:
Bonjour, monsieur le président.
Permettez-moi de vous remercier d'avoir invité le bureau à discuter du projet de loi , Loi visant à accroître l'obligation redditionnelle et la transparence des Premières Nations en matière financière.
Je suis accompagné de Ronnie Campbell, vérificateur général adjoint, qui était auparavant chargé des audits touchant les Premières Nations.
[Traduction]
Depuis 2000, le bureau a présenté 16 chapitres portant directement sur les Premières nations et les Inuits et 15 autres chapitres dont les sujets ont une importance particulière pour les peuples autochtones.
[Français]
En 1996, nous avons publié l'« Étude sur les pratiques de reddition des comptes — Point de vue des Premières Nations ». Nous avions alors constaté que les rapports entre les Premières Nations et le gouvernement fédéral s'étaient transformés. Les services qui étaient auparavant rendus directement par les ministères étaient désormais assurés par les Premières Nations elles-mêmes. Cette dévolution de responsabilités a compliqué la reddition de comptes pour les deux parties. Plus particulièrement, la reddition de comptes du gouvernement à l'égard du Parlement était plus difficile, car les ministères n'étaient plus directement responsables de la prestation des programmes à l'échelle locale.
À l'époque, les représentants des Premières Nations que nous avions rencontrés nous avaient indiqué qu'ils étaient prêts à chercher des moyens pour satisfaire aux besoins du Parlement en matière d'information. Ils avaient aussi souligné l'importance de la reddition de comptes envers leur collectivité. De leur point de vue, la reddition de comptes ne s'inscrivait pas dans un rapport hiérarchique et devait reposer sur des objectifs communs. Ils ont déclaré que le régime redditionnel avait peu de valeur pour les Premières Nations, qu'il était onéreux et qu'il ne contribuait pas beaucoup à renforcer la reddition des comptes à l'échelle des collectivités.
[Traduction]
En nous fondant sur les conclusions tirées de l'étude menée en 1996, nous avions, en 2002, défini la reddition de comptes comme une relation fondée sur l'obligation de faire la preuve du rendement, de l'examiner et d'en assumer la responsabilité, soit à la fois des résultats obtenus à la lumière des attentes convenues et des moyens employés. Nous donnions également les cinq principes d'une reddition de comptes efficace, à savoir: des rôles et des responsabilités claires, des attentes claires en matière de rendement, un équilibre entre les attentes et les capacités, la crédibilité de l'information communiquée et un examen raisonnable du rendement, assorti d'ajustements.
Nous avions alors indiqué que la prestation des programmes au moyen d'ententes de partenariat avait donné lieu à des relations redditionnelles nouvelles et complexes, car les responsabilités étaient partagées aux termes de ces ententes. S'agissant des rapports à soumettre, nous avions proposé de préciser la stratégie de mesures à utiliser, à savoir la manière dont l'information requise doit être définie, recueillie, vérifiée et analysée ainsi que par qui et à quel moment elle doit l'être.
Dans ce chapitre, nous avions aussi indiqué que la transparence est essentielle à la reddition de comptes; elle permet de se faire une idée précise des activités du gouvernement. La transparence et la reddition de comptes confèrent une solidité plus grande aux institutions et renforcent la crédibilité du gouvernement.
[Français]
En 2002, nous avions aussi présenté une étude sur les rapports soumis par les Premières Nations. Nous avions indiqué que les rapports ne fournissaient des renseignements utiles ni aux Premières Nations ni au gouvernement fédéral, et qu'un changement radical s'imposait pour alléger le fardeau des Premières Nations sur le plan des exigences en matière de rapports.
En 2011, nous avions recensé quatre obstacles structurels qui nuisaient à la mise en oeuvre des services publics destinés aux Premières Nations et à l'amélioration de la qualité de vie dans les réserves: le niveau de service à assurer est mal défini; il n'y a pas de fondement législatif; les mécanismes de financement ne sont pas appropriés; il manque d'organisations capables de veiller à la prestation des services à l'échelle locale.
