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Merci de votre invitation à comparaître aujourd'hui. Je suis ravi d'être ici au nom de PPP Canada pour vous parler des partenariats public-privé et du marché canadien.
En votre qualité de députés, vous savez pertinemment que le Canada doit composer avec des besoins importants en matière d'infrastructures à renouveler. Selon la Fédération canadienne des municipalités, le déficit en la matière pouvait atteindre entre 350 et 400 milliards de dollars en 2007 pour tous les paliers de gouvernement. En conséquence, tous les gouvernements du Canada continuent à chercher des moyens d'obtenir les meilleurs résultats possibles avec les dollars qu'ils investissent dans les infrastructures. Plusieurs d'entre eux ont reconnu l'importance de mobiliser l'expertise et la capacité d'innovation du secteur privé par l'entremise des partenariats public-privé, communément appelés les PPP.
Les PPP permettent en effet d'obtenir une plus grande responsabilisation, une optimisation des coûts reliés au cycle de vie complet et une discipline financière dans les relations contractuelles des gouvernements avec le secteur privé. Pour décrire ces types d'ententes, on utilise en Ontario le terme financement et approvisionnement alternatifs (FAA) alors qu'au Royaume-Uni, on parle d'initiatives de financement privé (IFP).
D'une manière générale, les PPP peuvent faire référence à un éventail de concepts reliés au rôle que joue le secteur privé dans l'approvisionnement en infrastructures publiques. Selon la définition utilisée par PPP Canada, les partenariats public-privé sont une approche d'approvisionnement en infrastructures publiques à long terme basée sur le rendement où le secteur privé assume la majeure partie des risques et des responsabilités de financement pour la livraison et le fonctionnement de l'infrastructure, et ce, à compter de la conception et de la planification structurelle jusqu'à l'entretien à long terme.
[Français]
De façon plus concrète, cela signifie que le gouvernement paie pour le bien seulement au moment où il est complètement construit et qu'une portion substantielle est payée durant son cycle de vie, dans la mesure où il est bien entretenu et qu'il fonctionne correctement. Les coûts sont connus d'avance, ce qui signifie que les contribuables ne sont pas financièrement responsables des dépassements de coûts, des retards ou des enjeux de performance.
Imaginez, par exemple, que l'entreprise qui a construit votre maison soit également responsable de toutes les réparations et de l'entretien pour la durée de votre prêt hypothécaire de 25 ans, puisque le montant que vous devez payer chaque mois, une fois la maison construite, est établi avant la construction de la maison. Vos paiements n'augmentent pas à mesure que surviennent les bris ou que certaines choses doivent être remplacées dans la maison. Pour cette raison, le constructeur considérerait la façon la plus efficace financièrement de construire quelque chose. Il s'agirait peut-être d'installer un toit en métal plutôt qu'un toit en bardeaux. C'est plus dispendieux au début, mais plus durable, de même que plus facile et moins onéreux à entretenir. Par ailleurs, si votre climatiseur brise et qu'il n'est pas réparé selon l'échéancier préalablement convenu, vous pouvez déduire ce montant du prochain paiement que vous lui devez.
Les PPP ne signifient pas la privatisation. Ils sont plutôt une relation contractuelle avec le secteur privé pour concevoir, construire, financer et entretenir l'infrastructure publique. La propriété du bien demeure au secteur public.
[Traduction]
Les PPP font tout simplement partie des outils à la disposition du gouvernement pour répondre aux besoins des Canadiens en investissant dans les infrastructures publiques. Ce n'est pas toujours la solution adéquate, mais lorsqu'elle est appliquée aux bons projets, elle offre plusieurs avantages dont une plus grande valeur ajoutée pour les contribuables; le respect des budgets et des délais dans la livraison des infrastructures publiques; des normes de responsabilisation et de rendement plus élevées; une plus grande prise en compte de la totalité du cycle de vie; et un degré de certitude dans la planification financière. Les PPP permettent en outre aux gouvernements de concentrer leurs efforts dans les domaines où ils excellent, c'est-à-dire de définir les services dont les Canadiens ont besoin, plutôt que de prescrire la façon dont ces services devraient être offerts.
