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Merci, monsieur le président.
Je remercie les membres du comité de nous avoir invités à comparaître. J'ai le plaisir de vous entretenir du rapport annuel 2010-2011 du Bureau de l'ombudsman de l'approvisionnement.
[Traduction]
Depuis ma nomination en janvier 2011, j'ai tiré profit du travail entrepris par mon prédécesseur, M. Shahid Minto, en vue de la mise sur pied du Bureau. M. Minto a pris sa retraite en juillet 2010 et l'ombudsman de l'approvisionnement adjointe a dirigé le Bureau jusqu'à mon arrivée.
Depuis mon arrivée, il m'est apparu évident que le Bureau peut compter sur des gens compétents qui sont convaincus que ce qu'ils font joue un rôle important sur les plans de l'équité, de l'ouverture et de la transparence des marchés publics et, en fin de compte, pour les contribuables canadiens. Je suis fier d'avoir été pressenti pour diriger cet organisme apprécié et digne de confiance.
Aujourd'hui, je suis accompagné de Janet Barrington, directrice principale, Assurance de la qualité et gestion des risques; Janet Labelle, directrice principale, Renseignements et enquêtes relatives à l'approvisionnement et M. Paul Morse, conseiller principal, Examen des pratiques d'approvisionnement.
Monsieur le président, les observations que je ferai aujourd'hui porteront sur trois aspects qui ont été abordés dans mon rapport. Je vais vous donner un aperçu du mandat du Bureau et des services qu'il offre. Je ferai un bref survol des résultats obtenus par le bureau en 2010-2011. Ensuite, je vais vous donner une idée de ce que je prévois pour l'avenir du Bureau.
J'aimerais tout d'abord vous donner un bref aperçu du mandat du Bureau ainsi que des services qu'il offre.
En 2006, le gouvernement a adopté la Loi fédérale sur la responsabilité, qui prévoyait notamment la nomination d'un ombudsman de l'approvisionnement. Le Bureau a été créé au moyen de modifications à la Loi sur le ministère des Travaux publics et des Services gouvernementaux et est devenu pleinement opérationnel en mai 2008 lorsque le Règlement concernant l'ombudsman de l'approvisionnement est entré en vigueur.
Nous avons un mandat pangouvernemental qui s'applique à la plupart des ministères et organismes. Les trois principales exceptions à ce mandat pangouvernemental sont: le Service canadien du renseignement de sécurité, le personnel de la Chambre des communes et du Sénat et les sociétés d'État
Notre mandat, établi en vertu de la loi, était de faire les quatre choses suivantes: examiner toute plainte relative à l'attribution d'un marché d'acquisition de biens dont la valeur est inférieure à 25 000 $ et de services dont la valeur est inférieure à 100 000 $; examiner toute plainte relative à la gestion de tout marché de l'État en vue de l'acquisition de matériel ou de services par un ministère, sans égard au montant; veiller à donner l'accès à un mécanisme de règlement extrajudiciaire des différends lorsque les deux parties concernées conviennent de participer et examiner les pratiques d'acquisition de matériel et de services des ministères pour en évaluer l'équité, l'ouverture et la transparence.
De plus, l'ombudsman peut être tenu d'exercer toute autre fonction à la demande du ministre des Travaux publics et des Services gouvernementaux ou du gouverneur en conseil.
Mon poste relève du ministre des Travaux publics et des Services gouvernementaux. Conformément à la loi habilitante du Bureau, je dois présenter un rapport annuel au ministre, qui le dépose au Parlement.
Il y a environ 25 postes à temps plein au Bureau, qui dispose d'un budget d'environ quatre millions de dollars. Même si le Bureau obtient des fonds à partir des crédits octroyés à Travaux publics et Services gouvernementaux Canada, ils sont approuvés par le Conseil du Trésor, et seul le Conseil du Trésor peut modifier ces crédits.
