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Merci, monsieur le président. Bonjour mesdames et messieurs.
Comme vous l'avez indiqué, je suis accompagnée ce matin de mes collègues Mme Kathy Green, directrice de la Direction de la recherche et des politiques, et de M. Kevin McNeil, conseiller juridique principal à la Section des revendications particulières au ministère de la Justice.
Je remercie le comité de nous donner l'occasion de parler de ce qui a été accompli et de ce qui est actuellement en cours pour donner suite aux revendications particulières des Premières nations.
Depuis juin 2007, le processus de règlement des revendications particulières a fait l'objet d'une réforme en profondeur qui, à son tour, a entraîné des changements importants, notamment la création d'un organisme juridictionnel indépendant et le fait que l'arriéré de revendications et l'étape d'évaluation auront été traités en quelques semaines. Par surcroît, 68 revendications d'une valeur totale de plus de 1 milliard de dollars ont été réglées dans le cadre d'ententes négociées et 247 autres revendications sont actuellement en cours de négociation.
Permettez-moi de commencer par le début.
Une revendication particulière est un grief qu'une Première nation formule contre le gouvernement fédéral à l'égard du respect des engagements énoncés dans un traité historique ou à l'égard de la gestion de terres ou d'autres biens autochtones.
[Français]
La politique sur les revendications particulières, qui a été publiée pour la première fois en 1982, offre aux Premières nations, sur une base facultative, un mode substitutif, le règlement des conflits pour remédier à ce genre de grief. Le principal objectif de la politique est de voir à l'acquittement des obligations légales non respectées qui découlent de ces revendications au moyen d'un règlement négocié.
[Traduction]
En 2006, le Comité sénatorial permanent des peuples autochtones a présenté un rapport final qui comprenait une étude spéciale sur le processus fédéral de règlement des revendications particulières. Ce rapport, intitulé Négociations ou affrontement: le Canada a un choix à faire, concluait que le processus de règlement des revendications particulières était défaillant et que les Premières nations y voyaient un conflit d’intérêts puisque le gouvernement était responsable à la fois du jugement et de l’indemnisation des revendications formulées contre lui.
À l’époque, le comité avait recommandé la mise sur pied d’un organisme indépendant ayant le pouvoir de régler des revendications particulières; la création d’un fonds réservé au versement des paiements découlant du règlement de revendications particulières; et l’établissement de procédures au sein du gouvernement afin d'améliorer l’évaluation et la négociation des revendications.
[Français]
En juin 2007, dans la foulée du rapport du comité sénatorial permanent, le a présenté Revendications particulières : La justice, enfin, Plan d'action relatif aux revendications particulières, qui visait une réforme du processus de règlement des revendications particulières.
[Traduction]
Ce plan d’action s’appuyait sur quatre piliers corrélatifs: l’impartialité et l’équité; l’accélération du traitement des revendications; une transparence accrue; et un meilleur accès à la médiation. Ces quatre piliers ont été mis en place, et le succès de la réforme est déjà manifeste.
La pierre angulaire de « La justice, enfin » est le Tribunal des revendications particulières, organisme juridictionnel indépendant fondé en 2008 à la suite de la Loi sur le Tribunal des revendications particulières, dont les dispositions ont été élaborées conjointement avec l’Assemblée des Premières Nations. Le tribunal a le pouvoir de prendre des décisions exécutoires afférentes au bien-fondé d’une demande et d’accorder une indemnisation pouvant atteindre 150 millions de dollars par revendication. Le tribunal est en fonction depuis le 1er juin 2011 et compte actuellement cinq dossiers de revendication.
[Français]
L'une des critiques les plus dures à l'égard du processus des revendications particulières a été le très long délai nécessaire pour évaluer et négocier les revendications. Avant l'existence de Revendications particulières : La justice, enfin, le temps moyen pour régler une revendication dépassait 13 ans. Par conséquent, des centaines de revendications non résolues se sont accumulées jusqu'en 2007.
[Traduction]
La Loi sur le Tribunal des revendications particulières prévoit un délai de trois ans pour l’évaluation et la négociation des revendications. En cas de non-respect de ce délai, une Première nation peut adresser sa demande au tribunal aux fins d’arbitrage.
On a mis en oeuvre des processus internes plus efficaces afin d’assurer une réponse rapide aux présentations de revendications et une meilleure rigueur dans le traitement de celles-ci. Plus particulièrement, on a amélioré la phase de recherche et d’évaluation du processus en adoptant une norme minimale pour les revendications visant à communiquer les exigences de façon efficace et à éviter les retards découlant des demandes de précisions et de renseignements supplémentaires de la part des Premières Nations.
[Français]
On a déployé des efforts particuliers afin de régler plus rapidement les revendications de faible valeur ou les revendications de moins de 3 millions de dollars qui représentent près de la moitié des nouvelles revendications et des revendications non résolues. Aujourd'hui, on procède plutôt à l'évaluation de ces revendications de façon à en accélérer le règlement.
En outre, des modifications destinées à améliorer les processus de négociations et de règlement ont été apportées, notamment, l'attribution hâtive des mandats financiers aux fins de négociations, l'augmentation des ressources humaines et financières, la clarification des rôles, le « regroupement » des revendications et la surveillance continue des négociations visant à éviter qu'elles deviennent inactives.
[Traduction]
À l’annonce de « La justice, enfin », quelque 630 revendications étaient au stade de l’évaluation et 123 à celle de la négociation. J’ai le plaisir de vous annoncer aujourd’hui que l’arriéré qui existait au stade de l’évaluation est entièrement réglé et que depuis 2007, 68 revendications, d’une valeur de 1,1 milliard de dollars, ont été résolues dans le cadre d’accords négociés.
