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La 10
e réunion du Comité permanent des opérations gouvernementales et des prévisions budgétaires de la 41
e législature est ouverte.
Aujourd'hui, nous sommes réunis pour étudier l'efficacité du Bureau des petites et moyennes entreprises et du programme canadien pour la commercialisation des innovations.
Nous accueillons aujourd'hui des témoins, dont Monica Preston, présidente d'AMITA Corporation. Bonjour.
Nous accueillons également Lianne Ing, vice-présidente de Bubble Technology Industries Inc., qui n'est pas encore arrivée. Mais nous avons M. Karna Gupta, président et directeur général de l'Association canadienne de la technologie de l'information. Soyez le bienvenu, monsieur Gupta.
Avant de commencer, monsieur McCallum, vous avez une question.
Je pense que vous savez, monsieur McCallum, qu'il n'est aucunement possible de débattre d'un avis de motion; alors, nous allons simplement le classer pour étude ultérieure.
Bonjour, madame Lianne Ing. C'est un plaisir de vous avoir parmi nous. Nous étions sur le point de commencer la déclaration liminaire des témoins et ensuite, nous passerons aux questions.
Aimeriez-vous suivre un ordre particulier? Peut-être que Monica Preston, présidente d'AMITA Corporation, serait première en lice. Ce serait un point de départ.
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Certainement, il n'y a pas de problème.
Bonjour à tous. Je m'appelle Monica Preston. Je suis président d'AMITA Corporation et une des trois propriétaires d'AMITA and WorldReach Software, qui est une filiale d'AMITA Corporation.
J'aimerais d'abord remercier le comité de m'avoir invitée ici aujourd'hui. C'est un honneur de comparaître devant vous et de vous offrir mon aide de quelque façon que ce soit.
AMITA Corporation est une entreprise qui oeuvre dans le domaine de la sécurité publique et de la gestion des urgences; elle offre des solutions logicielles commercialisées et novatrices, des services de technologie de l'information et une expertise dans les programmes de recherche et développement.
AMITA est une entreprise canadienne créée en 1991 qui, à ses débuts, comptait trois employés. L'entreprise a grossi avec le temps. Je suis fière de dire que nous avons maintenant plus de 85 employés. AMITA a pu connaître son succès international grâce à une vision solide et à des travailleurs canadiens acharnés.
L'aide du gouvernement du Canada est essentielle, non seulement pour notre entreprise, mais pour toutes les petites et moyennes entreprises. L'expérience de mon entreprise avec le Bureau des petites et moyennes entreprises et le programme canadien pour la commercialisation des innovations a été positive. À l'heure actuelle, nous sommes en train de terminer le travail de conclusion de marché lié à notre sélection en « première étape » du PCCI, et notre expérience avec les processus de demande et d'approvisionnement s'est, elle aussi, révélée positive.
Le processus du PCCI est très simple. Les attentes à l'égard des entreprises sont énoncées très clairement. Ce programme nous a également donné un incitatif direct pour apporter un nouveau produit sur le marché.
Une chose que j'aimerais que le comité prenne en considération dans le cadre de la présente étude d'efficacité, c'est l'effet énorme que l'appui du gouvernement du Canada peut avoir sur une petite ou moyenne entreprise. AMITA en est la preuve.
En 1998, notre entreprise a commencé à commercialiser un produit pour la gestion consulaire. Il a été conçu pour le ministère des Affaires étrangères et du Commerce international, et cette solution a été déployée au Canada et, aujourd'hui, elle est utilisée dans toutes les ambassades et missions canadiennes dans le monde.
Nous avons eu de la chance à ce moment-là que notre parrain et champion au MAECI nous ait appuyés et endossés auprès d'autres pays qui se sont informés au sujet de notre entreprise et de nos produits. Sept pays utilisent maintenant notre produit WorldReach.
Une entreprise comme AMITA possède de nombreuses innovations qui en sont à l'étape de précommercialisation. Pour passer à l'étape de la commercialisation, un élément clé pour les ventes futures, c'est une solide référence du gouvernement du Canada. Dans la situation que nous avons vécue avec le ministère des Affaires étrangères et du Commerce international, nous avons eu cet appui et cela nous a aidés à faire croître notre entreprise et à créer plus d'emplois pour les Canadiens ce qui, en retour, a renforcé l'économie canadienne.
À mon avis, les petites et moyennes entreprises constituent une partie importante d'une économie en santé. L'appui direct du gouvernement aux petites et moyennes entreprises, par l'intermédiaire de programmes et de bureaux gouvernementaux comme le PCCI et le Bureau des petites et moyennes entreprises, aura pour effet de contribuer à une économie canadienne plus durable et en meilleure santé.
Merci beaucoup.