[Traduction]
Nous appuyons sans réserve les principes de la reddition de comptes et de la transparence. Nous espérons que ce bref exposé sur la reddition de comptes sera utile au comité lors de son examen du projet de loi.
Monsieur le président, nous ne croyons pas que le bureau puisse donner son avis sur les mérites du projet de loi . Cela dit, nous aimerions formuler quelques remarques sur certains aspects techniques du texte de loi.
Premièrement, le paragraphe 5(1) qui précise la manière dont une Première nation doit tenir ses livres, fait mention des « principes comptables généralement reconnus » et des « manuels de l'Institut canadien des comptables agréés ». Or il n'y a actuellement aucune norme comptable au Canada qui mentionne explicitement les Premières nations. Même si les manuels mentionnés au paragraphe 5(1) sont généralement pertinents aux activités des gouvernements des Premières nations, ils n'ont pas été conçus ni adaptés pour tenir compte du contexte particulier des Premières nations.
Deuxièmement, aux termes du paragraphe 5(2), pour auditer l'information et les opérations financières d'une Première nation qui n'entre pas dans le champ d'application d'une norme comptable donnée, l'auditeur devra évaluer l'acceptabilité du cadre comptable, y compris le caractère raisonnable des méthodes comptables adoptées par celles-ci. Les auditeurs peuvent donc arriver à des conclusions différentes pour des opérations semblables.
Troisièmement, l'audit ou l'examen obligatoire de l'« annexe des rémunérations », prévu à l'article 6 du projet de loi, est unique en son genre. En effet, l'information sur les rémunérations est généralement présentée par voie de notes complémentaires aux états financiers ou dans un rapport annuel. Aucune norme comptable ne s'applique à la préparation d'une « annexe des rémunérations », ni à l'établissement d'un rapport de mission d'audit ou d'examen sur un tel document. Par ailleurs, le texte de loi ne précise pas qui sera habilité à décider si l'annexe doit être soumise à un « examen » ou à un « audit », ni les critères qui serviront à prendre cette décision. Cette ambiguïté accroît le risque de confusion et d'incohérence dans les pratiques.
Enfin, la définition donnée au terme « rémunération », à l'article 2, englobe à la fois les salaires et les remboursements de dépenses. Les autres ordres de gouvernement présentent généralement l'information sur les salaires et les remboursements des dépenses séparément. Cette façon de procéder permet, entre autres, d'établir une distinction claire entre les salaires et traitements des fonctionnaires et les frais de déplacement et d'autres dépenses. Au sein du gouvernement fédéral, par exemple, il y a des exigences de divulgation distincte pour les salaires et les frais de voyage et d'accueil.
Monsieur le président, je termine ainsi ma déclaration d'ouverture. Nous serons heureux de répondre aux questions des membres du comité.
:
Tout d'abord, j'aimerais remercier le Bureau du vérificateur général de son exposé. L'AAFA du Canada est certainement d'accord avec un grand nombre de points soulevés par le vérificateur général. Nous apprécions de pouvoir témoigner après le Bureau du vérificateur général.
Merci, monsieur le président, madame la vice-présidente, membres du comité, chers collègues et amis de nous avoir donné la possibilité de nous exprimer sur le fond du projet de loi , Loi sur la transparence financière des Premières Nations.
Je m'appelle Terry Goodtrack, et je suis le président-directeur général de l'Association des agents financiers autochtones du Canada, ou AAFA du Canada. Je suis accompagné de Dana Soonias, président de l'AAFA du Canada.
Les opinions que j'exprimerai dans mon exposé n'engagent que l'AAFA du Canada et ses membres.
L'Association des agents financiers autochtones du Canada est une organisation apolitique sans but lucratif. Notre mission est de contribuer à la prospérité sociale et économique autochtone en créant une main-d'oeuvre professionnelle qui appuie une gouvernance et une administration efficaces. Le projet de loi dont est saisi votre comité vise des objectifs qui sont au coeur du mandat de l'AAFA du Canada. L'AAFA du Canada est non seulement d'accord avec les principes de transparence et de reddition de comptes, mais elle a aussi passé plus de 10 ans à mettre au point des outils et des produits de renforcement des capacités dans le but de promouvoir ces principes dans toutes les collectivités autochtones du Canada, y compris inuites, métisses et Premières nations.
