Bonjour à tous. Bienvenue à la 15e séance du Comité permanent des opérations gouvernementales et des prévisions budgétaires. Nous en sommes à la troisième ou à la quatrième semaine de notre étude sur l'efficacité du Bureau des petites et moyennes entreprises, le BPME, et du Programme canadien pour la commercialisation des innovations. Pour poursuivre cette étude, nous accueillons aujourd'hui des témoins de Virtual Marine Technology Incorporated, dont le capitaine Anthony Patterson est président-directeur général.
Bonjour, capitaine Patterson.
Nous souhaitons également la bienvenue à Geoff Hayward, président-directeur général de DataGardens, qui témoignera par vidéoconférence depuis Edmonton, en Alberta.
Bienvenue, monsieur Hayward. Pouvez-vous nous entendre depuis Edmonton?
:
Merci beaucoup. C'est un plaisir d'être parmi vous.
Je vous propose une description rapide de WMT et de notre expérience du PCCI.
Virtual Marine Technology est la plus grande entreprise de simulation de navigation maritime au Canada. Nous permettons à nos clients de mettre en place des cadres de formation améliorés, par immersion, sûrs et rentables, surtout pour améliorer la sécurité à bord des navires et des structures extracôtières. L'entreprise a été créée en 2004 comme société essaimée du Conseil national de recherches du Canada et de l'Université Memorial de Terre-Neuve. Elle détient de ces deux organisations des licences exclusives dans le monde entier pour commercialiser une technologie de formation sur petit bateau.
Nous sommes une petite entreprise qui compte moins de 50 personnes, une société fermée constituée à Terre-Neuve-et-Labrador, et nous avons une antenne à Victoria, en Colombie-Britannique. Notre marché principal est l'industrie pétrolière et gazière extracôtière, et nous avons des marchés secondaires dans la navigation et la défense.
Jusqu'à maintenant, nous avons reçu un excellent soutien du gouvernement fédéral pour notre programme d'innovation. Il a co-investi avec l'industrie pétrolière et gazière de Terre-Neuve pour mettre au point les types de technologies que nous mettons sur le marché. Nous avons également eu droit à un solide appui du gouvernement fédéral pour commercialiser nos technologies, notamment par l'entremise de l'APECA et du bureau des délégués commerciaux du ministère des Affaires étrangères.
Par contre, nous avons été incapables de vendre des produits directement au gouvernement fédéral parce qu'une entreprise comme la nôtre, qui est relativement petite et propose de nouvelles technologies, est normalement écartée au moment de la sélection à cause des critères de risques financiers ou techniques. À notre avis, le PCCI est le seul moyen concret que le gouvernement fédéral possède pour acquérir de nous des innovations comme celles que nous avons.
L'expérience que nous avons du PCCI? Le projet que nous proposons consiste à améliorer la formation des conducteurs de petits bateaux rapides, par exemple ceux qui pilotent des bateaux de recherche et sauvetage ou pour l'application de la loi. Il s'agit d'évaluer l'efficacité de notre nouveau produit du point de vue du critère du rendement sur l'investissement. C'est la Garde côtière canadienne qui a choisi notre technologie, qui sera déployée à son école de formation de Bamfield.
Qu'est-ce que le PCCI a de bon? Les demandes en ligne sont une excellente innovation. Vous devriez davantage travailler en ce sens. Le personnel a été très empressé, et le processus de la présentation des offres et des négociations a été typique des approvisionnements de l'État. Il n'y a pas eu de raccourcis. C'était tout à fait un processus d'approvisionnement du gouvernement fédéral.
Il y a des aspects du PCCI où nous entrevoyons des possibilités d'amélioration. Dans le processus d'approvisionnement, il n'y a pas de possibilité de prolongement du contrat. Il y avait trois entités fédérales qui voulaient se procurer notre technologie, mais, une fois que nous en avons choisi une, les deux autres ont été bloquées. Et il faut faire attention à la façon de structurer le programme avec le PCCI, au risque que toute possibilité de marché ultérieur avec le gouvernement fédéral soit exclue.
Pour conclure, je dirais que le PCCI est un excellent programme. C'est un élément essentiel, mais manquant, de l'ensemble de la stratégie du Canada sur les innovations. Nous excellons en innovation, mais nous ne savons pas très bien comment mettre les innovations sur le marché. Ce programme sera utile à cet égard, mai il faut lui donner plus d'ampleur. Peut-être des initiatives comme les marchés réservés de la Politique des retombées industrielles et régionales permettraient-elles de financer quelque chose comme le PCCI. Vous devez permettre aux ministères d'acheter davantage d'unités au moyen du même processus d'approvisionnement si les essais sont probants, et j'estime qu'il faut élargir la portée du programme pour englober l'achat de produits à un stade précoce de production et non seulement au stade du prototype.
