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Bonjour à tous. Je déclare ouverte la 16
e séance du Comité permanent de l'agriculture et de l'agroalimentaire de la Chambre des communes. Nous allons poursuivre notre étude sur l'apport environnemental du secteur agricole.
J'ai quelques questions d'ordre administratif, chers collègues. La réunion d'aujourd'hui se déroule de façon hybride, conformément à l'ordre de la Chambre du 25 novembre 2021. Les délibérations seront disponibles sur le site Web de la Chambre des communes. Sachez que la webdiffusion montrera toujours la personne qui parle plutôt que l'ensemble du Comité. Comme vous le savez, aucune capture d'écran ou photo n'est permise pendant les délibérations, et bien sûr, les personnes présentes dans la salle doivent veiller à respecter les protocoles de santé établis par le Bureau de régie interne.
J'ai bien hâte d'accueillir nos invités. Pour votre gouverne — je crois que vous êtes tous dans la salle, et c'est donc un grand plaisir pour moi de vous revoir —, en ce qui concerne la langue, vous pouvez choisir d'entendre l'anglais ou le français à l'aide du casque d'écoute devant vous.
Conformément au paragraphe 108(2) du Règlement et à la motion adoptée par le Comité le lundi 31 janvier 2022, le Comité reprend son étude de l'apport environnemental du secteur agricole.
J'aimerais souhaiter la bienvenue à notre premier groupe de témoins. Nous accueillons en personne Susie Miller, directrice générale de la Canadian Roundtable for Sustainable Crops, et Erin Gowriluk, directrice générale des Producteurs de grains du Canada. Fawn Jackson, directrice des politiques et des affaires internationales de la Canadian Cattlemen's Association participe également à la réunion, ainsi que Duane Thompson, président du Comité de l'environnement de la Canadian Cattlemen's Association.
Chacune de nos organisations disposera de cinq minutes pour faire une déclaration préliminaire.
Chers collègues, je voudrais simplement souligner la possibilité d'un vote sur la procédure ce matin. Je me demandais si nous pourrions parvenir à un consentement unanime pour que, si la sonnerie retentit pour quelque raison que ce soit, je nous garde ici encore un peu afin que nous puissions poursuivre nos travaux.
Merci beaucoup de m'avoir donné l'occasion de comparaître devant vous, en personne. C'est un plaisir pour moi.
Je m'appelle Susie Miller et je suis directrice générale de la Canadian Roundtable for Sustainable Crops. Notre organisation est déterminée à saisir les occasions et à relever les défis liés à la durabilité de la production de céréales, d'oléagineux et de légumineuses au Canada. Nos membres sont des organisations de producteurs de grains, des fournisseurs d'intrants, des négociants en grains, des entreprises alimentaires, des associations de conservation et des chercheurs. Cela englobe tous les intervenants.
Vous avez déjà reçu beaucoup d'excellents conseils. Plutôt que de les répéter, j'ai pensé que je pourrais concentrer mes observations sur ce que les producteurs de grains nous ont dit au sujet des défis et des possibilités en matière de durabilité. Nous avons eu des conversations avec eux l'hiver dernier et cet hiver. Nous avons parlé avec plus de 600 agriculteurs.
Voici ce qu'ils disent. D'abord et avant tout, ils veulent être reconnus pour leur contribution aux solutions climatiques et pour les mesures qu'ils ont prises et qu'ils continuent de prendre pour atténuer les émissions de gaz à effet de serre dans leurs fermes et séquestrer le carbone dans leur sol. Ils ont un peu l'impression d'être les méchants, alors qu'ils se voient davantage comme des héros. Les bonnes pratiques environnementales comme celles qui touchent la santé des sols ont toujours été importantes pour les cultivateurs. Ils sont fiers du travail qu'ils font. Ils veulent être perçus comme des professionnels qui ont l'expertise nécessaire pour prendre les bonnes décisions.
