Si j'ai bien compris ce qu'a dit M. Perron, nous aurons quelques questions administratives à régler à la fin de la réunion d'aujourd'hui au sujet des documents transmis par notre épicier. Nous en discuterons peut-être à la toute fin de la deuxième heure. Puisque nous n'entendrons que deux témoins pendant la deuxième heure, nous devrions pouvoir examiner cela assez rapidement.
Chers collègues, bienvenue à la 82e réunion du Comité permanent de l'agriculture et de l'agroalimentaire de la Chambre des communes.
Je voudrais faire quelques rappels à nos témoins.
La réunion d'aujourd'hui se déroule selon une formule hybride. Les délibérations sont diffusées sur le site Web de la Chambre des communes. À titre d'information, la diffusion Web montrera toujours la personne qui parle, plutôt que l'ensemble du Comité.
Les captures d'écran ne sont pas autorisées. Plus particulièrement, il n'y aura pas de saisies d'écran de nos témoins.
Les députés et les témoins peuvent s'exprimer dans la langue officielle de leur choix. Des services d'interprétation sont disponibles pour cette réunion. Si l'interprétation est interrompue, veuillez m'en informer immédiatement et nous veillerons à ce qu'elle soit rétablie, et à ce que vous ayez suffisamment de temps.
Avant de parler, veuillez attendre que je vous donne la parole et, si vous êtes en vidéo, cliquez sur votre microphone ou activez votre micro. Si vous êtes à la Chambre, votre microphone sera contrôlé par notre personnel.
Lorsque vous avez la parole, veuillez parler lentement et clairement pour aider les interprètes. Lorsque vous ne parlez pas, veuillez mettre votre micro en sourdine.
Je rappelle que toutes les observations des députés et des témoins doivent être adressées à la présidence.
Chers collègues, conformément au paragraphe 108(2) du Règlement... Avant de passer à cela, je devrais mentionner que nous avons quelques remplaçants aujourd'hui.
M. Shields remplace Mme Rood. Bienvenue. Il ne s'agit certainement pas de votre premier rodéo. Bienvenue parmi nous.
Mme Mathyssen remplace M. MacGregor. Bienvenue à notre comité.
Conformément au paragraphe 108(2) du Règlement et à la motion adoptée par le Comité le jeudi 19 octobre 2023, le Comité reprend son étude des exigences concernant les dispositifs de consignation électronique et le transport des animaux.
J'aimerais souhaiter la bienvenue aux témoins de notre premier groupe. Nous entendrons le Dr Raymond Reynen, président sortant de l'Association Canadienne des Vétérinaires Bovins, qui se joint à nous en ligne.
Nous accueillons M. Pierre Lampron et M. Scott Ross de la Fédération canadienne de l'agriculture.
Nous accueillons Mme Corlena Patterson, directrice exécutive de la Fédération canadienne du mouton, qui est avec nous en personne.
Je vous remercie beaucoup d'être avec nous aujourd'hui.
Nos témoins auront tous cinq minutes pour faire leur déclaration préliminaire, et nous passerons ensuite aux questions.
J'invite maintenant le Dr Reynen, de l'association des vétérinaires bovins, à commencer. Vous avez cinq minutes, docteur Reynen.
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Merci, monsieur le président, et merci à tous les membres du comité permanent. L'Association Canadienne des Vétérinaires Bovins, l'ACVB, est reconnaissante de l'occasion qui lui est donnée de comparaître devant votre comité. Notre association représente 759 vétérinaires qui exercent en clinique, au gouvernement, dans le milieu universitaire ou dans l'industrie, dans toutes les provinces du Canada.
Les dispositifs de consignation électronique, ou DCE, sont un outil efficace pour consigner les heures de service et de conduite. Toutefois, ils ne donnent aucune information sur des événements qui se produisent pendant ces heures et qui pourraient exiger une certaine souplesse dans l'application des règlements. Ce manque de souplesse place les conducteurs dans une situation difficile: soit ils respectent la réglementation sur les heures de service en prenant une pause, soit ils font ce qu'ils savent être la bonne chose à faire pour le bien-être des animaux et ils conduisent le bétail au lieu de déchargement prévu.
La grande majorité des remorques pour le transport d'animaux sont ventilées de façon passive, ce qui signifie que lorsque la remorque est immobile, le bétail ne reçoit pas l'apport d'air approprié pour assurer une ventilation et un contrôle de la température optimaux. Cela compromet le bien-être des animaux.
L'industrie canadienne du transport des animaux est soigneusement planifiée pour respecter toutes les lignes directrices en matière de transport. Néanmoins, il est impossible de prévoir des conditions routières et météorologiques défavorables, des accidents de la circulation, des retards aux postes frontaliers ou des retards dans les abattoirs. C'est en raison de ces retards inévitables que nous demandons à ce qu'il y ait de la souplesse dans l'utilisation des DCE afin d'assurer le bien-être des animaux transportés.
Notre association espère qu'une situation qui compromet le bien-être des animaux sera reconnue comme une situation d'urgence et ensuite incluse dans l'article 76 du Règlement sur les heures de service. Cela permettra de clarifier la situation pour les agents d'application de la loi, de rassurer les transporteurs d'animaux et, surtout, de ne pas compromettre le bien-être du bétail au Canada.
Le bien-être du bétail est d'une importance primordiale pour l'ACVB. Nous espérons qu'il sera possible de préciser les définitions et d'assouplir l'application des heures de service avec les DCE afin d'assurer la meilleure protection possible du bien-être du bétail au Canada.
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Je vous remercie de m'offrir la possibilité de témoigner aujourd'hui.
Je m'appelle Scott Ross. Je suis le directeur exécutif de la Fédération canadienne de l'agriculture. Notre vice-président, M. Pierre Lampron, qui est un producteur laitier du Québec, devrait bientôt se joindre à moi.
La Fédération canadienne de l'agriculture est la plus importante organisation agricole à vocation générale du Canada. Nous représentons plus de 190 000 agriculteurs et familles d'agriculteurs de l'ensemble du Canada. Ces gens sont au cœur du système agroalimentaire canadien générant 135 milliards de dollars du produit intérieur brut du Canada.
La préoccupation des agriculteurs et des éleveurs à l'égard des dispositifs de consignation électronique ne porte pas sur les heures de service, mais sur la reconnaissance des adaptations et de la souplesse particulières requises pour assurer le transport sans cruauté des animaux. Contrairement au fret, notre cargaison a des comportements uniques qui peuvent entraîner des difficultés et des retards lors du chargement ou du déchargement des animaux. Il arrive donc parfois que le chargement ou déchargement d'un groupe particulier d'animaux soit beaucoup plus long que prévu. Ainsi, les DCE peuvent commencer à calculer les heures de service bien avant que les animaux ne soient chargés dans le véhicule, ce qui entraîne des contraintes de temps irréalistes aux agriculteurs et aux conducteurs.
Les conducteurs prennent leur travail très au sérieux et l'attention portée aux animaux est un aspect important du transport d'animaux vivants. La patience et le souci du détail sont essentiels pour les transporteurs d'animaux. Les conducteurs qui transportent des animaux vivants ne peuvent pas simplement s'arrêter à une halte routière et interrompre leur travail s'ils ne réussissent pas à atteindre leur destination pendant leurs heures de service. La plupart de nos remorques à bétail sont ventilées passivement, ce qui signifie qu'elles ne peuvent pas rester immobiles pendant de longues périodes; le conducteur doit continuer à rouler pour assurer un apport d'air et un contrôle de la température optimaux.
