carleton, Lib.): Je veux m'exprimer en faveur de la motion.
Quelques-uns des membres de ce comité—malheureusement, je ne vois pas Hec Clouthier—dont des gens comme Judi et moi-même, n'avons jamais été sur un théâtre des opérations où des Canadiens ont été déployés. J'estime que ce voyage serait, pour nous, une excellente occasion d'apprendre, de découvrir la façon dont fonctionne les Forces armées et d'explorer les liens qu'elle a avec ce comité; cela étant, je suis tout à fait en faveur de ce déplacement.
Le président: Judi.
Mme Judi Longfield (Whitby—Ajax, Lib.): Je répéterai simplement ce que M. Pratt vient de dire. On nous critique souvent, nous les Parlementaires, parce que nous ne nous rendons pas sur place pour voir de nos yeux ce qui se passe. C'est une chose de parler avec les militaires à leur retour de Bosnie, mais c'en est une autre d'aller là-bas et de voir ce qu'ils vivent. Cela jouera certainement sur la décision que je devrai prendre quant à leur qualité de vie.
M. John O'Reilly: En tant que motionnaire, j'ai étudié le budget en détail et je puis vous dire que je n'ai rien contre le déplacement en Bosnie, même si je vous ai déjà indiqué que je ne pourrais y aller.
J'ai l'impression que les Parlementaires veulent ressentir un peu de ce qu'est la vie militaire. J'estime essentiel, pour que ce comité soit en mesure de rédiger son rapport, que nous embarquions à bord de sous-marins, de navires et d'avions—que nous fassions un peu ce que les militaires font quotidiennement—et que nous visitions un de leurs théâtres d'opération.
Comme je vous le disais, je n'ai aucune raison de vouloir aller en Bosnie à cette époque. Comme je ne peux pas faire partie du voyage et je n'ai donc aucun intérêt personnel à défendre. Eh bien, je m'étais dit qu'il appartient aux députés de goûter à la vie militaire autant que possible, pour tirer des conclusions justifiées, en toute connaissance de cause.
Le président: Pour deux petits autres commentaires brefs. M. Benoit et Mme Venne.
M. Leon Benoit: Je le répète, nous avons besoin de temps pour examiner la proposition dont nous sommes saisis, avant de l'accepter. Si l'on maintient cette motion, nous devrons voter contre, ce qui n'est pas grave si c'est ce que vous voulez. Nous avons besoin de temps pour l'examiner et les deux motions devraient être distinctes.
J'aimerais beaucoup aller en Bosnie. J'y apprendrais certainement quelque chose. Mais je ne crois pas que notre mandat justifie ce voyage. Quant à dire qu'il ne coûterait rien, j'estime que le budget militaire est déjà arrivé à la limite de son élasticité et qu'il est complètement déplacé que nous dépensions ces sommes.
Une voix: D'accord.
Le président: Madame Venne.
[Français]
Mme Pierrette Venne (Saint-Bruno—Saint-Hubert, BQ): Vous allez excuser mon ignorance, mais a-t-on une base des Forces armées à Yellowknife?
Le président: Nous avons, je crois, une trentaine de militaires à Yellowknife. Juste en passant, il n'y a que moi et le recherchiste qui irons à Yellowknife.
Mme Pierrette Venne: C'était indiqué ici sur la liste. Donc, je pensais qu'on y allait tous. Il n'y a que vous qui allez là?
Le président: Oui.
Mme Pierrette Venne: Bon, d'accord.
Le président: D'après mon expérience, on se rend à Vancouver et en Alberta, mais on oublie toujours le Grand Nord. Cependant, je crois qu'un comité s'y est déjà rendu.
Mme Pierrette Venne: Donc, vous allez nous représenter.
[Traduction]
Une voix: Vous allez à Yellowknife?
Le président: Oui, je vais à Yellowknife. Si quelqu'un d'autre veut venir...