Les agriculteurs nous ont dit qu'il y a de nombreuses façons d'atteindre les objectifs finaux de la santé des sols et de la réduction des émissions de GES. Il est important pour eux, pour le gouvernement et aussi pour leurs clients, de ne pas rejeter arbitrairement certaines pratiques comme étant inadéquates, et de ne pas privilégier une pratique par rapport à une autre ou désigner une pratique donnée comme « la » solution. Ils pensent que leur façon d'atteindre l'objectif final devrait être fondée sur la science, et ils veulent un calcul des coûts et des avantages et des répercussions sur eux. La recherche est essentielle pour déterminer non seulement les pratiques exemplaires, mais aussi la façon de limiter les risques liés à la mise en œuvre de nouvelles pratiques. Ils ont dit que la technologie nouvelle et améliorée peut les aider à aller là où ils veulent aller.
Ils nous ont aussi dit — je suis sûre que vous l'avez déjà entendu — qu'il faut reconnaître les différences entre les régions et entre les exploitations. Nous avons souvent entendu dire qu'il n'y a pas de solution universelle. Un exemple qui a souvent été cité est la culture sans labour. Cette pratique qui est bénéfique dans l'Ouest du Canada pourrait être plus difficile dans l'Est où le climat est plus humide. Les cultures de couverture, par exemple, sont difficiles lorsque le sol est gelé au moment de la récolte.
Les agriculteurs nous ont également dit que les pratiques agricoles modernes et la faune peuvent coexister et le font effectivement. En ce qui concerne les solutions axées sur la nature, ils voient des coûts importants ou des pertes de revenus qui peuvent entrer en conflit avec leurs objectifs de gestion des risques et de viabilité. Ils aimeraient que ces coûts soient quantifiés et pris en compte lorsqu'ils appuient des solutions axées sur la nature.
Ils ont dit surtout qu'ils voulaient vraiment faire leur part. Ils pensent qu'ils le font déjà, mais ils veulent contribuer davantage. Ils voient des conflits potentiels, ou plutôt des compromis, entre les diverses priorités du gouvernement du Canada et de la population canadienne qui les concernent, à savoir la réduction des émissions de gaz à effet de serre provenant des exploitations agricoles, l'augmentation de la matière première pour les carburants renouvelables, la contribution du Canada à la sécurité alimentaire mondiale et la contribution du secteur agricole à la croissance économique. Ils ne sont pas certains de la façon dont ils peuvent aider à atteindre tous ces objectifs en même temps.
Les agriculteurs aimeraient que des changements soient apportés au marché, qui ne tient pas compte de la contribution qu'ils apportent aux solutions climatiques ni des investissements qu'ils doivent faire. Ils s'inquiètent de la perte de leur capacité d'utiliser des pratiques agricoles modernes qui les aident à améliorer la santé des sols et à séquestrer le carbone. Ils craignent, comme vous le savez sans doute, que d'autres règlements ou cibles soient imposés arbitrairement, de leur point de vue, sans tenir dûment compte de leur capacité d'y satisfaire.
Par-dessus tout, ils veulent travailler en partenariat avec les gouvernements et les clients pour déterminer la meilleure façon de contribuer à l'atténuation des changements climatiques.
Merci.
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Merci, monsieur le président et membres du Comité, de m'avoir invitée à vous parler aujourd'hui de ce sujet important pour les agriculteurs, les Canadiens et le monde entier.
C'est très agréable d'avoir l'occasion de voir bon nombre de vos visages en personne maintenant. Merci.
Je m'appelle Erin Gowriluk. Je suis directrice générale des Producteurs de grains du Canada, une association nationale qui représente les intérêts d'environ 65 000 producteurs de céréales, de légumineuses et d'oléagineux dans toutes les provinces du pays.
En tant que porte-parole des producteurs de grains du Canada, j'aimerais souligner que nos membres considèrent leur relation avec la terre comme primordiale. Leur gagne-pain en dépend. L'agriculture vise à laisser un environnement sain et durable aux générations futures. Aujourd'hui, je suis fière de pouvoir en parler avec vous tous.
