Oui. Le canal fonctionne correctement?
Monsieur Blois, bienvenue parmi nous.
Je constate que la sonnerie vient de commencer. Chers collègues, je vais demander votre consentement unanime pour que les membres ici présents puissent voter virtuellement, après quoi nous pourrons continuer.
Des députés: D'accord.
Le vice-président (M. John Barlow): Monsieur Medline, nous allons continuer. Nous devrons peut-être faire une pause pour permettre à tous les membres de voter virtuellement, mais entretemps nous allons poursuivre.
J'ajouterai quelques observations pour les témoins.
Les députés et les témoins peuvent s'exprimer dans la langue officielle de leur choix. Des services d'interprétation sont disponibles pour cette réunion.
Monsieur Medline, si l'interprétation est perdue, il se peut que vous voyiez une main se lever, et nous vous demanderons alors de faire une pause d'une minute, le temps de corriger le problème. Avant de prendre la parole, attendez que je vous nomme.
Vous aurez cinq ou six minutes, monsieur Medline, pour votre exposé. Je lèverai la main lorsqu'il vous restera environ une minute, pour vous prévenir, mais comme vous êtes le seul témoin je vous accorderai un peu plus de temps si nécessaire.
Monsieur Medline, à vous la parole.
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Merci, monsieur le président.
Sobeys a pris très au très l'appel lancé le 14 septembre par le en faveur d'une intensification de la lutte à l'inflation des prix des aliments au Canada. Le 6 octobre, nous avons officiellement présenté au ministre de l'Industrie notre plan d'aide à la stabilisation des prix des aliments. À la demande du Comité, nous vous avons ensuite acheminé notre plan le 3 novembre.
Nous nous sommes appliqués à rassembler rapidement les documents. Notre plan comprenait un survol des tendances et des perspectives actuelles en matière d'inflation alimentaire, un résumé de nos efforts actuels et antérieurs pour aider à stabiliser les prix des aliments et offrir une valeur ajoutée aux Canadiens, et surtout, des recommandations sur les mesures devant être prises par notre entreprise et par le gouvernement fédéral.
Comme nous le disons depuis 18 mois, nous n'aimons pas l'inflation, nous n'aimons pas les choix qu'elle impose à nos clients et nous n'en profitons pas. Nous pouvons tous convenir que l'inflation mondiale touche au cœur la population canadienne. Bien que l'inflation alimentaire au Canada compte parmi les plus faibles au monde et que le Canada soit un des pays les plus concurrentiels dans la vente au détail de produits alimentaires, cela n'apporte guère de réconfort aux Canadiens en difficulté financière.
Cela dit, nous savons que nos efforts ont jusqu'à présent contribué, et devraient continuer de contribuer, à ralentir l'inflation alimentaire. L'objectif qui nous a été présenté par le ministre de l'Industrie est de contribuer à réduire l'écart entre l'inflation alimentaire et l'indice des prix à la consommation du Canada. Nous sommes heureux de constater que depuis la réunion tenue à Ottawa à la mi‑septembre entre les épiciers et le ministre Champagne, l'inflation alimentaire continue comme prévu de diminuer, et nous croyons que cette tendance se poursuivra.
Selon les plus récentes données de Statistique Canada, l'indice général des prix à la consommation était de 3,1 % en octobre 2023, en baisse de 70 points de base par rapport au mois précédent, et l'inflation alimentaire se chiffrait à 5,4 %, ou 40 points de base de moins qu'au mois précédent. Dans l'ensemble, l'inflation alimentaire a diminué depuis le plafond de 11,4 % atteint en janvier 2023.
Chez Empire, nos statistiques internes sur l'inflation alimentaire font état d'une tendance constante caractérisée par des baisses régulières depuis plusieurs mois, et notre inflation interne est demeurée inférieure au taux d'inflation alimentaire de l'indice des prix à la consommation. Notre plan, que nous avons commencé à appliquer au début novembre dans nos magasins partout au pays, vise à apporter un soulagement réel aux consommateurs canadiens. Nos propositions innovatrices et détaillées étaient assorties d'échéances.
Comme vous le savez sans doute, nous avons l'habitude, en collaboration avec nos partenaires fournisseurs, de geler entre novembre et janvier les prix de la grande majorité des produits emballés. Cette pratique n'a jamais constitué un engagement externe ou public et n'a jamais eu un statut obligatoire à l'interne. En règle générale, pendant cette période nous gelions les prix d'environ 90 % des produits emballés, sauf quelques exceptions dans certains cas particuliers.
Cette année, nous avons élargi cette pratique en gelant les prix courants de l'ensemble de notre portefeuille de produits emballés, qui compte environ 20 000 articles, entre le premier dimanche de novembre 2023 et le premier dimanche de février 2024. C'est là un progrès significatif par rapport aux années précédentes, qui a mené à l'annulation des hausses de prix qui devaient s'appliquer durant cette période à environ 1 700 produits. Cet engagement demeurera ferme, peu importe les conditions internes ou externes qui pourraient justifier une augmentation de prix.
En outre, comme vous l'aura appris notre mémoire confidentiel, nous sommes également en train d'élaborer des plans significatifs pour continuer à stabiliser les prix des aliments après janvier, mais nous n'en discuterons pas publiquement, parce qu'ils demeurent des documents sensibles du point de vue commercial et concurrentiel jusqu'au lancement des plans dans nos magasins. Des conseillers juridiques externes nous ont informés que la divulgation de ces plans pourrait contrevenir à la Loi sur la concurrence du Canada.
Notre mémoire comprend également des recommandations sur les mesures concrètes que peut prendre le gouvernement fédéral pour contrer l'inflation alimentaire et renforcer la chaîne nationale d'approvisionnement alimentaire, notamment en soutenant activement l'application d'un code de conduite pour les épiciers, une initiative à laquelle nous travaillons et que bon nombre d'entre nous préconisons depuis plus de trois ans.
Comme vous le savez, la mise en place d'un code de conduite efficace est un pilier essentiel de notre plan pour stabiliser davantage les prix des aliments.
Cela dit, j'aimerais ajouter ceci: même si nous sommes prêts à signer le code dès aujourd'hui, et désireux et capables de le faire, nous doutons sérieusement qu'il pourra entrer en vigueur en raison de l'opposition récente de certains détaillants.
Nous ne pensons aucunement, et rien ne prouve, qu'un code de conduite pour les épiciers ferait grimper les prix des aliments ou diminuer les choix des Canadiens. En fait, c'est tout le contraire. Nous serions heureux de voir le gouvernement agir plus immédiatement sur cette question et nous vous exhortons, vous et vos collègues, à intervenir encore concrètement dans ce dossier afin d'assurer une adoption rapide du code par toutes les parties concernées.
Chez Sobeys, nous sommes déterminés à contribuer à la baisse des prix des aliments, mais nous croyons aussi qu'il existe des mesures à court et à moyen terme que le Parlement peut prendre pour rehausser l'abordabilité des aliments pour les Canadiens.
Je vous remercie de m'avoir écouté.
