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PRHA Réunion de comité

Les Avis de convocation contiennent des renseignements sur le sujet, la date, l’heure et l’endroit de la réunion, ainsi qu’une liste des témoins qui doivent comparaître devant le comité. Les Témoignages sont le compte rendu transcrit, révisé et corrigé de tout ce qui a été dit pendant la séance. Les Procès-verbaux sont le compte rendu officiel des séances.

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STANDING COMMITTEE ON PROCEDURE AND HOUSE AFFAIRS

COMITÉ PERMANENT DE LA PROCÉDURE ET DES AFFAIRES DE LA CHAMBRE

TÉMOIGNAGES

[Enregistrement électronique]

Le mardi 24 novembre 1998

• 1109

[Traduction]

Le président (M. Peter Adams (Peterborough, Lib.)): Chers collègues, comme l'indique l'ordre du jour, nous sommes chargés, conformément au sous-alinéa 108(3)a)(v) du Règlement, d'étudier la question de la radiodiffusion et de la télédiffusion des délibérations des comités de la Chambre. Comme vous le savez, il s'agit de la première de deux séances sur ce sujet. Aujourd'hui, nous entendrons les représentants des médias extérieurs et jeudi, nous entendrons le personnel du greffier de la Chambre des communes, qui travaille à la télédiffusion des délibérations des comités.

• 1110

Je souhaite la bienvenue à nos témoins. Il s'agit de LeeEllen Carroll, du Bureau de direction de la Tribune de la presse parlementaire, de Craig Oliver, chef du Bureau de CTV, et de Denis Ferland, de la télévision de Radio-Canada.

Bienvenue à tous les trois. Si j'ai bien compris, LeeEllen, vous allez commencer. Ensuite, vos confrères feront aussi de brèves déclarations liminaires.

Collègues, si cela vous convient, nous procéderons de cette façon et nous passerons ensuite aux questions.

LeeEllen, je vous remercie beaucoup d'être venue. Vous avez la parole.

Mme LeeEllen Carroll (directrice, Tribune de la presse parlementaire canadienne): Je vous remercie beaucoup de nous avoir invités à comparaître devant le comité. Je ne ferai pas de présentation, puisque le président vient de le faire.

Depuis plus de 30 ans, les membres de la presse électronique de la Tribune de la presse parlementaire canadienne réclament un accès juste et équitable aux délibérations des comités de la Chambre des communes. Il y a déjà quelques années, les parlementaires ont accordé cet accès à des journalistes de la radio, et cela s'est révélé un succès. Récemment, ils ont consenti un accès plus grand au service de télévision, mais à des endroits bien précis et seulement pour les comités où les membres du comité visé estimaient que la question traitée était d'intérêt public.

Nous estimons qu'il est amplement temps de permettre à la télévision de couvrir les délibérations de tous les comités. Les caméras et les microphones sont aussi importants pour les journalistes de la radiotélévision que la plume et le papier le sont pour les journalistes de la presse écrite. Pourtant, plus de la moitié de nos membres continuent d'être traités comme des citoyens de deuxième classe et se voient imposer des restrictions quant à l'endroit et au moment où ils peuvent utiliser leurs outils de travail. On ne peut utiliser des caméras que dans certains couloirs et dans certaines pièces de la colline du Parlement. De plus, quand leur utilisation est permise, on les limite souvent à certaines positions et on restreint leur mouvement.

L'imposition de ces restrictions va à l'encontre de la politique de liberté d'accès au Parlement et de l'engagement que le Parlement a pris de rendre davantage compte de ses actions au public. Des sondages révèlent que plus de 70 p. 100 des Canadiens et Canadiennes s'en remettent actuellement à la télévision comme première source d'information au jour le jour. Nous apprécions, pour plusieurs raisons, l'ouverture que préconise ce comité face à la couverture des délibérations des comités.

Premièrement, cela assure un meilleur accès à plus de 250 de nos membres et leur permet de couvrir ce qui, à leur avis, fait l'actualité. D'autres veulent tout simplement avoir le droit de téléviser les délibérations de la journée.

Deuxièmement, on reconnaît ainsi l'importance des travaux des comités parlementaires du Canada, bien que ce soit un volet peu connu du processus législatif. Le fait de donner accès à ce qui se passe dans les comités contribue à la transparence du processus démocratique.

Troisièmement, cela est avantageux pour tous les politiciens. Le dur labeur des politiciens—tant des simples députés que des porte-parole de l'opposition—est souvent éclipsé par la fébrilité qui entoure, chaque jour, la période des questions, et l'attention accordée aux chefs et aux ministres. Un meilleur accès aux comités nous permettra de mieux faire connaître ces parlementaires et d'accroître leur visibilité afin de montrer à leurs commettants ce qu'ils font à Ottawa.

Avant d'entrer dans les détails, il serait peut-être utile de faire un bref historique de la Tribune de la presse. Vers la fin des années 50, deux journalistes de la presse électronique ont obtenu la permission de s'asseoir à la tribune diplomatique de la Chambre des communes et de prendre note des délibérations. Dans les années 60, la Tribune de la presse a accordé le statut de membre permanent aux journalistes de la presse électronique. Avec l'essor pris par la télévision, le Règlement a été modifié pour permettre aux journalistes de la presse électronique de faire leur travail tout en respectant le décorum et les privilèges des parlementaires.

Aujourd'hui, presque quarante ans après l'autorisation du Président de la Chambre, Roland Michener, d'accorder l'accès à la Chambre des communes aux journalistes de la radiotélévision, nous sommes toujours limités quant aux événements que nous pouvons couvrir, malgré la résolution parlementaire adoptée en 1989 autorisant la diffusion des délibérations des comités. Cette résolution est formulée comme suit:

    Que la Chambre approuve la radiodiffusion sonore et visuelle de ses délibérations et des délibérations de ses comités selon des comptes rendus officiels des débats.

Voici la position de la Tribune de la presse parlementaire canadienne. Premièrement, il ne devrait pas y avoir de discrimination entre les journalistes de la presse électronique et les journalistes de la presse écrite qui sont membres de la Tribune de la presse dans l'exécution de leurs fonctions professionnelles. Deuxièmement, la Chambre devrait immédiatement permettre à tous les journalistes membres de la Tribune de la presse de couvrir les affaires publiques du Parlement de manière ordonnée et équitable.

Les membres de la Tribune de la presse sont disposés à couvrir les délibérations des comités de la façon suivante: a) caméra bloquée en position fixe pendant les séances des comités; des caméras mobiles seraient utilisées avant l'ouverture de la séance, pour des plans de coupe; b) utilisation de l'éclairage ambiant lorsque cela s'applique; c) utilisation du système audio du comité; d) respect de l'esprit du hansard électronique; et e) système de mise en commun lorsque les contraintes d'espace l'exigent.

Ces critères garantiront aux médias une couverture sans restriction tout en respectant le décorum des comités et ajouteront à la transparence du processus sans que cela n'entraîne des coûts supplémentaires pour la Chambre des communes.

• 1115

Sachez bien que nous ne demandons pas de salles de comité additionnelles équipées de caméras de la Chambre; nous demandons plutôt la permission d'amener nos propres caméras à l'intérieur afin d'enregistrer les délibérations des comités.

Les membres de la Tribune de la presse seront libres d'utiliser le matériel qu'ils auront enregistré comme bon leur semble. Ils pourront en présenter des extraits dans le cadre de bulletins de nouvelles quotidiens ou les présenter intégralement, et tout matériel filmé par les réseaux demeurera leur propriété.

Il serait bon, pour la Tribune et pour la Chambre, que l'on désigne une personne ou un bureau pour faciliter la couverture des délibérations des comités. Par exemple, la Section des comités, en collaboration avec le personnel de la Tribune, serait sans doute la mieux placée pour coordonner la couverture des délibérations à venir. Les membres de la Tribune seraient mieux en mesure de prendre des décisions éclairées si la Chambre leur distribuait le calendrier préliminaire des séances des comités plusieurs jours à l'avance. Les médias électroniques intéressés pourraient alors faire connaître au personnel de la Tribune leur intention de couvrir certaines délibérations. Cela donnerait à tous une indication assez juste de l'intérêt que présentent certaines séances.

Étant donné que certains locaux sont assez exigus, si plusieurs télédiffuseurs exprimaient le désir de couvrir les délibérations d'un comité en particulier, le comité d'organisation aurait le temps de réserver une salle de réunion plus grande ou de coordonner la mise en commun d'une caméra. S'il faut recourir à un système de mise en commun, toutes les stations devraient avoir accès aux délibérations en direct sans frais supplémentaires. Aucune place privilégiée ne devrait être accordée à une station donnée.

Il convient de noter que dans d'autres pays, la radio et la télévision ont accès aux comités depuis plusieurs années. Aux États-Unis, les travaux de tous les comités peuvent être radiodiffusés, à de rares exceptions près. M. Craig Oliver, qui a été correspondant à Washington, D.C., pendant plusieurs années, pourra vous parler de l'accès plus ouvert aux États-Unis.