Le Bureau est indépendant et exerce ses fonctions sans aucun lien de dépendance avec les ministères et organismes fédéraux. J'ai la pleine maîtrise de l'exécution de notre mandat et de nos activités quotidiennes.
Avant la création du Bureau, le système d'approvisionnement n'offrait pas aux fournisseurs un mécanisme de recours pour régler les questions d'attribution de contrats de faible valeur ou d'administration de contrat.
Même si les fournisseurs ayant eu des problèmes d'attribution de contrats d'une plus grande valeur pouvaient s'adresser au Tribunal canadien du commerce extérieur, les fournisseurs ayant eu des problèmes concernant des contrats de faible valeur ou par rapport à l'administration d'un contrat avaient trois options, qui n'étaient pas très pratiques. Ils pouvaient tenter de régler le problème avec le ministère concerné, accepter la décision tout simplement ou intenter des poursuites judiciaires. En créant le Bureau, le gouvernement a comblé un vide sur le plan des contrats à faible valeur.
Permettez-moi maintenant de parler des résultats du Bureau pour l'année financière 2010-2011. Après le départ à la retraite du premier ombudsman, le Bureau a fonctionné sans ombudsman pendant environ six mois. La réglementation interdit au Bureau d'entreprendre de nouvelles enquêtes ou de nouveaux examens en l'absence d'un ombudsman; cependant, le Bureau a poursuivi ses activités quotidiennes.
Notre équipe des Renseignements et enquêtes de l'approvisionnement interagit quotidiennement avec nos intervenants. L'équipe répond aux appels et aux courriels des fournisseurs et des collectivités qui jouent un rôle dans les marchés publics.
J'estime qu'il s'agit d'un aspect crucial pour le Bureau. Voilà pourquoi nous nous sommes dotés d'un modèle opérationnel axé sur la prestation des services. Nous pourrons ainsi veiller à ce que chaque prise de contrat avec le Bureau soit traitée rapidement, de façon personnalisée et complète. Notre principal objectif consiste à répondre aux préoccupations des fournisseurs par le dialogue et l'échange d'information avant qu'un problème ne donne lieu à des différends longs et coûteux.
Nous sommes aussi conscients que notre rôle est axé sur la prestation de services à la population canadienne et nous faisons preuve de diligence pour porter les enjeux à l'attention du bureau approprié, même ceux qui ne relèvent pas de notre mandat. Dans le cadre de notre mandat, nous devons veiller à ne pas agir à titre de lobbyiste pour les fournisseurs ou de défenseur des organismes fédéraux.
Pendant la période visée par notre rapport annuel, on a communiqué avec le Bureau 329 fois, dont 110 fois pour des plaintes directement liées aux approvisionnements. Des 110 plaintes reçues par mon bureau, 81 d'entre elles — ou 74 p. 100 — portaient sur l'attribution d'un contrat. À cet égard, les problèmes soulevés par les fournisseurs concernent principalement la clarté des énoncés des travaux qui définissent les exigences, le caractère restrictif des critères d'évaluation des soumissions et l'équité du processus d'évaluation des soumissions.
Vingt-trois des 110 plaintes reçues par mon bureau — ou 21 p. 100 — traitaient de l'administration de contrats. À cet égard, les fournisseurs se sont habituellement dits préoccupés par les retards de paiement et par le fait que des ministères modifient de vive voix les modalités contractuelles après le début des travaux. Pour ce qui est des six dernières, ou 5 p. 100, il s'agissait de demandes d'examen de pratiques ou de règlement extrajudiciaire de différends.
La répartition que j'ai fournie et le genre de préoccupations que j'ai soulignées correspondent assez fidèlement à ce qui a été signalé au Bureau au cours des années précédentes. Je devrais mentionner que nous avons donné suite à toutes les plaines qui correspondaient aux paramètres réglementaires.
