Chers collègues, je suis heureux de vous revoir. Quel bonheur que de s'adresser à une salle comble.
Soyez les bienvenus à la 51e réunion du Comité permanent de l'agriculture et de l'agroalimentaire de la Chambre des communes.
Pour commencer, quelques petits rappels.
La réunion emploie une formule hybride, et le compte rendu sera accessible sur le site Web de la Chambre des communes. Sachez que la webémission montre toujours la personne qui s'exprime plutôt que l'ensemble du Comité.
Il est interdit de faire des captures d'écran ou de photographier l'écran de son ordinateur. D'après moi, cette consigne s'applique également aux personnes présentes sur place. S'il vous plaît, ne prenez pas de photos pendant notre réunion.
Il y a foule ce soir. Nous vous présentons nos excuses s'il vous est impossible de mettre la main sur des écouteurs. Nous faisons de notre mieux pour vous accommoder. Ceux qui sont bien placés peuvent en prendre là‑bas et, au besoin, ce bon samaritain vous aidera.
Chers collègues, conformément au paragraphe 108(2) du Règlement et à la motion adoptée par lui, le mercredi 5 octobre 2022, le Comité reprend son étude sur l'inflation du prix des aliments.
Accueillons maintenant notre premier groupe de témoins, qui sera à notre disposition pendant une heure. Il s'agit:
— des représentants de l'Association des transformateurs laitiers du Canada: son président et chef de direction qui comparaît en personne, M. Mathieu Frigon; le président du conseil d'administration, qui comparaît en visio, M. Philip Vanderpol;
— du représentant d'Aliments et boissons Canada et président-directeur général de BC Food and Beverage, M. James Donaldson;
— du représentant d'Aliments Maple Leaf inc., président-directeur du conseil d'administration et chef de la direction, M. Michael McCain.
Merci à vous tous d'avoir pris le temps d'être ici. Nous avons hâte de vous entendre.
Chaque organisation dispose de cinq minutes pour sa déclaration préliminaire, après quoi les membres du Comité vous questionneront.
Entendons d'abord l'Association des transformateurs laitiers du Canada.
Vous disposez de cinq minutes. Vous avez la parole.
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Monsieur le président, mesdames et messieurs les membres du Comité, bonsoir.
Merci de votre invitation à venir discuter des points de vues des transformateurs laitiers sur l'inflation du prix des aliments dans notre pays.
Comme vous l'avez dit, je suis le président du conseil d'administration de l'Association des transformateurs laitiers du Canada ainsi que le président et le chef de la direction de Vitalus Nutrition. Je suis accompagné du président-directeur général de l'Association, M. Mathieu Frigon.
L'Association représente plus de 90 % du lait transformé en produits laitiers au Canada.
Nous aimerions discuter aujourd'hui de deux sujets clés, du point de vue de l'industrie de la transformation laitière canadienne: d'abord des facteurs inflationnistes qui frappent notre industrie; enfin de l'importance d'un code de conduite pour le secteur des produits d'épicerie, afin de promouvoir la certitude contractuelle et le commerce équitable tout au long de la chaîne d'approvisionnement de l'épicerie.
Comme vous le savez, les causes de l'inflation sont multiples. Les pressions géopolitiques, les contrecoups de la météo et la pandémie ainsi que les mesures macroéconomiques associées, tout ça a joué un rôle.
Dans la transformation laitière, entre 2020 et 2023, le coût du lait cru a augmenté de 10,6 %, celui de l'énergie a plus que doublé, les emballages et les matériaux ont augmenté de 24 %, tandis que le coût des machines et de la main-d'œuvre a augmenté de plus de 10 %. Les transformateurs laitiers s'efforcent de réaliser des gains d'efficacité et ils travaillent à atténuer les impacts pour les clients et les consommateurs, mais les augmentations de coûts de cette ampleur les ont évidemment obligés à les répercuter sur le reste de la chaîne d'approvisionnement.
Les données de Statistique Canada montrent que les prix des produits laitiers vendus par les transformateurs canadiens ont augmenté de 9,5 % de 2020 à 2022, ce qui reste inférieur à la pression inflationniste des coûts qu'ont affrontée les transformateurs laitiers au cours de la même période. À titre de comparaison, la rentabilité moyenne des transformateurs laitiers du secteur est depuis de nombreuses années inférieure à celle de la moyenne des fabricants de biens de consommation préemballés au Canada.
Les facteurs en action au Canada se sont également manifestés aux États-Unis. La comparaison de l'évolution du prix des produits laitiers au détail, au Canada et aux États-Unis, entre 2020 et 2022, révèle que, pour l'ensemble des produits laitiers, il a augmenté de 11,7 % au Canada contre 13,6 % aux États-Unis.
Ces 10 dernières années, l'inflation des produits laitiers au Canada a été inférieure de moitié à celle des autres produits alimentaires vendus au détail. Le prix des aliments a augmenté de 27 %, celui des produits laitiers de 11 %. Les coûts, y compris du lait à la ferme, ont certainement augmenté de plus de 11 % dans le secteur laitier, de sorte que l'augmentation de 11 % des prix au détail des produits laitiers dans cette décennie reflète les gains d'efficacité obtenus dans la chaîne d'approvisionnement laitière pendant la période, notamment au niveau de la transformation laitière.
Je cède la parole au président-directeur général Mathieu Frigon, qui parlera du code de conduite pour le secteur des produits d'épicerie.
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Avec d'autres associations de l'industrie qui ont comparu devant ce comité, notre association fait partie du comité directeur qui travaille à l'élaboration d'un code de conduite pour les produits d'épicerie. On ne peut trop insister sur l'importance d'un code de conduite au Canada afin d'améliorer l'efficience et la collaboration au sein de la chaîne d'approvisionnement.
Le code visera à conférer de la transparence et une plus grande certitude contractuelle aux relations commerciales, grâce à des conditions et des accords clairs entre fournisseurs et détaillants. Le code garantira que les producteurs agricoles, les transformateurs, les grossistes, les grands et les petits détaillants respectent des normes d'éthique et garantissent des transactions équitables tout au long de la chaîne de valeur.
Le code sera plus qu'un document écrit, parce qu'il va aussi viser à établir un processus de règlement des différends qui va permettre une résolution rapide et efficace des litiges commerciaux entre fournisseurs et détaillants, si ceux-ci ne peuvent résoudre ces litiges d'eux-mêmes.
Il est important de noter que le code devra être convivial pour les entreprises, ce qui signifie qu'il devra être clair et simple, plutôt que d'inclure des règles trop rigides et des processus fastidieux. L'objectif est d'augmenter l'efficience en réduisant la bureaucratie, certainement pas l'inverse.
