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Chers collègues, la séance est ouverte. Ne perdons pas de temps.
Bienvenue à la 102e réunion du Comité permanent de l'agriculture et de l'agroalimentaire de la Chambre des communes.
Pour faire vite, je vais m'abstenir de lire toutes mes notes, puisque nous avons déjà eu une séance à huis clos mardi. À propos de l'interprétation, néanmoins, il ne faut pas oublier de garder les oreillettes loin du microphone pour éviter les rétroactions acoustiques. Nous devons prendre beaucoup de précautions pour les interprètes, qui font un excellent travail.
Sans que nous y soyons pour quoi que ce soit, un certain nombre de votes ont eu lieu à la Chambre, ce qui nous a retardés. Il nous reste peu de temps. Bon nombre d'entre nous doivent absolument partir à 13 heures. Nous allons entendre tous les groupes de témoins les uns après les autres et laisser chacun d'eux présenter un exposé, après quoi nous poserons à l'ensemble d'entre eux le plus grand nombre de questions possible.
Le Comité fonctionne très bien. Si certains députés veulent rester après 13 heures, les ressources voulues sont là. Je demande le consentement unanime pour écarter tous les problèmes de procédure si certains décident de rester pour poser des questions, ce qui serait bon. Nous pourrons ainsi poursuivre.
Allez‑y, monsieur Drouin.
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Voilà qui concerne les témoins qui peuvent rester après 13 heures. Vous avez pris le temps de comparaître, et nous tenons à en tenir compte.
Il y a maintenant un autre vote qui s'en vient. Demandons le consentement unanime pour poursuivre la séance pendant la sonnerie, comme nous le faisons toujours.
Des députés: D'accord.
Le président: Voilà qui est fait. Commençons par les exposés. Si nous devons convoquer de nouveau un groupe de témoins, nous le ferons. Ce qui se passe à la Chambre est indépendant de notre volonté.
Sans plus tarder, je vais présenter les témoins. Conformément au paragraphe 108(2) du Règlement et à la motion adoptée par le Comité le jeudi 2 novembre 2023, le Comité reprend son étude des enjeux relatifs au secteur horticole.
Nous accueillons tout d'abord Marie-Ève Gaboury-Bonhomme, professeure au Département d'économie agroalimentaire et des sciences de la consommation de l'Université Laval. Mme Gaboury-Bonhomme a des problèmes de communication. Elle fera un exposé liminaire. Elle ne pourra pas discuter avec nous, mais il sera possible de lui poser des questions, auxquelles elle répondra par écrit.
De l'Association pour le commerce des produits biologiques, nous accueillons Tia Loftsgard, directrice générale, qui se joint à nous en personne. Merci d'être là. Gillian Flies vous accompagne et témoigne par vidéoconférence.
De ma province, la Nouvelle-Écosse, nous accueillons Peter Burgess, directeur exécutif de la Wild Blueberry Producers Association of Nova Scotia. Merci de vous joindre à nous et félicitations pour vos championnats mondiaux de curling. C'est merveilleux.
De la Colombie-Britannique, voici Sukhpaul Bal, président de la British Columbia Cherry Association. Nous avons eu l'occasion de nous rencontrer la semaine dernière à l'Association canadienne de la distribution de fruits et légumes. C'est un plaisir de vous accueillir.
De l'Association des champignonnistes du Canada, nous recevons Mike Medeiros et Ryan Koeslag.
Du Conseil canadien pour les ressources humaines en agriculture, nous accueillons Peggy Brekveld, qui s'y connaît bien en agriculture. Merci d'être là.
Nous recevons également le président de la Fédération canadienne de l'agriculture, M. Keith Currie.
Merci à tous d'être là.
Nous allons entendre vos exposés.
Chers collègues, je vais vous tenir au courant des votes. Nous allons faire de notre mieux pour tirer le meilleur parti de notre temps. C'est tout ce que nous pouvons faire.
Je vais commencer par Mme Gaboury-Bonhomme.
[Français]
Madame Gaboury‑Bonhomme, vous avez la parole pour cinq minutes.
Mesdames et messieurs les députés, merci de m'avoir invitée à comparaître devant vous.
Je suis chercheuse à l’Université Laval, au Québec. Je me spécialise dans l’analyse des politiques agricoles. En 2021, certains de mes collègues et moi avons commencé des recherches sur la gestion des risques et l’assurance-récolte dans l’ensemble des secteurs de production agricole, y compris l'horticulture. Nous avons interrogé, par sondage et au moyen d'entrevues, plus de 500 productrices et producteurs agricoles ainsi que 22 spécialistes. Nous avons également regardé ce qui se faisait dans les autres pays de l'Organisation de coopération et de développement économiques, ou OCDE. Je pense que certains résultats préliminaires contribueront à vos réflexions. C’est dans ce contexte que j’ai accepté, à titre de chercheuse, votre invitation à témoigner. Les rapports de nos recherches paraîtront à partir de l’automne prochain.
D’entrée de jeu, rappelons que les risques agricoles sont des événements incontrôlables, souvent difficiles à prévoir, qui peuvent influer négativement sur les revenus, les marges ou les productions agricoles. Un risque peut être évalué sur la base de trois éléments, soit la probabilité qu’un événement survienne, la fréquence à laquelle il pourrait survenir, et l’importance et la durée que ses effets pourraient avoir.
Les productrices, producteurs et experts agricoles interrogés dans le cadre de nos études considèrent que les risques posés par les changements climatiques ont des effets importants sur l’agriculture et que leur probabilité augmentera à moyen et à long terme. Par le passé, les principales politiques agricoles visaient à réduire les risques liés au marché. Les politiques qui visent les risques liés au climat, comme l’assurance-récolte, étaient souvent perçues comme secondaires. Les choses changent, et l’assurance-récolte prend une place de plus en plus importante partout dans le monde. Sa part dans les dépenses des programmes agricoles au Canada a explosé depuis 2021. Les États‑Unis vivent une situation semblable.
Votre comité s’intéresse à l'efficacité des programmes en matière d’assurance, et il cherche des pistes de solution pour développer une plus grande résilience quant au climat. Je vous en apporte quelques-unes.
Premièrement, les risques agricoles sont gérés globalement à la ferme. Pour utiliser une métaphore, les productrices et producteurs agricoles utilisent une boîte à outils remplie de stratégies qui se complètent mutuellement.
Par leurs décisions, les gestionnaires agricoles peuvent augmenter leur résilience en prévenant certains risques ou en réduisant leur fréquence ou leurs effets négatifs. Cela peut se faire en adoptant certaines pratiques, comme la diversification de la production, l’irrigation, la rotation des cultures, la sélection de cultivars, l’amélioration de la santé du sol, et j’en passe.
Deuxièmement, il est nécessaire de transférer ou de partager certains risques, car l’entreprise agricole ne peut y faire face seule. C’est d’ailleurs à cela que servent les programmes d’assurance gouvernementaux.
Les programmes d’assurance gagnent à être conçus et mis en œuvre dans l'optique d'encourager la résilience des entreprises. Autrement dit, ces programmes doivent encourager les entreprises à diversifier leurs stratégies en matière de gestion des risques, à bâtir leur coffre à outils et à faire en sorte d'être bien accompagnées, bien entourées et bien conseillées pour qu'elles puissent innover quant à leurs pratiques.
Lors de nos études, l’accompagnement des entreprises est ressorti comme un facteur qui influe de façon très importante sur la gestion des risques à la ferme. Cet accompagnement nous est apparu particulièrement important dans un contexte où près de la moitié des productrices et producteurs ayant participé à notre sondage ont jugé que leur degré de connaissances des risques liés au climat était moyen.
Cela dit, certaines pratiques, par exemple l’utilisation de pesticides de synthèse, ne peuvent être encouragées, même si elles sont perçues par certains comme utiles pour gérer les risques de perte de cultures. Ces pratiques ont des effets négatifs sur la santé humaine et sur l’environnement. Les programmes d’assurance doivent plutôt encourager d'autres pratiques pour lutter contre les parasites. Plutôt que de favoriser les pesticides de synthèse, il faut faire la promotion de la lutte intégrée contre les parasites, et, plus généralement, des pratiques favorables à la qualité de l’eau et des sols, aux écosystèmes, à la biodiversité et à la réduction des gaz à effet de serre.
Nos études m’ont aussi fait prendre conscience que les pertes de rendement sont des facteurs de stress et de préoccupation, voire d’anxiété, dans une bonne partie du monde agricole. Les liens entre les programmes de santé mentale et les programmes d’assurance gagnent à augmenter. Ainsi, les productrices et producteurs agricoles qui auront des problèmes de santé mentale pourront être dirigés vers les services dont ils ont besoin.