Nous sommes saisis d'une motion, à savoir que le comité adopte le budget de 246 964 $ pour ses déplacements au Canada et en Bosnie, relativement à son examen des problèmes socio-économiques auxquels font face les membres des Forces canadiennes.
M. Art Hanger: Monsieur Bertrand, j'en appelle au règlement. Pourrions-nous avoir un vote par appel nominal sur cette motion.
Le président: Bien sûr.
M. David Pratt: Histoire de tirer les choses au clair, y a-t-il une raison pour laquelle ce vote ne pourrait être retardé d'un ou deux jours? Est-ce absolument impératif de le faire maintenant?
Le président: Nous pourrions le remettre à jeudi.
Tout le monde est-il d'accord pour jeudi?
Des voix: Oui.
M. David Pratt: Eh bien, qu'on le remette à jeudi, si tout le monde est d'accord.
Le président: Nous resoumettrons la motion jeudi après-midi à 15 h 30.
Général, c'est à vous.
Le lieutenant-général R.R. Crabbe (sous-chef d'état major de la Défense, ministère de la Défense national): Merci beaucoup, monsieur le président, membres du Comité permanent de la Défense nationale et des Anciens combattants.
Je suis heureux d'être ici pour parler d'une question qui préoccupe beaucoup les Forces canadiennes, c'est-à-dire l'incidence des ressources offertes à nos soldats, marins et aviateurs ainsi qu'à leurs familles pour assurer leur qualité de vie, particulièrement dans la mesure où cela touche notre capacité opérationnelle.
[Français]
Le fait que vous ayez accepté d'entreprendre un examen des défis socioéconomiques auxquels font face les membres des Forces canadiennes constitue une étape importante en vue de déterminer le niveau approprié de soutien que méritent nos militaires.
Nous croyons que les ressources fournies à nos troupes et à leurs familles pour assurer leur qualité de vie se sont améliorées à bien des égards. Malheureusement, le niveau de soutien offert présente encore des lacunes qu'il faut combler pour ainsi accroître notre capacité opérationnelle actuelle et future.
En tant que sous-chef d'état-major de la Défense, je suis directement responsable devant le chef d'état-major de la Défense de la conduite opérationnelle des Forces canadiennes. Même si je viens d'être nommé à ce poste, je possède une vaste expérience opérationnelle et j'ai servi récemment en ex-Yougoslavie.
[Traduction]
Au ministère de la Défense nationale et dans les Forces canadiennes, la «primauté des opérations» est un principe fondamental, après tout, remplir les rôles que notre gouvernement leur confie au nom des Canadiens constitue la raison d'être des Forces canadiennes. Il s'ensuit que les programmes qui touchent à notre capacité opérationnelle sont d'une grande importance pour nous tous.
Bien que le sous-ministre adjoint (personnel), le lieutenant-général Kinsman, soit chargé des programmes de qualité de vie, je parlerai de l'incidence des programmes actuels visant à appuyer nos troupes déployées dans le cadre d'opérations.
Au cours des 20 prochaines minutes, je décrirai la situation d'un point de vue opérationnel afin de mettre en lumière les déploiements et les risques auxquels fait face notre personnel; je passerai en revue nos programmes actuels de qualité de vie et en évaluerai l'impact sur notre capacité opérationnelle; enfin, je mentionnerai certaines préoccupations auxquelles il faut répondre.
[Français]
Même si aucune menace militaire directe ne pèse sur le Canada, la situation demeure instable et imprévisible sur le plan de la sécurité internationale. Il y a chaque jour des guerres civiles et des conflits entre États. Nous nous intéressons beaucoup à cette situation, car dans un monde instable et imprévisible, nos valeurs et nos intérêts sont menacés.
Au pays, le ministère s'est trouvé aux prises avec des compressions radicales, soit une réduction de 28 000 personnes au cours d'une période de 10 ans. Pour s'adapter à cette réalité, il a entrepris de grands projets de restructuration qui ont abouti à de nouvelles structures, particulièrement en ce qui a trait aux quartiers généraux et à des fermetures de bases.