Mon association est d'avis que le code devra être obligatoire et exécutoire afin qu'il améliore vraiment la possibilité d'atteindre une meilleure collaboration entre les fournisseurs et les détaillants.
En conclusion, l'industrie de la transformation laitière a fortement contribué à l'économie canadienne au fil des ans, et nous croyons que les pressions inflationnistes auxquelles nous avons été confrontés ont été atténuées dans toute la mesure du possible grâce à des gains d'efficacité sur le plan de la transformation alimentaire. La mise en œuvre d'un code de conduite pour le secteur des produits d'épicerie contribuera à rendre le secteur plus efficace et résilient, et donc mieux équipé pour relever les défis qui se présenteront assurément dans l'avenir.
Nous vous remercions encore de votre temps et de votre étude sur ce sujet très important. Nous serons heureux de répondre à vos questions.
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Merci et bonne soirée. Mesdames et messieurs les membres du Comité, bonsoir. Je vous remercie de votre invitation.
Je me nomme James Donaldson, président-directeur général de BC Food and Beverage, association industrielle appuyant le secteur des aliments et boissons de la Colombie-Britannique. Je suis également vice-président d'Aliments et boissons Canada, association industrielle nationale constituée des associations homologues des provinces du Canada. Elle représente plus d'un millier de fabricants d'aliments et de boissons.
Au Canada, on dénombre près de 8 000 usines d'aliments et boissons, en majorité des PME, qui subviennent 300 000 emplois. Malgré la taille moyenne modeste des entreprises, ce secteur est également le plus gros de notre pays, et, en plus, il constitue un service essentiel. Ses transformateurs sont les premiers acheteurs de produits agricoles canadiens. Il s'ensuit que la réussite à long terme de ces secteurs les ont indissolublement liés.
L'inflation a toujours été présente dans tous les aspects de la vie de tous les Canadiens. Manifestement, les aliments n'y font pas exception. L'augmentation du prix des aliments est un phénomène très visible, parce que, au moins une fois par semaine, au Canada, on fait son épicerie.
L'autre problème est qu'on ne peut se passer de nourriture. Certains facteurs sont indépendants de notre volonté, par exemple la guerre en Ukraine, les sécheresses qui ont réduit de nombreuses récoltes en Amérique du Nord, la pandémie et les ruptures des chaînes logistiques mondiales. Il devient donc impératif pour le Canada de se focaliser sur les problèmes qu'il peut maîtriser pour assurer à l'industrie stabilité et pouvoir concurrentiel.
Ces derniers mois, il a été beaucoup question, dans les médias, des pratiques des épiciers détaillants, question que j'aborderai sous peu. Mais les causes de l'inflation du prix des aliments sont bien plus larges. Il y a les difficultés touchant la main-d'œuvre, les frais de transport, le coût des ingrédients, des matériaux d'emballage, des palettes, des matières premières, des engrais et fumures. L'augmentation a été générale dans la chaîne d'approvisionnement.
Dans notre recherche de solutions à ces problèmes, nous devons commencer par examiner l'ensemble de la filière alimentaire, laquelle est particulièrement déterminante dans un pays aussi étendu que le nôtre, mais peu peuplé. La filière alimentaire est comme un écosystème: à l'équilibre, elle va très bien. Actuellement elle est hors équilibre, ce qui met notre industrie en danger.
Les transformateurs, contrairement à d'autres maillons de la chaîne d'approvisionnement, sont exposés à des difficultés qui leur sont propres. L'augmentation des coûts n'a épargné personne, y compris les détaillants et les distributeurs de services alimentaires, mais les joueurs de la chaîne d'approvisionnement peuvent refiler les coûts à leurs clients — ce que notre secteur ne peut se permettre. Les transformateurs ont dû absorber les augmentations de coûts des ingrédients, qui ont atteint 40 %, et du transport, qui ont atteint 400 %, particulièrement en Colombie-Britannique, pendant la crise alimentaire. Cette explosion s'explique par le déséquilibre entre les fournisseurs d'aliments et les principaux détaillants du Canada.
Il est difficile, parfois impossible, de refiler les coûts en jouant sur les prix, en raison des périodes d'interdiction ou du refus absolu de certains détaillants. Cette situation, à laquelle s'ajoutent les amendes et les droits excessifs qu'administrent les détaillants, qui sont impossibles à refiler, et l'incapacité de même négocier avec les détaillants, tout ça diminue le pouvoir concurrentiel de notre industrie. Essentiellement, les transformateurs canadiens se font pressurer en amont et en aval, et ça ne peut durer. Les PME qui constituent la plus grande partie de l'industrie n'ont ni les ressources ni le comptant pour supporter continûment ces difficultés.
D'après des témoignages antérieurs de détaillants, les marges des transformateurs seraient stables, et ils ont cité en exemple Pepsi, Procter & Gamble et Kraft. Ces exemples ne sont pas représentatifs de la plus grande partie du secteur au Canada.
Nous les avons également vus essayer de détourner l'attention de leurs profits sans précédent vers leurs faibles marges. Malheureusement, je peux vous dire que, parmi les transformateurs à qui nous avons parlé, même ceux qui ont le bonheur de connaître une croissance de niveau supérieur ont dû se battre avec des marges qui s'amenuisaient. Le gros du peloton n'a pas le luxe de rejeter les majorations de prix de ses fournisseurs ni de leur imposer des amendes ou des prélèvements sans pièces justificatives ni préavis.
Je voulais seulement faire observer que, d'abord, notre secteur ne bénéficie pas de grandes marges.
Je soumets les recommandations suivantes à votre examen.
Il faut d'abord se focaliser sur le pouvoir concurrentiel, la capacité et la résilience de l'industrie. Un travail notable et important a déjà été fait, ces dernières années, par exemple la Table sectorielle de stratégies économiques sur l'agroalimentaire et le groupe de travail sur la chaîne d'approvisionnement. Nous demandons de le relancer et de le mener à terme pour nous faire accéder à une position plus concurrentielle, localement et mondialement.
Ensuite, collaborez avec l'industrie pour résoudre ses problèmes de main-d'œuvre. Continuez d'appuyer ces initiatives en la matière, par exemple la Stratégie nationale de la main-d'œuvre pour l'agriculture et la fabrication d'aliments et de boissons et le programme Achieving Our Workforce Destination. Créez une procédure accélérée et plus conviviale pour faire accéder les travailleurs étrangers à la résidence permanente.
Enfin, appuyez un surcroît d'investissement et de financement pour les technologies et l'automatisation chez les transformateurs d'aliments et de boissons. D'après l'Institut canadien des politiques agroalimentaires, ces industriels bénéficient de moins d'investissements dans les procédés perfectionnés de transformation que les autres secteurs de fabrication et que leurs homologues d'autres pays. Nous nous laissons distancer. Il est indispensable d'investir dans l'automatisation et la modernisation des technologies pour que notre industrie maîtrise les coûts, neutralise les risques touchant la main-d'œuvre, passe à une échelle supérieure et croisse.