Bonjour, monsieur le président et membres du comité. Merci de m'avoir invitée devant vous aujourd'hui pour parler de l'expérience de notre entreprise concernant le programme canadien pour la commercialisation des innovations.
Je vais d'abord dire un mot au sujet de notre entreprise. Bubble Technology Industries a été fondée en 1988 et son siège social est situé dans la région rurale de Chalk River, petite ville située à environ deux heures à l'ouest d'Ottawa.
Nous sommes une entreprise plutôt unique qui compte 50 employés, qui appartient entièrement à des intérêts canadiens et qui offre des produits, des services et de la recherche principalement dans les domaines de la détection des rayonnements et des explosifs.
Bien que nous soyons une petite entreprise, nous avons un grand rayonnement. Nous avons plus de 400 clients dans 25 pays différents et nous avons mené plus de 100 programmes de recherche pour des clients de partout dans le monde et d'ici, au Canada. Notre technologie a été utilisée pour protéger des personnes et les infrastructures dans de nombreux grands événements, dont l'inauguration présidentielle américaine, le Super Bowl, les Séries mondiales et les Olympiques. Nos détecteurs de rayonnements ont été utilisés au Japon pour protéger les travailleurs dans les efforts récents de sauvetage de la centrale électrique de Fukushima. Notre technologie a été embarquée à bord d'une douzaine de missions spatiales pour appuyer la recherche visant à protéger les astronautes des dangers des rayonnements et elle est également utilisée pour protéger les membres d'équipage de sous-marins nucléaires déployés en mer.
Ces réalisations ont été rendues possibles grâce à une équipe exceptionnelle de gens avec qui j'ai l'honneur de travailler. Notre personnel a une formation et des compétences très poussées, une expertise multidisciplinaire en science, en génie et dans la fabrication. La base de notre succès, c'est notre capacité de faire jaillir une idée et ensuite, de lui faire franchir toutes les étapes de la recherche, du développement, de la production et du déploiement.
Nous avons pris connaissance de l'existence du programme pilote PCCI en septembre 2010, au moment où le Bureau des petites et moyennes entreprises a lancé cette initiative. À ce moment-là, nous avons évalué notre portefeuille de technologies et présenté une proposition en novembre 2010 pour un dos-d'âne détecteur de rayonnements dont le développement avait été assuré par le biais d'un investissement interne de l'entreprise, mais qui n'avait pas encore été commercialisé. Plus particulièrement, cette technologie s'inscrivait dans le secteur prioritaire « sécurité et protection » du PCCI en mettant à la disposition des autorités une méthode efficace et facile à utiliser pour déceler la présence de matières radioactives dans les véhicules. En février 2011, nous avons reçu un avis indiquant que notre proposition avait été choisie pour faire partie du bassin de propositions présélectionnées.
Comme vous l'avez entendu dire antérieurement, une innovation sélectionnée dans le cadre du PCCI doit ensuite être jumelée à un ministère fédéral chargé de la mise à l'essai, qui représente un utilisateur final potentiel de l'innovation. Nous avons eu de la chance du fait que plusieurs ministères fédéraux ont manifesté leur intérêt pour cette technologie. En fin de compte, nous avons été jumelés à la GRC comme organisme chargé de la mise à l'essai. À l'heure actuelle, nous avons terminé les discussions contractuelles nécessaires avec TPSGC et nous prévoyons que l'attribution du contrat se fera prochainement.
Le projet lui-même sera d'une durée de 15 mois et comprend la mise à l'essai des prototypes initiaux par la GRC de manière à obtenir une certaine rétroaction rapide de l'utilisateur final sur la technologie. Nous allons utiliser cette rétroaction pour déterminer les modifications à apporter à la conception du produit et les intégrer au besoin, et la GRC aura ensuite la possibilité d'évaluer les prototypes au cours d'une deuxième phase d'essais pour s'assurer que la technologie répond à ses besoins opérationnels.
À titre d'entreprise qui vit essentiellement de l'exploitation de l'innovation et de la technologie, nous avions constaté depuis de nombreuses années qu'au Canada, il y avait un manque de financement entre les étapes de la recherche et de la commercialisation. Le Canada possède un certain nombre de programmes qui encouragent la recherche; cependant, un grand nombre de ces programmes s'arrêtent avant que la technologie soit effectivement exploitée commercialement et, plus important encore, avant que la technologie ait effectivement été transférée à l'utilisateur qui en a besoin.
Dans notre industrie particulière, qui est axée sur les applications dans le domaine de la défense et de la sécurité, l'absence de programmes de financement pour faire franchir à la technologie la dernière étape du processus signifie qu'il y a des premiers intervenants et du personnel militaire qui ne peuvent profiter des avantages des derniers progrès technologiques aussi rapidement qu'ils le pourraient.