Les PPP entraînent des coûts. Le coût du financement par le secteur privé est plus élevé, mais cette implication financière du secteur privé est essentielle si l'on veut obtenir les avantages découlant du transfert des risques et de l'établissement d'une discipline et d'incitatifs pour l'atteinte de meilleurs résultats. Les PPP sont également synonymes de coûts plus importants pour la planification initiale et la préparation des soumissions, car le secteur privé doit prendre un engagement à long terme et mettre en jeu ses ressources financières.
Les PPP sont toutefois la solution qui s'impose toutes les fois que les avantages excèdent les coûts. Il faut pour ce faire procéder d'entrée de jeu à une analyse approfondie. Nous savons d'expérience que ce travail initial produit de meilleurs projets, même si l'approche PPP n'est pas retenue, parce qu'elle exige une étude plus systématique des coûts, des risques et des attentes quant au rendement.
En général, les PPP conviennent davantage aux projets complexes de grande envergure pour lesquels les attentes quant au rendement peuvent être précisées clairement et demeurer stables au fil du temps. Le Canada est reconnu comme étant un chef de file mondial en matière de PPP. Bien que les PPP existent depuis plus longtemps dans des endroits comme le Royaume-Uni et l'Australie, le monde s'inspire de plus en plus de l'expérience canadienne.
Grâce aux leçons tirées de l'expérience étrangère, le Canada a pu appliquer les meilleures pratiques afin de créer un marché qui fait maintenant office de précurseur. En mai dernier, PPP Bulletin, une publication en commerce international, a mené un sondage pour déterminer les marchés les plus importants en PPP et le Canada s'est classé bon premier.
Pourquoi exactement est-ce le Canada qui ouvre la voie? Il y a quelques explications. Le Canada utilise les PPP pour les bonnes raisons. La priorité est la valeur créée pour les contribuables. Il ne s'agit pas de faire du financement hors bilan, mais plutôt de procéder à une analyse approfondie pour déterminer si le PPP est la meilleure option d'approvisionnement afin d'optimiser l'investissement.
Le Canada s'est doté d'institutions publiques solides dans le secteur des PPP. Des agences et des organismes publics ont été créés en Alberta, en Colombie-Britannique, en Ontario, au Québec, au Nouveau-Brunswick et par le gouvernement fédéral, ce qui a contribué au maintien d'un bon volume de projets, imposé l'application de méthodologies, de processus de documentation et de structures de transaction reconnues, et, surtout, favorisé la sensibilisation au modèle PPP.
Le Canada peut compter sur des marchés financiers rentables et bien nantis. Pour ses projets, le Canada n'est pas dépendant du financement bancaire à long terme, lequel est devenu moins disponible et plus onéreux depuis la crise financière. Le Canada a plutôt été en mesure d'avoir recours au marché des obligations, ce qui a permis la réalisation de projets à un taux de financement concurrentiel.
Le pays peut également bénéficier d'un marché hautement concurrentiel. On s'assure ainsi que les contribuables en ont vraiment pour leur argent. De solides joueurs nationaux et internationaux s'unissent sur le marché canadien pour produire d'excellents résultats. À la faveur des succès obtenus, les PPP deviennent de plus en plus des produits exportables pour l'industrie canadienne.
Le Canada peut miser sur un bassin en pleine croissance de projets diversifiés. Au volume important de projets en provenance des principales provinces s'ajoutent maintenant ceux mis de l'avant aux échelons fédéral et municipal. Le recours aux PPP s'étend en outre à de nouvelles classes d'actifs. Ce bassin croissant et diversifié permet de gagner en expérience et suscite une plus forte concurrence, ce qui réduit les coûts pour les contribuables.
