:
Je déclare la séance ouverte.
Bonjour, tout le monde.
Bienvenue à la 119e réunion du Comité permanent de l'agriculture et de l'agroalimentaire.
Je vais commencer par quelques rappels. Tout d'abord, je vous avise que les tests de son pour les gens qui sont en ligne ont été effectués avec succès.
La réunion d'aujourd'hui se déroule selon une formule hybride. Les délibérations sont diffusées sur le site Web de la Chambre des communes à titre d'information. La diffusion Web montrera toujours la personne qui parle plutôt que l'ensemble du Comité. Les captures d'écran ou la prise de photo de votre écran ne sont pas autorisées.
J'aimerais faire quelques observations à l'intention des nouveaux témoins. Premièrement, les députés et les témoins peuvent s'exprimer dans la langue officielle de leur choix. Des services d'interprétation sont disponibles pour cette réunion. Si l'interprétation est interrompue, veuillez m'en informer immédiatement et nous veillerons à ce qu'elle soit correctement restaurée avant de reprendre le travail.
Avant de prendre la parole, attendez que je vous nomme. Si vous participez à la réunion par vidéoconférence, cliquez sur le micro pour désactiver le mode sourdine. Les micros des participants qui se trouvent dans la salle seront, comme d'habitude, contrôlés par l'agent des délibérations et de la vérification.
Lorsque vous avez la parole, veuillez parler lentement et clairement. Lorsque vous ne parlez pas, mettez votre micro en mode sourdine. Je vous rappelle que toutes les observations des députés et des témoins doivent être adressées à la présidence.
Conformément à l'article 108(2) du Règlement et à la motion adoptée par le Comité le jeudi 24 octobre 2024, le Comité entreprend son étude des droits de douane sur les engrais.
Je souhaite la bienvenue à nos invités pour la première partie de la séance.
Juste avant de donner la parole aux témoins, je dois discuter de quelques éléments de procédure avec les membres du Comité. Tout d'abord, je devrai quitter la réunion au plus tard à 9 h 30. Nous devrons donc avoir une substitution à la présidence. J'ai besoin du consentement unanime des membres du Comité pour désigner M. Richard Cannings, qui pourra présider le reste de la réunion. Est-ce que tout le monde est d'accord? Je vois que c'est le cas.
Considérant que je suis à la présidence et que je suis le seul membre du Bloc québécois au Comité, je dois demander le consentement unanime pour que je puisse aussi participer à la période des questions selon le temps de parole alloué au Bloc québécois, en vous promettant de ne pas le dépasser. Est-ce que tout le monde est également d'accord là-dessus? Je vois que c'est le cas.
Juste avant de poursuivre, je dois vous demander d'approuver quatre demandes de budget, que vous avez reçues vendredi dernier, je crois.
La première demande de budget concerne l'étude des enjeux et des possibilités liés aux entreprises ferroviaires dans le contexte de l'agriculture au Canada.
Est-ce que tous les membres du Comité ont pris connaissance du budget? Sont-ils d'accord pour l'adopter? Je vois que c'est le cas.
La deuxième demande de budget a trait à l'étude relative à la protection des terres agricoles au Canada. Je vois que tous les membres du Comité l'approuvent.
La troisième demande de budget concerne la séance d'information sur le mandat et les priorités du . Je vois que les membres du Comité l'approuvent. Merci.
Enfin, la quatrième demande touche l'étude sur les droits de douane sur les engrais, que nous entreprenons aujourd'hui. Je vois que tous les membres du Comité l'approuvent.
Je vous remercie beaucoup de votre si facile consensus, comme d'habitude. Notre comité est extraordinaire.
Nous recevons ce matin des dirigeants de l'organisme Sollio groupe coopératif, soit M. Casper Kaastra, chef de la direction, M. Patrice Héroux, vice-président aux finances, et M. Marc Poisson, directeur aux affaires gouvernementales et institutionnelles.
Vous aurez la parole pour sept minutes pour faire votre allocution d'ouverture, étant donné que vous êtes le seul groupe de témoins, après quoi nous passerons à une période de questions.
Je vous ferai signe lorsqu'il ne vous restera plus qu'une minute à votre temps de parole. Je vous invite donc à garder un œil sur moi en tout temps.
Je vous remercie à l'avance de votre témoignage.
Je donne maintenant la parole à nos témoins pour sept minutes.
:
Merci, monsieur le président.
Messieurs les vice-présidents, mesdames et messieurs les membres du Comité, bonjour.
À titre de vice-président exécutif de Sollio groupe coopératif et chef de la direction de Sollio agriculture, je vous remercie de me permettre de m'adresser à vous aujourd'hui. Je suis accompagné de MM. Patrice Héroux et Marc Poisson, respectivement vice-président aux finances et directeur aux affaires publiques et gouvernementales.