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Ce sont d'excellentes questions. Je vous remercie beaucoup de l'intérêt constant que vous portez à cet enjeu.
C'est effectivement une pratique courante de geler les prix des produits emballés, tant pour les magasins que pour les clients, pendant la période des Fêtes. Cependant, pour nous — et je ne peux pas parler pour nos concurrents —, cela ne s'applique normalement qu'à environ 90 % des produits emballés. Parfois, quand les circonstances l'exigent, entre 1 700 à 2 000 hausses de prix sont décrétées, de sorte qu'on ne peut parler d'un gel total. Cette année, en raison de l'inflation et de l'intérêt manifesté par le Parlement et votre comité, Sobeys a décidé de geler les prix de tous les produits emballés pendant toute la période.
Si nous parlons de « produits emballés », qui représentent environ 20 000 des 26 000 à 28 000 articles d'un magasin normal, et non de produits frais, c'est que… ces produits sont très différents. Le coût des produits frais peut fluctuer quotidiennement dans certains cas, et certainement chaque semaine. Nous achetons sur le marché, et les prix mondiaux et nord-américains peuvent changer, en particulier pour les fruits et légumes en hiver, comme vous pouvez le comprendre. Les prix peuvent changer très rapidement.
Pour pouvoir importer des produits frais et en garnir nos tablettes, en particulier durant l'hiver, nous devons nous assurer de pouvoir acheter le produit, et le prix fluctue constamment, à la hausse ou à la baisse. Depuis mon passage ici en mars dernier, certains produits ont augmenté, alors que certains produits frais ont en fait diminué...
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Nous avons dit ce que le gouvernement pouvait faire. Nous l'avons dit quand nous avons été convoqués, et nous l'avons dit dans les mémoires que nous avons présentés. La première chose à faire est de mettre en place ce code de conduite. Mettez‑le en place. Il s'est écoulé beaucoup trop de temps depuis que nous en avons réclamé la création il y a trois ans.
Nous avons parlé de surréglementation, d'étiquetage et d'emballage à un moment où les coûts augmentent. L'étiquetage sur le devant des emballages, l'étiquetage nutritionnel... tous ces coûts s'additionnent et se répercutent sur la facture d'épicerie. Certains d'entre eux peuvent être importants à moyen et à long terme, mais à court terme ils font mal au portefeuille des consommateurs.
Renforcez le dollar canadien pour que les Canadiens puissent payer moins cher les produits frais.
Contribuez au financement de programmes nationaux de récupération ou de réorientation des aliments.
Encouragez la réorientation des aliments par des incitations fiscales aux dons.
Veillez à ce que l'éventuel impact en aval des nouvelles politiques et des nouveaux règlements sur les prix des produits alimentaires soit pris en compte dans le processus décisionnel du Parlement.
Modifiez la partie III de l'annexe VI de la Loi sur la taxe d'accise pour détaxer les aliments frais préparés, comme les salades.
Encouragez l'agriculture en serre au Canada pour abaisser les coûts, raccourcir notre chaîne d'approvisionnement et alléger notre dépendance envers l'étranger.
Ce n'est là qu'un avant-goût des recommandations que nous avons formulées. J'ignore combien d'entre elles sont en cours d'examen par le gouvernement. Vous pourriez peut-être poser la question au gouvernement ou au Parlement; je ne suis pas un expert à ce sujet.
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Merci, monsieur le président.
Merci, monsieur Medline, d'être revenu nous voir et de nous avoir soumis votre mémoire.
Vous avez rencontré le et vous avez coopéré et participé pleinement à ses efforts pour nous aider à contrer la hausse du coût des aliments et à stabiliser les prix. Le ministre Champagne a annoncé cinq mesures, dont l'une consistait à obtenir des engagements de la part des cinq plus grandes chaînes de supermarchés. D'après ce que vous avez dit, il semble que vous étendez le gel de prix à beaucoup plus d'articles que par le passé. D'après votre mémoire, il est clair que vous prenez la question au sérieux.
Parmi les autres éléments qui ont été évoqués — comme ma collègue vient de le faire — figure le code de conduite des épiciers. Vous vous êtes dit inquiet de savoir si ce code de conduite sera un jour mis en œuvre, puisque certains épiciers n'en voient pas l'intérêt ou ne sont pas prêts à y participer pleinement.
Craignez-vous que le code de conduite soit mis en œuvre individuellement par chaque province? Le cas échéant, quel effet cela aurait‑il sur vous, à titre de chaîne nationale?
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Je suis désolé de vous interrompre, monsieur Medline, mais mon temps de parole est très limité.
Dans le même ordre d'idées, un autre objectif qui a été souligné pour favoriser une baisse des prix, c'est d'augmenter la transparence et la compétitivité dans le secteur. Je vais commencer par la question de la transparence.
Lors d'une précédente réunion de notre comité, j'ai demandé à cinq représentants d'entreprises s'ils s'engageaient à donner leurs chiffres au Bureau de la concurrence. Je comprends que, lors de séances publiques, les gens ne veuillent pas transmettre leurs chiffres. Vous dites que la marge de profit de votre entreprise a baissé, mais, de façon globale, on voit que les profits ont augmenté. Nous voulons bien vous croire, mais le commun des mortels aurait tendance à remettre cela en question.
Quand j'avais posé la question à ces cinq représentants, tous les dirigeants s'étaient engagés à fournir leurs chiffres au Bureau de la concurrence. Or, c'est avec une grande déception que j'ai constaté, à la lecture du rapport du Bureau de la concurrence, que ce n'est pas tout le monde qui l'avait fait.
Qu'est-ce qui s'est passé? Comment pouvez-vous expliquer cela?
De votre côté, avez-vous fourni vos chiffres? Si vous l'avez fait, que pensez-vous de la collaboration des autres acteurs du secteur?
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Merci, monsieur Medline, de vous être joint à nous.
Je pense que l'une des conséquences les plus difficiles de la crise de l'inflation alimentaire des 23 derniers mois est le nombre de personnes ayant un bon emploi à plein temps qui ont eu du mal à mettre de la nourriture sur la table et qui ont eu recours aux banques alimentaires. Je pense que c'est un bilan très préjudiciable pour notre pays.
Parmi ces travailleurs, il y a aussi ceux qui travaillent dans vos magasins. Je pense que si nous devons parler de l'inflation des prix des aliments et des efforts déployés pour la combattre, nous devons également parler des travailleurs de chez Sobeys.
J'ai été en contact avec certains grévistes de Pete's Frootique — qui appartient à votre société — dans le Canada atlantique. Ils sont en grève depuis la mi‑novembre. Bon nombre de ces employés ont déclaré qu'ils n'étaient pas en mesure de payer les prix des aliments dans le magasin où ils travaillent.
Je suppose que j'aimerais vous entendre, et je pense, en fait, que de nombreux Canadiens et les travailleurs qui travaillent dans vos épiceries aimeraient vous entendre à ce sujet: comment se fait‑il que de nombreuses familles canadiennes puissent se permettre de faire leurs épiceries chez Sobeys alors que vos propres employés ne le peuvent pas?