En résumé, il faudra faire preuve d’innovation et de créativité pour que les programmes d’assurance soient conçus de façon à bien protéger les entreprises contre les risques liés au climat. De plus, il faudra encourager leur résilience par l'adoption de pratiques favorables à l’environnement et à la santé.
Je ne pourrai pas répondre oralement à vos questions en raison du problème d'interprétation. Toutefois, je pourrai le faire avec plaisir par écrit à la suite de la réunion.
Merci de votre attention.
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Bonjour à vous, monsieur le président, et aux membres du Comité permanent de l'agriculture et de l'agroalimentaire. Merci d'avoir invité l'Association pour le commerce des produits biologiques à témoigner.
Les difficultés que les agriculteurs doivent surmonter sont toutes semblables, peu importe le mode de production, mais à cause des nouvelles réalités climatiques, nous devons envisager toutes les approches possibles. Parce l'agriculture biologique adopte une approche globale, la durabilité est une notion qui y est automatiquement intégrée.
La renommée internationale des produits issus de l'agriculture biologique, attribuée à des méthodes de culture durable, les désigne comme des produits de choix. La catégorie des fruits et légumes biologiques représente près de 25 % de toutes les ventes de produits biologiques et détient une part de marché de 6,6 %. C'est l'Ontario qui a la production la plus importante, suivie du Québec, puis de la Colombie-Britannique. Ces chiffres peuvent sembler modestes, mais l'agriculture biologique affiche une croissance plus rapide que la production classique. Les deux tiers des Canadiens achètent des produits biologiques chaque semaine. Le marché devrait tripler au cours des 10 prochaines années, selon les données récentes de SPINS.
Bien que le Canada soit au cinquième rang mondial pour la consommation de produits biologiques, seulement 3 % des exploitations canadiennes détiennent une certification biologique. Il y a donc beaucoup de place pour l'expansion. Vu l'absence flagrante de cadre stratégique pour l'agriculture biologique chez nous, le Canada est le seul pays agricole sans cadre stratégique pour cette production. À la faveur de nos dialogues constants, nous avons échangé avec les députés et sollicité un soutien politique en vue d'obtenir un plan d'action pour la production biologique au Canada.
La nature réglementée du secteur biologique, conjuguée aux accords commerciaux conclus avec 35 pays, met en évidence sa présence mondiale. Néanmoins, faute d'orientations stratégiques explicites, de mécanismes de soutien et de cadre global pour la croissance du secteur, le Canada fait face à des risques pour sa compétitivité. Les États-Unis et l'Union européenne, dont les orientations stratégiques prévoient des investissements importants et des plans de croissance, seront des adversaires de taille pour le Canada s'il n'opte pas pour une approche comparable.
Je vais maintenant céder la parole à ma collègue, Gillian Flies, qui vous parlera de certaines initiatives qui contribuent à améliorer la résilience et à favoriser l'adaptation aux changements climatiques. Bon nombre de ces initiatives peuvent être adoptées par l'ensemble du secteur horticole.
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Monsieur le président et mesdames et messieurs les membres du Comité, je vous remercie de tenir cette audience.
Je m'appelle Gillian Flies. Mon mari et moi possédons et exploitons The New Farm, située près de Creemore, en Ontario, où nous produisons des légumes biologiques régénératifs certifiés, des salades et du bétail.
Nous voyons de nos propres yeux les répercussions des changements climatiques sur notre exploitation. En août dernier seulement, nous avons eu trois épisodes de pluie de plus de deux pouces en moins d'une heure, dont un de trois pouces en moins de 30 minutes. Nos champs ont été complètement inondés. Comme nos sols sont en bonne santé et bien structurés, l'eau s'est résorbée en moins de 30 minutes, ce qui nous a permis de récolter toute notre production, tandis que celles de nos voisins ont subi de lourds dommages.
La santé des sols est essentielle si nous voulons qu'ils résistent aux aléas climatiques. Grâce à nos pratiques, nous avons fait passer le taux de matière organique du sol de 3 à 5 ou 6 % dans l'ensemble de l'exploitation. Pour chaque augmentation de 1 % de la teneur en matière organique, le sol peut receler 25 000 gallons d'eau de plus par acre. Comparativement à une ferme qui en contient environ 3 % ou moins, ce qui est la moyenne, nous pouvons absorber 75 000 gallons de plus par acre dans notre exploitation et survivre à ces tempêtes.
Nous y sommes parvenus grâce à des pratiques comme la culture sans labour et l'utilisation de bâches sur nos légumes et nos salades. Le sol non labouré reste de 6 à 9 degrés plus frais sous la bâche que le sol labouré, car il contient plus d'humidité, ce qui permet une meilleure germination et fait diminuer les besoins en irrigation. Nous avons réussi à intégrer le bétail — bovins, porcs et poulets —, qui consomme nos cultures de couverture par rotation chaque année. Ce qui nous a permis de réduire encore davantage notre dépendance à l'égard des intrants externes et de diminuer les coûts des intrants tout en fertilisant naturellement nos sols. La recherche montre que des sols sains augmentent également la densité nutritive de nos produits. Ainsi, la Bionutrient Food Association a constaté que les légumes cultivés de façon régénératrice contenaient 21 % de nutriments de plus que les moyennes américaines pour huit cultures.
Un approvisionnement alimentaire national résilient est essentiel à la sécurité alimentaire. Le Canada importe les trois quarts de ses fruits et légumes, dont une grande partie de la Californie. Nous sommes donc vulnérables aux répercussions des changements climatiques et aux perturbations de la chaîne d'approvisionnement. En 2018, lorsque la sécheresse en Californie et l'ouragan Michael en Floride ont entraîné des pénuries, nos sols plus frais nous ont permis de continuer à produire alors que d'autres ne le pouvaient pas. Nous avons vendu nos produits si rapidement que nous avons dû fermer l'exploitation deux semaines plus tôt cette année‑là. Au plus fort de la pandémie de COVID‑19, les marchés agricoles et les petits producteurs, dont de nombreux producteurs biologiques, ont pu continuer à approvisionner les Canadiens en produits frais.
Voilà qui fait ressortir la nécessité non seulement d'accroître la production intérieure, mais aussi de renforcer la résilience des exploitations. Pour y arriver, nous devons pouvoir concurrencer des importations bon marché, notamment celles des États-Unis. Comme beaucoup d'exploitations horticoles, nous participons au Programme des travailleurs agricoles saisonniers, nous payons des salaires équitables et nous nous conformons aux normes les plus élevées du programme. Le Comité devrait envisager des solutions, comme les subventions salariales, pour corriger ce déséquilibre.
Nous avons également besoin d'un meilleur soutien venant des programmes de gestion des risques de l'entreprise. Notre petite entreprise diversifiée n'a pas accès à ces programmes. Nous avons besoin d'une protection d'urgence et d'une couverture pour l'ensemble de l'exploitation agricole. Les programmes de gestion des risques de l'entreprise devraient également tenir compte de l'effet des pratiques propices à la santé des sols sur l'atténuation des risques et encourager ces pratiques.
Les nouveaux programmes climatiques doivent être adaptés pour appuyer l'innovation dans les exploitations comme la nôtre. Nous n'avons pas pu nous prévaloir de programmes comme le Fonds d'action à la ferme pour le climat, même si nous avons mis à l'essai des pratiques qui sont largement adoptées dans le secteur agricole.
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Je vous remercie de me donner l'occasion d'être ici aujourd'hui.
Je représente environ 630 producteurs de bleuets sauvages de la Nouvelle-Écosse à titre de directeur exécutif de l'association dont ils font partie. J'aimerais tout d'abord parler un peu de notre industrie, avant d'aborder certains de nos défis.
Nous sommes une industrie unique. À l'échelle du monde, les bleuets sauvages ne sont cultivés commercialement que dans l'État du Maine et dans les provinces du Québec, du Nouveau-Brunswick, de l'Île-du-Prince-Édouard et de la Nouvelle-Écosse. La majeure partie de la récolte des bleuets qui y sont cultivés est nettoyée, et les fruits sont congelés individuellement dans les 24 heures suivant la récolte. Ces fruits sont expédiés partout dans le monde et servent principalement à alimenter le marché des ingrédients pour les yogourts, les confitures, etc. La Nouvelle-Écosse ne représente que 15 % environ de l'industrie totale du bleuet sauvage, mais le plus gros transformateur, Oxford Frozen Foods, est établi dans cette province.
C'est une culture extrêmement unique, car les champs ne sont pas ensemencés. Ils sont plutôt constitués de peuplements naturels de plantes qui ont évolué dans notre climat, et ces écosystèmes sont gérés par nos agriculteurs. Cela signifie qu'il y a une très grande biodiversité végétale dans chaque champ. Les agriculteurs ne font pas de croisements et ne sélectionnent pas de variétés. Ils gèrent les peuplements existants qui se sont développés depuis des centaines, voire des milliers d'années.