Nos ressources et nos produits comprennent de la formation, des programmes d'accréditation et l'élaboration et la promotion de diplômes en finances et gestion autochtones, ce qui comprend le titre de gestionnaire financier autochtone agréé ou GFAA. Ce titre est fondé sur des compétences et des normes éthiques rigoureuses ainsi qu'un agencement de formation et d'expérience. Ce titre devient rapidement la référence de choix pour les professionnels en finances et en gestion autochtones. Nous sommes très fiers de cela ainsi que d'avoir été abordé par l'Institut canadien des comptables agréés, afin de formuler des observations sur le Manuel de comptabilité du secteur public de l'ICCA en ce qui a trait à la reddition de comptes des Premières nations.
Comme il a été mentionné par le Bureau du vérificateur général en 2009, un certain nombre de professionnels de l'AAFA du Canada ont fait partie d'un groupe d'études sur la reddition de comptes d'ordre financier par les Premières nations. Ce groupe de professionnels de l'AAFA du Canada et d'autres parties intéressées, notamment le Bureau du vérificateur général, ont recommandé à l'ICCA que le modèle de reddition de comptes classique du gouvernement décrit dans le Manuel de comptabilité du secteur public de l'ICCA devrait s'appliquer aux gouvernements des Premières nations.
Malheureusement, il s'agit là de la première occasion de notre organisation de participer au projet de loi C-27. De notre point de vue, les principes sous-jacents du projet de loi C-27 sont louables. Les citoyens canadiens pourraient voir ce projet de loi comme une question d'ordre principalement financier associée à des principes fondamentaux de transparence et de reddition de comptes. Cependant, nous sommes d'avis que ce projet de loi aborde des questions plus larges, dont certaines ont été soulevées ici par des dirigeants des Premières nations. Nous aimerions aborder ces questions ainsi que d'autres questions connexes d'un point de vue légèrement différent. Une des questions que nous posent nos membres consiste à savoir pourquoi ce projet de loi est nécessaire.
L'exigence de produire des vérifications consolidées ainsi que de divulguer des salaires, des honoraires, des frais de déplacement et autres rémunérations existe déjà depuis plus de 15 ans dans le cadre des accords de financement entre les Premières nations et le gouvernement fédéral. Cette exigence figure dans le document d'AADNC, le Manuel des rapports financiers de clôture d'exercice, auquel les Premières nations doivent se conformer. En cas de non-conformité, le gouvernement fédéral retient les fonds destinés à la Première nation. Lorsque l'on examine les exigences qui encadrent la préparation et la divulgation de vérifications consolidées, une question ressort lorsqu'on les examine du point de vue de la reddition de comptes. Cette question est la suivante: reddition de comptes à qui, et pour quoi?
Nos membres qui oeuvrent dans les collectivités des Premières nations nous ont clairement indiqué qu'ils n'ont aucune objection à fournir des vérifications consolidées et à divulguer des salaires pour leurs membres. Il s'agit de la reddition de comptes primaire de la Première nation. Pour ce qui est de la relation de reddition de comptes entre la Première nation et la Couronne, nos membres n'ont aucune objection à devoir fournir des renseignements concernant les fonds fournis par le gouvernement fédéral. Pourquoi est-il nécessaire de divulguer au gouvernement fédéral ou au grand public, y compris des concurrents possibles des entreprises des Premières nations, les fonds qui ne sont pas fournis au moyen de transferts du gouvernement fédéral, comme les fonds issus de sources propres?
Il convient de remarquer, cependant, que les Premières nations fournissent des vérifications consolidées au gouvernement fédéral car il s'agit d'une exigence dans le cadre des accords de financement et selon le Manuel des rapports financiers de clôture d'exercice. Cependant, le gouvernement fédéral ne peut divulguer ces renseignements au grand public car il est protégé et considéré comme confidentiel selon une autre loi du gouvernement, soit la Loi sur l'accès à l'information.