En résumé, la télévision aurait dû être présente dans les salles de comité depuis longtemps et la Tribune constate avec plaisir que le comité semble de cet avis. L'intérêt public à l'égard du processus parlementaire n'a jamais été aussi grand.

Merci.

Le président: Merci beaucoup, LeeEllen. Nous vous sommes reconnaissants.

Randy White.

M. Randy White (Langley—Abbotsford, Réf.): Merci, monsieur le président. Je souhaite la bienvenue à nos trois témoins d'aujourd'hui.

Je pense qu'une telle initiative ne saurait plus attendre. Je suis d'accord avec vous qu'il est important d'ouvrir le processus des travaux des comités de cette façon, et pas seulement pour donner un meilleur accès à la population. Je suis convaincu que le véritable travail de la Chambre des communes ne se fait pas dans l'enceinte de la Chambre, mais au sein des comités. C'est dans les comités que les députés font leur meilleur travail, mais ils en tirent peu de crédit. Il me semble qu'à l'heure actuelle, les travaux de la Chambre sont réduits à ce qui se passe entre 14 h et 15 h de l'après-midi, et c'est une honte.

Je voudrais interroger M. Oliver au sujet de son expérience aux États-Unis. Pourrait-il expliquer au comité s'il y a des désavantages à cette ouverture. Les politiciens américains avaient-ils des réticences qui se sont avérées non fondées?

M. Craig Oliver (chef du bureau, CTV): Premièrement, à Washington, tous les comités sont ouverts aux journalistes. C'est acquis, et il vous suffit d'apporter votre propre équipement et de vous installer. Vous êtes priés d'informer à l'avance la tribune de la presse, qui, à son tour, informe les responsables du comité de votre présence. Ce sont les journalistes qui choisissent et ils apportent leur propre équipement. C'est ainsi que les choses se passent, à moins que, pour des raisons de sécurité, on annonce qu'un comité siégera à huis clos, ce que tout le monde respecte.

Là-bas, on est généralement du même avis qu'ici. Certains présenteront de nobles arguments au sujet de l'importance de la politique gouvernementale, mais personnellement, je pense que nous avons une relation symbiotique. Nous avons besoin de vous et vous avez besoin de nous—Andy Scott n'est peut-être pas d'accord là-dessus aujourd'hui, mais nous avons besoin les uns des autres. D'ailleurs, l'une des raisons pour lesquelles nous avons souvent du mal à «vendre» nos reportages politiques à notre bureau de Toronto, c'est qu'on nous dit que cela n'a pas de rapport avec la vie réelle des gens.

Or, ce sont bel et bien de simples citoyens qui souvent comparaissent devant vos comités, et nous ne sommes pas là pour le montrer. Je ne vais pas vous faire la liste des nombreux comités où l'on entend souvent des témoignages spectaculaires ou chargés d'émotion. Nous devrions être en mesure de montrer cela. Et cela vous aiderait, si l'on pouvait voir de simples citoyens comparaître devant vous.

• 1120

Une autre tendance a pris beaucoup d'ampleur ces dernières années. L'appétit de la population pour ce genre de télévision s'est accru sensiblement. On nous accuse souvent d'essayer de réduire le monde à de courts reportages de 15 secondes, et, dans une certaine mesure, cela demeure vrai, mais au Canada tant anglais que français, il se fait à l'heure actuelle énormément de télévision en directe. Nous faisons des émissions en directe et en raison de l'existence de tous les canaux consacrés aux actualités, il s'est développé une demande pour ce genre de télévision. La CPaC le fait et nous le faisons pratiquement tous les jours maintenant. Il y a donc un intérêt à l'endroit de la retransmission d'événements de longue durée, comme les travaux des comités de la Chambre des communes.

Je voudrais apporter un autre argument auquel vous devriez être sensibles. Trop souvent, des députés intelligents qui sont d'importantes personnalités dans leur collectivité sont élus, puis l'on n'entend plus parler d'eux. Leurs électeurs se demandent ce qu'il leur est arrivé. Ce qui se passe, c'est qu'ils siègent en comités, qu'ils font du très bon travail, mais que personne ne le voit. Il est grand temps que ces députés, des députés d'arrière-ban, des gens qui ne sont pas souvent en vedette, dans le cabinet fantôme ou le cabinet même... Ils ont besoin d'être vus et leurs électeurs ont besoin de les voir.

Autrefois, les gouvernements ont résisté à la télédiffusion des comités parlementaires parce que l'idée, en soi, ne leur plaisait guère. Les simples députés d'opposition, si on ne les voyait jamais, ne dérangeraient guère le gouvernement. Mais l'un des changements qui se produit à l'heure actuelle—et qui ravit bon nombre d'entre nous—, c'est que les simples députés ministériels exigent d'être plus que des moutons. Ils veulent prendre leur place, ils veulent avoir leur mot à dire dans l'élaboration de la politique gouvernementale et ils veulent que leurs électeurs soient témoins de leur action.

J'espère que du côté du gouvernement, on constatera un changement d'attitude et qu'on conviendra qu'il est opportun de téléviser les travaux des comités.

En dernier lieu, permettez-moi de dire qu'à l'heure actuelle, il existe un système improvisé qui fait que certains comités sont télévisés et d'autres pas. Je vous invite à mettre de l'ordre dans ce système pour qu'on puisse dire: «Oui, vous êtes les bienvenus aux comités. Ils sont télévisés.» À moins que vous ne décidiez, pour des raisons de sécurité ou autres, qu'un comité doit siéger à huis clos, ce que nous respecterons.

Le président: Randy White, très brièvement, et ensuite, j'ai sur ma liste Chuck Strahl, Marlene Catterall, Gurmant Grewal et Stéphane Bergeron.

M. Randy White: LeeEllen, j'ai raté une partie de votre exposé. Préconisez-vous une couverture intégrale des travaux où la caméra serait dirigée uniquement vers l'intervenant? Est-ce ce que vous envisagez, ou souhaitez-vous que pendant qu'une personne a la parole, la caméra puisse capter n'importe qui d'autre?

Mme LeeEllen Carroll: Nous voudrions que les caméras soient présentes pendant toute la durée de la séance du comité. Dans un cas où il faudrait mettre les ressources en commun, nous proposons qu'une caméra encadre le témoin et qu'une autre fasse des plans de coupe des membres du comité. Nous voudrions évidemment le faire sans nuire aux travaux du comité. Nous souhaitons assurer une couverture intégrale des séances, tout en ayant le droit de choisir ce que nous ferons du matériel enregistré. La CPaC ou d'autres réseaux assurant la diffusion en direct des travaux offriraient une retransmission intégrale. Cependant, la demande viendrait en grande partie des équipes de télévision qui voudraient en transmettre un extrait ou deux.

Le président: Chuck Strahl.

M. Chuck Strahl (Fraser Valley, Réf.): Je vous remercie de votre exposé. Je pense que cette initiative suscite l'enthousiasme des députés d'opposition, des députés en général et même des ministres du Cabinet. Comme vous le savez, il arrive souvent qu'on se consacre à un thème à la Chambre des communes et qu'un ministre du Cabinet, comme vous dites, travaille d'arrache-pied et que même le travail de ce ministre ne soit pas remarqué. Lorsque ce ministre comparaît devant le comité pour y discuter de son budget ou de ses plans à long terme ou de quelque autre sujet que ce soit, il a ainsi au moins l'occasion de défendre les mesures qu'il prend. En général, je pense que cette idée rallie énormément d'appuis.

J'ai une ou deux questions. Vous avez mentionné vouloir utiliser ce matériel ou ces extraits comme bon vous semble. À mon avis, de nombreux députés voudront avoir accès à ce matériel, pas nécessairement à la séance même, mais... Ce qui est bien avec la CPaC à l'heure actuelle, c'est que lorsque l'on télévise une séance de comité, vous pouvez vous lever à votre place et poser deux ou trois questions qui vous donneront quelques minutes de gloire. Vous pouvez ensuite utiliser cela dans un clip vidéo pour vos électeurs. Vous pouvez constituer un clip, de sorte que si quelqu'un vous demande ce que vous avez fait dans tel ou tel dossier, vous pourrez le leur envoyer ou encore faire en sorte qu'il soit retransmis au poste de câblodistribution local. Si nous n'avons pas accès au matériel, c'est un petit peu comme l'histoire de l'arbre qui tombe mais que personne n'a vu ou entendu.

Je m'interroge aussi au sujet de la couverture collective des séances. Il serait relativement facile, si tous les réseaux y ont accès, d'élargir cet accès aux députés, même s'ils doivent payer des droits.