[Français]
En 2007, le gouvernement du Canada a saisi l'occasion d'accroître son action et de générer de meilleures solutions en PPP en créant notre organisation, PPP Canada, une société d'État fédérale. De plus, le gouvernement a nommé au conseil d'administration des membres chevronnés détenant tous une solide expérience dans le secteur privé.
PPP Canada est en exploitation depuis 2009 et ses priorités d'affaires se divisent en trois volets.
Premièrement, nous agissons à titre de source d'expertise et de conseils en matière de partenariats public-privé par l'entremise du développement et du partage de connaissances.
Deuxièmement, nous avons le mandat faire des évaluations et de fournir des conseils quant à l'exécution des projets fédéraux en PPP.
Troisièmement, nous travaillons avec les provinces, les territoires, les municipalités et les Premières Nations pour bâtir l'expertise du secteur public.
Dans ce contexte, la société gère le Fonds PPP Canada de 1,2 milliard de dollars basé sur le mérite et qui met l'accent sur l'innovation en PPP, ce qui appuierait la croissance de l'économie et de l'emploi.
PPP Canada est une organisation axée sur la connaissance. Nous avons développé des outils et du matériel pour appuyer notre travail et celui de nos clients. La société a établi des relations avec les autorités responsables de l'approvisionnement de tous les ordres de gouvernement afin de partager les leçons apprises et les expériences.
PPP Canada recherche des occasions d'accroître la connaissance et la capacité tout en travaillant à façonner les marchés canadiens des PPP par la promotion d'une culture favorisant les PPP et le partage des meilleures pratiques.
Récemment, le gouvernement du Canada a procédé à la clôture de deux de ses propres projets en PPP: le projet lié à l'installation à long terme du Centre de la sécurité des télécommunications Canada à Ottawa et le projet lié au quartier général de la Division E de la GRC à Surrey, en Colombie-Britannique.
Aussi, le budget de 2011 a créé une nouvelle condition de présélection fédérale d'un PPP en vertu de laquelle les ministères fédéraux et les agences doivent évaluer le potentiel d'utilisation d'un modèle en PPP pour les projets d'infrastructure fédéraux ayant des coûts en capital de 100 millions de dollars et plus avec un cycle de vie d'au moins 20 ans.
Notre société agit actuellement à titre de conseiller principal en PPP pour Transports Canada concernant le projet lié à la construction du nouveau pont traversant le fleuve Saint-Laurent et pour le projet lié au nouveau Passage international de la rivière Détroit, en plus de travailler étroitement avec les ministères fédéraux et les agences dans la présélection et l'évaluation de la viabilité de leurs projets en PPP.
[Traduction]
En plus du travail que nous accomplissons avec nos clients fédéraux, nous cherchons à favoriser la croissance du marché des PPP au niveau des provinces, des territoires, des municipalités et des Premières nations. Doté d'un budget de 1,2 milliard de dollars pour cinq ans, le Fonds PPP Canada est un programme fondé sur le mérite ayant pour objectif d'appuyer les projets d'infrastructure en formule PPP qui créent de la valeur pour les Canadiens, de développer le marché canadien des PPP et de générer d'importants avantages pour la population.
Jusqu'à maintenant, le gouvernement du Canada a consenti une contribution financière totale de plus de 387 millions de dollars dans le cadre du Fonds PPP Canada pour la réalisation de 12 projets de différentes formes et ampleurs touchant diverses classes d'infrastructures. Ces engagements susciteront des investissements de plus de 1,5 milliard de dollars en mode PPP dans les infrastructures canadiennes.
Le mandat de PPP Canada consiste à utiliser les PPP afin d'améliorer la mise en place d'infrastructures publiques en augmentant la rapidité d'exécution, en renforçant la responsabilisation et en obtenant davantage pour l'argent des contribuables. Nous sommes déterminés à travailler avec tous les ordres de gouvernement afin d'assurer la meilleure valeur ajoutée possible pour les dollars que les Canadiens investissent dans leurs infrastructures.