C'est une culture vivace à long terme. Certains champs existants sont en production depuis plus de 70 ans. Ils sont gérés selon un cycle de production de deux ans. Les champs sont rasés à l'automne après la récolte. L'année suivante, les plants poussent de façon végétative. La deuxième année, les fruits apparaissent.
Notre industrie a des défis semblables à ceux des autres cultures horticoles: l'accès à la main-d'œuvre et l'augmentation des coûts des intrants. Cependant, des défis uniques comportant des nuances subtiles se posent dans notre industrie.
Sur le marché mondial, nous faisons concurrence au bleuet en corymbe — qui est cultivé toute l'année dans de nombreux pays du monde — et, bien sûr, à d'autres fruits. L'augmentation de la production de bleuets en corymbe ou de myrtilles européennes peut avoir une incidence sur le prix courant ici au Canada.
La nature de notre culture ne permet pas certains ajustements courants à la ferme, comme la rotation des cultures, parce que nous sommes une culture vivace à long terme. En fait, nous avons été confrontés à des problèmes liés aux changements climatiques. Le gel printanier, les hivers où les plants sont exposés en raison de la faible couverture de neige, les pluies estivales excessives et les sécheresses périodiques ont tous eu une incidence sur la production au cours des 10 dernières années. Le soutien à l'adaptation aux changements climatiques est une grande priorité dans notre industrie et nous l'encourageons fortement.
L'uniformité de la production a également ralenti le développement du marché, en raison notamment des répercussions des changements climatiques. C'est pour cela en partie que nous avons des rendements variables. Il faut financer la recherche appliquée. Notre culture est limitée au nord-est de l'Amérique du Nord, alors c'est ici qu'il faut faire ce travail.
La fluctuation des rendements pour les producteurs a ralenti le développement et l'investissement à la ferme. Le prix à la ferme est passé de 1,12 $ à 35 ¢ la livre au cours des trois dernières années. Les prix à la ferme ont toujours été très volatils. Cela fait ressortir l'importance d'un solide programme de gestion des risques de l'entreprise permettant de niveler les rendements et d'assurer la croissance de notre industrie.
La pollinisation est un élément essentiel de notre industrie. Si nous n'avons pas accès à des services de pollinisation fiables, nos rendements fluctueront également. Un approvisionnement fiable en abeilles domestiques et en pollinisateurs complémentaires, comme les bourdons et les abeilles coupeuses de feuilles, est essentiel pour notre industrie.
Notre industrie offre beaucoup de possibilités. Consommés régulièrement, les bleuets sont extrêmement bons pour la santé. Il existe une quantité importante de données évaluées par des pairs qui le démontrent, et la collecte de ces données a été financée en grande partie par notre industrie. Les bleuets sauvages, qui sont plus petits, ont tendance à avoir une plus grande concentration d'anthocyane, le composé bénéfique. C'est un des bienfaits de notre industrie que nous faisons valoir.
Les bleuets sauvages sont très durables et ont une faible empreinte carbone comparativement à d'autres cultures, parce qu'il s'agit d'une culture vivace à long terme, sans travail du sol, et que le cycle de production n'est que de deux ans. Nous avons aussi une très bonne palette de goûts en raison du grand nombre de variétés différentes dans chaque culture.
La différenciation des marchés est vraiment essentielle dans notre industrie pour trouver des marchés à créneaux dans le monde, où les clients seront intéressés à acheter notre produit. Nous mettons l'accent sur le goût, les bienfaits pour la santé, la durabilité environnementale et l'impact de nos cultures. Le soutien du développement des marchés internationaux est essentiel au succès de notre industrie.
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Monsieur le président et mesdames et messieurs les membres du Comité, je vous remercie de m'avoir invitée. Je m'appelle Peggy Brekveld et je suis présidente du conseil d'administration du Conseil canadien pour les ressources humaines en agriculture.
Il peut sembler inhabituel qu'une organisation qui s'occupe des besoins en main-d'œuvre du secteur agricole canadien parle des répercussions des changements climatiques sur ce secteur. Cependant, le travail du Conseil canadien pour les ressources humaines en agriculture porte sur les défis actuels et futurs du secteur agricole et fournit des travaux de recherche et des solutions à une industrie dont le PIB est de 38,8 milliards de dollars. Cela comprend le partenariat actuel du CCRHA avec la Fédération canadienne de l'agriculture et Food and Beverage Canada, dans le cadre du plan stratégique national sur la main-d'œuvre.
Pour mettre les choses en contexte, la plus récente étude du CCRHA sur le marché du travail, qui a été publiée en novembre, montre qu'en 2022, il y a eu une baisse marquée des ventes de 3,5 milliards de dollars attribuable aux plus de 28 000 postes vacants. Dans le secteur de l'horticulture en particulier, les pertes de ventes attribuables à la pénurie de main-d'œuvre ont été estimées à plus de 260 millions de dollars en 2022. De plus, 45 % des employeurs de l'industrie des fruits et légumes ont été incapables de trouver tous les travailleurs dont ils avaient besoin, ce qui a entraîné des pertes de 60 % au chapitre des ventes. Quarante-trois pour cent des employeurs ont déclaré n'avoir reçu aucune candidature canadienne pour leurs offres d'emploi. Le pic de la demande de main-d'œuvre devrait augmenter de 11 %, pour passer de 61 000 en 2023 à 68 000 en 2030, de sorte que les pénuries de main-d'œuvre qui existent déjà devraient s'aggraver.
L'accès sûr à un approvisionnement alimentaire abordable, sécuritaire et fiable pour les Canadiens et le monde dépend d'une main-d'œuvre qualifiée et motivée. Le succès futur du secteur agricole en dépendra également. À quoi cela ressemble-t‑il dans un monde où les défis liés aux changements climatiques sont déjà en augmentation? La culture des fruits et légumes dépend de producteurs qui sont capables de composer avec les hauts et les bas cycliques imprévisibles causés par la nature et les conditions météorologiques.
Les milieux de travail agricoles ont des défis très particuliers qui ont une incidence sur leur réussite. Le premier est la contrainte de temps liée au soin d'organismes biologiques, comme les plantes et le bétail, et aux récoltes. Par exemple, les fenêtres de récolte de certains aliments sont très étroites, ne représentant que quelques jours, voire quelques heures. C'est le cas pour les asperges, les fraises et les pêches. Les changements climatiques et les conditions météorologiques qui y sont associées ont pour effet de rétrécir encore davantage ces fenêtres.
Du point de vue de la dotation, cela signifie que j'aurai peut-être besoin de plus de travailleurs pour une période plus courte dans un délai imprévisible, et souvent en même temps que d'autres producteurs. Contrairement à la plupart des autres milieux de travail, la somme de travail qui doit être effectuée dans le milieu agricole au cours d'une semaine donnée peut souvent échapper au contrôle de l'employeur. Autrement dit, une fois qu'un certain nombre d'acres ont été plantés, les cultures doivent respecter le cycle de la nature, et non pas l'horaire de l'agriculteur. Pour les cultures vivaces, comme les vignobles et les vergers, qui ont une durée de vie de plusieurs décennies, ces limites s'étendent sur plusieurs années. Les employeurs agricoles doivent donc compter sur une main-d'œuvre fiable et prévisible.
Au‑delà des récoltes, la nature des plantes et des cultures limite la capacité des agriculteurs de reporter, de réduire ou d'ajuster les tâches. Les délais sont importants, sinon les cultures n'arriveront pas à maturité à temps pour les récoltes. Le besoin de main-d'œuvre fiable et qualifiée dans les exploitations agricoles devient de plus en plus criant, à mesure que les changements climatiques perturbent les pratiques de gestion exemplaires que les agriculteurs ont utilisées jusqu'à maintenant. Le défaut d'accomplir une tâche, comme la récolte ou le soin des plantes ou des animaux, dans le délai prescrit par la nature peut entraîner une mauvaise récolte et compromettre la santé des plantes, ce qui peut causer des dommages irréversibles. Cela fait ressortir le besoin de travailleurs maintenant et à l'avenir.
Enfin, aucune conversation sur l'avenir de l'agriculture, y compris sur les changements climatiques et leurs effets, ne serait complète sans aborder la technologie et l'innovation, ainsi que le potentiel qu'elles présentent. Dans cette optique, le CCRHA insiste sur la nécessité d'une main-d'œuvre agricole dynamique et compétente, en tenant compte de la technologie, de la formation et des pratiques agricoles futures. Cela démontre bien la nécessité d'autres chercheurs et innovateurs, ce qui aidera à assurer l'avenir de l'agriculture au Canada. La nécessité d'avoir une main-d'œuvre qualifiée, agile et en pleine croissance pour planter, cultiver, récolter et même préparer des aliments est encore plus évidente dans le contexte des changements climatiques et de l'avenir de l'alimentation. Sans elle, il y aura des répercussions directes sur l'approvisionnement alimentaire mondial.