• 1125

Mais j'aimerais aborder avec vous le problème qui survient lorsque quelqu'un est convaincu d'avoir posé une question cruciale, mais que cela n'a pas été rapporté aux actualités le soir même, de sorte que c'est comme si cela n'avait jamais eu lieu. On a toujours ce même problème. Vous êtes venus, vous avez vu ce qui s'est passé, mais personne d'autre n'est au courant parce que de toute la séance, vous n'avez retenu que les commentaires du ministre. Le simple député, lui, se dit qu'il aurait bien aimé que sa question soit présentée. Comment pourrait-on s'organiser pour que je puisse avoir accès au matériel, pour que je puisse l'utiliser pour illustrer mon travail sur la Colline. Vous avez parlé «du dur labeur des politiciens», ce que j'ai bien aimé, et vous l'avez dit sans rire.

Des voix: Oh, oh!

M. Chuck Strahl: J'ai bien aimé cette partie de votre exposé.

M. Craig Oliver: Soit dit en passant, j'aime bien les politiciens.

M. Chuck Strahl: Voilà!

M. Craig Oliver: Lorsque je rencontre un journaliste qui me dit qu'il n'aime pas les politiciens, je lui dis: «Qu'est-ce que vous faites ici?» Est-ce que vous feriez des reportages sur la médecine si vous détestiez les médecins?

En effet, il y a un problème. Si nous filmons les séances nous-mêmes, notre politique interne veut que nous ne fournissions pas nos enregistrements aux politiciens pour qu'ils s'en servent de la façon que vous venez de décrire. D'ailleurs, s'il s'agissait de vos adversaires, vous apprécieriez cette politique.

Je pense que la CPaC pourrait vous fournir cela, et il va de soi que si c'est la Chambre des communes ou le gouvernement qui fournit les caméras, vous pourrez y avoir accès.

C'est pour vous un problème, je le reconnais, mais si nous n'avons pas retenu votre question dans notre reportage, je crains que normalement, nous ne pourrions vous la fournir. Ce n'est pas simplement une question d'éthique, mais aussi parce qu'il faudrait beaucoup de temps pour trouver tous ces extraits, les doubler, etc. Ce serait impossible car cela exigerait vraiment trop de temps.

Denis a peut-être quelque chose à ajouter.

M. Denis Ferland (agent des affectations nationales, Télévision de Radio-Canada): Tout ce que je peux dire pour ce qui est de l'utilisation des clips ou des extraits, c'est que de plus en plus les réseaux d'actualités surtout s'en servent dans le contexte des «meilleurs moments de la journée». Je connais surtout ce qui se fait à Newsworld et à RDI. Si l'on ne couvre pas le comité intégralement, de temps à autre, nous faisons un résumé d'une demi-heure à la fin de la journée au sujet d'une séance d'un comité en particulier. Il y a donc des chances que de plus en plus, ces clips de 15 secondes deviennent des reportages de deux ou trois minutes et qu'on puisse y voir un échange par exemple entre un député et un ou deux témoins. Par conséquent, il est plus probable qu'avant que ce genre de choses soit retransmis par les médias locaux.

Mme LeeEllen Carroll: J'aimerais ajouter deux choses.

Ce que vous nous demandez, c'est un petit peu comme demander à un journaliste de la presse écrite de photocopier toutes ses notes pour prouver à quelqu'un que vous avez tenu tels ou tels propos.

Deuxièmement, je pense que tous les réseaux de télévision ont pour politique de ne pas donner ou vendre leur matériel à des partis politiques. D'ailleurs, cela a été réitéré récemment avec la couverture collective des élections fédérales de 1997 et la couverture que nous faisons à l'heure actuelle avec des équipes étrangères qui suivent le premier ministre.

M. Chuck Strahl: Pour revenir brièvement sur ce sujet, ce qui sera un petit peu délicat pour les députés, c'est que même s'il est vrai que les notes ne peuvent être vendues, je peux obtenir une transcription exhaustive textuelle, un imprimé de la discussion que nous avons aujourd'hui. J'ai accès à cela. Donc si quelqu'un me demande si je me suis déjà prononcé sur les droits de la personne, je peux aller au Service des délibérations des comités, sortir le fascicule et dire: «Voici ce que j'ai dit.» C'est une preuve. Je peux photocopier le passage et l'envoyer à mon interlocuteur qui dira: «Bravo, monsieur le député.» Mais si on ne peut pas faire cela avec le matériel électronique, ce n'est pas la même chose.

Voilà ce que je propose. Même s'il s'agit d'une couverture collective, si c'est la CPaC qui enregistre, cela incite les députés à être transparents et à tenir des propos qui reflètent leurs convictions. S'ils font de l'esbroufe, ils vont en payer le prix. Mais si les conditions sont trop restrictives...d'ailleurs, ce n'est pas simplement le fait que je puisse prendre ce que je veux dans cette transcription du hansard. Je peux obtenir le compte rendu de la séance d'aujourd'hui et l'envoyer à quiconque se demande ce que j'ai dit. Voilà où le travail de la presse écrite rejoint le compte rendu des délibérations, le hansard.

Je vous mets en garde: c'est le côté le plus attrayant pour les députés, et s'ils ne peuvent se prévaloir de cela, je pense qu'ils continueront à avoir des réserves. Peut-être que certains députés vont croire que vous allez nous permettre de prendre une certaine place, mais on craindra surtout que ce sera du pareil au même, qu'il n'y en aura que pour le ministre. Lorsque Paul Martin comparaîtra, toutes les caméras seront braquées sur lui. Il n'y en aura que pour lui et nous allons tous jouer des coudes pour l'interrompre ne serait-ce que pour poser une question.

Voilà pourquoi il serait bon d'avoir accès à un enregistrement—sans montage, sans extrait, sans quoi que ce soit... Voilà ce qui est intéressant à propos de la CPaC par rapport à ce que vous proposez.

M. Craig Oliver: Vous auriez une meilleure chance de passer à la télé que maintenant...

Le président: Vous avez encore un président, Chuck.

M. Chuck Strahl: Toutes mes excuses.

Le président: Ça va.

M. Craig Oliver: Excusez-moi. J'allais seulement dire que vous auriez une meilleure chance de passer à la télé que maintenant—ça, c'est certain. Je vois le problème et je comprends vos sentiments, mais nous n'avons pas envie de servir de véhicule à la partisanerie. C'est le problème que nous avons.

Le président: Marlene Catterall, Gurmant Grewal, Stéphane Bergeron et Joe Fontana.

• 1130

Marlene.

Mme Marlene Catterall (Ottawa-Ouest—Nepean, Lib.): Tout d'abord, permettez-moi de vous dire qu'à mon avis, Andy Scott serait le premier à se dire en accord avec ce que vous avez dit, Craig, parce que les gens comme Andy et moi, qui croyons sincèrement à la participation du public aux débats sur l'orientation gouvernementale, savons que ce que les gens savent des grands enjeux, ils l'apprennent par les médias, et nous avons beau essayer de les informer, il reste que ce sont les grands médias qui façonnent l'opinion.

J'ai vraiment à coeur que cela marche parce que j'ai la conviction que vous avez fait des observations très importantes, particulièrement lorsque vous avez dit que tous les médias doivent être traités de la même façon. Et étant donné que nous faisons confiance aux journalistes de la presse écrite et de la radio qui donnent un compte rendu judicieux de ce qui se passe dans les comités, je ne vois pas pourquoi on ne ferait pas confiance aux journalistes de la télévision.

Le gros problème, à mon avis, c'est le matériel dont vous avez besoin. Le journaliste qui est assis dans son coin discrètement, armé de son calepin et de sa plume ou d'un magnétophone, ne dérange pas les travaux des comités. Il est plus difficile, et dans certains cas, impossible, d'en faire autant avec une caméra de télévision. Je vous assure qu'il n'est pas facile de traverser le foyer sans se faire rentrer dedans par un de ces appareils.

Mais les gens de votre métier connaissent assez bien la cité parlementaire, donc vous êtes au courant des problèmes pratiques que cela pose. De toute évidence, dans la Salle de lecture ou dans la Salle des chemins de fer, la situation est différente comparativement à cette salle-ci, et si vous allez dans des petites salles comme le 308 dans l'édifice de l'Ouest, la situation est encore pire. J'aimerais que vous me disiez comment on pourrait se débrouiller dans ces cas-là.

Par exemple, si le journaliste sort de la salle pour interviewer un témoin avec son calepin, ça ne pose pas de problème, mais si le même journaliste essaie d'en faire autant entouré d'une demi-douzaine de caméras, cela peut entraver sérieusement les travaux du comité, et il se pose même un problème de sécurité. J'aimerais que vous nous expliquiez comment on peut régler cela et quel genre de lignes directrices il vous faudrait.

M. Craig Oliver: À Washington, une fois la caméra installée sur le trépied, vous ne pouvez pas bouger tant que la commission n'a pas complété son travail. Autrement dit, vous ne pouvez pas vous mettre à la poursuite de quelqu'un pendant la séance du comité.

