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Merci, monsieur Martin, et mesdames et messieurs les membres du comité. Je vous remercie pour cette occasion de m'entretenir avec vous.
L'efficacité énergétique des immeubles est un dossier qui me passionne vraiment. Le fait que vous vous y intéressez sérieusement vous aussi est un important pas en avant. En fait, je crois que le gouvernement fédéral devrait faire preuve de leadership dans la façon dont nous abordons les immeubles.
Je réalise que j'oeuvre dans le domaine de l'efficacité énergétique des immeubles depuis plus de 30 ans. Je représente aussi le Canada sur la scène internationale à l'Organisation internationale de normalisation qui se rend un peu partout dans le monde, notamment en Europe et en Asie. Lors de mes premières réunions à l'ISO, j'étais automatiquement considéré comme un spécialiste, puisque je venais du Canada et que le Conseil national de recherche était reconnu comme étant l'institut de pointe en matière de recherche dans le monde.
Nous disposons d'excellentes connaissances dans le domaine de la construction d'immeubles et nous travaillons à améliorer nos immeubles. Malheureusement, nous ne mettons pas toujours ces connaissances à profit, si bien que le Canada n'est plus le chef de file dans la construction et la rénovation d'immeubles. Il a été surpassé à ce chapitre par des pays comme la Corée du Sud et la Thaïlande. Mais je crois que nous pouvons encore faire preuve de leadership et montrer au reste du monde, pas seulement aux Canadiens, ce que nous pouvons faire.
Au fait, j'ai participé à une conférence téléphonique ce matin en compagnie de Suédois. La discussion portait sur un projet dans lequel nous partageons nos projets d'efficacité énergétique avec des pays scandinaves. Un de nos partenaires est une société américaine. Son représentant demandait comment le projet allait être accueilli en Suède. Simplement dit, pas très bien. Selon les Suédois, les Américains ne savent pas comment construire des immeubles. Cette position n'a rien d'inhabituel. Puis, il a ajouté que lorsqu'on se présente comme étant Canadien, les gens considèrent que l'on sait très bien comment construire des immeubles, puisqu'au Canada, il fait froid. J'ai trouvé cela encourageant, parce que ça me dit qu'il y a encore de l'espoir.
Sur le plan de l'efficacité énergétique au Canada, nous avons toujours maintenu que notre pays est grand et que, par conséquent, notre consommation énergétique est plus élevée que celle d'autres pays. Lorsqu'on examine comment réduire cette consommation, et cela s'applique partout ailleurs, la première chose que l'on cible, ce sont les immeubles. Pour transporter du matériel au Canada, il faut parcourir de nombreux kilomètres. On peut réduire la consommation des camions, notamment, mais si l'on tient compte des kilowattheures ou des gigajoules, par exemple, les immeubles constituent le meilleur moyen de réduire la consommation énergétique. Sur le plan de l'environnement et de la durabilité, j'imagine que l'édifice le plus énergétique qui soit est celui que l'on ne construit pas.
Bien entendu, nous voulons que les nouveaux immeubles consomment le moins d'énergie possible, mais nous voulons également rénover nos édifices actuels. Qu'ils aient 10, 50 ou 100 ans, cela n'a aucune importance. Nous pouvons rénover ces immeubles, réduire la consommation d'énergie et ainsi éliminer les problèmes liés à la démolition de vieux immeubles et à la construction de nouveaux.
Comme l'a souligné M. Martin, nos bureaux sont situés au centre-ville de Winnipeg dans un immeuble de plus de 100 ans. La plupart des immeubles du quartier ont été rénovés. Si nous pouvons les rendre plus éconergétiques, c'est très bien.
Il y a d'autres éléments dont nous ne tenons pas compte lorsqu'il est question de l'efficacité énergétique des immeubles.
Environ 40 p. 100 des déchets acheminés vers les sites d'enfouissement sont des déchets de construction. La rénovation des immeubles permettrait donc de réduire ces déchets.
Je participe à une conférence, ici, à Indianapolis. Hier soir, un des conférenciers a soulevé la question selon laquelle lorsqu'on crée de l'énergie... Nous sommes très chanceux au Canada de disposer de beaucoup d'énergie hydroélectrique, mais nous utilisons encore le charbon et le gaz. Les Américains, eux, comptent beaucoup plus sur ces deux dernières ressources. Dans le Sud des États-Unis, la quantité d'eau utilisée pour produire de l'électricité équivaut à ce qui coule dans les chutes Niagara en une seule minute. Un des points qu'il a souligné, c'est que la population grandit et que les gens aiment les climats chauds. Ils se déplacent donc vers des États comme la Floride et la Géorgie, des régions où il est difficile de trouver de l'eau. Les avantages environnementaux de l'efficacité énergétique des immeubles dépassent la simple réduction des coûts et de la consommation d'énergie.