Jusqu'à présent, les quartiers généraux ont été réduits de 45 p. 100 et d'autres coupures sont prévues. L'incidence des compressions budgétaires successives s'est avérée considérable, alors que nous nous sommes efforcés de maintenir et même d'accroître notre capacité opérationnelle malgré une réduction de 23 p. 100 du budget de la Défense.
[Traduction]
La situation à l'échelle mondiale ainsi que les répercussions de nos changements internes ont créé un climat d'incertitude pour notre personnel.
En dépit de ces difficultés, nous devons être prêts à accomplir les diverses tâches que le gouvernement nous confie. Pour ce faire, nous exigeons que tout notre personnel soit disponible pour prendre part aux opérations. Nos soldats, marins et aviateurs doivent se déployer à bref délai pendant des périodes prolongées, et ce, dans des endroits très dangereux n'importe où dans le monde.
Le fait de servir le Canada exige des membres des Forces canadiennes qu'ils remplissent une responsabilité unique. Cette exigence est imposée non seulement à nos militaires mais aussi à leurs familles. Je suis fier de dire que notre personnel a su relever ce défi grâce à son engagement tout entier envers les Forces et envers le Canada. Un survol de nos récentes opérations permettra d'illustrer cet engagement.
• 1545
Au cours des 48 dernières années, le Canada a participé à
36 missions à l'étranger, dont la plupart sous les auspices de
l'ONU. Depuis 1989, le nombre de missions a considérablement
augmenté de même que les risques pour notre personnel, comme on a
pu le constater durant la guerre du Golfe et les opérations en
Afrique, en Haïti et dans les Balkans.
Les missions traditionnelles de maintien de la paix dont les mandats sont clairs et respectés par toutes les parties en cause sont certainement moins courantes de nos jours. Les opérations de rétablissement et de maintien de la paix ont été caractérisées par des mandats et des règles d'engagement complexes. Dans des régions où les combats entre belligérants sont la norme, des Canadiens ont été tués ou blessés par des tirs d'armes légères, des tirs d'artillerie ou des mines, ou encore pris en otage.
Pour vous donner une idée de l'augmentation des risques liés à nos missions récentes, 104 Canadiens sont morts au service de la paix. Or, depuis 1992, cette moyenne est passée à quatre par an. L'incertitude de la situation à laquelle sont confrontées nos troupes déployées dans des régions déchirées par la guerre a un impact considérable, non seulement sur les hommes et les femmes qui font partie de nos Forces armées mais aussi sur leurs familles. Si l'on ajoute à cela les conséquences émotives et psychologiques, je crois qu'il est juste de dire que les membres des Forces canadiennes ont effectivement été exposés à des guerres aux proportions dévastatrices.
En 1993, au plus fort de sa participation, le Canada comptait 4 641 membres des trois éléments affectés à des opérations à l'étranger. Comme la plupart de nos tâches opérationnelles sont des déploiements de six mois, il y avait en fait 9 000 militaires affectés à des opérations cette année-là.
Les engagements pris au cours de la présente décennie sont encore plus révélateurs. Depuis 1990, plus de 42 000 marins, soldats et aviateurs ont participé à des opérations internationales. Pour chaque militaire affecté outre-mer, il y en a un qui reçoit l'entraînement préalable au déploiement en vue remplacer le premier, et il y en a un autre qui vient de rentrer au Canada pour reprendre la routine, c'est-à-dire l'instruction et les tâches habituelles. Par ailleurs, le soutien logistique et administratif nécessaire à ces opérations a exigé davantage de nos équipes de maintenance aéronefs, de nos navires de ravitaillement et de nos unités de logistique au Canada.