Sollio groupe coopératif existe depuis plus de 100 ans. Il s'agit de la plus grande coopérative agricole pancanadienne aux racines québécoises. Sollio groupe coopératif représente plus de 123 000 membres, producteurs agricoles et consommateurs regroupés dans 48 coopératives agricoles traditionnelles et de consommation. Nous comptons plus de 15 000 employés au sein de nos trois divisions, dont Olymel, spécialisée dans la transformation de viande porcine et avicole, ainsi que BMR, leader québécois du commerce au détail de matériaux et de quincaillerie de construction.
[Traduction]
Notre division Sollio Agriculture soutient les producteurs de l’Est du Canada pour les aider à maximiser leurs rendements en se spécialisant dans la mise en marché d’intrants agricoles et de services agronomiques à valeur ajoutée. En tant que fédération de coopératives, assurer l’approvisionnement en intrants dont les producteurs ont besoin pour leurs diverses activités de production agricole est à la fois une raison d'être et une obligation.
Nous dépendons des importations, et les grandes quantités de fertilisant dont les producteurs ont besoin pour leur courte période printanière ne peuvent pas toutes être stockées à l’avance. Cela explique le maintien de certains de nos contrats d’approvisionnement, qui ont été conclus avant l’imposition des sanctions, afin d’honorer les commandes passées et de garantir la disponibilité des fertilisants aux producteurs pendant la période clé des semis.
Néanmoins, le retrait du traitement tarifaire de la nation la plus favorisée pour les importations en provenance de la Russie et du Bélarus a nécessité le paiement d’un droit de 35 % sur bon nombre de nos cargaisons, pour un total de 33,5 millions de dollars. Certes, devant la gravité des atrocités commises par la Russie contre le peuple ukrainien, qui se poursuivent, le Canada devait répondre de manière forte et sévère. Mais il faut que les sanctions affectent la Russie, et non le Canada. C’est pourquoi nous avons entrepris les recours qui nous mènent ici aujourd’hui pour trois des cargaisons, représentant sept transactions douanières au total, puisqu'elles étaient en transit vers le Canada avant l’imposition des sanctions.
Le 13 avril 2023, l’Agence des services frontaliers du Canada a approuvé la modification du traitement tarifaire sur nos deux premières demandes de révision, ce qui s’est traduit par un remboursement de 7,8 millions de dollars. Ce montant a ensuite été redistribué dans les semaines qui ont suivi, conformément à notre engagement envers les producteurs. Au début de l’année, nous avons été avisés d'une révision des deux décisions qui ont mené au remboursement de 7,8 millions de dollars. Mais en mars dernier, 11 mois plus tard, l’ASPC est revenue sur sa décision et nous avons dû lui retourner les montants déjà redistribués aux producteurs, en y ajoutant des intérêts qui s’élevaient à 395 000 $. C’est ce que nous avons fait, afin de pouvoir interjeter appel de ces sept décisions. À ce jour, il s'agit d'un fardeau de 35,3 millions de dollars, ce qui est inacceptable pour les producteurs de l’Est du Canada.
Nous estimons qu’il est tout aussi inacceptable que depuis mars 2022, les producteurs de l’Est du Canada subissent un désavantage concurrentiel par rapport aux producteurs d’ailleurs dans le monde, y compris des États-Unis, vu notre dépendance aux importations.
Parlant de ce pays, j’aimerais souligner qu’il s’approvisionne toujours auprès de la Russie, malgré sa position contre la guerre en Ukraine. Malheureusement, le prix abordable, la qualité et la quantité disponible des fertilisants russes sont difficiles à obtenir ailleurs. Le Canada dépend des importations d’engrais. Nous ne produisons pas assez d’azote pour répondre à nos besoins, et notre pays ne produit pas de phosphore.
D’autres pays ayant des restrictions semblables aux nôtres nous font concurrence dans l’approvisionnement sur des marchés où les volumes disponibles sont plus faibles, et qui sont situés dans des régions où les tensions géopolitiques sont élevées, comme la mer Noire ou le Moyen-Orient. Nous ne sommes pas à l’abri d’un événement déstabilisateur qui nous forcerait à reconsidérer la Russie comme fournisseur, que cela nous plaise ou non. Ce qu’il faut retenir ici, c’est qu’il sera difficile de garantir l’approvisionnement, compte tenu des restrictions, de la disponibilité et des prix, et que la production agricole et la sécurité alimentaire au Canada pourraient s’en trouver fragilisées.
En conclusion, je vous remercie de votre attention et de l’intérêt que vous portez à ces questions qui touchent de près les producteurs de partout au Canada.
[Français]
Merci.
:
Je vous remercie de la question, monsieur Lehoux.
Permettez-moi de répondre en anglais, car c'est ma langue maternelle et je veux m'assurer que ma réponse est claire.
