:
Je déclare la séance ouverte.
Bienvenue à la sixième réunion du Comité permanent de l'agriculture et de l'agroalimentaire.
La réunion d'aujourd'hui se déroule selon une formule hybride conformément à l'ordre de la Chambre du 25 novembre 2021. Les délibérations sont diffusées sur le site Web de la Chambre des communes. À titre d'information, la diffusion Web montrera toujours la personne qui parle, plutôt que l'ensemble du Comité.
Les captures d'écran ou la prise de photos de l'écran ne sont pas autorisées. De plus, nous respectons les consignes sanitaires imposées par le Bureau de régie interne.
[Traduction]
Chers collègues, nous allons commencer sans plus tarder.
Conformément au paragraphe 108(2) du Règlement et selon la motion adoptée par le Comité le lundi 31 janvier 2022, le Comité reprend son étude de la chaîne d’approvisionnement agricole et agroalimentaire.
Je vais maintenant souhaiter la bienvenue à nos témoins du premier groupe.
Nous accueillons d'abord, par téléconférence, Guy Milette, président du conseil d’administration de l’Association canadienne de la distribution de fruits et légumes, et Ron Lemaire. Bienvenue à vous deux. Nous accueillerons aussi Katie Ward, présidente du Syndicat national des cultivateurs.
[Français]
Nous recevons Mme Catherine Lefebvre, présidente de l'Association des producteurs maraîchers du Québec, et M. Patrice Léger Bourgoin, directeur général de la même association.
[Traduction]
Nous avons cinq minutes pour les déclarations préliminaires, et je cède la parole à M. Milette pour une déclaration préliminaire de cinq minutes au nom de l’Association canadienne de la distribution de fruits et légumes.
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Merci, monsieur Millette, et merci à vous, monsieur le président.
Au nom de l’Association canadienne de la distribution de fruits et légumes, je tiens à remercier les membres du Comité de nous offrir l’occasion de nous entretenir des perturbations observées dans la chaîne d’approvisionnement qui ont une grande incidence sur le secteur des fruits et légumes frais, la chaîne d’approvisionnement agroalimentaire et l’économie canadienne.
Je commencerai par souligner que bon nombre des problèmes relatifs à la chaîne d’approvisionnement que nous éprouvons actuellement existaient déjà avant la pandémie. Or, ceux-ci sont devenus incroyablement plus vastes et plus complexes au cours des deux dernières années. Les membres du Comité ont entendu beaucoup de choses lors de précédents témoignages, et nous n’aborderons pas la question en profondeur. Soulignons simplement le fait que la main-d’œuvre constitue sans aucun doute un morceau important du casse-tête.
En plus de demander un meilleur accès aux travailleurs en vertu du PTAS et du volet agricole du PTET, l’ACDFL soutient la proposition d’un programme des travailleurs étrangers d’urgence, comme demandé par Aliments et boissons Canada et le Conseil des viandes du Canada.
En ce qui concerne notre chaîne d’approvisionnement, sachez que nos membres meurent à petit feu en raison des perturbations qui s’accumulent et dont M. Milette discutera plus longuement. Les problèmes que nous éprouvons ont des répercussions sur une chaîne d’approvisionnement des fruits et légumes frais qui doit composer avec un système de livraison juste-à-temps d’aliments hautement périssables, qui se traduisent par des ventes perdues, une détérioration des produits et un gaspillage alimentaire.
Il ne fait aucun doute que les perturbations observées dans la chaîne d’approvisionnement sont complexes et interreliées, et que les solutions le sont tout autant. Celles-ci nécessiteront l’implication de plusieurs ministères et organismes fédéraux ainsi qu’une collaboration avec les gouvernements provinciaux, territoriaux et municipaux.
Des plans à court et à long terme doivent être mis au point, en commençant par un mécanisme pour accorder la priorité à la circulation des marchandises essentielles et périssables en cas de perturbations comme celles que nous connaissons depuis deux ans.
Il serait également profitable de centraliser les efforts en créant un poste de commissaire à la chaîne d’approvisionnement qui aurait le mandat et le pouvoir de réunir les parties concernées pour trouver des solutions.
Nous serons heureux de discuter davantage de ces recommandations lors de la période de questions. Je vais maintenant donner la parole à mon président, M. Milette, qui nous exposera son point de vue sur la situation.
Je vais maintenant laisser la place à mon président, Guy Millette, qui va pouvoir vous faire part de son point de vue sur la situation et de ce qu'il a effectivement vécu.
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Je vous remercie beaucoup, monsieur Lemaire.
Monsieur le président et membres du Comité, je suis heureux de pouvoir vous parler aujourd'hui.
En tant que président de l'Association canadienne de la distribution de fruits et légumes, ou ACDFL, je connais bien la portée des problèmes qui ponctuent la chaîne d'approvisionnement. En tant que grossiste, importateur et exportateur canadien qui mène ses activités à partir de Montréal, je dois relever ces défis tous les jours.
Même avant la vague du variant Omicron, un sondage réalisé auprès des membres de l'ACDFL l'automne dernier a permis de constater que 92 % des producteurs, 75 % des grossistes et 100 % des détaillants devaient faire face à un manque de main-d'œuvre très important. Il importe également de souligner que le manque de main-d'œuvre en entrepôt était particulièrement préoccupant.
Alors que les sociétés de transport maritime internationales renvoient des conteneurs vides en Asie et en Europe et déclarent des bénéfices records, la disponibilité et le coût des conteneurs sont devenus d'énormes obstacles pour les importateurs et les exportateurs canadiens. Au cours des deux dernières années, les coûts d'expédition des marchandises par camion ont également augmenté de 50 % à 80 %, à la frontière comme à l'intérieur du pays.
Voici quelques exemples que je peux vous donner, selon ma propre expérience chez Courchesne Larose.
Entre mai 2021 et décembre 2021, pour un volume d'un minimum de 400 voyages complets par semaine, nous avons constaté une augmentation d'au moins 250 000 $ par semaine en frais de transport. C'est toute une augmentation.
Nous avons remarqué d'importants problèmes d'accès à la main-d'œuvre et d'absentéisme. Nous connaissons actuellement un manque de main-d'œuvre de 15 %, ce qui est inférieur à la moyenne du marché de 20 % pour notre secteur. Nous remarquons une diminution du taux d'absentéisme à mesure que nous sortons de la vague du variant Omicron.
Nous souffrons également des répercussions de la disponibilité des produits. Les programmes de distribution juste-à-temps, qui ont pris plus de 10 ans à concevoir et à mettre en place, sont mis à rude épreuve en raison des problèmes de logistique, d'un manque de main-d'œuvre et des retards. C'est également la raison pour laquelle les consommateurs se butent à des ruptures de stock aléatoires.
Bien que tous les points d'entrée soient différents, les difficultés continuent de se multiplier à l'échelle nationale et internationale, car la plupart des États éprouvent des problèmes de camionnage et de main-d'œuvre. Les ports maritimes constatent également des retards de chargement et de déchargement importants qui compliquent la gestion de la chaîne d'approvisionnement intégrée.
Tous ces exemples ont une incidence sur le prix moyen des fruits et légumes frais. Au cours de la dernière année seulement...
Bonjour, monsieur le président et distingués membres du Comité. Je suis heureuse de pouvoir vous faire part des observations et des recommandations du Syndicat national des cultivateurs au sujet des problèmes liés à la chaîne d’approvisionnement du secteur agricole et agroalimentaire. Nous représentons des exploitants agricoles de toutes tailles et de tous types au Canada. Nous défendons la dignité économique, la justice sociale et la santé écologique du secteur depuis plus de 50 ans.
Le sujet d’aujourd’hui tombe à point nommé, mais les graves problèmes de chaîne d’approvisionnement auxquels nous sommes maintenant confrontés remontent à des décennies. Le Canada s’est fixé des objectifs ambitieux pour accroître ses exportations agricoles, et notre dépendance à l’égard des importations s’est accrue. Les multinationales recherchent l’approvisionnement mondial et la livraison à flux tendu ou juste-à-temps afin de réduire leurs coûts. Notre système alimentaire et agricole dépend maintenant de chaînes d’approvisionnement longues et complexes, dont les maillons faibles créent des vulnérabilités.
Nous constatons une concentration de plus en plus grande, où de moins en moins de gros acteurs contrôlent les intrants, la transformation, le transport, le financement et la distribution. Quand un petit nombre de grandes entreprises dominent ainsi leur secteur, elles sont en mesure de fixer les prix de façon à maximiser leurs profits sur le dos des agriculteurs, des travailleurs, des petites entreprises et des consommateurs.