De plus, le manque de financement signifie que le Canada ne profite pas de tous les avantages économiques liés à la commercialisation de la technologie, y compris la création d'emplois hautement qualifiés et les avantages liés à des exportations commerciales vigoureuses.
De notre point de vue, la création du programme canadien pour la commercialisation des innovations est un pas dans la bonne direction. Il reconnaît l'importance de soutenir les innovations jusqu'à ce qu'elles soient rendues sur le marché et il permet d'établir un contact entre les entreprises et les ministères fédéraux, qui peuvent fournir une rétroaction utile sur des produits nouveaux et peuvent servir d'acheteurs capables de fournir des références à l'appui des efforts de vente internationaux.
Nous espérons sincèrement que le PCCI pourra survivre et prendre encore plus d'ampleur. À l'heure actuelle, il semblerait que la demande générée par ce programme dépasse largement les ressources disponibles. Typiquement, même une entreprise relativement petite comme la nôtre aura, en tout temps, plus d'une technologie dont l'exploitation commerciale pourrait être accélérée si les ressources étaient disponibles.
Au fur et à mesure que le programme évoluera, il faudra garder trois considérations clés à l'esprit: l'innovation demande du temps; la commercialisation aussi demande du temps; mais plus vite vous pouvez faire les deux, plus grand sera l'avantage concurrentiel.
Le temps de mise sur le marché est déterminant si nous voulons rivaliser efficacement sur la scène internationale, et le temps de mise sur le marché peut être accéléré lorsque les entreprises peuvent compter sur des programmes de financement efficaces, stables, pluriannuels pour appuyer l'exploitation de la technologie.
Je vous remercie de m'avoir donné l'occasion d'exprimer notre point de vue au sujet de ce programme. Je serai heureuse de répondre aux questions des membres du comité.
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Merci, monsieur le président, et merci aux membres du comité, d'avoir invité l'ACTI à vous rencontrer cet après-midi afin de participer à l'étude de l'efficacité du Bureau des petites et moyennes entreprises et du programme canadien pour la commercialisation des innovations.
D'emblée, j'aimerais dire que l'ACTI donne son appui à ces deux initiatives.
Si vous ne le savez pas, l'ACTI est l'association nationale des entreprises de technologie. Nous avons pour membres plus de 300 entreprises au Canada. Certaines sont de grandes entreprises comme CGI, RIM, OpenText et Rogers, mais la très grande majorité d'entre elles sont des petites et des moyennes entreprises. À notre avis, ces entreprises sont d'une importance capitale pour notre industrie à maints égards. Elles représentent l'avenir des technologies de l'information et de la communication.
Le mandat de l'ACTI a toujours été de promouvoir l'environnement des politiques gouvernementales, de présider à la croissance véritable de notre industrie et du secteur du savoir en général. Notre mandat principal est de s'assurer que l'industrie des TIC est vigoureuse, innovatrice et concurrentielle; que l'on fait une utilisation plus rapide des outils de TIC permettant d'augmenter la productivité; que nous avons un régime d'affaires avec le secteur public qui est progressiste et équitable; que nous faisons la promotion de la santé en ligne; que nous avons un régime réglementaire intelligent et un bassin de talents en TIC qui est solide et concurrentiel.
J'espère qu'aujourd'hui, je serai capable de démontrer que le BPME et le PCCI permettent de faire progresser tous ces objectifs et d'assurer la promotion d'une industrie des TIC vigoureuse, innovatrice au Canada tout en appuyant la nécessité d'un régime d'affaires avec le secteur public progressiste et équitable.
En ce qui concerne le BPME, en 2005, ce bureau a été un des principaux contributeurs à l'important dialogue qui a eu lieu entre la communauté des fournisseurs de TIC et le gouvernement fédéral par l'intermédiaire des comités des affaires avec le secteur public de l'ACTI. Il a également participé à divers autres programmes et discussions que nous avons eus pendant cette année-là.
Il appuie notre conviction profonde que le régime d'approvisionnement du secteur public canadien doit jouer un rôle stratégique dans la promotion de l'ingéniosité canadienne au sein des petites entreprises et des entreprises naissantes. À notre avis, il joue un rôle essentiel pour s'assurer que le marché des TIC du secteur public, d'une valeur de 7 milliards de dollars, est accessible à tous. En ce qui concerne le PCCI, c'est l'instrument clé qui permet au bureau de remplir son rôle dans le cadre du programme canadien pour la commercialisation des innovations prévu dans le budget de 2010.
Depuis le début de 2005, l'ACTI avait des discussions avec le gouvernement au sujet de la nécessité d'un programme. Lorsque le PCCI a été annoncé, il était clairement conçu comme un instrument de politique à l'appui de l'innovation plutôt qu'un instrument d'approvisionnement.