[Traduction]
Oui. En fait, nous avons de la difficulté à nous approvisionner dans d'autres endroits que la Russie. La production est limitée dans certaines régions du monde. La majeure partie de la production d'engrais est concentrée dans les secteurs où les coûts énergétiques sont faibles. Dans certaines de ces situations, nous constatons une instabilité pour ces régions.
En particulier, l'imposition du tarif en 2022 a été difficile pour nous parce qu'il est arrivé plusieurs semaines avant que nous ayons besoin d'entamer notre processus d'ensemencement. Normalement, comme nous importons chaque printemps dans l'Est du Canada par l'intermédiaire d'un grand nombre de navires, il faut compter entre deux et trois mois de préparation. Pour nous, il était tout simplement impossible de trouver d'autres sources d'approvisionnement pour la totalité de l'engrais qui était déjà en transit.
Selon ce que je comprends, des tarifs douaniers de 33,7 millions de dollars vous ont été imposés. Sur ce montant, vous avez dit que 7,6 ou 7,8 millions de dollars vous ont tout de même été remboursés. Cependant, à votre grande surprise, ce montant vous a été réclamé plusieurs mois plus tard. De votre côté, vous aviez retourné cet argent directement aux producteurs, j'imagine.
Vous a-t-on expliqué pourquoi on vous réclamait ces 7,6 millions de dollars?
:
Il est certain que les États-Unis ont maintenu l'approche consistant à avoir un accès facile aux engrais russes pour l'importation sur leur marché. Au total, l'Amérique du Nord est un importateur net de produits azotés et phosphatés. Cela inclut les États-Unis et nous-mêmes. Il en est ainsi depuis longtemps. Nous sommes un exportateur net de produits potassiques, et il n'y a donc pas d'inquiétude à avoir quant à la sécurité de l'approvisionnement dans ce cas.
Ce que nous avons constaté, c'est que les États-Unis ont considérablement augmenté leurs importations d'engrais russes depuis le début de la guerre en Ukraine. Ils ont plus que doublé la quantité d'engrais importée de Russie dans leur pays. Ils ont également augmenté le nombre d'exportations, de sorte qu'il y a beaucoup d'échanges commerciaux entre les deux pays sans aucune restriction sur le commerce complet et équitable.
Dans notre cas, en ce qui concerne les répercussions sur les producteurs de l'Est du Canada, nous pouvons estimer qu'il y a eu une augmentation des coûts pour les producteurs en raison de l'accès limité de toutes les régions du monde. Cependant, le plus grand risque est une interruption de l'approvisionnement en provenance de toute autre région disponible du monde. Cela nous exposerait à un risque important, car le nombre d'options est assez limité. On peut penser au conflit au Moyen-Orient comme un exemple de scénario à haut risque.
Je remercie les témoins d'être avec nous.
Je ne veux pas parler de la question de la Russie, parce que je pense que c'est un argument qui ne nous mène nulle part. Il n'en demeure pas moins que cela m'inquiète.
De plus, je ne veux pas parler de la capacité d'entreposage, parce que, selon à qui on s'adresse, on constate que certains peuvent entreposer des fertilisants pendant un an. D'ailleurs, dans ma circonscription, un fournisseur s'est préparé quant à cette capacité d'entreposage, et c'est ce qu'il fait.
Je pense que vous êtes ici parce que l'Agence vous a d'abord donné raison et qu'elle vous a remboursé. Onze mois plus tard, elle vous annonce avoir fait une erreur et veut revoir la situation. L'Agence a le droit de faire cela.
Cela étant dit, l'Agence est-elle encore en contact avec vous ou a-t-elle cessé toute communication?
:
En fait, juste pour bien mettre les choses en contexte, je vous dirai qu'il y a deux décrets concernant le retrait de la Russie du traitement tarifaire de la nation la plus favorisée. Il y a eu le décret initial, en vigueur du 2 mars au 7 octobre 2022, qui imposait un tarif général de 35 % sur les marchandises russes. Par la suite, il y a eu le décret en vigueur depuis le 7 octobre 2022, qui établit la même mesure, mais qui ajoute une exemption pour certaines marchandises.
Par conséquent, Sollio agriculture conteste l'application du tarif, arguant que ces engrais étaient en transit vers le Canada avant le 2 mars 2022. Mais l'Agence, de son côté, interprète l'expression « en transit » comme étant une expédition directe et sans transbordement, une marchandise consignée au Canada, ce qui n'est pas le cas pour nos fertilisants.
C'est une explication technique, mais la situation se résume fondamentalement à cela.
:
J'aimerais apporter des précisions.
Il y a certainement d'autres marchés où nous pourrions nous approvisionner, mais il ne s'agit pas de la même quantité. Comme M. Kaastra le précisait dans son allocution, de notre côté, nous parlons de qualité, de quantité et de prix. Ce ne sont pas des attributs qui se retrouvent nécessairement dans ces marchés.