Je vous remercie et je répondrai avec plaisir à vos questions.
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Vous soulevez d'excellents points. Je suis conscient qu'il y a beaucoup à apprendre au sujet des PPP. Je suis vraiment ravi que votre comité consacre du temps à ces questions pour essayer d'en acquérir une meilleure compréhension.
Vous avez raison de dire que le Canada est devenu l'un des chefs de file à l'échelle planétaire. Les entreprises canadiennes mettent désormais à profit sur les marchés internationaux leur expertise en investissement et en génie. Si le Canada s'en tire aussi bien, c'est notamment parce qu'il a recours aux PPP pour les bonnes raisons. C'est une façon de répondre à la remarque de tout à l'heure concernant certains PPP qui n'ont pas bien fonctionné. Si tel est le cas, c'est parce qu'on le fait pour les mauvaises raisons.
Si on regarde la situation à l'échelle internationale, et même au Canada il y a 20 ans passés, les PPP ont été très populaires. Pour certains gouvernements, c'était une façon de réaliser des projets hors budget. Le Canada a été très clair quant à l'application de ses normes de comptabilité publique: les projets PPP sont réalisés dans le cadre des budgets existants. Ils ne doivent pas servir à s'affranchir des modalités applicables aux budgets d'investissement. C'est une question d'efficience et d'efficacité. Il ne s'agit pas d'essayer de contourner les règles budgétaires. C'est ce qui est arrivé dans des circonstances particulières dans certains pays, surtout dans le contexte européen, mais il s'agit en fait simplement de déterminer si le PPP permettra d'optimiser les ressources investies. C'est lorsqu'on se laisse guider par de telles considérations que l'on obtient les meilleurs résultats.
Comme les marchés financiers canadiens sont florissants, il est facile d'avoir accès à l'assurance-vie, au marché des obligations... Contrairement à d'autres pays, nous avons su nous doter d'une capacité institutionnelle grâce à des organisations comme Infrastructure Ontario et Partnerships British Columbia. Les projets en PPP sont complexes. Il s'agit de transactions commerciales complexes. Ils diffèrent des activités auxquelles les ministères se livrent régulièrement, car il s'agit généralement de projets d'une plus grande envergure et de nature plus complexe. En fusionnant et mettant à contribution l'expertise nécessaire pour mener à bien ces transactions, on peut obtenir des succès considérables.
Les PPP ont été très efficaces pour le développement du réseau ontarien de services de santé, tout comme pour la construction de l'autoroute Sea-to-Sky. Je pourrais vous citer bien d'autres exemples. C'est la même chose en Alberta où l'on a créé une unité à cette fin au sein du conseil du Trésor provincial. Cette capacité institutionnelle a produit d'excellents résultats.
La concurrence est un autre facteur. La très forte concurrence et les règles très claires en la matière ont rendu les entreprises canadiennes plus solides, car elles ont pu établir des partenariats avec d'autres, ce qui fait que l'expérience acquise... Elles ont travaillé en partenariat avec des entreprises internationales, elles en ont tiré des enseignements et elles se sont développées. Elles ont pu s'en servir comme tremplin vers d'autres projets. C'est l'un de ces projets... si le marché est concurrentiel, l'industrie nationale devient plus forte et les contribuables en obtiennent davantage pour leur argent.
Les partenariats entre les secteurs public et privé ont comme origine l'expérience acquise par les voies traditionnelles. Il faut se souvenir que le secteur privé a toujours construit les infrastructures publiques. Le secteur public n'a pas l'équipement nécessaire pour construire des ponts, des routes et autres structures du genre. La pratique veut que le gouvernement commence par conclure un contrat séparé pour la conception d'un projet et, après avoir reçu le design, qu'il lance des appels d'offres en vue de choisir une entreprise du secteur privé qui sera chargée de construire l'infrastructure. Lorsque l'infrastructure est construite, il faut voir à l'entretien et aux opérations de celle-ci.