Pour revenir au potentiel, bien entendu, tout nouvel immeuble devrait consommer le moins d'énergie possible. On parle aujourd'hui d'une « consommation nette quasi nulle ». Il ne faut pas oublier que 74 p. 100 des immeubles actuels ont été construits avant 1989, et que 93 p. 100 ont été construits avant 2003. Le potentiel en matière de réduction énergétique est phénoménal, que ce soit pour des immeubles gouvernementaux ou autres.
Concernant l'amélioration des immeubles gouvernementaux, il faudrait d'abord montrer l'exemple en utilisant la technologie disponible, accroître l'efficacité énergétique et établir des normes en matière d'utilisation de l'énergie pour montrer la voie à l'industrie. Nous y parvenons en améliorant les codes dans certains secteurs, mais c'est un long processus. Quelqu'un doit faire preuve de leadership.
Ma société a mis sur pied un projet intitulé Historic Zero. Le nom vient du fait que nos bureaux sont situés dans un édifice centenaire. Nous allons rénover trois immeubles au centre-ville de Winnipeg. Le but est de montrer qu'il est possible de rénover un immeuble centenaire — ceux-ci sont souvent considérés comme les plus difficiles à améliorer sur le plan de l'efficacité énergétique — de façon à ce que sa consommation d'énergie se rapproche le plus possible d'une consommation énergétique nette zéro. Nous avons discuté du projet avec, entre autres, Manitoba Hydro, et BC Hydro ainsi que des architectes et ingénieurs canadiens et américains s'y intéressent, car il n'existe encore aucun programme axé sur les immeubles déjà construits.
L'objectif est d'atteindre une consommation annuelle équivalente à 100 kilowattheures par mètre carré. Ça s'est une autre chose en ce qui concerne les immeubles gouvernementaux: il faut fixer des cibles énergétiques. Il ne suffit pas d'ajouter des matériaux, de changer les moteurs ou les ampoules électriques; il faut vraiment réduire l'intensité de la consommation énergétique. J'ignore si la cible de 100 kilowattheures par mètre carré convient aux immeubles gouvernementaux. Ça dépend de l'utilisation. Mais, si nous ne fixons pas de cibles, nous n'atteindrons jamais nos objectifs.
Voici un exemple. Le Army Corps of Engineers, aux États-Unis, a entrepris de rénover beaucoup d'immeubles. Une des cibles qu'ils ont fixées concerne l'étanchéité à l'air des immeubles qu'ils rénovent ou construisent, soit la quantité d'air qui entre et qui sort de l'édifice. Cette cible est de 1,25 litre d'air par seconde par mètre carré, à une différence de pression de 75-pascal.
Dans un immeuble type, on parle d'environ 10, 15 ou 20 litres par seconde. Maintenant, si l'entrepreneur n'atteint pas cette cible élevée d'étanchéité, que ce soit dans le cadre de la rénovation ou de la construction d'un immeuble, il n'est pas payé. Au début, les gens disaient qu'il était impossible d'atteindre cette cible. Aujourd'hui, les entrepreneurs y arrivent régulièrement. D'ailleurs, ils sont maintenant passés de 1,25 litre à moins d'un litre par mètre carré par seconde. Là où je veux en venir, c'est qu'en fixant des cibles, il est possible non seulement de les atteindre, mais de les surpasser.
Je vous donne un autre exemple. La semaine dernière, dans le cadre de réunions, j'ai parlé à des architectes de la Colombie-Britannique de cette cible annuelle de 100 kilowattheures par mètre carré. Ils m'ont dit que c'était facile à atteindre, puisqu'ils l'atteignent déjà. Ça vous montre où nous en sommes et jusqu'où il faut aller.
Bien entendu, nous continuons à faire ce que nous faisons depuis 20 ans pour réduire la consommation d'énergie — changer les ampoules électriques, moteurs, dispositifs de réglage —, mais il faut explorer de nouvelles possibilités. Auparavant, on ne se souciait guère de l'étanchéité des immeubles, mais on sait maintenant que les fuites d'air comptent pour environ 30 p. 100 des pertes en énergie.
Nous n'en avions pas tenu compte et n'avions pas touché à la structure externe de l'immeuble. Nous commençons à comprendre ce qu'est l'isolation continue. Il est extrêmement important d'éliminer les ponts thermiques pour accroître le rendement d'un immeuble. Il ne suffit pas de vider l'isolation du grenier ou des murs avec des aspirateurs conçus pour cela.
Nous devons également explorer les produits novateurs. Il existe beaucoup de nouveaux matériaux et produits: des panneaux d'isolation sous vide, de l'isolation hautement performante, des aérogels, du matériel à haut rendement, et j'en passe. Nous devons examiner comment ces produits peuvent nous aider à atteindre notre objectif.