Le nœud du problème, c'est que des retards ou des événements imprévus, combinés aux critères de fonctionnement des DCE et aux heures de service, peuvent nuire au bien-être des animaux. Ces situations imprévues peuvent inclure des conditions météorologiques défavorables, des accidents de la route, des retards à la frontière, des fermetures de routes ou des pannes dans les usines de transformation qui peuvent retarder les déchargements.
Nous ne cherchons pas à obtenir une exemption générale à l'égard des dispositifs de consignation électronique ou des heures de service, mais demandons plutôt une certaine souplesse dans l'application des heures de service lorsque des imprévus se produisent. Nous ne devons pas mettre les conducteurs dans des situations difficiles dans lesquelles, en faisant ce qui convient le mieux aux animaux, ils ne respecteraient pas la réglementation sur les heures de service.
Dans sa version actuelle, le Règlement sur les heures de service des conducteurs de véhicule utilitaire permet aux conducteurs de prolonger le temps de conduite autorisé lorsque les conditions de conduite sont défavorables ou dans des situations d'urgence afin qu'ils puissent parvenir à leur destination pour assurer la sécurité des occupants et de la cargaison. Cependant, les considérations relatives au bien-être des animaux ne sont pas clairement incluses, ce qui signifie que chaque agent d'application est libre d'interpréter une situation à sa façon.
Idéalement, le Canada devrait s'aligner sur le système des États-Unis dans lequel les transporteurs de bétail bénéficient d'une exemption des heures de service dans un rayon de 240 kilomètres autour des lieux de départ et d'arrivée de leur chargement. Cela permettrait non seulement d'harmoniser les règlements de part et d'autre de la frontière, mais aussi de reconnaître les facteurs uniques à considérer dans le contexte du transport d'animaux vivants.
Toutefois, cette harmonisation réglementaire risque de prendre du temps. En attendant, nous devons fournir aux agents chargés de l'application de la loi des directives claires précisant que les questions relatives au bien-être des animaux sont définies comme des « situations d'urgence » aux paragraphes 76(1) et (2) du Règlement sur les heures de service des conducteurs de véhicule utilitaire.
Il existe des précédents à ce genre de traitement alors que l'Agence canadienne d'inspection des aliments tient compte d'événements peu fréquents et imprévus dans son application des intervalles d'alimentation, d'abreuvement et de repos.
Il faut tenir compte à la fois de la sécurité des conducteurs et du bien-être des animaux. Cela nécessite une solution interministérielle entre Transports Canada, Agriculture et Agroalimentaire Canada et l'Agence canadienne d'inspection des aliments.
Je vous remercie de m'avoir donné l'occasion de prendre la parole aujourd'hui devant votre comité. Je serai heureux de répondre à vos questions.
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Bonjour. Je vous remercie. C'est un honneur pour moi de présenter aujourd'hui nos observations aux distingués membres du Comité.
Je m'appelle Corlena Patterson et je suis la directrice exécutive de la Fédération canadienne du mouton depuis plus d'une décennie. Je suis ici pour vous faire part des réalités et des enjeux auxquels fait face notre secteur en raison de la mise en œuvre de la technologie des DCE dans le transport commercial du bétail. Nous sommes reconnaissants d'avoir l'occasion de vous parler, même si c'est aujourd'hui notre première journée surprise de conduite hivernale à Ottawa.
Malgré son profil discret, notre industrie joue un rôle important et dynamique dans la mosaïque agricole du Canada. Notre secteur compte près de 12 000 fermes, allant d'exploitations axées sur le respect de l'environnement à d'importantes entreprises commerciales. En fait, le nombre d'exploitations ovines au Canada dépasse celui des exploitations laitières et équivaut à celui des exploitations porcines et avicoles réunies.
Le contexte de notre industrie exige le transport d'animaux vivants sur de longues distances entre les fermes d'élevage et les sites de transformation. Puisque 80 %, ou la majorité, de nos activités de transformation se déroulent dans des installations inspectées par les provinces, nous devons transporter les animaux vivants sur de longues distances partout au pays pour les rapprocher de leur destination finale sur le marché.
Une récente évaluation de l'impact environnemental de notre chaîne d'approvisionnement que nous avons réalisée en collaboration avec l'Université Clarkson a estimé, de façon prudente, que pour transporter environ 275 000 moutons et agneaux vers divers centres de transformation, nos transporteurs avaient parcouru plus de 914 000 kilomètres. Ces chiffres reposent sur ceux de Statistique Canada qui, nous le savons, ont tendance à sous-estimer la taille et la portée de notre industrie. Nos propres données administratives nous permettent de penser que le nombre réel est près de 900 000 têtes, ce qui signifie que nos transporteurs parcourent trois millions de milles pour s'assurer que nos animaux parviennent à leurs sites de transformation. Ces chiffres montrent l'importance cruciale d'avoir un transport efficace et efficient dans notre secteur.
En raison de la complexité et de la nature des animaux, le transport d'animaux vivants n'est pas du tout comparable au transport de marchandises, comme vous l'ont certainement dit plusieurs personnes pendant cette réunion. Les retards sont inhérents aux étapes de chargement et de déchargement et aux aléas du transport. Ils sont attribuables au comportement des animaux, aux pratiques de chargement et de déchargement axées sur le bien-être et aux retards pendant le trajet. Ces retards grèvent les heures de service des conducteurs et peuvent entraîner des arrêts imprévus, ce qui complique encore plus le respect des règlements sur le transport sans cruauté. La possibilité que les DCE intègrent ces heures de travail sans conduite dans le nombre total d'heures de service est une importante préoccupation.
La politique des États-Unis qui exempte les conducteurs de véhicules utilitaires transportant du bétail des limites d'heures de conduite s'ils se trouvent dans un rayon de 150 milles des sites de départ et de destination est une reconnaissance de ces retards anticipés qui se produisent au début et à la fin d'une opération de transport. Ces mesures tiennent compte des réalités complexes du transport d'animaux et de la nécessité d'avoir une réglementation adaptée aux défis particuliers de l'industrie. Des exemptions canadiennes semblables permettraient d'atténuer ces imprévus et d'assurer le bien-être des animaux, tout en veillant à ce que la conformité ne soit pas compromise par des facteurs indépendants de la volonté des transporteurs.
Nous devons aussi comprendre le risque de réactions négatives du public à la vue d'animaux semblant en détresse dans des camions stationnés à des haltes routières le long de la 401. Cette préoccupation va bien au‑delà de la simple conformité; il est question de l'équilibre entre le respect des normes réglementaires et l'image publique du secteur agricole. Cet équilibre délicat démontre la nécessité d'avoir des cadres réglementaires réfléchis et souples.
Nous reconnaissons le rôle important que joue le transport dans nos activités, c'est pourquoi nous accordons une très grande importance à la santé et au bien-être des animaux. Les moutons ne réagissent pas comme d'autres animaux à un transport. Pour nous assurer que nos pratiques reflètent cette réalité, nous avons investi massivement dans la recherche afin de vérifier objectivement le bien-être pendant le transport. Notre approche novatrice a mené au développement de systèmes d'intelligence artificielle conçus pour évaluer et surveiller activement le bien-être des animaux et nous informer en temps réel pendant un transport. Le système ne se limite pas à confirmer les niveaux de stress, mais il peut aussi signaler les problèmes de bien-être aux transporteurs et aux conducteurs à mesure qu'ils se produisent. Il peut également valider la nécessité d'une exemption si les conducteurs doivent dépasser leurs heures de service.