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Je vous remercie pour cette question, monsieur MacGregor.
Comme toujours, je vous remercie de votre passion pour l'agriculture et l'alimentation. Je suis de près certaines de ces audiences et je sais à quel point vous êtes passionné.
Tout d'abord, en ce qui concerne l'arrêt de travail, la grève dans une épicerie en Nouvelle-Écosse, je ne vais pas négocier une convention collective sur la place publique ici. Je ne sais pas si c'est légal ou non, mais je ne vais pas le faire de toute façon.
La situation est regrettable. Je pense que ces augmentations du prix des aliments, qui sont horribles, touchent tout le monde. Elles touchent également nos coéquipiers. J'ai examiné la situation de nos coéquipiers à temps plein dans tout le pays. Nous avons 130 000 coéquipiers. En moyenne, ils ont obtenu 5 % d'augmentation l'an dernier. Pour les temps partiels, l'augmentation a été de près de 8 % au cours des 12 derniers mois également.
Le problème avec les banques alimentaires, c'est que la situation varie. La situation est triste. Les gens souffrent plus que jamais en raison de l'inflation prolongée et des taux d'intérêt élevés. Nous devons mettre fin à cette situation.
Chez Sobeys, l'une des façons les plus efficaces d'aider est de donner de la nourriture. Depuis mai 2021, nous avons donné plus de 21 millions de kilogrammes de nourriture, soit l'équivalent de plus de 46 millions de repas, dans le cadre de notre partenariat avec Deuxième Récolte. Nous avons soutenu plus de 1 100 organismes à but non lucratif locaux. Nous offrons des fruits à des prix très réduits par l'entremise de FoodHero. Dans le cadre de The Grocery Foundation, nous finançons le programme des petits déjeuners Toonies for Tummies. Nous avons établi un partenariat avec le Club des petits déjeuners du Canada et Nutrition des élèves de l'Ontario...
Je viens de remarquer l'heure.
Je comprends que vous ne souhaitiez pas négocier sur la place publique. Je le comprends parfaitement, mais selon ce que vos employés en ont dit, la dernière offre de votre entreprise représentait une augmentation de 5 ¢ de plus que le salaire minimum. Je tiens dans ma main une pièce de cinq cents; elle ne vaut plus ce qu'elle valait.
En ce qui concerne la rémunération de vos dirigeants l'an dernier, elle représentait 172 millions de cinq cents.
Encore une fois, vous n'avez pas besoin de négocier ici en ligne, mais de manière réaliste, comment pensez-vous qu'une augmentation de 5 ¢ ou, dans d'autres cas, de 5 %, va vraiment aider ces gens à s'acheter des articles dans votre épicerie? Que pourraient-ils se permettre?
Selon ce que je comprends, il n'y a pas d'autres mesures, à part ce gel des prix, dont vous pouvez nous parler aujourd'hui.
En ce qui concerne ce gel des prix, nous avons mené une enquête, au Comité, sur la fixation des prix en épicerie. Nous avons aussi voulu connaître ce qui justifierait la mise en place d'un code de conduite des épiceries, que vous semblez appuyer fortement. Je vous en remercie, d'ailleurs. Dans le cadre de notre étude, nous avons entendu parler d'un problème lié à des techniques un peu déloyales. En effet, certains grands joueurs pourraient influer sur la définition des conditions, par exemple.
À quel point le gel des prix que vous pratiquez représente-t-il un désavantage? Est-ce un désavantage simplement pour vos fournisseurs ou avez-vous également assumé une partie des conséquences du fait de ne pas augmenter les prix, c'est-à-dire de cette similibaisse des prix?
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Merci, monsieur le président.
Monsieur Medline, dans ma question précédente, j'ai souligné les difficultés que beaucoup de vos travailleurs en grève ont rapportées publiquement et le fait qu'ils éprouvent d'énormes difficultés à même s'approvisionner dans l'épicerie où ils travaillent. La dernière offre de votre société ne représentait qu'une augmentation de 5 ¢ sur leur salaire minimum.
Nous faisons également le constat que sept millions de Canadiens ont recours aux banques alimentaires, d'une manière ou d'une autre.
Je sais qu'au cours de l'un des trimestres de cette année, votre société a enregistré un bénéfice de 261 millions de dollars. Cela représente en gros une augmentation de 39 % par rapport au bénéfice de 187 millions de dollars réalisé au cours du même trimestre de l'année dernière.
Vous avez témoigné devant nous aujourd'hui. Vous avez dit que dans bien des cas, vous avez dû « absorber le prix ». Compte tenu de la situation dans laquelle se trouvent tant de Canadiens et des difficultés qu'ils éprouvent, à quelle fréquence votre société absorbe‑t‑elle le prix et à quelle fréquence faites-vous un effort pour vendre les aliments à leur prix de revient?
D'après ce que les Canadiens constatent actuellement, deux choses sont vraies: votre société fait plus de bénéfices à un moment où ils éprouvent des difficultés. Ils veulent simplement voir à quel point vos efforts sont sincères au sein de la division alimentaire de votre société. À quelle fréquence prenez-vous des mesures comme absorber le prix ou vendre simplement au prix de revient?
Je connais les chiffres probablement mieux que quiconque au sein de notre société et je n'arrive pas à comprendre d'où vous tirez ces données. Cependant, je comprends quand même le sens de votre question. Comme je l'ai dit, l'an dernier, nous avons fait moins de gains nets que l'année précédente — le solde sur deux ans était de 1,8 % — et notre marge bénéficiaire est passée de 2,5 % pendant l'inflation à 2,4 %, donc je ne vois pas très bien.
Je pense que je défendrais le droit d'une société de faire un peu d'argent. Vous avez posé la question de la rémunération équitable de nos coéquipiers, ce que nous voulons faire, et c'est ce que nous faisons. Pour ce faire, nous devons gagner de l'argent pour employer des gens, leur accorder des augmentations de salaire, investir dans nos épiceries et nos entrepôts canadiens, soutenir, dans notre cas, les 939 communautés dans lesquelles nous sommes implantés, verser des dividendes aux Canadiens qui travaillent fort et à leurs régimes de retraite, et payer des impôts.
Il est important de payer des impôts. Quand nous n'avions pas de succès... Lorsque je suis entré en poste en 2017, nous étions en grande difficulté. C'est un secteur d'activités difficile, concurrentiel, à faible marge et à forte intensité de capital: un petit faux pas et vous vous dirigez vers la non-rentabilité. Au moins, maintenant que nous sommes plus solides, nous pouvons faire les cinq choses dont j'ai parlé, ce qu'une société devrait pouvoir faire pour soutenir son pays, ses coéquipiers et ses clients.
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Je vous remercie pour votre question.
Nous avons fait nos commentaires par l'intermédiaire du représentant de notre secteur au Conseil canadien du commerce de détail, de sorte que le gouvernement a reçu nos commentaires.
