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NDVA Réunion de comité

Les Avis de convocation contiennent des renseignements sur le sujet, la date, l’heure et l’endroit de la réunion, ainsi qu’une liste des témoins qui doivent comparaître devant le comité. Les Témoignages sont le compte rendu transcrit, révisé et corrigé de tout ce qui a été dit pendant la séance. Les Procès-verbaux sont le compte rendu officiel des séances.

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STANDING COMMITTEE ON NATIONAL DEFENCE AND VETERANS AFFAIRS

COMITÉ PERMANENT DE LA DÉFENSE NATIONALE ET DES ANCIENS COMBATTANTS

TÉMOIGNAGES

[Enregistrement électronique]

Le jeudi 4 décembre 1997

• 0951

[Traduction]

Le président (M. Robert Bertrand (Pontiac—Gatineau—Labelle, Lib.)): Bonjour à nouveau, tout le monde. C'est la suite de la réunion de mardi, qui a malheureusement due être repoussée à cause du vote. Le général avait présenté son exposé, et nous allions passer aux questions.

Je me demande simplement si quelqu'un du côté ministériel voudrait commencer.

Monsieur Wood, je crois que vous avez une question.

M. Bob Wood (Nipissing, Lib.): J'en ai deux ou trois pour le général.

Mon général, merci d'être revenu avec, de toute évidence, un préavis assez court.

Lieutenant général R.R. Crabbe (Sous-chef d'état major de la Défense, ministère de la Défense nationale): Je n'ai guère eu le choix, monsieur.

Des voix: Oh, oh.

M. Bob Wood: Vous êtes bien aimable.

Si je ne me trompe, en tant que sous-chef d'état major de la Défense, votre rôle est de planifier et de coordonner les opérations actuelles et futures des Forces canadiennes. Ma question concerne les répercussions des récentes compressions de personnel sur la capacité du commandement des Forces canadiennes à s'acquitter de certaines de ses tâches. Plus précisément, je suppose que ceux qui sont placés sous votre commandement ont reçu une formation technique poussée. Les compressions de personnel et la concurrence avec le secteur privé ont-elles des conséquences sur votre capacité à conserver ce personnel de grande qualité?

Lgén R.R. Crabbe: Je ne suis pas sûr de comprendre votre question.

M. Bob Wood: Comme vous le savez, ils ont tous reçu une formation technique poussée, et ils pourraient travailler ailleurs. Je me demandais si cela posait un problème. Pouvez-vous maintenir cette formation technique à un niveau élevé?

Lgén R.R. Crabbe: Il est certain qu'à mon avis, personne n'a une compétence supérieure à celle des marins, des soldats et des aviateurs canadiens, et je le dis très sincèrement. Leur capacité à faire ce qu'on leur demande, qu'on exige d'eux... ayant pu comparer les gens de plusieurs pays quand j'étais en Yougoslavie, et depuis lors, je pense que la formation que nous donnons à nos gens est supérieure à celle qu'on donne dans tous les pays avec lesquels j'ai travaillé.

Je crois que la question porte en partie sur notre capacité de réaliser nos activités et maintenir leur niveau, vu la diversification des modes de prestation de services et la «démilitarisation», si vous voulez, de certains secteurs qu'on pratique maintenant dans les forces armées. En un mot, je vous répondrai que oui. Je siège dans les comités pour veiller à ce que nous ne portions pas atteinte à notre capacité de monter les opérations et de les exécuter jusqu'au bout.

Pour ce qui est de l'équipement, je serai très bref. Il est juste de dire, je pense, que les navires de surface de la marine, les nouvelles frégates de patrouille canadiennes, les nouveaux BDCM, sont les meilleurs du monde. Vous êtes au courant des capacités que nous offrent nos sous-marins. Les trois que nous avons vont rester en service jusque... Je crois que le premier pourrait être utilisé jusqu'en l'an 2000. Et l'hélicoptère Sea King vole encore. On continue de le modifier, et il conserve sa capacité opérationnelle et sa navigabilité pendant tout son cycle de vie. Là encore, on prévoit, je crois, qu'il restera opérationnel jusqu'en 2005.

Pour ce qui est de l'aviation, le CF-18 est un des meilleurs avions du monde. Techniquement, c'est un avion extrêmement avancé. Il est juste de dire, je crois, qu'il ne fait de doute pour personne que le service fourni par l'aviation à Aviano, avec tous les gadgets qui ont été utilisés, a dépassé les attentes. Techniquement, tout s'est très bien passé. Elle a obtenu le prix Top Gun l'année dernière en battant les Américains, ce qui, bien entendu, n'est pas facile à faire.

• 0955

Maintenant, pour l'équipement, c'est en quelque sorte au tour de l'armée. Je pense qu'il est juste de dire qu'elle en a besoin. On commence maintenant à introduire certaines des nouvelles séries de transports de troupes blindés, en commençant par le Coyote, le véhicule de reconnaissance. D'après ce qu'on me dit et ce que j'ai pu constater, c'est sans doute le meilleur du monde dans son genre. À Gagetown, l'année dernière, j'ai constaté pour la première fois depuis longtemps que les soldats et les sous-officiers s'enthousiasmaient pour un nouveau matériel qui est probablement le meilleur du monde dans sa catégorie.

Comme vous le savez probablement, on effectue actuellement la mise à niveau du char Leopard. Nous avons un des meilleurs systèmes de défense anti-aérienne du monde, l'ADATS, qui est très perfectionné. Nous allons bientôt recevoir toute une nouvelle série de matériel de communication—le système de commande, de contrôle et de communications tactiques—pour l'armée de terre. Le projet d'habillement du soldat, qui est plutôt mal nommé parce qu'il ne se limite pas à l'habillement, fournit aux soldats tout ce dont ils ont besoin pour être efficaces.

Tout ce qui précède montre qu'à mon avis, oui, nous pouvons réaliser les tâches que nous confie le gouvernement. Pour revenir à ce que j'ai expliqué il y a une quinzaine de jours, d'après l'expérience que j'ai des autres pays, nous avons sans aucun doute les meilleurs marins, les meilleurs soldats et les meilleurs aviateurs du monde.

M. Bob Wood: Je n'ai aucun doute à ce sujet.

Nombre des tâches effectuées au quartier général du MDN et dans les installations de recherche de l'ensemble du pays nécessitent, de toute évidence, un personnel extrêmement compétent et bien formé. Je me trompe peut-être, mais j'ai l'impression que le MDN doit maintenant embaucher des civils pour effectuer nombre de ces tâches. Pour les garder, il faut leur payer un salaire comparable à ce que paie le secteur privé. Il est souvent beaucoup plus élevé que le salaire versé aux officiers et aux gens de grade inférieur qui travaillent à leurs côtés. J'ai tendance à penser que cette situation pourrait susciter un ressentiment et porter atteinte au moral.