Nous pensons aussi que nous disposons de mécanismes supplémentaires qui peuvent faciliter la consignation précise des temps de conduite pour le transport du bétail. Nous avons des règlements sur la traçabilité qui exigent que chaque expédition, y compris celle de moutons, soit accompagnée de documents sur les déplacements qui, en vertu de ces règlements, exigent la consignation des heures de départ et d'arrivée à destination.
Notre technologie de traçabilité accrue et la conception de notre système de traçabilité AgroLedger convertissent ces renseignements en format numérique et utilisent la technologie de la chaîne de blocs pour assurer la gestion des données. Ces progrès permettent non seulement de consigner en temps réel les événements de transport [difficultés techniques].
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Nous serions très heureux de vous en parler puisque c'est notre sujet préféré.
En tant qu'organisation nationale représentant les producteurs primaires, comme mes pairs le savent, notre rôle est d'assurer la traçabilité. Pour y arriver, il faut l'engagement et la participation des producteurs, mais aussi veiller à ce que les exigences réglementaires du gouvernement soient respectées.
Dans le contexte canadien, cela signifie que le gouvernement élabore les règlements et dit: « Voici les règlements sur la traçabilité. Gens de l'industrie, respectez-les. »
Nous y avons participé à ce processus, car l'identification est obligatoire dans l'industrie ovine depuis 2004. Nous avons travaillé à assurer la traçabilité depuis ce temps. La traçabilité est passée d'un simple suivi de la destination des animaux dans le cadre de la lutte contre les maladies à un suivi de tout ce qui concerne un animal, que ce soit pour l'exportation, la garantie des produits et la surveillance des maladies.
Je fais partie du groupe de travail canadien sur la fièvre aphteuse. Hier, nous avons longuement discuté de la pertinence d'utiliser des vaccins et d'une stratégie de vaccination. Comment pouvons-nous savoir si un animal a été vacciné? Comment savoir à quel moment nous devons prendre la décision de dépeupler? C'est très complexe. Il ne s'agit pas simplement de savoir où sont allés les animaux; cela englobe tout ce qui est arrivé à cet animal pendant sa vie et qui est important pour quelqu'un d'autre plus loin dans la chaîne.
Pour réaliser notre mandat qui est d'assurer la traçabilité et d'intégrer toutes ces exigences, nous avons jugé que ce qui existait au Canada — sans vouloir manquer de respect à mes homologues — n'était pas suffisant pour faire tout cela dans un système unique, ce qui est vraiment nécessaire. La Fédération canadienne du mouton a donc développé une nouvelle technologie à partir de zéro.
Vous serez surpris d'entendre les mots « Fédération canadienne du mouton », « chaîne de blocs » et « intelligence artificielle » dans la même discussion.
Nous avons conçu un système de traçage. À la base, il est conçu pour répondre aux exigences réglementaires en matière de suivi des maladies, et il le fait. De plus, notre industrie doit pouvoir balayer une étiquette pour obtenir de l'information sur un animal, et notre système répond à ce besoin. Nous avons demandé à l'industrie de nous dire ce qu'elle attendait du système, et voilà.
Les différents acteurs ont différents besoins pour ce qui est des renseignements recherchés. Cependant, l'objectif de notre technologie et de notre travail en matière de traçabilité est de créer un système, une façon d'intégrer l'information sur un animal, qui consigne, par exemple, si l'animal est certifié exempt de maladie pour l'exportation ou s'il fait partie d'un programme d'assurance pour répondre à une exigence d'exemption de produit imposée par un pays exportateur. Toutes les données que nous recueillons sont incluses de l'historique de l'animal à mesure qu'il se déplace dans la chaîne d'approvisionnement. Grâce à la traçabilité, nous établissons un lien entre un acteur et le suivant, et nous transmettons cette information avec l'animal.
Nous avons commencé à travailler là‑dessus en 2019. Peu de temps après, nous avons réalisé une étude de cas d'utilisation avec la communauté des organismes de réglementation fédéraux et l'ACIA, et cette étude a confirmé que la chaîne de blocs serait la solution la plus appropriée pour assurer la traçabilité du bétail. Nous avons connu des hauts et des bas depuis ce temps.
Pour ce qui est de ce système, de cette technologie que nous avons développée, nous avons maintenant soumis une proposition à l'ACIA pour qu'il soit adopté dans l'espace réglementé pour la traçabilité au Canada.
Les transporteurs de bétail n'ont pas d'aires de repos spécifiques où ils peuvent s'arrêter. S'ils ont épuisé leurs heures de service, ils utilisent les installations disponibles. Les aliments, l'eau et les aires de repos sont rares, et ils sont mal équipés pour accueillir les chauffeurs de camion et le bétail.
Le problème est le suivant: ces camions s'arrêtent dans les relais routiers, tout comme le font les cargos et les remorques de marchandises, et restent là.
Les gens parlaient de ventilation passive; s'il fait 30 degrés Celsius à l'extérieur et qu'il y a des pavés... J'emprunte trop souvent la 401, et c'est au mieux un cauchemar. Ces relais routiers sont très fréquentés par les camions et par le public, qui sort pour se dégourdir les jambes et se promener.
Maintenant, vous avez une remorque pleine d'animaux à 30 degrés Celsius sans ventilation, arrêtée parce qu'elle a atteint le maximum de ses heures de service et qu'il n'y a pas d'autres endroits pour le faire. Les gens regardent les animaux, s'inquiètent et essaient de leur donner de l'eau, ou ils vont voir le chauffeur du camion et lui disent: « Qu'est‑ce que vous faites? Il y a un problème. Vous devez faire quelque chose ».
Voulons-nous que ce chauffeur de camion dise: « Le gouvernement m'oblige à le faire? »
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En tant que secteur de l'élevage, nous ne sommes pas nombreux. Nous sommes cinq ou six. Nous nous réunissons tous très souvent dans la même pièce.
En ce qui concerne la traçabilité, nous travaillons tous ensemble sur les réglementations et, dans une certaine mesure, sur la technologie. Il s'agit d'identifier les animaux à des fins de traçabilité, car la traçabilité consiste à identifier les animaux, à identifier les lieux, puis à identifier le moment où les animaux se rendent dans ces lieux et à les suivre afin de pouvoir remonter en arrière et comprendre qui et quoi peut être impliqué en cas d'apparition d'une maladie.
D'un point de vue technologique, notre système de traçabilité est basé sur la chaîne de blocs, et nous l'avons construit pour nous-mêmes. Nous serions la première industrie du secteur de l'élevage à l'introduire à cette échelle. Il y a eu de nombreux projets pilotes.
Nous sommes tout à fait disposés à partager cette expérience avec quiconque souhaiterait l'explorer, mais nous ne voulons pas... Je ne veux pas parler de vol de parts de marché et nous ne sommes pas tous en concurrence dans le domaine des bases de données de traçabilité, mais...
Nous le ferons. L'avantage d'être un secteur tranquille et soucieux de l'environnement — je ne dirai pas que nous sommes petits, car c'est le mot que j'aime le moins au monde — c'est que c'est un excellent terrain d'essai pour voir comment cela pourrait fonctionner dans un espace réglementé.
En ce qui concerne l'identification, je pense que vous parliez de la technologie RFID qui permet d'identifier l'animal, qui est un pilier de ce système. Nous utilisons la technologie RFID. Elle est encore lente si l'on veut que les rapports de traçabilité soient rapides et efficaces et que la charge administrative soit réduite pour les parties prenantes.
Nos outils d'IA ont commencé par utiliser la reconnaissance faciale du bétail comme forme d'identification afin de pouvoir saisir des renseignements sur l'animal de manière autonome. Nous avons conçu les nôtres pour qu'ils fonctionnent à partir d'un téléphone portable. Vous pouvez les identifier à partir d'un téléphone portable, d'une caméra en réseau et d'un site intermédiaire à haut volume qui capture l'identification, enregistre la date et l'heure et géolocalise l'événement. C'est la grande majorité des rapports sur les mouvements.