Prenons l’exemple des engrais. Les entreprises qui exigent des prix exorbitants blâment les problèmes de la chaîne d’approvisionnement, et pourtant, ces mêmes entreprises réalisent d’énormes bénéfices fortuits. Le Syndicat national des cultivateurs a invité le Comité d’examiner tous les facteurs qui contribuent au prix des engrais, et nous espérons que vous nous annoncerez très bientôt la tenue d'une telle étude. En tant qu’agriculteurs, nous sommes de simples preneurs de prix. Nous n’avons pas notre mot à dire sur le prix des produits que nous vendons ou des intrants que nous achetons.
En janvier, Statistique Canada a indiqué que les familles agricoles continuent de dépendre de sources de revenu hors ferme pour près des deux tiers de ce que gagnent les famille. De plus, le revenu agricole comprend les paiements de programme, de sorte que le revenu véritablement tiré du marché représente en moyenne moins du tiers du revenu des familles agricoles. Celles-ci subventionnent le système avec leurs emplois extérieurs à la ferme. Lorsque les chaînes d’approvisionnement agricoles s’effondrent, ce sont les agriculteurs qui assument le gros des coûts.
Pour les ruraux, la chaîne d’approvisionnement fonctionne à sens unique, de sorte que les résultats de leur travail et la valeur de leurs cultures et de leur bétail disparaissent dans les comptes bancaires de multinationales éloignées. Il n’est pas surprenant que tant de gens se sentent laissés pour compte. L’accroissement des inégalités économiques mène à l’instabilité sociale et à une perte d'autonomie économique.
Par ailleurs, la crise climatique contribuera à perpétuer les perturbations de la production et des infrastructures. On ne peut considérer que la sécheresse dans les Prairies en 2021 et les inondations en Colombie-Britannique et dans l’Atlantique sont des événements aberrants, mais plutôt des événements indiquant que l’adaptation n’est plus une question de choix.
Pour résoudre les vulnérabilités de la chaîne d’approvisionnement, il faut planifier pour prioriser la résilience et la stabilité au lieu de mettre tous nos œufs « stratégiques » dans le panier de la maximisation des exportations. À l’avenir, la politique agricole devrait être conçue de manière à intégrer des soupapes de sécurité et une capacité d’appoint afin que les perturbations soient des défis gérables plutôt que des crises à grande échelle.
Nous exhortons le Comité à éviter l’attrait de fausses solutions comme les mégadonnées ou données massives, l’automatisation et l’intelligence artificielle, qui intensifieraient les inégalités, réduiraient l’autonomie des agriculteurs et créeraient de nouveaux risques. De véritables solutions rééquilibreront les pouvoirs, rendront notre système alimentaire plus juste et plus équitable, et atténueront les émissions de gaz à effet de serre tout en permettant la mise en œuvre de mesures d’adaptation. Pour ce faire, le gouvernement fédéral peut apporter un soutien en adoptant les programmes, les politiques et la réglementation nécessaires pour développer et maintenir notre marché intérieur, en créant des réseaux d’approvisionnement plus vastes et plus diversifiés tout en permettant de conserver au Canada une plus grande part des fonds précieux consacrés à l'alimentation.
Que l'on parle de la transformation du bœuf, du porc ou des légumes, la concentration de la propriété des infrastructures signifie que les abattoirs, les transformateurs et les détaillants sont ceux qui profitent dans tous les cas, mais dans tous ces secteurs, notre passé nous montre qu’une façon différente d’organiser notre système alimentaire est à la fois possible et souhaitable. Prenons l’exemple du secteur bovin. En 1988, on recensait 119 usines de transformation du bœuf inspectées par le gouvernement fédéral au Canada. Elles appartenaient toutes à des intérêts canadiens et les quatre plus grandes usines de transformation du bœuf abattaient 35 % du bétail canadien.
Aujourd’hui, seules deux entreprises abattent plus de 95 % de notre bétail. Elles n’ont pas réussi à prévenir les éclosions de COVID-19 ni les décès liés à cette pandémie, et si les prix des bêtes sur pied sont déprimés, ceux de la viande de bœuf en épicerie montent en flèche. Un plus grand nombre d’abattoirs plus petits, répartis à l'échelle du Canada, et disponibles pour servir les producteurs dans chaque région, conjugué à des pratiques de production régénératrice, assurerait la résilience du système alimentaire et des emplois en secteur rural, ainsi que des avantages en matière d’atténuation des changements climatiques et d’adaptation.
Interdire l’approvisionnement captif et imposer des plafonds aux revenus des usines de transformation empêcheraient des entreprises comme JBS et Cargill de profiter injustement des agriculteurs et des consommateurs.
En tirant des leçons de l’histoire et en envisageant un avenir plus équitable et plus respectueux du climat, le gouvernement fédéral pourrait créer un meilleur cadre pour les emplois ruraux, une infrastructure au service des agriculteurs et des prix agricoles qui reflètent les coûts de production, et assure la prospérité et la stabilité des collectivités rurales et du secteur agricole au Canada.
Je crois que mon temps de parole est presque écoulé. Je vous remercie donc beaucoup de votre attention et je me ferai un plaisir de répondre à vos questions.
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Bonjour, mesdames et messieurs les députés.
Je vous remercie de nous avoir donné l'occasion de nous exprimer devant le Comité aujourd'hui.
Je m'appelle Catherine Lefebvre et je suis présidente de l'Association des producteurs maraîchers du Québec, ou APMQ. Je suis accompagnée aujourd'hui de notre directeur général, M. Patrice Léger Bourgoin.
Les problèmes dont il est question aujourd'hui sont préoccupants pour notre secteur économique. La disponibilité et le coût des intrants causent un souci constant, surtout dans un contexte où l'augmentation des coûts de production n'est pas accompagnée d'une augmentation similaire des prix de vente. D'ailleurs, le réputé site Internet de journalisme économique MarketWatch affirmait à la fin de janvier que, malgré l'augmentation des prix de détail des aliments, plusieurs groupes d'agriculteurs constatent que la stagnation des prix à la ferme et la flambée des coûts du carburant et des engrais au cours des cinq derniers mois mettent nos opérations en danger.
La mondialisation des marchés a des incidences négatives sur plusieurs volets des activités maraîchères du pays. Les fruits et les légumes font l'objet d'une concurrence avec ceux importés. Bien souvent, les coûts liés à la main-d'œuvre et à l'application de la réglementation n'ont aucune commune mesure avec ceux qui ont cours ici. Or les prix de vente demeurent généralement similaires.
La nature même de notre industrie fait que les producteurs n'ont pas d'emprise sur les prix de vente de leurs produits. La plupart ont un cycle de vie très court et nous ne pouvons pas les laisser au champ pour les récolter plus tard. Une fois qu'ils sont récoltés, ils doivent être vendus et transportés dès que possible. Cela désavantage considérablement le producteur par rapport à l'acheteur.
D'autre part, plusieurs matières premières comme les engrais, les pesticides, les semences et d'autres produits essentiels comme le carton, les palettes, les sacs d'emballage, les matériaux de construction et les pièces de machinerie sont touchés par le phénomène de l'augmentation des prix. Je répète que nous ne sommes pas en mesure d'influer sur le prix de nos légumes.
La flambée des prix de l'énergie a amené plusieurs pays à réduire la production de divers engrais et à réduire les exportations. C'est le cas de la Chine et de plusieurs pays européens, dont la Russie. Il va de soi que les pays producteurs vont favoriser le marché intérieur avant l'exportation. Le Canada se trouve donc à la merci des marchés internationaux. Cela étant dit, le coût des engrais devrait demeurer élevé. Financement agricole Canada estime que les prix des engrais augmenteront de 60 % en 2022. Les prix des pesticides et des semences ont également connu une augmentation marquée.
Je vais maintenant aborder les difficultés de transport et de logistique, également liées au coût des carburants. La capacité de transport est réduite de façon considérable. Les délais de livraison s'allongent et les tarifs explosent. Le manque de chauffeurs et la pénurie de pièces de rechange paralysent la flotte de transport. À l'heure actuelle, il n'est pas rare de voir un producteur de produits périssables payer 42 % de plus pour faire acheminer ses fruits et ses légumes, comparativement à il y a quelques mois. La situation est intenable. Nous sommes réellement pris à la gorge. D'une part, nous avons besoin de ces camions, mais, d'autre part, ces frais s'ajoutent directement à nos coûts de production, qui explosent de tous côtés.