Que pensez-vous que cette question? Peut-on faire quelque chose pour régler ce problème? Je pose cette question parce que le beau-père de quelqu'un qui travaille pour moi est dans les forces armées et, de toute évidence, reçoit un assez bon salaire. C'est un officier. Quelqu'un d'autre a été engagé pour faire le même travail que lui et travailler à ses côtés, et il gagne considérablement plus d'argent que le militaire. Quelles conséquences cela a-t-il sur le moral? Il est évident que cela doit avoir un certain effet.

Lgén R.R. Crabbe: Dans le monde de la recherche et du développement, je pense qu'il est juste de dire que nous avons toujours compté sur les chercheurs scientifiques de la Défense pour s'acquitter de ces tâches dans tout le pays, principalement sous la responsabilité du chef de la recherche et du développement au ministère de la Défense.

Je ne peux pas commenter directement l'exemple que vous citez. Je peux seulement vous dire qu'on cherche toujours à trouver la personne la plus qualifiée pour un emploi donné, qu'il s'agisse d'un civil ou d'un militaire. Je m'empresse toutefois d'ajouter qu'il est, bien sûr, très difficile de faire la part des choses. Pour revenir à votre première question, si nous voulons préserver la capacité opérationnelle des forces armées, il faut que les gens en uniforme acceptent les responsabilités infinies qu'impose la nature de nos activités.

M. Bob Wood: J'ai juste une autre question. J'hésite à la poser parce que vous aurez peut-être beaucoup de mal à y répondre. J'espère que vous essayerez d'y répondre franchement.

Je me demande simplement quelle est l'attitude des membres du bureau du chef d'état major de la Défense et des autres commandants des différentes forces relativement au travail de notre comité. Je sais que chaque service a ses propres plans pour régler les problèmes auxquels fait face la Défense nationale et leurs répercussions sur le personnel. Vous l'avez indiqué dans votre exposé liminaire, l'autre jour, et je sais que l'aviation a son propre plan, tout comme la marine. Je me demande simplement si le travail que nous faisons ici facilite les choses ou s'il contrecarre les efforts actuellement entrepris pour répondre aux besoins du personnel des Forces canadiennes?

• 1000

Lgén R.R. Crabbe: Je ne peux pas parler au nom du chef d'état- major de la Défense, mais je peux vous donner mon opinion. Le travail que fait votre comité complète tout à fait ce qui se fait dans l'armée de terre, la marine, l'aviation et l'ensemble des Forces canadiennes. Je peux vous dire très franchement que je n'ai entendu que des commentaires positifs de la part de tous, des simples soldats aux généraux, au sujet de ce qu'ils espèrent que votre comité pourra faire, ne serait-ce que parce quelqu'un va enfin examiner les aspects sociaux et économiques de l'armée, ce que nous n'avons pas fait à l'interne depuis un certain temps.

À mon avis, votre comité est exactement ce qu'il nous faut pour examiner la situation et trouver des réponses à certaines questions très délicates au sujet de la rémunération et des avantages sociaux, de la façon dont nous nous occupons des familles, de nos soldats, et de ce que nous devrions faire pour eux. Comme l'a dit le général Baril, quel contrat social devrait-il y avoir entre notre pays et ses soldats, ses marins et ses aviateurs? C'est une question tout à fait fondamentale.

Vu mon expérience, je pense personnellement que c'est absolument critique pour les Forces canadiennes. Comme je l'ai dit dans mon allocution, c'est parce que le climat socio-économique a des répercussions directes sur la capacité opérationnelle des forces armées—de façon absolue et sans équivoque. Le travail que votre comité fait à cet égard est donc essentiel. C'est mon opinion, et, comme j'ai rencontré des gens un peu partout, j'ai manifestement constaté qu'ils s'attendent à ce que cette fois—et quand je dis «cette fois», je veux dire après les élections—votre comité examine une fois pour toute, de façon globale et exhaustive, les questions en jeu.

M. Bob Wood: Je pense que vous avez raison. J'ai certainement reçu de nombreuses lettres de militaires qui s'attendent à certains changements. Mais je me posais la question, parce qu'il est évident que vous avez votre propre plan—peut-être que DeQuetteville a son «plan de vol pour la vie»—et je me demandais comment le travail que nous faisons pourrait peut-être se combiner à cela ou je ne sais quoi. Je me demandais simplement s'il y avait le moindre conflit; c'est tout.

Lgén R.R. Crabbe: Le général DeQuetteville sera ici cet après- midi et je pense qu'il sera ravi de répondre à cette question. La marine et l'armée de terre ont des plans analogues qui, je pense, complètent très bien l'examen que réalise votre comité.

M. Bob Wood: Donc, le plan que nous allons élaborer pourrait prendre préséance sur certains des autres, n'est-ce pas?

Lgén R.R. Crabbe: Je ne sais pas exactement.

M. Bob Wood: En en prenant les meilleures parties.

Lgén R.R. Crabbe: Eh bien, nous pourrions, je l'espère, extraire les meilleurs éléments de chacun d'entre eux, c'est sûr. C'est une question très intéressante, et je pense que quand le général DeQuetteville comparaîtra devant vous cet après-midi et quand le général Leach comparaîtra devant vous je ne sais pas quand, ce serait une très bonne question à leur poser.

M. Bob Wood: Vous pensez que je devrais le leur demander?

Lgén R.R. Crabbe: Je pense que c'est une question très appropriée.

M. Bob Wood: Je me demandais simplement ce qu'il en était. Je ne savais pas si je devais vous poser la question ou si vous pourriez y répondre. C'est simplement que cela m'intéressait.

Merci beaucoup. Je vous en suis reconnaissant.

Le président: Monsieur Clouthier.

M. Hec Clouthier (Renfrew—Nipissing—Pembroke, Lib.): Bonjour, mon général.

Je voudrais parler pendant une minute de la diversification des modes de prestation des services. Comme vous le savez bien, c'est apparemment un grand sujet de controverse à la base de Petawawa. Comme je viens du monde des affaires, je n'ai aucun problème d'ordre conceptuel au sujet de ce système, sinon que, comme vous le savez bien, sur certaines bases, c'est un groupe d'entreprises qui a raflé la mise, par exemple le groupe Black à Meaford. Dans un tel cas, mon général, les civils qui travaillent actuellement sur la base ont bien du mal à être concurrentiels, parce que c'est un groupe qui englobe tout.