Je souhaite porter à votre attention la décision Sawridge, qui pourrait avoir des répercussions sur cette question.
À des fins de comparaison, je vous pose la question: le projet de loi exige-t-il des Premières nations qu'elles se conforment à des normes plus élevées, des normes moins élevées ou aux mêmes normes que d'autres entités similaires?
Les tableaux des salaires, honoraires et frais de voyage de différents paliers de gouvernement suivent des modèles différents. Certains, comme ceux de la province de l'Ontario, ont un seuil selon lequel les salaires de plus de 100 000 $ doivent être déclarés de même que les avantages imposables, et il y a aussi les municipalités de la province de la Colombie-Britannique qui doivent déclarer toute rémunération de plus de 75 000 $.
Pour ce qui est du moment auquel les vérifications doivent être publiées, les Premières nations sont tenues de terminer et d'envoyer leur vérification dans un délai de 120 jours suivant la fin de l'exercice financier, à savoir, le 29 juillet. Cependant, la province de l'Ontario dépose ses comptes publics devant l'Assemblée législative dans un délai de 180 jours après la fin de l'exercice, sauf circonstances exceptionnelles. Le gouvernement fédéral est tenu de déposer ses comptes publics à la Chambre des communes au plus tard le 31 décembre.
Selon le projet de loi, on exige des Premières nations qu'elles mettent à la disposition du public les vérifications consolidées sur leur site Internet pendant 10 ans. Nous ne sommes pas certains des raisons pour cette durée.
Il y a une autre question que nous aimerions aborder, celle du fardeau administratif. Comme on l'a mentionné précédemment, les vérifications consolidées sont une exigence depuis le milieu des années 1990. Il s'agit d'un principe comptable généralement reconnu conforme au manuel de l'ICCA. Comme mentionné précédemment, l'AAFA du Canada a recommandé au Conseil sur la comptabilité dans le secteur public de l'ICCA l'adoption, par les Premières nations, du modèle de reddition de comptes classique du gouvernement.
Cependant, il existe un deuxième document produit par AANDC qui décrit de façon plus détaillée la reddition de comptes d'ordre financier et administratif supplémentaire, le Manuel des rapports financiers de clôture d'exercice, tel que modifié de temps à autre. C'est ce document qui exige des annexes supplémentaires, bien souvent à la dernière minute, afin de répondre aux besoins des différents mécanismes de financement visés par le gouvernement fédéral. La dernière exigence relative à ces annexes a été publiée en mai 2012 et appliquée rétroactivement à l'exercice précédent. Ceci a causé beaucoup de confusion chez nos membres quant à ce que l'on exigeait d'eux.
L'AAFA du Canada n'a pas été consultée sur ces annexes financières. Lorsque j'examine les exigences du tableau des salaires, honoraires, frais de voyage et autres rémunérations pour la Première nation ou une entité qu'elle contrôle, il est clair que cela va accroître les coûts administratifs.
Davantage d'éclaircissements sont nécessaires sur la signification de ce que l'on entend par « y compris leurs capacités personnelles » dans le projet de loi, ou s'il s'agit d'une annexe vérifiée. Le projet de loi ne précise pas s'il doit s'agir d'une annexe vérifiée, bien que le Manuel des rapports financiers de clôture d'exercice d'AANDC exige que ceci soit validé par un vérificateur.
Ce type de reddition de comptes entraîne une augmentation des coûts. Qui va assumer ces coûts supplémentaires?
Pour compliquer davantage les choses, ce type de fardeau administratif est imposé en même temps que des compressions budgétaires aux services consultatifs en gestion financière des conseils tribaux. Qui fournira des services consultatifs aux Premières nations si et lorsqu'elles en auront besoin?
Nous avons aussi remarqué que l'on compare beaucoup les Premières nations à d'autres gouvernements. Le a mentionné les gouvernements des Premières nations dans son témoignage devant votre comité, mais les mots « gouvernement des Premières nations » ne figurent nulle part dans le projet de loi. Nous nous demandons donc pourquoi on compare les Premières nations à d'autres gouvernements alors que le projet de loi ne reconnaît même pas les Premières nations comme des gouvernements? Sans cet éclaircissement, nous craignons que le projet de loi soit mal interprété et qu'il exige d'un groupe de Canadiens d'en faire plus que les autres.