Nous avons publié trois rapports d'enquête; deux d'entre eux remontaient à 2009-2010 et l'autre, à 2010-2011. Les trois plaintes ayant donné lieu aux enquêtes portaient sur l'attribution d'un contrat. Le Bureau offre également, sur demande, des services de règlement extrajudiciaire des différends lorsque les deux parties au contrat conviennent de participer. Le Bureau leur donne l'occasion de se rencontrer dans un contexte neutre pour discuter de leur différend contractuel. Notre objectif est de parvenir à une entente acceptable pour les parties.
En 2010-2011, nous avons reçu 10 demandes de RED. Deux d'entre elles ne satisfaisaient pas aux exigences du Règlement. Parmi les huit autres demandes, quatre ont été rejetées par les ministères fédéraux concernés puisqu'un des ministères avait entamé son propre processus interne; trois ont été réglées à la satisfaction des parties; une des demandes qui était en traitement a été résolue par le Bureau depuis le dépôt du rapport annuel.
Le Bureau procède également à l'examen des pratiques d'approvisionnement de matériel et de services des ministères pour en évaluer l'équité, l'ouverture et la transparence. Nos examens sont fondés sur le même type de processus que pour les vérifications de gestion, c'est-à-dire que nous utilisons une approche systémique fondée sur les preuves. L'an dernier, nous avons entrepris quatre examens des pratiques d'approvisionnement. Un des rapports d'examen a récemment été publié et les trois autres en sont à différentes étapes d'exécution.
Tous les rapports d'examen de pratiques sont rendus publics et peuvent être consultés sur notre site Web.
L'an dernier, nous avons également publié une étude des risques liés aux marchés prescrits de moins de 25 000 $. Cette étude a été entreprise en partie à la suite des commentaires qui ont été faits et des préoccupations qui ont été soulevées à ce sujet par le comité auprès de mon prédécesseur.
Dans le cadre du travail que nous avons effectué en 2010-2011, nous avons remarqué que même si les ministères ont beaucoup progressé au chapitre de l'aide qu'ils offrent aux fournisseurs quant à l'établissement de relations d'affaires avec le gouvernement, les appels des fournisseurs à mon bureau indiquent qu'on peut en faire plus. Beaucoup d'appels au Bureau viennent de fournisseurs qui ne savent pas trop comment établir des relations d'affaires avec le gouvernement fédéral. De même, nous recevons des appels de fournisseurs qui ont du mal à comprendre le processus de demande de soumission, qui ont de la difficulté à interpréter les documents d'appel d'offres ou qui ne comprennent pas exactement comment présenter une proposition conforme au moyen de méthodes d'approvisionnement, comme les offres à commande et les arrangements en matière d'approvisionnement.
Ce qui semble frustrer les fournisseurs, c'est la difficulté qu'ils ont à obtenir des renseignements ou des précisions auprès des responsables des approvisionnements fédéraux. Beaucoup de dossiers qui nous sont transmis portent sur des préoccupations qui auraient pu être évitées par l'établissement d'un dialogue ouvert et précis.
Il y a eu des cas où, par crainte d'être exclus de futures occasions d'affaires, des fournisseurs étaient réticents à divulguer le nom des ministères leur ayant causé des préoccupations sur le plan des approvisionnements. J'ai fait le suivi de ces dossiers et j'espère arriver à mieux comprendre les problèmes qui s'y rapportent dans les prochaines semaines.
Pour ce qui est des perspectives d'avenir du Bureau, je suis d'avis que si on veut qu'il puisse accomplir sa mission, qui est de promouvoir l'équité, l'ouverture et la transparence des approvisionnements fédéraux, il est essentiel de le faire passer du mode de démarrage dans lequel il était à un mode optimal de fonctionnement et de prestation.
La mise en oeuvre du plan stratégique que nous avons récemment terminé constituera une condition cruciale à notre évolution. Le plan stratégique indique clairement que notre travail sera guidé par trois facteurs stratégiques: l'éducation, la facilitation — lorsque c'est possible — et les enquêtes, lorsque cela relève de notre champ de compétence.