À Petawawa—et on semble avoir obtenu de très bons résultats, si bien qu'il est alors facile de justifier en partie cette démarche—, on s'est adressé principalement aux charpentiers et aux plombiers ou aux nettoyeurs en divisant un peu les contrats. Je me demande simplement si c'est dans l'air du temps et si c'est comme cela que vous allez procéder à l'avenir pour la diversification de la prestation des services. Comme vous le savez, cette question suscite de nombreuses controverses parmi les civils sur ces bases. Ils ne peuvent pas être compétitifs. Ils n'ont pas les moyens de faire concurrence à un grand groupe. J'ai parlé au commandant de la base de Petawawa et je sais que, jusqu'à présent, on procède ainsi. On répartit les activités en différentes unités. Dans certains cas, on a trouvé une source extérieure, et le groupe local qui avait fait une offre n'a pas été choisi, mais il l'a été pour autre chose.

• 1005

Premièrement, cela crée une certaine harmonie au niveau local et donne aux civils qui font actuellement le travail la possibilité de présenter une offre. Pensez-vous que nous allons continuer à procéder ainsi?

Lgén R.R. Crabbe: Pour autant que je sache, oui. Je ne suis toutefois nullement un expert en matière de diversification de la prestation des services. Les préoccupations que vous soulevez au sujet de la composante civile du MDN, une composante très dynamique, sont certainement très justes. On applique à ces gens-là certains aspects du programme de réduction des forces—j'ai oublié comment on appelle cela pour les civils, mais il y a un programme très semblable.

Cette diversification de la prestation des services est axée sur la concurrence et, vous avez raison, les gens qui travaillent pour le MDN ont des activités qui relèvent de plusieurs syndicats différents, il est donc beaucoup plus difficile pour eux de faire face à la concurrence d'une organisation comme Black et McDonald.

Le sous-ministre, le chef d'état-major de la Défense, et les principaux cadres du ministère vont rencontrer les dirigeants syndicaux la semaine prochaine pour discuter de cette question relativement à l'application de ce système à certaines des questions clés touchant les forces armées; leur but est de réduire les coûts pour que l'argent disponible soit consacré aux opérations et à l'équipement.

Ce que vous dites est juste, c'est sûr. Je peux seulement vous dire qu'on fait de sérieux efforts pour procéder de façon appropriée et que nous tenons compte des besoins des éléments civils du MDN. Ils constituent un élément très important, comme vous l'avez très bien dit.

M. Hec Clouthier: Comme je l'ai dit, mon général, cela ne me pose aucun problème conceptuel, parce qu'il y a quelque chose qui s'appelle la responsabilité financière. Nous devons tous souffrir un petit peu ou nous serrer la ceinture, c'est hors de doute, pas seulement au ministère de la Défense nationale, mais dans l'ensemble de la structure gouvernementale.

Je vais simplement répéter qu'ayant une grande base dans la circonscription que je représente comme député fédéral—et je suis sûr que d'autres sont dans le même cas—, je préférerais que les résidents locaux aient la possibilité de présenter des offres. Si c'est une grosse entreprise qui est choisie, comme Black et McDonald, cela devient pratiquement symbolique. Il est très difficile pour eux de faire une offre concurrentielle contre cette entreprise, parce qu'elle ferait une offre sur tous les services dont la prestation est diversifiée, comme la plomberie, le chauffage, le nettoyage et la charpenterie.

Je ne sais pas si vous êtes au courant, mais c'est comme cela qu'on fait les choses à la base de Petawawa. Jusqu'à présent, on procède unité par unité, ce qui marche remarquablement bien. J'ai rencontré les représentants locaux des syndicats et je connais très bien certains d'entre eux. Je leur ai dit: «Écoutez, voilà l'appel d'offres. Vous devriez pouvoir faire cela moins cher et plus efficacement que n'importe qui venant de l'extérieur pour la simple raison que vous savez ce qu'il faut faire pour ce travail.» Il faudrait leur offrir cette possibilité, parce que, s'il doit s'agir d'une offre globale pour toute la base de Petawawa ou n'importe quelle autre, ils ont du mal à soumissionner.

Pour ce qui est du partenariat économique, j'insiste encore sur la base qui est dans ma circonscription. Comme vous le savez, Petawawa a ses propres restaurants, son terrain de golf et d'autres choses, et la base a permis une participation du secteur privé.

Je m'occupe actuellement de l'institut forestier, et je me demande ce que vous en pensez. Comme vous le savez, l'INFP est un organisme remarquable. Je préférerais qu'il s'oriente vers une sorte de tourisme économique, afin que nous puissions nous rendre compte de la valeur et de la beauté de cette forêt.

Je sais que le terrain appartient actuellement au MDN, et cela ne me pose aucun problème dans la mesure où il ne décide pas de commencer à y lâcher ses chars et à éventrer cette forêt, la plus ancienne vieille forêt du Canada. Le général Baril a souligné qu'un partenariat économique l'intéresserait beaucoup parce que c'est une source supplémentaire de revenus pour les forces armées.

Je me demande simplement ce que vous en pensez. Auriez-vous un préjugé favorable à un partenariat économique avec le secteur privé, non seulement pour cette forêt mais dans d'autres domaines également?

• 1010

Lgén R.R. Crabbe: Je pense connaître extrêmement bien la situation de l'INFP, puisque j'ai été en poste là-bas, comme vous le savez bien. À l'époque, nous avions pris des mesures—je pense qu'elles sont encore en vigueur—, si bien que, je crois, on n'utilise pas de véhicules pour l'entraînement, les soldats s'y déplacent seulement à pied. C'était tout au moins le cas il y a quelques années.

On a mis en place des programmes identiques dans d'autres bases que je connais. Par exemple, à Gagetown, des contrats d'exploitation forestière ont été conclus avec des organisations locales. Je ne connais pas non plus tous les détails, mais, de façon générale, des partenariats de ce genre ont été mis sur pied dans d'autres bases et ils ont donné d'excellents résultats.

Pour ce qui est des autres aspects dont vous avez parlé, certains de ceux qui touchent les activités de loisirs, il est évident que ces programmes devront être maintenus. J'aimerais pouvoir vous répondre en ce qui concerne plus précisément Petawawa qu'on va conserver certaines dispositions qui ont été prises ces dernières années.