Le projet de loi est-il nécessaire? Si les préoccupations que nous avons soulevées ne sont pas résolues, l'AAFA du Canada ne peut appuyer le projet de loi dans son libellé actuel. Si celui-ci doit être adopté, voici quelques recommandations.
L'AAFA du Canada recommande que le comité envisage les amendements suivants: qu'il examine le projet de loi sous l'angle de l'obligation redditionnelle, en précisant envers qui et pourquoi; veille à ce que les Premières nations ne soient pas forcées d'en faire plus que des entités vraiment comparables; veille à ce les exigences de projet de loi n'alourdissent pas le fardeau administratif sans s'assurer que le financement de ces coûts est un facteur; veille à ce que l'AAFA du Canada participe à tout changement apporté au Manuel des rapports de clôture d'exercice qui a une incidence sur les états financiers des Premières nations et à ce qu'elle soit dotée des ressources adéquates pour faire ce travail; et précise, dans le projet de loi, le mot « gouvernement » après les mots « premières nations ».
Merci encore pour cette occasion de nous exprimer sur cette importante question.
Je remercie également les témoins.
Comme bon nombre de membres du comité, je crois que nous sommes renversés d'apprendre que c'est la première fois qu'il vous est possible de commenter sur ce projet de loi. Vous êtes les personnes qui ont l'expertise nécessaire pour rédiger un projet de loi ou pour nous dire s'il est même nécessaire, ce qui était, je crois, le point de vue que vous avez présenté et aussi, à qui rend-on des comptes.
Lorsque le ministre est venu nous voir, il a admis qu'il n'y avait pas eu de consultations entre le projet de loi d'initiative parlementaire de Mme Block et cet autre projet de loi dont la portée semble beaucoup plus vaste, et qui comprend de nombreuses conséquences inattendues concernant les revenus de source propre. De plus, au sujet de la reddition de comptes, je pense que même Darcy Bear, lors de son témoignage, a dit qu'on devait rendre des comptes aux membres de la bande, surtout au sujet des revenus de source propre, et non pas aux Canadiens en général.
Je crois que je suis renversée que des gens comme vous et votre organisation n'aient pas été consultés avant que le projet de loi soit déposé. J'espère que vous serez consultés sur les amendements que semble vouloir proposer le gouvernement, mais avez-vous examiné les amendements proposés par le chef et le conseil Dakota de Whitecap? Est-ce que ces amendements régleraient certaines des préoccupations que vous avez soulevées aujourd'hui?
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Oui, j'ai examiné les amendements du chef Bear. C'est pourquoi l'AFAA du Canada dit que le chef Bear a expliqué des problèmes et des amendements très importants.
Avec le projet de loi, il faut prendre un peu de recul et regarder les choses d'un angle différent, comme l'angle de la reddition de comptes, comme vous l'avez dit, la reddition de comptes envers qui et pour quoi. La notion de vérification consolidée devient très claire lorsqu'on l'examine de ce point de vue.
Au sujet de la comparabilité, comme vous l'avez dit, nous demandons d'être comparés à des entités semblables: rien de plus, rien de moins, des entités semblables. Si on doit se comparer à des gouvernements, alors pourquoi est-ce que le terme « gouvernement » ne se trouve pas dans le projet de loi?
Vous pouvez regarder le Manuel de comptabilité pour le secteur public, comme l'a mentionné le Bureau du vérificateur général. Il a dit qu'il y a des problèmes de définition, ce qui est exact. Les Premières nations ne sont pas incluses dans le Manuel des rapports du gouvernement, mais le Manuel des rapports de clôture d'exercice indique qu'aux fins de la reddition de comptes, les Premières nations sont des gouvernements. Cela n'est même pas indiqué dans le manuel de l'ICCA, mais ce l'est dans ce document secondaire.
Gardez à l'esprit que c'est ce que l'AFAA du Canada a recommandé. Nous le recommandons, mais ce n'est quand même pas une définition, parce que dans le projet de loi, les Premières nations ne sont pas vues comme des gouvernements.