De plus, j'ai mis sur pied d'autres activités qui visent à placer le Bureau dans une meilleure position. Par exemple, je suis d'avis que le Bureau ne peut être efficace que s'il est sur la même longueur d'onde que la collectivité qu'il doit desservir. C'est pourquoi nous avons préparé et sommes en train de mettre en oeuvre un programme de rayonnement concerté.
Aussi, nous avons entrepris une évaluation formative des trois premières années d'opération du Bureau. Elle vise à obtenir des renseignements en vue de comprendre jusqu'à quel point le Bureau s'acquitte bien de ses responsabilités et elle nous permet d'apporter les ajustements nécessaires à la nature de notre travail et à notre organisation.
L'objectif principal des travaux consiste à structurer le Bureau et à lui donner les outils nécessaires qui lui permettront de satisfaire aux attentes des parlementaires et de respecter le mandat dont ils l'avaient investi au moment de sa création en 2008.
Je vous remercie de m'avoir invité à vous adresser la parole aujourd'hui.
[Français]
Merci beaucoup.
[Traduction]
Nous sommes maintenant à votre entière disposition pour répondre à vos questions.
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Certainement, et merci de me poser la question.
Permettez-moi de commencer en disant que je crois que ma responsabilité et le rôle de mon bureau consistent en grande partie à éduquer. C'est le premier élément des piliers. Comme je l'ai indiqué cet après-midi, je crois que si l'on veut éviter que les différends relatifs à l'approvisionnement s'enveniment, en intervenant à un stade précoce ou en fournissant l'information pertinente, mon bureau peut jouer un rôle crucial en contribuant à l'éducation des intervenants et des fournisseurs. En faisant connaître au gouvernement les pratiques exemplaires et l'information que nous transmettent les fournisseurs ou en expliquant le système d'approvisionnement aux fournisseurs, nous jouons un rôle clé.
Comme je l'ai souligné, une bonne partie des appels que nous recevons concerne ce pilier. Les gens, particulièrement les néophytes, sont incertains de la manière dont ils doivent procéder, et c'est à nous de leur fournir l'information ou de les orienter dans la bonne direction.
Vient ensuite le pilier de la facilitation. Je le considère particulièrement important, car dans bien des cas, ceux qui nous appellent éprouvent une immense frustration à l'égard du gouvernement. Ils sont au bout du rouleau et veulent que l'on agisse. En pareil cas, je crois qu'il nous incombe de mettre cette personne en contact avec l'employé qui peut l'aider. Il nous est certainement tous déjà arrivé d'essayer de joindre un bureau au sein du gouvernement et de se perdre dans le labyrinthe administratif. Je ne veux pas que cela se produise dans mon bureau. Nous ferons les appels nécessaires pour mettre la personne concernée en contact avec l'employé à qui elle doit s'adresser pour traiter avec le gouvernement.
Par contre, quand les choses ont tourné au vinaigre — le fournisseur a essayé de régler un problème avec un ministère et en est arrivé au point où son seul recours passe par la voie judiciaire —, nous voulons intervenir afin de faciliter les échanges, que ce soit dans le cadre d'un processus de facilitation ou de notre mécanisme de règlement extrajudiciaire des différends.
Je crois enfin que nous jouons un rôle crucial dans les enquêtes. Les affaires dont nous sommes saisis peuvent dans bien des cas se régler grâce à la facilitation, mais, inévitablement, il arrive que certaines exigent une enquête. Dans ce cas, que ce soit au moyen d'un examen des pratiques, d'une étude ou d'une enquête officielle, nous devons examiner le problème, le dossier ou l'organisme afin de découvrir les faits et de les présenter selon notre point de vue afin de faire la lumière sur ce qui s'est passé.
Le plan stratégique que nous avons élaboré s'appuie sur ces trois piliers.