Comme presque tous les détaillants, nous cherchons à réduire notre utilisation du plastique. Cependant, je crains que la législation ne soit en avance sur l'innovation en matière d'emballage et sur la technologie disponible. J'ai lu que, selon une étude commandée par l'Association canadienne de la distribution de fruits et de légumes, les règles proposées augmenteraient de 30 % le coût de l'emballage. Ce chiffre est confirmé par l'estimation préliminaire du Conseil canadien du commerce de détail. Cela aggraverait évidemment l'inflation si cela devait se produire.
Comme vous l'avez mentionné, je serais également très inquiet et mal à l'aise à l'idée d'aller trop vite. Notre principale mission est d'assurer la salubrité des aliments. C'est notre première mission dans ce pays. Nous avons un bilan formidable au Canada en matière de salubrité des aliments. Nous devons être prudents sur ce point. Je crains que si nous agissons à la hâte, le gaspillage alimentaire augmente, ce qui serait vraiment dommageable.
Nous chercherons toujours à éliminer les plastiques partout où nous le pourrons, mais assurons-nous de prendre les bonnes mesures et de ne pas agir à la hâte. Nous devons bien réfléchir.
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Merci, monsieur le président.
Monsieur Medline, merci d'être ici.
Les Canadiens voient les taux élevés de l'inflation mondiale fléchir lentement. Ils ne voient pas les prix des produits alimentaires baisser au même rythme. Ils sont inquiets.
Monsieur Medline, je tiens à vous remercier d'être ici au nom d'Empire, qui comprend Sobeys. Vous dites que l'écart entre l'IPC et l'inflation des produits d'épicerie diminue et que la stabilisation et la réduction des prix des aliments sont importantes pour tout le monde.
J'aimerais poser une question à propos de nos agriculteurs. On trouve à Kitchener—Conestoga et dans le Sud-Ouest de l'Ontario certaines des meilleures terres agricoles du pays et une forte concentration de producteurs agricoles. Nous voulons nous assurer que nos petits producteurs et fournisseurs sont traités équitablement par votre organisation lorsqu'il s'agit de contrôle des prix.
On vous a demandé tout à l'heure comment Empire comptait soutenir les petits producteurs et fournisseurs. Vous avez dit que le sujet vous passionnait, mais que vous manquiez de temps pour en dire plus. Vous avez expliqué que vous vouliez faciliter et simplifier les choses pour nos petits fournisseurs et partenaires.
Pouvez-vous nous en dire plus à ce sujet, s'il vous plaît?
En passant, depuis notre dernière rencontre — et je vous remercie de m'accueillir à nouveau aujourd'hui, en guise de conclusion —, l'inflation des aliments est passée de 9,7 à 5,4 %. C'est bien, mais c'est encore loin du taux que nous souhaiterions voir. L'inflation doit encore baisser.
Encore une fois, je ne veux pas vous ennuyer avec le code. Le code nous aidera vraiment, mais nous avons aussi un pilier à l'échelle locale dans notre stratégie, dont nous parlons avec nos fournisseurs partenaires, et dont nous discutons tout le temps avec notre conseil d'administration. C'est non seulement la bonne chose à faire, mais c'est aussi bon pour les affaires de traiter équitablement nos fournisseurs locaux et de nous approvisionner auprès d'eux, surtout pour aider les agriculteurs à travers le Canada.
Dans une mesure raisonnable, nous faisons tout ce que nous pouvons faire à l'appui de cette stratégie. Nos clients l'apprécient. Nous aimons travailler en ce sens. Il est évident que le gouvernement a également un rôle à jouer à cet égard. Je ne fais pas partie du gouvernement, mais s'il y a quelque chose que nous pouvons faire pour aider le gouvernement à aider les agriculteurs et à faire en sorte que notre chaîne d'approvisionnement soit plus sûre, moins sous pression, moins chère et qu'elle soutienne notre propre pays au lieu de devoir toujours dépendre d'autres pays, cela me convient parfaitement.
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Très bien, chers collègues, nous reprenons nos travaux.
Merci beaucoup à nos témoins d'avoir procédé à la vérification sonore aussi rapidement que possible. Je sais que la plupart d'entre vous ont déjà comparu devant nous, mais en guise de consigne générale, je vous rappelle de ne pas désactiver la sourdine de votre microphone avant que je vous nomme et que je vous invite à prendre la parole.
Vous pouvez vous exprimer dans la langue officielle de votre choix, car nous disposons d'un service d'interprétation. Si l'interprétation fait défaut, je vous demanderai de faire une pause jusqu'à ce qu'elle soit rétablie. En raison de l'interprétation — nous apprécions vraiment le travail de nos interprètes —, essayez de parler lentement et distinctement pour qu'ils aient la meilleure chance de faire entendre vos commentaires.
Veuillez adresser tous vos commentaires à la présidence.
Dans le souci de respecter le temps imparti, lorsqu'il vous restera environ une minute sur les cinq minutes qui vous sont accordées pour faire votre déclaration, je lèverai à nouveau la main pour attirer votre attention et vous faire savoir que votre temps de parole touche à sa fin.
Notre groupe de témoins est constitué de Gary Sands, vice-président principal de la Fédération canadienne des épiciers indépendants.
Il y a Kristina Farrell, présidente-directrice générale d'Aliments et boissons Canada.
Nous accueillons aussi Dimitri Fraeys, vice-président, Innovation et affaires économiques du Conseil de la transformation alimentaire du Québec, ainsi que Michael Graydon, président-directeur général de Produits alimentaires, de santé et de consommation du Canada.
Je remercie nos témoins d'avoir pris le temps de se joindre à nous.
Nous commençons par M. Sands. Vous disposez de cinq minutes pour votre déclaration préliminaire.
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Merci, monsieur le président.
Bonjour à tous. Je vous remercie de m'avoir invité à exprimer notre point de vue sur les efforts visant à stabiliser les prix des aliments.
Il y a environ 6 900 épiciers indépendants au Canada. Un grand nombre d'entre eux sont également situés dans des collectivités où ils sont très souvent la seule épicerie. Les enjeux relatifs à la fiabilité de l'approvisionnement et aux prix des aliments dans ces régions sont étroitement liés à la sécurité alimentaire. Les épiciers indépendants entretiennent une relation symbiotique avec les collectivités qu'ils servent. Ils vivent dans la collectivité, embauchent et achètent localement et soutiennent les équipes sportives, les activités et les causes locales. Ce lien qu'ils ont forgé dans une multitude de collectivités diverses est la raison pour laquelle ils sont un élément si important de la grande mosaïque canadienne.
Naturellement, les épiciers indépendants sont extrêmement sensibles aux préoccupations qu'entretiennent leurs clients à l'égard de l'inabordabilité. C'est pourquoi nos membres trouvent regrettable l'idée selon laquelle le secteur de l'alimentation est le théâtre d'une « cupidiflation ». Lorsque vous êtes un épicier indépendant avec une marge moyenne globale de 2 % et que vos fournisseurs vous informent d'augmentations de prix qui sont souvent dans les deux chiffres, parfois plus d'une fois par an, dans quel modèle d'affaires pouvez-vous ne pas répercuter ces coûts sur vos clients?