[Français]
Pour mener à bien ces nombreuses opérations, nous nous sommes tournés vers nos réserves afin de combler les lacunes. Les réservistes se sont très bien tirés d'affaire, mais comme leurs camarades de la Force régulière, ils ont dû affronter des horreurs, si bien que leurs familles et eux-mêmes ont été tout autant affectés par cette situation stressante.
Le mois dernier, nous avions 2 300 militaires affectés à 15 opérations de paix et autres missions dans le monde entier. Avec la fin de notre mission en Haïti et le retour des CF-18 d'Aviano, il restera d'ici Noël environ 1 600 militaires déployés. Bien qu'il s'agisse d'une réduction appréciable depuis 1993, notre contribution demeure importante.
[Traduction]
Qu'en est-il de l'avenir? L'expérience a montré que des organisations comme l'ONU sont toujours appelées à intervenir dans les points chauds du globe. Les Forces armées du Canada conserveront un niveau élevé de préparation opérationnelle afin de pouvoir répondre au prochain appel du gouvernement du Canada.
Des opérations domestiques exigeantes comme l'aide au pouvoir civil, les catastrophes civiles, l'assistance humanitaire, le soutien des pêches et la répression du trafic des stupéfiants ont également ajouté au stress que subissent le militaire et sa famille à cause d'absences plus longues. Il suffit de penser à la crise d'Oka en 1990, à l'inondation au Saguenay en 1996 et à l'inondation dans le sud du Manitoba en 1997. L'opération Saguenay a fait appel à 500 militaires notamment des spécialistes du génie militaire dont les services sont très demandés pour toutes les opérations à l'étranger. L'opération assistance au Manitoba a exigé quant à elle plus de 8 500 militaires des trois services. On a dit de cette opération qu'elle avait été le plus important déploiement des Forces canadiennes depuis la guerre de Corée.
Il convient de mentionner tout particulièrement qu'une unité a interrompu son entraînement afin de lutter contre l'inondation au Manitoba, pour ensuite se déployer en Bosnie 40 jours plus tard. Une autre unité en route vers Gagetown a rebroussé chemin pour se rendre au Manitoba.
• 1550
Comme vous pouvez le voir, le rythme et le niveau de risque
des opérations ont été très élevés durant les années 90. Les
longues absences du foyer tant pour l'entraînement préalable aux
déploiements que pour les opérations proprement dites ont affecté
presque toutes nos familles. En même temps, les membres des Forces
canadiennes et leurs familles sont aux prises avec les problèmes et
les stress quotidiens auxquels la plupart des Canadiens sont
confrontés—des gels de salaires, des préoccupations concernant
l'emploi des conjoints, des services de garderie abordables, pour
ne nommer que ceux-là. Ces problèmes sont encore plus graves dans
les familles monoparentales. Les réservistes doivent faire face à
d'autres difficultés quand leur sécurité d'emploi n'est pas
garantie.
Nos familles doivent aussi faire face à des fréquents déménagements partout au Canada et à l'étranger; c'est un problème qui a pris de l'ampleur ces dernières années en raison des fermetures de bases. L'an prochain, nous prévoyons de réduire le nombre de déménagements de 40 à 50 p. 100, ce qui aidera certainement bon nombre de nos familles.
[Français]
Dans quelle mesure prenons-nous soin de notre personnel dans ce contexte difficile? Dans son exposé, le général Baril nous a parlé du contrat social entre le Canada et les Forces canadiennes. On pourrait se poser les questions suivantes.
Assurons-nous des soins adéquats à nos militaires qui sont blessés ou qui souffrent d'une invalidité? Offrons-nous un soutien approprié à nos familles qui doivent faire face seules à tous les stress quotidiens tandis que le conjoint est déployé dans des circonstances incertaines et menaçantes? Avons-nous les programmes qui conviennent à nos réservistes? Notre personnel reçoit-il la reconnaissance et la compensation qu'il mérite?
[Traduction]
Nous avons tenté de répondre à ces questions, mais nous ne pouvons pas les résoudre toutes au sein du Ministère.