Bien que l'on me regarde souvent comme si j'avais trois têtes et que l'on s'interroge sur ma santé mentale lorsque je dis que je veux une reconnaissance faciale pour les moutons, la réalité ou l'objectif est d'évoluer vers une collecte de données autonome dans ce domaine afin d'alléger le travail que les gens doivent faire. La question de l'importance d'un système de traçabilité n'a jamais été à l'origine des réticences que nous avons toujours rencontrées à ce sujet. Tout le monde est fondamentalement d'accord sur ce point. Tout le monde est d'accord sur ce point. Tout ce qui a été dit à propos de la réglementation, c'est qu'il sera difficile de la mettre en œuvre avec la technologie dont nous disposons. Je pense simplement que quelqu'un aurait dû passer ces 10 années à chercher comment résoudre le problème technologique qui rendait les choses difficiles, plutôt que de se préoccuper outre mesure de la difficulté de la chose.
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Dans notre secteur, nous avons toujours appelé la transition de l'inspection provinciale à l'inspection fédérale le baiser de la mort. Le caractère saisonnier et la taille de notre secteur font que les installations inspectées par le gouvernement fédéral, dont la réglementation et les coûts d'entretien sont plus élevés, ont du mal à survivre.
Pour nous, il ne s'agirait pas nécessairement d'investir massivement dans l'infrastructure — les bâtiments physiques où s'effectue la transformation — mais plutôt d'alléger les barrières commerciales interprovinciales liées au transport de la viande d'une province à l'autre. Nous avons vu des exemptions à cet égard au cours de la COVID.
Je comprends qu'il y a du travail à faire, mais pour nous, je pense que cela résout vraiment le problème. On ouvre alors la porte aux industries et aux secteurs — enfin, pas aux secteurs; nous ne faisons pas toujours notre propre transformation — et aux collectivités qui veulent s'engager dans cette voie, pour qu'ils comprennent qu'ils peuvent maintenir une installation de transformation de taille durable dans leur région et servir leur collectivité, tout en acheminant la viande là où se trouve le principal marché.
Nos marchés pour l'agneau sont Vancouver, Toronto, Ottawa et Montréal, mais l'élevage de moutons dans la vallée de l'Outaouais... Je ne sais pas si vous avez essayé d'acheter une maison près d'Ottawa récemment. J'habite dans la région. On ne peut pas vraiment se permettre d'élever du bétail sur un terrain qui vaut 100 000 $ l'acre. On le déplace ailleurs.
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Je vais simplement résumer certains des témoignages que nous avons entendus aujourd'hui.
J'entends dire qu'il faut plus de clarté. Une recommandation qui devrait probablement émaner de ce comité serait d'examiner les paragraphes 76(1) et 76(2) et de s'assurer que l'idée de la sécurité des animaux sera prise en considération dans des circonstances imprévues. J'aimerais que tout le monde approuve d'un signe de tête que ce soit l'une des recommandations que vous attendez de ce comité.
La deuxième recommandation est une chose dont nous avons parlé. Il est évident qu'il est un peu plus difficile de modifier les règlements, et cela se fait par l'intermédiaire de Transports Canada et d'Agriculture et Agroalimentaire Canada. Une autre chose que nous aimerions voir, c'est une plus grande intégration avec ce qui se passe aux États-Unis.
J'aimerais savoir si votre groupe a soumis quelque chose à Transports Canada ou à Agriculture et Agroalimentaire Canada pour tenter d'intégrer certains de ces règlements.
Le traité transfrontalier que nous avons conclu avec notre principal partenaire commercial, les États-Unis, est évidemment important, en particulier dans le secteur de l'élevage. Je me demande si vous avez eu des conversations avec les ministères. Si oui, comment cela s'est‑il passé? Votre groupe prévoit‑il de présenter une demande et d'avoir d'autres entretiens pour s'assurer que nous pouvons mieux intégrer ces réglementations avec les États-Unis?
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J'ai juste un commentaire à faire. Nous ne nous sommes pas adressés directement au comité, mais les groupes nationaux de l'élevage travaillent sur cette question depuis plus d'un an. Nous avons un groupe qui s'est réuni assez régulièrement et qui a communiqué et rencontré le personnel des ministres de l'Agriculture et des Transports pour discuter de la question.
Ce serait d'une importance cruciale, et voici pourquoi. En ce qui concerne la question de savoir s'il s'agit d'une question de bien-être animal, les inspecteurs sont des inspecteurs du ministère des Transports, pas des spécialistes du bien-être animal, et le problème, lorsqu'on s'en tient à une simple orientation, est que cela devient très subjectif.
L'étalon‑or serait une modification de la réglementation et, dans l'intervalle, des orientations solides. Au minimum, les secteurs de l'élevage soutiennent la dissidence CLT, ou Canadian Livestock Transport, de Santé animale Canada, qui forme les chauffeurs de camion au transport sans cruauté.
Si nous voulons donner des conseils aux fonctionnaires de Transports Canada pour déterminer s'il y a un problème de bien-être animal, je pense qu'il est tout à fait indiqué qu'ils suivent cette formation. Je pense que nous avons créé un deuxième niveau pour les inspecteurs — les inspecteurs gouvernementaux ou autres — afin qu'ils apprennent ce qu'est le transport sans cruauté grâce à cette formation. Au minimum, j'encouragerais vraiment le comité à envisager que les inspecteurs utilisent cette formation à titre d'orientation.
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Merci, monsieur le président.
Je veux évidemment remercier les témoins qui sont devant nous aujourd'hui sur cette question importante.
Mes questions s'adresseront d'abord au Dr Reynen. J'ai quelques questions concernant le bien-être des animaux.
Nous nous trouvons dans une situation quelque peu paradoxale entre les règlements de l'ACIA. Pour les bovins adultes ou sevrés, le nombre maximum d'heures de transport avant un arrêt est de 36 heures. Avec les DCE, on parle de 12 à 13 heures. Il y a un peu de flexibilité, mais si nous devions ajouter cette précision à 276 kilomètres, nous pourrions dire qu'il s'agit de trois heures supplémentaires.
Je suis favorable à une plus grande clarté des DCE. J'y suis favorable, mais lorsque nous défendons la question du bien-être animal, nous nous retrouvons, du côté du transport humain, à dire que l'on peut conduire jusqu'à un maximum de 19 heures dans des cas extrêmes avant de s'arrêter.
Je suis simplement préoccupé par... Évidemment, il y a le nombre maximum d'heures — 36 heures contre 19 heures — et si nous nous limitons au nombre maximum d'heures, si Transports Canada se retourne et dit: « Hé, l'ACIA, nous en sommes à 19 heures: Est‑ce une question de bien-être animal? », l'ACIA répondrait: « Non, parce que nous ne nous préoccupons pas de ce qui est inférieur à 36 heures. Nous nous en moquons. »
Pouvez-vous expliquer à ce comité pourquoi il pourrait y avoir d'autres préoccupations en matière de bien-être animal, et que ce n'est pas nécessairement autour des durées mais des impacts du déchargement, par exemple?
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C'est une excellente question, et vous avez mis le doigt dessus. Il y a une grande différence entre les règles relatives à la durée du transport du bétail et celles relatives à la durée du transport des animaux par la personne qui les transporte. Une étude publiée il y a un an ou deux a montré que si l'on compare les animaux qui se reposent sur de longues distances à ceux qui se reposent sur des distances modérées, jusqu'à 36 heures, les animaux s'en sortent mieux sur les longues distances.