Les outils de recherche, les ressources et la formation du CCRHA aident les employeurs du secteur horticole à planifier leurs besoins en ressources humaines et leur permettent de s'assurer qu'ils ont de la main-d'œuvre prête à travailler et à apporter de la nourriture à votre table.
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Merci, monsieur le président et mesdames et messieurs les membres du Comité, de nous avoir invités aujourd'hui. Nous vous sommes reconnaissants du temps que vous nous accordez.
Comme la plupart d'entre vous le savent, je m'appelle Keith Currie et je suis président de la Fédération canadienne de l'agriculture. Comme vous l'avez mentionné, je vais partager mon temps de parole avec Sukhpaul Bal, un agriculteur de la vallée de l'Okanagan.
L'environnement dans lequel les agriculteurs exercent leurs activités, tant au sens figuré que littéral, a changé radicalement au cours des dernières années. Un nombre croissant d'événements météorologiques extrêmes ont des répercussions directes sur les producteurs canadiens, et nos programmes de gestion des risques doivent s'adapter aux risques liés à ce climat changeant. Par exemple, au lieu d'axer nos programmes d'aide en cas de catastrophe sur les producteurs, pour qu'ils puissent assumer les coûts extraordinaires nécessaires pour se remettre d'une catastrophe, nous devrions chercher à créer des programmes de gestion des risques qui servent davantage à fournir un soutien en temps opportun et qui visent clairement à atténuer les répercussions futures. C'est pourquoi la FCA a plaidé en haut lieu pour un examen immédiat du cadre d'intervention du Canada en cas de catastrophe agricole, afin de veiller à ce que les agriculteurs aient le soutien nécessaire pour gérer l'extrême volatilité des conditions météorologiques, tout en déterminant des mesures immédiates qui peuvent atténuer et prévenir les répercussions de tels événements à l'avenir.
Notre secteur horticole comporte des risques et des coûts uniques, auxquels viennent s'ajouter les répercussions des changements climatiques. Par exemple, la série actuelle de programmes de gestion des risques de l'entreprise n'a pas été conçue pour tenir compte de la diversité des cultures dans le secteur horticole — quelque 150 cultures différentes —, pas plus que pour indemniser les producteurs pour les coûts élevés des intrants, le caractère extrêmement périssable de nombreuses cultures horticoles, et le cycle de production, qui permet plusieurs cultures différentes en une seule saison.
Les modalités de la série actuelle de programmes de gestion des risques au Canada ont été négociées dans le cadre du Partenariat canadien pour une agriculture durable, un accord fédéral-provincial-territorial quinquennal de 3,5 milliards de dollars qui se poursuivra jusqu'en mars 2028. Nous ne pouvons pas attendre le renouvellement de ce partenariat dans quatre ans pour combler les lacunes des programmes de gestion des risques au Canada. Nous devons agir maintenant pour combler les lacunes de notre cadre de gestion des risques.
C'est pourquoi nous demandons un engagement ciblé avec les intervenants et les administrations fédérales, provinciales et territoriales, afin d'établir immédiatement un programme d'aide pour veiller à ce que les exploitations agricoles familiales reçoivent le soutien essentiel et opportun dont elles ont besoin en temps de crise. Si nous voulons que les producteurs de partout au Canada deviennent des partenaires efficaces dans la lutte contre les changements climatiques, nous devons veiller à ce qu'ils soient soutenus lorsque des événements liés au climat détruisent leurs récoltes ou leurs moyens de subsistance.
Merci de votre attention. Je vais maintenant céder la parole à mon collègue, M. Bal.
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Je vous remercie de me donner l'occasion de témoigner devant le Comité aujourd'hui.
Je m'appelle Sukhpaul Bal. Je suis un agriculteur de quatrième génération de Kelowna, en Colombie-Britannique, et je préside la B.C. Cherry Association.
Nous, agriculteurs, comprenons que le risque fait partie de nos activités. Cependant, la situation a changé en Colombie-Britannique depuis 2020, et plus particulièrement dans la vallée de l'Okanagan. En 2020, nous avons subi d'importants dommages causés par un vortex polaire. En 2021, nous avons été frappés par un dôme de chaleur qui a fait monter les températures jusqu'à 47 °C. L'automne de cette même année, dans la vallée du Fraser, nous avons été témoins d'un épisode de rivière atmosphérique dont on a abondamment parlé dans les médias au Canada. En 2022, le dôme de chaleur de 2021 a continué de se faire sentir. Les bourgeons qui se développaient sur les arbres ont été endommagés par la chaleur intense de l'année précédente. En 2023, un vortex polaire a gravement endommagé les cultures et a même tué des arbres. En 2024, en raison d'un autre vortex polaire, les températures sont passées de 5 °C à ‑30 °C en quelques jours.
Sur une note plus personnelle, je tiens à souligner que notre ferme a perdu toute sa récolte cette année en raison du gel. Si l'on compte bien, oui, nous en sommes à notre cinquième année consécutive d'événements extrêmes.
Les agriculteurs participent aux programmes d'assurance-récolte, mais lorsqu'ils sont confrontés à plusieurs événements climatiques extrêmes consécutifs, les programmes actuels ne fournissent pas les niveaux de soutien nécessaires. À la lumière de mon expérience personnelle de ces phénomènes météorologiques extrêmes, je peux affirmer avec confiance qu'il nous manque un programme de gestion des risques de l'entreprise pour gérer adéquatement la situation. Nous devons nous assurer que les exploitations agricoles demeurent financièrement viables lorsqu'elles sont confrontées à ces événements extrêmes. Dans sa forme actuelle, Agri-relance, le programme d'aide en cas de catastrophe, échoue à s'attaquer au désastre auquel nous sommes confrontés.
J'aimerais également informer le Comité que je siège en tant que représentant de la Colombie-Britannique au Comité consultatif national sur les programmes, ou CCNP, et que je suis préoccupé par l'approche adoptée à l'égard du climat. Plus simplement, l'accent à ce niveau est mis sur ce que les agriculteurs peuvent faire pour améliorer le climat, plutôt que sur la façon dont nous pouvons protéger les agriculteurs de ce qui se passe dans l'environnement.
Les conditions climatiques extrêmes sont sans aucun doute la plus grande menace pour l'horticulture aujourd'hui. La hausse des coûts de production et de main-d'œuvre et la chute des prix sur le marché sont des préoccupations majeures. Cependant, à mon avis, si nous n'aidons pas les agriculteurs à faire face à cette crise climatique extrême, ils ne seront pas là pour résoudre les autres problèmes qui pourraient se poser.
Merci. Je serai heureux de répondre à vos questions et j'ai hâte de discuter de certains des commentaires que j'ai faits.
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Merci beaucoup, monsieur Bal.
Chers collègues, vous pouvez voir que le temps file rapidement. Je veux perdre le moins de temps possible. Nous allons suspendre la séance, avec votre permission. Je pense que nous voulons respecter nos témoins, alors nous n'avons pas besoin de suspendre la séance pendant 10 minutes, mais plutôt jusqu'à ce que nous soyons certains que tout le monde a voté. Si le Comité est du même avis, je pense que cela devrait avoir un impact très minime.
Cela vous convient‑il?
Des députés: D'accord.
Le président: D'accord, je ne vois pas de problème.
Mesdames et messieurs les témoins, je vais suspendre la séance pour que nous puissions voter. Nous serons de retour sous peu.
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Merci beaucoup de m'avoir donné l'occasion de parler devant le Comité permanent de l'agriculture et de l'agroalimentaire de l'incroyable industrie du champignon au Canada.
Je m'appelle Ryan Koeslag, je suis vice-président exécutif de l'Association des champignonnistes du Canada et je partagerai mon temps avec notre président et propriétaire de ferme Mike Medeiros.
Nous avons actuellement un effectif de près de 7 500 personnes, des propriétaires agricoles aux fabricants de substrats en passant par les cueilleurs de champignons. Ces 7 500 personnes contribuent à la production de plus de 150 000 tonnes de champignons chaque année. Nos producteurs fournissent près de 100 % des champignons frais dans les épiceries partout au Canada.
Il y a 40 ans, les agriculteurs cultivaient 1 livre de champignons sur 1 pied carré d'espace de culture. Aujourd'hui, en 2024, ils en cultivent 6 livres sur le même espace. Cela représente une augmentation de 500 %. Le Canada exporte environ 40 % de sa production vers les États-Unis. Chaque jour, nos producteurs de champignons doivent rivaliser avec nos voisins du Sud, qui subissent continuellement moins de pressions gouvernementales sur les coûts.
Nous sommes ici aujourd'hui pour parler de deux mauvaises politiques imposées par notre gouvernement fédéral; la taxe sur le carbone et la suppression de l'exemption temporaire en matière de logement pour les travailleurs étrangers.