Pour ce qui est du fonctionnement de l'approvisionnement, les navires arrivent habituellement dans la voie maritime du Saint‑Laurent à un moment précis de l'année, soit lors de la saison des semis. Ces navires agissent comme des entrepôts flottants, en quelque sorte.
Nous avons une capacité d'entreposage respectable, mais elle est somme toute limitée, si nous tenons compte des volumes immenses que nous importons et du fait que nous sommes le plus important acteur de l'est du pays. Cela a une incidence sur la logistique et sur nos activités. Nous voulons nous assurer d'avoir les bonnes quantités au bon moment, surtout parce que la saison des semis est de plus en plus courte.
Ce matin, nous avons transmis un document au Comité. Vous y trouverez des graphiques qui expliquent l'évolution de la période des semis. À une certaine époque, la période s'échelonnait sur une vingtaine de jours. À l'heure actuelle, la fenêtre se referme de plus en plus. En effet, il est question de quelques jours ou d'à peine une semaine. Il s'agit donc d'un moment critique. Ce revirement de situation a assurément une incidence sur nos activités.
:
De ces 33,5 millions de dollars, 7,8 millions de dollars avaient fait l'objet d'une exemption pour vous, parce que les navires avaient déjà quitté la Russie au moment de l'instauration du tarif. Vous avez reçu l'argent et l'avez redistribué à vos clients qui avaient payé ces frais. Or, 10 ou 12 mois plus tard, l'Agence des services frontaliers du Canada est revenue vers vous pour vous dire que, finalement, vous deviez payer ces montants, en plus des intérêts accumulés pour l'année. Ai-je bien compris?
Cette procédure, qui me semble assez épouvantable, soulève plusieurs questions.
La première des choses, c'est que vous n'avez pas été en mesure de récupérer les sommes que vous aviez créditées à vos clients. C'est donc une perte directe pour vous.
La deuxième des choses, c'est l'état d'insécurité dans lequel cela vous met pour l'avenir. Quand on signe un contrat, on sait combien ça coûte. Il y a un montant déterminé et on signe au bas de la page. Si le montant change après un an, on va devoir faire des prévisions pour l'avenir, et cela va peut-être empêcher de faire des investissements dans d'autres secteurs.
J'aimerais que vous me parliez de l'incertitude que cela crée pour vous et que vous donniez ensuite vos recommandations au Comité.
:
Permettez-moi de répondre à votre question.
Techniquement, notre organisation perçoit bel et bien le plein montant du tarif de 7,8 %, plus les intérêts remboursés. Comme notre organisation appartient à des agriculteurs, cela influence leurs résultats en tant que propriétaires de la coopérative.
Cela a pour effet de limiter notre capacité de réinvestir dans les activités commerciales en cours et dans l'amélioration des fonctions opérationnelles de base, en plus de limiter la possibilité d'améliorer la productivité et d'investir dans la technologie. Nous pourrions certainement utiliser ces fonds à meilleur escient qu'à l'heure actuelle.
:
Merci, monsieur le président.
[Traduction]
Je vous remercie d'être avec nous aujourd'hui. Je vous en suis reconnaissant.
Dans vos remarques liminaires, vous avez mentionné que les agriculteurs de l'Est du Canada, surtout en Ontario, d'où je viens, sont touchés de façon disproportionnée par ces droits de douane, et qu'environ 85 % des engrais azotés utilisés dans la région sont importés de Russie.
Au final, aujourd'hui, les agriculteurs recherchent la prévisibilité et la stabilité dans l'approvisionnement en engrais pour s'assurer qu'ils peuvent cultiver efficacement pour l'avenir. Nous avons mentionné qu'en Ontario, environ 40 % de l'azote provient de la Russie, mais je veux simplement le confirmer.
Le Canada produit le potassium dont il a besoin; nous sommes autosuffisants en potassium. En ce qui concerne le phosphore, dépendons-nous surtout des États-Unis? Sinon, de quels pays s'agit‑il?
:
Merci beaucoup, monsieur Louis et monsieur Kaastra.
C'est maintenant à mon tour de prendre la parole pour deux minutes et demie. Vous aurez peut-être l'occasion de compléter vos réponses précédentes en répondant à la question principale que je veux vous poser: quel est l'impact à long terme de ce tarif sur la sécurité alimentaire au pays ainsi que sur le coût de l'alimentation?
Le coût de la production a quand même eu des répercussions au-delà du montant, qui, selon toute vraisemblance, devrait vous être remboursé. J'imagine que ce sera le cas, au bout du compte, puisque cette demande semble logique. Mentionnons aussi l'imposition du tarif pour le changement d'approvisionnement et le déséquilibre que cela a créé par rapport à l'ouest du pays, qui est producteur.
J'écoute ce que vous avez à dire là-dessus.