Le problème, c'est que lorsqu'on s'arrête, qu'on les décharge et qu'on les place dans un endroit auquel ils ne sont pas habitués, puis qu'on les recharge, ils se demandent « Oh, où est tout? », et ils sont très stressés, même s'il y a de la nourriture et de l'eau. Il y a une grande différence. Souvent, ils ne se sentent pas à l'aise. Ils ne s'assoient pas, ne mangent pas et ne boivent pas comme nous l'attendons d'eux.
Les animaux peuvent tolérer des voyages plus longs. C'est ce qu'a montré cette étude récente, mais nous devons travailler ensemble, les deux groupes, et nous en sommes conscients. Nous ne voulons pas mettre les conducteurs en danger, mais la science est claire: nous pouvons voyager plus longtemps pour le bien de l'animal, mais le camion est toujours en mouvement. C'est là qu'intervient une grande partie des préoccupations. Lorsque nous avons un arrêt imprévu sur le bord de la 401 et qu'il fait 30 degrés Celsius sans que l'air circule, c'est un problème majeur.
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C'est très bien. Je vous remercie.
[Français]
Monsieur Lampron, je suis heureux de pouvoir m'adresser à vous par vidéoconférence.
Après plusieurs rencontres avec les parties prenantes, ce que je comprends, c'est que les gens de Transports Canada ont écouté vos revendications. Ils vous ont dit, de vive voix, que vous étiez déjà couverts par la réglementation.
Par contre, on sait très bien qu'au Canada, par exemple, on peut conduire à 100 kilomètres à l'heure sans se faire arrêter par la police. On peut même conduire jusqu'à 118 kilomètres à l'heure sur l'autoroute 40 ou l'autoroute 20, au Québec, sans être inquiété par la police. Cependant, la loi dit que la limite est de 100 kilomètres à l'heure.
Ce que vous cherchez, c'est donc d'obtenir une clarification de Transports Canada pour éviter que les transporteurs se retrouvent dans le pétrin.
Est-ce bien cela?
Il est évident que nous sommes tous très préoccupés par le bien-être des animaux, et c'est primordial, mais bien sûr ces règlements ont également été mis en place pour protéger les conducteurs et pour protéger les gens le long de la très fréquentée 401, que j'emprunte également. Si l'on parle de toutes ces questions d'urgence qui se posent, comme les accidents, il est certain que l'on augmente les risques d'accident si le conducteur est très fatigué.
Peut-être que la FCA peut faire des commentaires — ou quiconque, en fait, qui veut intervenir — sur ce qui pourrait être exigé du gouvernement fédéral dans le cadre de ces considérations sur les transports pour protéger ces conducteurs, même lorsqu'ils demandent ces exemptions, parce que beaucoup de choses leur incombent.
Y a‑t‑il d'autres recommandations pour protéger ces chauffeurs contre les employeurs ou autres afin de s'assurer que nous trouvons cette flexibilité tout en continuant à rechercher le bien public et le bien des employés?
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J'aimerais beaucoup participer à cette suggestion, car nous ne voulons absolument pas nuire à la santé humaine. Il s'agit d'une approche « une seule santé » dans l'agriculture. La sécurité des conducteurs est très importante.
Nous parlons de retards au début et à la fin des trajets. Ce temps compte pour le temps de conduite, mais ce n'est pas vraiment du temps de conduite. Souvent, le temps de conduite est la partie la plus fatigante du voyage pour le conducteur. J'ai grandi dans un environnement de vente aux enchères, et j'ai donc été trop souvent dans des camions à plusieurs étages.
La différence et le défi des DCE par rapport au papier, c'est qu'avec le papier, quand le camion était chargé, on le marquait et on le déplaçait. Les DCE entrent en action à une vitesse de cinq miles par heure. Le camion, dans une cour de criée ou dans un parc d'engraissement, peut faire plusieurs arrêts à plusieurs enclos, et chacun de ces arrêts fait démarrer son temps. Il démarre son temps et compte pour lui. Cependant, l'ensemble de l'opération de chargement peut durer des heures.
Nous apprenons à nos chauffeurs de camion et à nos manutentionnaires à charger les animaux dans ces remorques avec respect. Si vous les avez vus, vous savez qu'ils doivent monter une rampe, descendre une rampe, monter la rampe à l'arrière et revenir par là. On ne peut pas faire cela rapidement et s'assurer que les animaux sont en sécurité lorsqu'ils montent et descendent de ces remorques. On charge lentement et prudemment les animaux et on les déplace d'une rampe de chargement à l'autre pour remplir le camion. Pour les moutons, il s'agit de 400 animaux sur une remorque, et ils ne viennent pas tous du même endroit. Tout ce temps passé à charger les animaux fait désormais partie de votre temps de conduite, alors que ce n'était pas le cas avec le papier. Votre temps de conduite se résumait à ceci: « Je suis chargé et je sors de l'allée. » C'était le temps de conduite.
Je pense que c'est là que se situe la différence — c'est là que les DCE entrent en action. Je ne pense pas que nous modifions le temps de conduite total suggéré pour les camions. Peut-être que si. Je peux me tromper. J'aurais dû mieux me renseigner. Cependant, le fait est qu'il y a maintenant un délai, qui est pris en compte. C'est le temps qu'ils ont passé au volant, et c'est là que le problème commence à se poser.
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La séance est à nouveau ouverte.
Je souhaite la bienvenue à notre deuxième groupe de témoins ici présents pour notre étude sur les exigences relatives aux dispositifs de consignation électronique et le transport du bétail.
J'aimerais accueillir, de l'Alberta Beekeepers Commission, Ron Greidanus, qui est le délégué et directeur du Conseil canadien du miel.
Bienvenue, monsieur Greidanus. C'est un plaisir de vous revoir.
De Thunder Bay, en Ontario, nous recevons Andrew Livingston, président de la Barn Feed & Livestock Company.
Monsieur Livingston, bienvenue dans notre comité aujourd'hui. Nous sommes heureux de vous accueillir.
Nous allons inviter nos deux témoins à faire une déclaration liminaire de cinq minutes. Ensuite, nous aurons deux séries de questions de la part des membres de notre comité.
Nous allons commencer par M. Greidanus, pour cinq minutes.
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Je tiens à remercier le Comité d'avoir pris le temps d'étudier cette question des registres électroniques et d'avoir inclus l'Alberta Beekeepers Commission. Nous apportons un problème unique aux exigences des DCE.
Comme beaucoup d'entre vous le savent, je suis apiculteur à Stettler, en Alberta. Je pollinise des semences de canola hybride et je produis une énorme quantité de miel. Nous avons environ 3 600 ruches.
Mes collègues ont déjà abordé de nombreux points importants dans leurs présentations précédentes. Mon objectif est de faire ressortir les aspects uniques du transport des abeilles et de montrer que ce transport présente des défis et des préoccupations similaires dans le cadre de la réglementation actuelle, mais qu'il est également très différent en termes de risque pour la sécurité publique, ce qui n'est pas envisagé actuellement dans l'application de la réglementation et l'utilisation des DCE.
Tout d'abord, nous rappelons que les demandes et les recommandations formulées aujourd'hui ne concernent que les mouvements interprovinciaux d'abeilles. Les mouvements d'abeilles à l'intérieur d'une province sont régis par les lois provinciales.