La plupart des subventions à l'innovation et à la technologie octroyées par l'État ne s'appliquent pas à nos entreprises d'aliments et de boissons. Il faut élargir la définition d'« innovation » pour accorder à ce secteur un meilleur accès au financement par subventions et aux programmes spéciaux de financement qui lui seraient destinés.
Merci.
Monsieur le président, mesdames et messieurs les membres du Comité, bonsoir. Je suis Michael McCain, président-directeur général de Maple Leaf Foods.
Maple Leaf est le premier transformateur d'aliments carnés et végétaux du Canada. L'entreprise emploie 14 000 personnes au Canada et aux États-Unis. Nous continuons d'être animés par la vision audacieuse de devenir le premier producteur mondial de protéines dont les opérations sont le plus soutenables. En 2019, nous sommes devenus le premier producteur alimentaire carboneutre à l'échelle mondiale — le premier.
Voici les grandes lignes de ce que seront mes observations: d'abord, le défi que représente l'inflation du prix des aliments; ensuite, ses causes profondes; enfin, des idées, les nôtres, sur la stratégie à adopter désormais.
Il se trouve que je suis assez âgé pour avoir vécu des périodes de forte inflation. Heureusement, depuis 30 ans, la plupart des pays industrialisés bénéficient d'une certaine stabilité sur le plan de l'inflation. En raison de facteurs macroéconomiques éveillés par la pandémie, le Canada doit maintenant affronter, comme vous le savez, des taux d'inflation de près de 7 %. Heureusement, il semble que l'inflation s'essouffle, même si elle ne disparaît pas encore. En raison d'autres facteurs « macro » qui s'ajoutent à une sensibilité extrême aux chaînes mondiales d'approvisionnement, l'inflation du prix des aliments dépasse les 10 %. Ailleurs, au Royaume‑Uni et dans l'Union européenne, elle a dépassé 16 %.
Comme vous le savez, les Canadiens en subissent de forts contrecoups. La recherche effectuée par le Centre de Maple Leaf pour la sécurité alimentaire a révélé que le quart — proportion qui a doublé en deux ans — des Canadiens sont très inquiets pour leur capacité de s'alimenter. Soixante-deux pour cent des Canadiens redoutent principalement le prix croissant des produits essentiels.
L'insécurité alimentaire était gravement préoccupante avant la pandémie. Désormais, d'après des rapports publiés par des banques alimentaires, le coût croissant de la vie oblige encore plus de personnes à recourir à l'aide alimentaire d'urgence. Ce problème grave réclame des solutions structurelles et non la charité alimentaire.
Notre centre travaille en collaboration à réduire de moitié l'insécurité alimentaire d'ici 2030. Cet effort passe par des projets innovants de financement, la préconisation d'un filet social de sécurité plus résistant et le rassemblement des intervenants sur le terrain pour accélérer le changement.
J'espère que l'examen, par votre comité, de l'accès aux aliments et de leur abordabilité stimulera une discussion et des actions élargies sur l'insécurité alimentaire. Toutes les opinions comptent.
Beaucoup de témoins ont comparu devant vous pour discuter des causes profondes de l'inflation du prix des aliments. Commençons par cette observation de première importance: ce n'est pas un problème canadien, mais mondial, parce que, dans le reste du monde, les taux d'inflation sont égaux ou supérieurs aux nôtres.
Les causes profondes prédominantes sont au nombre de trois: l'instabilité de la chaîne d'approvisionnement, y compris la pénurie de main-d'œuvre; la guerre en Ukraine; l'inflation générale.
La production alimentaire s'appuie sur une chaîne mondiale d'approvisionnement. Cette chaîne réduit quotidiennement les coûts des aliments. Elle est délicate, opérationnellement sensible, et les coups d'une force sans précédent que l'économie d'après la Covid lui ont infligés ont laissé des traces profondes. Le coût des transports a explosé. L'approvisionnement a cessé d'être sûr. La main-d'œuvre s'est contractée. Même si elle s'améliore, la situation n'est pas encore complètement rétablie.
Des graphiques complexes montrant, sur plusieurs années, l'évolution du prix des grains, lequel finit par gonfler le coût de presque tous les aliments, d'une façon ou de l'autre, montrent les augmentations rapides qu'ont connues ces marchés et qui ont été exacerbées par les restrictions des chaînes d'approvisionnement sous la menace ou les contraintes découlant de la guerre en Ukraine.
Enfin, l'inflation générale s'est manifestée à tous les maillons de la chaîne, des fournitures aux coûts du transport par mer en passant par le coût du capital, du conditionnement et de tout le reste. Tout ça contribue aux conditions les plus turbulentes du marché que j'aie connues dans les 40 années et plus de ma carrière dans l'industrie alimentaire.
Les marges de profit des acteurs de la chaîne de valeur du secteur alimentaire se comptent en petites unités de pourcentage. Dans notre cas, la spirale inflationniste et la volatilité des marchés ont constitué un vent contraire très puissant. Dans les trois premiers trimestres de 2022, nos bénéfices corrigés d'exploitation ont diminué de 60 à 70 % par rapport à 2021. Nos marges se sont appréciablement amenuisées alors que nous essayions de nous maintenir. Bien sûr, cette situation ne pouvait durer et nous n'avions d'autre choix que de refiler les coûts accrus des intrants, mais toujours dans le contexte de marchés très concurrentiels, aux échelles régionale, nationale et internationale, notre frontière étant ouverte aux importations alimentaires, y compris des transformateurs de viandes des États-Unis, qui ont plus de 10 fois notre taille.
L'industrie alimentaire contribue beaucoup à maintenir l'abordabilité des aliments. Nous nous acquittons de cette responsabilité par des opérations aussi efficaces que possible, en élargissant les choix offerts par les marchés aux consommateurs et en investissant dans les technologies et les moyens de faire des économies d'échelle pour maintenir notre productivité à un calibre international.
L'inflation du prix des aliments et l'inflation générale sont, pour le dire simplement, des problèmes mondiaux. Dans l'assistance, personne ne peut grand-chose pour modifier ou maîtriser le phénomène. Les pouvoirs publics et leurs politiques peuvent cependant jouer un rôle pour s'attaquer aux conséquences de l'inflation alimentaire, en construisant une filière améliorée.
Nos recommandations seraient notamment et d'abord de privilégier la maîtrise des dépenses pour entraver l'inflation globale; d'ensuite s'attaquer aux pénuries historiques de main-d'œuvre, notamment par la modernisation du régime d'immigration pour combler les lacunes en matière de compétences et corriger les problèmes de mobilité; puis de fixer un objectif pour réduire l'insécurité alimentaire de moitié d'ici 2030, tout comme notre centre l'a fait, et de mobiliser la société civile et le secteur privé; enfin, de se focaliser de plus en plus sur la productivité et la compétitivité dans notre économie, y compris la compétitivité sur le plan des règlements.