Essentiellement, il faut voir la chose différemment. On parle de produits. Les producteurs, eux, ont besoin d'intrants, et ils ont besoin de les avoir au même prix que celui payé par leurs concurrents. Autrement, c'est leur marge de profit qui s'en trouve amenuisée. Un producteur ne peut pas refiler au consommateur final le surcoût pour la production de son produit. Par contre, lui, il est aux prises avec sa marge de profit qui s'amenuise, comme je l'ai expliqué.
C'est là que le véritable enjeu se trouve. C'est cette espèce de concurrence déloyale que subissent les producteurs de l'est du pays à l'heure actuelle.
:
Merci, monsieur le président.
J'aimerais commencer toute discussion sur les engrais en rappelant à tout le monde que quatre milliards de personnes — une personne sur deux dans le monde — doivent leur vie et leur capacité à se nourrir aux engrais, en particulier à la production synthétique d'azote. Il ne faut pas l'oublier.
Permettez-moi d'ajouter rapidement un autre fait. Les trois principaux macro-éléments de la durée de vie des plantes sont l'azote, le phosphate et le potassium. Du point de vue de la sécurité alimentaire, le Canada a la chance d'avoir des ressources abondantes, ou la capacité de produire des ressources, dans deux de ces trois éléments. Pourtant, nous voilà — c'est le comble de l'ironie pour moi — en train de parler de nous tirer dans le pied pour deux d'entre eux.
Prenons‑les une à la fois, en commençant par le potassium, à cause du tarif de 35 %. Pourriez-vous nous parler du coût du transport ferroviaire de la potasse à partir de la Saskatchewan, le premier exportateur mondial, vers l'Est du Canada? Est‑ce concurrentiel aujourd'hui avec le tarif de 35 %? Quel est le marché là‑bas?
:
Nous reprenons la séance. Nous allons commencer la deuxième heure de la réunion.
Comme convenu en début de séance, étant donné que je ne pourrai pas présider la réunion jusqu'à la fin, M. Cannings prendra la relève en cours de route pour assurer la présidence.
Pour ce qui est des membres substituts pour aujourd'hui, j'ai omis de préciser, en début de séance, que M. Dave Epp remplace M. Barlow. Je lui présente mes excuses. Je précise aussi que Mme Marie‑Hélène Gaudreau me remplacera comme représentante du Bloc québécois lorsque je quitterai la réunion.
On m'informe qu'il n'y aura pas d'allocution d'ouverture prononcée par les témoins. Nous allons donc passer directement aux questions.
Auparavant, j'aimerais remercier les témoins de s'être déplacés pour être présents avec nous aujourd'hui. Nous sommes toujours très reconnaissants envers les témoins qui comparaissent en personne.
Nous accueillons deux représentants de l'Agence des services frontaliers du Canada, soit M. Charles Melchers, qui est directeur des Programmes commerciaux réglementaires, et M. Alexander Lawton, qui est directeur général par intérim de la Direction des programmes commerciaux et antidumping.
Du ministère de l'Agriculture et de l'Agroalimentaire, nous recevons M. Tom Rosser, qui est sous-ministre adjoint à la Direction générale des services à l'industrie et aux marchés. Je dois dire que nous commençons à bien le connaître.
Enfin, du ministère des Finances, nous recevons Mme Michèle Govier, qui est directrice générale de la Division de la politique commerciale internationale. Elle aussi n'en est pas à sa première visite au Comité.
Merci beaucoup d'être ici ce matin.
C'est le Parti conservateur qui va entamer la période de questions.
Madame Rood, vous avez la parole pour six minutes.
Merci à tous d'être ici aujourd'hui.
Au cours de la dernière heure, nous avons entendu des témoignages choquants, et j'essaie encore de comprendre, car je trouve tout simplement incroyable que le gouvernement autorise et accorde un remboursement des droits de douane sur les engrais pour les expéditions en transit. Il a été autorisé et remboursé, puis repris après que l'entreprise ait déjà rendu l'argent aux agriculteurs. Ensuite, ils ont eu l'audace de demander des intérêts en plus de l'argent qu'ils demandaient de récupérer. C'est tout simplement incroyable.
Je suis curieuse de savoir quel pouvoir confère au ministère la possibilité d'agir ainsi. Cette action est-elle même légale?
:
Le régime des droits de douane au Canada est fondé sur des autoévaluations. Un importateur, après avoir importé des marchandises et les avoir déclarées, autoévaluera le montant des droits exigibles en fonction de la classification tarifaire, de l'origine et de la valeur des marchandises. Par la suite, s'il a payé trop cher, il peut demander un remboursement. S'il n'a pas assez payé, bien sûr, il peut présenter une demande d'ajustement pour régler la différence.