Les Premières nations ont exprimé des préoccupations quant au fait que la lenteur du processus de règlement de revendications particulières reflétait un manque de capacité budgétaire pour verser les indemnités requises une fois qu’un règlement a été conclu. Afin de répondre à ces préoccupations, un financement de 250 millions de dollars par année sur 10 ans a été affecté à l’indemnisation des Premières nations qui concluent des ententes de règlement au moyen de négociations avec le Canada et pour respecter les indemnisations accordées par le Tribunal des revendications particulières. De plus, le ministre d’Affaires autochtones et Développement du Nord Canada peut avoir accès au cadre financier, au besoin, afin de prélever l’excédent de ressources qui dépasse le montant des prévisions annuelles.
La médiation est un excellent outil rentable qui devrait être utilisé plus fréquemment lorsque les négociations relatives à une revendication piétinent.
[Français]
Une unité de services de médiation a été mise sur pied. Sa fonction est de veiller à ce que des services de médiation indépendants soient disponibles à la demande conjointe du gouvernement du Canada et des Premières nations, lors des négociations sur le règlement de revendications. L'unité des services de médiation s'emploie à créer quatre listes régionales de médiateurs indépendants à partir desquelles des médiateurs peuvent être embauchés au moyen d'une offre à commandes. Les listes sont établies à l'aide d'un processus de demandes de propositions et publiées par le Service électronique d'appels d'offres du gouvernement.
[Traduction]
La Direction générale de l’évaluation, de la mesure du rendement et de l’examen d’Affaires autochtones et Développement du Nord Canada a effectué une évaluation formative du plan d’action plus tôt cette année. L’objectif de l’évaluation était d’obtenir un point de vue neutre et indépendant sur la mesure dans laquelle le plan d’action permet d’atteindre les résultats escomptés, appuie la réalisation des objectifs du ministère en ce qui a trait au règlement de revendications particulières, et permet de cerner les possibilités d’améliorer la conception et la mise en oeuvre du plan.
Les évaluateurs indépendants ont déterminé que les quatre piliers du plan d’action constituent le processus le plus approprié et efficace pour atteindre les résultats escomptés du plan d’action.
[Français]
Les quatre piliers du plan d'action semblent adéquats pour compenser ce qui était considéré comme des lacunes du processus.
[Traduction]
Le fonds réservé, combiné aux mesures de production de rapports établis par la Direction générale des revendications particulières, a accru la transparence en ce qui concerne les ressources financières investies par le gouvernement fédéral pour régler les revendications.
[Français]
Les procédures internes révisées accélèrent le processus de règlement des revendications et certains efforts ont été déployés pour adapter ce processus à la nature des revendications.
[Traduction]
On peut s’attendre à ce que les changements résultant du plan d’action améliorent la capacité du gouvernement fédéral et des Premières nations de régler les revendications particulières, ce qui en retour pourrait favoriser le développement social et économique.
[Français]
Ce qui ressort clairement de ces résultats est que le plan d'action du Canada fonctionne, qu'il permet d'obtenir les résultats escomptés et que les Premières nations en tirent profit.
[Traduction]
Dans les mois à venir, au cours du prochain exercice, une vérification interne des coûts associés aux négociations des revendications particulières sera effectuée ainsi qu’une évaluation sommative du plan d’action intitulé « La justice, enfin ». Le ministre d’Affaires autochtones et Développement du Nord Canada rédigera un rapport complet à l’intention du Cabinet sur la mise en œuvre du plan d’action.
Enfin, une révision des dispositions législatives de la Loi sur le Tribunal des revendications particulières sera réalisée en 2013-2014 afin d’aider le gouvernement à évaluer le succès de la loi et du tribunal.
Merci beaucoup de m'avoir accordé ce temps, et ce sera un plaisir pour moi de répondre à vos questions.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie les témoins. Cette discussion est utile, surtout pour les nouveaux membres du comité. Nous avons discuté de ce processus il y a un peu moins d'un an et nous avons eu l'occasion d'interroger les représentants de la commission. Les transcriptions de nos délibérations à ce sujet sont disponibles. Elles pourraient s'avérer utiles.
J'ai été frappé par une chose dans votre discours. Après avoir parlé des piliers, vous avez dit qu'un évaluateur indépendant avait constaté, entre autres, que le plan d'action fonctionne et qu'« on peut s’attendre à ce que les changements résultant du plan d’action améliorent la capacité du gouvernement fédéral et des Premières nations de régler les revendications particulières, ce qui en retour pourrait favoriser le développement social et économique ». Je ne puis m'empêcher de penser qu'une analyste principale en matière de politiques, comme Kathy Green, aurait vu les résultats ou les aurait étudiés.
Je dis cela de manière préemptive parce que le comité a pris note de quelques éléments coûteux dont les dirigeants des Premières nations ont parlé, et l'un d'entre eux — un élément crucial, à mon avis — est le développement économique stratégique des terres ou la planification de l'utilisation des terres.
Je sais que les revendications particulières n'entrent pas nécessairement dans cette catégorie, mais de ce côté-ci de la table, nous commençons certainement à être frappés par ce qui semble être une nouvelle série d'outils et d'instruments ou de processus qui permettent aux Premières nations de progresser dans la planification du développement économique durable.
Cette question s'adresse peut-être particulièrement à l'analyste principale en matière de politiques. Pouvez-vous nous parler plus longuement de la dernière partie de cette observation, qui semble provenir de vos évaluateurs, concernant vos discussions sur la façon dont ce processus est avantageux, en tant qu'outil ou instrument, pour les prévisions de développement économique des collectivités des Premières nations?