Monsieur le président, je vous remercie de l'occasion que vous m'avez offerte et j'ai hâte de participer à la discussion.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je remercie les témoins qui sont devant nous, aujourd'hui.
Je ne cherche pas à pointer du doigt un secteur plus qu'un autre. Cependant, nous sommes ici parce que nos concitoyens nous posent des questions. Les gens sont préoccupés, et comme l'ont mentionné les gens du secteur, il y a de l'inflation dans le prix de la nourriture et plus de Canadiens dépendent des banques alimentaires.
Ma première question s'adresse à monsieur Frigon.
Selon vos discussions avec vos membres, comment qualifieriez-vous la relation qui existe entre les transformateurs et les supermarchés? Est-ce une bonne relation?
Vos membres se disent-ils satisfaits des négociations qui ont lieu quand, par exemple, ils font face à une augmentation des prix?
Ils doivent, évidemment, refiler ces augmentations aux détaillants. Les relations sont-elles bonnes? Avez-vous plutôt vraiment besoin du code de conduite que vous préconisez depuis le début?
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Je vais parler comme un économiste, car j'en suis un.
Il faut séparer les périodes. Je dirais qu'il y a eu une période, probablement de 2012 à 2020, où il n'y a pas eu d'augmentation des prix des produits laitiers au détail, mais il y a quand même eu des augmentations du coût des intrants au cours de cette même période.
Au cours des deux dernières années, avec la forte inflation, la situation a été différente. Il y a eu des augmentations et les données de Statistique Canada l'indiquent. Il y a eu aussi des augmentations du prix de gros. Statistique Canada collecte des données à ce sujet.
En ce qui concerne les prix de vente que les transformateurs laitiers demandent à leurs clients, il y a eu des augmentations, mais elles reflètent la croissance des coûts qu'on a vue au cours des deux dernières années. Cependant, si on examine la période avant cela, je dirais que la situation a été très différente.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
J'aimerais remercier également tous les témoins d'être venus comparaître devant le Comité aujourd'hui et de nous guider dans le cadre de notre étude importante.
Comme cela a été mentionné dans les déclarations liminaires, cette question est très délicate. M. Drouin a d'ailleurs mentionné que les résidants de nos circonscriptions abordaient le sujet avec nous. Les aliments sont des produits de consommation essentiels que se procurent les familles toutes les semaines. Nous avons tous en commun le besoin de manger. Pour les gens de ma région de l'île de Vancouver, chaque visite à l'épicerie est éprouvante.
Un des témoins entendus lors d'une séance précédente, M. Jim Stanford, a grandement aidé le Comité en fournissant un mémoire faisant état de la multiplication par deux des profits de la vente au détail des produits alimentaires par rapport à 2019, avant la pandémie. Les marges bénéficiaires des magasins d'alimentation au détail ont gonflé. Or, ces deux phénomènes surviennent au moment où les volumes de ventes des supermarchés enregistrent un déclin.
Sur son fil Twitter, M. Stanford affirme que selon les données du quatrième trimestre de l'an dernier, qui viennent d'être publiées, les marges bénéficiaires des épiciers avaient encore augmenté.
Monsieur Vanderpol, j'aimerais commencer avec vous et l'Association des transformateurs laitiers du Canada. Vous avez mentionné que pour les transformateurs, la profitabilité moyenne était plus faible que celle d'autres secteurs.
Vu la concentration du secteur de la vente au détail de produits d'épicerie au Canada et le fait que trois sociétés — Empire, Loblaws et Metro — en contrôlent une très grande partie, nous avons entendu de multiples témoignages qui faisaient état du besoin d'établir un code de conduite pour les épiciers. Je voudrais avoir une meilleure idée de la réalité des petites et moyennes entreprises de votre secteur et des difficultés qu'elles connaissent lorsqu'elles essaient de négocier avec des sociétés capables de dominer le marché. À mon avis, le nœud du problème est la disparité qui existe entre les deux secteurs.
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Merci, monsieur MacGregor.
Comme vous le savez, les modèles d'affaires des transformateurs et des détaillants sont très différents. Notre secteur investit dans la machinerie, l'équipement et les plans de transformation des matières premières en produits finis prêts à la consommation. De leur côté, les détaillants investissent dans des espaces et des installations qui leur permettent de distribuer et de vendre aux consommateurs les produits qu'ils achètent.
Beaucoup de chiffres sont lancés pour comparer les marges bénéficiaires. Il ne faut pas, toutefois, se limiter à ce seul instrument de mesure. Il y a aussi le profit par dollar du total de capital investi, mais même cet indicateur n'est peut-être pas parfait.
Au lieu de regarder les marges bénéficiaires, il faudrait peut-être examiner le cycle de fonctionnement ou le flux de trésorerie disponible. Comme je l'ai dit plus tôt, c'est là où le bât blesse pour les transformateurs. En règle générale, nous ne fonctionnons pas à la même échelle que certains autres transformateurs, par exemple aux États-Unis. Les recettes qui vont dans le flux de trésorerie disponible sont minces. Par conséquent, il est difficile de faire des investissements supplémentaires pour, par exemple, réaliser des gains d'efficacité ou accroître l'automatisation. Voilà où sont nos pierres d'achoppement. Comme transformateurs, nous devons y arriver, mais c'est difficile d'obtenir les recettes nécessaires pour ces types d'investissements.
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Les négociations sont évidemment très difficiles pour ces entreprises. En Colombie-Britannique, il n'y a pas vraiment de grandes sociétés. La province ne compte pas de multinationales. Comme je le dis toujours, même les grandes entreprises britanno-colombiennes sont relativement petites à l'échelle nationale.
La situation est en effet très difficile. La semaine dernière, j'ai parlé à un membre qui a presque triplé la croissance de son chiffre d'affaires au cours des quatre dernières années, mais dont la marge bénéficiaire s'est réduite de 25 %. Les entreprises sont heureuses de profiter d'un réseau de distribution élargi et de prendre de l'expansion, pas seulement au Canada, mais aussi dans d'autres marchés, mais pour les petites entreprises, qui représentent le plus gros de nos membres, c'est presque impossible. Il y a des périodes prolongées de gel des prix. Les négociations sur l'augmentation des prix peuvent durer plusieurs mois. Les modalités de paiement ne sont pas respectées. Les petites entreprises qui ont une entente prévoyant un paiement dans 15 jours ne reçoivent en fait le paiement que dans 60 à 90 jours. Les grands détaillants peuvent attendre cet argent, car ils font des millions de dollars en intérêts, mais ces délais mettent à risque les petites entreprises.