Après ce remboursement, et à titre de principe général, l'ASFC maintient une approche de conformité fondée sur le risque. Il s'agit d'examiner à la fois les autocotisations individuelles au moment de l'importation et les demandes de remboursement pour déterminer si elles sont exactes. À l'occasion, des renseignements supplémentaires sont découverts et ils indiquent qu'il pourrait y avoir un problème avec une quelconque importation individuelle ou avec un remboursement individuel. À ce moment‑là, normalement, on peut demander des informations supplémentaires à un importateur. Sur la base de tout renseignement supplémentaire fourni, l'ASFC prendra une nouvelle décision.
Par la suite, si l'importateur n'est pas d'accord avec la nouvelle décision, il a le droit législatif d'interjeter appel, d'abord auprès de la Direction des recours de l'ASFC, qui assure un examen impartial de la décision prise.
Ensuite, il y a d'autres niveaux d'appel, tant au Tribunal canadien du commerce extérieur qu'à la Cour d'appel fédérale.
L'objectif ultime de l'ASFC en matière d'évaluation des droits et des taxes est, en fin de compte, d'assurer une évaluation exacte des droits qui lui sont dus.
Il ne me reste plus beaucoup de temps.
Lors du sommet des dirigeants du G20 l'an dernier en Inde, tous les dirigeants, y compris le , ont signé la Déclaration des chefs d'État et de gouvernement du G20 à New Delhi, dont j'aimerais lire un paragraphe. En fait, je vais simplement le résumer. Il est question d'assurer la sécurité alimentaire et de ne pas appliquer certaines mesures à l'alimentation et à l'agriculture.
Je suis curieuse de savoir si le maintien des droits de douane sur les engrais va directement à l'encontre de l'engagement que nous avons pris au G20.
:
Je sais que vous devez vous absenter non pas parce que vous ne voulez pas m'écouter, monsieur le président, mais bien pour une bonne cause, que j'appuie également.
[Traduction]
Ma première question s'adresse à l'ASFC.
Évidemment, nous avons entendu... Je ne vais pas citer un cas particulier, mais je veux m'assurer de bien comprendre le raisonnement de l'ASFC.
Il y a une raison pour laquelle l'ARC et l'ASFC étaient autrefois liées, il y a longtemps. Cela peut sembler injuste pour les Canadiens, mais lorsque l'ARC nous doit de l'argent, nous ne recevons jamais d'intérêts. Je suppose que l'ASFC suit le même raisonnement. Il y a une différence entre ce qu'un client, un importateur ou une entreprise doit régler. Lorsque vous appliquez les droits de douane... Disons que vous devez un montant x et que vous ne l'avez pas payé. Vous auriez dû les payer le jour même, mais cela fait maintenant 10 mois. Même si vous rendez une décision, des intérêts seraient appliqués.
Ai‑je bien compris?
:
D'accord. Eh bien, l'ARC devrait peut-être adopter cette politique, mais c'est une autre bataille. Ce n'est pas la raison pour laquelle nous sommes ici.
Je sais, monsieur Lawton, que je ne pourrai pas poser de questions précises, alors je vais simplement poser des questions générales à M. Rosser.
J'aimerais poursuivre dans la même veine que Mme Rood en ce qui concerne les questions de sécurité alimentaire à l'échelle mondiale et l'importance de... Je sais que cette question a été soulevée lorsque le prix des engrais est monté en flèche en 2022 et 2023, mais c'est une préoccupation abordée par les ministres de l'Agriculture du monde entier au G20 ou au G7. C'est une question sur laquelle ils se penchent, dont ils discutent, pour trouver d'autres sources, afin que les pays aux vues similaires puissent faire du commerce avec le Canada, plutôt qu'avec la Russie, évidemment.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Je remercie les témoins de leur présence aujourd'hui.
Je vais parler tranquillement en français, parce que je me soucie des interprètes. Par conséquent, monsieur le président, je vous demande d'être indulgent à l'égard de mon temps de parole. Quand on parle trop vite, il est difficile pour les interprètes de faire un excellent travail.
Ma question s'adresse à vous, de l'Agence des services frontaliers du Canada. Vous allez peut-être me dire que vous ne pouvez pas me répondre, mais je vous pose la question de nouveau.
Pouvez-vous m'expliquer pourquoi l'Agence est revenue sur sa décision de rembourser Sollio groupe coopératif? En effet, l'Agence lui a demandé non seulement de lui remettre le montant d'argent, qui avait déjà été distribué à ses membres, mais aussi de payer les intérêts. Les gens ont besoin de savoir pourquoi l'Agence a agi ainsi.
:
Merci, monsieur Rosser.
Je comprends donc que le ministère des Finances a dit à l'Agence des services frontaliers du Canada d'imposer ces tarifs douaniers sans qu'on ait analysé les répercussions qu'ils pourraient avoir sur toute la chaîne d'approvisionnement dans l'Est du Canada.
Je vais donc poser ma question de nouveau, mais cette fois à la représentante du ministère des Finances.