Voilà mes observations d'ouverture. Merci.
:
Merci beaucoup de cette occasion de m'adresser au comité permanent.
Je voudrais d'abord dire un mot de notre entreprise, DataGardens, et certaines de mes observations porteront sur les difficultés éprouvées par les entreprises de TIC dans l'Ouest et au Canada plus généralement, le rôle que le PCCI joue à l'égard de ces difficultés, certaines expériences que nous avons eu du PCCI et enfin, les avantages et les coûts de la participation au programme pour notre entreprise.
Pour commencer un mot de DataGardens. La société a été fondée en septembre 2007. Nous avons accompli quelque chose de remarquable, nous semble-t-il, et nous avons eu la chance d'obtenir une reconnaissance internationale de nos capacités et de notre technologie. Une révolution est en train de se produire en informatique: l'infonuagique. Cette technologie exploite la capacité de prendre des ordinateurs physiques et d'en extraire l'essentiel du traitement, de l'injecter dans des contenants de logiciels appelés machines virtuelles et de faire fonctionner ces machines sur un seul ordinateur physique. Chacune de ces machines a son propre système d'exploitation qui fonctionne indépendamment, sans lien logique avec tous les autres. Grâce à ce miracle de la virtualisation, je peux utiliser un appareil et y faire tourner 20 ordinateurs, 20 de ces machines virtuelles.
DataGardens a créé la capacité de déplacer ces machines virtuelles, pendant qu'elles fonctionnent, sur de longues distances. Bien des entreprises essayaient d'y arriver depuis longtemps, et nous avons été les premiers à réussir.
Grâce à cette innovation, nous avons eu la chance d'être reconnus comme la nouvelle entreprise numéro un au monde dans le secteur de la virtualisation par le Virtualization Congress et d'être choisis comme l'une des dix entreprises d'infonuagique à observer cette année. Nous avons aussi remporté plusieurs autres prix, y compris les prix de technologie de pointe au IEEE GRID et au Open Grid Forum.
Je dis tout cela non par vantardise ni pour prétendre à un statut spécial, mais pour signaler que, comme beaucoup d'entreprises, nous avons une excellente technologie, mais que nous éprouvons de graves problèmes pour la commercialiser. Le Canada a de nombreux programmes solides, notamment le PARI, qui aident des entreprises comme la nôtre à développer des technologies incroyables. Pourtant, il nous faut relever de terribles défis pour trouver des capitaux et des ressources en gestion pour commercialiser avec succès ces technologies.
Plus particulièrement dans l'ouest du Canada, la plupart des entreprises comme la nôtre sont mal capitalisées. Elles ont une excellente technologie, c'est vrai, mais elles ont des faiblesses sur le plan des ventes et de la commercialisation.
Nous avons d'énormes difficultés à surmonter pour refermer ce que j'appelle, tout comme les gens du PCCI du reste, l'écart de la commercialisation. Il s'agit de passer du stade de l'essai pilote ou de la capacité bêta au lancement sur le marché d'un produit qui bouleversera la donne. Le PCCI est l'une des initiatives les plus importantes, voire la plus importante, que le gouvernement fédéral ait conçues pour aider les entreprises comme la nôtre à combler l'écart de commercialisation. Il est d'une importance cruciale pour diverses raisons. Les avantages que nous en avons tirés...
Avant de passer aux avantages, un mot sur le service fédéral qui a eu la volonté et senti le besoin d'adopter notre produit. Cette capacité de déplacer des machines virtuelles... Si puissante soit la technologie, à quoi sert-elle? Quelle en est l'application? Pourquoi des entreprises en veulent-elles? L'une des applications les plus importantes, c'est la capacité d'assurer à l'entreprise une reprise sans perturbation après catastrophe. Si le système, le centre de données de mon entreprise tombe en panne, je voudrais pouvoir évacuer toutes mes machines virtuelles en utilisation vers un lieu éloigné et de les faire continuer à fonctionner sans aucune interruption de service. Voilà ce que nous offrons. Nous croyons que cela change beaucoup de choses dans l'industrie.
