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Bonjour, mesdames et messieurs.
Je tiens à remercier M. Girard et les membres du comité de m'avoir invité à témoigner aujourd'hui. Je me réjouis de pouvoir vous décrire l'expérience du gouvernement de l'Ontario au sujet des services partagés de TI.
C'est en ma qualité de directeur général de l'information pour la fonction publique de l'Ontario que je m'adresse à vous aujourd'hui. Services partagés Canada m'a invité à faire partie de son conseil consultatif, mais je n'ai pas encore participé à des réunions.
J'oeuvre dans le domaine des TI depuis 30 ans. Au fil des années, j'ai collaboré à de grands projets au sein des secteurs privé et public, et j'ai aussi travaillé dans le secteur financier et dans l'industrie du développement de logiciels. Je travaille maintenant pour le gouvernement de l'Ontario.
Mes affectations m'ont amené à travailler un peu partout dans le monde, en commençant par l'Irlande du Nord, évidemment, car j'y suis né et j'y ai grandi. Après un séjour au Canada, je suis allé aux Bermudes et je suis retourné au R.-U. avant de revenir au Canada. J'ai donc voyagé un peu partout.
J'ai joué un rôle déterminant dans la technologie de la transformation vers un modèle de services partagés de TI, et je suis heureux de pouvoir vous communiquer aujourd'hui les leçons que j'ai tirées de cette expérience.
En 1998, l'Ontario a mis en oeuvre une stratégie visant à utiliser la technologie de l'information pour promouvoir la vision du gouvernement et assurer la souplesse, l'adaptabilité et l'innovation dans la prestation des services publics. À l'époque, le gouvernement avait reconnu que sa capacité en matière de technologie de l'information ne pouvait pas répondre aux orientations stratégiques et aux exigences croissantes. La stratégie consistait en un plan global visant trois objectifs.
Le premier objectif était d'investir dans une infrastructure commune. Le gouvernement ne pouvait plus se permettre de gérer plusieurs infrastructures de TI et cloisonnements d'information, et avait besoin du service amélioré et des coûts moindres associés à une infrastructure commune.
Le deuxième objectif était d'élaborer des politiques et des normes appropriées. Les processus en place pour l'élaboration de politiques et de normes étaient lents, complexes et dépassés, et ne permettaient pas de passer à une infrastructure commune.
Le troisième et dernier objectif de la stratégie était d'assurer la mise en place de la gouvernance, de la structure et de la reddition de comptes nécessaires pour répondre aux besoins futurs.
Une approche a été adoptée pour fournir des services de technologie de l'information à des regroupements opérationnels plutôt qu'à des ministères pris individuellement. Un regroupement opérationnel a été défini comme un regroupement de programmes et de services gouvernementaux ayant des thèmes communs, destinés à des clients présentant des intérêts et des besoins semblables et qui pouvaient être appuyés efficacement par des services de soutien communs ou similaires.
Des directeurs de l'information des regroupements opérationnels, relevant à la fois du sous-ministre et du dirigeant principal de l'information pour la fonction publique, ont été nommés. Le rôle du Conseil de gestion du gouvernement — un comité ayant des fonctions semblables à celles de votre Conseil du Trésor — comme surveillant de la stratégie et des initiatives de TI a été renforcé, et un comité amélioré de sous-ministres a été créé pour accroître la coordination et l'orientation au sein du gouvernement. Le poste de directeur général de l'information pour la fonction publique a été créé pour gérer la transformation vers une nouvelle organisation des TI axée sur des regroupements.
S'appuyant sur les éléments déjà en place, la stratégie a évolué entre 2005 et 2008. Cela a permis l'intégration globale des ressources de l'infrastructure des TI dans une seule organisation des TI grâce à un investissement de 32 millions de dollars pour la normalisation de l'environnement technologique. Cela nous a permis d'englober la fonction d'infrastructure des TI dans son ensemble et de gérer beaucoup plus efficacement nos ressources.
Les changements ont entraîné une réduction de base permanente de 100 millions de dollars par année. Une transformation majeure a eu lieu sur deux ans. Des centaines d'employés ont été réaffectés, plus de 100 centres de données, grands et petits, ont été fermés, et plus de 1 500 serveurs ont été retirés. En outre, un seul système de courriel et un centre d'assistance en TI commun ont été créés.