Nous connaissons tous les problèmes qui ont touché le secteur. Parmi les plus importants, citons les changements climatiques, la guerre en Ukraine, les perturbations portuaires, ferroviaires, frontalières et syndicales, ainsi que les augmentations considérables des coûts de transport. Les indépendants dans les collectivités rurales et éloignées ressentent ces problèmes de manière plus aiguë.
Il ne faudrait pas vraiment parler de ce qui est arrivé au secteur de l'alimentation, mais plutôt de ce qui n'est pas arrivé. C'est pourquoi nous ne montrons pas du doigt nos fournisseurs partenaires. Nous comprenons les pressions qui font augmenter leurs coûts. Nous comprenons aussi le désir du gouvernement — je sais qu'il est partagé par votre comité et par tous les partis — de voir une stabilisation des prix dans le secteur de l'alimentation. Qui serait contre cet objectif?
Toutefois, les efforts visant à stabiliser les prix des aliments peuvent parfois avoir des conséquences inattendues. Par exemple, après avoir pris des engagements envers le gouvernement, si les chaînes du commerce de détail usent de leur influence pour imposer des gels de prix ou des rabais à leurs fournisseurs, que se passera‑t‑il pour l'épicier indépendant et ses clients? L'épicier indépendant n'a aucune influence pour exiger un gel ou une baisse des prix. Cela ne devrait pas dépendre de l'endroit où vous faites vos courses ou de l'endroit où vous vivez au Canada.
La nécessité d'une stabilisation des prix et d'un approvisionnement fiable pour tous les Canadiens est la raison pour laquelle nous souscrivons fermement au code de conduite proposé pour les épiceries. Ce code assurera l'équité et un meilleur équilibre dans les relations au sein du secteur.
Le secteur canadien de l'épicerie est excessivement concentré. Cela a favorisé un climat dans lequel les pratiques de marché déloyales et faussées sont trop répandues. Les frais onéreux imposés unilatéralement par certains grands détaillants à leurs fournisseurs, et la nécessité d'un accès fiable à l'approvisionnement alimentaire pour les épiceries indépendantes ont tiré la sonnette d'alarme pour Ottawa et les provinces. En novembre 2020, les ministres fédéraux, provinciaux et territoriaux ont confié un mandat au comité directeur chargé d'élaborer le code, dont je suis membre.
Le mandat stipule ce qui suit:
Les ministres ont discuté des inquiétudes des transformateurs, des producteurs et des épiciers indépendants au sujet de l'augmentation des frais imposés par les détaillants aux fournisseurs et de l'équilibre dans la relation détaillants-fournisseurs, tout en veillant à ce que les Canadiens continuent d'avoir accès à un approvisionnement fiable de produits alimentaires à prix abordable.
Ce code n'est pas un document renfermant une réglementation trop prescriptive, il s'agit simplement d'un ensemble simple de principes de bonne conduite élaborés par le secteur lui-même. C'est tout. Il n'augmentera pas les prix des aliments, comme Loblaws l'a prétendu. Personne dans le secteur ne soutiendrait une telle mesure. Aucune société ne devrait essayer de mettre un prix sur des principes de bonne conduite.
Dans un article d'opinion sur le code paru la semaine dernière dans le Toronto Star, j'ai cité un ancien juge de la Cour suprême des États-Unis, qui disait: « L'éthique, c'est savoir faire la différence entre ce que vous avez le droit de faire et ce qu'il est juste de faire. » C'est l'essence même du code. Il décrit ce que le secteur lui-même estime être juste dans la conduite de ses affaires.
Il y a quelques mois à peine, dans son rapport d'étude du marché, le Bureau de la concurrence du Canada, a salué le code comme une bonne chose pour les consommateurs. Le Bureau a également recommandé aux gouvernements — fédéral et provinciaux — de continuer à soutenir la croissance des épiceries indépendantes.
Au Canada, les épiciers indépendants ne joueront jamais à armes égales, mais ils souhaiteraient que les gouvernements en fassent davantage pour les garder simplement sur le terrain de jeu. Les gouvernements et votre comité doivent envisager toutes les mesures possibles pour aider à soutenir les épiciers de la rue principale du Canada. L'une de ces mesures serait le code, et le code a une chance de fonctionner. Nous avons besoin de tout le soutien que nous pouvons obtenir pour avoir cette chance, y compris de la part de votre comité.
Je vous remercie de votre attention.
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Je vous remercie de m'avoir invitée aujourd'hui.
Je m'appelle Kristina Farrell. Je suis présidente-directrice générale d'Aliments et boissons Canada qui est une association sectorielle nationale représentant plus de 1 500 entreprises dans tout le pays. Nous comptons parmi nos membres six associations provinciales et régionales de fabricants d'aliments et de boissons, dont le Conseil de la transformation alimentaire du Québec, le CTAQ, qui est des nôtres aujourd'hui par téléconférence, et de nombreuses grandes entreprises.
Notre secteur est présent dans toutes les provinces, 300 000 emplois en dépendent et il est le plus grand consommateur de produits agricoles. Il fabrique l'éventail de produits qui garnissent les rayons de vos épiceries, du pain à la charcuterie, en passant par le yogourt, les légumes en conserve, le bacon et le beurre.
Nous sommes conscients du rôle essentiel que nous jouons dans la chaîne d'approvisionnement alimentaire et nous savons que nos fabricants d'aliments et de boissons sont des preneurs de prix. En même temps, bien que nous soyons un service essentiel, nous ne pouvons pas, comme n'importe quelle entreprise, fonctionner à perte et survivre.
Je parlerai rapidement de l'impact des pressions inflationnistes et des ruptures de chaîne d'approvisionnement sur notre secteur et, par voie de conséquence, sur le prix des aliments.
L'impact de pressions inflationnistes sans précédent qui entraînent des coûts d'intrants importants et une hausse rapide des taux d'intérêt, en particulier pour nos petits et moyens fournisseurs, constitue une menace pour l'existence des produits canadiens uniques que nous avons tous appris à aimer.
Prenons, par exemple, les entreprises qui ont contracté des prêts auprès de la Banque de développement du Canada, dont le taux de prêt pour les petites entreprises a récemment grimpé de 38 %. Ces tensions financières, conjuguées aux ruptures de chaîne d'approvisionnement, font monter nos coûts en flèche.
Depuis le début de la pandémie, nos fabricants ont dû composer avec des pénuries d'ingrédients, une augmentation du coût des intrants, des phénomènes météorologiques et climatiques, des fermetures de frontières, des barrages, des incidents géopolitiques et des arrêts de travail. Les répercussions de ces événements, comme l'illustre la grève actuelle chez Rogers Sugar en Colombie-Britannique, se font sentir dans tout le pays et, notamment, sur les boulangeries, les distilleries et les producteurs de produits emballés.