Prenons, par exemple, le thermostat Nest, conçu par d'anciens employés d'Apple. Il est très simple à utiliser et apprend vos habitudes. Nous connaissons probablement tous les thermostats programmables, mais celui-ci va encore plus loin. Ceux qui l'ont installé ont constaté une baisse de leur facture énergétique. Nous devons tirer profit de ce genre de technologie, essentiellement un thermostat intelligent, et nous en servir dans nos projets de construction ou de rénovation.
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Bonjour. Je m'appelle Dean Karakasis et je suis le directeur général de l'Association des propriétaires et administrateurs d'immeubles d'Ottawa et de la région de la capitale nationale où nous servons fièrement la plus grande concentration d'immeubles gouvernementaux au pays. Le comité a fait preuve récemment de beaucoup de respect à l'endroit de notre organisation en invitant notre bureau national à venir témoigner. Pour vous donner une idée, nous administrons environ 2 milliards de pieds carrés à l'échelle nationale et environ 100 millions uniquement à Ottawa et dans la région de la capitale nationale.
Notre mandat consiste à représenter les intérêts de l'industrie, et non ceux de nos membres. À cet égard, nous avons créé divers programmes visant à éduquer les gens et à rassembler les normes de l'industrie. Mais, surtout, nous offrons des forums permettant la mise en commun de pratiques exemplaires et d'expériences dans différents domaines, de la construction à l'économie d'énergie, le sujet que nous abordons aujourd'hui.
Un de ces programmes, le BOMA BESt, réunit les normes et le partage de connaissances et d'expériences. Il s'agit d'un programme canadien, géré et mis à jour au Canada. Il a été conçu pour examiner l'impact des espaces à bureaux commerciaux sur l'environnement selon le principe qu'on ne peut pas modifier ce qu'on ne mesure pas. Mes collègues nationaux vous ont dit que le BOMA BESt évalue six aspects clés de la performance et de la gestion environnementale, soit l'énergie, l'eau, la réduction des déchets, les émissions et effluents, l'environnement intérieur et les systèmes de gestion environnementale.
À ce jour, plus de 150 immeubles dans la région d'Ottawa ont été certifiés en fonction d'un des quatre niveaux de certification du BOMA BESt et de nombreux autres ont utilisé le programme simplement pour évaluer leur situation et déterminer ce qu'ils doivent améliorer afin d'atteindre un de nos quatre niveaux. À BOMA Ottawa, nous sommes fiers de dire que depuis 2008, nous collaborons avec Travaux publics et Services gouvernementaux Canada et SNC Lavalin, qui administre de nombreuses installations gouvernementales, afin d'accroître le nombre de leurs immeubles participant à notre programme.
Ce programme aide les gestionnaires d'immeubles à comprendre leur situation grâce à des chiffres absolus et des mesures de rendement, ce qui leur permet d'étudier les initiatives pouvant les aider à réduire l'impact de leur immeuble sur l'environnement.
Les immeubles du deuxième niveau de certification du BOMA BESt sont 6 p. 100 plus performants que la moyenne nationale, ceux du troisième niveau, 18 p. 100, et ceux du quatrième niveau, le plus élevé, 46 p. 100. Nous travaillons avec le gouvernement afin de nous assurer que les immeubles du portefeuille de Travaux publics sont évalués dans le cadre du BOMA BESt. Avec la collaboration de vérificateurs indépendants, nous avons évalué 49 immeubles où travaillent des fonctionnaires, et ce uniquement au mois de mars. Cela constitue pour nous un nouveau record.
En réalité, bon nombre des options offertes aux immeubles plus grands et bien administrés sont déjà mises en oeuvre. Toutefois, si notre objectif commun est de réduire l'impact environnemental des espaces de bureau commerciaux, tant dans le secteur public que dans le secteur privé, notamment en ce qui concerne l'utilisation de l'énergie, nous devons nous attarder à trois choses.
Premièrement, nous devons investir dans les gestionnaires immobiliers et gestionnaires d'installation professionnels qui administrent les immeubles gouvernementaux ou qui offrent la gestion en sous-traitance à des fournisseurs de services. Ils doivent avoir accès à une formation continue afin d'apprendre les pratiques exemplaires au fur et à mesure qu'elles évoluent et les mettre en oeuvre. Ils pourront ainsi jouer un rôle dans le processus global et deviendront de meilleurs gestionnaires, des atouts pour le gouvernement.
Je dois souvent gérer des dossiers BOMA BESt dans lesquels les données ont été recueillies par des agents de projets ou des spécialistes de l'environnement, alors que ce sont les gestionnaires ou les exploitants d'immeubles qui doivent répondre aux questions et effectuer les vérifications uniques à notre programme. Ces gens sont les mieux placés pour fournir des idées, analyser les progrès et assurer l'entretien. Ils doivent participer activement aux initiatives de mesure.