Actuellement, les Canadiens représentent 70 % de la main-d'œuvre et depuis des décennies, nos champignonnières ont fait des annonces et recherché des Canadiens pour occuper tous leurs postes. Ils ont mené des centaines d'études d'impact sur le marché du travail, toutes démontrant que nous avons besoin de travailleurs étrangers temporaires. Je dis le mot temporaire uniquement parce que c'est le nom du programme. De nombreux groupes agricoles, dont le Conseil canadien des ressources humaines agricoles, signalent d'énormes postes vacants dans le secteur agricole, ce qui indique que nous aurons toujours besoin de travailleurs étrangers, tout comme de nombreux autres pays développés à travers le monde.
Depuis longtemps déjà, lorsqu'un travailleur demande à quitter le logement fourni par l'agriculteur, alors qu'il relève encore du Programme des travailleurs étrangers temporaires, Service Canada accepte une dispense de logement permettant aux travailleurs d'emménager avec des membres de leur famille, leur conjoint et leurs enfants, des amis ou simplement pour avoir leur propre indépendance. Les fermes ont prévu des imprévus pour une situation où un travailleur pourrait devoir retourner au logement de son employeur, en identifiant des hôtels, en réservant des logements ou en prenant d'autres arrangements. Cependant, Service Canada a arbitrairement cessé d'accepter des dispenses de logement lorsque les travailleurs choisissent de vivre seuls et punit les agriculteurs en exigeant qu'ils gardent les logements vides pour les travailleurs qui ont déménagé. Dans certaines situations, les travailleurs ont déménagé il y a des années, beaucoup ont fondé leur propre famille et nos fermes rapportent qu'il est extrêmement rare qu'un travailleur demande à retourner dans le logement de son employeur.
Cette nouvelle politique de logements vides coûtera énormément aux employeurs agricoles. Cela a un impact sur tous les employeurs permanents, tels que les producteurs de champignons, de porcs, de bovins, de volailles, de produits laitiers et de serres, qui utilisent le volet agricole du PTET. Nous parlons de centaines de chambres vides, de lits vides et de maisons vides pour des personnes qui ne les utiliseront peut-être jamais. Nous menons actuellement une enquête à l'échelle de l'industrie, nos données préliminaires indiquant un besoin pouvant aller jusqu'à 1 000 maisons vides.
Je vais maintenant passer la parole à notre président Mike Medeiros pour qu'il parle de la taxe carbone.
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Je vous remercie de me donner l'occasion de m'adresser à vous.
La taxe carbone est un autre élément qui remet en question la viabilité de nos champignonnières, y compris la mienne. Les champignons sont déjà l'un des utilisateurs d'eau les plus efficaces, ont l'une des empreintes carbone les plus faibles et sont cultivés sur des matériaux recyclés compostés. Pourtant, la taxe carbone coûtera aux champignonnières 7,2 millions de dollars supplémentaires cette année seulement.
Sur notre ferme, nous payions plus de 16 000 $ par mois en taxe sur le carbone. Avec la nouvelle augmentation de 23 %, notre nouvelle facture de chauffage devrait atteindre près de 20 000 $. Ma ferme et l'industrie des champignons exportent 40 % de ce que nous cultivons vers les États-Unis, ce qui rend la compétitivité très difficile.
Je conduis un véhicule électrique, alors je crois aux enjeux liés aux changements climatiques. En 2018, nous avons investi 1,8 million de dollars dans un pipeline pour amener à notre ferme le gaz naturel, qui est une source de carburant plus propre. Cela réduit notre consommation de propane d'environ 700 000 litres par année. Un an plus tard, la taxe sur le carbone a été mise en œuvre. Toutes les économies que j'espérais réaliser pour financer mon pipeline ont été englouties par ma taxe sur le carbone. Je construis également une installation de compostage dans la région de Prescott, qui aura l'empreinte carbone la plus faible au monde pour un fabricant de compost de champignons, mais mes taxes continuent d'augmenter.
Et en fin de compte, les données montrent que la taxe carbone ne réduira pas les émissions des champignons, car ils disposent déjà des technologies les plus avancées et il n'existe pas d'alternatives. Nous essayons de travailler avec l'Agence du revenu du Canada pour être inclus dans le programme de remise des produits de serre, parce que les champignons ont été laissés de côté. Bien que les champignons soient soumis aux mêmes pressions d'exportation et aient les mêmes conditions de croissance, nous ne pouvons pas nous prévaloir de ce programme.
Nous appuyons également le projet de loi non amendé et cherchons des moyens par lesquels ce comité peut aider nos agriculteurs à rester viables.
Merci beaucoup.
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Merci beaucoup, monsieur Medeiros.
Chers collègues, je vais essayer d'entendre deux groupes de témoins. Nous avons des options de prolongation. Je sais que certains d'entre vous doivent partir à 13 heures. Il faut qu'au moins quatre personnes restent si nous voulons quand même poursuivre la réunion, poser des questions et obtenir des réponses. Autrement, si vous voulez proposer une motion de consentement unanime, nous pourrions garder ceux qui veulent rester et, essentiellement, passer outre à l'article du Règlement, si c'est ce que vous souhaitez.
Commençons par les deux groupes de témoins et voyons où cela nous mène. Si vous le voulez, quatre d'entre nous peuvent rester et continuer à poser des questions un peu après 13 heures pour ceux qui ne peuvent rester.
Madame Rood, vous avez la parole pour six minutes. Je vous en prie.
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Eh bien, nous utilisons déjà le plastique PET recyclé, qui a été autorisé après cette interdiction. Nous envisageons aussi le recours au carton comme substitut. Nous faisons actuellement des essais pour utiliser du carton pour nos caisses. Il y a des années, en fait, tous nos emballages étaient en carton. C'est lorsque les consommateurs ont demandé des emballages plus petits que nous sommes passés au PET recyclable.
Comme je l'ai dit, nous essayons d'utiliser le carton. Nous faisons des tests à ce sujet, mais compte tenu des marges bénéficiaires, qui sont en quelque sorte inexistantes dans notre industrie à l'heure actuelle, il est vraiment difficile d'assumer les coûts supplémentaires que représente le recours au carton. Les détaillants ne veulent pas payer plus cher pour les champignons, pas plus que les consommateurs. Le prix actuel des champignons dans les magasins est celui que les consommateurs sont prêts à payer.
À l'heure actuelle, nous avons remarqué une baisse de la consommation d'environ 10 à 15 %. Nous ne voulons pas que les prix augmentent. Nous absorbons l'inflation qui touche les produits alimentaires en ce moment, et nous travaillons à passer aux emballages en carton.
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Merci, monsieur le président.
Merci à tous les témoins présents ici même ou en ligne. Ce sont des experts, et je leur suis vraiment reconnaissant du temps qu'ils nous accordent.
J'aimerais m'adresser à Mme Loftsgard, de l'Association pour le commerce des produits biologiques.
Dans ma circonscription de Kitchener—Conestoga, il y a 49 exploitations et entreprises de production biologique, et je suis conscient des répercussions, pour notre collectivité, de la promotion de la santé des sols et de la biodiversité, de la réduction des risques de pollution de l'eau et du ruissellement des produits chimiques. Les avantages sont là. En même temps, tous les témoins nous parlent d'inondations, de sécheresses, de conditions météorologiques extrêmes, de la crise climatique et de phénomènes dont on ne parlait pas il y a des années, comme le dôme de chaleur, le vortex polaire et les rivières atmosphériques.
Toutes ces pertes sont attribuables aux changements climatiques, et je crois que c'est vous, ou peut-être quelqu'un d'autre, qui avez dit que c'est une grande source de préoccupation et de stress pour les agriculteurs. Comme les marges bénéficiaires sont très minces, les agriculteurs sont contraints d'utiliser chaque pouce carré de terre sur lequel ils peuvent cultiver. On m'a parlé d'agriculteurs qui arrachent des clôtures et assèchent des terres humides pour planter ou qui déplacent des boisés, alors que, comme vous le savez, ces éléments contribuent à la durabilité et à la résilience contre les phénomènes météorologiques extrêmes.
Quelles mesures incitatives devrait‑on prendre pour récompenser les agriculteurs qui préservent les terres bénéfiques clôturées, les terres humides et les boisés?
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Oui, je vais vous parler notamment du FAFC.
Le problème est que, si on a déjà adopté ces pratiques — c'est le cas des agriculteurs biologiques —, on ne peut pas recevoir d'aide. Je crois que c'est ce dont vous parlez. Nous faisons des cultures de couverture depuis des années à nos propres frais, mais nos voisins, qui sont nos concurrents, sont subventionnés, ce qui semble injuste.