Aujourd'hui marque le 68e jour d'une grève dont les conséquences vont au‑delà de simples pénuries. Nos entreprises font face non seulement à un manque de produits, mais aussi à des prix élevés, étant donné le peu de producteurs de sucre que nous avons. Cela montre l'interdépendance de notre chaîne d'approvisionnement alimentaire et les répercussions considérables des événements extérieurs et souligne que nos fabricants ne sont pas à l'abri de ces répercussions.
Parmi les autres facteurs que nous ne pouvons ignorer figure la taxe avec indexation sur la bière, le vin et les spiritueux qui contribuera à l'augmentation des prix pour les consommateurs. Il y a d'autres mesures, comme l'avis de planification de la prévention de la pollution pour les emballages primaires en plastique pour les aliments. Or, force est de reconnaître que toute obligation de modifier nos emballages entraînera des investissements supplémentaires et, donc, des coûts supplémentaires pour les Canadiens.
Je vais céder la parole à M. Dimitri Fraeys, du CTAQ, qui vous en dira plus.
Le Conseil de la transformation alimentaire du Québec, ou CTAQ, qui compte plus de 650 membres, est la principale association représentant les entreprises de transformation alimentaire au Québec. Il est membre fondateur d'Aliments et boissons Canada.
Depuis plusieurs années, le CTAQ, aux côtés d'Aliments et boissons Canada et d'autres partenaires, milite en faveur de la mise en place d'un code de conduite pour les épiciers visant à imposer des limites raisonnables aux actions des grands détaillants au Canada. L'élément déclencheur a été le déséquilibre du pouvoir de négociation, qui existe en raison de la forte concentration du secteur de la vente au détail de produits alimentaires au Canada par rapport au grand nombre de petits et moyens fabricants canadiens d'aliments et de boissons.
Ce code, qui est en cours d'élaboration grâce à une concertation des acteurs du secteur des aliments et des boissons, des détaillants et des distributeurs alimentaires, garantirait notamment que les détaillants ne pourraient plus imposer des frais unilatéraux à nos fabricants de produits alimentaires et de boissons. C'est une action qui a une incidence directe sur les prix, car elle augmente les coûts d'exploitation des fournisseurs.
Nous croyons fermement qu'un code de conduite freinerait l'inflation des prix des produits alimentaires et améliorerait la compétitivité du secteur alimentaire canadien. Nous sommes en effet encouragés par les données qui portent à croire que, au Royaume‑Uni et en Australie, notamment, où il existe déjà des codes obligatoires, les prix à la consommation ont chuté grâce à l'adoption de ces codes. De leur côté, les fabricants de produits alimentaires peuvent aussi mettre au point des mesures qui leur permettront de mieux prévoir une crise inflationniste, comme celle que nous vivons.
Voici quelques exemples de ces mesures. On peut diversifier les sources d'approvisionnement en matières premières pour réduire la vulnérabilité aux variations de coûts. Les entreprises peuvent chercher à réduire les coûts de transport, à améliorer l'efficacité logistique et à réduire au minimum les pertes tout au long de la chaîne d'approvisionnement.
L'utilisation de la technologie pour la traçabilité peut également contribuer à une gestion plus précise et plus efficiente. L'automatisation des processus de production peut aider à réduire les coûts et les problèmes liés à la pénurie de main-d'œuvre, et améliorer l'efficacité opérationnelle. L'examen régulier et l'optimisation des processus de production peuvent révéler des sources d'inefficacité. Les entreprises doivent cibler les domaines où des améliorations sont possibles et mettre en œuvre des changements visant à améliorer l'efficacité, d'où l'importance de l'innovation.
La réduction de la consommation d'énergie peut se traduire par des économies substantielles pour les entreprises. Les entreprises alimentaires peuvent investir dans des équipements écoénergétiques, mettre en œuvre des pratiques de gestion durable des déchets et explorer des sources d'énergie renouvelable pour réduire leurs coûts opérationnels.
Je vous remercie de votre attention.
Nous sommes prêts à répondre aux questions.
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Je vous remercie, monsieur le président, et merci de me donner l'occasion de m'adresser au Comité aujourd'hui.
L'impact croissant de l'inflation est un défi majeur pour les Canadiens qui pèse à la fois sur leur vie quotidienne et leur sécurité financière. Depuis quelques mois, Produits alimentaires, de santé et de consommation du Canada, ou PASC, travaille en étroite collaboration avec le gouvernement sur la question de l'inflation du prix des produits d'épicerie et de l'abordabilité de ces produits. Au nom de nos membres, je félicite le gouvernement pour son leadership et sa volonté de trouver des solutions à ces pressions économiques.
Je mettrai d'abord l'accent sur deux enjeux qui ont un impact direct sur notre contexte inflationniste.
D'autres témoins l'ont mentionné aujourd'hui, mais le premier enjeu est le besoin urgent d'un code de conduite.
Au fil des ans, il est devenu de plus en plus évident qu'il faut remédier au déséquilibre entre la poignée d'entreprises qui contrôlent 80 % du marché canadien des produits d'épicerie et les fournisseurs qui travaillent avec elles, car il nuit depuis longtemps à la concurrence et il freine l'innovation.
Voici quelques faits à prendre en considération:
Le coût pour placer et maintenir un produit dans les rayons d'une épicerie a presque doublé pour les fabricants au cours des 15 dernières années au Canada, alors qu'il est resté relativement stable aux États-Unis.
L'impact cumulatif des frais et des amendes imposés par les épiciers aux fournisseurs est estimé à 5 milliards de dollars par an. Conséquence directe, 23 % de nos membres, ce qui est inquiétant, envisagent de moins produire ou de retirer des produits de leurs gammes du marché canadien à cause de ces contraintes financières.
Les négociations intensives du code de conduite des épiceries, qui nécessitent des compromis de toutes les parties, montrent que nous voulons tous régler ce problème profondément enraciné. J'aimerais saluer Sobeys et Metro qui sont venus représenter à la table de négociation les grands détaillants et qui le font de manière très constructive.
Cela dit, nous avons encore du chemin à parcourir.
Nous reconnaissons les efforts du gouvernement pour comprendre et juguler l'inflation sur le prix des aliments, mais centrer comme actuellement les dialogues sur les détaillants nuit à la capacité des fabricants de recouvrer et de stabiliser les coûts.
Par exemple, les mesures prises par certains détaillants pour stabiliser les prix, dont nous avons entendu parler aujourd'hui, signifient qu'ils n'accepteront plus les augmentations de prix des fournisseurs dans un proche avenir, ce qui revient, au fond, à demander aux fournisseurs d'absorber l'inflation au nom du maintien des marges des détaillants. Leurs décisions perpétuent les déséquilibres mêmes auxquels le code vise à remédier. Or, le fardeau de l'inflation sur le prix des aliments doit être partagé par les détaillants et les fournisseurs, et les efforts du gouvernement, quoique bien intentionnés, ne pénalisent que les fournisseurs, d'où la nécessité encore plus grande d'un code, selon nous.