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Merci, monsieur le président.
Monsieur Goodtrack, monsieur Soonias, j'aimerais vous remercier d'être ici.
En fait, c'est un peu ironique que Soonias soit votre nom de famille, puisque cela signifie « argent » en langue crie, et nous sommes ici pour parler de la transparence et de la gouvernance des Premières nations, de l'argent, de bon gouvernement et de rendre les Premières nations responsables de la gestion de l'argent, en particulier.
Monsieur Goodtrack, venant moi-même d'une Première nation, de la Première nation de Muskeg Lake, en Saskatchewan, et ayant aussi de l'expérience à la GRC, j'ai vu le pire du pire et le meilleur du meilleur en ce qui a trait à la transparence et la responsabilité. Certains essaient mais n'y arrivent pas. D'autres rejettent simplement d'emblée toute notion de transparence et de responsabilité.
Je trouve cela très frustrant, étant donné la technologie que nous avons. Par exemple, dans ma communauté de la Première nation de Muskeg Lake, il y a un rapport annuel sur le site Web de la bande. Ils ont des mesures supplémentaires pour tenir une réunion sur leur propre communauté avec les membres de la bande. Je vis hors de la réserve, et je ne peux pas y aller. Mais ils essaient aussi de rencontrer des gens à Saskatoon, à Edmonton et à Prince Albert pour nous expliquer ce qui se passe dans les affaires quotidiennes financières sur les territoires de la Première nation et au sujet de l'argent dépensé.
Je sais que l'Association des agents financiers autochtones a été créée en 1999. Vous avez présentement 1 500 membres, avec 136 gestionnaires financiers autochtones agréés. Mais il y a 633 Premières nations. Il est dur de combler ce vide et d'offrir la formation nécessaire.
Je lisais un article du Globe and Mail du 26 février 2012 où l'on vous citait disant que vos membres étaient d'accord avec le projet de loi C-27, la Loi sur la transparence financière des Premières nations. Vous disiez également:
« Nous sommes d'accord, » a-t-il dit. « Nous croyons à la responsabilité. »
Je suis d'accord avec cette position, mais lorsque l'on regarde les problèmes...
J'ai dû faire des enquêtes dans des réserves des Premières nations. Premièrement, ce n'est pas amusant d'essayer de comprendre les pratiques et les... Je ne suis pas vérificateur. Je ne suis pas très... Disons que je suis bon, mais d'examiner des vérifications financières...
Si je pense à ce qui s'est passé en Colombie-Britannique en 2004 et 2009 avec la Première nation Anahim. Sur cinq ans, 284 000 $ de salaires, de primes et de frais de contrats ont été dépensés par le chef; 111 000 $ ont été dépensés pour le remboursement de salaires pour des déplacements, parfois sans les documents justificatifs nécessaires; 28 000 $ ont été payés à la famille du chef; 21 000 $ des fonds de la bande ont été utilisés par le chef et le conseil pour acheter des véhicules; et 10 000 $ de frais de location ont été remboursés au conseil pour la location des véhicules que la bande avait achetés.
Voilà où je veux en venir. Vous avez dit, comme M. Seeback l'avait dit, qu'il y a des gens des Premières nations qui ont demandé des renseignements que le chef et le conseil ont refusé de divulguer. Les gens essaient; ils passent par la Loi sur l'accès à l'information et la protection des renseignements personnels. En vertu de l'article 10 de la Loi sur les Indiens, ils doivent divulguer leur identité.
Ils ont peur pour leur bien-être, pour leur sécurité, à cause des représailles, comme pour les maisons, ou d'autres conséquences, comme pour les emplois, ou pour leur famille qui pourrait être punie ou même des menaces physiques à leur sécurité.
Je regarde tout ça et je... C'est mélangeant. C'est un point très, très sensible pour lequel, oui, votre témoignage d'aujourd'hui pourrait être utile.
De quelle façon, le cas échéant, est-ce que le projet de loi pourrait modifier les relations actuelles des Premières nations avec la reddition de comptes?