Je vais maintenant aborder les problèmes liés à la main-d'œuvre. Comme vous le savez, il y a moins de travailleurs locaux pour combler les besoins. Il n'y en a plus. Nous pouvions compter sur une main-d'œuvre étrangère de qualité depuis plusieurs décennies, mais la pandémie mondiale a malheureusement accentué plusieurs contraintes, qui ont eu pour effet de ralentir le processus d'immigration. De surcroît, des changements récemment apportés par Service Canada permettent le maraudage des travailleurs étrangers temporaires du domaine agricole par des intervenants des secteurs manufacturiers et du secteur de la construction. Les coûts de la main-d'œuvre continuent de représenter de grands défis. Au Québec, le salaire minimum a augmenté de 14 % depuis 2020. Les maraîchers doivent absorber cette augmentation sans pouvoir la répartir dans le prix de vente.
Nous sommes d'avis que le gouvernement fédéral devrait poursuivre sa démarche en créant un groupe de travail sur la chaîne d'approvisionnement. Les producteurs pourraient s'exprimer sur les principaux facteurs qui perturbent leur capacité à produire, à transporter et à distribuer leurs produits. La nomination par le gouvernement du Canada d'un commissaire à la chaîne d'approvisionnement pour diriger un groupe de travail conjoint serait utile pour piloter cette réflexion.
Au sujet de la main-d'œuvre, il est essentiel d'améliorer les programmes en s'assurant que les processus administratifs sont plus efficaces et plus prévisibles. En ce sens, un travailleur étranger revenant toujours au même endroit depuis de nombreuses années et dont l'employeur a une feuille de route impeccable devrait pouvoir bénéficier d'un traitement accéléré.
De plus, le phénomène de stagnation des prix de vente et l'augmentation de tous les principaux éléments de nos coûts de production influent grandement sur la rentabilité de nos entreprises et compromettent leur survie à long terme. Une aide d'urgence devrait être mise en avant pour assurer la sécurité alimentaire du pays.
Pour conclure, je dirai que notre secteur de production évolue dans un marché mondial ouvert, qui nous oblige à être concurrentiels avec des pays dont les coûts de main-d'œuvre sont moins élevés et dont le cadre réglementaire est beaucoup moins coûteux à appliquer. Nous avons très peu de pouvoir sur les prix de vente.
Je vous remercie énormément de votre attention.
Je serai heureuse de répondre à vos questions.
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Merci, monsieur le président.
Je tiens à remercier les témoins de leurs excellents témoignages et de la documentation qu’ils nous ont fournie à l’avance.
Je vais commencer par l’Association canadienne de la distribution de fruits et légumes.
Vous avez retenu mon attention avec votre appui à l'idée de créer un poste de commissaire de la chaîne d’approvisionnement, suivant une approche pangouvernementale consistant à s’attaquer à certains des problèmes évoqués. Je connais très bien la dynamique d’un problème qui transcende les compétences fédérales et provinciales et la portée d'action des ministères fédéraux et provinciaux, puisque j’ai eu affaire à la problématique des travailleurs étrangers temporaires dans ma propre circonscription et à l’impact de la COVID-19 sur des effectifs illégaux, des entreprises et autres. Je connais très bien cette dynamique.
Cela me rappelle ce qui se passait dans ma propre famille, il y a 10 ans, avec mes quatre filles. Le samedi matin, à l’heure de la corvée, j’avais en fait à faire à cinq enfants: Alyssa, Carina, Brenna, Kiana et « Pas-moi ». C’était toujours au tour de « Pas-moi » de sortir les ordures.
Pour laisser cette note légère de côté, mais finalement pas si légère que cela, pouvez-vous donner des exemples de problèmes qui ont été transférés d’un ministère à l’autre ou qui sont passés entre les mailles du filet, ou encore de situations où une approche cloisonnée a empêché le règlement efficace de certains problème?
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Je vais commencer, puis nous verrons si M. Millette a quelque chose à ajouter.
Je pense qu’il faut envisager tout cela en fonction d’un modèle où l’agriculture joue un rôle important à Agriculture Canada et où notre chaîne d’approvisionnement est un moteur économique pour le Canada. À partir de là, nous pourrons examiner ce qui se passe dans plusieurs administrations. Le premier domaine de compétence, comme l’a fait remarquer un des témoins, concerne l’accès à la main-d’œuvre, surtout à la ferme, et les défis que soulève l’amélioration du processus... [Difficultés techniques].. s’assurer qu’il est efficace.
Les exploitations en serres sont un parfait exemple dans votre circonscription. Elles sont à la pointe de la production agricole au Canada. Elles sont parmi les premiers moyens de production en pleine croissance chez nous. Toutefois, et bien que les choses se soient améliorées, il reste des problèmes de retard dus aux changements de dernières minutes dans les procédures administratives liés à l'emploi des travailleurs. On compte actuellement 3 200 travailleurs réguliers dans le secteur agricole auxquels s'ajoutent 4 000 à 4 500 temporaires pour la période de pointe débutant en juin.
Quand on parle de divisions sur le terrain, il faut examiner les divisions dans le domaine de l'emploi, puis il faut tenir compte des autres éléments liés à la facilité du transport. Le ministère des Transports, par exemple, doit commencer par examiner la division du travail. Il faut commencer par examiner les divisions municipales et la répartition des compétences en matière de santé, et donc par considérer le pouvoir dont dispose le service de santé municipal. Dans notre réflexion au sujet du modèle de commissaire à la chaîne d’approvisionnement, nous en sommes à nous demander, de façon peut être simpliste, comment rationaliser cette fonction. Le premier élément consiste à envisager la relance de l'économie canadienne comme un vaste casse-tête. Quelles sont les mesures stratégiques à prendre...
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Commençons par les progrès. La ministre Bibeau a répondu très favorablement à notre demande, aux 11 organisations qui ont signé la proposition, sur laquelle, croyons-nous savoir, des discussions sont en cours. L'industrie souhaite néanmoins que les ministres Qualtrough et Fraser nous signifient qu'on envisage de donner suite à notre proposition et de la mettre en œuvre dans un avenir immédiat. Encore une fois, sur le plan des compétences, ce n'est pas simple.
Même après deux mois, nous n'avons toujours pas reçu de réponse nette au sujet de notre proposition. Nous demandons aux ministres Qualtrough et Fraser de discuter avec nos associations de la proposition et d'envisager immédiatement les mesures possibles pour gérer les risques liés à la main-d'œuvre dans cette composante de notre chaîne d'approvisionnement.
Bien que le volet de la transformation, dans le secteur des aliments et boissons, ne soit qu'un des nombreux secteurs aux prises avec des pénuries de main-d'œuvre, le gouvernement a désigné notre secteur, qui comprend ce volet, comme faisant partie de l'infrastructure essentielle du Canada pendant la pandémie. L'incapacité de répondre à ces besoins en main-d'œuvre, comme nous l'avons entendu dans le secteur des viandes et ailleurs, a une incidence sur... [Inaudible]... le bien-être des animaux.
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Pour la croissance des cultures en serre de produits qui vont aux États-Unis, c'est fondamental. Ils sont notre principal partenaire commercial. Par exemple, 80 % des produits de l'Ontario sont exportés aux États-Unis. Nous avons besoin de... [
Difficultés techniques]... de quelques secteurs clés.
Pour acheminer les produits vers le sud, il faut assurer l'accès au principal mode de transport, soit le camionnage. Il n'est pas de ressort fédéral, mais nous devons chercher les moyens d'aider les provinces à ouvrir le secteur à un plus grand nombre de camionneurs au moyen de permis, de régimes d'assurance et de stratégies visant à attirer un plus grand nombre de camionneurs sur le marché.
Du côté des ports, il faut examiner plus spécialement le transport des conteneurs, leur transport au départ des ports, afin qu'ils puissent être acheminés vers les centres de distribution à partir de la plaque tournante principale, être déchargés et retirés du système et réacheminés vers le marché le plus rapidement possible pour être rechargés de produits qui quitteront le Canada...
:
Merci, monsieur le président.
Je tiens à remercier tous les témoins de leur présence et aussi tous les membres de leurs industries, tous ceux, et ils sont nombreux, qui continuent de travailler chaque jour pour trouver des solutions afin que nous ayons accès à des produits sûrs et sains.
Je vais reprendre là où mon collègue s'est arrêté: avec l'Association canadienne de la distribution de fruits et légumes.
Dans votre déclaration liminaire, vous avez parlé de multiples perturbations: congestion dans les ports, coûts de l'expédition des conteneurs, livraison irrégulière des produits, pénuries de main-d'œuvre, dont nous avons déjà parlé, pénuries d'intrants et constitution de réserves de biens de consommation. Ce sont les principaux problèmes.
Restons-en à la congestion dans les ports. Comme des navires doivent attendre d'accoster et de décharger leurs marchandises, surtout des produits périssables, il y a des risqyes de perte de produits, de gaspillage alimentaire et de pertes de ventes. Comment pourrait-on accorder la priorité au transport des marchandises périssables ou essentielles afin d'atténuer les problèmes de congestion et de gaspillage alimentaire?