Cette transformation de l'infrastructure était essentielle pour assurer l'efficacité future de l'organisation des TI, en plus d'être un succès au plan financier: au cours des deux premières années, nous avons réalisé des économies de 100 millions de dollars par année; elles se répartissaient comme suit.
Nous avons économisé 70 millions de dollars dans l'intégration de l'infrastructure et 2,4 millions de dollars dans la gestion de l'actif. Les changements organisationnels — y compris les réductions de personnel et la réaffectation du travail accompli par des consultants rémunérés à l'acte à des employés à temps plein de la fonction publique — nous ont fait économiser un peu plus de 16,5 millions de dollars. Les composantes, les applications et les services communs — essentiellement, les applications partagées entre les ministères — nous ont permis d'économiser trois millions de dollars. Enfin, diverses autres initiatives nous ont permis d'économiser huit millions de dollars.
Outre notre technologie, nous avons regroupé les compétences et le savoir-faire au sein de centres d'excellence pour la gestion de projets, l'accessibilité, les évaluations des facteurs relatifs à la vie privée et les solutions Microsoft.Net.
En 2009, nous avons créé Services flexibles de TI, un organisme de consultation interne qui assure le recrutement, le perfectionnement et la gestion d'un groupe d'employés de la fonction publique de l'Ontario chargés des TI — par exemple, des gestionnaires de projets, des concepteurs de systèmes et des analystes — qui sont affectés à des projets de TI dans l'ensemble de l'organisation des TI pendant une période donnée. La création de cet organisme a permis d'offrir une solution de rechange aux consultants rémunérés à l'acte et de garder l'expertise à l'interne.
Je ne donnerai qu'un exemple de l'incidence considérable qu'a eue la transformation de l'organisation des TI. Toute la fonction publique de l'Ontario passe de l'environnement Microsoft XP et Office 2003 à Windows 7 et à Office 2010. En 1998, ce changement aurait fait intervenir environ 27 groupes et ministères; en 2006, il en aurait fallu neuf. À l'heure actuelle, cette transformation ne nécessite qu'un seul groupe, soit l'organisation chargée de l'infrastructure.
Même si un élément clé de la transformation de l'organisation des TI était évidemment les économies de coûts, nous avons aussi tiré parti du fait que des changements structurels ont été implantés afin d'amorcer un changement crucial dans la façon dont nos spécialistes des TI perçoivent leur rôle. Plutôt que de se concentrer seulement sur l'entretien et le développement au quotidien des systèmes, nous avons encouragé les employés à ne pas perdre de vue l'objectif ultime de la technologie, lequel consiste à appuyer les secteurs d'activités du gouvernement, et à examiner comment ils pourraient le mieux contribuer à l'atteinte de cet objectif.
Les résultats sont prometteurs. Nous avons constaté un changement considérable d'attitude parmi nos employés, qui reconnaissent maintenant l'importance de se considérer comme des partenaires dans la prestation des services publics.
Ce n'est qu'une description très brève de notre initiative de regroupement jusqu'à ce jour. Il ne fait aucun doute que nous avons grandement optimisé le rendement du capital investi et amélioré l'efficience et l'efficacité de notre organisation des TI, ainsi que notre service aux citoyens et aux entreprises de l'Ontario par la même occasion.
Je serai heureux de répondre à vos questions.
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C'est une question difficile. Je dirais que nous aurions peut-être pu améliorer la façon dont nous avons effectué les changements au sein du personnel. On nous a imposé — et honnêtement, c'était une bonne chose — un échéancier très serré. Nous devions y arriver en deux ans; pendant cette période, 100 millions de dollars en économies ont été récupérés des budgets des ministères. Comme vous le savez, lorsque vous réduisez le budget des ministères, vous devez vraiment prouver que ce n'est pas en vain.
Nous devions donc respecter un échéancier très serré. Ainsi, je pense, en toute honnêteté, que nous avons probablement... Nous avons déplacé près de 1 000 personnes de ces neuf groupements pour les amener dans l'organisme unique. Elles ont trouvé cela très difficile. Elles faisaient toujours leur ancien travail à leur arrivée, car on n'avait pas eu le temps de faire le tri de tout ce qui composait ce gros organisme.