Un code de conduite des épiceries appliqué à toutes les catégories d'épiceries typiques reste le meilleur moyen de stabiliser le coût des produits d'épicerie. Il ne s'agit pas d'un problème d'alimentation, mais d'un problème d'épicerie. L'hypothèse avancée par détaillant selon laquelle un code pourrait entraîner des augmentations de prix n'est pas fondée. Comme le montre l'expérience au Royaume-Uni, en Australie et en Irlande, des codes des épiceries ont contribué à accroître la concurrence sur le marché, à stabiliser les prix et, pour finir, à les faire baisser.
Le code est maintenant terminé, prêt à être mis en oeuvre et soutenu par la majorité des parties prenantes, y compris l'agriculture, les fournisseurs, les détaillants, les épiciers indépendants et d'autres encore dans la chaîne d'approvisionnement, ce qui représente des milliers d'entreprises qui croient en la promesse d'une manière plus équitable de faire du commerce, et ce code est équilibré.
Deux entreprises font exception, Loblaw et Walmart, qui continuent de remettre en question la viabilité du code. Il est ironique de constater que c'est le comportement de ces deux entreprises qui a contraint les ministres de l'Agriculture à mener une étude qui a débouché sur le code de conduite qui nous est présenté aujourd'hui.
Une intervention des pouvoirs publics pour garantir la mise en oeuvre d'un code de conduite obligatoire, inclusif et adaptable est essentielle. Un code ne peut porter ses fruits que s'il est appliqué de façon universelle à toutes les parties prenantes, aux détaillants comme aux fournisseurs.
À ce stade, la mise en oeuvre du code est compromise. L'intervention du gouvernement est la seule solution pour le faire appliquer. Nous ne voulions pas en arriver là, je le crains, mais voilà où nous en sommes.
Le deuxième enjeu que je soulignerai est celui du programme de réglementation du gouvernement et de son incidence sur l'inflation sur le prix des aliments.
Les fabricants canadiens de produits alimentaires, de santé et de consommation doivent se plier à une myriade de règlements qui, tout en visant à garantir la qualité, la sécurité et la transparence pour les Canadiens, contribuent aussi sensiblement à l'augmentation des frais d'exploitation.
Ces règlements obligent l'industrie à s'adapter à des règles qui ne cessent de changer en matière d'étiquetage, d'emballage et de distribution et qui sont souvent contradictoires et inopportunes, notamment depuis ces dernières années où les entreprises gèrent des problèmes continus de chaîne d'approvisionnement et de distribution.
Qu'il s'agisse de l'étiquetage sur le devant de l'emballage, de l'étiquetage des suppléments alimentaires ou de changements au tableau des valeurs nutritionnelles, l'industrie a tout simplement du mal à faire face au volume et à la fréquence des demandes incessantes du gouvernement. À titre d'illustration, le coût estimé à 8 milliards de dollars de l'adaptation aux modifications apportées par Santé Canada à l'étiquetage sur le devant des emballages a non seulement un impact sur les frais d'exploitation des entreprises, mais il se répercute aussi sur les consommateurs sous forme de prix plus élevés.
Il est essentiel de mettre en place des règlements pratiques et efficaces qui tiennent compte des réalités de l'industrie. La réglementation de l'étiquetage devrait s'adapter aux demandes de solutions numériques des consommateurs, comme les codes QR et d'autres options d'étiquetage électronique, qui offrent des possibilités rentables, souples et moins contraignantes pour l'industrie et sont beaucoup plus axées sur le consommateur.
La simplification de ces processus réglementaires et l'adoption de nouvelles solutions technologiques sont essentielles pour maîtriser les pressions inflationnistes qui pèsent sur les familles canadiennes.
Je vous remercie encore une fois de m'avoir donné l'occasion de témoigner.
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Eh bien, il ne faut pas oublier que nous sommes au Canada et que les problèmes de transport que nous connaissons dans ce grand pays, notamment pendant certaines parties de l'année, sont importants, mais tout au long de l'année, pour les épiciers indépendants installés dans des collectivités semi-rurales, rurales et éloignées — et nous servons également un certain nombre de collectivités autochtones —, les frais de transport jusqu'à ces collectivités sont nettement plus élevés. C'est déjà un problème.
Je crois que M. Medline a parlé de l'initiative du gouvernement relative à la prévention de la pollution, l'initiative P2. Nous avons vivement insisté auprès du gouvernement pour qu'il mette ce projet en pause, car nos partenaires de l'Association canadienne de la distribution de fruits et légumes nous ont dit que les coûts d'emballage allaient augmenter d'environ 30 %. C'est trop. Nous ne pouvons pas absorber une telle augmentation. Il faudra répercuter cette hausse sur les Canadiens dans ces collectivités. J'espère que le gouvernement étudie sérieusement les conséquences de cette idée. Comment peut-on aller de l'avant avec ce projet, tout en plaidant en faveur de la stabilité des prix ?
En outre, sans l'innovation en matière d'emballage dont nous avons besoin avant de mettre en place un tel système, l'impact sur l'acheminement des fruits et légumes frais vers les collectivités rurales et isolées sera énorme. Ce ne sera pas possible.
Je suis désolé. Je m'emporte sur cette question, mais nous sommes consternés de voir que le gouvernement poursuit sur la lancée sans examiner les conséquences pour tout le pays, qui est vaste. Il n'y a pas que les zones urbaines, comme Toronto, Montréal, Ottawa et Vancouver. Il y a beaucoup de régions rurales au Canada.
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Je vous remercie, monsieur le président.
Monsieur Sands, je tiens à vous assurer que le gouvernement n'a encore rien fait en ce qui concerne l'initiative P2. Il est évident qu'il suit un processus. L'ancien processus aurait obligé le gouvernement du Canada à publier un texte dans la Partie 1 de la Gazette du Canada et à demander des commentaires, et le gouvernement n'en est même pas encore à ce stade, donc je tiens juste à dire avant que nous...
Je sais qu'il y a eu des commentaires. Je collabore vraiment avec l'industrie sur ce sujet, et je plaide en votre nom, évidemment. Nous avons ce Comité, et le comme le ont demandé que nous organisions ces réunions. Nous sommes évidemment préoccupés par l'augmentation du prix des produits alimentaires, et le gouvernement est sensible à toute mesure susceptible d'entraîner une hausse du prix de ces produits.
Je voudrais parler du code de conduite des épiceries et de son importance. Selon vous, lorsque l'on a deux grands épiciers, et je sais que vous n'êtes pas visé, je suis capitaliste, je crois en une intervention minimale de l'État, et je peux dire cela en tant que libéral, mais le gouvernement doit intervenir quand quelques épiciers détiennent 80 % du marché.
Deux grands détaillants disent maintenant qu'ils ont participé au processus et qu'ils ont aidé à rédiger un règlement potentiel, mais que peu importe, il va faire augmenter les coûts et ils ne veulent plus participer. Qu'est‑ce que cela vous dit?