Les programmes de qualité de vie qui fournissent un appui essentiel au militaire et à sa famille sont particulièrement pertinents, car ils touchent directement notre capacité opérationnelle étant donné les situations exigeantes et incertaines auxquelles notre personnel fait face, nous devons créer un milieu exempt d'inquiétudes, ce qui est une tâche difficile voir quasi impossible dans les meilleures circonstances.
Notre personnel déployé doit se concentrer sur la tâche à accomplir et ne peut se permettre d'être distrait par des préoccupations ou des problèmes familiaux pouvant nuire à son efficacité. Procéder au déminage, mener des négociations, éviter des balles ou faire face à un affrontement de belligérants ne sont que des exemples des situations ou nos militaires doivent concentrer toute leur attention sur la tâche à accomplir. À cette fin, il faut répondre aux préoccupations de la famille de manière exhaustive et opportune afin de distraire le moins possible l'attention du militaire déployé.
Les programmes actuels de qualité de vie sont classés dans trois grandes catégories: le soutien au personnel déployé, le soutien aux familles ainsi qu'une compensation et une reconnaissance appropriées pour les deux groupes. Laissez moi vous dire quelques mots à leur sujet.
Le niveau de soutien offert au personnel déployé est considérable, comme l'a décrit le général Kinsman dans son papier, les principaux éléments de ce soutien sont fournis afin d'accroître le bien-être et le moral de l'unité et de la personne, d'assurer l'accès aux officiers de l'unité et à des officiers spécialistes tels que des médecins, des travailleurs sociaux et des aumôniers, et d'offrir un programme actif de gestion du stress avant, pendant et après l'affectation à une opération.
Le soutien financé par l'État varie d'une mission à l'autre. Mais la plupart ont accès à Radio Canada International, reçoivent l'Infoflash produit par les Affaires étrangères de même que le sommaire préparé par la Défense nationale en ce qui concerne les actualités, les sports, les divertissements, la météo et les nouvelles financières. Elles obtiennent aussi des journaux, des périodiques et des livres, mais les documents imprimés ne sont déjà plus à jour lorsqu'ils parviennent au théâtre d'opérations.
En outre, les tournées de spectacles, les vidéos et les activités de détente et de loisirs procurent aux militaires une pause essentielle qui les change des longues heures de travail, du rythme effréné des opérations et des situations potentiellement dangereuses auxquelles ils sont exposés.
Enfin, des produits canadiens sont expédiés dans le théâtre des opérations afin que les cantines des unités puissent avoir les articles de nécessité quotidienne grâce à l'octroi de fonds publics de 3,5 millions de dollars durant l'année financière 1996-1997. Ce programme a fait en sorte que nos militaires puissent recevoir un appui tangible du Canada. Ces commodités sont des éléments nécessaires au maintien d'un bon équilibre entre les opérations et les loisirs, en particulier lors de déploiements de durée prolongée.
Malgré le meilleur contrôle et les meilleurs préparatifs possibles, il se produira inévitablement des problèmes qu'il faudra résoudre dans le théâtre. Le soutien des officiers et des sous-officiers qui constituent la chaîne de commandement, ainsi que la disponibilité de spécialistes comme ceux que j'ai mentionnés font que les problèmes sont réglés aussi rapidement et efficacement que possible.
[Français]
Ces spécialistes jouent aussi un rôle important dans le cadre du Programme de gestion du stress. Lors des opérations que nous avons menées récemment, de nombreux incidents se sont produits, qui ont grandement affecté certaines personnes et certains groupes. Mentionnons le génocide, les actes de destruction massive, les camps de réfugiés, les privations, l'effondrement des structures sociales telles que nous les connaissons, et la mort ou les blessures graves de camarades.