Les abeilles mellifères, comme tout le bétail, sont soumises à la loi sur la santé des animaux. Bien qu'il soit étrange d'envisager le bien-être des animaux en termes d'abeilles mellifères, le transit d'un endroit à l'autre est très stressant pour les abeilles. Nos principales préoccupations sont la santé et la viabilité des abeilles, la sécurité des conducteurs et des véhicules, ainsi que la sécurité du public. Il est peut-être important de préciser que lorsque les camions transportant des abeilles sont arrêtés, les abeilles deviennent un risque pour le public dans cette zone générale, en particulier si elles sont arrêtées au milieu de la journée et qu'il fait chaud.
En général, les abeilles sont déplacées pour les raisons suivantes: nous déplaçons les ruches pour remplir les champs pour la pollinisation contractuelle. Nous déplaçons les abeilles lorsque nous recevons des paquets en provenance de l'étranger, du port d'entrée au lieu de résidence de l'apiculteur. Nous ramenons les abeilles sur le lieu de l'exploitation après l'hivernage dans des climats plus chauds.
Pendant le transport, nous prenons très au sérieux le bien-être de nos abeilles et la sécurité publique. Nous reconnaissons que les réglementations sont importantes; cependant, dans ces cas, les réglementations peuvent avoir un impact négatif sur le bétail et la sécurité publique.
Pour aller plus loin, lorsque nous déplaçons des abeilles, nous prévoyons où nous allons prendre du carburant, quand nous allons en prendre, quand nous allons nous arrêter pour prendre l'eau et où nous allons nous arrêter pour nous reposer.
L'Alberta Beekeepers Commission recommande de modifier la réglementation pour l'aligner sur celle des États-Unis, qui autorise un rayon de 150 miles aériens à partir de l'origine ou de la destination dans des circonstances imprévues. Reconnaissant que cela prendrait un certain temps à court terme, nous, ainsi que les autres secteurs présentés à ce comité, recommandons la création d'un document d'orientation à fournir aux conducteurs et aux agents d'exécution afin d'apporter plus de clarté, de sorte que le fait de faire la bonne chose lorsque le plan tombe à l'eau ne soit pas puni de manière injuste. Nous ne demandons pas d'exemption, mais de la flexibilité et de la discrétion en ce qui concerne l'application des heures.
Les apiculteurs doivent charger leurs camions le soir ou tôt le matin, lorsque toutes les butineuses qui se trouvent dans la ruche sont rentrées. Vous ne voulez pas charger une pile de ruches et laisser 90 % de vos abeilles voler à l'extérieur, de sorte qu'à leur retour, elles se demandent: « qu'est‑il arrivé à notre maison? »
La plupart des déplacements d'abeilles se font de nuit, mais sur les longs trajets, les camions ont besoin de... Au Canada, les nuits sont très courtes et les jours très longs, si bien que sur les longs trajets, les camions doivent fonctionner pendant la journée. Cela représente un danger unique pour les voyageurs. Ces voyages sont soigneusement planifiés et orchestrés avec des imprévus, car rien ne se passe jamais comme prévu, jusqu'au lieu et au moment de faire le plein, à la vitesse à laquelle il faut rouler et à l'endroit où l'on va aller aux toilettes, le cas échéant.
En raison des économies d'échelle, de nombreux apiculteurs utilisent des équipements de plus en plus grands pour transporter les ruches, les abeilles emballées et le miel à travers le pays. La nécessité de déplacer les abeilles découle de la dépendance à l'égard de l'apis mellifera, la sécurité alimentaire et de la nécessité de rendre l'industrie plus résistante face aux pertes hivernales.
Le plus souvent, les abeilles sont transportées par le producteur sur son propre matériel. Comme nous devons effectuer de longs trajets et que nous avons besoin des abeilles en temps voulu, beaucoup de transporteurs commerciaux ne veulent pas transporter les abeilles, et ce sont donc les apiculteurs eux-mêmes qui se chargent du transport.
L'Alberta Beekeepers Commission recommande de modifier l'article 2(1)a) du règlement, où il est question d'« application », afin de refléter les réalités actuelles de l'agriculture. Alors que la plupart des producteurs agricoles transportent maintenant leurs produits à l'aide de tracteurs semi-remorques, un nombre important de producteurs des Prairies ont pris de l'expansion au point d'opérer au‑delà des frontières juridictionnelles. L'article 2(1)a), qui limite la définition aux camions à deux et trois essieux, est trop étroit. La plupart des producteurs commerciaux conduisent des équipements bien plus grands que cela.
Nos secteurs et nos conducteurs veulent avoir l'assurance qu'une menace pour la santé, la viabilité et la sécurité publique est considérée comme une situation d'urgence. Le règlement ne contient aucune définition du terme « urgence ». La définition des « conditions défavorables », qui va au‑delà des accidents de la circulation ou des conditions météorologiques, inclut également des situations telles que des retards dus à des fermetures de routes, des accidents, de la fumée ou, quoi qu'il en soit, des conditions météorologiques et d'autres circonstances imprévues. À ce stade, il n'existe aucune définition de ce qui constitue une situation d'urgence. Des circonstances imprévues qui surviennent sur la route peuvent, dans l'esprit d'un producteur, constituer une urgence, mais pas pour un agent de contrôle. C'est un problème.
Déplacer des abeilles pendant la journée et par temps chaud est faisable. S'arrêter pour faire le plein, ne serait‑ce que deux minutes, ou pour aller aux toilettes ne l'est pas. S'arrêter représente un danger réel et immédiat pour tous les autres usagers de la route. Les abeilles veulent voler lorsque le soleil brille. S'arrêter, même pour quelques minutes, lorsque le soleil brille, représente un danger clair et très réel pour les voyageurs.
Les changements demandés par l'Alberta Beekeepers Commission auraient un impact positif sur les apiculteurs de tout le Canada, comme les apiculteurs du Manitoba qui déplacent leurs ruches en Colombie-Britannique pour l'hivernage et les apiculteurs de l'Ontario qui déplacent leurs ruches dans les Maritimes pour la pollinisation des myrtilles.
J'ai quelques anecdotes personnelles d'événements imprévus qui ont vraiment perturbé le déplacement des abeilles. Si vous en avez le temps, j'aimerais pouvoir les lire pour le compte rendu.
Merci beaucoup pour votre temps.
Je m'appelle Andy Livingston. Ma femme et moi dirigeons la station d'alimentation et d'abreuvement de Thunder Bay appelée The Barn. Nous nous occupons de tout le bétail qui va vers l'est et vers l'ouest. Nous sommes en plein centre du pays. Nous faisons passer entre 240 000 et 250 000 animaux par an. C'est un type d'entreprise unique. En termes simples, il s'agit d'une chambre et petit-déjeuner pour le bétail.
Les animaux sont amenés dans des semi-remorques, déchargés et placés dans des enclos où ils disposent de nourriture et d'eau en suffisance et d'un endroit pour se coucher et se reposer. Parallèlement, les camionneurs logent dans leurs camions, mais nous disposons ici d'une installation semblable à un relais routier. Nous disposons d'une cuisine, de toilettes, de douches, d'une laverie et d'un endroit commun où tout le monde peut se détendre.
La durée moyenne ici est d'environ huit à neuf heures, mais depuis l'entrée en vigueur des DCE, nous voyons de plus en plus de conducteurs qui doivent s'asseoir sur une période de repos de 36 heures. Lorsque cela se produit, les choses deviennent très compliquées ici, car cet enclos est occupé par trois ou quatre équipes et personne ne veut payer les factures supplémentaires.
Selon moi, les DCE et le bétail ne devraient pas faire partie de la même phrase. Il s'agit d'animaux vivants, et il y a un long chemin, de Clyde, en Alberta, à la ville de Québec. Lorsqu'ils doivent arriver à une heure d'ici et s'arrêter pendant huit heures afin de conduire une heure pour arriver ici et s'arrêter encore huit heures, ils perdent beaucoup de temps et le conducteur ne gagne pas d'argent. Il est dans le no man's land. Tout le monde l'oublie.