Je pense que vous faites allusion au terrain de golf, aux terrains de camping, aux plages et à certaines des autres installations qui existent précisément pour que les soldats et leurs familles puissent s'en servir. J'espère qu'on les conservera et qu'elles resteront accessibles du point de vue financier, c'est- à-dire de leur coût pour les soldats et leurs familles, etc. Il me semble que le comité devrait examiner de près cet aspect du contexte socio-économique.

M. Hec Clouthier: Pour ce qui est plus particulièrement de l'INFP, comme vous l'avez déjà indiqué, on fait des exercices en forêt dans la base. Je le sais bien parce que j'y ai parfois participé il y a huit ou dix ans avec mon entreprise familiale.

Ce qui me préoccupe est que quelqu'un, par le truchement de l'armée, pourrait s'intéresser à l'INFP. Cela pourrait rapporter des millions et des millions de dollars. Je n'ai pas besoin de vous dire qu'avec le pin blanc et le pin rouge qu'on y trouve, personne n'essaierait d'éventrer la forêt. Je sais qu'à certains endroits de la base de Petawawa, on a coupé des pins blancs et des pins rouges. Je veux simplement qu'on n'y touche pas pour autant que faire ce peut.

Lgén R.R. Crabbe: Je connais très bien ce programme; je comprends ce que vous voulez dire et je serais d'accord avec vous. Du point de vue économique, je ne sais pas. Du point de vue écologique, j'espère, comme vous, que cette forêt sera préservée.

On peut y pratiquer un entraînement très efficace sans détruire la forêt. C'est comme cela qu'on procède à Petawawa depuis un certain temps, je ne pense pas qu'il y ait eu de changement. Je suis d'accord avec vous. J'espère que cela va rester ainsi.

M. Hec Clouthier: La seule difficulté que je vois maintenant, mon général, c'est qu'auparavant, l'existence de l'institut forestier justifiait qu'on ne fasse rien. Maintenant qu'il a pratiquement disparu, je crains qu'il n'y ait peut-être un beau jour une directive et que, tout d'un coup, je voie dans le journal de Pembroke un appel d'offres pour l'abattage de cinq millions de pieds de pin blanc à l'INFP. Je ne voudrais pas que cela arrive.

Le président: Merci, monsieur Clouthier. J'ai quelques commentaires et deux ou trois questions à votre intention, mon général.

Quand vous parliez du programme d'habillement des soldats, je voulais simplement vous répéter certains commentaires que j'ai entendus quand j'étais en Bosnie. On me l'a dit à deux ou trois reprises. Certains membres des Forces canadiennes parlaient des fameuses vestes en Gore-Tex. Elles avaient apparemment beaucoup de succès là-bas.

Le seul problème était que, quand ils quittaient la Bosnie, ils devaient laisser leur veste là-bas. Je pense que le fait de laisser ces vestes a posé plus de problème que la nourriture ou quoi que ce soit d'autre.

Prévoit-on à l'avenir de donner une de ces vestes à chaque membre des Forces canadiennes? Pourquoi ont-ils dû les laisser là- bas quand ils sont partis?

Lgén R.R. Crabbe: Une partie du programme d'habillement des soldats va précisément régler ce problème. L'équipement sera remis individuellement à chaque soldat. Je crois que le Gore-Tex sera le matériau de base.

• 1015

Je pense que le problème actuel concerne les coûts. Ces vêtements sont terriblement chers, comme vous vous en rendez probablement compte. Il n'y a pas seulement la veste; il y a la veste, la doublure, les sous-vêtements, les pantalons et tout ce qui va avec—et les bottes. Tout cela coûte très cher. Je crois que c'est en prévision de l'application du programme d'habillement des soldats qu'au lieu d'acheter cela maintenant et de le faire à nouveau quand ce programme sera mis en place... c'est une question d'économie, je crois.

J'ai rendu la mienne quand je suis parti, et je comprends exactement ce que vous voulez dire.

Le président: C'était amusant, parce qu'on me l'a signalé à deux ou trois reprises. Je me souviens d'un homme qui m'a dit que ce serait certainement bon pour le moral si on leur donnait une veste à chacun et qu'ils puissent la garder.

J'ai quelques questions à propos des problèmes touchant la santé et le bien-être. Comme vous le savez, nous avons commencé notre examen avant les dernières élections. Nous sommes allés sur deux ou trois bases, et, chaque fois, on nous a dit que certains membres des Forces canadiennes ne voulaient pas signaler leurs blessures parce que cela aurait des répercussions sur leur carrière. Nous compromettons la santé de nos soldats s'ils ne les signalent pas. Je me demandais si vous aviez entendu ce commentaire. Si oui, fait-on quelque chose pour soulager leurs craintes à ce sujet?

Lgén R.R. Crabbe: Je sais que cela risque d'être mal interprété, mais même quand il y avait 84 000 personnes dans les forces armées, nous pouvions garder des gens qui souffraient de blessures dont ils n'allaient peut-être pas se rétablir et qui étaient près de l'âge de la retraite. Nous essayions de les garder jusqu'à la fin des 20 ou 25 ans requis pour être sûrs qu'ils puissent avoir une retraite. Nous le faisions évidemment dans le but de veiller aux intérêts des soldats de l'armée de terre, de la marine et de l'aviation.

Au fur et à mesure que nous avons réduit la taille des forces armées, nous avons constaté—c'est évidemment bien normal—que nous avions beaucoup moins de souplesse à cet égard, c'est-à-dire pour garder des gens qu'on ne pouvait tout simplement pas déployer dans les opérations pour des raisons médicales. Je pense que c'est ce qui a causé ce malaise. Auparavant nous pouvions régler un certain nombre de ces cas, mais nous ne pouvons plus le faire à cause de notre taille et des obligations que nous avons dû assumer.

On m'a dit la même chose et j'en ai parlé avec des soldats. En toute franchise, cela tient parfois à une attitude machiste du genre: «Je vais très bien, je n'ai réellement pas besoin d'aller à l'hôpital.» Ce qui est toutefois plus important, et je pense que c'est de cela que vous voulez parler, est que nous ne voulons certainement pas compromettre la santé des soldats. C'est sûr.

Je sais qu'on les encourage, quelles que soient leurs blessures, à veiller à les signaler aux autorités médicales. Il est essentiel qu'ils le fassent. Il est très difficile de trouver un juste milieu entre cela et la disparition ou la réduction de la marge de manoeuvre nous permettant de les garder s'ils ont une blessure qui laisse des séquelles permanentes. Je ne veux pas donner l'impression d'être froid ou insensible, mais vous comprendrez bien que les opérations des forces canadiennes doivent passer en premier.