Deuxièmement, il faut élargir le mandat fédéral aux immeubles qui ne font pas partie du portefeuille de Travaux publics et Services gouvernementaux Canada. Je ne veux pas dire que ce n'est pas ce qui se passe. De nombreux gestionnaires d'immeubles progressistes à Transport Canada, à la Défense et ailleurs au gouvernement qui nous ont contactés. En raison du prix abordable de notre programme, ils ont pu se le procurer, le mettre en oeuvre et tirer profit des données d'évaluation. Il est clair que le gouvernement peut réaliser des économies en soumettant plus de ses immeubles à notre programme. On ne peut pas réduire ce qu'on ne mesure pas.
Finalement, j'ignore s'il en a déjà été question, mais j'aimerais faire la suggestion suivante. Cela peut paraître étrange venant de quelqu'un qui est censé défendre les intérêts des immeubles et de leurs propriétaires, mais nous nous concentrons trop souvent sur la structure externe des immeubles et l'équipement qui assurent le fonctionnement des immeubles, car il est facile de nos jours de changer un système, des ampoules électriques ou des fenêtres. Un fait demeure: aujourd'hui, lorsque l'on veut changer les fenêtres ou les systèmes CVCA, il y a toujours des options écologiques disponibles.
Un gestionnaire d'immeuble très respecté à Ottawa, et ayant sous sa responsabilité un important portefeuille d'immeubles, m'a dit qu'il faut travailler très fort pour rénover un immeuble et le rendre plus dommageable pour l'environnement qu'il ne l'était auparavant.
D'ailleurs, les investissements écologiques de certains des joueurs de l'industrie ne se traduisent pas habituellement par un bilan financier plus positif. Cependant, la responsabilité environnementale relative à l'exploitation des immeubles fait maintenant partie de notre culture, et nous ne retournerons pas en arrière.
Ce qui nous pose problème, c'est l'évolution constante des locataires et l'amélioration de leur environnement. Nous apposons des affiches pour modifier leur comportement — articles de verre ou de plastique ici, déchets organiques là — et mettons en place une infrastructure pour les inciter à participer au recyclage du papier, des ordinateurs ou des piles. Nous prenons régulièrement ces initiatives. Par contre, nous n'avons aucun moyen clair de les éduquer, de les reconnaître ou d'obtenir leur opinion, et ainsi leur permettre de jouer un plus grand rôle dans ce processus. Et je ne parle pas de boîtes à suggestions, virtuelles ou physiques, mais bien d'un moyen d'accueillir les idées des locataires pour trouver des approches utiles aux problèmes existants.
Les fenêtres les plus étanches ne servent à rien si elles restent ouvertes toute la journée. L'appareil le plus éconergétique dans un bureau est inefficace s'il reste allumé lorsqu'il n'est pas utilisé. Les locataires d'espaces de bureau sont plus soucieux de l'environnement lorsqu'ils sont chez eux que lorsqu'ils sont au bureau. La raison est simple: l'espace de bureau ne leur appartient pas. Nous avons tous un rôle à jouer pour modifier la culture des locataires.
Nous devons leur faire comprendre qu'ils font partie du processus. Pour cela, il faut aller au-delà de la simple note de service. Il faut utiliser les médias sociaux et traditionnels et peut-être même promouvoir l'éducation environnementale auprès de nos locataires, tant dans le secteur public que dans le secteur privé.
Nous avons parfois l'impression que nous tentons d'améliorer l'efficacité des immeubles malgré la présence des locataires. Il est temps de concevoir des programmes pour remédier à cela. La participation des locataires est la prochaine étape dans la réduction des déchets et de la consommation d'énergie.
Je tiens à remercier le comité de m'avoir invité aujourd'hui et de m'avoir permis de transmettre mon message. En tant que secteur, nous sommes prêts à collaborer à l'élaboration d'approches encore plus novatrices pour notre avenir collectif.
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Je vous remercie pour cette occasion. Cela fait maintenant trois semaines que j'attends ici. C'est une blague.
Merci beaucoup.
Je suis le directeur général de Global Resource Efficiency Services, un groupe de gestion énergétique stratégique présent un peu partout au pays. Nous sommes des agents d'intégration et des planificateurs et aidons nos clients à adopter des mesures éconergétiques.