Pour ce qui est des petites salles bondées, comme je le disais plus tôt, vous devriez informer la Tribune de la presse que nous serons là. Si la tribune de la presse constate que plusieurs caméras se dirigent vers un comité en particulier... Ce qu'on fait à Washington, c'est qu'on déplace la commission vers une plus grande salle.

Autre chose, au cas où certains d'entre vous s'inquiètent de l'éclairage, nos nouvelles caméras sont tellement sensibles à la lumière qu'on n'en a presque pas besoin. On aime en avoir quand on en veut, mais on n'est pas obligé d'installer des réflecteurs. On peut prendre d'assez bonnes images dans cette salle-ci sans éclairage supplémentaire. En ce sens-là, c'est moins envahissant qu'avant.

Mme Marlene Catterall: Donc si le comité est d'accord pour aller de l'avant, il y aurait des règles, par exemple, pour que les caméras restent fixes pendant les délibérations du comité, ce genre de chose...

M. Craig Oliver: Oui.

Mme Marlene Catterall: ...il y aurait une limite au nombre de caméras, selon la taille de la salle...

M. Craig Oliver: Bien sûr.

Mme Marlene Catterall: Vous connaissez tous les aspects pratiques des séances de comité ici. Il n'est pas vraiment possible de déplacer des comités étant donné qu'ils sont nombreux.

M. Craig Oliver: N'oubliez pas non plus que les réseaux mettent davantage leurs ressources en commun, et si nous constatons que nous sommes nombreux à vouloir suivre un comité, alors Denis, moi-même et les autres chefs de bureau... Soit dit en passant, je ne parle pas en leur nom, mais je leur ai tous dit ce que j'allais dire ici aujourd'hui, et ils étaient tous d'accord. Nous nous entendrions probablement pour mettre nos ressources en commun et pour partager la caméra.

M. Denis Ferland: J'aimerais une précision: Vous préoccupez-vous davantage des caméras qui entrent dans la salle et qui en sortent que des caméras qui se déplacent dans la salle? Il y a une grande différence. À Québec, par exemple, on permet aux caméras de se déplacer dans la salle, mais si vous voulez interviewer un témoin qui sort, il vous faudra probablement une autre caméra dans le couloir.

Mme Marlene Catterall: Quand je dis qu'il faut traiter également les médias, je précise que ça me dérangerait si quelqu'un se promenait dans la salle avec un magnétophone, et ça me dérangerait encore plus si quelqu'un en faisait autant avec une caméra.

M. Craig Oliver: Je suis d'accord avec vous.

M. Denis Ferland: Oui.

Mme LeeEllen Carroll: Parlons de cela d'un point de vue pratique, et imaginons qu'il y a deux caméras dans la salle, une braquée sur le témoin et l'autre qui devrait se déplacer. S'il y avait une caméra à cette extrémité-là braquée sur nous trois et que l'autre caméra était braquée de ce côté-ci, quand quelqu'un poserait une question de ce côté-ci, la caméra ne pourrait pas capter nos visages de cet angle. Elle devrait se déplacer vers l'arrière pour filmer cet angle.

Le président: Il nous faut avancer un peu plus vite. J'ai sur ma liste Gurmant Grewal, suivi de Stéphane Bergeron, Joe Fontana, André Harvey et Michelle Dockrill.

Monsieur Grewal.

• 1135

M. Gurmant Grewal (Surrey-Centre, Réf.): Monsieur le président, j'ai trouvé parfaitement justifié ce qu'on a dit au début au sujet du traitement équitable des médias.

Je vous remercie tous de vos observations. J'imagine que vous devez avoir vu toutes les salles de comité que nous avons, et donc aussi toutes les installations dont nous disposons. À votre avis, ces installations sont-elles suffisantes, ou faudra-t-il renforcer le câblage ou autre chose? Comme je l'ai appris à la dernière séance, certaines salles devraient être rénovées. Pensez-vous que c'est suffisant, ou faut-il améliorer les installations?

M. Craig Oliver: Idéalement, si la télévision s'installe en permanence dans les comités, il y a des salles qui nécessiteront plus de travaux. Oui. Mais les changements n'auraient rien de spectaculaire. En fait, nous pourrions filmer cette séance-ci dès maintenant sans grande difficulté, mais nous voudrions probablement installer des câbles en permanence.

Mme LeeEllen Carroll: Aux frais des réseaux de télévision.

M. Gurmant Grewal: D'accord.

Autre chose, on sait qu'aux États-Unis, il y a plus de deux chaînes—c'est deux ou trois chaînes, je crois. Pensez-vous qu'à l'avenir il faudra parfois filmer en direct sur certaines chaînes? Il faudra peut-être renforcer une chaîne; la CPaC n'a qu'un canal, peut-être deux, un français et un anglais, mais...

M. Craig Oliver: Oui.

M. Gurmant Grewal: ...pensez-vous qu'il faudra ajouter des chaînes?

M. Craig Oliver: Oui, et c'est ce que je disais tout à l'heure. Il existe un appétit pour la télévision en direct qui n'existait pas même il y a cinq ou six ans. Sur toutes ces chaînes d'actualités comme celle du Québec et celles qui existent au Canada anglais maintenant, il y a beaucoup de télévision en direct, presque tous les jours. Par exemple, les deux réseaux ont diffusé hier en direct la déclaration d'Andy Scott, puis nous sommes passés en direct à la Chambre des communes, nous avons fait passer en direct les autres conférences de presse qui avaient trait à cet événement.

M. Gurmant Grewal: Enfin, pour améliorer les installations existantes ou tous les aspects pratiques de la télédiffusion, serait-il bon—parce que nous n'avons pas beaucoup de salles de comité—d'avoir des caméras fixes ainsi qu'un poste de contrôle comme on a maintenant à la salle 254-D? Ainsi, on ne dérangerait pas les travaux du comité, et il vous serait peut-être plus facile de fonctionner, s'il y a cinq ou six réseaux avec des caméras différentes. On remédierait peut-être au problème de l'entassement, et cette caméra fixe serait la bonne solution, n'est-ce pas?

M. Craig Oliver: Par des caméras fixes, vous ne voulez pas dire des caméras qui sont installées en permanence? Excusez-moi, mais je ne suis pas sûr...

M. Gurmant Grewal: Il faut faire des dépenses supplémentaires pour acheter des caméras, mais une fois que c'est fait, c'est fini. Et du point de vue de la commodité, il serait plus facile d'avoir des caméras fixes dans les salles de comité que vous contrôleriez à partir d'un poste de commande à l'extérieur. Ainsi, on pourrait régler de manière permanente certains problèmes qu'on peut entrevoir—par exemple, l'entassement ou la mise en commun des ressources. Ainsi, on n'aura pas besoin de déplacer un comité à la dernière minute, selon le nombre de médias présents, d'une petite salle à une grande salle.

M. Craig Oliver: Cela ne s'appliquerait que dans les cas où un comité suscite l'attention de plusieurs médias. Rappelez-vous, il y aura beaucoup de comités... Par exemple, il y a maintenant un comité qui s'intéresse à toute la question des magazines et des tirages dédoublés. On aurait pu vouloir y être aujourd'hui, alors que d'autres non. Dans un cas comme celui-là, vous ne voudriez pas dépenser une fortune rien que pour une salle.

Mais chose certaine, il serait utile d'avoir quelques salles où la télévision serait installée à peu près de façon permanente. Mais je ne voudrais pas installer en permanence une caméra de 100 000 $ dans une salle de comité. Et aussi, en ma qualité de contribuable, je ne voudrais pas que la Chambre des communes dépense une fortune pour télédiffuser tous ses comités comme on le fait maintenant avec la Chambre des communes. La Tribune de la presse ne vous propose pas de faire ça.

M. Gurmant Grewal: Merci.

Mme LeeEllen Carroll: Ce qui nous préoccupe quelque peu également, c'est que si on dépense beaucoup d'argent pour installer la télévision dans les salles de comité, sachant les changements qui accompagneront les rénovations à la Chambre des communes au cours des 10 ou 15 prochaines années, il faudra dépenser la même chose quand la Chambre déménagera à l'édifice de l'Ouest et de nouveau à l'édifice du Centre.

Le président: Stéphane Bergeron, suivi de Joe Fontana.

[Français]

M. Stéphane Bergeron (Verchères—Les-Patriotes, BQ): Dans la même veine, monsieur le président, j'aimerais signaler que je suis plutôt favorable à l'idée de permettre la télédiffusion des délibérations des comités, cela pour une foule de raisons qui ont déjà été évoquées par nos témoins. Les membres de notre comité auront certainement l'occasion de discuter à nouveau de cette question entre eux. Cette question a déjà fait l'objet de nombreuses études par le passé, entre autres par le comité McGrath, le comité Cook et le comité Cooper. Ce comité-ci a lui aussi eu l'occasion de se pencher sur cette question. À plusieurs occasions, des propositions ont surgi; certaines ont été mises en oeuvre, tandis que d'autres demeurent toujours en suspens et n'ont tout simplement pas été appliquées. Le résultat est que nous devons encore nous pencher sur la question, sachant pertinemment que des propositions émises par le passé sont toujours dans l'air et n'ont pas connu leur aboutissement.