Si nous avions eu plus de temps, nous aurions été mieux préparés pour recevoir les employés dans le nouvel organisme, et je pense que cela leur aurait facilité les choses. Lorsqu'on est disséminé un peu partout dans la province de l'Ontario, et nous étions... Nous avions, par exemple, un groupe qui travaillait pour Ressources naturelles. Les employés s'occupaient des serveurs, des courriels, des ordinateurs portatifs et du soutien informatique, et peut-être aussi des centres d'assistance. Il y avait donc trois ou quatre personnes qui s'occupaient de ces éléments pour un petit bureau. Nous avons évalué la situation et réaffecté, par exemple, la personne qui s'occupait du serveur et celle qui s'occupait des logiciels. Il a été très difficile, surtout au sein des petits bureaux, de déterminer la fonction de chacun.
J'aurais donc aimé accueillir les nouveaux arrivants dans notre organisme de façon un peu plus organisée. Je pense avoir déjà dit — mais je n'en suis pas certain — que l'une des choses qui nous tenaient à coeur, c'était de communiquer en tout temps avec ces gens, pour qu'ils soient au moins au courant de ce qui leur arrivait.
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Si je me réfère à 1998, je dirais que non. Par contre, vers 2006-2007, nous avons commencé à nous rendre compte que l'infrastructure des applications prenait de l'âge, et c'est ce à quoi a référé la vérificatrice générale.
Vers 2008, nous avons lancé un programme qui consistait à faire le recensement de nos applications les plus importantes, et nous avons présenté une proposition au gouvernement selon laquelle nous avions des applications à risque... Nous avons examiné toutes les applications dont se servait le gouvernement, et nous en avons trouvé environ 2 200, réparties entre tous les ministères. Nous avons demandé combien d'entre elles étaient absolument essentielles, c'est-à-dire dont l'élimination aurait des répercussions sur les services offerts aux particuliers et aux entreprises. On nous a fourni une liste de 250 applications considérées essentielles.
Nous avons ensuite évalué le risque associé à chacune, surtout sur le plan technologique, mais aussi un peu sur le plan opérationnel. Pour être franc, nous avons surtout examiné les plus à risque sur le plan technologique. Nous avons recensé 77 applications qui, à notre avis, étaient le plus à risque, c'est-à-dire que si elles arrêtaient de fonctionner, il pourrait être impossible de les remettre en marche. C'était surtout en raison de leur âge. Nous avons demandé des fonds; nous en avons reçu une partie qui nous a permis de commencer à travailler sur ces 77 applications. Ce programme se termine le 31 mars 2012. Aujourd'hui, nous avons réglé le cas de 70 des 77 applications, mais quelques-unes, plus importantes, requièrent plus de temps. On nous a accordé le financement nécessaire et nous y travaillons; elles ont probablement encore environ deux ans à fonctionner.
À mon avis, la consolidation de l'infrastructure n'a pas réglé le problème de la modernisation des applications — ce à quoi la vérificatrice générale faisait précisément référence —, mais après avoir complété ce processus, nous sommes mieux en mesure de veiller à ne plus fonctionner avec du matériel, des systèmes d'exploitation ou des logiciels périmés.
Je ne dirais pas qu'il s'agit d'une corrélation directe, mais le fait d'avoir d'abord consolidé l'infrastructure a certainement engendré des effets positifs.
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Honnêtement, je ne vais pas tenter de vous fournir ces données. Je ne les ai pas sous la main, et je suis certain de ne pas pouvoir vous les fournir de mémoire.
Nous avons d'abord tenté de déterminer le nombre de consultants auxquels nous faisions régulièrement appel, chaque année. Nous avons recours aux consultants pour plusieurs raisons, et nous voulions en tirer le meilleur parti possible. Cela se résume à deux occasions. La première, c'est lorsqu'on travaille sur un projet et que ce genre de travail ne se répétera pas plus tard. La deuxième, c'est lorsque nous avons besoin d'une certaine expertise. Dans ce cas, il est vraiment nécessaire de faire appel à un consultant.
Nous avons tenté de déterminer le nombre de consultants dont nous avions besoin sur une base continue, c'est-à-dire une projection du nombre auquel nous faisions appel chaque année.