À notre connaissance, plusieurs entreprises ont participé à ce programme et en ont profité. Nous appuyons entièrement l'annonce faite en juillet, le deuxième avis de manifestation d'intérêt, et nous encourageons activement nos membres à participer à ce programme.
Je m'en voudrais de ne pas faire de commentaires à la suite de la publication du rapport Jenkins hier.
Mesdames et messieurs, on y précisait que le processus de commercialisation mène à de nouvelles innovations. Premièrement, évidemment, vous commencez avec une idée. Ensuite, vous appliquez le savoir d'un solide bassin de talents pour le développement d'un prototype et vous trouvez un client pour la mise à l'essai. Ensuite, vous prenez les enseignements tirés de ces essais et vous débutez le processus de commercialisation. À cette étape, vous avez besoin d'une injection de capitaux pour maintenir le projet en vie et poursuivre le processus. Et enfin, vous avez besoin d'un accès au marché local et au marché mondial.
La volonté du gouvernement canadien de jouer un rôle central dans ce processus par l'intermédiaire de programmes structurés est déterminant pour la petite entreprise. Il s'agit également d'une politique publique sage.
Je ne saurais insister davantage sur l'importance du PCCI aux yeux de l'ACTI. La seule recommandation que je pourrais formuler pour son amélioration serait d'en faire un élément permanent de la politique canadienne en matière d'innovation.
À cet égard, nous sommes d'accord avec le groupe d'experts dont le rapport a été rendu public hier. Son appui au PCCI et ses suggestions sur la façon de le renforcer méritent d'être soulignés ici.
L'ACTI considère sa relation avec le BPME comme très précieuse. L'an dernier, nous avons mis sur pied un programme ingénieux visant diverses petites entreprises. À cet égard, achatsetventes. gc.ca, le programme gouvernemental, devient un des finalistes dans cette catégorie. Il établit la pratique exemplaire pour les entreprises de petite et moyenne taille qui se proposent de construire leur propre programme Web, des portails tournés vers l'extérieur.
En conclusion, je veux simplement réitérer l'appui solide de l'ACTI au Bureau des petites et moyennes entreprises. Nous nous sommes engagés à fournir tout l'appui dont il pourrait avoir besoin dans ses programmes et, si la chose est nécessaire, de faire des consultations actives pour en améliorer davantage l'efficacité.
Merci, monsieur le président.
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Merci beaucoup, monsieur le président. Je remercie également nos invités d'être présents.
Je dois dire d'emblée, madame Ing, que si vous contribuez de quelque façon que ce soit au succès du Super Bowl, vous avez déjà toute mon estime et mon admiration. Je veux également dire que je suis très heureux du succès de votre petite entreprise. Je pense que ce succès n'est pas étranger à votre présence ici aujourd'hui.
J'aimerais prendre quelques minutes pour brosser un tableau plus large de la situation des innovations et de la recherche et développement au Canada. Selon les chiffres de l'OCDE, en 2008-2009, le Canada était le cancre de l'OCDE en ce qui concerne l'investissement direct en recherche et développement. Nos entreprises sont au dernier rang, ce qui a des conséquences sur le fait qu'on est à la traîne sur le plan du dépôt de brevets comparativement à nos concurrents de l'OCDE et sur le plan de l'obtention de doctorats.
Je veux aussi tracer un portrait plus large, qui dépasse ce que le Bureau des petites et moyennes entreprises peut faire et qu'on applaudit, évidemment. En effet, l'investissement des entreprises elles-mêmes en recherche et développement stagne depuis 2000. Il était à 1 p. 100 du PIB en 2000, avant de monter un peu à 1,3 p. 100 en 2001. Ensuite, il est redescendu jusqu'à 1 p. 100 en 2009.
Selon vous, que pourrait faire le gouvernement? Ne pourrait-il pas faire mieux sur le plan du soutien aux entreprises, mieux les aider à investir en recherche et développement et mieux les soutenir par des subventions directes en recherche et développement puisque notre pays est celui qui fait le moins bien à cet égard au sein de l'OCDE?
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Merci, monsieur le président.
Merci aux témoins.
Je tiens tout d'abord à vous féliciter d'avoir été acceptés dans le Programme canadien pour la commercialisation des innovations, que l'on connaît aussi sous son acronyme PCCI. Les entrepreneurs canadiens attendaient ce programme depuis bien longtemps. Nous avons l'année des entrepreneurs, mais nous célébrons aussi la semaine de la petite entreprise. Nous félicitons donc que les propriétaires de petites entreprises. Comme mon collègue y a fait allusion, elles sont le moteur de notre économie.
J'ai déjà été dans les affaires et je sais ce que c'est que de se rendre compte qu'il reste beaucoup plus de mois que d'argent dans l'exercice et de chercher par quels moyens on va pouvoir verser les salaires. Et vous faites la fête lorsque les choses vont bien. C'est un peu comme avoir un rêve et en faire une réalité. Je vous applaudis pour l'innovation et la créativité dont vous faites preuve.