Où se situe le problème? C'est que la personne qui a conçu l'infrastructure n'est aucunement motivée à concevoir le projet de la façon la moins coûteuse possible. On reçoit des plans qui sont très difficiles à réaliser. La personne responsable de construire l'infrastructure n'est en aucune façon incitée à penser à l'entretien de l'infrastructure à long terme. Quand il y a un problème de dépassement des coûts pendant la construction, le constructeur dit que c'est un problème de conception. Pour sa part, la personne qui a conçu le projet répond que le problème vient du côté du constructeur. Dans de telles situations, ce sont les gouvernements qui paient. Le fait qu'en fonctionnant selon le mode traditionnel le dépassement des coûts soit devenu une situation normale nous permet de voir qu'il y a des problèmes du côté des projets publics.
C'est l'entretien des infrastructures existantes et non la construction de nouvelles infrastructures qui constitue l'un des grands problèmes au pays. Les gouvernements n'examinent pas de façon systématique le cycle de vie des infrastructures. Quand ils ont un problème de dépassement des coûts, qu'est-ce qui se passe? Ce sont toujours eux qui paient. Les PPP sont une réponse à ce genre de problème.
Comment changer le modèle d'approvisionnement afin d'éviter ces problèmes? D'abord, il faut s'assurer que les mêmes personnes sont responsables de toutes les phases du projet et les laisser optimiser les coûts. Ces personnes sont donc responsables de la conception, de la construction et de l'entretien. De cette façon, il devient impossible de dire que quelqu'un d'autre est responsable d'un problème. Il s'agit là d'une partie importante du modèle des PPP, soit l'intégration. Ce n'est pas la construction des infrastructures qui est en cause, mais les services qui y sont reliés. Si l'infrastructure ne fonctionne pas, on ne répond pas aux attentes du grand public.
La seule façon dont nous pouvons nous assurer que ça va se réaliser de façon appropriée est de faire appel à la discipline des marchés des capitaux afin d'exiger des constructeurs du secteur privé qu'ils soient performants. Comme je le dis souvent, les gouvernements ne sont pas très habiles pour ce qui est de récupérer leur argent quand il y a un problème, mais ils sont très habiles quand il s'agit de ne pas octroyer de fonds au début du projet. Il s'agit de n'en verser qu'une fois le projet réalisé.
On parle ici de prêts et d'investissements qui représentent des centaines de millions de dollars. Vu l'importance de ces investissements, les banquiers, les investisseurs peuvent exiger du secteur privé une discipline que les gouvernements ne peuvent pas imposer.
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Oui et non. Si on se replace en 2009, la priorité allait à la relance économique. Si vous vous rappelez bien, c'était l'époque où le gouvernement a dit, à juste titre, qu'il fallait adopter des mesures de stimulation, et l'infrastructure était l'un de ces outils. La somme supplémentaire de 9 ou 10 milliards de dollars a été ajoutée au fonds d'infrastructure sur un échéancier de deux ans, afin de stimuler l'économie. Dans ce contexte, c'étaient les mêmes partenaires, alors les provinces et les municipalités avaient un échéancier de deux ans, de 2009 à 2011, pour dépenser 9 ou 10 milliards de dollars.
Au cours de notre première année d'existence, presque toutes les provinces et la plupart des municipalités se concentraient sur les dépenses visant à stimuler l'économie. De par leur nature, ces projets étaient plus courts, et il n'y avait rien de mal à cela; c'est dans cet esprit qu'ils étaient mis sur pied. Au cours de cette première période, on s'attachait donc à obtenir cet argent de relance, et on a très bien fait cela, mais les provinces et les municipalités ont dû y consacrer bien des ressources et beaucoup d'attention, au détriment des tâches à plus long terme et des plus grands projets.