J'ai parlé de Services flexibles de TI, qui constitue une très grande partie de ce processus. Nous avons conclu qu'il était nécessaire d'avoir une certaine variabilité lorsqu'on embauchait des gens dans nos regroupements et dans nos projets. Plutôt que de nous adresser à l'extérieur pour recruter ces gens, nous nous sommes demandé pourquoi ne pas créer notre propre service. C'est pourquoi nous avons créé Services flexibles de TI, qui rassemble 250 personnes. Nous l'avons fait dans le cadre de la réaffectation du travail accompli par des consultants rémunérés à l'acte, et nous avons doté ce service avec des ETP. Ils travaillent comme des consultants, mais ce sont des employés à temps plein.
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Merci d'être ici aujourd'hui. Nous sommes très heureux de vous accueillir. En ma qualité de contribuable de la belle province de l'Ontario, je suis très fier du travail que vous faites. Évidemment, l'Ontario fait tout de même face à ses propres défis financiers, mais je pense qu'ensemble, nous allons arranger les choses.
J'ai un peu d'expérience dans ce genre de projets. En effet, j'ai passé les six dernières années de ma carrière — c'est-à-dire avant de devenir député — chez une entreprise appelée IBM. Vous en avez peut-être entendu parler. Il y a plusieurs années, nous avons entrepris notre propre transformation dans environ 150 pays; nous avons relevé le défi, et bien sûr, nous avons aidé d'autres clients à entreprendre leur propre transformation.
Les économies réalisées sont substantielles. Évidemment, vous en avez fait l'expérience, et vous pouvez nous en parler. J'aimerais parler un peu plus des services.
En tant qu'organisme des TI, vos clients sont les ministères et les regroupements opérationnels. J'aimerais que vous nous donniez quelques exemples. Choisissez un ou deux ministères ou regroupements opérationnels et décrivez comment, d'un côté, la consolidation a amélioré les services à la clientèle à l'interne — en d'autres mots, il ne s'agissait pas seulement d'une question d'argent — et ensuite, décrivez comment ces ministères ou regroupements opérationnels ont été en mesure de fournir de meilleurs services aux citoyens de l'Ontario.
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J'aimerais préciser une chose. Les regroupements opérationnels et l'infrastructure appartiennent au même organisme des TI, donc les directeurs de l'information des regroupements sont directement en communication avec chaque sous-ministre, et j'effectue l'évaluation de leur rendement. Nous faisons partie d'un seul organisme, et c'est très important.
Toutefois, pour répondre à votre question sur le service, ce que nous voulions faire dès le premier jour, c'était d'offrir au moins les mêmes services pendant la transition. Étant donné votre expérience chez IBM, vous savez que cela est extrêmement difficile. Nous avons beaucoup consulté IBM et HP au sujet de leur transition et de ce qu'elles avaient fait pour y arriver. On nous avait avertis que nous allions constater une baisse au niveau du service, que nous pouvions tenter de l'empêcher, mais qu'elle allait se produire, et d'être prêts à nous en occuper.
Je dirais que notre centre d'assistance constitue un très bon exemple des éléments sur lesquels nous nous sommes concentrés. En effet, nous y avons consacré une partie de notre nouvelle structure de consolidation; nous avons probablement mesuré davantage ce qui se passait à ce centre, car nous savions que les appels que nous recevions étaient les principaux indicateurs de notre taux de réussite.
La consolidation nous a permis de brosser un portrait de la situation, ce qui constitue un énorme avantage. Nous sommes retournés au proverbial tableau noir. Notre centre d'assistance était raisonnablement automatisé; nous pouvions visualiser le nombre d'appels reçus, le nombre en attente, et les problèmes qui surgissaient. La consolidation nous dévoilait les répercussions engendrées sur les 65 000 à 67 000 employés de la fonction publique de l'Ontario.
Je pense que j'ai aussi mentionné le fait que nous étions passés aux nouvelles versions de XP et d'Office. Il y a sept ou huit ans, cela aurait représenté une tâche gigantesque; c'est toujours le cas, mais c'est beaucoup plus facile aujourd'hui.
Essentiellement, lorsque nous avons mis sur pied e-Ontario, notre outil de consolidation, cela a causé de l'attrition, mais nous nous étions engagés à ne congédier personne pendant le processus. Comme je l'ai dit, la plus grande partie des économies que nous avons réalisées en personnel provenaient de la réaffectation du travail accompli par des consultants rémunérés à l'acte.