L'un des défis auxquels on a fait allusion est qu'au Canada, nous ne réussissons pas aussi bien que nous le devrions à commercialiser les concepts ou à faire passer un produit de l'étape du brevet à celle de la production, puis à celle de la rentabilité. C'est l'une des raisons pour lesquelles nous menons cette étude, pour trouver des moyens de faire prospérer les petites et moyennes entreprises.
J'aimerais donc vous demander tout d'abord comment, d'après votre expérience du BPME et du PCCI, vous avez pris connaissance du projet et du programme. Est-ce que le processus de demande était lourd la première fois ?
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Je crois en l'amélioration permanente de tous les programmes et que ceux-ci peuvent toujours être perfectionnés. Je pense que l'approche qui a été adoptée était la bonne. Plutôt que d'essayer de planifier chaque petit détail, en théorie, il vaut mieux lancer un projet pilote et le perfectionner au fur et à mesure des résultats qu'il donne.
Par rapport à des améliorations précises, le processus de propositions a été pour nous, comme je l'ai mentionné, très simple et très transparent. Et comme l'a déclaré Mme Preston, le point central, pas seulement pour ce programme en particulier, mais de façon générale, serait de rationaliser et d'accélérer systématiquement le processus contractuel, une fois que le programme a été accepté.
De notre point de vue, il s'agit d'une technologie novatrice. Nous aimerions la voir arriver sur le marché avant que d'autres n'aient la possibilité de le faire. Ainsi, plus vite nous pouvons commencer le travail, mieux c'est.
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Peut-être pourrais-je ajouter un commentaire dans une perspective légèrement différente. Je ne connais pas tous les détails du programme, mais j'en connais les éléments qui pourraient nous être utiles. Je pourrais donc les formuler et vous pourriez me dire s'ils correspondent ou non au programme.
L'une des choses que j'ai remarquées l'an dernier à l'occasion de l'examen des programmes et de l'examen stratégique, c'est qu'il est plus difficile d'intéresser les ministères aux innovations au moment où ils sont très occupés. Il serait donc très utile que l'on encourage les directeurs généraux et les directeurs au gouvernement à appuyer l'innovation. Il s'agirait, par exemple, de trouver un service qui accepterait de procéder aux tests et donnerait de la rétroaction en dépit des priorités dont il doit s'occuper au jour le jour. Des mesures incitatives seraient très utiles.
J'aimerais que l'on donne quelques éclaircissements sur les politiques relatives à la propriété intellectuelle et sur les politiques du Conseil du Trésor élaborées à l'interne en la matière, car cette notion fait l'objet de beaucoup de confusion. Cela est important dans le contexte du PCCI. J'aimerais que les fonctionnaires, au niveau des directeurs et des directeurs généraux, comprennent le concept de propriété intellectuelle, ce qu'il signifie réellement, et comprennent aussi les politiques du Conseil du Trésor en la matière.
Nous avons parlé des processus d'approvisionnement et de la volonté de les rationaliser le plus possible. J'aimerais ajouter qu'il serait souhaitable que le gouvernement comprenne les capacités qu'ont à offrir les petites et moyennes entreprises. Nous voyons souvent de grands programmes destinés à de grandes entreprises. Le gouvernement pense qu'il faut accorder la priorité à ces dernières parce qu'il y a beaucoup d'argent en jeu. Je pense que si le gouvernement connaissait bien les capacités des petites et moyennes entreprises, il trouverait peut-être un meilleur moyen de les intégrer à ses plans.
Je ne peux pas répondre à propos du programme en particulier parce que je n'en connais pas tous les détails. Je pourrais cependant vous signaler les points que nous aimerions voir corriger et dont le programme pourrait peut-être traiter.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie les trois témoins d'être parmi nous.
Mes félicitations à vous, mesdames Preston et Ing, pour votre esprit d'entreprise. Monsieur Gupta, transmettez également aux nombreux membres de votre association mes félicitations pour leur esprit d'entreprise à eux aussi.
À ma connaissance, personne ici présent ne condamne les deux programmes, mais j'ai l'impression qu'ils sont mal adaptés à l'échelle des problèmes qu'affronte le Canada.
Je crois me souvenir que l'un ou l'une des porte-parole du Bureau des petites et moyennes entreprises nous a dit que le bureau homologue, aux États-Unis, possédait de 40 à 100 fois plus d'employés, je ne me souviens pas du nombre exact. Et vous, madame Ing, je pense que vous avez dit que, pour le financement, il y avait beaucoup plus d'appelés que d'élus, et vous nous en avez donné une douzaine d'exemples. Tout cela, c'est bien beau, mais cela ne se compare pas aux défis que nous devons affronter, les très faibles niveaux de la R-D auxquels un des membres du comité a fait allusion et les difficultés presque insurmontables de financement.