Comme je le dis souvent, dans le secteur de la transformation, ce ne sont pas une ou deux tuiles qui font tomber les entreprises. C'est plutôt le supplice de la goutte qui a raison d'elles. En fait, les petits transformateurs n'ont même pas le luxe de résister longtemps à cette torture. Les paiements qu'elles reçoivent en retard peuvent réellement compromettre leur viabilité et leur capacité à payer leurs employés. Il y a aussi les frais et les droits.
La chose la plus frustrante que j'ai entendue de la bouche de nos membres est probablement le fait que les transformateurs assez gros pour exporter et aller aux États-Unis n'éprouvent pas ces difficultés. Avec les détaillants américains, il n'y a pas de soucis liés aux amendes, aux aliments pour animaux et aux dépenses de programme ou encore aux ajustements de paiements rétroactifs. Ici, les transformateurs qui sont censés recevoir un chèque peuvent très bien se voir enlever une somme de 50 000 $ ou de 60 000 $ pour un ajustement rétroactif qui remonte à deux ou trois ans.
Il est impossible de tenir compte de tous ces éléments et de planifier en conséquence. Cela rend les choses encore plus difficiles. Les entreprises doivent vraiment rationaliser au maximum et avoir une excellente compréhension de leurs centres de coûts. Lorsque les règles du jeu changent constamment et que les entreprises ne savent pas à quel moment et dans combien de temps elles vont être payées et quel montant elles recevront, c'est très difficile de tenir le coup.
Je n'ai pas eu assez de temps, plus tôt, pour prononcer toute ma déclaration. J'aurais quelques commentaires à formuler sur le code de conduite, mais ce n'est pas directement...
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Je vous remercie de votre question. C'est une vaste question; je tâcherai donc d'être bref.
Beaucoup de nos membres fournissent des produits de marque privée à différents détaillants. Cela représente une part importante de leurs activités et, dans certains cas, c'est simplement une entrée dans le commerce. Cela leur permet aussi de demeurer concurrentiels. Pour une entreprise qui a cette possibilité, c'est aussi un excellent moyen d'exploiter l'installation au maximum de sa capacité et d'amortir les frais généraux.
Fait intéressant, nous avons observé un véritable changement chez les détaillants. On y trouve en effet de plus en plus de produits de marque privée sur les étagères de leurs magasins, et cette approche est en voie de devenir une priorité stratégique pour ces détaillants, ce qui réduit la place qu'occupent les produits de marque que nos membres représentent.
D'une part, cela leur est utile; beaucoup de nos membres sont actifs dans ce créneau. D'autre part, nous sommes préoccupés par l'incidence à long terme sur les produits de marque qui seront sur les étagères. Beaucoup d'acteurs font la fabrication de marques privées. Nous savons que les détaillants ne vendront pas les produits de marque des fabricants et privilégieront leur marque privée. Il y a des choix difficiles à faire.
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Chers collègues, je vous remercie de votre patience pendant que nous tentions de réunir tout le monde.
Nous allons commencer la deuxième partie de la séance. Nous avons quelques minutes de retard, mais nous ferons de notre mieux — moi compris — pour vous rattraper.
Nous accueillons aujourd'hui les représentants de trois organismes différents. Représentant le Bureau de la concurrence du Canada, nous avons Mme Ann Salvatore, sous-commissaire à la Direction des cartels; M. Anthony Durocher, sous-commissaire à la Direction générale de la promotion de la concurrence; Mme Krista McWhinnie, sous-commissaire à la Direction des pratiques monopolistiques.
Je vous souhaite la bienvenue à tous les trois, ici dans la salle.
Nous entendrons également M. Mark Schaan, sous-ministre adjoint principal du Secteur des stratégies et politiques d'innovation au ministère de l'Innovation, des Sciences et du Développement économique.
Représentant Statistique Canada, nous avons Mme Chris Li, directrice par intérim de la Division des prix à la consommation, et M. Matthew MacDonald, directeur adjoint de la Division des prix à la consommation, qui témoignent par vidéoconférence ce soir.
Je vous souhaite la bienvenue en ligne, pour ainsi dire.
Chaque organisme disposera de cinq minutes pour faire une déclaration liminaire. Je vais commencer par le Bureau de la concurrence.
La parole est à vous.
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Monsieur le président, membres du Comité, bonsoir.
Je vous remercie de nous avoir invités à comparaître devant vous aujourd'hui. Comme l'a mentionné le président, je m'appelle Anthony Durocher et je suis sous-commissaire de la Direction générale de la promotion de la concurrence au Bureau de la concurrence. Je suis accompagné aujourd'hui de mes collègues Ann Salvatore, sous-commissaire de la Direction des cartels, et Krista McWhinnie, sous-commissaire de la Direction des pratiques monopolistiques.
Le Bureau est un organisme indépendant d'application de la loi qui protège la concurrence et en fait la promotion au bénéfice des consommateurs et des entreprises du Canada. Nous le faisons parce que la concurrence favorise la baisse des prix et l'innovation tout en alimentant la croissance économique.
Nous assurons et contrôlons l'application de la Loi sur la concurrence, ce qui signifie que nous enquêtons sur la conduite des affaires dans quatre domaines principaux: l'abus de puissance commerciale; les fusions anticoncurrentielles; la fixation des prix; et les pratiques commerciales trompeuses.
Le Bureau fait également la promotion de règles et règlements gouvernementaux qui favorisent la concurrence.
[Traduction]
Nous avons entendu les préoccupations des Canadiennes et des Canadiens au sujet du prix élevé des produits d'épicerie. Nous avons donc lancé, le 24 octobre dernier, une étude de marché sur la concurrence entre les magasins d'alimentation au Canada. Cette étude ne constitue pas une enquête sur des allégations précises d'irrégularités. Nous cherchons plutôt de manière proactive les moyens que peuvent employer les administrations gouvernementales pour améliorer la concurrence dans le secteur. En effet, une concurrence accrue signifie des prix plus bas, plus de choix et plus de commodité pour les consommateurs. Nous prévoyons publier nos conclusions et recommandations en juin.
En plus de cette étude, nous continuerons à appliquer vigoureusement la Loi sur la concurrence dans l'intérêt de toute la population canadienne.
Chaque fois que nous trouvons des preuves que quelqu'un fait quelque chose qui contrevient à la Loi, nous n'hésitons pas à faire enquête et à prendre les mesures qui s'imposent. Je tiens à souligner que des prix élevés et des bénéfices élevés ne constituent pas en soi une infraction à la Loi sur la concurrence, qui établit des critères précis que le Bureau doit respecter lorsqu'il examine un cas.