:
Je vais en parler rapidement.
J'ai parlé plus tôt de la création d'une plaque tournante secondaire à l'extérieur du port principal pour pouvoir repérer les articles périssables. Il faut aussi avoir ddu personnel dans les ports, de sorte que l'ACIA ou les services frontaliers puissent examiner et identifier les produits qui entrent et que les inspections se fassent dans les meilleurs délais pour que les produits entrent dans le circuit.
D'un autre côté, il faut travailler avec les municipalités et les syndicats, comme celui des débardeurs, mais aussi adopter un modèle de réglementation qui permette de considérer les fruits et légumes frais comme essentiels pour que, s'il y a d'autres perturbations, la main-d'œuvre soit là pour acheminer les produits dans le port. C'est le principe fondamental. Il existe déjà des exemples d'approches semblables. Nous souhaitons une approche similaire pour les fruits et légumes: s'ils sont retenus dans un port à cause de perturbations, les débardeurs et d'autres intervenants pourraient les transporter par camion.
Je cède la parole à M. Milette, qui a peut-être quelque chose à ajouter.
:
Je vous remercie beaucoup, monsieur le président.
Je remercie tous les témoins d'être avec nous cet après-midi.
Je m'adresserai d'abord à Mme Lefebvre.
Madame Lefebvre, dans votre présentation, vous avez soulevé plusieurs points qui me titillent, entre autres sur la différence entre le prix que vous obtenez pour vos fruits et légumes frais et le prix auquel ils se vendent sur le marché. Vous constatez que le prix sur le marché augmente, mais que le prix que vous obtenez stagne.
Pourriez-vous m'expliquer les causes de cet écart? Quel est le problème?
:
Oui. Vous compléterez ma réponse.
Essentiellement, on s'aperçoit que, dans le cadre des modifications liées à la COVID‑19, Service Canada a mis en place un processus pour tenter d'accélérer le traitement des demandes. Cependant, cette façon de procéder a été comprise par des gens d'autres secteurs qui ne sont pas liés à l'agriculture, et ils ont mis en place un système pour faciliter le maraudage visant les employés qui arrivent au Canada pour travailler dans le domaine agricole.
En fin de compte, monsieur Perrault, le maraîcher paie pour tout le processus administratif et pour les billets d'avion, le travailleur étranger va arriver au Canada et, quelques jours plus tard, celui-ci va être détourné par le domaine manufacturier ou celui de la construction, par exemple, qui, de surcroît, n'auront pas à payer les frais liés à l'arrivée du travailleur.
Madame Lefebvre, je vous laisse poursuivre.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
[Difficultés techniques]... du Syndicat national des cultivateurs.
Vous avez dit très clairement dans votre déclaration liminaire qu'on ne peut pas considérer isolément les problèmes liés à la chaîne d'approvisionnement sans tenir compte de la crise climatique. Dans ma province, la Colombie-Britannique, l'an dernier, nous sommes passés, en l'espace de trois mois, de feux de forêt violents à certaines des pires inondations que nous ayons jamais vues, ce qui a effectivement isolé Vancouver et son port du reste du Canada pendant pas mal de temps.
Bien sûr, il y a eu des sécheresses catastrophiques dans les Prairies et elles ont eu des répercussions incroyables sur les agriculteurs et les chaînes d'approvisionnement là-bas. Je vous invite à étoffer certaines de vos observations du début. De votre point de vue et de celui du Syndicat national des cultivateurs, que devons-nous changer systématiquement pour renforcer la résilience et améliorer la souplesse dans notre système alimentaire de façon que nous n'ayons pas à lutter contre tant d'incendies ni à réagir constamment à des phénomènes météorologiques dont nous savons qu'ils reviendront périodiquement dans les années à venir?
:
Ce sont des mesures qui semblent, bien sûr, accroître la résilience, mais qui ont aussi une incidence favorable sur les résultats des agriculteurs, étant donné le coût des intrants et tout le reste.
De plus, comme vous vous en souvenez peut-être, au cours de la dernière législature, le Comité s'est penché sur la capacité de transformation au Canada, et j'ai vraiment aimé vos observations au sujet de JBS et de Cargill et de leur domination absolue du marché canadien. Le changement survenu en quelques décennies et la façon dont le libre marché a été vraiment centralisé pour donner un contrôle complet à seulement deux joueurs ont été plutôt incroyables.
Pourriez-vous en dire un peu plus à ce sujet, car la capacité de transformation et les chaînes d'approvisionnement sont étroitement liées. Vous pourriez peut-être prendre le temps de nous expliquer un peu plus ce que vous espérez du Comité comme recommandations pour le gouvernement fédéral afin que les petites collectivités aient un meilleur accès à la capacité de transformation et, par conséquent, soient plus résilientes.
:
Merci, monsieur le président.
Je remercie les témoins d'être présents.
Ma question s'adresse en premier lieu à Mme Lefebvre.
Madame Lefebvre, vous avez mentionné plusieurs situations où vous avez des difficultés très complexes, dont le coût des engrais ou du transport.
Pour ma part, j'aborderai la question de la main-d'œuvre. Dans un premier temps, nous avons entendu M. Milette parler d'une entente et du fait qu'il y a du progrès du côté de la . Il y a quand même des discussions qui doivent avoir lieu avec et . Quelqu'un a-t-il réfléchi à la création d'un comité mixte pour rassembler ces trois ministères?
Il semble y avoir une difficulté particulière à communiquer pour faire cheminer les dossiers plus rapidement. Il y a un problème, notamment la question des études d'impact sur le marché du travail, les EIMP, et toute la question du maraudage. On sait qu'il y a eu des modifications. Je le comprends parce que des producteurs de ma région m'ont demandé pourquoi on a mis cela en avant en raison de la COVID‑19. Or cela n'a pas aidé les producteurs maraîchers. Au contraire, cela leur a nui.
Comment voyez-vous la situation de maraudage?
Que pensez-vous d'un comité mixte rassemblant les trois ministères? Je suis un peu fatigué d'entendre qu'ils se renvoient la balle entre eux. Ne pourraient-ils pas tous s'asseoir ensemble et régler cela? Comment cela est-il vu par les producteurs que vous représentez, madame Lefebvre?
:
Je me ferai un plaisir de répondre.
Je sais que, lorsque le Comité a mené une étude sur le programme Agri-stabilité, au début de la pandémie, nous envisagions avec beaucoup d'enthousiasme la possibilité de supprimer la marge de référence et de rendre le programme beaucoup plus intéressant pour les agriculteurs.
Nous avons vu au cours de la dernière année, à cause des profondes perturbations provoquées par les conditions météorologiques, qui ont eu une incidence sur la production dans le Nord de l'Ontario et partout dans l'Ouest, qu'Agri-stabilité et Agri-relance ont été absolument essentiels pour que les agriculteurs puissent simplement s'accrocher, à dire vrai. Sans ces programmes, la situation dans nos exploitations et nos élevages serait bien pire. Nous devons tout faire pour maintenir et faciliter l'accès à ces programmes pour les agriculteurs.
:
Je tiens à signaler qu'une réflexion que nous avons entendue dans l'ensemble de notre industrie, c'est que le marché est tendu et qu'une partie du problème tient au manque d'investissements dans l'innovation à cause des difficultés liées à la pandémie.
Cela fait partie du problème. L'intérêt ne manque pas, mais tous les éléments de la chaîne d'approvisionnement, des producteurs jusqu'aux détaillants, s'interroge sur la complexité des problèmes de main-d'œuvre, comme nous l'avons entendu dans les témoignages, sur la complexité de tous les facteurs qui compliquent l'acheminement des produits vers le consommateur.
L'innovation est secondaire à certains égards. Il s'agit simplement, surtout pour le secteur des fruits et des légumes, de vendre les produits, sans quoi ils pourrissent. Il faut expédier les produits des exploitations, les mettre à bord de camions, s'il y en a, et les envoyer au sud de la frontière et dans des entrepôts. En ce moment, nous ne sommes pas en pleine production, mais il y a aussi les serres, et leur problème est le même. Dans certains cas, l'entrepôt n'a pas assez de main-d'œuvre pour acheminer les produits vers les magasins, et ceux-ci n'ont pas assez de monde pour disposer les produits sur les tablettes pour le consommateur. Tous ces éléments entrent en jeu.
Guy Milette n'a pas eu l'occasion de parler de l'augmentation des coûts. Je signalerai simplement que, dans notre secteur, les exploitations comme la sienne ont connu une augmentation minimale de 16 % des coûts. Il a été question d'une inflation de 5 % des prix des aliments en janvier, mais à l'avenir, les prix des fruits et légumes frais seront beaucoup plus élevés.