Le président: L'autre commentaire que j'aimerais faire est le suivant. Nous avons tous lu dans les journaux ces huit ou quinze derniers jours que des membres des Forces canadiennes ont intenté des procès au ministère et au gouvernement canadien parce qu'ils n'avaient pas adéquatement veillé à leurs intérêts quand ils étaient en mission en Bosnie et qu'ils ont été victimes d'accidents ou de je ne sais quoi.

• 1020

Peut-on faire quelque chose pour éviter que de tels incidents ne se reproduisent à l'avenir? Nous sommes tous des politiciens ici. Je viens d'une petite ville, et les gens savent... Dans mon cas, par exemple, je suis membre du Comité de la défense nationale. Les gens viennent me voir et me demandent: «Comment pouvez-vous laisser quelque chose comme cela se produire?»

Il doit y avoir d'autres facteurs ou d'autres raisons qui expliquent ce qui s'est passé, mais le simple fait qu'on publie de telles nouvelles n'améliore pas du tout, je pense, l'image de l'armée. Je ne sais pas si on pourrait instituer un programme au ministère des Affaires des anciens combattants pour couper court à ces incidents avant qu'il en soit question dans les médias dans tout le pays.

Qu'en pensez-vous?

Lgén R.R. Crabbe: Je ne sais pas si le général Kinsman a parlé de cette question quand il a comparu devant votre comité ni comment on essaie de la régler, mais, essentiellement, il pourrait y avoir une relation beaucoup plus étroite avec les Affaires des anciens combattants par l'entremise de certains comités. Cela ne résoudrait toutefois pas complètement le problème.

Je serai d'accord avec vous à 100 p. 100 pour dire que nous ne nous sommes pas très bien occupés de ces gens-là. En fait, dans certains cas que j'ai traités personnellement, nous nous sommes très mal acquittés de notre rôle.

Je citerai l'exemple du caporal Tommy Anderson, qui vit maintenant à Channel-Port aux Basques, à Terre-Neuve. Quand il a quitté la Yougoslavie, il avait perdu deux jambes à la suite de l'explosion d'une mine. À son retour, je pense qu'il est juste de dire qu'on s'est bien occupé de lui, du point de vue médical, affectif et psychologique. On s'est certainement bien occupé de lui au sein du régiment, si vous me permettez d'être un peu chauvin.

Il a alors dû faire des démarches pour sa pension et traiter avec les Anciens combattants et la Défense nationale et les services de la rémunération et des avantages sociaux, toute la bureaucratie, pour essayer de régler cet aspect de sa vie dans des circonstances très difficiles, bien entendu. En même temps, il avait aussi d'autres problèmes, comme ses prothèses, etc.

Tout n'était pas réglé quand nous l'avons laissé tomber. Cela n'aurait pas dû arriver, mais c'est arrivé. J'ai repris l'affaire en main quand j'étais en poste à Halifax. Je suis entré en contact avec le caporal Anderson et j'ai réussi à reprendre les choses en main et à tout remettre en ordre, mais, pendant un moment, nous ne nous sommes pas très bien occupés de cela.

Il en est allé de même avec le major Bruce Henwood. Nous l'avons laissé tomber. Nous aurions dû mieux faire—nous aurions pu mieux faire—, mais nous ne l'avons pas fait.

Il y a quelques autres exemples de gens qui se sont retrouvés dans la même catégorie et pour lesquels nous aurions dû faire mieux. Je pense que nous faisons mieux maintenant. Nous avons toujours été fiers de la façon dont nous nous occupons de nos troupes; or, dans certains de ces cas, quand ces gens-là ont eu le plus besoin de notre aide, ils ne l'ont pas reçue. Nous n'en sommes pas très fiers.

Je dirai simplement qu'avec les changements en cours ou déjà réalisés, je suis assez convaincu que nous allons faire beaucoup mieux. À mon avis, il ne fait aucun doute que c'est le problème qu'il faut que nous réglions en ce qui concerne le personnel.

Le président: Je vais vous soumettre une hypothèse. Il fut un temps où les Affaires des anciens combattants et la Défense nationale étaient réunis, je crois dans un même ministère.

Lgén R.R. Crabbe: Avec le même ministre.

• 1025

Le président: Le même ministre?

Lgén R.R. Crabbe: Toujours.

Le président: Peut-être était-ce là seulement un des problèmes. La main droite ne savait pas ce que faisait la main gauche. Je fais seulement un commentaire à votre intention. Peut- être devrait-il y avoir des liens beaucoup plus étroits et une collaboration beaucoup plus étroite pour faire en sorte que ce genre de chose ne se reproduise pas. J'aimerais connaître votre avis. Pensez-vous que nous pourrions suggérer une fusion des deux ministères?

M. John Richardson (Perth—Middlesex, Lib.): Je ne sais pas, monsieur le président, mais si vous me permettez de dire une chose, ces services concernent ceux qui étaient dans l'armée et qui ont été transférés. Une fois que l'affaire est réglée au ministère de la Défense nationale, elle est transférée aux Affaires des anciens combattants, qui sont spécialisés dans le genre de problèmes qui se poseraient. Pour réaliser un mariage de ce genre... on se retrouverait avec beaucoup de choses très compliquées, me semble-t- il, pour la gestion opérationnelle du ministère de la Défense nationale. L'autre ministère prête assistance aux personnes qui ont été blessées et qui reçoivent des avantages sociaux, une pension et une formation.

Je pense que les deux se complètent, mais ne s'appuient pas mutuellement. Ce que fait l'autre n'a, en quelque sorte, rien à voir avec le rôle fondamental du ministère de la Défense nationale.

Le président: Je comprends ce que vous voulez dire, mais il me semble que, dans certains cas, les membres des Forces armées qui en ont le plus besoin se retrouvent entre deux chaises, comme dans certains des cas dont nous venons de parler. Il faudrait trouver moyen que, quand quelque chose arrive à l'un d'eux, que ce soit au Canada ou ailleurs, il puisse trouver de l'aide auprès de quelqu'un ou d'une organisation. S'il relève du MDN pendant un moment puis doit être transféré aux Affaires des anciens combattants, ses problèmes de santé lui causent déjà assez de soucis. S'il était seulement possible de faire en sorte qu'il n'ait pas à s'inquiéter au sujet des questions administratives. C'est la seule chose que je veux dire.