• 1140

Vous nous proposez une formule qui peut paraître intéressante du point de vue de la gestion des fonds publics, puisqu'elle ne compte pas sur une injection de fonds publics très importante; cette injection pourrait même être nulle. Cependant, cette formule que vous nous proposez présente quand même un certain nombre d'inconvénients au plan logistique, si je puis dire, en raison de la présence des caméras et des caméramans dans une salle de comité.

On a aussi évoqué la possibilité que ces caméras puissent être déplacées pendant les délibérations du comité, ce qui risque d'occasionner quelques dérangements dans le déroulement des travaux du comité. À juste titre, mon collègue Chuck Strahl a soulevé un autre problème, à savoir que si l'objectif ultime est de permettre que ce qui se fait en comité soit relayé à la population, de telle sorte que nos concitoyennes et concitoyens sachent qu'une grande partie du travail des parlementaires se fait en comité, et qu'en bout de ligne, il n'y a que les réponses des ministres qui aboutissent aux nouvelles le soir, il est bien évident que l'objectif ne sera pas atteint.

Il y a un autre problème s'il est impossible que les parlementaires puissent aller chercher des extraits de leurs interventions et les relayer à leur population, non pas dans un esprit strictement partisan, comme vous l'avez suggéré, monsieur Oliver, mais bel et bien pour sensibiliser la population au travail qui se fait sur telle ou telle question d'intérêt public dans nos circonscriptions. Nous voulons que les gens sachent que nous sommes intervenus, non pas pour faire notre propre publicité pour notre gloriole personnelle, mais pour faire valoir le travail qui se fait en comité.

Je reviens à certaines propositions qui ont été émises dans le passé. M. Grewal y faisait allusion il y a quelques secondes. On se propose d'équiper un certain nombre de salles de comité d'installations permanentes de télédiffusion. Nous avons déjà une salle de cette nature dans l'édifice du Centre et j'aimerais savoir si la Tribune de la presse s'accommode bien des services offerts par une telle salle. Est-ce que les prises de vues faites dans cette salle et l'utilisation que vous pouvez faire du matériel pourraient correspondre éventuellement à vos besoins et à vos attentes en tant que télédiffuseurs?

M. Denis Ferland: Encore une fois, je ne veux pas m'engager formellement au nom de l'ensemble des réseaux, mais nous sommes assez satisfaits collectivement de la couverture possible grâce à l'équipement de la Salle des chemins de fer. Bien que le nombre exact de caméras m'échappe, je sais qu'elles nous permettent, sans qu'il y ait de mouvement dans la salle, d'obtenir une couverture de presque tous les angles. La seule différence, c'est qu'habituellement, lors de de la construction d'un reportage de télévision, il nous faut absolument avoir accès dès le début à ce qu'on appelle le photo op afin d'obtenir certains plans de coupe.

Mais pour ce qui est de la question d'obtenir toutes les questions et toutes les réponses et de pouvoir nous en servir selon nos priorités, il n'y a pas de limitation dans la situation actuelle.

J'aimerais revenir sur votre remarque au sujet du fait que vous craignez que les ministres volent la vedette aux députés qui posent des questions. À titre de personne responsable des affectations au bureau de Radio-Canada, je suis en mesure de vous confirmer que les critères de couverture d'une réunion de comité ne sont pas nécessairement fondés sur la présence du ministre. Très souvent, le ministre a déjà défendu son projet de loi lors d'une conférence de presse suivant son dépôt à la Chambre. Quand il vient le défendre devant le comité, c'est en quelque sorte une répétition. Comme le disait Craig tout à l'heure, il est très intéressant d'entendre le témoignage de citoyens au sujet de dossiers comme celui du droit de visite et de la garde d'enfants. Les réseaux de télévision n'accordent pas nécessairement la priorité aux allocutions d'un ministre et, tout comme les éditeurs de magazines des deux côtés de la frontière et ceux qui vendent de la publicité, ils croient que les témoignages des citoyens et les questions que vous leur posez sont plus intéressants. Ce ne sont pas nécessairement les ministres qui volent la vedette. Leur présence à une séance de comité n'est pas pour moi un critère qui fera en sorte que je recommanderai la couverture télévisée d'une telle séance.

M. Stéphane Bergeron: Monsieur Ferland, je vous écoute parler et je trouve très noble que vous fassiez valoir ce point de vue.

Le président:

[Note de la rédaction: Inaudible] ...est toujours ici.

M. Stéphane Bergeron: Monsieur le président, comme je le disais, j'écoute M. Ferland et je trouve que son point de vue, tel qu'il le présente, est très noble. Mais je siège déjà depuis cinq ans à la Chambre des communes et je ne suis pas sans savoir que lorsqu'on arrive à une séance de comité à laquelle comparaîtra un ministre, il y a une plus grande affluence de caméras de télévision qu'à l'ordinaire, justement pour ce photo op à l'entrée et à la sortie du ministre.

• 1145

Nous ne sommes pas sans savoir ici qu'en dépit des beaux principes que vous nous évoquez actuellement, les médias s'intéressent particulièrement à la couverture des comités où des ministres se présentent. Conséquemment, il y a un danger, que j'estime bien réel, que mes collègues se demandent s'il nous est ainsi possible de véritablement atteindre notre objectif, qui est d'informer les citoyens et citoyennes du travail très intéressant et très pertinent qui se fait en comité. Est-ce que les citoyens seront véritablement informés de ce travail-là ou si on ne donnera pas simplement une tribune supplémentaire aux gens qui en ont déjà une, soit les ministres, les principaux porte-parole des partis politiques, les chefs de partis, enfin ceux qui ont la plupart du temps la cote des médias, si je puis ainsi dire?

M. Denis Ferland: Il arrive très souvent que nous filmions les ministres à l'entrée, en photo op, bien que nous ne nous servions pas nécessairement de ces séquences pour nos reportages. Dans la majorité des cas, on n'a pas accès au matériel qui est à l'intérieur de la salle. On filme les ministres parce que ce sont des figures connues et parce qu'on aura peut-être besoin de ces séquences visuelles pour illustrer une nouvelle faisant suite aux délibérations de tel comité cette journée-là. Ces séquences nous servent très rarement à monter des reportages complets, puisqu'il n'y a qu'une seule salle où on a accès à un équipement de télédiffusion suffisamment élaboré pour faire des reportages complets.

En tant que personne responsable des affectations, je puis vous assurer que les sujets qui m'intéressent sont ceux qui touchent davantage les gens et au sujet desquels la population a l'occasion de venir s'exprimer devant vous directement. Je le dis en toute sincérité.

M. Stéphane Bergeron: Dans un monde idéal, pour résumer votre pensée, si les ressources étaient disponibles, le fait d'avoir des salles spécialement équipées pour la télédiffusion pourrait répondre aux attentes des parlementaires et de la Tribune de la presse.

M. Denis Ferland: Oui, c'est ma compréhension de...

M. Stéphane Bergeron: D'accord.

[Traduction]

Le président: Chers collègues, j'ai encore cinq députés sur ma liste: Joe Fontana, André Harvey, Michelle Dockrill, John Richardson, et ensuite votre président.

Joe

M. Joe Fontana (London-Centre-Nord, Lib.): Bêêê... excusez-moi, j'ai une voix enrouée de mouton, Craig.

Des voix: Oh, oh!

Une voix: On est habitué.

M. Joe Fontana: Non, non, je sais que vous vouliez protéger l'intégrité de mes collègues libéraux. Je vous en suis reconnaissant, Craig.

M. Randy White: Une autre farce plate.

M. Joe Fontana: Ah, pourquoi...

Des voix: Oh, oh!

Une voix: Ne l'encouragez pas.

Le président: S'il vous plaît.

Et Joe, adressez-vous au président si vous voulez intervenir, s'il vous plaît.

M. Stéphane Bergeron: Nous avons encore un président.

M. Joe Fontana: Il y a 10 ans que je suis ici. Il y a au moins 10 ans qu'on parle de ça, si ce n'est pas davantage, et cette idée m'intrigue. Et si je suis d'accord pour dire que le problème tient à l'accessibilité et à l'équité pour les télédiffuseurs, il ne fait aucun doute, à mon avis, compte tenu de ce que vous venez de dire, que nous avons bien fait savoir que nous sommes d'accord en principe.

Je voulais donner suite aux questions que Chuck et Stéphane ont posées.

Et je suis d'accord avec vous totalement, Craig. Je pense qu'il y a des moments où les Canadiens ne voient pas que nous parlons à du vrai monde, et que c'est en comité que nous formulons certaines politiques, et que c'est particulièrement dans les comités que les parlementaires font ce qu'il y a de mieux, et personne ne le voit. En conséquence, il est important que les Canadiens voient les autres Canadiens nous parler.