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L'automne dernier, des fermes ont eu à composer avec cette situation. Les études d'impact sur le marché du travail étaient approuvées. Nous avons été chanceux parce que cela s'est passé en fin de saison, quand ils sont partis à Montréal pour travailler dans des entreprises de construction.
Ce que l'on vit à l'heure actuelle, malheureusement, le maraudage se fait aussi entre fermes de différentes spécialités. Il y en a pour qui cela cause une moins grande incidence sur le chiffre d'affaires. Certains peuvent se permettre de payer un meilleur salaire, mais ce maraudage doit cesser tout de suite. Il faut, entre autres, enlever le guichet d'emploi qui est présenté en espagnol.
Nous avons écrit à et à à cet égard, car il faut trouver des solutions et les mettre en œuvre dès que possible, surtout avant l'arrivée de nombreux travailleurs étrangers en avril et en mai.
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Merci, monsieur le président.
Je m'adresse à l'Association canadienne de la distribution de fruits et légumes. Lorsque le Conseil de l'innovation agroalimentaire a comparu devant le Comité, il y a eu quelques échanges avec lui au sujet de l'examen des chaînes d'approvisionnement en temps réel lorsqu'elles risquent d'être perturbées par des imprévus, par exemple, l'isolement du port de Vancouver par les inondations, et, bien sûr, tout récemment, des barrages illégaux à trois de nos principaux postes frontaliers.
Pouvez-vous me dire un mot des entreprises de votre secteur? Certaines d'entre elles commencent-elles à adopter une technologie qui leur permet de se renseigner en temps réel sur les problèmes de la chaîne d'approvisionnement? Le gouvernement du Canada doit-il investir davantage dans ce type de technologie afin que les expéditions puissent être acheminées par d'autres circuits grâce à l'intelligence artificielle?
Avez-vous quelque chose à ajouter à ces échanges?
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Je vais répondre très rapidement.
Quand nous parlons avec des camionneurs, nous avons une flexibilité qui nous permet de changer leur trajet relativement facilement. Les répercussions de la fermeture du pont Ambassador ont été senties immédiatement. Cela nous a causé des retards, alors que des camions ont été pris dans de longues files. Donc, les camions, on peut facilement les bouger. Par contre, si on veut changer le trajet d'un conteneur, c'est un processus fastidieux qui peut souvent prendre d'une à deux semaines, ce qui revient souvent au même délai qu'on va subir si on conserve le même trajet.
Il existe déjà des outils que les entreprises maritimes nous fournissent. Nous sommes dans une ère très moderne, donc beaucoup d'outils sont disponibles. Je ne pense pas que nous cherchions des outils pour avoir une flexibilité quant au transport. Nous cherchons plutôt des outils pour établir des règles, trouver des camionneurs et rendre le métier attrayant. Les nouvelles générations n'ont pas envie de devenir des chauffeurs de camion, et il y en a de moins en moins.
On doit rendre certains emplois plus attrayants. Travailleur de ferme, travailleur d'entrepôt et chauffeur de camion, ce ne sont plus des emplois très recherchés. On doit donc à tout prix faire en sorte que les gens qui intègrent ces emplois y trouvent leur compte.
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Nous reprenons les travaux.
C'est formidable de voir tout le monde. Nous allons passer à la deuxième heure des témoignages.
Par vidéoconférence, nous accueillons, de la Chambre de commerce du Canada, Robin Guy, directeur principal, Transport, infrastructure et politique réglementaire, et Jarred Cohen, conseiller en politiques. Greg Northey, vice-président, Affaires générales, représente Pulse Canada. Et nous recevons, du Conseil canadien du commerce de détail, Jason McLinton, vice-président de la Division de l'alimentation et des affaires réglementaires.
Bienvenue à tous les témoins. Comme vous le savez, vous avez cinq minutes pour votre déclaration liminaire.
Nous allons donner la parole à M. Guy pour commencer.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Mesdames et messieurs les députés, c'est un plaisir de comparaître pour la première fois devant le Comité. Je m'appelle Robin Guy. Je suis directeur principal des transports, de l'infrastructure et de la politique réglementaire à la Chambre de commerce du Canada. Je suis accompagné aujourd'hui de mon collègue Jarred Cohen, conseiller en politiques.
Avouons qu'il peut sembler inhabituel que la Chambre de commerce du Canada comparaisse devant ce comité-ci, mais comme elle est la plus grande association industrielle de notre pays et compte des membres dans tous les secteurs d'activité, elle a un vif intérêt pour le succès de l'industrie agricole et agroalimentaire. En effet, elle a parmi ses membres des entreprises et des associations à divers points de la chaîne d'approvisionnement agricole, y compris des producteurs, des transformateurs, des détaillants et des entreprises auxiliaires.
Ces derniers mois, la Chambre de commerce du Canada a mené la campagne Le réseau alimentaire canadien, qui visait à attirer l'attention sur un certain nombre de priorités de l'industrie, comme la compétitivité de la réglementation, le commerce et l'innovation. Par conséquent, l'étude du Comité est la bienvenue et arrive à point nommé.
Avant d'aborder quelques priorités précises à soumettre à l'examen du Comité, il convient de souligner qu'une multitude de documents traitent du potentiel du secteur. Notons par exemple ceux du Conseil consultatif en matière de croissance économique, de la Table de la stratégie économique agroalimentaire et du Conseil sur la stratégie industrielle et enfin l'Énoncé de Guelph.
Bien que le secteur soit demeuré résilient malgré deux années qui ont semé la destruction, j'évoque ces rapports non pas pour que la postérité les retienne, mais pour souligner qu'il est important que nous nous saisissions du résultat de ces travaux considérables pour passer à la mise en œuvre. J'espère que le Comité pourra jouer un rôle de catalyseur.
Dans le temps qui m'est imparti, permettez-moi de mettre l'accent sur quelques points dans les domaines que le Comité juge dignes d'intérêt.
Premier point: la réglementation. Bien que, souvent, le coût des intrants fluctue au gré des forces du marché, le fardeau de la réglementation impose un coût important aux entreprises. Or, c'est un coût que nous pouvons contrôler. Quand nous nous éloignons des pratiques exemplaires en matière de réglementation et des normes internationales fondées sur la science, le coût des affaires augmente. Les entreprises canadiennes s'en trouvent moins concurrentielles et ceux qui ont une petite entreprise n'arrivent pas à l'exploiter. Trop souvent, les organismes de réglementation ne tiennent pas suffisamment compte dans leurs décisions des répercussions économiques et commerciales. Cela doit changer si nous voulons préserver notre compétitivité.
Nous exhortons le gouvernement à donner aux organismes de réglementation un mandat axé sur l'économie et la concurrence afin d'éviter qu'ils n'entravent la croissance des entreprises canadiennes. Tandis que les entreprises amorcent la relance, je tiens à souligner aussi que le moment serait mal choisi pour adopter de nouveaux règlements susceptibles de nuire à la croissance économique et qui ajouteraient de nouvelles contraintes à la chaîne d'approvisionnement.
Deuxième point: les corridors de transport. Les phénomènes météorologiques extrêmes et le vieillissement des infrastructures demeurent des défis pour l'acheminement des produits vers les acheteurs et les marchés. Le Canada accuse un grave déficit d'infrastructure, ce qui nous obligera à faire du triage. Il est essentiel d'éviter la tentation de répartir l'argent disponible un peu partout au Canada. Le renforcement de la capacité des infrastructures prend du temps et nous devons agir dès maintenant pour récolter plus tard les fruits de nos efforts. Nous ne pouvons pas simplement combler les lacunes existantes. Nous devons tenir compte de nos besoins futurs si nous voulons réaliser notre potentiel. Cette vision d'avenir est essentielle si nous voulons que le réseau de transport puisse répondre aux besoins futurs de l'économie.
La Chambre de commerce du Canada félicite le gouvernement des investissements qu'il a consentis grâce au Fonds national des corridors commerciaux. À la faveur de ce programme, nous devons continuer de chercher à nous doter d'une capacité excédentaire, par exemple en doublant les voies ferrées dans les zones à forte congestion, en augmentant la capacité des ponts et en protégeant les terrains industriels autour des aéroports et des ports.
Soulignons encore que les investissements doivent se faire en fonction de priorités claires et de rendements économiques mesurables. Les gouvernements doivent énoncer clairement ces priorités afin que le secteur privé puisse agir en conséquence, et les priorités doivent être appuyées par des données pour que nous puissions voir les répercussions des projets sur le renforcement des corridors commerciaux.