Nous demandons un soutien aux agriculteurs en matière d'éducation, en faisant appel à des agriculteurs qui ont déjà ces pratiques et en les aidant à transmettre leur savoir dans le cadre d'activités à la ferme, etc. À plus grande échelle, nous avons aussi besoin de multiplier le nombre d'agriculteurs biologiques, et il faut donc subventionner la transition pour les agriculteurs intéressés, étant donné que la transition est une période très difficile qui s'étale sur environ trois ans.
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Je remercie les témoins d'être parmi nous, ceux qui participent en ligne comme ceux qui participent en personne.
Je vais poser une série de questions, et j'invite tous les témoins qui auraient envie de répondre à mes questions, mais qui n'auront peut-être pas le temps d'intervenir lors de mon tour de parole, à nous transmettre des réponses par écrit.
D'abord, madame Gaboury‑Bonhomme, je constate que vous avez beaucoup étudié et que vous étudiez encore la question des programmes en matière de gestion des risques de l'entreprise. À l'instar de M. Currie, des témoins nous ont parlé de l'importance de revoir le Partenariat canadien pour une agriculture durable avant 2028. Selon eux, cela n'a pas de sens de patienter si longtemps. Les changements climatiques sont très présents, et nos producteurs ont besoin d'aide.
D'autres témoins ont proposé une espèce de programme « agri-catastrophe » d'urgence, qui serait temporaire, afin de s'asseoir avec les gens du milieu et de revoir rapidement l'ensemble des programmes. J'aimerais savoir ce que vous en pensez.
Pour ce qui est des pratiques environnementales, plusieurs des témoins, encore aujourd'hui, nous disent que cela coûte moins cher de prévenir que de guérir et qu'il faut augmenter la résilience des sols. J'ai beaucoup aimé le témoignage de Mme Flies quant à cet aspect.
Quant à nous, nous prônons un financement qui serait décentralisé, qui encouragerait les bonnes pratiques agricoles et qui mettrait à la disposition des producteurs des sommes dans une espèce de programme « agri-investissement ». Ces producteurs sont des entrepreneurs, et ils n'ont pas à attendre la mise en place d'une grande politique canadienne. Nous reconnaissons l'importance de l'innovation environnementale, et cet argent serait versé hors du contrôle du gouvernement. Ces gens pourraient utiliser cet argent pour procéder à des innovations, que ce soit dans deux ans ou dans cinq ans. Ces innovations pourraient, elles aussi, être reconnues et récompensées. J'aimerais avoir votre opinion là-dessus.
Parlons aussi du financement lié à la norme biologique. Chaque fois qu'il faut réviser la norme, il faut se battre et insister auprès du gouvernement fédéral pour qu'il finance cet exercice. Il s'agit pourtant d'une norme gouvernementale. Cela n'a pas de sens. Les gens doivent payer pour pratiquer l'agriculture biologique, alors que nous devrions les encourager à le faire, les payer pour le faire. Je voudrais aussi avoir votre avis là-dessus.
Je pense également à l'accès aux divers programmes. Mme Loftsgard, ou Mme Flies, a mentionné qu'il faut encourager les bonnes pratiques à la ferme. Cependant, les producteurs de produits biologiques n'ont pas accès à certains programmes, parce qu'ils pratiquent déjà l'agriculture biologique. Cela n'a pas de sens. Il faut aussi reconnaître ce que les gens font déjà. J'ai exprimé tantôt l'idée de la décentralisation des fonds, et j'ajouterais à cela la nécessité de reconnaître ceux qui font déjà l'agriculture biologique depuis de nombreuses années. Certains la pratiquent depuis 20 ou 25 ans.
Il y a aussi le problème lié à la réciprocité des normes. Il s'agit non seulement de normes environnementales, mais aussi de normes du travail. Comment pouvons-nous améliorer notre système pour qu'il soit juste et équitable pour nos producteurs locaux?
Un autre problème découle des normes, soit l'homologation des produits. Quand un fabricant modifie la recette d'un pesticide ou de tout autre produit, cela représente une difficulté importante. En effet, les délais établis pour l'obtention d'une homologation au Canada sont très longs. Pouvons-nous envisager une espèce de principe d'homologation, lequel pourrait éventuellement être harmonisé avec celui des États‑Unis et de l'Europe?
Évidemment, il faut aussi aborder les difficultés liées à la main-d'œuvre et à la pérennité du système que nous utilisons présentement pour recourir aux travailleurs étrangers temporaires. Qu'est-ce que vous en pensez?
Je sais que cela fait beaucoup de questions, mais c'est important que nous en parlions. J'ai parlé tantôt d'un programme « agri-catastrophe ». Il faudrait évidemment que ce soit beaucoup plus flexible, beaucoup plus rapide que l'initiative Agri-relance actuelle. Le gouvernement du Québec le demande depuis novembre 2023, je le rappelle à tous. Nous sommes le 2 mai 2024, et le gouvernement fédéral n'a toujours pas donné de réponse. Les producteurs attendent de savoir de quoi il retourne pour réagir. Cela n'a aucun sens.
Je ne peux pas vous parler à tous, et vous ne pouvez pas répondre à toutes mes questions. Comme je l'ai dit, j'invite l'ensemble des témoins à transmettre leurs commentaires par écrit, s'ils le désirent.
Bonjour, monsieur Currie. Je suis content de vous voir.
J'aimerais avoir vos observations sur ce que je viens de dire.
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Je vais commencer par une publicité éhontée. Un certain projet de loi , s'il était adopté à la Chambre, accélérerait certainement l'accès à un grand nombre d'intrants et d'outils. Le gouvernement pourrait adopter une vision holistique de cet enjeu et accélérer l'accès aux outils dont nous avons besoin pour les mettre plus rapidement entre les mains des agriculteurs.
Chose certaine, l'une des principales difficultés est le manque de souplesse des programmes de GRE. Ils concernent davantage les cultures sur de grande superficie et les cultures climatiques plus prévisibles. Peut‑on réalistement donner aux provinces, par exemple, une plus grande marge de manœuvre dans l'application régionale de ces programmes? Si on se préoccupe à la fois des différents aspects du climat, des sols et des conditions météorologiques d'un bout à l'autre du pays, un programme uniformisé ne peut tout simplement pas fonctionner. Comment améliorer les programmes pour en élargir l'accès? Il est certain qu'un plus grand nombre de personnes pourraient y avoir accès, notamment dans le secteur horticole, qui a plus ou moins été exclu de toute la discussion sur la GRE en matière d'accessibilité.
Quelques personnes ont abordé un autre aspect de la question. Je vis tout près de l'endroit où se trouvent l'exploitation agricole et la résidence de Mme Flies. Cette exploitation fait un excellent travail. En fait, il faut commencer par le sol. Tout commence par le sol et par les moyens employés pour qu'il soit aussi sain que possible.
Nous agriculteurs cultivons des plantes. C'est notre métier. Qu'on soit éleveur de bétail, agriculteur ou horticulteur, on cultive des plantes. Nous avons besoin d'un sol de bonne qualité et en bonne santé en tout temps. Quels outils peut‑on employer à l'avenir? Cela pourrait être une stratégie agricole durable, avec les outils adaptés, ou le gouvernement pourrait trouver des moyens de récompenser les précurseurs. Des gens viennent de vous dire qu'ils n'ont pas été récompensés d'avoir été des précurseurs. Continuons à récompenser les gens qui adoptent de meilleures pratiques ou des pratiques différentes. Je ne présume pas que les gens n'exploitent pas leurs terres intelligemment.
Pour ce qui est de ma propre exploitation, une partie est certifiée biologique et une autre ne l'est pas. Cela ne veut pas dire que je ne pratique pas l'agriculture de façon durable dans les deux parties de mon exploitation. C'est simplement différent. Il faut pouvoir le reconnaître. Nous pouvons ensuite mettre des outils entre les mains des agriculteurs et nous assurer que tout le monde y a accès, surtout en matière de gestion des risques de l'entreprise.
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Merci, monsieur Currie.
Merci, monsieur Perron.
Chers collègues, j'aurais quelques observations. Tout d'abord, vous avez remarqué que M. Perron posait des questions à Mme Gaboury-Bonhomme. J'ai simplement besoin de l'accord de la majorité pour que ses réponses écrites, quand elle les fournit, puissent être annexées au témoignage écrit d'aujourd'hui. Je sais que ce ne sera pas un problème pour vous.
Des députés: D'accord.
Le président: Vous remarquerez également que nous allons dépasser un peu 13 heures. Certains d'entre vous doivent partir, et je sais que vous vous préoccupez des questions de procédure, alors je vous demande la permission de continuer avec quiconque peut rester après 13 heures. En ma qualité de président, je veillerai à ce que rien de bizarre ne se produise. Ceux qui peuvent rester plus tard, c'est formidable. Ceux qui doivent partir le feront. Je suis heureux de poursuivre les discussions.