Nous étions déterminés à continuer d'offrir nos services régionaux. Nous laissions en place les gens qui appuyaient tous les bureaux, que ce soit à Ottawa, à Sudbury ou peu importe où ils étaient, afin de maintenir le soutien sur place. Nous avons fermé un grand nombre de serveurs plus petits, un peu partout au pays. Lorsque nous avons consolidé notre centre d'assistance, nous en avions seulement un, mais il se répartissait en trois endroits, ce qui en faisait un centre d'assistance virtuel. Il était à Toronto, à St. Catharines et à North Bay, et il y en avait un plus petit à Guelph. Nous les avons gardés; nous avons remplacé toute l'infrastructure qui les soutenait, mais nous avons gardé les employés. Il n'y avait aucune raison de les déplacer; ils étaient utiles là-bas. Il ne nous coûtait pas plus cher de les laisser à Guelph que de les déplacer à Toronto.
Nous voulions garder des gens en place afin de soutenir les clients où ils travaillaient, car c'est important. Ainsi, si la technologie nous permettait de laisser les gens où ils étaient, comme dans nos centres d'assistance de North Bay, de St. Catharines et de Guelph, c'est ce que nous avons fait.
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Merci, monsieur le président.
Je vous remercie d'être parmi nous, monsieur Nicholl. En passant, j'aimerais vous féliciter, vous et le gouvernement de l'Ontario, des résultats que vous avez obtenus.
Avant de poser ma première question, j'aurais une requête à vous soumettre. Évidemment, vous n'étiez pas en fonction avant 2005, mais ce que vous avez fait s'est bâti sur ce qui avait été fait auparavant. J'aimerais savoir si vous pourriez fournir ultérieurement au comité certaines données à propos notamment de ce dont parlait mon collègue Mathieu, c'est-à-dire le pourcentage de votre budget consacré aux consultants, avant et après les regroupements.
En outre, pour faire suite à la question de M. McCallum, j'aimerais savoir comment a évolué la rentabilité de l'exercice lorsque vous avez commencé à créer les grappes. Pour le gouvernement, cette rentabilité s'est-elle concrétisée immédiatement, après un nombre d'années ou après que certaines conditions ont été appliquées?
Pourriez-vous fournir ces détails au comité? Je crois que ce serait très intéressant pour nous.
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Concernant la rationalisation de l'infrastructure en 2005 dont nous sommes venus parler, je pense honnêtement qu'il y avait un certain nombre de raisons.
C'est clair que nous avons examiné quels étaient les succès de l'heure... Hewlett-Packard était un chef de file, mais IBM aussi, et nous avons beaucoup appris de ces deux entreprises.
Je pense que nous avons réalisé le potentiel du regroupement des services. Si on ne gère qu'une infrastructure au lieu d'en gérer plusieurs, on peut réagir plus rapidement, et les efforts déployés sont bien plus efficients et bien plus efficaces. Les divers secteurs de TI qui collaborent avec l'industrie peuvent se concentrer sur la prestation de services plus pointus, comme le développement d'applications, le conseil, la planification stratégique ou la gestion de l'information. On n'a plus à se soucier des ordinateurs de bureau, des portables, des BlackBerry ou des comptes de courriel. On peut commencer à penser à ce qui importe pour la population et les entreprises.
Je pense que les services étaient l'aspect essentiel. Les économies présentaient un intérêt certain, mais pour être franc, ce n'était pas la priorité. L'un n'exclut pas l'autre: on peut améliorer les services et réaliser des économies.
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Notre infrastructure est plutôt mixte, elle aussi. J'ai peut-être donné à penser que nous faisions tout le travail nous-mêmes, mais ce n'est pas le cas. L'entreprise privée s'implique beaucoup dans tout notre travail.
Par exemple, tout notre réseau appartient au secteur privé, avec qui nous passons des contrats depuis plusieurs années. L'entreprise privée s'occupe d'une partie du soutien concernant nos serveurs plus complexes et elle nous conseille à bien des égards. Au merveilleux centre de traitement que nous venons de bâtir à Guelph, nous effectuons une importante transition pour abandonner les quelque 500 applications de l'ancien centre. Nous recevons beaucoup d'aide pour y arriver. La tâche serait impossible sans l'expertise du secteur privé, qui participe à toutes les étapes du processus.
Pour tous les changements technologiques que nous apportons, nous profitons de l'expertise des entreprises privées, comme Microsoft ou IBM. En outre, les sociétés comme PwC et Deloitte participent activement à nos activités.