Je félicite également le gouvernement d'avoir lancé le Sommet national sur la chaîne d'approvisionnement. Le partenariat et le dialogue entre le gouvernement et le secteur privé sont essentiels si nous voulons dominer ces questions complexes. La mise sur pied de groupes de travail sur la chaîne d'approvisionnement pour favoriser la mise en commun de l'information et faire avancer les dossiers n'est pas d'un intérêt négligeable. Ce ne sont pas des problèmes ponctuels qu'on peut régler du jour au lendemain.
Troisième et dernier point: le soutien des chaînes d'approvisionnement par l'innovation. Le succès du secteur agricole canadien repose sur notre capacité d'adopter de nouvelles technologies qui appuieront la croissance économique durable du secteur agricole et agroalimentaire. La viabilité à long terme de l'industrie repose également sur l'innovation, car elle doit se donner les moyens de réagir aux dérèglements climatiques. Il faut que le gouvernement travaille en étroite collaboration avec l'industrie, en vue du prochain budget fédéral, pour élaborer un plan de transition vers la carboneutralité, comme le programme de gestion des nutriments 4B, et appuyer le captage, l'utilisation et le stockage du carbone.
Merci encore de m'avoir donné l'occasion de m'adresser au Comité.
Je serai heureux de répondre à vos questions.
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Merci, monsieur le président.
Bonjour aux membres du Comité. Comme on l'a dit, je m'appelle Greg Northey et je suis vice-président aux affaires générales à Pulse Canada.
Pulse Canada est l'association nationale qui représente les producteurs, les négociants et les transformateurs canadiens de légumineuses à grains, notamment les pois, les lentilles, les haricots, les fèves et les pois chiches. Nous sommes fiers de présider à l'évolution qui se dessine vers une alimentation saine et durable en favorisant la croissance de l'industrie canadienne des légumineuses. Nous sommes le plus grand exportateur de légumineuses au monde et nous expédions nos produits vers plus de 130 pays. La croissance de notre industrie est directement liée à notre capacité de répondre à la demande mondiale. Pour y arriver, nous avons besoin d'une chaîne d'approvisionnement sûre et fonctionnelle.
Malheureusement, notre secteur doit actuellement se contenter de services ferroviaires qui n'ont jamais été aussi médiocres. De plus, ces deux dernières années, il y a eu des perturbations considérables du service sur le marché canadien du transport par conteneurs. Environ 40 % des légumineuses sont exportées par conteneur, ce qui signifie que les perturbations actuelles de ce mode de transport ont de graves répercussions sur la capacité de notre industrie de participer au commerce international.
Je tiens à décrire très clairement les conséquences de ces perturbations pour les producteurs et les exportateurs de légumineuses. Les lignes maritimes ont supprimé des liaisons qui existaient depuis toujours vers le sous-continent indien, l'Amérique du Sud et d'autres destinations importantes pour nos échanges commerciaux. C'est ainsi que le temps de transit moyen de nos conteneurs de légumineuses, qui se situait entre 20 et 40 jours, est maintenant de l'ordre de 70 à 90 jours, selon la destination.
À cause des retards des navires ou des annulations d'escale, la fiabilité du calendrier d'expédition n'a jamais autant laissé à désirer. On estime qu'en 2021, 90 % des exportations de légumineuses ont été mise à bord d'un navire qui partait plus tard que prévu ou ont été carrément ratées. Certains conteneurs de légumineuses sont restés au port parfois pendant six mois avant d'être embarqués.
De plus, la capacité d'exportation du Canada a été réduite de moitié parce que des transporteurs de conteneurs ont préféré expédier des conteneurs vides vers l'Asie plutôt que des conteneurs entièrement chargés d'exportations canadiennes.
Par conséquent, notre industrie a perdu des ventes et annulé des contrats de vente, ce qui a nui à sa compétitivité sur les marchés internationaux. Le problème a été exacerbé par des tarifs marchandises record et des coûts supplémentaires dans la chaîne d'approvisionnement. Par exemple, le coût de réservation d'un seul conteneur pour les exportations est passé d'un montant de 1 300 $ à 1 800 $ à 4 000 $ ou 5 000 $ en 2021.
Tandis que ces augmentations excessives des tarifs marchandises étaient imposées et que le service était de piètre qualité, la rentabilité des transporteurs de conteneurs, il faut le signaler, a atteint des niveaux records. On prévoit que les bénéfices collectifs des transporteurs, en 2021, seront de l'ordre de 120 à 190 milliards de dollars. C'est un record pour eux. Il ne fait aucun doute qu'une bonne partie de ces profits vient des poches des agriculteurs, des exportateurs et des consommateurs canadiens.
Voilà pourquoi Pulse Canada a contribué à la mise sur pied d'une initiative multisectorielle qui va au-delà de l'agriculture et qui s'appelle containercrunch.ca. Il est demandé au gouvernement fédéral d'agir pour régler le problème des conteneurs et aplanir les difficultés dans la chaîne d'approvisionnement qui fait appel à des conteneurs.
Nous comparaissons pour réclamer deux choses. La première, que le gouvernement ouvre immédiatement une enquête en vertu de l'article 49 de la Loi sur les transports au Canada afin de trouver ce qui contribue aux perturbations actuelles du transport par conteneurs et de mieux guider les modifications législatives et réglementaires nécessaires pour remédier aux défaillances de la concurrence dans le secteur du transport par conteneurs. Nous avons vraiment besoin d'actualiser notre dispositif législatif régissant la gouvernance des lignes maritimes.
Deuxièmement, nous demandons au gouvernement de nommer un commissaire à la chaîne d'approvisionnement pour diriger le groupe de travail industrie-gouvernement annoncé récemment afin de réunir les parties prenantes pour trouver des solutions immédiates aux perturbations de la chaîne d'approvisionnement propres au transport par conteneurs.
Ces deux mesures sont les prochaines étapes essentielles dans la recherche de solutions immédiates aux perturbations et notre évolution vers une situation nouvelle, plus souhaitable, avec des niveaux d'exploitation et des résultats financiers améliorés pour tous ceux qui utilisent la chaîne d'approvisionnement par conteneurs.
Lorsque les règles du jeu sont équitables, l'industrie canadienne des légumineuses peut soutenir la concurrence sur n'importe quel marché dans le monde. Notre industrie doit avoir accès à une chaîne d'approvisionnement résiliente et efficace pour accroître la production et l'exportation de légumineuses nutritives cultivées de façon durable.
Le Comité a un rôle important à jouer en aidant à attirer l'attention voulue sur cette question et en formulant des recommandations qui mettront fin au préjudice que ce problème cause aux entreprises et aux consommateurs canadiens.
Merci de m'avoir donné l'occasion de comparaître. Je me ferai un plaisir de répondre à vos questions.
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Je vous remercie, monsieur le président et membres du Comité, de l'occasion qui m'est offerte de venir discuter aujourd'hui avec vous de la chaîne d'approvisionnement agricole et agroalimentaire.
Permettez-moi de vous faire une rapide présentation du Conseil canadien du commerce de détail, soit le CCCD.
Le commerce de détail est le plus important employeur privé au Canada. Plus de 2 millions de Canadiens travaillent dans notre industrie. Reconnu comme étant la voix des détaillants au Canada, le CCCD représente plus de 45 000 commerces de tous types, notamment des grands magasins, des magasins spécialisés, des magasins de ventes au rabais, des commerces indépendants, des boutiques en ligne et, pour ce qui nous intéresse aujourd'hui, des détaillants en alimentation.
Les détaillants en alimentation membres du CCCD sont fiers, et ils font partie intégrante du système alimentaire canadien. Ce sont les intervenants qui sont en relation directe avec les consommateurs, offrant aux Canadiens la grande variété d'aliments qu'ils consomment tous les jours.
La pandémie de COVID‑19 a provoqué un bouleversement sans précédent dans le système d'approvisionnement alimentaire canadien. Le CCCD et ses membres ont travaillé en étroite collaboration avec les producteurs, les transformateurs et les importateurs canadiens tout au long de cette crise pour s'adapter aux défis émergents et à l'évolution des comportements et des demandes des consommateurs.
Nous reconnaissons et applaudissons le travail que le gouvernement du Canada a accompli à ce jour, mais nous devons en faire davantage afin de nous assurer que le Canada sera bien placé pour relever les défis que posera à moyen et long terme le maintien de notre chaîne d'approvisionnement alimentaire à la suite de la pandémie de la COVID‑19.
À cet égard, je tiens à préciser que nos membres expriment déjà de vives préoccupations au sujet des défis que présentent actuellement la chaîne d'approvisionnement et les pénuries induites par la pandémie, qui affectent grandement la disponibilité et les coûts des produits d'alimentation qu'on retrouve sur les tablettes des commerces de détail.