En prévision de ma comparution ici aujourd'hui, j'ai demandé à nos membres de nous faire part de leurs histoires de durabilité, ainsi que de quelques exemples concrets de méthodes et de pratiques qu'ils ont utilisées pour accroître la productivité de leurs activités tout en protégeant leur viabilité. Nos membres ont répondu avec enthousiasme et sans hésitation.
D'abord et avant tout, bon nombre de nos membres ont souligné les importants investissements en recherche que les agriculteurs ont faits directement pour améliorer la contribution du secteur à l'environnement. Bien avant que des pressions politiques ou des mandats stratégiques importants ne soient exercés, les agriculteurs ont investi dans des activités scientifiques solides visant à réduire les émissions ainsi que leur empreinte carbone. La raison en est simple: c'est parfaitement logique.
En fait, nos associations membres ont investi des millions de dollars pour établir des pratiques exemplaires en matière de gestion des engrais afin d'obtenir les meilleurs rendements possible des cultures tout en minimisant les intrants essentiels à leur croissance. Les investissements dans ce genre de recherche sont tout aussi sensés sur le plan des affaires que sur le plan environnemental. Lorsque de l'azote coûteux, par exemple, est perdu dans l'atmosphère ou mal utilisé, cela a également une incidence sur les marges déjà minces des agriculteurs.
L'innovation ne s'arrête pas là. Des investissements importants ont également été faits dans la recherche sur la façon d'utiliser l'azote plus efficacement et de modifier la génétique de la plante pour lui permettre de fixer son propre azote. Cela s'ajoute à la recherche visant à réduire l'utilisation d'herbicides et d'insecticides, tout en rendant la plante elle-même plus réactive et moins impactante sur son propre écosystème.
Pendant que cette importante recherche se poursuit, les agriculteurs canadiens ont également été à la fine pointe des pratiques agricoles pour faire en sorte que leur exploitation soit efficace, rentable et durable. Parmi les nombreuses pratiques dont on m'a parlé, j'aimerais en souligner quelques-unes qui sont essentielles. Cela comprend l'adoption de la technologie à taux variable, ou « agriculture de précision », pour optimiser l'utilisation des semences, des engrais et des produits phytosanitaires; l'adoption de nouveaux moteurs diesel à trois et à quatre niveaux dans les tracteurs, ainsi que l'utilisation de la technologie GPS pour prévenir le chevauchement des champs, la réduction de la quantité de carburant utilisée et, bien sûr, comme Mme Miller l'a mentionné, l'adoption généralisée du travail de conservation du sol, qui crée un puits de carbone tout en augmentant la quantité de matière organique dans le sol.
J'encourage tous les membres du Comité qui n'ont pas encore eu l'occasion de le faire, à aller visiter une ferme qui a adopté ces technologies. C'est une technologie vraiment remarquable qui a eu des répercussions environnementales incroyables sur les exploitations agricoles canadiennes partout au pays.
Je m'en voudrais de ne pas vous remercier, monsieur le président, d'être venu en Saskatchewan précisément dans ce but.
Si je mentionne tout cela, ce n'est pas pour dire qu'il est impossible de réaliser d'autres progrès. Les producteurs de grains du Canada cherchent constamment la façon la plus efficace d'aller de l'avant. Même si bon nombre de ces pratiques ont un coût pour les producteurs, elles ont été adoptées volontairement en l'absence de toute exigence réglementaire à cet égard. C'est pourquoi il est si important de ne pas perdre de vue la viabilité économique des exploitations agricoles canadiennes. Peu importe où vous exploitez une ferme au Canada, vos marges sont de plus en plus étroites. En fait, cette année, de nombreux agriculteurs canadiens planteront probablement leurs cultures les plus coûteuses.