Cette décision a été prise sans qu'on réfléchisse aux répercussions potentielles sur l'approvisionnement en engrais, qui est important pour assurer la sécurité alimentaire canadienne. N'est-il pas venu à l'idée du ministère des Finances d'analyser cela, d'autant plus que notre pays était le premier et le seul à imposer ces tarifs?
:
Merci, monsieur le président. Je vais également partager mon temps de parole avec Mme Murray.
Merci à tous d'être ici.
Concernant l'étude d'aujourd'hui, et d'après ce que j'entends dans ma région, les agriculteurs recherchent la prévisibilité et la stabilité, ce qui souligne l'importance d'un approvisionnement prévisible et stable en engrais, garantissant ainsi aux agriculteurs une saison d'ensemencement fructueuse à l'avenir. Ce qu'on entend, c'est que les agriculteurs veulent s'assurer d'obtenir du rendement pour chaque dollar investi. Nous savons que les engrais représentent la dépense la plus importante à la ferme pour les producteurs de cultures. J'aimerais utiliser mon temps de parole pour parler des façons d'optimiser l'efficacité de l'utilisation des engrais, à la fois pour les rendre plus écologiques et aider les agriculteurs à être productifs.
Mes questions s'adressent à vous, monsieur Rosser, en votre qualité de sous-ministre adjoint du ministère de l'Agriculture. Le gouvernement offre‑t‑il des mesures de soutien pour les plans de gestion des éléments nutritifs, la modification de l'équipement, et peut-être pour l'échantillonnage et l'analyse des sols? Cela fait partie des choses que les agriculteurs veulent faire pour accroître leur efficacité.
J'aimerais poser quelques questions pour avoir une idée de l'ampleur du problème que nous examinons ici.
Je crois comprendre que le prix des engrais est extrêmement important pour les agriculteurs. En Colombie‑Britannique, nous avons un secteur agricole fort. J'ai donc ses intérêts à cœur. Je crois comprendre que le prix des engrais a diminué depuis 2022, malgré le retrait du statut de nation la plus favorisée pour les exportations de la Russie.
Je me demande si l'ASFC pourrait confirmer si j'ai bien compris: Sollio aurait fait sa propre détermination du montant dû, mais il y a des milliers de cas où l'autoévaluation des droits de douane d'un importateur fait l'objet d'un examen, puis est rejetée par l'ASFC qui effectue alors un rajustement.
Est‑ce ainsi que fonctionne le système?
:
Merci beaucoup, monsieur le président. Oui, ça va être rapide.
En fait, je suis bouche bée. À mon retour dans ma circonscription, je vais être obligée de dire à mes concitoyens que, bien qu'on ait des individus très compétents et qu'ils disent travailler ensemble même durant les périodes difficiles, comme c'était le cas pendant la pandémie, ce n'est pas ce qu'on remarque lorsqu'on fait le bilan de la situation par la suite.
À mon avis, la sécurité alimentaire, c'est aussi une question de sécurité nationale. Or, je vais être obligée de dire à mes concitoyens que le travail se fait en vase clos. À mon avis, si on se parlait et qu'on regardait ce qui se passe dans les autres pays, on verrait bien qu'on ne devrait absolument pas maintenir la mesure actuelle.
Que vais-je dire aux gens de ma circonscription? Aidez-moi.
Vous allez peut-être me dire qu'à partir de maintenant, vous allez travailler ensemble et nous donner les résultats de votre travail. Toutefois, l'agriculture, ce n'est pas quelque chose qui arrive en dernier. L'agriculture se présente dès le matin, au moment de prendre le déjeuner.
Vous avez quelques secondes pour me répondre, mais dites-moi quelque chose. Que vais-je pouvoir dire à mes concitoyens?
:
Si on veut nous fournir de l'information sur les conséquences de cette mesure sur le plan de la concurrence, nous sommes toujours disposés à examiner cela et à voir s'il est nécessaire d'apporter des changements.
Comme je l'ai dit, l'intention derrière cette mesure était vraiment d'arrêter l'achat de produits de la Russie. C'était l'effet visé par cette mesure, et cela a fonctionné, en ce sens que des changements ont été apportés dans les chaînes d'approvisionnement.
Je comprends que, étant donné que d'autres pays font les choses différemment, il y a peut-être des répercussions. En tout cas, la décision a été prise dans le cadre du budget de 2023 et nous avons continué d'appliquer cette mesure telle quelle. Toutefois, s'il y a des changements dans le marché ou des inquiétudes à cet égard, bien sûr, nous pouvons examiner cela.
Si vous le permettez, mes questions s'adresseront à M. Rosser pour ce deuxième tour.
Je sais qu'au premier tour, je vous ai demandé pourquoi on impose des droits de douane sur les engrais, mais j'aimerais savoir quels ministères ont été consultés pour prendre cette décision.
Des décisions ont été prises, encore une fois, pour exclure l'aluminium et le titane, par exemple. Y a‑t‑il eu des discussions sur l'exclusion des engrais? Quels ministères ont participé à ces discussions?