[Traduction]
Les défis comprennent la disponibilité et le coût des conteneurs pour le transport international; les phénomènes météorologiques extrêmes, comme les inondations en Colombie-Britannique; l'augmentation des coûts du carburant et du transport; la disponibilité et le coût de la main-d'œuvre; l'augmentation des coûts des fournisseurs. Ces difficultés ont été grandement exacerbées par les barrages à la frontière, ce qui a mis en évidence le caractère périssable de ces produits et accentué les problèmes de disponibilité et de prix.
Le CCCD demande respectueusement au gouvernement fédéral d'aider à stabiliser les chaînes d'approvisionnement et à calmer les pressions inflationnistes agissant sur trois plans essentiels.
Tout d'abord, comme des progrès importants ont été réalisés en vue d'éliminer les barrages routiers existants, le CCCD demande au gouvernement fédéral de collaborer avec tous les ordres de gouvernement afin d'élaborer rapidement des solutions proactives pour chaque passage unique, chaque point d'entrée — terrestre, aérien et ferroviaire — et chaque ligne d'approvisionnement essentielle au Canada afin d'éviter des perturbations futures ailleurs dans notre pays dans les jours et les semaines à venir.
Deuxièmement, nous demandons au gouvernement de retarder la mise en œuvre de toute réglementation non urgente afin que les détaillants puissent utiliser leurs ressources pour assurer la stabilité et la fiabilité de leurs chaînes d'approvisionnement. Bien que les membres du CCCD appuient les intentions d'où partent les projets de règlements qui imposent par exemple l'étiquetage nutritionnel sur le devant de l'emballage et la reformulation des étiquettes pour les produits de santé naturels, chaque nouvelle consultation et exigence en matière de réglementation exige des rajustements et ajoute des coûts à un moment très sensible et délicat.
Enfin, le gouvernement fédéral peut aider à atténuer les pressions inflationnistes dans les secteurs qu'il contrôle directement. Cela comprend l'attribution des quotas en vertu des nouveaux accords de libre-échange du Canada au niveau de la vente au détail, niveau qui est le plus près des consommateurs canadiens, si on veut que les familles canadiennes profitent des avantages des accords de libre-échange en réalisant des économies et en ayant des choix plus nombreux. Actuellement, le Canada attribue les quotas aux transformateurs. Voilà qui ajoute une étape inutile et un coût supplémentaire, et donne essentiellement tous les quotas à ceux qui font concurrence aux produits d'importation.
Il faudrait également revoir le processus d'établissement des prix des produits laitiers au Canada. Le processus actuel, à la Commission canadienne du lait, ne tient pas compte de façon significative des points de vue des secteurs de l'alimentation et de la restauration au détail, ni de ceux des consommateurs, et s'appuie plutôt sur des données autodéclarées et non vérifiées. Nous demandons au gouvernement fédéral d'améliorer ce processus pour assurer une plus grande représentation, de la transparence et l'authentification des données.
[Français]
C'est avec plaisir que je répondrai à vos questions.
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Merci, monsieur le président.
Merci beaucoup aux témoins de cette excellente information.
Monsieur Northey, je m'adresse d'abord à vous. Vous avez abordé une ou deux questions plutôt essentielles que nous essayons de soulever depuis un certain temps. En fait, une lettre a été envoyée à ce sujet à certains ministres il y a plusieurs semaines.
Vous avez parlé, dans l'une des demandes que vous avez adressées au Comité et certainement au gouvernement, d'une enquête qu'il faudrait lancer en vertu de l'article 49 de la Loi sur les transports au Canada pour remédier à certaines des perturbations de la chaîne d'approvisionnement et de la nécessité être proactif afin de s'attaquer à certains de ces problèmes à l'avenir. D'après ce que vous avez dit, je suppose que ce n'est pas encore chose faite.
Comment le gouvernement explique-t-il qu'il n'a pas encore agi sur ce plan, étant donné que cette idée a été proposée il y a des semaines.
Je vais maintenant m'adresser à la Chambre de commerce du Canada.
Étant donné que les États-Unis ont un tsar du transport maritime et que le Canada n'est plus en mesure d'acheminer les produits vers les marchés, des voies de navigation sont détournées du Canada vers les États-Unis pour le transport de produits américains, parce que nous perdons notre réputation de partenaire commercial de confiance. Le problème n'est pas d'hier. Il dure assurément depuis un certain temps.
Monsieur Guy, à l'automne ou lorsqu'on a annoncé la vaccination obligatoire des camionneurs qui font du transport international, la Chambre de commerce du Canada a exhorté le gouvernement à surseoir à cette décision. Il ne l'a pas fait, bien entendu, et nous avons vu les résultats.
La Chambre de commerce ou l'un de ses membres ont-ils fourni au gouvernement des preuves ou des données scientifiques montrant que cette obligation n'était pas nécessaire, que c'était une mesure inutile?
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Merci, monsieur le président.
Merci à tous les témoins de leur présence. Nous vous sommes reconnaissants de votre témoignage et du temps que vous nous accordez.
Je vais d'abord m'adresser au Conseil canadien du commerce de détail.
Monsieur McLinton, j'ai quelques questions à vous poser.
Malheureusement, ces dernières semaines, nous avons entendu, surtout de la part des députés de l'opposition — ou de certains d'entre eux —, un discours selon lequel les tablettes des épiceries étaient vides et que c'était à cause de l'obligation vaccinale imposée par le gouvernement fédéral aux camionneurs transfrontaliers. Selon un article publié le 16 février, le Conseil canadien du commerce de détail aurait déclaré que « les membres du Conseil dans le secteur des marchés d'alimentation ont déclaré que de 90 à 94 % des produits normalement sur les tablettes sont actuellement disponibles ».
Il semble qu'il y ait encore des députés de l'opposition qui insistent sur cette thèse, qui me semble dangereuse, voulant que les Canadiens risquent de ne pas avoir de quoi manger. Pouvez-vous confirmer la citation du Conseil, publiée hier seulement, disant qu'un pourcentage élevé des produits sont toujours disponibles dans les épiceries au Canada?
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Le commerce de détail dans l'alimentation est un secteur très résilient. Comme je l'ai dit dans ma déclaration liminaire, nos membres sont soumis à différentes tensions. Chose certaine, les barrages routiers ont été un facteur qui a beaucoup pesé récemment, mais les tensions sont nombreuses, et il me semble inexact d'attribuer les difficultés à un seul facteur. L'industrie a un certain nombre de défis à relever.
Dans le meilleur des cas, nos membres n'ont jamais des tablettes garnies à 100 %. C'est probablement plutôt de l'ordre de 98 %. Il y a quelques semaines, on nous a dit que ce taux, selon les régions, pouvait se situer au pire un peu au-dessus de 80 % mais généralement autour de 90 %.
C'est un secteur très résilient. Nos membres doivent pouvoir faire leur travail, ce pourquoi il leur faut avoir des points d'entrée fiables, échapper à la réglementation inutile et profiter de tout ce que le gouvernement peut faire pour atténuer les pressions inflationnistes. Si tout cela est en place, les détaillants peuvent être très résilients.
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Je remarque que Michelle Wasylyshen, porte-parole du Conseil canadien du commerce de détail, a dit récemment: « Aucune menace ne pèse sur la robustesse globale du système d'approvisionnement alimentaire au Canada. »
À mon sens, il faut également se rappeler qu'un professeur de renom de l'Université de la Colombie-Britannique, à la faculté des systèmes fonciers et alimentaires, James Vercammen, a dit récemment que si quelque chose peut faire durer encore plus longtemps les pénuries, ce sont la panique et l'accumulation de réserves excessives.
Vous semble-t-il irresponsable que des personnes dont le poste comporte un rôle de leadership propagent la peur, ce qui risque de semer la panique et d'inciter des consommeurs à entasser des réserves excessives de produits alimentaires et autres? Cela ne risque-t-il pas d'accentuer les difficultés que nous éprouvons déjà, monsieur McLinton?
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Merci, monsieur Turnbull. La question est double.
Les achats qui sont faits sous le coup de la panique n'aident personne. Nous l'avons constaté dès le début de la crise dans le cas des produits alimentaires. D'autres produits ont été touchés. Tout le monde aura entendu parler du papier hygiénique et d'autres produits semblables. Non seulement cela n'a pas aidé, mais ce n'était pas nécessaire non plus, parce que les détaillants en alimentation sont très résilients, qu'ils ont de très bonnes relations avec leurs fournisseurs, qu'ils ont fait et continuent de faire tout le nécessaire pour s'adapter.
Le vrai problème ici, selon moi, c'est qu'il faut permettre aux détaillants de travailler dans le contexte où ils sont le mieux placés pour pouvoir faire leur travail. Pour cela, il faut faire tout ce que j'ai énuméré. Toute aide est utile. Les pressions sont nombreuses, et tout ce que le gouvernement peut faire pour les alléger atténuera en partie les tensions dans les chaînes d'approvisionnement.