Nous sommes maintenant basés en Alberta où l'on retrouve les plus hauts tarifs d'électricité au pays, en raison de la déréglementation. Peu de gens aiment le tarif actuel de 22 ¢ le kilowattheure, sauf nous, car il ouvre la porte à des possibilités. Nous travaillons, entre autres, avec des ateliers de soudure, des immeubles de grande hauteur, des écoles et des réserves indiennes, car ces tarifs élevés causent beaucoup d'angoisse. Le gaz est encore très bon marché, alors que l'eau est parfois très dispendieuse. Tout dépend où l'on se trouve. Les déchets constituent également un problème.
En ce qui concerne le sujet de l'étude, le gouvernement fédéral fonctionne de deux façons en ce qui concerne ses bureaux: soit il loue l'espace nécessaire, soit l'immeuble lui appartient. Je crois qu'il se tourne de plus en plus vers la location. Alors, que faire avec les propriétaires qui ne se soucient guère de vos coûts d'exploitation et qui vous refilent les coûts liés à l'électricité, au gaz, à l'eau ou autre? Vous le payez. En réalité, il n'y a, selon moi, que deux façons de résoudre le problème.
Nous traitons avec des propriétaires et des locataires et devons résoudre des problèmes de location. Sur le plan stratégique, le gouvernement fédéral devrait établir des normes de rendement à l'intention des propriétaires d'immeubles de qui il loue des espaces de bureau. Est-ce préférable pour le gouvernement de louer des espaces où les coûts de l'électricité et du gaz sont élevés ou d'établir des normes de rendement en fonction de ses besoins et du prix qu'il est prêt à payer?
Cherche-t-il des locaux qui offrent un éclairage à faible consommation d'énergie ou une consommation efficiente de l'eau? Je crois qu'il a le pouvoir d'exiger que les propriétaires des immeubles où il loue des espaces lui permettent d'avoir des coûts d'exploitation raisonnables.
Une autre façon de procéder en ce qui concerne les immeubles loués à bail serait d'apporter d'importantes modifications au code du bâtiment. Les gouvernements fédéral et provinciaux hésitent toujours à procéder à de telles modifications. Pourtant, cela leur permettrait de résoudre beaucoup de problèmes.
Lorsque le gouvernement a légiféré concernant l'utilisation des appareils d'éclairage fluorescents T12, tout le monde est passé à des appareils T8 et T5. Une telle décision entraîne beaucoup de changements.
Pour les propriétaires d'immeubles, nous proposons le système AIM — audit, implement et monitor — où l'on examine un immeuble d'un point de vue stratégique plutôt que tactique. Une solution tactique serait de changer l'éclairage. Vous procédez, sans penser à l'impact que cela pourrait avoir dans l'immeuble.
En changeant l'éclairage, vous changez la quantité de chaleur qu'il émet. Alors, comment faire pour pallier cette différence sur le plan du chauffage et de la climatisation? Donc, selon nous, il est essentiel de faire une planification stratégique pour établir les mesures à prendre concernant l'immeuble.
La première étape du AIM est de concevoir un plan stratégique. Dans le cadre d'un tel plan, il faut analyser les coûts de renouvellement des immobilisations sur une période de 25 ans, par exemple, le remplacement de la toiture, des fenêtres, des portes ou de l'éclairage. Après analyse, vous réalisez que la rénovation de l'immeuble nécessitera un investissement considérable. Des mesures éconergétiques peuvent aider à réduire ces coûts. Donc, avec un plan et une analyse, vous pouvez prendre des décisions réfléchies et très efficaces sur la façon de rénover vos installations.
La planification des immobilisations et les mesures éconergétiques vont de pair. Selon moi, le gouvernement fédéral devrait réunir ces pratiques. C'est une décision stratégique.
Avec le processus de vérification, mise en oeuvre et contrôle, vous faites les vérifications et tout le travail de planification, puis vous passez à la mise en oeuvre. C'est à ce moment que vous vous attaquez aux mesures d'ordre matériel, comme l'amélioration de l'éclairage — toutes ces choses différentes à faire, le recours à l'énergie renouvelable, etc. Comment faire? Comme l'ont dit les témoins précédents, si vous n'avez pas d'excellents gestionnaires d'immeubles et employés, vous aurez de la difficulté à y arriver. Il est essentiel de former ces gens et de les munir des outils et des fonds nécessaires à ces changements.
En passant, l'argent est là. Nous croyons fermement que le gaspillage, dans nos immeubles, est de l'ordre de 50 p. 100. C'est notre philosophie et notre démarche. L'une des choses que j'entends, dans le cadre des travaux de ce comité, c'est la question de savoir comment apporter ces changements avec l'aide de l'effectif interne quand il n'existe pas.
Certaines personnes parlent de marchés de services éconergétiques et du recours à des entreprises de services éconergétiques, que nous appelons des ESCO. C'est une possibilité, mais quand c'est l'option que vous choisissez, vous devez savoir que cela fera grimper le coût de vos travaux d'amélioration éconergétique de 20 à 40 p. 100. Ces entreprises assurent le risque qu'elles assument. Les économies sont garanties, alors, vous savez quoi? Vous allez payer plus cher ce genre de travaux.