J'espère que nous pourrons obtenir des éclaircissements à ce sujet.
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Merci beaucoup de votre contribution.
Je pense qu'il est bien pour les membres d'en face de parler de reddition de comptes et de transparence, mais c'est tout ce qu'ils font. Encore une fois, s'il y a eu 200 plaintes, il n'a pas encore été déterminé si ces plaintes venaient d'une personne, de deux ou bien de trois. Pour dire que nous agissons en réaction à ces plaintes sans faire preuve de véritable transparence, à savoir combien de personnes ont porté plainte, je pense alors qu'on ne se dirige pas dans la bonne direction. On ne dispose pas de l'information nécessaire pour être en mesure de prendre une décision sur un projet de loi aussi important.
Vous avez répondu à une question que je voulais poser, c'est-à-dire si le projet de loi se traduirait par une réduction des exigences en matière d'établissement de rapports. Si je me souviens bien dans votre rapport initial, vous avez signalé que cela augmenterait en fait le fardeau administratif.
M. Clarke a mentionné toutes ces dépenses qui ont été encourues, dont certaines pourraient avoir été remboursées. Toutefois, je pense que si l'on examine la question d'une Première nation à une autre — et cela dépendrait d'un chef à l'autre ou d'un conseil à l'autre s'ils participent activement à d'autres activités —, on ne peut pas vraiment dire « eh bien, il a dépensé 30 000 $ tandis que celui-là n'a dépensé que 10 000 $. » Un chef peut avoir été très actif. Je pense qu'il faut être très prudent sur la façon dont ces dépenses sont calculées.
Il y a un élément ici qui suggère qu'on pourrait leur refuser du financement s'ils ne divulguent pas cette information et qu'elle ne paraît pas sur le site Web. Si quelqu'un a fourni toute l'information requise par un ministère pour démontrer qu'il a en fait utilisé l'argent de façon judicieuse, je me demande s'il faut alors leur refuser du financement qui leur permettrait de continuer de vaquer aux activités quotidiennes de leur Première nation. Est-ce que cela s'est déjà produit à l'échelle municipale, par exemple, ou une municipalité n'a pas présenté de ventilation pour des dépenses sur son site Web. Doit-on alors leur refuser du financement? Pensez-vous que cela se compare?
Selon l'information que vous avez présentée, c'est comme si cela ne se comparerait pas à ce qui se produit déjà sur le terrain, et c'est en quelque sorte discriminatoire.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie les témoins.
Tout d'abord, je déplore que ces interventions de cinq ou sept minutes ne nous donnent pas suffisamment de temps pour vous féliciter pour le travail important que vous effectuez. J'ai déjà été conseiller juridique pour bon nombre de communautés et organisations des Premières nations. Je connais très bien l'importante contribution que vous faites au travail des communautés membres, certainement pour ce qui est de la transparence, de même que pour la reddition de comptes, du côté financier.
Revenons à une question que j'ai posée il y a quelques séances, à un autre témoin. Je pense que mon collègue, M. Wilks, a en fait mention plus tôt.
Messieurs, j'ai l'impression que la valeur de cet exercice est attribuable en partie au fait que bon nombre des communautés des Premières nations font de leur mieux pour répondre aux exigences de déclarations du ministère et que les membres de leur communauté profitent directement de cette divulgation aussi. J'ai posé la question: Dans bon nombre de ces cas, peut-être la majorité, est-ce qu'il ne s'agit pas pour le chef et le conseil de déclarer certaines choses tournant surtout autour de la rémunération et des dépenses? Un exercice de clarté accrue a eu lieu grâce à des modifications apportées par la Première nation Whitecap et nous envisageons sérieusement de faire de même, comme gouvernement. Les renseignements sont fournis à la communauté pour éviter toute confusion, ou tout malentendu ou des questions non fondées.
Autrement dit, les renseignements sont donnés pour la protection du conseil, mais je ne pense pas que cela lui rende bien justice. Il s'agit de reddition de comptes de la part des membres élus qui donnent ces renseignements.
Est-ce ce qu'il vous en semble, Terry?