Pensez au coût sans précédent du carburant, des engrais et des produits phytosanitaires, ainsi qu'à l'incertitude mondiale et environnementale à laquelle font face des milliers de producteurs de grains qui se remettent encore de la sécheresse dévastatrice de l'an dernier. Pour atteindre les objectifs du gouvernement et de l'industrie, les agriculteurs devront continuer d'investir dans leurs activités et dans de nouvelles technologies et de l'équipement qui les rendront plus efficaces. Ils feront ces investissements lorsqu'ils auront confiance en la stabilité économique et la durabilité de leur exploitation. Les gouvernements peuvent faciliter cela en veillant à ce que les agriculteurs aient accès à des programmes de gestion des risques prévisibles et fiables comme Agri-investissement et Agri-stabilité.
Une autre façon d'encourager les agriculteurs à investir dans de nouvelles technologies et pratiques consiste à appuyer le projet de loi et à alléger la tarification du carbone sur le gaz naturel et le propane utilisés pour sécher le grain. Les remboursements ne compenseront pas les coûts résultant de la tarification du carbone.
Les producteurs de grains sont prêts à faire plus, comme en témoigne leur bilan. C'est pourquoi, le 28 mars dernier, les Producteurs de grains du Canada ont annoncé la création d'une initiative de solutions climatiques pour aider le Canada à atteindre son ambitieux objectif de carboneutralité d'ici 2050.
L'initiative En route vers 2050 proposera une voie à suivre axée sur l'innovation, la recherche et les pratiques de gestion bénéfiques. Cela stimulera la productivité tout en continuant d'améliorer la qualité du sol, d'améliorer le potentiel de séquestration du carbone des terres cultivées et de réduire les émissions.
Nous croyons qu'une approche unifiée à l'égard des changements climatiques est la meilleure façon d'aller de l'avant. Soyez assurés que les producteurs de grains canadiens sont prêts à faire leur part , en tant que partenaires clés, avec nos décideurs et nos législateurs. Nous sommes prêts à produire encore plus d'aliments tout en soutenant une population croissante.
Je vous remercie du temps que vous m'avez accordé. Je me ferai un plaisir de répondre à vos questions.
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Bonjour et merci de me donner l’occasion de comparaître devant le Comité.
Je m’appelle Duane Thompson. Je suis producteur bovin et cultivateur en Saskatchewan et je préside le comité de l’environnement de la Canadian Cattlemen’s Association. J'ai le plaisir d’être accompagné aujourd’hui de Fawn Jackson, membre du personnel de la CCA.
La dernière fois que nous avons comparu devant le Comité, nous avons discuté de la contribution de l’industrie bovine aux résultats environnementaux et décrit nos objectifs robustes pour 2030. Dans le cadre de la discussion, nous avons parlé des 44 millions d’acres de prairies gérées par les producteurs de bœuf canadiens et du rythme effarant auquel nous perdons cet écosystème à risque.
Dans cette optique, nous aimerions examiner de plus près l’utilisation des terres dans le secteur agricole, car il s’agit du facteur le plus corrélé à notre capacité de respecter nos engagements environnementaux communs, notamment en ce qui concerne les changements climatiques et la biodiversité.
L’analyse effectuée par Conservation de la nature Canada montre qu’en moyenne, au cours des 25 dernières années, environ 148 000 acres de prairies indigènes tempérées ont été perdues chaque année en raison de la conversion. Cela ne comprend pas les pâturages cultivés et les terres à foin, qui sont également en train de disparaître. En fait, il ressort d'une étude récente de Nature United que l’arrêt de cette perte est la meilleure solution que nous ayons pour ce qui est des solutions climatiques naturelles.
Naturellement, nous devons nous demander pourquoi cette situation s’est produite et ce que nous devons faire pour renverser la vapeur.
Plusieurs raisons expliquent ce changement et cette évolution dans l’utilisation des terres agricoles. Bien sûr, l’industrie bovine a connu des difficultés économiques dans le passé, surtout au début des années 2000, à la suite de l’ESB. Nous avons constaté un impact économique important qui a entraîné d’importants changements dans l’utilisation des terres qui ont été ressentis pendant de nombreuses années. Cependant, aujourd’hui, même si l’industrie bovine se trouve dans une position économique beaucoup plus solide par rapport à l’époque de l’ESB, nous continuons de voir la perte de prairies directement liée à la diminution des troupeaux de vaches.