Lgén R.R. Crabbe: Monsieur le président, vous avez absolument raison. Je pense qu'il est juste de dire que nous avons eu beaucoup de difficultés dans ce domaine pour ce qui est de demander à un soldat d'essayer de traiter avec la bureaucratie quand il est en proie aux problèmes psychologiques, affectifs et médicaux que je viens d'expliquer; c'est beaucoup lui demander. Il ne comprend pas la bureaucratie, tout comme nous tant que nous n'avons pas à traiter avec elle, me semble-t-il. Cette transition du ministère de la Défense nationale aux Affaires des anciens combattants—et, là encore, c'est quelque chose que je ne connais pas très bien—, à un moment donné, quand la question de la pension commence à se poser, c'est ce qui, à mon avis, est absolument essentiel.

Si on prend le cas du caporal Anderson et du major Henwood, c'est à ce moment-là, je pense, que le problème a vraiment commencé à se poser. C'est cela qu'il faut régler. À partir du moment où quelqu'un est blessé jusqu'à ce que son cas soit réglé de tous les points de vue—psychologique, affectif, médical et financier—, nous avons envers lui l'obligation de faire tout ce qu'il faut pour ne pas cesser de nous occuper de cet homme ou de cette femme tant qu'on a pas réglé tout ce qui peut l'être.

Pour être franc, je ne sais pas comment les compétences sont réparties entre le ministère de la Défense nationale et le ministère des Anciens combattants à cet égard. Un soldat blessé ne devrait pas avoir à s'en soucier. C'est nous qui devrions nous en soucier, les cadres supérieurs. Nous devrions avoir pour souci de nous assurer de prendre les dispositions nécessaires pour que le passage d'un ministère à l'autre se fasse dans des conditions absolument transparentes pour cette personne. Vu mon expérience personnelle, j'aimerais penser que cela figure tout en haut de la liste des choses pour lesquelles votre comité pourrait nous prêter assistance.

• 1030

M. John Richardson:

[Note de la rédaction—Inaudible]...que nous puissions définir avec précision. Je pense qu'il y a une période de transition entre l'émission du dernier chèque de paie de la Défense et celle du premier des Affaires des anciens combattants, et je pense qu'il y a une sorte de liaison entre les deux ministères. Je ne sais pas si elle est solidement établie, mais nous avons eu une discussion de ce genre quand le ministère des Anciens combattants a comparu devant nous il y a deux ans.

Lgén R.R. Crabbe: Monsieur le président, je ne sais pas si elle est solidement établie. Je ne veux pas donner l'impression aux membres du comité qu'on n'a rien fait à cet égard. On a fait beaucoup de choses, mais il reste beaucoup à faire.

On a fait beaucoup de choses pour s'assurer qu'il n'y ait pas de lacunes dans la façon dont on s'occupe de ces gens-là. Des brochures ont été préparées à leur intention, mais cela ne règle pas le problème. Il faut s'assurer que tout soit complètement transparent pour chacun qui se trouve dans cette terrible situation, afin d'être sûr de régler son cas du mieux possible.

Le président: Merci.

Bob, puis John.

M. Bob Wood: Mon général, à votre avis, quelles dispositions prendriez-vous pour que tout se passe sans anicroches? Bien entendu, vous avez dit que certaines choses ont été faites. Vous êtes un général expérimenté, très bien coté, très respectable, des forces armées, alors comment procéderiez-vous? Vous avez certainement des idées dont vous pourriez peut-être faire part à notre comité.

Lgén R.R. Crabbe: C'est très simple. Quand une personne est blessée ou a un problème médical tel qu'elle a besoin du genre de choses dont j'ai parlé, il faut, à mon avis, charger quelqu'un de s'occuper d'elle à partir de ce moment-là jusqu'à ce que son cas soit réglé correctement. C'est tout.

M. Bob Wood: Quelqu'un qui l'aiderait à accomplir toutes les démarches et tous les...

Lgén R.R. Crabbe: Oui, quelqu'un qui l'aide à accomplir toutes les démarches pour faire en sorte qu'on s'occupe d'elle du point de vue psychologique, affectif et médical ainsi que financier, pour les pensions, la rémunération, les avantages sociaux et tout le reste; qui explique à ce soldat dans des termes qu'il comprend à quoi il a droit et comment il peut l'obtenir et qui fasse ce qu'il faut pour qu'il l'obtienne. Voilà ce que nous devrions faire.

M. Bob Wood: N'y a-t-il pas actuellement d'employés qui jouent ce rôle?

Lgén R.R. Crabbe: Il y en a certainement, mais je ne sais pas- -et c'est également une question que je ne connais pas—s'ils sont en nombre suffisant. Je ne suis pas sûr que nous sachions très bien nous occuper de toutes ces formalités, même s'il y a des gens très bien qui s'occupent de toutes ces questions de leur mieux.

Voilà comment je pense qu'il faudrait procéder. Là encore, je reviendrai au système du régiment, que certaines personnes ici présentes connaissent certainement, et à l'obligation qu'il entraîne, au moins pour les armes de combat, de faire en sorte qu'on s'occupe des personnes qui composent un régiment à cet égard. Nous ne devrions pas renvoyer quelqu'un qui se trouve dans cette triste situation d'une personne à l'autre au moment où il doit se rétablir et faire toutes ces démarches.

C'est peut-être difficile à faire, mais, étant donné la situation, je crois que c'est ce qu'il faut faire, ce qu'il faut faire pour cette personne.

M. Bob Wood: Y a-t-il assez de gens qualifiés dans les forces armées pour le faire? L'employé s'occupant de ces cas-là devrait avoir de multiples compétences.

Lgén R.R. Crabbe: Je ne peux pas vous dire si nous avons des gens comme ça. Nous avons certainement des employés qui connaissent très bien ces questions, mais je pense que le général Hug pourrait vous répondre mieux que moi. Nous avons des employés qui connaissent la procédure à suivre, mais quand la personne en question est à Petawawa, à Gagetown ou à Edmonton, en Alberta, il faut avoir quelqu'un sur place qui puisse veiller à ses intérêts et à ceux de sa famille et s'en occuper jusqu'à ce que tout soit réglé.

M. Bob Wood: Je viens de parcourir votre mémoire, et j'ai remarqué que vous parliez brièvement des réserves. Je voudrais revenir sur cette question pour vous demander votre avis.