Nous croyons qu'il faut embaucher les personnes requises, les avoir à portée de la main et les laisser faire le travail. Vous fournissez les ressources, les consultants, tout ce qu'il faut pour les aider à faire les changements, mais il vaut mieux avoir des gens à l'interne pour faire les changements, parce qu'ils vont s'en occuper à long terme.
En ce qui concerne les aspects périphériques — et j'aime ce que j'ai entendu de la part des gens de BOMA —, il faut assurer la formation des responsables du fonctionnement des immeubles et leur donner les outils et les ressources qu'il leur faut pour pouvoir faire fonctionner vos immeubles efficacement. Cela correspond facilement à des économies de 10 p. 100.
Ce genre de travaux a fait l'objet d'examens par les pairs, réalisés notamment par l'ASHRAE, une société américaine d'ingénieurs en chauffage, réfrigération et climatisation, et il en est ressorti que la façon de gérer les installations peut facilement mener à des économies de 10 p. 100. Il est aussi très utile de faire intervenir les occupants, de créer des programmes de sensibilisation des occupants et d'instaurer des mesures d'encouragement et de partage des économies réalisées avec eux.
Je vais m'arrêter ici. Je préfère le dialogue et la discussion.
Aux échelons élevés, faites de la planification stratégique; essayez d'éviter le côté tactique; faites-le vous-même et vous économiserez une fortune; modifiez le code du bâtiment. Faites de la déréglementation, de sorte que le prix de l'électricité grimpe très haut partout au Canada — c'est une blague, bien sûr.
Des voix: Oh, oh!
M. Brian Staszenski: Merci.
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Caneta Research Inc. est une petite entreprise d'experts-conseils dans le domaine de l'efficacité énergétique qui est basée dans la région du Grand Toronto. Nous comptons 10 ingénieurs. L'essentiel de nos activités relève d'une entreprise appelée Caneta Energy, qui offre des services de modélisation énergétique, ainsi que des services-conseils à des propriétaires d'immeubles qui cherchent à améliorer leurs immeubles et à obtenir la certification LEED.
Nous n'offrons pas les services complets d'accompagnement aux propriétaires qui veulent obtenir la certification LEED. Cependant, nous travaillons souvent avec ceux qui le font, mais qui n'ont pas la capacité de modélisation énergétique qui les aiderait à répondre aux exigences LEED et à aller chercher les crédits additionnels en application de ce programme.
Nous participons aussi à la modélisation de PPP, les partenariats public-privé, qui pourraient être intéressants, surtout en Ontario, en Colombie-Britannique et au Québec, là où tout nouveau projet d'aménagement doit répondre à une cible énergétique ou offrir une garantie d'ordre énergétique. C'est là où on passe à l'action: quand vient le temps de produire une modélisation énergétique précise.
De plus, en Ontario, la modélisation est requise pour faire la preuve de la conformité au code. Ce n'est exigé que dans quelques provinces, en ce moment. Je vais y revenir plus tard.
Il y a plus de 10 ans, l'activité de Caneta Energy s'est amorcée sous la bannière de Caneta Research Inc.
Nous faisons des affaires depuis 24 ans. Caneta a conseillé les provinces, le gouvernement fédéral et des organismes comme le Centre national de recherches du Canada, quand ils travaillent aux codes. Nous avons conseillé ces ministères sur les nouvelles exigences en matière de consommation énergétique et avons aussi offert nos services dans le cadre de programmes gouvernementaux dont vous vous souviendrez peut-être: le Programme d'encouragement pour les bâtiments commerciaux, ou PEBC, qui était offert par Ressources naturelles Canada pour les gros immeubles, et plus récemment, l'Initiative écoÉNERGIE sur l'efficacité énergétique, qui est très semblable. Nous offrons notre appui dans le cadre de ces programmes et aidons les clients à profiter des mesures incitatives ou de ce qui est offert. Nous avons travaillé pour le ministère des Affaires municipales et du Logement de l'Ontario, qui est responsable du code de l'Ontario. Nous l'avons fait en deux occasions — en 2006, puis encore, en 2011.
Je vous donne cette information, car je pense qu'elle vous sera utile au moment de me poser des questions.
Nous venons, avec ce même ministère, de terminer une vaste étude sur les gros immeubles, en vue de proposer des mesures à intégrer dans le code pour encourager les travaux de rénovation comportant des mesures d'amélioration de l'efficacité énergétique. En ce moment, rien n'exige de tels travaux d'amélioration. Par exemple, si vous réparez un mur, rien ne vous oblige à remplacer ou à rehausser l'isolant. Si vous remplacez une pièce d'équipement, vous n'êtes pas obligé de respecter les normes énergétiques actuelles.