Dans le rapport du groupe d'experts publié hier, on peut lire, et permettez-moi d'en citer un petit passage:
Les entreprises innovantes du Canada se heurtent à des difficultés réelles lorsqu'elles cherchent à obtenir des fonds de prédémarrage et du capital de risque aux stades ultérieurs de développement. Ce sont souvent des investisseurs étrangers qui comblent ce manque; ainsi, une part trop importante des bénéfices commerciaux et de la propriété intellectuelle finit par quitter le pays. Demander à la BDC de travailler avec des groupes d'anges financiers et de créer des fonds de capital de risque et de capital de croissance aux stades ultérieurs de développement rapportera des dividendes.
J'ai l'impression qu'on a enjoint au groupe d'experts de ne pas dépenser davantage, tout considéré, et qu'il dit de consacrer moins d'argent aux subventions à la RS-DE, aux crédits d'impôt et aux prêts ou investissements directs plus ciblés qui sont accordés par des organismes tels que la BDC. La RS-DE, c'est trop complexe, et, avec elle, on s'en remet au hasard du petit bonheur. D'autres pays ont eu plus de succès avec l'approche plus directe, et nous avec la BDC.
Puis-je demander à chacun de vous de me dire si vous êtes d'accord avec la proposition de consacrer davantage de fonds disponibles à l'action directe de la BDC?
Peut-être que M. Gupta...
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Merci d'être avec nous aujourd'hui.
J'ai quelques questions sur l'évolution du cycle d'un produit. Les sociétés font de la recherche fondamentale sans but pratique; ensuite, parfois, elles prennent un brevet; puis, elles développent un produit.
Pourriez-vous décrire le processus de votre collaboration avec le PCCI? Il semble que vous n'aviez pas nécessairement de produit fini ou que, pour chacun des exemples que vous avez mentionnés, on vous a fait part d'un ensemble rigoureux d'exigences à satisfaire, au ministère des Affaires étrangères, puis, en ce qui concerne la détection du rayonnement, etc., et que le PCCI a poursuivi avec vous le travail pour perfectionner le produit.
Pouvez-vous décrire comment cela fonctionne? On ne semble pas avoir exigé quoi que ce soit de vous dans aucun de ces cas; il s'agissait essentiellement de répondre à une demande de propositions.
Pourriez-vous décrire les modalités de votre collaboration? À quel point du cycle de votre produit et de votre service le PCCI est-il intervenu, et comment cela vous a-t-il aidée?
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Le PCCI diffère quelque peu d'une demande traditionnelle de propositions, en vertu de laquelle un ministère cerne un besoin précis et, par conséquent, un ensemble précis d'exigences en matière de technologie.
Les gestionnaires du PCCI n'ont pas précisé le type de technologie qu'ils recherchaient. Le programme s'adresse essentiellement aux PME et on leur demande lesquelles de leurs technologies sont parvenues à un niveau minimum de maturité mais pas encore à celui de la commercialisation.
Pour nous, il a suffi, à la réception de la demande de propositions, d'examiner notre portefeuille de technologies et de déterminer celles qui étaient assez mûres pour être testées par un ministère, mais qui n'avaient pas encore été vendues. À partir de la liste ainsi constituée, nous avons procédé par élimination pour n'en retenir qu'une, que nous avons présentée.
Je pense que cette façon de procéder est valable, si le but du programme est de stimuler la capacité des PME à commercialiser l'activité, parce qu'elle permet à un échantillon très représentatif d'entreprises de répondre en présentant la technologie qui, à leur avis, est la plus prometteuse, la plus rentable ou dont l'impact sera le plus fort pour elles.
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Chez AMITA, nous possédions une solution pour la gestion des épidémies au début d'une flambée. Elle s'inspirait du rapport de la commission nommée sur le syndrome respiratoire aigu sévère (le SRAS) et elle reposait sur la capacité de gérer l'information à ce moment-là, au début d'une épidémie, quand personne ne sait vraiment de quoi il s'agit. Le SRAS a semé l'inquiétude, fait des victimes et, bien sûr, vraiment nui à l'économie. Nous avions une solution pour cette période d'impuissance, et nous l'avons proposée.
Elle est complexe, car il faut l'intégrer dans le système de santé. La possibilité de la mettre à l'épreuve avec un ministère fédéral, puis de parvenir d'une certaine manière à obtenir la participation des provinces et des municipalités présente un intérêt certain pour nous — c'est-à-dire celui d'éprouver notre solution et de vraiment évaluer son efficacité.
Par exemple, on pourrait l'appliquer dans le cas de l'arrivée d'un navire chargé de réfugiés ou quelque chose comme ça; ou des épidémies de C. difficile qui gagnent du terrain, ce qui s'est vu récemment. Toutes sortes de choses comme ça.