Nous sommes également guidés par la jurisprudence du Tribunal de la concurrence et des tribunaux. Le Bureau mène des enquêtes approfondies et rigoureuses, au cours desquelles il suit les éléments de preuve et détermine la marche à suivre.
Certaines personnes se demandent si le Bureau a suffisamment de « mordant » pour accomplir son travail. L'an dernier, le gouvernement a présenté d'importantes modifications à la Loi sur la concurrence et a également lancé une consultation approfondie sur les lois canadiennes sur la concurrence. Cette consultation est en cours et le Bureau continuera à promouvoir une réforme responsable. Nous devons nous assurer que la Loi sur la concurrence contient les dispositions voulues et que nous sommes dotés des outils voulus pour protéger et promouvoir la concurrence au sein de l'économie canadienne.
Avant de répondre à vos questions, je tiens à préciser que la Loi exige que le Bureau conduise ses enquêtes en privé et que les renseignements qu'il obtient restent confidentiels. Cette obligation peut nous empêcher de discuter de certaines enquêtes passées ou en cours.
Je vous remercie de cette occasion de comparaître devant vous aujourd'hui. Nous sommes impatients de répondre à vos questions.
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Je vous remercie, monsieur le président, ainsi que tous les membres du Comité, de m'avoir invité à comparaître devant vous ce soir pour parler de l'inflation des prix alimentaires.
Je m'appelle Mark Schaan et je suis sous-ministre adjoint principal du Secteur des stratégies et politiques d'innovation à Innovation, Sciences et Développement économique Canada.
[Traduction]
Bien que les politiques du gouvernement fédéral en matière d'alimentation soient plus étroitement associées à mes collègues d'Agriculture et Agroalimentaire Canada, il ne fait aucun doute que l'alimentation a de nombreuses dimensions et est d'une importance cruciale qui transcende les ministères.
En plus d'englober plusieurs industries et marchés distincts dans notre économie moderne et mondialisée, la production, le transport et la distribution de denrées alimentaires sont importants pour plusieurs raisons, notamment parce qu'ils fournissent un intrant fondamental pour tous les travailleurs, producteurs et consommateurs du Canada, en plus d'être une source d'emplois et d'investissements considérables pour notre économie.
C'est là que mon ministère entre en scène: notre travail est axé sur les règles et les ressources qui permettent à notre économie de fonctionner et de prospérer, pour répondre aux besoins de la population canadienne.
Il est bien connu à ce moment‑ci que les causes de l'inflation, au sein de l'industrie alimentaire et ailleurs, dépassent largement les frontières canadiennes. Je suis sûr que ce comité a beaucoup entendu parler de la guerre, des événements météorologiques et des effets de la pandémie de COVID‑19 sur les habitudes de consommation et la capacité d'expédition, et que vous n'avez pas besoin que je le répète.
Compte tenu de la nature mondiale de ces phénomènes, les solutions devront être multifactorielles, reconnaissant que de nombreux acteurs devront faire leur part pour rendre la situation plus gérable pour la population canadienne.
Les réponses macroéconomiques incombent à Finances Canada et à la Banque du Canada. Les questions d'emploi sont traitées par les ministères fédéraux, provinciaux et territoriaux ayant ce portefeuille. Quant à nous, à ISDE, nous essayons de garantir des marchés innovants et compétitifs qui offrent les meilleurs résultats et avantages aux entreprises et aux consommateurs, y compris des prix abordables, quel que soit l'état général de l'inflation.
[Français]
Tout d'abord, j'aimerais discuter de notre rôle dans le bon fonctionnement des chaînes d'approvisionnement. La division des pouvoirs, au Canada, empêche le gouvernement fédéral de simplement dicter des règles commerciales pour des industries spécifiques, à l'exception de quelques domaines attitrés par la Constitution.
Cependant, nous nous sommes associés à Agriculture et Agroalimentaire Canada pour convoquer les participants de différentes étapes de la chaîne d'approvisionnement alimentaire afin d'élaborer un code de conduite régissant leur relation commerciale.
[Traduction]
Les détails de ce projet sont encore en cours de finalisation, mais grâce au travail acharné d'un groupe directeur de l'industrie, ainsi que de plusieurs gouvernements provinciaux, un cadre a été mis en place pour promouvoir des pratiques commerciales équitables et la sécurité contractuelle. Cela contribuera à assurer une relation équitable et prospère entre les fabricants de produits alimentaires et les épiciers qui offrent leurs produits au public.
Le code de conduite énoncera des principes et des définitions claires, sous réserve de divers mécanismes de règlement des différends et d'arbitrage. Cela aidera à atténuer certains des problèmes qui sont apparus entre les épiciers et leurs fournisseurs. Le code ne traite pas directement des prix à la consommation, pour être très clair, mais l'importance de chaînes d'approvisionnement stables et saines ne peut être sous-estimée pour fournir un marché alimentaire de détail compétitif où les clients ont le choix entre de nombreuses offres différentes au meilleur prix disponible.
[Français]
Mon ministère assure également l'intendance de la Loi sur la concurrence. Cette loi établit un cadre législatif pour lutter contre les pratiques commerciales qui nuisent à la concurrence, telles que la collusion entre concurrents, les fusions qui conduisent à une concentration indue ou les mesures prises par des entreprises dominantes pour saper le processus concurrentiel.
[Traduction]
Je mentionne ce régime, car ses règles générales ont une incidence sur le comportement des entreprises et peuvent jouer un rôle important dans la promotion d’une dynamique concurrentielle. Plus précisément, le ministère ne possède pas à ce stade de preuve confirmant ou infirmant toute allégation d'activités anticoncurrentielles dans les secteurs alimentaires, ce qui serait de toute façon une question relevant de la compétence du Bureau de la concurrence et des tribunaux. Mais le secteur canadien de l'alimentation est relativement concentré, ce qui signifie qu'il est primordial de rester vigilant et prêt à réagir à toute menace à la concurrence, particulièrement dans un environnement inflationniste qui pourrait servir à couvrir des activités illégales.
À cet égard, le gouvernement a pris et continue de prendre des mesures pour renforcer notre régime d'application de la loi en matière de concurrence. En 2022, la Loi sur la concurrence a été renforcée par une série de modifications visant à combler des lacunes et à aligner davantage le Canada sur ses partenaires internationaux. Par exemple, à la suite de préoccupations concernant une éventuelle coordination de la fixation des salaires dans l'industrie de l'alimentation au cours des premières étapes de la pandémie, la Loi a été modifiée pour garantir que les accords entre différents employeurs pour s'entendre sur les salaires ou les conditions de travail, nuisant ainsi à la concurrence pour la main-d'œuvre, soient traités de la même manière que les accords préjudiciables sur les prix.