Les entreprises privées sont de grands partenaires pour nous. Il faut d'abord passer par la procédure fastidieuse relative aux acquisitions et aux contrats, mais lorsque c'est fait, les entreprises concernées deviennent nos partenaires, à n'en pas douter.
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À titre de contribuable, je dirais qu'il y a d'énormes avantages sur le plan de l'efficience des activités et de la capacité de modifier les services aux particuliers et aux entreprises. Parce qu'essentiellement, rien ne se fait de nos jours sans l'intervention d'au moins deux ministères. Tout est interrelié, surtout concernant les services.
Le ministère des Transports ne fournit même plus de services. Service Ontario peut maintenant renouveler votre permis de conduire et votre carte d'assurance-maladie en même temps. Si aucun effort n'a été fait pour intégrer les organisations, c'est très difficile de faire les deux à la fois. Du simple point de vue du gros bon sens, c'est un préalable à la prestation des services partagés.
Nous devons collaborer. Le fait que vous travaillez au fédéral et que nous représentons le gouvernement provincial n'intéresse pas les gens. Ils veulent obtenir des services, tout simplement. Nous devons collaborer plus étroitement pour examiner comment nous pouvons mieux intégrer les services. Nous l'avons fait pour la carte d'assurance sociale, et si on connaît la date de naissance de l'enfant, tous les services sont donnés en même temps. La prestation des services partagés est bien meilleure, comparativement à celle des services séparés.
Il y a d'autres leçons à tirer. Parlez-en aux responsables d'entreprises comme IBM et HP, qui n'auraient pas été en mesure d'en accomplir autant sans traverser des périodes difficiles. IBM ne remporterait pas tout ce succès sans avoir procédé à des changements.
C'est la même chose pour nous. Nous n'avons aucune raison de ne pas apprendre des secteurs public et privé. Par expérience, nous pouvons fournir des services beaucoup plus rapidement qu'avant la rationalisation.
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Merci, monsieur le président.
Merci, madame et messieurs les députés.
Comme vous l'avez dit, je suis accompagné de Linda Oliver.
Je vais vous parler de la position de l'ACTI contenant les services partagés mis en place.
Comme vous le savez, l'ACTI représente les petites et les grandes entreprises de technologie de l'information et des communications de partout au pays. Les PME constituent 70 p. 100 de nos membres, mais nous générons environ 140 milliards de dollars de revenus dans le secteur. Nous représentons bien des entreprises de partout au pays qui travaillent dans tous les secteurs.
Nous croyons que le gouvernement fait bien de rationaliser la gestion de ses services de TI. Nous appuyons sa décision, qui permettra selon nous d'économiser beaucoup d'argent et de moderniser l'infrastructure.
Bon nombre de nos membres ont procédé à de telles transformations. Certaines ont été réalisé à très grande échelle, comme la transformation envisagée par le gouvernement fédéral. Le témoin précédent vous a donné l'exemple d'IBM et de HP, qui ont nettement renforcé leur efficience et leur position concurrentielle grâce aux changements apportés.
Les données publiques indiquent que HP constitue l'exemple à suivre. Cette entreprise a fait passer ses centres de traitement de 85 à 6 et ses applications de 6 000 à 1 500. Elle a triplé sa bande passante à moitié prix et réaliserait des économies annuelles d'environ un milliard de dollars.
J'ai participé à une rationalisation majeure à la suite d'une acquisition, lorsque je dirigeais une entreprise établie aux États-Unis. Nous avions des employés dans 65 pays et nous utilisions de nombreux systèmes. En passant à un système d'entreprise, nous avons non seulement réalisé des économies, mais nous avons beaucoup amélioré la satisfaction de la clientèle et notre compétitivité en général.
Bon nombre de nos membres ont aidé d'autres organisations à effectuer des changements semblables, comme GM, de grandes banques canadiennes et les gouvernements de l'Ontario, de l'Alberta et de la Colombie-Britannique.
Nous avons tiré des leçons par le fait même. Le secteur privé peut aider le secteur public au cours de la transition amorcée. Je vais maintenant présenter trois grandes questions liées à la transformation et fondées sur notre expérience.