Pour ce qui est de la capacité, certaines provinces ont des choses qui... Je dirais que nos provinces sont des chefs de file mondiaux. Il y a Infrastructure Ontario et Partnerships BC, et nos gens ont été très chanceux de pouvoir tirer des leçons de ces organisations et de profiter de leurs expériences. Le Canada est un chef de fil mondial, mais le mérite ne nous revient pas; il revient aux provinces.
La capacité existe donc, mais elle est inégale. La Colombie-Britannique, l'Alberta et le Québec ont déjà conclu des accords de PPP, et ils ont donc les ressources voulues. Ces provinces ont toutes établi des institutions qui ont l'expertise nécessaire pour ce genre de chose. C'est moins vrai dans d'autres provinces.
Par exemple, nous avons annoncé, il y a quelques semaines, un investissement dans un PPP en vue du réaménagement de l'aéroport d'Iqaluit. Le Nunavut avait-il beaucoup d'expertise et de ressources pour mener des projets complexes comme celui-là? Non. A-t-il fallu travailler beaucoup? Avons-nous demandé à la Colombie-Britannique de s'associer au Nunavut pour qu'il apprenne et pour qu'il ait les ressources nécessaires pour bien faire le travail?
C'est vrai aussi pour les municipalités. Nous avons travaillé avec Winnipeg, Surrey, Sudbury et toute une brochette de municipalités.
En fait, c'est là un des buts de notre fonds: mettre l'accent sur les gens. Bien sûr, nous voulons laisser derrière nous une infrastructure solide; cela va de soi. Nous voulons aussi laisser derrière nous des PPP qui sont rentables. Mais ce que nous voulons vraiment laisser derrière nous, c'est une capacité institutionnelle et une expertise. Notre défi consiste donc, entre autres, à travailler et à s'associer avec des gens qui n'ont pas fait l'expérience des PPP.
Même ceux qui ont plus d'expérience dans ce domaine, nous voulons les encourager à essayer de réaliser des PPP dans des secteurs nouveaux. Nous menons actuellement un projet avec Partnerships BC — c'était leur expérience — visant à remettre en état des résidences pour personnes seules, qui sont en fait des logements sociaux dans l'Est de Vancouver. Ce sont des bâtiments centenaires. Comment faire pour amener le secteur privé à prendre le risque, sur une période de 25 ans, de remettre en état et de fournir des logements sociaux dans l'Est de Vancouver? Ce n'est pas évident, mais si nous pouvons concevoir un modèle pour la remise en état de logements sociaux, et engager ainsi le secteur privé, alors tout le monde pourrait en tirer une leçon, d'un bout à l'autre du pays. Toutefois, ce n'est pas un accord facile à conclure. Nous travaillons donc avec des gens qui ont de l'expérience, pour les inciter à transposer cette expérience ailleurs et en faire profiter des administrations qui n'en ont pas.
La capacité est tout un défi, comme l'étaient les mesures de relance à court terme sur lesquelles on s'est concentré de 2009 à 2011, qui ont retardé en quelque sorte l'adhésion à ce que nous offrions. Mais je dois dire aussi que nous venions à peine de voir le jour et nous voulions apprendre à marcher avant de courir.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie notre invité d'être avec nous aujourd'hui.
J'ai quelques questions à vous poser. Vous pouvez peut-être les prendre en note, étant donné que le temps qui nous est imparti est très limité. J'apprécie votre patience.
On sait très bien ce qui se passe présentement au Québec concernant la Commission Chartrand. Tout à l'heure, vous mentionniez être à l'écoute des divers problèmes qui existent au chapitre des PPP. Il y a eu des scandales au Québec. C'est dans notre cour, c'est récent. On pourrait même dire que cela fait 30 ans qu'on le sait. Cela fait 30 ans qu'on se fait vendre l'idée que les PPP sont fonctionnels, mais on voit toujours les problèmes.