• 1035

Vous dites que, manifestement, nous nous sommes tournés vers nos réserves pour combler les lacunes. Vous dites vous-même que les réservistes se sont très bien tirés d'affaire, mais qu'ils ont aussi dû affronter des horreurs. Je veux vous poser une question qui figure dans ce mémoire: «Avons-nous les programmes qui conviennent à nos réservistes?» Les avons-nous?

Lgén R.R. Crabbe: C'est une question courte qui mériterait une réponse très longue. Permettez-moi d'essayer d'être bref.

Premièrement, permettez-moi de vous dire que les réservistes qui ont travaillé dans le cadre des opérations auxquelles nous avons été associés ces dernières années ont fait un excellent travail. Ce sont des jeunes Canadiens, des bons citoyens, qui, quand on le leur a demandé, ont fait leur devoir et l'on fait extrêmement bien.

Le problème que nous avons parfois avec les réservistes est en réalité d'ordre géographique, si vous voulez. Quand nous montons une opération, nous essayons de les faire venir des provinces de la région, de deux provinces différentes, peut-être. Mais, de temps à autre, ils viennent de l'ensemble du pays, s'intègrent à l'unité et s'entraînent avec elle pendant quatre ou six mois. Ils s'en vont ensuite pendant six mois, reviennent, puis ils retournent à leur lieu de résidence, qui est souvent éloigné de celui où est l'unité. Ils pourraient, par exemple, recevoir leur formation à Petawawa et venir de Stephenville, à Terre-Neuve.

Ce réserviste se retrouve donc à Stephenville, livré à lui- même, alors que les gens de Petawawa peuvent parler entre eux de certaines choses horribles qu'ils ont dû faire ou qu'ils ont vues. Le pauvre réserviste n'a pas cet avantage. Nous surmontons ce problème dans une certaine mesure en le faisant rejoindre cette unité et en le laissant au sein de celle-ci pendant quelque temps après l'opération. Mais il n'a pas accès au centre de ressources pour les familles, aux installations dont pourraient disposer ses camarades militaires installés sur cette base. C'est un problème que nous avons réglé dans une certaine mesure, mais pas complètement.

Nous avons beaucoup progressé pour ce qui est de la rémunération et des avantages sociaux des réservistes. Là encore, je crois pouvoir dire qu'ils reçoivent exactement la même chose que leurs camarades militaires quand ils participent à des opérations de ce genre. Pour ce qui est de l'entraînement et de la préparation, les réservistes sont tout aussi prêts et aussi bien préparés que les autres à la fin de leur entraînement préalable au déploiement.

M. Bob Wood: Ce sont les retombées...

Lgén R.R. Crabbe: Ce sont les retombées ultérieures qui représentent un problème difficile à régler.

M. Bob Wood: Merci.

Le président: John.

M. John Richardson: Merci beaucoup, monsieur le président.

Je tiens certainement à vous remercier, mon général, pour votre exposé. Il est tout à fait à votre image. Il est à très direct et aborde de nombreuses choses différentes en peu de temps.

Il faudrait que nous mettions l'accent sur la qualité de la vie et que nous l'améliorions fortement. Nous avons eu l'occasion d'étudier en partie cette question l'année dernière, mais nos travaux ont été interrompus par les élections. Ce que nous avons vu n'était pas merveilleux: les gens vivent dans des logements familiaux où les pièces sont d'une taille que le reste de la population n'accepterait plus aujourd'hui dans un lotissement quelconque. Nous avons aussi vu d'autres endroits où des services de premier ordre sont fournis sur les bases, des centres communautaires, des garderies et toutes sortes de choses qui viennent en aide à la famille pendant qu'une unité est en mission à l'étranger pour réaliser l'opération qu'on lui a assignée.

Quand nous avons rencontré les soldats, nous avons remarqué qu'ils souhaitent tous également bénéficier de certaines indemnités financières. Vous êtes au courant des dangers auxquels ils sont exposés. Actuellement, aller en Bosnie est dangereux. Ils font face à mille dangers différents, même si on ne leur tire peut-être pas régulièrement dessus. Nous tenons compte de cela, mais il y a aussi la nature intermittente des missions, c'est-à-dire que quand on est jeune, c'est merveilleux de se rendre en Bosnie et de découvrir ce qui s'y passe, mais je suppose que si c'est la troisième fois que vous allez Chypre ou à un endroit comme cela, vous commencez à vous en lasser au bout d'un moment et vous vous demandez pourquoi continuer. Il faut examiner cette question.

J'aurais espéré que, pour certaines grandes opérations, on offrirait une gamme plus complète de services. On le fait, mais c'est une gamme qui était relativement complète il y a 30 ans. Nous avons vu les installations dans lesquelles ils vivent et dont ils ont hérité, ce sont de grandes bases. On leur fournit une gamme relativement complète de services, mais les logements qu'on leur offre ne correspondent pas à ce qu'attendent les jeunes gens d'aujourd'hui pour se loger quand ils se marient, par exemple.

• 1040

Je voudrais dire que nous allons examiner soigneusement l'aspect financier, la rémunération des services rendus. Nous devrions également chercher à permettre à nos soldats et à leurs conjoints de vivre dans les mêmes conditions que le reste de la population canadienne d'un océan à l'autre. Nous allons examiner cela de très près.

Nous avons beaucoup de travail devant nous si nous voulons essayer d'aller partout, et c'est ce que nous avons l'intention de faire, conformément à l'itinéraire que le président a établi pour notre tournée.

Je veux vous demander une chose. Personnellement, ce que j'ai vu me plaît, même si certains régiments ont été déracinés quand on les a déplacés. Je pense au principe d'avoir une grande base proche d'une zone d'entraînement facilement accessible, comme on le voit dans le cas de Petawawa.

En tant que commandant des opérations et ancien chef de l'armée de terre, êtes-vous d'accord avec la façon dont on applique ce principe des grandes bases?

Lgén R.R. Crabbe: Oui, pour ce qui est de la capacité opérationnelle. Là encore, j'ai grandi dans l'Ouest, où, comme vous le savez, j'ai effectué la plus grande partie de ma carrière. Il y avait le régiment du génie à Chilliwack, le régiment d'artillerie à Shilo et un bataillon d'infanterie à Winnipeg, un autre à Calgary et un autre encore à Victoria, en Colombie-Britannique; je suppose qu'ils étaient répartis sur l'ensemble du territoire national pour toutes sortes de très bonnes raisons. Mais d'un point de vue chauvin axé sur l'aspect opérationnel, il a toujours été difficile de regrouper ces gens-là pour l'entraînement en dehors des seuls rassemblements annuels de huit semaines pendant l'été; il a toujours été difficile de réaliser d'autres activités d'entraînement pendant le reste de l'année.