Tout d'abord, les secteurs privé et public doivent collaborer du début à la fin. C'est souvent trop facile de penser que les organisations qui modifient leurs infrastructures connaissent toutes les solutions. Mais il vaut toujours mieux se fier à l'expérience des autres, et les avantages sont énormes. Nous recommandons fortement au gouvernement fédéral de consulter activement le secteur privé et d'autres organisations concernant la marche à suivre. Il faut procéder dès le début à des consultations fréquentes.
L'occasion est belle d'établir une nouvelle façon de collaborer avec l'industrie. À la paperasse officielle, nous devons privilégier les consultations ouvertes et continues. C'est la meilleure façon de communiquer l'information. L'ACTI et ses membres peuvent faciliter le processus en grande partie. Nos membres ont beaucoup d'expérience, ils emploient des pratiques exemplaires et investissent des années à l'avance dans les technologies. La meilleure façon pour le gouvernement d'offrir de bons services aux Canadiens, c'est d'établir des relations stratégiques avec les entreprises, dont les PME.
Je ne dis pas qu'il n'est pas utile de compter sur des spécialistes, loin de là. Le gouvernement doit bien connaître ce qu'il achète, gérer le rendement de ses fournisseurs et se fier à l'industrie pour ce qu'elle a de mieux à offrir. C'est important que Services partagés Canada dispose des outils, des compétences et des ressources qui créent les conditions gagnantes. Il s'agit d'une transformation très complexe qui demande beaucoup de temps. Une bonne collaboration nous permet d'équilibrer les risques et les avantages pour être à la hauteur de la tâche.
Il faut adopter une approche axée sur les objectifs pour lancer le projet. Dans la recherche de solutions, Services partagés Canada doit non seulement se concentrer sur les problèmes à régler, mais aussi sur les résultats voulus. C'est un gage de succès. Nous recommandons de ne pas choisir une approche normative dans les premiers temps.
La clé, c'est la collaboration et la confiance que se vouent le gouvernement et le secteur privé. Nous devons communiquer de manière constante pour bien comprendre les problèmes, et établir des solutions et des objectifs réalistes qui tiennent compte du budget. Ce genre de projet de transformation constitue une bonne façon d'encourager l'innovation, la croissance économique et le maintien des emplois au Canada.
L'approche axée sur les objectifs donne d'excellents résultats. Nous l'avons constaté dans le secteur privé. Cette approche permet aux entreprises de trouver des solutions créatives et de réduire les coûts. Bref, elle donne lieu à des solutions créatives et novatrices, sans nécessairement demander de faire des compromis sur les objectifs.
Ce qui est difficile, c'est de passer de la parole aux actes. SPC doit mettre son plan en oeuvre et donner des résultats. Par expérience, nous savons qu'un des aspects les plus importants, c'est une structure de gouvernance claire. Il faut donc établir les responsabilités, prendre les décisions au bon moment et connaître le processus à suivre pour atteindre les objectifs. Il faut mettre ça au clair dès le début et bien gérer le changement.
Il faut aussi se pencher sur la culture organisationnelle. On m'a dit qu'il y a 43 ministères. Dans le secteur privé, c'est presque comme s'il fallait fusionner 43 entreprises. Compte tenu de toutes les façons de procéder qui existent, la direction doit indiquer clairement aux employés quelles sont la culture et les valeurs de l'organisation. Il faut permettre à SPC de mettre sur pied une équipe gagnante.
Enfin, on doit examiner le plan de mise en oeuvre et savoir le temps que prend chaque étape. Il existe en général des pratiques exemplaires dans l'industrie pour ce type de projet, qui dure d'habitude de trois à cinq ans. Au lieu d'un projet colossal, on parle de projets de petite et de moyenne envergures.
Il faut favoriser l'innovation durant le processus et éviter de faire des choix dès le départ. On doit garder une vision à long terme et être en mesure d'opter pour certaines technologies pendant que le projet avance. La durabilité est un aspect important en matière de technologie.
Nous voulons collaborer avec Services partagés Canada pour trouver des solutions novatrices qui accélèrent la consultation et l'acquisition. Nous avons déjà fait part de certaines recommandations à SPC pour renforcer notre collaboration et la pertinence des produits ainsi que garantir un résultat positif à toutes les parties.
En terminant, je tiens à vous remercier de nous avoir entendus. À l'ACTI, nous sommes prêts à aider de toutes les manières possibles, surtout en facilitant la communication avec nos membres, pour concrétiser la transformation.