La province veut changer cela. Ils veulent être en mesure de profiter de tout ce qui relève d'un permis pour exiger le respect de normes plus sévères. Ils se penchent en ce moment sur des versions préliminaires de telles normes. Il faudra peut-être quelques années pour les mettre en place, mais il est encourageant de constater que l'attention ne porte pas exclusivement sur les immeubles neufs.
J'ai brièvement mentionné que nous collaborons avec le Conseil national de recherches du Canada au Code national de l'énergie pour les bâtiments - Canada 2011. Je suis sûr que bon nombre d'entre vous sont au courant. Ce code est l'un des plus exigeants d'Amérique du Nord, je pense, si ce n'est dans le monde. Nous n'avons pas eu l'occasion de le comparer aux normes européennes, mais je suis sûr qu'il est aussi exigeant.
Je suis ici aujourd'hui, en partie — d'après ce que Marc-Olivier m'a dit — en raison d'un rapport que nous avons produit pour Travaux publics en 2001. Il s'agissait d'une étude par laquelle nous devions déterminer comment améliorer les immeubles de bureaux, qui répondait aux exigences d'un code modèle national de l'énergie pour les bâtiments, la norme à l'époque... Quelques provinces avaient adopté cette norme énergétique. Travaux publics voulait une amélioration supplémentaire se situant entre 60 et 70 p. 100, ce qui est très sévère.
Il a été relativement facile d'obtenir une amélioration de 25 p. 100, et nous l'avons démontré. Les programmes ont évolué, depuis ce temps. Par exemple, le Programme d'encouragement pour les bâtiments commerciaux exigeait des économies d'énergie de l'ordre de 25 p. 100 par rapport au code modèle national de l'énergie pour les bâtiments.
L'actuel Code national de l'énergie pour les bâtiments, que je viens de mentionner, et que le CNRC a présenté en 2011, se traduit par des économies de 25 p. 100 supérieures à ce qu'elles étaient en application de l'ancien code modèle national de l'énergie pour les bâtiments de 1997, le CMNEB. D'énormes progrès ont été réalisés, et je ne veux donc pas consacrer beaucoup de temps à un rapport qui remonte à 12 ans, mais plutôt parler du point où nous en sommes maintenant.
Ce travail a démontré qu'il était relativement facile d'obtenir des économies supplémentaires de 25 p. 100, par rapport au CMNEB, et ce, sans coût en capital marginal. C'était prometteur. C'est une tout autre affaire, quand il s'agit de tout ce qui dépasse cela. Le coût peut grimper.
Comme je l'ai dit, des programmes prévoyant des mesures incitatives ont par la suite été adoptés sur la base de la possibilité de réaliser des économies supplémentaires de 25 p. 100.
Aujourd'hui, ce même principe est à la base des exigences du code de l'énergie pour les bâtiments de l'Ontario. L'une des façons de se conformer est de démontrer une amélioration de l'efficacité énergétique de 25 p. 100 de l'immeuble, par rapport au CMNEB. Je voulais le souligner. Je pense qu'il s'agit de l'un des codes les plus exigeants que je connais. Nous l'avons comparé aux données de l'ASHRAE de 2010, aux États-Unis — 189 ASHRAE — une norme de rendement élevée. Et comme je l'ai dit, il nous reste seulement à le comparer à l'Europe.
J'ai probablement consacré assez de temps à parler de ce genre de choses.
J'ai mentionné dans mon mémoire, que tout le monde a entre les mains, je pense, que j'ai fait un exposé au chapitre de Toronto du CBDCa — le Conseil du bâtiment durable du Canada — sur tout cela, sur les progrès réalisés au fil des années, sur la direction que nous prenons concernant les immeubles, y compris la consommation nette nulle. Je parle un peu de la consommation nette nulle, dans cette présentation, et de la façon dont elle peut être réalisée dans les immeubles.
En passant, l'ASHRAE, aux États-Unis, compte atteindre la consommation nette nulle en 2030. Je ne sais pas s'ils y arriveront. C'est encore bien loin.
Dans bien des secteurs, aujourd'hui, l'une des plus grandes difficultés — je vais terminer là-dessus — réside dans les prix de l'énergie, qui ont changé énormément depuis l'étude de 2001. Le prix du gaz naturel est de 50 p. 100 intérieur à ce qu'il était alors. Le prix de l'électricité a doublé. Je parle principalement des marchés que nous avons étudiés dans ce document. La période de récupération s'en trouve nettement plus longue, quand il s'agit de gaz, si vous voulez utiliser moins de gaz, et nettement plus courte en ce qui concerne l'électricité.