Quand on voit ce qui se passe maintenant pour l'armée de terre, tous les éléments d'Edmonton sont à proximité de Wainwright, tous ceux du Canada central sont près de Petawawa et tous ceux du Québec près de Valcartier, ce qui facilite beaucoup l'entraînement et les opérations, comme vous pouvez le comprendre. De ce point de vue, je suis tout à fait d'accord avec ce système.

Je crois toutefois qu'il y a un danger auquel nous devons prendre garde. Sans dramatiser les choses, quand nous nous sommes repliés sur ces bases, nous nous sommes retirés de certains secteurs de la société canadienne et nous ne mettons plus la société en contact avec ses forces armées. Je m'empresse de dire qu'à mon avis, les réserves et, à coup sûr, la milice, ont donc un plus grand rôle à jouer à cet égard pour préserver l'enracinement au niveau local dans l'ensemble de notre pays.

Voilà mon opinion au sujet des grandes bases. Du point de vue économique, il me paraît simplement logique que, si on ferme plusieurs bases et qu'on les regroupe en une seule, cela doit être également économiquement viable. C'était réellement pour cette raison qu'on a commencé à fermer les bases il y a quelque temps.

M. John Richardson: J'ai une autre question qui concerne peut- être les opérations. La doctrine en vigueur dans nos forces armées est-elle encore fondée sur l'existence d'une division opérationnelle qui se réunit de temps à autre pour s'entraîner professionnellement au cours d'une opération comme vous le faisiez avec les Rendez-vous ou se limite-t-on maintenant aux concentrations au niveau du groupe brigade?

Lgén R.R. Crabbe: Notre doctrine continue d'être basée sur la division. La formation dispensée au collège militaire, la formation des officiers, celle des cadres supérieurs, tout se fait dans le contexte de la division, pour toutes les raisons que vous connaissez probablement bien.

• 1045

En pratique, les exercices et les opérations sont organisés au niveau du groupe brigade. En fait, dans l'armée de terre, le niveau le plus élevé de notre engagement opérationnel est celui du Groupe brigade opérationnel SABRE, qui est un groupe assez important. C'est notre niveau d'engagement le plus élevé. Mais, comme vous le savez, nous conservons le quartier général de la division à Kingston avec ses installations de transmissions, etc., pour pouvoir cultiver cet art et préserver nos capacités de réaction internes compte tenu de nos besoins en matière de défense pour le Canada ainsi que de ceux que nous partageons avec les États-Unis pour l'Amérique du Nord.

La formation se fait donc toujours dans le cadre de la division, mais, en pratique, le niveau le plus élevé auquel nous la réalisons est celui du groupe brigade. De façon générale, c'est toujours comme cela que nous avons procédé. Cela a donné de très bons résultats, sauf dans le cas de la série des Rendez-vous dont vous avez parlé. Cela fait quelque temps que nous n'en avons pas organisé, et je ne crois pas que l'armée de terre ait l'intention de le faire au moins au cours des deux prochaines années.

M. John Richardson: J'ai dit cela simplement parce que je constate que les gens de la marine se réunissent en grand nombre au large des deux côtes et que l'aviation essaie d'organiser des exercices avec un plus grand nombre de participants. Je me demande si on pourrait mettre de l'argent de côté d'une façon ou d'une autre pour que l'armée de terre puisse réaliser des grandes manoeuvres.

Lgén R.R. Crabbe: Vu le rythme élevé des opérations de l'ONU au cours de ces dernières années, nous avons bien entendu dû mettre cela de côté au profit de l'entraînement directement axé sur les missions, comme vous pouvez le comprendre. À partir de l'année prochaine, en avril, on mettra à nouveau l'accent sur ce type d'opérations et d'exercices, c'est-à-dire les exercices organisés au niveau des groupements tactiques et des groupes brigades. En fait, des crédits supplémentaires ont été accordés à l'armée de terre pour lui permettre de renforcer à nouveau cette capacité, de reprendre ces activités de combat à ces niveaux.

[Français]

Le président: Monsieur Godin, vous avez une question?

M. Maurice Godin (Châteauguay, BQ): Ce n'est pas une question, mais plutôt un commentaire. Étant donné que je viens d'arriver, je n'ai pas vraiment pris connaissance du dossier. Je voudrais vous dire tout simplement que je suis heureux de votre témoignage, pour le peu que j'en ai entendu, et de l'intérêt qu'on semble porter à cela. Comme député, dans ma circonscription, j'ai eu à cinq ou six reprises l'occasion de faire face à ce problème. Des soldats qui avaient été blessés et qui avaient quitté l'armée étaient insatisfaits des soins qu'ils avaient obtenus. De plus, ils semblaient dire qu'aussitôt qu'ils étaient placés, on cherchait à les licencier, à les faire partir. Il faut mettre un frein à cela.

Lorsque j'ai tenté de faire un suivi de ces dossiers à titre de député, cela est devenu extrêmement difficile, et je comprends maintenant pourquoi. S'il vous est difficile de savoir qui s'occupe de quoi dans l'armée, ce l'est encore beaucoup plus pour un député.

Je trouve intéressant qu'on veuille travailler à cette partie du dossier, parce que ce sont des choses qu'on rencontre souvent dans nos circonscriptions: des soldats qui ont été blessés, qui ont quitté l'armée et qui se retrouvent devant pratiquement rien. Ils sont surtout insatisfaits des services qu'ils ont obtenus et nous ne pouvons pas leur venir en aide.

C'est le commentaire que je voulais faire. Sur cela, je vous appuie à 100 milles à l'heure.

Lgén R.R. Crabbe: Merci, monsieur. Avant votre arrivée, j'ai expliqué que la chose la plus importante pour moi était la leçon apprise en ce qui a trait aux soldats qui sont blessés pendant les opérations et la nécessité pour le leadership senior des Forces canadiennes d'assurer le bien-être de ces soldats. Je suis d'accord avec vous que c'est absolument essentiel.

• 1050

Le président: Pour renchérir sur ce que M. Godin a dit, moi aussi, je trouve que vous avez vraiment intérêt à améliorer la situation. Je crois que c'est le général Baril, lorsqu'il a témoigné, qui a parlé d'un contrat social entre le gouvernement et les membres des Forces armées. On pourrait ajouter une annexe à ce contrat social.

Merci beaucoup, mon général.

La séance est levée.