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Premièrement, il faudrait revoir la fiscalité alimentaire. Il y a encore beaucoup de taxes sur les produits et services, ou TPS, qui sont appliquées en épicerie sur différents produits. Je pense qu'il y aurait lieu de revoir cela et d'éliminer la TPS sur tous les produits en contenant. Actuellement, la TPS est appliquée sur certains produits, et pas sur d'autres.
Deuxièmement, les coûts liés au transport sont importants pour nous. Il serait extrêmement important de réduire les taxes sur l'énergie, tant sur le plan du transport que sur celui des entreprises. Cela représente une grande partie des coûts de production.
Troisièmement, il faut améliorer la productivité des usines en les robotisant et en les informatisant. La hausse des taux d'intérêt fait que certaines PME n'ont pas nécessairement la capacité de robotiser leur usine. Il faut donc mettre en place des programmes financiers pour accompagner les entreprises et faciliter l'intégration de la robotisation dans les usines. Certains programmes mis en place dans certaines provinces ont montré que cela accélère l'implantation de nouvelles technologies de pointe. Si une usine peut améliorer sa productivité, cela va automatiquement lui permettre d'améliorer ses marges bénéficiaires. Au Canada, les marges bénéficiaires des transformateurs ont diminué de 15 % comparativement à la période allant de 2019 à 2023. En 2023, ces marges sont plus basses qu'en 2020.
Quatrièmement, s'agissant de la durabilité, il faut améliorer la gestion des matières résiduelles et des emballages, mais il faut le faire sur une plus longue période. Comme on l'a mentionné, à partir du 1er janvier 2026, l'affichage nutritionnel devra se trouver sur le devant de l'emballage de tous les aliments généraux préemballés atteignant ou dépassant 15 % de la valeur quotidienne de certains ingrédients. Cela occasionnera un incroyable gaspillage d'emballages. Comme toutes les entreprises vont revoir leurs emballages en même temps, il faudra s'attendre à une hausse du coût des emballages pendant les deux prochaines années. Comme on l'a mentionné, on évalue ces coûts à 8 milliards de dollars.
Ces coûts pourraient être réduits afin d'aider le consommateur. Pour ce qu'on veut mettre en place, je pense qu'il faut prévoir un plus long délai. Pour l'instant, on est vraiment au cœur de la tempête.
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Je vous remercie, monsieur le président.
Je me fais l'écho des commentaires de tous mes collègues et remercie tous les témoins d'aujourd'hui d'aider le Comité à mener à bien cette étude très importante.
Madame Farrell et monsieur Graydon, ces questions sont pour vous deux.
Vos deux organisations représentent des entreprises de différentes tailles et importances. Certaines sont de très grandes multinationales dotées d'une grande puissance commerciale; d'autres sont de petites et moyennes entreprises présentes dans une seule province ou une seule région d'une province.
Le et le ont tous deux reconnu qu'il faut plus de concurrence et d'innovation dans vos secteurs aussi.
Monsieur Graydon, je comprends votre point de vue. Je crois que vous avez dit dans vos observations préliminaires qu'au cours des 15 dernières années, les coûts ont doublé rien que pour mettre des articles dans les rayons des magasins. Je garde à l'esprit le commentaire selon lequel il est devenu de plus en plus coûteux pour les entreprises que vous représentez de faire figurer leurs produits sur les listes, et ensuite, vous avez des ministres qui demandent plus de concurrence. Bien sûr, certaines entreprises sont plus à même d'absorber les coûts imposés par les détaillants, mais pour d'autres, c'est beaucoup plus difficile.
Il a été fait mention à plusieurs reprises de ce déséquilibre du pouvoir. Quels sont les défis à relever dans votre secteur pour encourager une plus grande concurrence, quand, comme vous l'avez mentionné, vos entreprises doivent surmonter tous ces obstacles rien que pour faire figurer des articles en rayon dans les magasins?
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En effet, c'est un peu décevant.
Madame Farrell, dans vos observations préliminaires, vous avez mentionné un élément dont je ne pense pas que nous parlions beaucoup en tant que cause de l'inflation sur le prix des aliments, à savoir les changements climatiques.
Nous dépendons des États-Unis, notamment de la Californie, pour une grande partie de nos produits frais. Or, les États-Unis connaissent certainement des problèmes de sécheresse et des phénomènes météorologiques extrêmes, comme de nombreuses régions du Canada, d'ailleurs.
Je siège au Comité depuis six ans maintenant. Nous avons entendu à maintes reprises des agriculteurs, qui sont les producteurs du secteur primaire, dire qu'ils sont en première ligne face aux changements climatiques et qu'en l'espace de quelques minutes, sans même parler d'heures, ils peuvent perdre toute récolte à cause d'un phénomène extrême.
Pouvez-vous nous en parler un peu? Combien de fois entendez-vous les producteurs du secteur primaire dire qu'ils ne peuvent pas fournir suffisamment ou qu'ils doivent augmenter leurs coûts à cause de phénomènes météorologiques extrêmes?
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Je vous remercie, monsieur le président, et je remercie tous les témoins de leur présence aujourd'hui.
Je vais revenir sur un commentaire de M. Drouin, de l'autre côté de la table. Je suis un fier conservateur et je crois que le marché est le meilleur moyen de transférer des biens et des services. Cependant, le marché ne fonctionne que lorsqu'il y a un équilibre du pouvoir, et c'est ce qui est, selon moi, au cœur de ce qui nous occupe ici.
Tous les témoins des deux groupes ont parlé aujourd'hui du code de conduite. Revenons en arrière. Il ne s'agit pas d'inventer la roue, car, comme les témoins l'ont mentionné, d'autres pays ont emprunté cette voie.
Pouvez-vous faire un historique général et l'historique particulier du modèle australien et des modèles britannique et irlandais? Ils n'ont pas commencé là où ils sont aujourd'hui. Pourquoi?
Je commencerai par vous, monsieur Graydon.
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En effet. Je vous remercie, monsieur le président. Je partagerai mon temps de parole avec Mme Taylor Roy.
Je tiens à remercier tous les témoins.
Mes questions sont pour M. Sands, le vice-président de la Fédération canadienne des épiciers indépendants.
Vous avez mentionné que 6 900 magasins au Canada entretiennent une relation symbiotique avec une collectivité. Cela me fait penser à l'épicerie Pym's dans ma collectivité qui est un point de repère à Wellesley, et je comprends donc que vous défendiez les épiciers indépendants auprès des trois ordres de gouvernement.
Nous parlons et nous continuerons à parler du code de conduite des épiceries et du fait que le gouvernement fédéral et les gouvernements provinciaux devront l'approuver.
Ma question est en plusieurs parties.
Dans quelle mesure ce code de conduite est‑il important pour aider à rendre les règles du jeu et la concurrence équitables pour les épiciers indépendants face aux grandes chaînes d'épiceries, vu leur taille et leur puissance?
Est‑il important de coopérer avec toutes les provinces et les territoires?
Est‑il important que les deux grandes chaînes d'alimentation, sur cinq, qui s'opposent au code de conduite des épiceries, soit Loblaw et Walmart, se rallient au code?