Nous avons eu la chance que le bureau du DTI des Travaux publics s'aperçoive de l'originalité de notre technologie et la choisisse comme l'une de celles qu'il voudrait déployer. Ce bureau avait trois cas d'utilisation pour nous. Travaux publics, et plus précisément Services partagés Canada, doit relever le défi de prendre 300 centres de données et de les regrouper en une vingtaine pour avoir une exploitation plus efficace et éviter des dépenses excessives qui sont à la charge des contribuables canadiens.
En utilisant notre produit pour faire migrer des machines virtuelles, pour déplacer tout un centre de données d'un endroit à un autre sans que quiconque remarque une interruption de service, le gouvernement fédéral posséderait des moyens extraordinaires, et cette capacité serait attribuable uniquement à des logiciels que ses techniciens peuvent déployer facilement, et le déplacement se ferait sans que les techniciens doivent aller sur place. C'est une capacité extraordinaire. Voilà donc un cas d'utilisation: le regroupement des centres de données.
Deuxième cas, la reprise après sinistre ou ce qu'on appelle aussi la protection de la continuité des opérations pour toutes les entités servies par Services partagés Canada — la continuité des opérations comme service —, ce qui serait une activité génératrice de recettes pour Services partagés Canada. Ce service de protection des données serait fourni aux diverses entités du gouvernement fédéral.
Troisième cas d'utilisation de notre produit pour Services partagés Canada: la protection de ses propres données internes. Nous avons mené des essais importants avec Services partagés Canada. Nous amorçons maintenant une phase de déploiement dans l'une des entités servies par Services partagés Canada, et nous sommes très enthousiastes de cette nouvelle avancée.
Le contexte, maintenant. Je voudrais prendre les quelques minutes qu'il me reste, j'espère, pour vous parler des avantages que nous avons retirés d'une participation au PCCI.
D'abord, pour être le plus direct possible, je dirai que nous avons reçu des revenus de 500 000 $, ce qui est vital pour une organisation de la taille de la nôtre. Dépassons l'évidence. Les références de clients sont essentielles. Nous travaillons maintenant avec certains des fournisseurs de services gérés, ou fournisseurs d'infonuagique, les plus importants dans le monde, des organisations qui valent des milliards de dollars. Ils sont à la recherche de références de clients qui ont déjà déployé notre produit. Le fait que Services partagés Canada soit un client est un atout important pour nous.
La rétroaction des clients aide à améliorer le produit... Nous avons reçu une aide inestimable de Services partagés Canada dans nos efforts visant à améliorer notre produit pour mieux répondre à leurs besoins et à ceux des fournisseurs d'infonuagique.
Possibilités de ventes subséquentes: nous espérons réaliser d'autres ventes au cours de l'année chez Services partagés Canada qui, nous nous y attendons, influencera d'autres ministères non servis par Services partagés Canada et les amènera à considérer notre produit d'un oeil favorable.
Nous avons également reçu de l'aide de Services partagés Canada pour trouver des fonds pour notre entreprise, de nouveaux circuits et des partenaires stratégiques. Les avantages sont donc considérables.
Quant aux lacunes du programme, aucune ne nous a touchés directement. Je signalerais que les entreprises doivent engager des frais généraux appréciables pour se conformer aux exigences de diligence raisonnable et établir leur admissibilité au programme. C'est là un facteur de risque pour beaucoup d'entreprises. Il faut y mettre beaucoup d'efforts, mais nous sommes très reconnaissants d'être passés par là.
Je résume en disant que le PCCI a été un élément vital de la croissance de notre société, et nous voudrions que, à l'avenir, le programme prenne de l'expansion.
:
Bien sûr. Si on compare au programme de RS&DE, les exigences sont beaucoup plus lourdes que pour le RS&DE, beaucoup plus. Si on compare avec le PARI, je dirais qu'elles sont considérables plus lourdes aussi, mais que c'est du même ordre
Si j'ai trouvé la préparation de la candidature difficile, bien que les choses se soient peut-être passées différemment pour d'autres entreprises, c'est que, dans chacune des sections il faut respecter un nombre précis de mots, comme 150 ou 200 mots, pour expliquer un aspect de la technologie. Multipliez par 40 ou 50 champs à remplir, et c'est comme écrire une épopée en strophes de 200 mots. C'est long et difficile.
Cela dit, je ne pense pas que ce soit un problème grave. Comme contribuable, je veux que le gouvernement rende des comptes et qu'il fasse de son mieux pour trouver les meilleures entreprises. Je ne pense pas que l'effort exigé de moi ait été excessif. Cela demandait du temps, effectivement, et il y avait un facteur de risque, mais, en fin de compte, il appartient aux entreprises de décider si elles veulent prendre ce risque.
:
Merci, monsieur le président.