D'autres modifications ont mis à jour les sanctions maximales pour les rendre proportionnelles aux avantages tirés d'un comportement anticoncurrentiel ou trompeur, afin de s'assurer que les pénalités sont significatives et non simplement le coût de faire des affaires. La pratique de la tarification au goutte‑à‑goutte, visant à cacher des frais obligatoires pour rendre la comparaison de prix plus difficile, a été clairement reconnue comme une pratique trompeuse.
De nombreuses autres mises à jour ciblées, mais importantes, ont ainsi été apportées à la Loi pour une amélioration à court terme.
Aujourd'hui, une consultation approfondie est en cours sur des questions plus larges et plus ouvertes portant sur la façon dont la Loi sur la concurrence devrait servir l'économie moderne.
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Monsieur le président, mesdames et messieurs les membres du Comité, merci.
Je vous remercie de m'avoir invité à témoigner devant vous ce soir.
Je suis Matthew MacDonald, directeur adjoint de la Division des prix à la consommation. Je suis accompagné de Chris Li, directrice de la Division des prix à la consommation.
Depuis le début de 2021, l'augmentation des prix de l'essence, du logement, des aliments et des biens de consommation durables, comme les automobiles, exerce une pression à la hausse sur l'inflation des prix à la consommation. Au cours de cette période, nous avons connu une pandémie mondiale, des perturbations de la chaîne d'approvisionnement, des phénomènes météorologiques extrêmes, des conflits géopolitiques, un faible taux de chômage, des pénuries de main-d'œuvre, des coûts d'importation et de transport plus élevés et une forte demande des ménages.
Pendant que le rythme de croissance de l'inflation s'accélérait en 2022, les Canadiens ont déclaré être touchés le plus par la hausse des prix des aliments, puis par celle des prix des transports et du logement. À la mi‑2022, l'inflation des prix à la consommation avait augmenté pour atteindre son rythme le plus rapide enregistré en quatre décennies et enregistrer un sommet de 8,1 % en juin. Bien que le taux d'inflation global ait diminué à la fin de 2022 en raison de la baisse des prix de l'essence, les principales sources d'inflation, comme les aliments, ont montré peu de signes de ralentissement.
En janvier 2023, les prix ont augmenté d'une année à l'autre dans toutes les catégories d'aliments, dont la viande, les légumes, les produits laitiers et les produits de boulangerie. Le prix des aliments a été influencé par des coûts de production déjà élevés, comme l'énergie et les engrais, ainsi que par des événements météorologiques imprévisibles, des contraintes d'approvisionnement liées à la grippe aviaire et une dépendance générale à l'égard des importations.
Les Canadiens de partout au pays ont été touchés par l'inflation des prix, mais à des degrés divers, selon les habitudes de consommation et les défis liés à la chaîne d'approvisionnement.
D'un point de vue international, tous les pays du G7 ont aussi été touchés. Comparativement aux autres pays, le taux d'inflation du Canada a été légèrement inférieur, y compris par rapport à celui des États-Unis. Les pressions à l'origine de l'inflation au Canada et dans d'autres pays du G7 se sont exercées simultanément et de façon plus prononcée, ce qui a entraîné une hausse généralisée des prix des aliments dans le monde entier.
L'obtention de tous ces renseignements est rendue possible grâce à l'Indice des prix à la consommation, ou IPC, lequel est produit chaque mois par Statistique Canada et qui est conforme aux normes internationales. L'Indice des prix à la consommation suit l'évolution des prix à la consommation d'un panier fixe de biens et de services d'une quantité et d'une qualité constantes. Divers détails sur les produits et les régions sont publiés selon huit grandes catégories de produits, dont les trois plus importantes représentent plus de la moitié du panier des dépenses. Il s'agit du logement, des aliments et des transports, parce que, collectivement, nous dépensons la plus grande partie de notre argent pour nous loger, nourrir nos familles et nous déplacer.
Statistique Canada s'est engagé à renforcer l'Indice des prix à la consommation et d'autres indicateurs économiques en tirant parti d'autres sources de données plus récentes et de meilleure qualité. En ce qui concerne les prix des aliments, nous nous servons beaucoup des données de lecteurs optiques, parfois appelées données sur les transactions aux points de vente, qui comprennent des millions de prix d'aliments reçus directement des chaînes d'alimentation partout au Canada. Cette approche est considérée comme la norme d'excellence par les organismes statistiques internationaux dans cette catégorie de dépenses.
De plus, l'IPC est passé d'une mise à jour bisannuelle des paniers à une mise à jour annuelle, ce qui signifie que nous mettons à jour les habitudes de dépenses des consommateurs chaque année pour nous assurer que les fluctuations des prix reflètent fidèlement leurs préférences.
Nous continuons également d'élaborer de nouveaux produits statistiques, comme notre portail en ligne de l'IPC et notre Calculateur de taux d'inflation personnel, qui permettent aux particuliers d'entrer leurs propres dépenses pour voir en quoi leur taux d'inflation personnel diffère des moyennes de l'IPC.
Comme vous pouvez le constater, l'intérêt porté à nos données dans ce contexte de forte inflation n'a jamais été aussi grand. Nous travaillons continuellement avec les Canadiens pour leur offrir un meilleur accès à notre information et améliorer leur littératie des données et leur capacité à les interpréter.
Plus précisément, en plus de l'IPC, l'organisme diffuse un produit statistique complémentaire appelé le tableau des prix moyens, qui contient des données qui semblent avoir été supprimées. Il s'agit des prix moyens qui s'appliquent à de nombreux produits alimentaires pour une unité de mesure standard et qui ont longtemps été disponibles et qui le sont encore aujourd'hui.
Il y a un an, Statistique Canada a fusionné le tableau des prix de détail moyens nationaux et le tableau des prix de détail moyens mensuels pour certains produits afin de créer un produit plus représentatif et exhaustif. Cette fusion a permis d'intégrer des données de points de vente de meilleure qualité, dont la portée et le niveau de détail ont été améliorés. Le tableau précédent comportait 52 produits limités à l'échelle nationale, alors que le tableau actuel présente 110 produits offerts à l'échelle provinciale et nationale.
Je vous remercie encore une fois de m'avoir donné l'occasion de vous rencontrer aujourd'hui.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie les témoins de comparaître devant nous aujourd'hui.
Cela fait des années que je sonne l'alarme et que je dis que 80 % du marché des épiceries au Canada est contrôlé par seulement cinq grandes chaînes de vente au détail. L'oligopole de l'industrie de l'épicerie maximise les profits tout en forçant les agriculteurs et les producteurs à vendre à perte, ce qui contribue directement à la disparition des fermes maraîchères au Canada.
Bien que le Bureau de la concurrence connaisse bien la situation d'abus de position dominante, j'aimerais l'expliquer aux gens qui nous regardent à la maison: il s'agit d'une situation où une société occupe une position dominante sur le marché et pose des gestes anticoncurrentiels, ce qui entraîne des effets négatifs sur les entreprises concurrentes ou qui donne lieu à une diminution de la concurrence.