Je remercie Mme Rood de ses questions, mais nous sommes ici pour parler de l'ASFC. Évidemment, si nous voulons parler du canola, entre autres, nous pouvons toujours envisager d'y consacrer une réunion à un moment donné. Comme elle le sait, nos fonctionnaires sont prêts à répondre à ces questions, même si je sais que M. Rosser peut aisément répondre à toutes les questions.
[Français]
J'ai une question pour Mme Govier.
Tantôt, vous avez fait allusion au fait que le ministère des Finances pouvait, bien sûr, revoir la situation s'il y avait des répercussions majeures. Prenons l'exemple où les prix des engrais augmenteraient de façon très importante, encore une fois. Bien sûr, c'est à l'échelle politique que cette décision doit se prendre, mais, en tant que ministère, vous feriez une analyse pour savoir si la décision en question risque d'avoir des répercussions majeures sur le coût des intrants pour nos agriculteurs, par exemple. À la suite de cette analyse, vous pourriez faire la recommandation appropriée, à savoir qu'un tarif peut être appliqué à ce moment ou que, au contraire, il ne devrait pas être appliqué parce qu'il causerait des répercussions majeures sur notre économie.
Vous ai-je bien comprise? Êtes-vous toujours en train de réviser ces choses?
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D'accord. J'essayais simplement de comprendre ce qui allait se passer par la suite.
Je vais prendre mon temps de parole pour poser quelques questions. Nous avons terminé les séries de questions habituelles.
Bon nombre de mes questions ont déjà été posées, comme vous pouvez l'imaginer, mais j'aimerais prendre quelques minutes pour obtenir des précisions sur certains des enjeux.
Je vais m'adresser à M. Lawton.
Vous avez dit que vous ne pouviez pas répondre précisément à des questions sur le cas de Sollio groupe coopératif, mais d'après ce que je comprends, vous dites que Sollio aurait fait une déclaration volontaire et déterminé ce qu'il devait facturer. Pourtant, quelque temps après, Sollio s'est fait rembourser la somme.
Je suppose que j'ai du mal à comprendre que Sollio groupe coopératif s'est dit qu'il méritait un remboursement. De façon générale, est‑ce que les entreprises se disent: « Je devrais obtenir un remboursement », puis changent les renseignements, ou est‑ce que l'ensemble de l'industrie a été touché? Y a‑t‑il d'autres entreprises que Sollio qui sont touchées par cette situation? J'ai du mal à concilier votre témoignage avec ce que Sollio nous a dit.
Je vais enfin m'adresser à Mme Govier au sujet de la loi qui, selon vos dires, a été appliquée rapidement et très horizontalement, avant qu'on fasse des ajustements pour l'aluminium, etc.
Pouvez-vous conclure en expliquant le processus actuel pour examiner cette situation, alors que, de tous les pays du G7, le Canada est le seul qui paie vraiment des prix plus élevés? Nous n'utilisons pas d'engrais russes, mais nous payons probablement 20 % de plus que d'autres pays en raison de ce que nous avons demandé à nos agriculteurs d'assumer, et nous n'avons aucun effet sur les exportations russes en général.
Quel est le processus? Quelles sont les perspectives d'obtenir des mesures de redressement? Où en sommes-nous? En guise de mot de la fin destiné aux agriculteurs canadiens de tout le pays, à quoi peuvent-ils s'attendre?
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Je veux apporter une précision: il n'y a pas eu d'exceptions dans le retrait du bénéfice du tarif de la nation la plus favorisée pour le titane, l'aluminium ou d'autres produits. Il s'agissait d'exclusions liées aux sanctions, et elles étaient un peu différentes. Je tenais à le préciser.
Pour ce qui est du processus, cependant, comme je l'ai dit, le gouverneur en conseil a le pouvoir d'accorder une remise selon les recommandations du ministre des Finances dans des circonstances exceptionnelles. Comme je l'ai dit, il nous arrive souvent, au ministère des Finances, de formuler des conseils à ce sujet si nous recevons l'information nécessaire. Les critères sont stricts, car ces types de tarifs sont imposés pour une raison stratégique valide. Cette mesure, comme je l'ai mentionné, a été approuvée et intégrée à la loi également, ce qui reflète une certaine volonté.
Les critères sont stricts pour nous écarter des règles habituelles, mais nous considérerions certainement comme facteurs les perturbations sur le marché ou toute autre circonstance. Encore une fois, le fait de pouvoir dire « Oui, veuillez à nouveau acheter des engrais de la Russie » va en quelque sorte à l'encontre de la raison initiale de ne pas le faire, ce qui ne veut pas dire que nous ne l'envisagerions pas. Je pense qu'il est extrêmement important que le marché fonctionne correctement, et nous soupèserions donc ces considérations.