Il n'est pas bon pour les animaux d'être assis sur le bord de la route, de ne bouger que pendant une heure et de descendre ensuite du camion. S'ils se déplacent, il faut les arrêter et les faire descendre du camion pour qu'ils puissent se détendre et prendre leur temps.
Ce que nous constatons ici, c'est une augmentation de la mortalité et du nombre d'animaux blessés à leur arrivée. Cela s'explique par le temps qui leur est imparti. Ils doivent rouler à un rythme relativement soutenu et ne peuvent pas se permettre de s'arrêter 15 minutes pour contrôler leur bétail, car s'ils le font, ils n'arriveront pas à destination.
Il faut s'arrêter avec un chargement de bétail. Il faut s'arrêter toutes les trois ou quatre heures et jeter un coup d'oeil rapide à ce qui se passe dans la remorque derrière soi. Relevez les baisses et réorganisez la position de chacun dans la remorque s'il le faut. Tout cela prend du temps, et ces 15 minutes ici et 15 minutes là ne font que réduire votre temps de conduite total.
Dans le Nord de l'Ontario, il y a 2 000 kilomètres d'autoroute à deux voies. C'est probablement la pire autoroute du monde. C'est un véritable désastre, avec les transporteurs de marchandises et de bétail qui essaient tous de partager la même route. Avec les DCE, tout le monde roule à 105 kilomètres à l'heure parce que nous devons gagner du temps — nous devons gagner du temps. Le temps est la seule chose dont tout le monde tient compte. Il suffit d'un accrochage ou d'une intempérie, par exemple, pour que la route soit fermée. Il n'y a rien à faire pour qu'elle soit fermée pendant 18 heures d'affilée.
Ici, nous sommes débordés par les fermetures de routes. Nous avons la capacité de traiter 22 chargements de bétail, mais il nous est arrivé d'en recevoir 38 en même temps à cause des fermetures de routes. Pourquoi y a‑t‑il des fermetures de routes? Parce que les DCE obligent les gens à conduire de manière erratique.
J'ai conduit un camion pendant un certain temps et je sais de quoi il s'agit. Je ne suis donc pas un grand fan d'une machine qui me dit quand dormir et quand aller travailler. Vous faites ce que vous avez à faire, à votre rythme, et vous vous débrouillez pour que ça marche.
Durant la pandémie, notre organisme était un des rares dont les bétaillères comportaient un espace pour manger et prendre une douche. Cet espace était toujours là, peu importe que la bétaillère roule à vide vers l'ouest ou qu'elle soit chargée pour revenir à l'est. Nous prenions grand soin de tous les conducteurs, mais également du bétail.
Sur la route à deux voies entre West Hawk et North Bay, il y a très peu d'endroits sûrs, s'il y en a, où les camionneurs peuvent s'arrêter pour se reposer. Beaucoup de restaurants locaux ont fermé et les accès sont bloqués, et les camionneurs ont perdu des places de stationnement. On voit de plus en plus de camions garés le long des routes ou sur ce que nous appelons les zones de manœuvre des chasse-neige. Il y a tout juste de la place pour deux ou trois camions, dont un qui débordera sur la route et qui risque à tout moment de se faire frapper.
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Merci beaucoup. Ce sont de très bons exemples de conséquences inattendues.
Vous avez mentionné tout à l'heure qu'il peut arriver qu'un conducteur soit à une heure de l'étable, qu'il doive s'arrêter et attendre huit heures sur le bord de la route avant de repartir pour décharger le bétail une heure après. C'est une source de stress additionnelle. S'il pouvait rouler une heure de plus, il pourrait se rendre à l'étable et décharger le bétail, qui pourrait se reposer, manger et boire, et il pourrait reprendre la route après.
Ne serait‑ce pas beaucoup mieux pour la sécurité de ces animaux?
J'aimerais que vous nous expliquiez comment ce serait mieux pour les conducteurs si, en cas d'imprévu, on leur accordait plus de latitude, s'ils n'avaient pas à s'en faire pour les contraventions ou les points d'inaptitude si un patrouilleur les arrête.
Donner la possibilité aux camionneurs de rouler une heure ou une heure et demie de plus pour amener les animaux vers un endroit plus confortable, c'est ce que nous visons, de même que la mise en place de principes directeurs pour assurer des conditions optimales pour les conducteurs et les animaux.
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Les abeilles aiment voler. Elles n'aiment pas rester à l'intérieur de la ruche, surtout s'il fait soleil. Sur la route, même s'il y a un filet sur les ruches à l'arrière du camion, des abeilles vont réussir à sortir. Elles veulent sortir. À l'arrière du camion, elles ont chaud et elles veulent ventiler la ruche. Quand on arrête le camion, on ne peut pas s'asseoir et siffler pour les faire revenir. Elles explorent les alentours. La seule option est de partir, en laissant un essaim d'abeilles derrière.
Les jours de beau temps, ce n'est pas rare de voir un petit essaim d'abeilles autour des petits réflecteurs ou des arbres qui longent les routes. Elles ont perdu leur maison. La première chose qu'elles font est de sortir et de faire un vol d'orientation. Si vous vous trouvez à cet endroit… Quiconque s'arrête à ces endroits risque fort de se faire piquer.
J'ai suivi la conversation. Le problème lié aux DCE n'est pas simple. Je pense que vous connaissez tous la chanson Convoy de Paul Brandt, dont un des couplets va comme suit:
We tore up all of our swindle sheets
And left 'em sittin' on the scales
Les camionneurs ne peuvent pas déchirer les feuilles de leur carnet de bord et les laisser sur la balance. Les carnets de bord et les DCE ont leur raison d'être et ils sont nécessaires. Il faut trouver un équilibre entre payer les factures et prendre soin de soi. Tous ceux qui conduisent un camion le font pour gagner leur vie, mais il faut quand même prendre soin de soi. Lorsque des circonstances imprévues se produisent sur la route… La fatigue du conducteur n'est pas le seul risque. Ce n'est pas le seul danger sur la route. Quand je transporte des abeilles et qu'il survient un imprévu, je pense toujours aux autres véhicules autour de moi sur la route. Je suis garé, je suis arrêté, mais que va‑t‑il arriver aux abeilles? Est‑ce qu'elles vont s'envoler?
Il y a des années en arrière, je voulais agrandir mon entreprise. Un apiculteur de Keremeos vendait des ruches et j'ai décidé de les acheter. Je me suis mis en route pour aller chercher les abeilles à Keremeos. C'était à la mi‑mai, en pleine fonte des neiges. Il pleuvait… C'était un beau cocktail météo. Mon plan était de me rendre à l'endroit où se trouvaient les ruches, de les charger à partir de 18 heures, donc tôt en soirée pour que je puisse repartir avant 20 heures et arriver à Sicamous, qui est à 3 heures de route environ…
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Merci beaucoup. C'est très aimable. Je serai bref.
Le plan était de charger les ruches à partir de 18 ou 19 heures, d'attaquer la route vers 20 heures pour atteindre Sicamous, de dormir 6 heures, de faire le plein et de faire le dernier bout entre Sicamous et Stettler, le tout en respectant la limite de 12 heures.