Souvent, quand vous modifiez un bâtiment, cela produit un effet sur la consommation d'électricité et de gaz, et vous dépendez de ces deux aspects pour obtenir les économies qu'il vous faut pour justifier votre coût en capital.
Je pense que vous avez déjà entendu les gens du CBDCa, probablement en mars, quand j'ai dû renoncer à venir, mais il devient très difficile d'enregistrer une réduction de 25 p. 100 ou plus des coûts et, ainsi, d'obtenir les crédits requis pour la certification LEED, car vous ne pouvez pas compter sur les économies en gaz, celles-ci étant calculées en fonction du pourcentage du prix économisé.
Je voulais le signaler. C'est un problème que tout le monde connaît aujourd'hui, et chaque fois que nous regardons... Par exemple, récemment, c'était un des gros problèmes de l'étude sur la rénovation que nous faisons pour le ministère chargé du code en Ontario. Nous avions de la difficulté à établir une période de récupération raisonnable avec les prix du gaz que nous avions. Pour l'électricité, c'est une tout autre affaire.
Je pense qu'une bonne part de ce que nous avons fait dans notre rapport de 2001 s'appliquerait, par exemple, aux immeubles actuels de Travaux publics. Bien des mesures éconergétiques d'alors pourraient être mises en oeuvre. L'occasion est là, surtout si on remplace de l'équipement ou si on exécute des travaux majeurs de rénovation.
C'est ce qui termine mon exposé. J'espère pouvoir répondre à certaines de vos questions.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie tous les témoins de leur présence.
Monsieur le président, je pense qu'il faut garder certaines choses à l'esprit. D'abord, je crois que le terme « leadership » est le mot juste, et j'apprécie que M. McCallum en ait fait mention et nous demande quelles mesures doivent être prises, mais j'ai constaté que parfois, la nature humaine nous pousse à oublier ce qui s'est passé.
Nous avons parlé de l'initiative des bâtiments fédéraux qui a permis de réaliser des économies de 15 à 20 p. 100 dans tous les immeubles visés. Mon collègue M. Trottier a fait valoir que le rendement s'affaiblissait au fil du temps, étant donné que les initiatives deviennent plus difficiles à entreprendre.
J'ai visité les installations de RNCan pour le développement de la recherche sur les produits de construction. Bien qu'elles ne soient pas aussi impressionnantes que les grandes dépenses que souhaitent peut-être voir certains membres de l'opposition dans ce domaine, elles permettent aux entreprises de mettre à l'essai des produits novateurs ici, à Ottawa. Il y a deux bâtiments côte à côte. L'un d'eux comprend un chauffe-eau éconergétique et l'autre un chauffe-eau ordinaire, et ils sont tous deux testés dans des circonstances similaires.
Plutôt que de dire que le gouvernement fédéral n'a pas joué un rôle de chef de file, je dirais que la qualité et l'innovation de nos produits de construction donnent lieu à une grande efficacité énergétique. M. Karakasis dit que la plupart des nouveaux bâtiments sont on ne peut plus éconergétiques; il faudrait faire preuve de mauvaise volonté pour ne pas l'être.
On a également parlé de l'élimination de certains déchets. Monsieur le président, en tant qu'ancien conseiller municipal de la ville de Penticton, je tiens à souligner que nous traitons les questions d'enfouissement avec nos partenaires régionaux. Nous sommes confrontés à un problème: le renforcement de la réglementation sur l'enfouissement, les matériaux de construction, etc. encouragera le déchargement illégal, puisqu'on ajoute des frais de rénovation. Chaque fois qu'on fait des rénovations, on améliore les projets et on accroît leur efficacité énergétique.
Ensuite, un des problèmes avec l'enfouissement des matériaux est que les propriétaires de ces sites, qu'ils soient privés ou publics, se sentent obligés de permettre à des groupes individuels — qu'il s'agisse de groupes bénévoles de la société civile ou d'entreprises à but lucratif — de recueillir et de recycler ces matériaux. On ne parle pas ici de voeu pieux, mais bien de protection juridique et de compétence.
J'ai des questions à poser aujourd'hui, monsieur le président. Je sais que ces discussions peuvent être assez difficiles, mais j'aimerais parler à M. Staszenski, de l'Alberta.
Monsieur Staszenski, vous avez parlé des baux de location... En passant, je vous remercie d'avoir souligné que les baux sont habituellement des contrats fermés: on ne peut pas simplement les rouvrir. Mais si vous souhaitez améliorer les installations, vous pouvez offrir à votre locateur d'assumer les coûts supplémentaires et insister sur le caractère durable de ces améliorations.
Vous avez parlé d'une prime de 40 p. 100 pour ces garanties relatives à l'efficacité énergétique. Est-ce bien cela?