Ma question à l'intention des représentants du Bureau est la suivante: étant donné les profits records des épiciers, les prix exorbitants que doivent payer les consommateurs et l'augmentation des frais exigés aux agriculteurs pour avoir le privilège de vendre leurs produits dans les magasins d'alimentation, est‑ce qu'il y aurait matière à enquête sur l'abus de position dominante dans l'industrie de l'épicerie?
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Merci. Voilà une excellente question.
De manière générale, les politiques gouvernementales peuvent tout à fait favoriser la concurrence. Dans tout secteur réglementé de l'économie, la réglementation gouvernementale joue un grand rôle pour favoriser le démarrage ou l'expansion des entreprises. Un témoin l'a mentionné relativement à la concurrence réglementaire au Canada. La concurrence est primordiale.
Au sujet précis des études sur le secteur de l'alimentation au détail menées par nos pairs à l'international, il est évident que nous avons discuté avec eux dans le cadre de notre étude pour mieux comprendre les enjeux qu'ils ont examinés. Chaque marché est unique, bien qu'il y ait des similarités.
Par exemple, nous nous penchons sur ce qu'on appelle les clauses restrictives, qui sont des restrictions sur l'utilisation possible de biens immobiliers dans un marché donné. Souvent, ces restrictions peuvent empêcher un nouveau magasin de s'établir et de reprendre des locaux abandonnés. Il s'agit d'un enjeu qu'ont examiné de nombreux pays, et nous le faisons aussi pour notre contexte.
L'accès aux grossistes est un autre enjeu courant dans bien des marchés d'alimentation au détail. Il est essentiel pour les détaillants d'être en mesure de se procurer des produits alimentaires à des prix concurrentiels pour se tailler une place. Il s'agit certainement d'un enjeu actuel partiellement lié à la discussion autour du code de conduite, qui est un enjeu entièrement distinct du sujet de notre étude.
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Merci beaucoup, monsieur le président, et je remercie les témoins de comparaître aujourd'hui au Comité.
J'aimerais démarrer ma série de questions avec le Bureau de la concurrence pour bien comprendre les différences entre une étude et une enquête.
Votre publication affirmait que « contrairement à bon nombre de ses homologues étrangers, le Bureau n'a pas le pouvoir de contraindre les entreprises à fournir de telles informations pour cette étude. » Une liste de pays figure à l'annexe, y compris les États-Unis, le Mexique, la Nouvelle-Zélande et l'Union européenne.
Certains des renseignements que vous pourriez glaner grâce à cet exercice pourraient potentiellement mener à une enquête. J'imagine qu'une entreprise, parce qu'elle n'est pas contrainte de fournir ces renseignements, pourrait refuser de fournir de l'information essentielle qui pourrait justifier que vous lanciez une enquête.
En tant que décideurs politiques, comment pouvons-nous régler ce problème potentiel?
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Le fait de ne pas pouvoir contraindre certaines parties à nous fournir des renseignements a une incidence sur ce que nous pouvons découvrir et qui pourrait nourrir une enquête.
Je me permets de revenir au principal problème: notre étude de marché n'est pas vraiment propice pour examiner des allégations d'actes répréhensibles. Nous ne cherchons pas nécessairement des actes pouvant être considérés comme des infractions en vertu de la Loi. Nous cherchons à émettre des recommandations au gouvernement sur la manière d'accroître la concurrence.
Cela étant dit, si nous obtenons de l'information problématique, elle pourrait justifier que nous enquêtions davantage. Dans ces cas, nous aurions accès à plus de pouvoirs, comme celui d'assigner à comparaître, de perquisitionner et de saisir au motif de possibles infractions criminelles.
Je pense que la principale solution consiste à revoir la Loi sur la concurrence. Les consultations actuelles du gouvernement se prêtent bien à discuter de la possibilité, au Canada — comme c'est le cas pour de nombreux pairs partout dans le monde —, de nous donner les moyens d'obtenir ces renseignements et de recueillir des données et de l'information pour nourrir nos études.
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Je vous remercie, monsieur le président, et je remercie tous les témoins qui se joignent à nous en personne ou en ligne.
Les Canadiens se sentent sans défense contre les prix des aliments. C'est la raison d'être de notre étude: nous voulons comprendre les prix élevés auxquels les gens font face quotidiennement. Nombreux sont ceux qui croient que les épiciers devraient se comporter de manière plus éthique, l'alimentation étant un besoin vital. Selon moi, c'est là le cœur de notre importante discussion.
Comme vous l'avez dit, un petit nombre de fournisseurs dominent le marché. Je vais donc m'adresser d'abord aux représentants du Bureau de la concurrence. Plusieurs questions ont déjà été posées, mais elles méritent d'être approfondies.
Vous dites que la concurrence favorise la baisse des prix et l'innovation, tout en alimentant la croissance économique. La fixation des prix préoccupe la population canadienne, à juste titre. On peut penser aux entreprises qui ont communiqué entre elles pour gonfler artificiellement les prix du pain emballé au moins 15 fois pendant environ 14 ans. Je comprends que vous ne puissiez pas parler d'une affaire particulière pour des raisons de confidentialité, comme vous l'avez dit, et parce qu'une enquête est en cours, mais je suis certain que vous comprenez les préoccupations des Canadiens.
Vous avez déjà mené des enquêtes auprès du secteur de l'alimentation. Pouvez-vous nous donner d'autres exemples dont vous pouvez parler de manière générale et résumer vos conclusions? Quelles accusations ont été demandées et ont-elles été déposées?
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Je vous remercie pour la question.
La majorité des données que nous recueillons sont utilisées à des fins statistiques pour définir des indicateurs économiques qui permettent de mesurer la production économique ou d'établir des indicateurs macroéconomiques.
Je pense que vous parlez d'un cadre réglementaire grâce auquel l'information financière pourrait être suivie tout le long de la chaîne d'approvisionnement pour permettre la communication entre les différents secteurs de l'économie, ce qui n'est pas vraiment une possibilité en ce moment. À l'heure actuelle, nous recueillons les données des différents secteurs, nous les compilons et nous les publions sous la forme de résultats globaux.
Pour répondre à votre question, je pense qu'il faudrait un cadre réglementaire pour fournir ce type de données ou pour imposer l'obligation de les fournir.
Dans les faits, les données que nous collectons sont protégées par la Loi sur la statistique, ce qui veut dire que nous recueillons des renseignements confidentiels sur les entreprises, mais que nous n'avons pas le droit de les divulguer. C'est pourquoi nous les publions seulement sous la forme de résultats globaux pour qu'ils servent d'indicateurs économiques.