Mais je veux vous interroger à ce sujet. Si vous dites sincèrement que vous voulez informer le public, le fait est que vous n'êtes pas ici du début à la fin de séance, et en conséquence, vous ne pouvez en donner un compte rendu aussi fidèle que le hansard, et si vous filmez du début à la fin de la séance, alors, instinctivement, étant donné que vous êtes de la télévision, vous allez choisir les passages qui vous plaisent le plus. Vous allez montrer les échanges brûlants, s'il y en a; c'est ce passage qui va vous intéresser.

En conséquence, pour ce qui est d'informer le public, j'aimerais comprendre qu'est-ce qui vous intéresse au juste, parce que vous voulez que le public voie comment le Parlement fonctionne vraiment et comment certains comités traitent en fait de questions très importantes et pendant longtemps. J'aimerais comprendre ce que vous allez montrer, en marge de la question de l'accès... oui, vous pourriez installer votre caméra ici, et vous pourriez filmer pendant un bout de temps, mais en fait, vous n'allez retenir que les images controversées qui concernent certains citoyens ou certains politiciens, donc ça ne devient pas vraiment un document public, et par conséquent, on ne fait rien pour informer le public. C'est ma première observation.

Deuxièmement...

M. Craig Oliver: J'avoue tout.

M. Joe Fontana: C'est vrai. Vous devrez clarifier cela. Personnellement, je me moque pas mal de savoir si je passe à la télévision. Si je ne suis pas capable d'informer mes électeurs sur le travail que je fais, j'ai un problème.

• 1150

Ce qui m'intéresse davantage, c'est m'assurer que les Canadiens qui captent ces émissions voient en fait les citoyens qui les représentent, et pas seulement une image ou un ministre ou un parlementaire qui dit qu'il n'est pas d'accord avec un tel ou un tel. Je pense qu'il faut tout montrer.

Deuxième chose, il y a dans notre Parlement plus de 21 comités, je crois.

Mme Marlene Catterall: C'est exact.

M. Joe Fontana: Et tous les comités, je crois, et tous les députés qui siègent à ces comités, y compris ce comité-ci, pensent que ses travaux sont les plus importants au pays.

Le président: Bravo, bravo.

M. Joe Fontana: Comment allez-vous décider qu'est-ce que vous allez montrer au public? Et la CPaC, c'est autre chose. Des 21 comités, lesquels allez-vous diffuser? Parce que je peux vous dire que, presque tous les jours, ils siègent tous au même moment de la journée. Donc, d'un point de vue logistique, si vous aviez trois ou quatre comités et que vous voudriez les diffuser tous à un moment quelconque parce que leurs travaux sont tous importants, comment procéderiez-vous? Il vous faudra des tonnes d'équipements ou alors partagez tout le temps.

Il y a des tas de comités, et c'est pourquoi je dis que vous allez choisir. Malheureusement—et je ne veux pas me faire l'avocat du diable ici—vous allez choisir les comités les plus controversés; ainsi, lorsque George Baker salissait le gouvernement ou les bureaucrates—appelez cela comme vous voulez—, ça vous aurait fait de belles images, n'est-ce pas? Pour vous?

M. Craig Oliver: Oui.

M. Joe Fontana: Mais il pourrait fort bien se passer quelque chose au Comité de la défense, ou ailleurs, ou ici même, qui est tout aussi important pour le public. Qui va vraiment décider ce que le public va voir? C'est vous qui allez filtrer tout ça.

Ma troisième question est celle-ci...

Le président: Joe, ça fait deux...

M. Joe Fontana: Non, je...

Le président: Et ça fait presque cinq minutes, et vous avez encore un président.

M. Joe Fontana: Toutes mes excuses.

Le président: Allez-y brièvement pour la troisième, d'accord?

M. Joe Fontana: L'autre question est de savoir si la CPaC tâche essentiellement d'en montrer le plus possible du début à la fin de la séance. Non pas que je veuille vous bloquer la route, parce que je pense que nous devrions faire des gains dans ce domaine que nous n'avons pas faits auparavant, mais l'essentiel, c'est de pouvoir télédiffuser tous les comités et de donner aux téléspectateurs le choix entre l'environnement, les finances, la défense, la procédure et les affaires de la Chambre et ainsi de suite, de telle sorte que le public soit vraiment informé. Si c'est ce que vous voulez faire—et je pense que c'est ce que nous voulons faire—, alors nous sommes sur la même longueur d'ondes. Mais si c'est une meilleure télévision que vous voulez, alors là, nous avons un problème.

Le président: Des témoins?

M. Craig Oliver: J'étais ici pendant le débat sur la télédiffusion des débats de la Chambre des communes. On a alors soulevé des questions similaires. Nous avons alors dit que nous prendrions nos décisions en fonction de la valeur des travaux du point de vue des informations. On nous a alors demandé comment on pouvait être certain qu'on ne déformerait pas les propos des députés en choisissant certains extraits plutôt que d'autres. Nous avons répondu que nous ne pouvions donner de telles garanties. De même, aujourd'hui, vous ne pouvez en être certains.

Pour ce qui est des comités dont les travaux seraient télédiffusés, je suis sûr que certains jours, nous n'en diffuserons aucun. Je vous demande simplement de nous permettre de faire des choix sur ce que nous diffuserons. Je ne peux vous promettre que nous ne choisirons pas les séances les plus animées—où les sujets étudiés sont les plus controversés. C'est probablement ce que nous ferons. Cela ne fait aucun doute.

Mais lors de la couverture en directe, qui ne sera pas très fréquente—je ne voudrais pas vous donner l'impression que toutes les salles de comité grouilleront de caméramen—, chacun aura voix au chapitre et les téléspectateurs pourront passer leur propre jugement.

Vous pouvez vous dire: «la couverture que font les médias du Parlement à l'heure actuelle ne me plaît pas, et elle ne changera pas», ou vous pouvez nous donner le bénéfice du doute et dire: «dans l'ensemble, la couverture est juste et je crois qu'elle continuera de l'être».

Mme LeeEllen Carroll: Si vous me le permettez, j'aimerais faire deux ou trois observations. Jusqu'à tout récemment, la Cour suprême ne permettait la télédiffusion que de quelques audiences par année. Depuis cette année, nous pouvons télédiffuser jusqu'à 60 audiences annuellement. La télédiffusion est interdite seulement lorsqu'on veut protéger l'identité d'un témoin, de l'accusé ou d'une victime. Auparavant, on craignait qu'on ne diffuserait que des extraits plutôt que les audiences dans leur intégralité. Toutefois, on n'avait pas d'objection à ce que la presse écrite n'utilise que des extraits; on a donc tenté l'expérience il y a deux ans et on s'est dit satisfait des résultats. Il n'y a pas eu de plainte.

Par ailleurs, si vous envisagez de n'accorder des droits de télédiffusion qu'à la CPaC, cela enfreindrait les règles de la Tribune de la presse parlementaire. Lorsqu'ils sont venus voir la Tribune de la presse parlementaire, les représentants de la CPaC ont clairement indiqué qu'ils préféreraient rester membres de la Tribune de la presse plutôt que d'avoir l'accès exclusif aux comités. D'ailleurs, le matériel de la CPaC est mis à la disposition de tous, car la CPaC n'est un concurrent pour aucun télédiffuseur.

M. Craig Oliver: Soit dit en passant, le Sénat—qui l'aurait cru—diffuse de plus en plus des travaux de ses comités.

M. Joe Fontana: Cela devrait être très intéressant.

Des voix: Oh, oh.

M. Randy White: Avez-vous une station au Mexique?

Des voix: Oh, oh.

Le président: Michelle Dockrill.

Mme Michelle Dockrill (Bras d'Or—Cape Breton, NPD): Merci, monsieur le président.

Le président: Excusez-moi, Michelle, c'est d'abord au tour d'André.

[Français]

Monsieur Harvey.

• 1155

M. André Harvey (Chicoutimi, PC): Je pense honnêtement qu'on ne doit pas s'attarder indéfiniment sur des questions techniques parce qu'il y a certainement moyen, au plan technique, d'améliorer l'accès des médias à nos délibérations.

Si je comprends bien les interventions qui ont été faites, tant pour les médias que pour nous, députés, qui travaillons dans des comités, il s'agit d'essayer de nous sortir de l'actualité, parce qu'elle demeure quand même un esclavage assez fort, tant pour les médias que pour les députés. On est totalement conditionnés par l'actualité, alors qu'on sait très bien qu'il y a des problèmes très graves qui doivent être traités en comité ou qui devraient l'être davantage.

On connaît notre réputation en tant que politiciens. On sait que s'il y avait pire que 0 p. 100, on l'aurait. Je ne connais pas les pourcentages reliés à la réputation des médias, mais je sais que pour les politiciens, ce n'est pas très fort.

J'aimerais savoir si l'amélioration du contenu de l'information aurait un impact sur la perception qu'ont nos concitoyens du rôle que leur député joue à la Chambre des communes. On sait qu'à la période des questions, ce sont toujours les plus indignés qui accaparent les médias, mais il y a des comités importants.