Nos militaires sont témoins d'horribles événements; ils ne peuvent demeurer insensibles à ce qu'ils voient. Et ces événements les ont affectés. Le counselling en matière de stress dû à un incident critique porte sur des incidents précis à mesure qu'ils surviennent. Le Programme de gestion du stress lié au déploiement traite des conséquences plus générales des problèmes causés par la séparation de la famille avant le déploiement, des questions de stress lié au déploiement tant dans le théâtre qu'au pays, ainsi que du stress des retrouvailles après des absences prolongées dans des conditions dangereuses.
[Traduction]
Nous améliorons constamment le soutien offert à nos militaires, hommes et femmes. Par exemple, nous avons récemment pris l'habitude d'affecter un psychologue pour aider les commandants à déceler les problèmes sociaux à mesure qu'ils surgissent.
Que faisons-nous pour prendre soin de nos familles? J'aimerais examiner les trois éléments de cet aspect important: les détachements arrière des unités, les centres de ressources pour les familles des militaires et la ligne d'information sur les missions.
Les détachements arrière des unités—c'est-à-dire les membres des unités déployés qui sont restés au pays—apportent un soutien essentiel en tenant les familles au courant de toutes les activités importantes et de tous les incidents majeurs survenus dans la zone de mission. Ils offrent également une aide pour faire face aux événements courants ou imprévus qui se produisent au pays. Les détachements arrière sont très utiles lorsqu'il s'agit d'appuyer les familles qui demeurent dans la région géographique de la base d'où l'unité a été déployée.
Dans le cas des troupes d'appoint venant d'autres bases ou lorsque la famille s'installe temporairement dans un autre endroit pendant l'absence du militaire, l'efficacité du système de détachement arrière diminue grandement.
Dans le cas des familles de réservistes, le soutien est plus compliqué parce que leur foyer et l'unité déployée se trouvent rarement au même endroit. Toutefois, il peut être offert grâce à la collaboration entre l'unité de la réserve et le détachement arrière. Selon mon expérience, ce système a encore besoin d'être amélioré.
Les centres de ressources pour les familles des militaires, qui se trouvent dans nos bases, fournissent les renseignements, le soutien et les renvois dont les familles ont besoin. Ce sont des endroits où l'on peut obtenir de l'aide lorsque c'est nécessaire. Le personnel des centres connaît les circonstances particulières de nos familles et peut apporter une aide directe ou diriger les personnes vers les organismes compétents dans la collectivité, par exemple, il a aidé à prévenir des ruptures et a prêté son assistance à des personnes ou à des familles dans la détresse.
Créé en 1991, le programme reconnaît que les conjoints des militaires apportent leur contribution et leur appui à toutes les missions des FC. Sachant ce service disponible à leurs familles est important à ceux déployés.
[Français]
La ligne d'information sur les missions a été établie en 1992. Les familles de partout au Canada peuvent appeler sans frais, 24 heures sur 24, afin d'obtenir des informations à jour et précises sur la situation dans laquelle sont déployés les êtres chers. Les informations sont mises à jour régulièrement, soit chaque jour ou chaque semaine, par l'unité déployée. L'accès à cette ligne d'information s'est révélé très populaire et utile. Récemment, de nombreuses unités ont établi des liens par courrier électronique entre le théâtre d'opérations et le détachement arrière à l'intention des familles.
Le soutien aux familles des marins, soldats et aviateurs déployés s'est grandement amélioré au cours des dernières années. Tout en demeurant rentables, les programmes permettent d'atténuer l'incertitude que ressentent les familles et offrent l'aide nécessaire en situation de crise.
[Traduction]
Un irritant majeur qui n'a pas encore été pleinement résolu, et que le ministère ne peut régler entièrement, concerne la compensation offerte à notre personnel à l'égard des exigences que nous lui imposons. L'affectation à des opérations augmente le coût de la vie pour nos militaires. Mentionnons, par exemple, les déplacements pour rentrer au pays lors d'un congé durant l'affectation à une opération. Comme les frais ne sont souvent pas remboursés intégralement, les militaires se trouvent parfois à dépenser jusqu'à 900 $. Même s'ils sont remboursés en partie, les contacts téléphoniques sont coûteux et difficiles à établir à partir de nombreux endroits à l'étranger. Le décalage entre les fuseaux horaires pose aussi des problèmes. Qu'il s'agisse de familles monoparentales ou biparentales, lorsqu'une personne est absente à cause d'opérations, les dépenses courantes liées à l'entretien de la voiture familiale et à la garde des enfants connaissent souvent une augmentation.