J'ai quelques questions. À titre de président, j'aimerais peut-être poser quelques questions également.
Monsieur Drouin.
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Ce que je veux souligner, c'est que l'agriculture biologique n'est nulle part. Il n'y a pas de politique. Il n'y a pas de directive pour les produits biologiques. Nous sommes visés par la partie 13 du Règlement sur la salubrité alimentaire au Canada, alors que les États-Unis, l'Union européenne, le Mexique, Taïwan, la Corée et tous nos partenaires commerciaux ont une loi particulière pour les produits biologiques. C'est ce qui constitue la directive sur la politique.
C'est à ce moment‑là que nous nous adressons à Agriculture et Agroalimentaire Canada et à nos députés qui nous appuient. Le Canada doit adopter sa propre loi afin d'éliminer les obstacles qui existent actuellement. Nous nous heurtons constamment à des obstacles quand nous demandons une mesure dans tel ou tel domaine. Il y a trop d'obstacles juridiques parce que le secteur biologique n'a pas de directive sur la politique d'exclusion.
Elle doit se trouver à Agriculture et Agroalimentaire Canada. Étant donné que l'Agence canadienne d'inspection des aliments s'occupe de l'application de la loi, nous avions autrefois un bureau des produits biologiques, mais nous n'en avons plus au sein de l'ACIA, et il n'y en a plus au sein du gouvernement du Canada.
C'est vraiment ce que nous demandons: faire reconnaître que nous perdons du terrain. Nous venons à l'heure actuelle au cinquième rang des pays producteurs de produits biologiques dans le monde. Avec les États-Unis, nous répondons à 50 % de la demande du marché, mais nous devons mettre en place la directive sur la politique qui nous permettra de continuer à être un chef de file.
Monsieur Currie, nous sommes heureux de vous revoir.
On a beaucoup parlé aujourd'hui des programmes de gestion des risques de l'entreprise, la GRE, et de l'actuel Programme d'avances printanières, le PAP, en vigueur jusqu'en 2028. Je me suis posé beaucoup de questions au sujet de certains des programmes, Agri-protection en particulier. Je pense que ce programme d'assurance sera très utilisé au cours des prochaines décennies.
Je me demande si vous voulez ajouter quelque chose à cette discussion sur les programmes GRE, et Agri-protection en particulier. Comment un programme comme celui‑là doit‑il être adapté? Je pense que beaucoup de gens vont s'en inspirer. Comme pour d'autres polices d'assurance, devrons-nous exiger que les agriculteurs aient certaines pratiques en place avant d'être admissibles? Avez-vous une idée de la façon dont ce programme évoluera en fonction des défis que nous entrevoyons déjà?
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Je crois que le gouvernement doit examiner de façon beaucoup plus holistique la façon dont nous réagissons à la nécessité de programmes de gestion des risques de l'entreprise. Nous avons été heureux de constater l'augmentation du financement du PAP l'an dernier, mais il s'agit d'une décimale d'une erreur d'arrondissement. Pour avoir un effet, il nous faut un programme différent, un programme autonome.
Celui de 2021 en est un excellent exemple. Avec la sécheresse dans les Prairies de l'Ouest canadien, la FCA a lancé le programme Hay West. Nous nous sommes approvisionnés en foin pour aider les éleveurs de bétail de l'Ouest canadien à traverser les périodes difficiles. Quand on s'approvisionnait en foin, on n'en trouvait pas du tout dans l'Ouest canadien. Oui, la production était à la baisse, mais toute production supplémentaire là‑bas avait déjà été accaparée par les agriculteurs américains.
Pourquoi? Le département de l'Agriculture des États-Unis a un programme en réserve, et chaque fois qu'il y a un problème, il le fait intervenir. Il ajoute l'argent qu'il remet rapidement aux producteurs. C'est rapide. C'est efficace. Je ne peux pas vous donner de chiffres, mais ce n'est certainement pas la valeur en dollars du PAP actuel, qui ne suffirait pas à long terme. Une partie de cet argent, comme nous l'avons parlé autour de la table aujourd'hui, sert à mettre en place des mesures préventives pour compenser les coûts énormes qui surviennent quand un événement se produit. Si nous pouvons atténuer ces coûts, le nettoyage sera beaucoup moins coûteux.
Il nous faut une vision à long terme. Il ne peut pas s'agir d'un programme ponctuel ou d'un programme à court terme. Il faut discuter avec les gens sur le terrain — les agriculteurs, le milieu agricole et les gouvernements de tout le pays — de la façon de procéder.
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Merci beaucoup, monsieur le président. C'est très courtois de votre part.
Je remercie mes collègues d'en face d'avoir accepté.
Chers collègues, je veux simplement vous faire part de quelque chose. Je sais que c'est inhabituel à ce stade‑ci du processus, mais ce sera ma dernière réunion comme membre permanent du Comité permanent de l'agriculture et de l'agroalimentaire.
Merci, monsieur Barlow, de vos applaudissements. Je suis sûr que c'était à propos de ma participation, et non de mon départ.
Je vais passer au Comité de la procédure et des affaires de la Chambre.
J'ai vraiment apprécié une grande collaboration. Comme mon élection est relativement récente, ce fut une très belle occasion de faire partie du Comité avec vous tous et de travailler de façon collégiale et collaborative, vraiment, sur le plan personnel, je suis reconnaissant des relations qui ont été établies grâce à la bonne volonté qui, je l'espère, se retrouvera au comité de la procédure — ou peut-être pas.
Quoi qu'il en soit, je vous remercie, monsieur le président, de votre service ici et de votre temps.
J'ai bien sûr hâte de rencontrer tout le monde à la Chambre et ailleurs, mais je voulais profiter de l'occasion pour exprimer ma gratitude.
Merci.
Des députés: Bravo!
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Merci, monsieur le président.
Je veux simplement clarifier quelque chose, madame Loftsgard. Vous avez mentionné qu'un plus grand nombre d'agriculteurs se tournent vers l'agriculture biologique, mais dans le document que vous avez présenté au Comité il y a quelque temps, dans lequel vous demandez de l'aide et formulez des recommandations au gouvernement, l'Association pour le commerce des produits biologiques a dit que le nombre des exploitants du secteur biologique avait chuté pour la première fois, en 2022, de 3,8 %.
Quel chiffre est exact? Est‑ce que le nombre d'exploitants diminue ou, pour revenir à ce que vous avez dit plus tôt aujourd'hui, est‑ce qu'il augmente?
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Merci, monsieur le président.
Monsieur Currie, à plusieurs reprises aujourd'hui et lors de plusieurs réunions précédentes, on a parlé des problèmes concernant nos programmes de gestion des risques de l'entreprise.
Vous avez dit d'entrée de jeu être toujours consulté à cet égard, mais que cela se fait parfois en fin de processus. Vous avez aussi soulevé quelques recommandations quant aux changements qui pourraient être apportés aux programmes de gestion des risques.
Pourriez-vous, ainsi que votre collègue de la Colombie-Britannique, fournir au Comité, verbalement, mais surtout par écrit, les propositions de la Fédération canadienne de l'agriculture?
Nous pouvons en discuter maintenant, mais il serait intéressant d'obtenir par écrit les propositions afin de pouvoir les intégrer dans nos recommandations.
Êtes-vous à l'aise à l'idée de procéder de cette façon?
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Merci, monsieur le président.
Je remercie tous les témoins de leur présence. Je suis désolée que le temps de séance de notre comité ait été écourté. Il y a énormément de questions à poser à tous les témoins ici présents.
J'aimerais adresser mes premières questions à Mme Loftsgard et à Mme Flies au sujet de l'agriculture biologique.
D'après vos descriptions, il semble que le secteur biologique ait beaucoup de potentiel. Il permet de régler un certain nombre de problèmes auxquels nous sommes confrontés en ce qui concerne les aliments locaux durables et peut-être même la main-d'œuvre. Les effets sur la diversité des cultures et la santé des sols sont également très positifs. Pouvez-vous nous parler de la rentabilité et de la stabilité des fermes biologiques par rapport aux fermes conventionnelles. D'après ce que je comprends, vous êtes beaucoup moins tributaires des intrants qui se négocient sur le marché libre, et c'est un avantage depuis que le prix des engrais a fortement augmenté.
Madame Loftsgard, j'aimerais savoir ce que vous en pensez.
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Merci, monsieur le président.
Considérant le caractère exceptionnel de la réunion d'aujourd'hui, je rappelle ce que j'ai dit tantôt, à savoir que les témoins peuvent toujours faire parvenir des commentaires par écrit au Comité ultérieurement. Il ne faut pas hésiter à le faire, vu que, pendant les réunions, le temps de parole est très limité.