Si on parle de la pauvreté, je pense que ça doit susciter l'intérêt des médias et de la population. On ne peut pas continuer comme ça, avec des soupes populaires dans tous les quartiers et des maisons pour sans-abri. Cela doit toucher le monde. Jamais on n'entend parler de ça. C'est vrai dans tous les comités, notamment au Comité de la défense nationale, où on fait rire de nous avec les F-18 actuellement. On n'en traite jamais. On traite strictement de ce que l'actualité nous impose.

Est-ce que l'amélioration du contenu aurait un impact, selon vous, sur la perception qu'ont les gens de tous les politiciens?

M. Denis Ferland: On ne peut donner aux membres du comité de garanties sur la façon dont on va traiter l'information. On va la traiter professionnellement, bien sûr, mais on ne peut pas vous garantir du temps d'antenne ou des choses semblables. On ne peut pas vous garantir, non plus, que l'accès des caméras de télévision aux salles de comité sera une panacée pour remédier à ce que vous me présentez comme une crise de crédibilité. Ça ne sera pas un remède instantané.

On vous dit que cela donne une occasion de plus de rendre compte de votre travail auprès des citoyens. Logiquement, il en découlera une meilleure conscience du travail fait par les députés chez les électeurs. Philosophiquement, on peut penser que c'est le cas, mais on ne se sent pas prêts à vous fournir des garanties. Aucune étude ne nous a démontré que les gens changeaient d'opinion selon la durée de temps d'antenne accordée aux députés.

[Traduction]

M. Craig Oliver: Pourrais-je faire une remarque?

Le président: Craig Oliver.

M. Craig Oliver: Merci.

Pourrais-je faire une remarque sur l'autre commentaire? Vous savez comme moi que la période de questions, c'est de l'artifice, c'est du théâtre. C'est une tribune très sectaire. En revanche, en séance de comité, on voit l'interaction entre le public et les politiciens, et c'est là un des attraits des travaux des comités.

Vous avez parlé de la pauvreté. Les militants antipauvreté témoignent devant les comités. Ils sont éloquents. Ils traitent de différentes questions qui les intéressent, notamment la pauvreté. Le lendemain, on entendra peut-être des banquiers. Ce sont là le genre de gens que nous voulons montrer à la télévision. Ce sont là le genre d'enjeux dont nous aimerions traiter plus souvent. Il est difficile de faire des reportages de ce genre sans image. Nous pourrions faire ces reportages si nous avions des images de ces personnes qui témoignent devant les comités.

Le président: Michelle Dockrill, puis John Richardson.

Mme Michelle Dockrill: Merci, monsieur le président.

S'il y a un autre tour de table, je n'aurai plus de questions à poser. Joe en a déjà posé une, puis, ma deuxième question... J'aimerais que les témoins me disent que ce ne sera pas là pour les députés une autre occasion de poser pour la galerie, comme c'est le cas pendant la période de questions parfois. C'est la première partie de ma question.

Deuxièmement, les députés des petits partis sont membres de quatre ou cinq comités mais ne peuvent, bien sûr, être à quatre ou cinq endroits en même temps. Je crains que le choix des séances de comité qui seront télédiffusées ne se fasse au détriment de certains membres de ces comités, qui ne peuvent être toujours présents. J'aimerais savoir ce que vous en pensez.

M. Craig Oliver: Je ne suis pas sûr de voir où vous voulez en venir. Je suis désolé.

• 1200

Mme Michelle Dockrill: Certains de mes collègues siègent à quatre comités. Ces comités se réunissent souvent en même temps, mais ces députés ne peuvent bien sûr être qu'à un endroit. S'il se trouve que ce n'est pas cette séance-là que vous télédiffusez, je crains que les électeurs, dans les circonscriptions, qui s'intéressent peut-être aux travaux des autres comités mais qui ne connaissent pas l'horaire chargé des députés, aient l'impression que leur représentant ne remplit pas ses obligations.

M. Craig Oliver: On ne verrait pas nécessairement tous les membres du comité dans nos reportages, de toute façon; cela pourrait constituer un problème pour tous les députés, qu'ils soient présents ou non. Leurs électeurs pourraient se demander où sont leurs députés. Comprenez-vous ce que je veux dire?

Mme Michelle Dockrill: Je me préoccupe en fait des priorités. Aujourd'hui, il y a 25 séances de comité; je suis certaine que chacun des membres de ces comités estime que le sujet dont son comité est saisi est important.

M. Craig Oliver: Mais si cela compte pour lui, tout député peut demander à la Tribune de la presse quelles séances de comité sont télédiffusées ce jour-là.

Mme Michelle Dockrill: Je vois.

Le président: Avec quel préavis?

M. Craig Oliver: Je n'en suis pas certain. Il est fort probable que, parfois, ce ne soit qu'à court préavis.

Le président: Michelle.

Mme Michelle Dockrill: Pour en revenir à la première partie de ma question, ne croyez-vous pas que ce ne sera qu'une autre occasion pour certains de poser pour la galerie?

M. Craig Oliver: Si un député veut poser pour la galerie...

Mme Michelle Dockrill: Nous, nous ne le faisons pas.

M. Craig Oliver: ...je ne peux l'en empêcher. C'est aussi simple que cela.

Mais, croyez-le ou non, nous avons constaté qu'on parlait bien davantage pour la galerie à la Chambre des communes avant que n'y entrent les caméras de télé.

J'imagine que, après un certain temps, tout le monde reporterait son attention sur le travail à accomplir. Il ne fait aucun doute que certains en profiteront pour poser pour la galerie, mais c'est déjà le cas. J'ai assisté aux travaux de la Chambre avant et après l'arrivée de la télévision, et je peux vous dire qu'à l'époque de Diefenbaker et de Pearson, c'était fou. Si les travaux avaient été télévisés à l'époque, c'est la télé qu'on aurait blâmée.

Mme Michelle Dockrill: Merci.

Le président: John Richardson, puis le président, et Randy White pour terminer.

M. John Richardson (Perth—Middlesex, Lib.): Merci, monsieur le président, et merci à nos trois témoins.

J'ai bien aimé ce qu'on a dit tout à l'heure sur le fait que l'on met l'accent sur la Chambre des communes mais que l'image que les Canadiens en ont d'un océan à l'autre, était celle de la période des questions.

Vous nous avez donné un bon exemple. Une personne pauvre et sans emploi pourrait venir témoigner devant un comité au nom des pauvres du pays et on pourrait la voir d'un océan à l'autre. Elle pourrait défendre sa cause à la télé. Comme quelqu'un d'autre l'a mentionné, à un autre comité, le témoin pourrait être un banquier. Ainsi, les Canadiens constateraient que les parlementaires sont à l'écoute de toutes les couches de la société canadienne, et que tous ont la possibilité de témoigner devant un comité et d'être entendus. Les gens constateraient qu'on travaille sur la colline du Parlement. La période de questions est peut-être une émission de télé intéressante, mais j'ose croire que les Canadiens aimeraient en connaître un peu plus sur ce que font leurs députés fédéraux.

Je vous félicite d'être venus et j'espère que nous pourrons accéder à votre demande. Mais j'estime que vous êtes venus au mauvais moment, avec les travaux de rénovation... Je pense que LeeEllen y a fait allusion. Ce sera difficile pour vous dans ces conditions.

Je tenais simplement à faire cette remarque. Si vous en tenez compte, vous aurez un plus grand auditoire et on comprendra mieux le Parlement. Merci.

Le président: J'aurais besoin de deux ou trois précisions. Nous vous remercions d'être venus aujourd'hui.

D'abord, LeeEllen, quelles différences y aura-t-il entre la couverture actuelle des débats de la Chambre et celle des travaux des comités? Quelqu'un—je crois que c'est Randy—vous a posé une question en ce sens et vous avez répondu qu'à la Chambre, il y a le président et vous avez aussi parlé des plans de coupe. À la Chambre des communes, il arrive que la caméra s'éloigne pour qu'on puisse voir les députés qui sont derrière l'intervenant, ou l'absence de députés derrière l'intervenant, ou encore on présente tout simplement un autre plan. Quelle différence y aura-t-il entre ce que vous pouvez faire à la Chambre et ce que vous pourriez faire dans une petite pièce comme celle-ci?

Mme LeeEllen Carroll: À la Chambre des communes, c'est le service de diffusion de la Chambre qui a le contrôle.

Le président: Je comprends. Ce n'est pas de cela que je parlais. Je pensais plutôt à ce que voient les téléspectateurs.

Mme LeeEllen Carroll: Lorsqu'on diffuse les travaux d'un comité, on doit montrer la personne qui parle.

Le président: D'accord. Vous avez aussi parlé d'une deuxième caméra. Que fait-elle?

Mme LeeEllen Carroll: La deuxième caméra peut servir à filmer celui qui a posé la question ou les réactions des autres membres du comité à ce que dit le témoin.