Nous avons commencé à charger les abeilles à l'heure prévue, mais à cause de la pluie et de la fonte des neiges, la rivière débordait à Keremeos. Dans le champ où le fermier avait installé les ruches, la rivière a débordé assez loin pour nous empêcher de sortir. L'apiculteur a dû sortir toutes les ruches du champ pour pouvoir y entrer, et nous avons dû charger trois camions durant la soirée, soit une remorque à plateau surbaissé, mon camion à essieu tandem équipé d'une plateforme de 32 pieds, et un autre camion.
Nous avons réussi à les charger, mais quand nous avons essayé de partir, le camion à remorque à plateau surbaissé s'est enfoncé dans la boue laissée par la rivière en crue, et nous avons dû attendre dans le champ jusqu'à 3 heures du matin. C'est une excavatrice qui nous a sortis du champ.
À ce moment, il était 3 heures et j'étais très en retard sur mon plan. J'étais encore à Keremeos. Je ne pouvais pas décharger mon camion parce que cela m'aurait forcé à attendre jusqu'au soir pour le recharger et partir. La rivière ne montrait aucun signe de regagner son lit. Je me suis donc levé, je suis sorti du champ, j'ai conduit un petit moment jusqu'à la première station-service sur mon chemin, j'ai fait le plein, j'ai dormi dans mon camion une heure et demie et j'ai repris la route.
Sur la route de retour, il y avait un chantier de construction au col Kicking Horse. Comme je transportais des abeilles, je me suis arrêté à un demi-mille derrière la file de voitures et j'ai allumé mes clignotants. J'ai couru jusqu'à l'avant de la file. Je ne pouvais pas m'arrêter très longtemps sur le bord de la route parce que des abeilles risquaient de s'envoler et quiconque avait sa fenêtre ouverte risquait vraiment de se faire piquer. Il faut savoir qu'une piqûre d'abeille peut provoquer une réaction anaphylactique chez 10 % de la population.
L'entreprise de construction a compris et, après un message radio, j'ai obtenu une autorisation spéciale de traverser la zone de construction et de passer devant les voitures arrêtées.
Ce devait être un voyage bien planifié, qui respectait amplement les heures de conduite maximales. Finalement, j'ai fait une journée de 16 heures pour retourner à Stettler. Ce n'était vraiment pas agréable.
Comme je l'ai dit, nous transportons des abeilles. Je fais seulement trois ou quatre voyages de ce genre par année. Je peux avoir un carnet de bord dans mon camion, mais pour trois ou quatre voyages… Mes autres déplacements sont régis par les lignes directrices provinciales. La fatigue des conducteurs n'est pas le seul danger. Il y a d'autres sources de danger et d'autres facteurs à prendre en considération quand il est question des heures de service.
Dans le cas des abeilles, il faut prévoir que des abeilles vont s'enfuir durant le trajet, même si nous installons des filets. Qu'est‑ce qui va arriver si le conducteur arrête en plein jour, ne serait‑ce que deux ou trois minutes? Quels sont les autres dangers pour les autres usagers de la route?
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Merci beaucoup, monsieur Greidanus.
Je crois que vous avez mis le doigt sur une question centrale: il faut trouver l'équilibre entre les différents aspects qui touchent la sécurité.
Je suis conscient d'arriver au beau milieu des discussions du Comité sur ce sujet, mais je sais qu'il touche de très près les agriculteurs et les éleveurs de mon coin de pays, Bulkley Valley, dans le Nord-Ouest de la Colombie-Britannique. Notre secteur agricole est très florissant, Dieu merci, notamment parce que les agriculteurs peuvent faire transporter leurs animaux vers l'Alberta dans un temps donné.
Dans le passé, il était possible de franchir cette distance en respectant les paramètres fixés. Les nouveaux paramètres vont passablement compliquer les choses. C'est seulement à deux heures de route, mais il y aura une grande différence. Les agriculteurs ne veulent pas être obligés d'arrêter pour faire sortir le bétail alors qu'il reste une heure ou deux de route avant d'arriver du lieu de livraison. Il y aura toutes sortes de problèmes, sur le plan des coûts et du bien-être animal. C'est vraiment un problème qui doit être réglé si nous voulons préserver la viabilité du secteur agricole de Bulkley Valley.
Les abeilles soulèvent un autre enjeu intéressant sur le plan de la sécurité. Les risques de piqûres posent un enjeu de sécurité pour les membres du public qui sont à proximité. La plupart du temps, nous opposons le bien-être animal et les enjeux de sécurité liés à la fatigue des conducteurs sur la route. Je crois que dans ces circonstances, la plupart des gens privilégieraient la sécurité des membres du public, en l'occurrence les automobilistes qui partagent la route avec les conducteurs professionnels. Cela dit, le cas des abeilles est assez unique. C'est un enjeu de sécurité publique qui n'entre pas en ligne de compte pour le transport du bétail, par exemple.
Quand il est question de bien-être animal et des coûts pour les agriculteurs par opposition à la sécurité du public sur les routes, où se trouve le juste équilibre? J'aimerais entendre ce que les témoins en pensent.
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Un certain nombre de modifications seraient nécessaires selon moi. Si on me le demandait, je réécrirais quelques parties de la réglementation.
Premièrement, l'article 2, qui porte sur le champ d'application, prévoit:
(1) Le présent règlement s'applique à tous les véhicules utilitaires, à l'exception des véhicules suivants:
a) les véhicules utilitaires à deux ou trois essieux qui sont utilisés:
(i) soit pour le transport de produits primaires provenant d'une ferme […],
J'élargirais cette disposition pour y inclure, en plus des véhicules utilitaires à deux ou trois essieux, les tracteurs à semi-remorque et d'autres gros véhicules qui tirent des remorques.
Il y a longtemps que les agriculteurs n'utilisent plus seulement des camions à deux ou trois essieux. De nos jours, le secteur agricole utilise de l'équipement beaucoup plus gros.
Je modifierais aussi la définition de « mauvaises conditions » qui est donnée dans la réglementation:
« Conditions météorologiques ou routières défavorables, notamment la neige, le grésil et le brouillard, qui n'étaient pas connues ou n'auraient pu vraisemblablement être connues du conducteur ou du transporteur routier qui a autorisé le conducteur à partir… »
Les mauvaises conditions peuvent inclure un incendie en bordure de route qui produit une fumée si dense qu'elle force à ralentir. Elles peuvent inclure un éboulement de roches qui bloquent la route en terrain montagneux, ou un accident.
Le Règlement ne définit pas les urgences. Ce n'est pas de mon ressort de vous proposer une définition d'urgence, mais il faut y réfléchir. Il faut définir ce qui constitue une urgence et présenter cette définition dans un document destiné aux services de police responsables de l'application et aux conducteurs pour qu'ils sachent exactement quelles conditions n'entraîneront pas une pénalité si le nombre maximal d'heures de service est dépassé.
Je proposerais aussi des modifications liées à l'utilisation d'un carnet de bord électronique aux paragraphes 76(1) et 76(2). Le paragraphe (1) prévoit:
Les exigences relatives aux heures de conduite, aux heures de service et aux heures de repos du présent règlement ne s'appliquent pas en situation d'urgence au conducteur qui a besoin de plus d'heures de conduite pour atteindre une destination assurant la sécurité des occupants du véhicule utilitaire et des autres usagers de la route…
J'élargirais cette disposition pour uniformiser les règles avec celles qui s'appliquent aux États-Unis, où un conducteur qui se trouve à 150 milles de sa destination et qui transporte des animaux vivants ou un produit agricole est autorisé à terminer son trajet. C'est moins stressant. Il peut décider de terminer le dernier petit bout de son trajet. C'est mieux pour les animaux ou les produits transportés, et c'est mieux pour le conducteur. Je ferais ce genre de modifications pour uniformiser notre réglementation avec celle des États-Unis.