C'est donc la solution que nous avons décidé de soumettre à l'examen du programme. Le projet démarre à peine, puisqu'il n'y a pas de contrat, et le test reste encore à faire. Nous serons fixés sur l'efficacité de la solution après que nous aurons vu comment vont les choses.
Pour en revenir au produit qui était destiné au ministère des Affaires étrangères, nous avons dû en changer la présentation pour le vendre. Aucun pays n'était intéressé à acheter toute cette solution complexe. Chacun n'en voulait que des éléments, selon ses besoins. Nous devons également, alors que nous vendons le produit, modifier nos modèles de gestion. Nous devons songer à ce qui rend le produit plus attrayant pour l'acheteur, etc. Beaucoup d'éléments interviennent dans ce cycle de gestion du produit dont vous parlez: ils concernent le produit-même, sa destination, la meilleure façon de le vendre, le meilleur modèle de gestion pour le vendre.
À mesure que le temps passe, dans le domaine de la technologie... Vous avez mentionné l'impact énorme que cela exerce sur nous, parce que nous devons nous adapter à de nouveaux appareils. Dans les hôpitaux, actuellement, des gens utilisent le iPad. Soit nous évoluons assez vite pour garder l'initiative et imposer notre loi, soit nous essayons sans cesse de nous adapter à ces nouveautés.
J'ignore si cela répond à votre question.
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C'est une question difficile. Notre entreprise est quelque peu différente des autres, comme je l'ai mentionné, parce que nous avons une cinquantaine d'employés formés et compétents dans diverses disciplines scientifiques et techniques. Quand ils se réunissent tous pour se remuer énergiquement les méninges, il peut en sortir un certain nombre de bonnes idées. Comme nous sommes petits, nous devons choisir lesquelles retenir pour y investir nous-mêmes ou obtenir du financement supplémentaire pour les transformer en innovations utiles.
En ce qui concerne l'aide à d'autres entreprises dans la même situation, il faut miser sur l'expérience. L'organisation doit trouver une façon de transformer de bonnes idées en des technologies concrètes ou en des prototypes dignes d'être montrés. Arrivé à ce stade, on peut souvent susciter suffisamment d'intérêt ou obtenir d'appuis ou de financement pour une analyse de rentabilisation qui permettra de franchir le dernier pas du processus de commercialisation.
Je pense que chaque entreprise, selon le secteur où elle se trouve, doit essentiellement décider comment privilégier les idées qui doivent être financées, parce que, ordinairement, il est impossible d'essayer d'investir dans toutes celles qu'elle a eues et de les conduire jusqu'au stade de l'innovation.
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Cela dépend vraiment du secteur. Voici donc un exemple.
Chez nos membres, la voie la plus rapide pour la mise en marché d'applications de mobilité consiste à fabriquer rapidement un prototype. Pendant la commercialisation, il faut rapidement le tester avec un client. Si le résultat est concluant, on continue. Sinon, on passe au prototype suivant.
Chez nos clients, qui mettent au point des produits et des solutions d'une nature plus complexe et plus permanente, avec des solutions plus complètes de planification des ressources de l'organisation, il faut un cycle de produit plus long. La construction du prototype prendrait plus de temps. La commercialisation également.
Cela varie donc beaucoup selon le type de produit et selon le secteur. Il y a ensuite les différences de logiciels et de matériel. Un prototype de logiciel serait beaucoup plus rapide à obtenir qu'un prototype de matériel. Pour le matériel, il faut un processus de fabrication, y compris la construction d'un prototype et les tests.
Pour leur adoption rapide, tous ces processus exigent de l'aide. La façon la plus rapide, du moins d'après mon expérience personnelle dans ce domaine, c'est de trouver un client intelligent pour les tests. Sinon l'idée restera très longtemps ce qu'elle est, une idée. Le financement mis à part, le produit doit trouver un utilisateur. Il doit vraiment résoudre un problème commercial. L'idée peut ensuite passer à l'étape suivante.
La construction rapide d'un prototype mène donc très rapidement à la commercialisation. Cela varie beaucoup selon le secteur. Ce n'est pas une réponse valable pour tous les secteurs.
M. Denis Blanchette: Merci.
Monsieur Gupta, votre association, comme vous l'avez décrit, est très diversifiée. Elle compte parmi ses membres des sociétés très importantes comme CGI, Rogers, RIM et OpenText, par exemple ainsi qu'un certain nombre de petites entreprises.
Pour les besoins d'une politique publique, je me demande pourquoi, dans l'éventualité de la création de 50 emplois, soit dans une grande ou une petite entreprise canadienne, le PCCI devrait-il fondamentalement privilégier certains petits membres de votre association plutôt que les membres importants? Quel avantage retire le Canada de la création de ces emplois dans des PME?