Les indemnités payées par l'ONU et le Canada varient d'une mission à l'autre; l'indemnité quotidienne de 1,28 $ (US) versée par l'ONU ne permet pas de répondre de manière substantielle aux préoccupations financières de notre personnel. En général les membres déployés reçoivent beaucoup plus que cette maigre somme.
Des initiatives sont en cours pour combler certaines de ces lacunes. Une proposition d'indemnité de congé au pays visant à couvrir intégralement les frais de déplacement au milieu de la période de service est actuellement soumise à l'approbation du Conseil du Trésor. L'an dernier, les militaires déployés pendant six mois sont devenus admissibles à l'indemnité de service outre-mer qui était versée chaque mois aux militaires absents pendant douze mois, ce qui a permis d'éliminer l'une des inégalités qui existaient dans notre régime de rémunération. Les formalités administratives concernant une nouvelle indemnité de garde d'enfants ont débuté et devront être approuvées par le Conseil du Trésor en temps voulu.
L'élaboration et l'approbation de ces programmes aideront à minimiser l'un des principaux facteurs de stress, c'est-à-dire la stabilité financière de nos militaires et de leurs familles lorsque les militaires sont affectés à des opérations. Le fait d'éliminer les préoccupations qui contribuent au stress—en créant essentiellement un milieu exempt d'inquiétudes—permettra d'accroître notre capacité opérationnelle en réduisant les distractions qui nuisent au rendement de nos militaires déployés. Le bien-être de nos membres et de leurs familles est indispensable au maintien de notre capacité opérationnelle à long terme.
En conclusion, avons-nous fait assez? À notre avis, nous pouvons faire plus pour améliorer la qualité de vie de nos militaires et de leurs familles afin de conclure un contrat social acceptable entre le Canada et les membres des FC.
Loin de vouloir trop simplifier une question plutôt complexe, j'espère avoir réussi à mettre en contexte ce besoin primordial qui consiste à établir un climat de confiance où les militaires disposeront de tous les moyens nécessaires pour remplir leurs fonctions opérationnelles à l'appui de notre gouvernement et de notre pays, en sachant qu'on prend soin de leurs familles et que, advenant un incident regrettable, tous leurs besoins et ceux de leurs familles seront comblés.
Je vous ai parlé de quelques-uns des programmes de qualité de vie qui ont une incidence sur notre capacité opérationnelle globale. Même si ces programmes fonctionnent bien, il faut faire davantage pour appuyer notre ressource la plus précieuse, notre personnel.
[Français]
Comme vous le savez, les chefs d'état-major de l'Armée de terre et des Forces aériennes vous parleront aussi de ce sujet des plus importants.
Je vous remercie de m'avoir donné l'occasion de vous rencontrer aujourd'hui. Je me ferai un plaisir de répondre à vos questions.
[Traduction]
Le président: Merci beaucoup, général.
Je pense que c'est malheureusement tout le temps que nous avons pour vous cet après-midi. La sonnerie retentit. Nous pourrions peut-être vous demander de revenir plus tard. Je suis certain que bien des députés auront des questions à vous poser. Nous pourrions vous demander de revenir. Qu'en pensez-vous?
Lgén R.R. Crabbe: C'est très bien, monsieur le président.
Le président: Nous inviterons de nouveau le général et j'aimerais que tout le monde soit présent quand nous le ferons. Nous le ferons le plus tôt possible en fonction du calendrier de ces messieurs et du nôtre.
La séance est levée.