Je remercie également les témoins d'être présents aujourd'hui.
Monsieur Patterson, lors de votre présentation, vous avez dit qu'il vous était difficile d'obtenir un contrat avec le gouvernement fédéral.
Quant à vous, monsieur Hayward, vous avez parlé de
[Traduction]
difficultés à commercialiser cette technologie, à trouver les ressources pour le faire.
[Français]
Dans le site Internet du gouvernement fédéral, on fait la promotion d'un service qui aide les PME à soumissionner aux appels d'offres du gouvernement fédéral.
J'aimerais que nos deux témoins puissent parler des impacts. On sait que le Canada signera bientôt un accord de libre-échange avec l'Union européenne. Les compagnies européennes auront ainsi la possibilité de soumissionner aux appels d'offres du gouvernement du Canada.
Que peut faire le Bureau des petites et moyennes entreprises pour aider les PME à contrebalancer les impacts qu'engendrera la possibilité de soumissionner qui sera accordée aux compagnies européennes? Quels seront, pour les PME, les impacts de cette concurrence entre les compagnies canadiennes et les compagnies européennes?
:
Merci, monsieur le président.
Merci aux témoins de leur présence. On me demande souvent quelles sont les personnes qui m'impressionnent le plus, et je réponds souvent que ce sont les entrepreneurs. Merci à vous deux d'avoir pris le risque et d'avoir su voir loin, bien plus loin que moi, soyons très honnêtes, pour bien des choses. Ce sont des organisations comme les vôtres qui font avancer l'économie et ont une influence marquante à long terme.
Une ou deux questions pour vous. Je comprends vos observations. Un rapport récent sur la rentabilité de nos efforts en innovation a traité du PARI et du programme de RS&DE. Le rapport a donc porté sur ces programmes et Technologie du développement durable. Cela ne convient probablement pas à l'une ou l'autre de vos entreprises, mais ce sont des modèles que nous utilisons. En fin de compte, le rapport concluait qu'il valait peut-être mieux offrir une subvention directe aux entreprises plutôt que des crédits d'impôt parce qu'on n'était pas sûr de ce qu'on recevrait en retour.
Je vous pose à tous deux une question que j'ai déjà posée à d'autres à ce sujet, puisque vous êtes en cause. Quel devrait être le rôle du gouvernement du Canada lorsqu'il s'agit de choisir les gagnants et les perdants? Y a-t-il un problème ou non?
L'idée générale du rapport — je ne suis pas sûr que vous ayez pu le lire, puisque vous êtes pris par autre chose —, c'est en somme que nous devrions peut-être éliminer les programmes RS&DE et PARI, mais surtout le RS&DE, parce qu'ils agissent par le biais de l'impôt, pour adopter plutôt des subventions directes, comme avec Technologies du développement durable. Dans ce cas, il faut produire un plan d'affaires, et nous vous aidons. Nous sommes des investisseurs providentiels, en un sens, pour la commercialisation des produits. Je sais que c'est un programme ponctuel, et je veux y revenir, mais que pensez-vous du fait que le gouvernement du Canada participe au choix des gagnants et des perdants?
Vous d'abord, capitaine.
Comme il reste quelques minutes, j'ai deux questions à poser, si la présidence peut se permettre de poser deux brèves questions.
D'abord, vous avez parlé tous deux du regroupement des contrats et de la difficulté, comme petite entreprise, de livrer concurrence et de faire votre place dans les marchés de l'État, face à de grands acteurs dominants. Le bureau américain des PME, le pendant du nôtre, a comme mandat d'obliger le gouvernement à dégrouper les contrats dans toute la mesure possible pour permettre au plus grand nombre possible de petits entrepreneurs de jeter une tête de pont et de faire croître leur entreprise pour que, un jour, ils soient des acteurs importants. Le bureau canadien n'a pas le mandat de faire ce genre de recommandation au gouvernement.
Diriez-vous qu'il pourrait y avoir un avantage secondaire si les marchés de l'État facilitaient davantage l'incubation et la croissance des petites entreprises pour qu'elles deviennent des acteurs importants? C'est ma première question: le dégroupement des contrats.
La deuxième, c'est que vous avez dit tous les deux que le capital de risque faisait défaut. J'ai travaillé dans ce domaine autrefois, et nous avons accueilli des témoins qui représentaient des fonds de capital de risque dont l'argent provient des fonds d'investissement de travailleurs... GrowthWorks, que Tom Hayes a représentée ici, a été l'une des sociétés de capital de risque qui ont travaillé avec vous. N'est-ce pas, capitaine Patterson?