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Nous n'avons rien à dire au sujet des travailleurs étrangers.
En ce qui concerne nos chaînes d'approvisionnement actuelles, cependant, notre plus gros problème de main-d'œuvre, c'est que nous devons mettre du monde à pied parce que nous ne pouvons pas faire de commerce. Dans notre chaîne d'approvisionnement, que ce soit à cause des transbordeurs à Vancouver, des négociants ou des usines de transformation, nous ne pouvons pas transporter nos produits en ce moment. Des mises à pied s'imposent donc.
Évidemment, il y a différents freins et contrepoids qui doivent jouer, mais du point de vue de la main-d'œuvre, c'est notre problème de l'heure, et nous devons récupérer nos effectifs pour que nos chaînes d'approvisionnement se remettent en marche.
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Il faudrait définir le poste en fonction de deux grands éléments.
Premièrement, nous voudrions que quelqu'un ait le mandat de réunir les membres de la chaîne d'approvisionnement pour régler les problèmes actuels. Dans l'écosystème de Vancouver, e ce moment, de nombreux intervenants dans la chaîne d'approvisionnement par conteneurs prennent des décisions qui ne sont pas optimales et qui multiplient les difficcultés. Dans l'immédiat, il serait essentiel que quelqu'un puisse intervenir pour régler ce problème.
À long terme, si nous songeons à un poste comme celui-là, qu'il s'agisse d'un commissaire ou d'autre chose, le véritable résultat dont nous avons besoin, c'est que quelqu'un soit en mesure d'évaluer la situation au Canada et, au bout du compte, de conteneuriser la chaîne d'approvisionnement, d'ici juin dans notre cas, mais pour tous...
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Je vous remercie beaucoup, monsieur le président.
Je suis très heureux de participer à cette rencontre du Comité permanent de l'agriculture et de l'agroalimentaire.
Je remercie tous les témoins d'être avec nous aujourd'hui pour nous faire part de leur réalité et nous parler de ces questions qui sont cruciales, notamment pour les entreprises et pour les membres des associations qu'ils représentent.
La pandémie et l'arrêt temporaire de l'économie ont perturbé toutes les activités économiques, et la reprise de ces activités est très complexe. En effet, il ne suffit pas d'appuyer sur un interrupteur. Beaucoup de gens et de sous-traitants travaillent afin de rendre disponibles toutes sortes de produits pour nos concitoyens. Les perturbations dans les chaînes d'approvisionnement sont en bonne partie la cause de la hausse de l'inflation, laquelle engendre une hausse du coût de la vie pour beaucoup de gens que nous représentons à titre d'élus. Par conséquent, les questions dont nous parlons aujourd'hui sont cruciales à bien des égards.
Ma question s'adresse à M. Northey, de Pulse Canada.
Monsieur Northey, vous avez dit qu'un envoi prend normalement de 20 à 40 jours avant d'atteindre sa destination, et que, en raison des perturbations, certains envois prennent maintenant de 70 à 90 jours avant d'arriver à destination.
Pourriez-vous nous en dire davantage sur l'initiative hébergée sur le site containercrunch.ca que vous avez mentionnée un peu plus tôt et qui est liée au problème des conteneurs?
Quelle sorte de partenariat avec le gouvernement serait nécessaire pour que votre secteur puisse mettre en place des mesures efficaces comme cette initiative?
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Voyons expressément les chiffres, les délais de transit, une fois qu'un conteneur est à bord d'un navire vers une destination.
Prenons l'Inde, par exemple, qui est un marché important. Auparavant, il fallait plus de 40 jours. Maintenant, nous en sommes à environ 90 jours. Au fond, c'est à cause de changements qu'a entraîné l'annulation de certaines routes qui seraient plus rapides et de la nécessité de transborder les marchandises dans d'autres pays. Cela ne fait qu'aggraver le problème: notre capacité de servir les marchés devient moins prioritaire. Du point de vue des transporteurs maritimes, ce n'est pas aussi rentable.
Notre grande préoccupation, c'est qu'il faut une solution immédiate... J'ai dit que lorsque quelqu'un... Il faut que nous puissions réunir les divers éléments de la chaîne d'approvisionnement immédiatement pour régler le problème des décisions non optimales qui sont prises. Au bout du compte, du point de vue de la chaîne d'approvisionnement par conteneurs, ce qu'il faut surtout, c'est travailler à l'intérieur du Canada, mais avec d'autres partenaires, à une structure de gouvernance correcte pour les lignes de transport maritime.
Nous avons une loi désuète, adoptée il y a plus de 40 ans, qui les soustrait à la Loi sur la concurrence. À l'heure actuelle, nous sommes très bien placés pour examiner le genre de structure à mettre en place pour régir les lignes de transport maritime. Au bout du compte, tous les pays étudient la question en ce moment. Les États-Unis étudient un projet de loi qui porte précisément là-dessus. Nous avons maintenant l'occasion de nous assurer de faire les choses correctement.
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Je vous remercie beaucoup, c'est très intéressant.
Monsieur Northey, les récents barrages à la frontière canado-américaine ont causé beaucoup de perturbations au secteur agricole. En effet, les coûts qui en découlent vont probablement atteindre des milliards de dollars.
La saison des semences arrive bientôt, soit dans quelques semaines. Ces retards ont-ils eu des répercussions sur des produits essentiels, comme des semences ou des fertilisants, qui ont été retenus à la frontière?
Quels ont été les effets de ces barrages, le cas échéant?
J'aimerais maintenant poser une question à M. McLinton.
Monsieur McLinton, vous avez mentionné le problème du manque de main-d'œuvre. Vous n'êtes pas les seuls à devoir y faire face, puisque ce problème est répandu partout au Québec et au Canada. Une partie de la réponse est l'immigration, comme vous l'avez mentionné. Nous, au NPD, nous sommes d'accord sur cela.
Cependant, ce qui m'inquiète, ce sont les délais de traitement des dossiers transmis à Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada. Depuis deux ans, le ministère tourne au ralenti, il ne respecte pas les délais...
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je remercie les témoins de leurs exposés et du temps qu'ils nous ont accordé.
Je reviens un instant sur l'échange entre M. Turnbull et M. Guy.
Je ne suis pas d'avis que certains d'entre nous ont suscité la panique chez les électeurs. J'ai des photos d'épiceries dont les tablettes sont vides, à Regina: pas légumes, pas de yogourt et pas de fruits. Nous ne pouvons pas faire abstraction du contexte, car il y a des problèmes. Ce n'est pas parce que les tablettes des épiceries d'autres régions sont bien garnies qu'il n'y a pas de problèmes dans d'autres circonscriptions. Même si les épiceries sont approvisionnées, les prix sont tellement élevés que les consommateurs n'ont pas les moyens de faire leurs emplettes de toute façon. Voilà un aperçu du contexte qui explique ce que ressentent certains électeurs dans d'autres régions de la province.
Monsieur Guy, vous avez dit que le barrage faisait problème pour la chaîne d'approvisionnement. Avez-vous communiqué avec le gouvernement libéral en 2020 pour qu'il prenne des mesures proactives à l'époque où des barrages routiers bloquaient le port de Vancouver et les voies de navigation?
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Merci beaucoup, monsieur le président, et merci à tous les témoins d'être là.
Je m'adresse d'abord à la Chambre de commerce.
Vous avez parlé tout à l'heure du fardeau réglementaire et des investissements dans l'infrastructure des transports. Vous avez dit souhaiter un rendement mesurable sur le plan économique. Et à propos du fardeau réglementaire, vous avez parlé de l'obligation de tenir compte de l'économie et de la concurrence.
Votre troisième point portait davantage sur le climat et les plans de carboneutralité, etc. Comment conciliez-vous la nécessité de prendre des mesures pour lutter contre les changements et phénomènes climatiques si, pour ces deux premiers points, vous visez uniquement le rendement économique sans vraiment tenir compte des préoccupations environnementales? Il semble qu'il y ait là un certain cloisonnement, si je puis dire.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je reviens à la question que j'ai commencé à adresser à M. McLinton lors du tour de questions précédent.
L'immigration peut être une réponse à une certaine pénurie de main-d'œuvre. En tant que néo‑démocrates, nous sommes d'accord là-dessus. Cela dit, il y a des retards importants à Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada depuis des mois, sous le gouvernement libéral. Dans ma circonscription, nous entendons des histoires d'horreur sur toutes sortes de demandes, qu'il s'agisse de visas de travail, de travailleurs temporaires ou de permis de résidence permanente. Les délais de traitement peuvent atteindre 12, 18 ou même 24 mois. En tant qu'industrie, ces délais d'Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada vous inquiètent-ils?