Le président: Pourriez-vous me donner une idée des différences qui existent? À la Chambre des communes, vous filmez l'intervenant, puis le président, puis l'intervenant, puis de nouveau le président, mais, de temps en temps, vous présentez un plan plus général de l'intervenant et de ceux qui l'entourent.

• 1205

M. Craig Oliver: Cela pourrait faire l'objet de négociations. Ainsi, si les comités décidaient de refuser les plans de coupe... Dans cette pièce-ci, par exemple, nous pourrions avoir une caméra sur une plate-forme, et cela suffirait à filmer toute la salle. Les plans ne seraient pas parfaits, ce ne serait pas idéal, mais nous pourrions avoir tout le contenu dont nous avons besoin et filmer chacun d'entre vous ou toute autre personne qui poserait une question. De temps à autre, il y aurait peut-être l'arrière d'une tête dans le plan; ce n'est pas idéal pour nous, mais nous pourrions très bien filmer cette réunion avec une seule caméra sur une plate-forme et sans projecteurs.

Mme LeeEllen Carroll: Mais aux fins de télédiffusion, les plans de coupe nous permettent de faire un montage et de réduire trois heures de séance à deux minutes.

M. Craig Oliver: C'est une émission de télé plus intéressante.

Le président: Je vois. Ce qui m'intéresse, c'est l'aspect technique. À la Chambre, il y a deux choses: j'ignore qui a le contrôle, mais il est interdit de filmer uniquement les réactions des députés, et on a fait l'erreur...

M. Craig Oliver: Il y a quatre ou cinq caméras à la Chambre.

Une voix: Sept.

M. Craig Oliver: Il y a sept caméras à la Chambre? On ne pourrait avoir sept caméras qui filment une séance de comité.

Le président: Je sais qu'à la Chambre, on ne peut filmer les réactions. C'est la première règle.

L'autre concerne les documents. Cette pièce-ci est petite. Ne serait-il pas possible pour un cameraman de faire un plan rapproché d'un document?

M. Craig Oliver: Il faudrait que soit délibéré. Il faudrait que le cameraman le fasse délibérément, à votre insu, car on ne peut obtenir ce genre de plan rapproché par accident.

Le président: Il y a aussi la question de sélectionner ce qui sera télédiffusé. Cela fait suite aux commentaires qui ont déjà été faits. Comme exemple, vous citez les chaînes qui ont toutes télédiffusé Andy Scott en direct hier. Elles ont toutes télédiffusé la même chose. Pensez-vous donc que certains journalistes prendraient seulement certains aspects des audiences, et que d'autres prendraient d'autres aspects? Il faut considérer cela. Deuxièmement, il faudra assez de préavis pour choisir quel comité sera télédiffusé. Il faudrait une liste des comités, et des sujets qu'ils étudient.

M. Craig Oliver: Cela existe déjà.

Le président: Vous avez déjà assez d'information pour sélectionner la bonne salle?

M. Craig Oliver: Plus ou moins. Et s'il nous faut plus d'information, nous n'avons qu'à téléphoner. Le personnel est presque toujours très aimable. Cela n'est pas un problème.

Le président: Très bien. Merci.

La parole est à Bob Kilger, très rapidement, puis le dernier intervenant sera Randy White.

M. Bob Kilger (Stormont—Dundas, Lib.): Merci, monsieur le président.

J'aimerais revenir à votre question, et parler plus spécifiquement des installations de la CPaC qui sont actuellement dans la salle 253-D. Qu'aimeriez-vous faire différemment? En d'autres mots, y a-t-il une différence entre ce que vous offrez, et ce que nous avons actuellement dans la salle 253-D?

Mme LeeEllen Carroll: Permettez-moi d'apporter une clarification. Les installations de la salle 253-D appartiennent au service de télévision de la Chambre des communes, pas à la CPaC. Les caméras vous appartiennent à vous, même si leurs images sont télédiffusées sur la CPaC.

M. Bob Kilger: Elles appartiennent à la Chambre.

Mais qu'aimeriez-vous faire? Est-ce que les installations actuelles fonctionnent bien pour vous? Dans un monde idéal, dans 10 ans il y aurait un bâtiment indépendant ne contenant que des salles de comité, et toutes les salles auraient toutes les installations voulues. Dix réunions de comité pourraient avoir lieu en même temps, et vous n'aurez qu'à décider qui vous voulez télédiffuser. Évidemment, vous aurez un avantage si on négocie, parce que ce sont les réseaux qui assumeraient les coûts, si je vous comprends bien. Avec l'autre scénario, c'est la Chambre des communes qui assumerait les coûts. Mais si je comprends bien, vous êtes satisfaits de ce qu'on obtient dans la salle 253-D.

M. Craig Oliver: Nous sommes plus que satisfaits. C'est un système complexe et onéreux...

M. Bob Kilger: Absolument.

M. Craig Oliver: ...et aussi très utile. Nous l'aimons bien. Mais il serait beaucoup trop onéreux d'installer un tel système pour toutes les réunions que nous aimerions peut-être télédiffuser. Aucun gouvernement ne devrait être obligé d'assumer ces coûts.

M. Bob Kilger: J'estime que nous n'aurons jamais...

M. Craig Oliver: Non, mais...

M. Bob Kilger: Craig, je ne nous vois pas installer...

Le président: Le président est ici.

M. Bob Kilger: Monsieur le président, je ne nous vois pas installer un système des systèmes de télévision dans 20 salles de comité. Néanmoins, il se peut que dans 10 ans, avec les rénovations, on puisse équiper huit à 10 salles de comité avec les mêmes systèmes qui se trouvent dans la salle 253-D, ou quelque chose de comparable. À présent, si les membres d'un comité décident que leur travail est d'une telle importance qu'il faudrait le télédiffuser, ils demandent à utiliser la salle 253-D. Nous aurons plus de choix, c'est tout.

M. Craig Oliver: Mais vous dites encore que c'est vous qui déciderez de ce qui sera télédiffusé et de ce qui ne le sera pas. Moi je propose que ce soit nous qui décidions.

M. Bob Kilger: Exactement. Et le point crucial c'est cela. C'est la question de fond qu'il faudra trancher entre nous. C'est clair.

Le président: Randy White, pour terminer.

• 1210

M. Randy White: Merci, monsieur le président. J'ai l'impression que nous recherchons souvent des problèmes au lieu de nous concentrer sur des solutions. Beaucoup de questions qui ont été soulevées ici aujourd'hui sont très intéressantes, mais elles ont déjà été débattues à la Chambre. En tout cas, notre comité a déjà été saisi de ceci trois fois, et trois fois on a décidé que c'est une bonne idée, mais c'est une idée que nous n'avons jamais mise en oeuvre. C'est dommage.

On peut invoquer le même argument pour les médias télédiffusés que pour la radio ou les journaux. Si les caméras tournent pendant une réunion, mais que les journalistes veulent se concentrer sur seulement deux membres ou même un membre du comité, rien ne change. Ils font déjà cela. Il y a des journalistes dans la salle, mais nous ne savons pas qui ils écoutent ou qui ils vont citer. Je ne vois donc pas de différence entre ce que feront les médias télédiffusés et cette attitude, qui existe déjà d'ailleurs, de la part de la radio ou des journaux.

Et n'oublions pas qu'on peut toujours mettre fin à un processus qui ne fonctionne pas. Mais un processus qui n'est même pas mis en oeuvre ne peut jamais commencer à fonctionner. Nous devons le mettre en oeuvre, avant que nous puissions voir s'il fonctionne. Il est temps de le faire. J'estime que nous devrions aller de l'avant, passer à l'action et voir où cela nous mène.

Qui sait? C'est peut-être la meilleure idée que nous ayons jamais eue. Beaucoup d'autres parlements et d'autres assemblées législatives démocratiques ont fait la même chose, et je ne les entends pas se plaindre. Allons-y.

Le président: Très très brièvement, monsieur Stéphane Bergeron.

[Français]

M. Stéphane Bergeron: J'aimerais faire un petit commentaire pour alléger l'atmosphère à la suite de l'intervention très grave de notre ami Randy. Il faut constater que c'est depuis la télédiffusion des travaux de la Chambre que la crédibilité des politiciens a commencé à chuter dans les sondages.

[Traduction]

Une voix: Oh, oh.

Le président: Est-ce que nos témoins auraient quelque chose à ajouter?

LeeEllen, avez-vous un commentaire?

Mme LeeEllen Carroll: Non.

Le président: Personne n'a quelque chose à ajouter? Bon. Nous aimerions remercier tous nos témoins—LeeEllen Carroll, Craig Oliver et Denis Ferland.

Chers collègues, notre prochaine réunion aura lieu jeudi à 11 heures. Elle sera sur le même sujet, la télédiffusion des délibérations des comfités, et nos témoins seront le greffier de la Chambre des communes et des membres de son personnel.

La séance est levée.