Madame Brekveld, j'aimerais aborder avec vous la question de la main-d'œuvre, qui est votre spécialité. On parle souvent des problèmes entourant les travailleurs étrangers temporaires, entre autres la lourdeur administrative. Je suis convaincu que vous allez nous dire encore une fois qu'il faudrait réduire la paperasse, faciliter l'accès, et ainsi de suite. Par contre, avez-vous réfléchi aussi à la pérennité du système? Pourrons-nous toujours fonctionner de cette façon?
Pouvez-vous proposer des solutions de rechange au Comité, que ce soit maintenant ou, par la suite, de façon plus détaillée et par écrit?
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En général, les agriculteurs sont très adaptables. Nous devons composer avec la météo, les changements climatiques, etc. Nous essayons constamment de nous adapter.
L'enjeu à ce sujet, c'est l'avenir du Programme des travailleurs étrangers temporaires et d'autres programmes de ce genre. La chose la plus importante que vous puissiez faire pour les agriculteurs, c'est de leur donner de la stabilité dans les programmes dans un monde souvent instable, à cause notamment des changements climatiques. Si les agriculteurs comprennent les règles et connaissent la marche à suivre pour faire venir des gens et les aider à avoir une très bonne qualité de vie au Canada, vous leur faciliterez les choses. Il est extrêmement difficile pour les agriculteurs de s'adapter à un changement constant des règles. On l'a vu avec la COVID. Les agriculteurs ont lutté et se sont constamment adaptés pour assurer la sécurité de leurs équipes. Nous l'avons fait. Nous avons travaillé fort pour assurer leur sécurité, mais nous avons aussi constaté que c'était extrêmement stressant pour les employeurs.
Deuxièmement, à long terme, le Cadre stratégique national de la main-d'œuvre nous permet d'examiner différents piliers et différentes façons de garantir une main-d'œuvre permanente pour les agriculteurs à l'avenir. Peut-être les travailleurs étrangers entrent-ils dans l'équation. Il faut améliorer les connaissances et la sensibilisation des Canadiens à l'égard des emplois agricoles et de la main-d'œuvre nationale. Il faut également s'appuyer sur la technologie et l'innovation.
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Je tiens à souligner que le financement des normes sur les produits biologiques nous cause constamment des difficultés. Tous les cinq ans, nos accords sur le commerce avec ces 35 autres pays nous obligent à les renouveler. Si nous n'avons pas le financement, les accords ne sont pas renouvelés et cela met un coup d'arrêt aux exportations et aux importations internationales.
Nous ne saurions trop insister sur l'importance d'obtenir un financement complet et permanent. Le Comité permanent de l'agriculture a formulé deux recommandations au fil des ans. Nous n'avons toujours pas de financement permanent. Nous devons encore collecter une partie de ces fonds. Nous savons que les coûts de l'Office des normes générales du Canada ont été pris en charge, mais il reste au moins 200 000 $ à débourser pour l'industrie. Nous devons recueillir des fonds d'ici 2025.
Je suis ravie que vous ayez soulevé l'idée d'un milieu de travail équitable dans le cadre du processus de normalisation à l'œuvre actuellement. Je dirige un groupe de travail sur l'équité et cette notion est liée à l'idée de main-d'œuvre et à sa pérennisation à l'avenir. Cela fait vraiment partie des principes de l'agriculture biologique.
Ces principes sont au nombre de quatre: la santé, les soins, l'écologie et l'équité. Lorsque l'agriculture biologique a été réglementée par le gouvernement fédéral en 2009, nous avons abandonné toute discussion sur l'équité. Il est temps d'y revenir parce que nous devons motiver la main-d'œuvre pour pouvoir continuer de pratiquer l'agriculture biologique.
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Merci beaucoup, monsieur Perron.
Je vais prendre la parole pendant quelques minutes.
Monsieur Burgess, malheureusement, avec le double groupe de témoins, vous n'avez pas eu tellement l'occasion de poursuivre sur votre lancée. Je suis fier d'être Néo-Écossais, je porte une cravate en tartan de la Nouvelle‑Écosse et je sais que les bleuets sauvages sont importants non seulement dans notre province, mais aussi, comme vous l'avez mentionné, dans l'est du Canada. La valeur des exportations est importante. Je sais que vous exportez partout dans le monde.
Vous avez parlé de plusieurs choses, mais si ce comité devait souscrire à une ou deux recommandations clés, quelles sont les deux choses qui comptent le plus aux yeux de la Wild Blueberry Producers Association of Nova Scotia pour que vous puissiez continuer à avoir du succès?
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Merci de me donner l'occasion de m'exprimer.
Il est important de renforcer la résilience dans nos champs. Plusieurs autres témoins l'ont mentionné. Cela aide en cas de sécheresse, de pluie excessive et ainsi de suite. Les producteurs en voient les avantages, mais lorsque les marges sont serrées, il est difficile pour eux d'investir. Je pense que des incitatifs pour aider à construire des haies et des habitats pour les pollinisateurs autour de nos champs aideraient vraiment à stabiliser l'uniformité de la production.
En revanche, ces ajustements n'auront aucune incidence sur les effets des conditions météorologiques extrêmes que nous subissons. En 2018, il a fait -7°C pendant 12 heures au milieu de la floraison. Un tel froid détruit la floraison immédiatement. Pour ce genre d'événements, nos adaptations n'auront pas d'effet. Il serait très important d'avoir la possibilité d'obtenir de l'aide en temps opportun en cas de catastrophe.
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Bien sûr. Nous avons remarqué que, par sa structure, le programme Agri-relance compense les coûts supplémentaires associés à une catastrophe, comme une inondation. La rivière atmosphérique de la vallée du Fraser a causé des pluies torrentielles et des inondations, qui ont détruit ou lourdement endommagé des granges. Les agriculteurs ont dû assumer des coûts supplémentaires pour se remettre de cette catastrophe.
Nos conditions météorologiques, caractérisées par des froids et des chaleurs extrêmes, provoquent ce que j'appelle un « désastre silencieux ». Prenons l'exemple de la vague de froid extrême. Nos arbres paraissaient exactement les mêmes une semaine après la catastrophe qu'une semaine avant. C'est la destruction des cultures qui a été catastrophique. Le cadre actuel nous invite à nous prévaloir du programme Agri-protection pour compenser nos pertes. C'est ce que nous avons fait, mais l'exemple de l'industrie des cerises nous enseigne qu'on ne peut se prévaloir de ce programme année après année, parce qu'il ne couvre que 80 % de la récolte. La franchise est de 20 %. Dans un scénario ponctuel, un agriculteur peut effectivement absorber ces 20 % et se dire qu'il a été dédommagé par l'assureur et qu'il aura une meilleure production, une production moyenne ou peut-être même une production record l'année suivante. Cependant, les cinq dernières années ont été mauvaises et nous sommes maintenant en mesure d'affirmer que le programme n'est plus adéquat.
Je songe à un programme qui se situerait entre Agri-protection, Agri-stabilité et, à l'autre extrême, Agri-relance. Si je devais lui donner un nom, je l'appellerais « Agri-résilience ». Ce programme donnerait accès à une indemnisation pécuniaire pour les pertes extrêmes, de sorte que les entreprises agricoles demeurent viables. Parallèlement, nous évaluerions la cause des pertes subies et financerions les pratiques de gestion bénéfiques, ou PGB. Si la chaleur extrême constitue le principal problème, des filets d'ombrage pourraient atténuer le problème à l'avenir. Il faudrait donc que les agriculteurs puissent se les procurer, car, comme l'a signalé un témoin, les agriculteurs savent très bien s'adapter.
La B.C. Cherry Association est déjà à la recherche de solutions, mais elle ne peut pas y arriver seule. Il faut que le gouvernement intervienne pour nous aider.
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J'aimerais préciser que l'industrie du champignon est entièrement biologique. Toutes les cultures sont biologiques ou certifiées biologiques. Notre industrie a toujours cru au bio et nous estimons avoir besoin d'un plus grand soutien.
Des recommandations nous ont été faites quant au Programme des travailleurs étrangers temporaires. En fait, le programme a fait l'objet d'un changement majeur qui pose problème. Comme vous le savez, il y a toujours eu une exemption associée à l'hébergement des personnes souhaitant se loger de façon indépendante pour vivre avec leur conjoint ou conjointe, ou encore avec des membres de leur famille. Ce changement fondamental de politique a été imposé arbitrairement, et fait en sorte qu'à présent, même si un travailleur choisit de se loger indépendamment, les agriculteurs doivent quand même lui fournir un espace vide en tout temps. Cela signifie que nous devons maintenir des lits vides, des maisons vides et des appartements vides simplement pour conserver notre approbation dans le cadre du Programme des travailleurs étrangers temporaires.
Nous avons mentionné la nécessité d'offrir plus de stabilité. Cette situation cause énormément d'instabilité quant à notre main-d'œuvre, au moment où nous voulons récolter des champignons biologiques.