Tout à l'heure, vous mentionniez le Royaume-Uni. À ma connaissance, le Comité des comptes publics du Royaume-Uni a fait état, en septembre, de l'existence de plusieurs scandales. Encore une fois, comme exemple à utiliser, je trouve ça un peu particulier. Ici même, en Ontario, il n'y a qu'à regarder le service correctionnel et même le scandale des ambulances, où cela a été un désastre.
J'ai plusieurs questions à vous poser et je vais commencer. Quels mécanismes avez-vous mis en place pour assurer un processus d'adjudication impartial et transparent et une reddition de comptes publics transparente? Comment allez-vous vous assurer que des événements comme ceux qu'on observe au Royaume-Uni au chapitre des entreprises privées ne tireront pas avantage des PPP au détriment des contribuables? Quels mécanismes avez-vous mis en place pour assurer que les citoyens et nous, en tant que députés, serons au courant de la portion de redistribution pour ce qui est de la taxation?
J'ai aussi pour vous des questions un peu plus pointues. Comment évaluez-vous les coûts pour la Couronne si le projet n'est pas fait de concert avec le secteur privé? Quels seraient les coûts si on s'en tenait aux contrats traditionnels que vous mentionniez tout à l'heure? Comment calculez-vous le rendement économique du revenu des contribuables investi dans les PPP? Pouvez-vous dire quel a été ce rendement jusqu'à présent? Pouvez-vous aussi nous dire quel est le rendement économique des entreprises privées? Avez-vous des documents à l'appui de ces questions que vous pourriez partager avec ce comité?
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C'est une excellente question. C'est l'un des aspects les plus fondamentaux des PPP, et c'est la raison pour laquelle ils ne se prêtent pas à tous les projets. La question qu'il faut se poser est la suivante: qui est le mieux placé pour gérer le risque?
Si c'est le gouvernement qui assume le risque, est-ce qu'il lui en coûtera plus cher qu'au secteur privé pour le faire? Si le gouvernement procédait de la façon habituelle, quelles seraient les probabilités d'un dépassement des coûts?
Nous examinons les données empiriques. Nous consultons des experts pour établir les probabilités — nous examinons la globalité, l'ensemble des risques. Nous procédons donc à une évaluation systématique des risques, des probabilités et des résultats. Nous utilisons une méthode appelée Monte Carlo pour évaluer les risques et leur valeur, et leur coût probable pour le gouvernement. Ensuite, la question qui se pose est de savoir si le secteur privé est mieux placé pour gérer ces risques. Il vous fera payer la note, bien sûr, mais est-ce que cela vous coûtera moins cher que de les gérer vous-mêmes?
Si les risques sont faibles, ou normaux, par exemple, comme construire ou remplacer un trottoir... ce n'est pas la même chose que de construire l'autoroute Sea-to-Sky de Vancouver à Whistler, sur la côte… Si vous avez déjà emprunté cette autoroute, pensez aux défis techniques notamment qui sont liés à la construction d'une telle autoroute. La complexité des travaux pour un projet comme celui-là, ou pour un grand hôpital, est considérable, et le secteur privé est mieux placé pour les gérer. Il va vous faire payer la note, et c'est ce à quoi sert l'évaluation. Si ce n'est pas possible, on met une croix sur le PPP, mais si c'est possible, on va de l'avant. Il s'agit vraiment d'une évaluation technocratique.
En moyenne, pour ce qui est de nos investissements précédents, nos estimations... eh bien, il faut voir ce que cela donne concrètement — les contribuables épargnent environ 8 p. 100, car nous finançons 25 p. 100 seulement des projets, donc sur des projets de 1,5 milliard de dollars, en moyenne 8 p. 100 — je vais faire les calculs — cela veut dire 120 ou 130 millions de dollars en moins pour les contribuables, et nous obtenons en plus l'infrastructure.