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C'est le premier ministère auprès duquel nous avons mis à l'essai cette solution avant de la commercialiser. Nous détenons les droits de propriété intellectuelle.
Pour ce qui est des pourparlers avec un autre pays, c'est un secteur très concentré... Lorsque le Royaume-Uni a voulu acheter notre produit, il lui a été très facile d'obtenir des renseignements: « Que pensez-vous de ce produit? Votre pays l'utilise, notamment ici même à la Maison du Canada à Londres. Pourrait-on avoir une démonstration sur place? Nous aimerions savoir ce que votre personnel en pense. »
Il s'agissait bien sûr d'un bon produit. Nous nous attendions à des commentaires positifs de la part des utilisateurs. Ils se sont montrés favorables, ce qui est devenu très avantageux pour nous. S'ils n'avaient pas voulu faire de commentaires en tant que premiers utilisateurs ou, pire encore, s'ils avaient affirmé que le produit n'intéresse pas le gouvernement du Canada, je crois que ces propos auraient été lourds de conséquences auprès d'une communauté internationale qui n'est sans doute pas toujours portée à encourager les entreprises canadiennes.
Est-ce bien ce que vous cherchiez à savoir?
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Lorsqu'on veut évaluer le taux de réussite, il est important de faire la distinction entre les processus d'innovation et de commercialisation.
Dans une démarche d'innovation, il faut que le gouvernement soit disposé à financer les efforts de recherche requis, sans nécessairement avoir une garantie de résultat. C'est la nature même de la recherche; elle est assortie de risques techniques, et l'analyse de ce qui n'a pas fonctionné a aussi une valeur du point de vue scientifique.
Une fois rendue à l'étape de la commercialisation, la technologie est déjà destinée à une utilisation bien précise. Dans le cadre du PCCI, la technologie est mise à l'essai auprès d'un ministère pilote. C'est toujours bon signe lorsque ce ministère finit par adopter la technologie pour l'utiliser pendant les années qui suivent sa mise à l'essai.
J'estime que le financement du PCCI nous est d'un grand secours en nous permettant de faire valoir les mérites d'une nouvelle technologie à un utilisateur potentiel. Mais je ne voudrais pas que la démarche prenne fin avec cette démonstration; il s'agit bien sûr ici de se servir de la mise à l'essai comme tremplin pour de nouvelles ventes. Je crois que l'adoption de la technologie par ces ministères est une bonne indication de sa réussite future.
J'aimerais revenir à ce dont je parlais tout à l'heure en essayant de formuler ma question de façon un peu plus claire. Il y a plusieurs éléments qui ressortent du rapport publié hier, mais je vais me limiter à trois d'entre eux. Dans chacun des cas, j'aimerais savoir si vous êtes d'accord.
À l'heure actuelle, le gouvernement dépense environ 7 milliards de dollars par année dans ces secteurs. Comme il doit maintenir ce niveau de financement, c'est une question de réaffectation des fonds. Compte tenu du contexte, vous pourriez soutenir que nous devrions investir davantage mais, dans la conjoncture économique actuelle, on peut peut-être se compter chanceux de conserver ce qu'on a déjà.
Les paiements au titre du programme des RS&DE comptent maintenant pour la moitié de ces dépenses, soit 3,5 milliards de dollars sur les 7 milliards de dollars. Cette très forte dépendance à l'égard des incitatifs fiscaux indirects par rapport aux dépenses directes place le Canada dans une situation pour le moins particulière. On propose de réduire à long terme les possibilités de remboursement dans le cadre du programme de la RS&DE. Les économies ainsi réalisées seraient transférées à la Banque de développement du Canada (BDC) pour permettre des subventions, des dépenses ou des investissements directs aux fins du capital de risque aux stades ultérieurs de développement et des fonds de prédémarrage. Si vous croyez aux forces pures du marché, c'est une solution qui risque de vous déplaire car il peut s'agir de demander à un organisme public de désigner des gagnants et des perdants, par opposition au système fiscal qui lui est neutre. Mais d'autres pourront aussi faire valoir que ce système fiscal n'est pas terriblement efficace et qu'il tire un peu dans toutes les directions.
On propose enfin de rendre permanent le PCCI en lui permettant de prendre de l'expansion. D'après ce que nous avons pu entendre aujourd'hui, je crois que vous serez tous en faveur de cette suggestion.
Je vous demande donc si vous êtes d'accord, sur le principe ou à la lumière de votre propre expérience, avec la proposition voulant que l'on réduise dans une certaine mesure les sommes consacrées au programme de la RS&DE en se servant des économies réalisées pour offrir davantage, par le truchement de la BDC, de financement au prédémarrage et aux stades ultérieurs de développement.
Monsieur Gupta.