Je remercie personnellement les cadres supérieurs du SPC, qui nous ont consultés. Nous sommes très heureux de leur avoir fourni certaines recommandations.
Je répondrai aux questions avec plaisir.
Merci, monsieur le président.
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C'est une question intéressante, mais je ne peux y répondre clairement. À vrai dire, l'aspect financier varie d'un projet à l'autre, ou encore entre l'ensemble du programme et le projet de transformation. Chaque élément diffère en forme et en taille.
Le seul projet dont je peux vous parler est celui auquel j'ai pris part. Nous avons évalué qu'il faudrait de trois à cinq ans avant que le projet ne génère des retombées. C'est pourquoi j'ai fait référence à un tel délai.
Il existe deux types de retombées. Les premières découlent des ressources, c'est-à-dire du personnel. Lorsqu'on fusionne des entreprises, qu'on simplifie l'ensemble des TI et que l'on consolide les modes de prestations de services, que fait-on des employés?
Il y a deux options. Si l'entreprise est en croissance, c'est-à-dire qu'elle gagne en efficacité, on peut alors réaffecter le personnel à d'autres tâches. Or, il reste toujours certains employés dont on n'a plus besoin. Mais au bout du compte, le personnel travaillera différemment.
Le deuxième type de retombées touche uniquement le secteur privé; il s'agit de la façon dont l'entreprise traite avec le marché et ses clients. Les résultats ayant trait aux clients sont tout à fait directs, car les entreprises privées ne voudront absolument pas faire affaire différemment avec leurs 16 clients, par exemple, et former leurs employés en conséquence.
Ainsi, les retombées ayant trait à l'efficacité et à l'approche client sont directes. C'est indéniable.
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Je vous remercie de votre question.
Nous avons travaillé très étroitement avec les gouvernements fédéral et provinciaux en matière d'approvisionnement dans bien des secteurs. Or, il ne s'agit pas uniquement d'approvisionnement dans le cas de Services partagés. D'emblée, il faut déployer des efforts considérables à la planification et à l'élaboration du modèle qui convient. C'est pourquoi il est essentiel de consulter le secteur privé dès le départ.
C'est sans contredit l'attitude de la direction de Services partagés à notre égard et à l'égard d'autres regroupements de l'industrie. En ce sens, je pense que nous sommes sur la bonne voie. Par contre, Services partagés devra poursuivre jusqu'au bout et rencontrer les bonnes personnes.
Lors des consultations, il est souvent préférable de former de petits groupes. Par exemple, cinq ou six intervenants de premier plan dans divers secteurs pourraient venir discuter avec les responsables du projet. Ainsi, le transfert des connaissances et l'échange d'information seraient beaucoup plus profitables que si 40 personnes essayaient de s'entendre sur la marche à suivre.
Il s'agit peut-être de légères modifications, mais je pense que l'engagement sera plus fort si un petit groupe se réunit ponctuellement dans un cas particulier.
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Je vous remercie tous les deux d'être avec nous. J'ai bien aimé votre exposé.
Au fond, monsieur Gupta, vous avez brossé un tableau du cadre qui fonctionne habituellement, en précisant que les erreurs du passé vous ont permis de créer une structure gagnante. Vous avez ajouté que la collaboration constante et continue entre le privé et le public est essentielle pour la suite du projet.
Vous avez décrit la démarche axée sur les résultats et la façon de fixer des objectifs précis qu'il importe d'atteindre dans le cadre du projet. Par la suite, vous avez expliqué comment réaliser le projet efficacement de façon à ce qu'il génère des retombées, ce qui exige une structure de gouvernance solide. Vous avez ensuite parlé du plan de mise en oeuvre qui s'échelonne sur trois à cinq ans; compte tenu de l'ampleur du projet, et à la lumière de votre réponse à la question de M. McCallum, j'imagine que ce sera plus long dans ce cas-ci.
Vous avez aussi parlé de responsabilisation en réponse à l'une des questions. Vous n'aviez rien mentionné de tel au départ, lorsque vous avez présenté le cadre du projet. J'imagine que la responsabilisation fait partie de la structure de gouvernance. Pourriez-vous nous en dire un peu plus sur le système continu de responsabilisation qui a fait ses preuves au public lorsque vous avez réalisé ces projets?