L’un des principaux facteurs, c’est que l’industrie bovine est moins en mesure de gérer les risques associés à son secteur que le secteur des cultures. Par exemple, dans notre exploitation, nous avons des outils plus efficaces pour gérer les risques liés à nos cultures que pour le bœuf. De plus, notre assurance-récolte est une prime à frais partagés, mais pas notre assurance pour le bœuf. C’est extrêmement important pour nos jeunes producteurs et nos familles. Ces facteurs mènent à des décisions d’affaires selon lesquelles des agriculteurs et des éleveurs convertissent des pâturages en terres cultivées ou les vendent peut-être à d’autres fins.
Aujourd’hui, la demande de biocarburants et les prix des récoltes étant ce qu’ils sont, les gens ont d’autres raisons économiques d’envisager de changer l’utilisation de leurs terres. Bien sûr, dans certains cas, il pourrait être logique de le faire et nous voulons certainement laisser à nos propriétaires fonciers privés le soin de prendre ces décisions. Toutefois, comme vous l’avez déjà entendu dire, comme nos partenaires de la conservation, nous comprenons l’immense valeur environnementale que représente la préservation des prairies au Canada, notamment sur le plan de la séquestration de carbone et de l’immense biodiversité, y compris pour les espèces en péril.
Nous suggérons l’élaboration et l’adoption d’une stratégie globale d’utilisation des terres par tous les ordres de gouvernement et les intervenants afin d’établir un équilibre entre l’expansion urbaine, la production agricole et la protection de l’environnement.
Il y a aussi d’autres outils qui nous semblent utiles pour maintenir les prairies, comme un programme national de conversion en cultures fourragères vivaces, des investissements dans des servitudes à terme, l’amélioration du financement de programmes qui appuient les pratiques de gestion exemplaires, ou des programmes qui récompensent les producteurs pour la séquestration de carbone et la biodiversité, ainsi que la conservation de l’eau et des terres humides.
De concert avec les nombreux membres de la Canadian Roundtable for Sustainable Beef, l'industrie bovine s'est fixé des objectifs ambitieux pour 2030, notamment la préservation de 35 millions d’acres de prairies indigènes et la séquestration de 3,4 millions de tonnes supplémentaires de carbone chaque année. Ces efforts, associés à notre travail visant à réduire l’intensité de nos émissions de gaz à effet de serre de 33 % d’ici 2030, ce qui, je dois dire, est certainement sur la bonne voie grâce à de nouveaux additifs alimentaires intéressants, comme l’a mentionné la TRCDIB lors de sa comparution devant le Comité, nous permettent d'être très positifs à l'égard de l’avenir environnemental et économique de l’industrie bovine canadienne.
Le secteur de l’élevage bovin est fier d’être l’un des plus importants secteurs agricoles du Canada, de soutenir 348 000 emplois et de contribuer au PIB à hauteur de 21,8 milliards de dollars, tout en conservant 44 millions d’acres de l’important écosystème des prairies qui stocke 1,5 milliard de tonnes de carbone.
Nous avons beaucoup à offrir, tant pour l’économie canadienne que pour nos engagements environnementaux, et nous avons hâte de travailler avec vous à l’atteinte de ces objectifs communs.
Merci beaucoup de nous accueillir aujourd’hui. Nous serons heureux de répondre à vos questions.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie nos témoins de leurs excellents témoignages.
Je vais poser une série de questions et vous demander à tous les trois d’y répondre. Je vais revenir sur une observation que vous avez faite, madame Gowriluk, quand vous avez parlé de toutes les pratiques qui ont déjà été adoptées volontairement, et j'insistel ici sur le mot « volontairement ». J’ai déjà entendu ce mot à propos de l'écoconformité. Vous avez tous énoncé des objectifs environnementaux, et le gouvernement en a énoncé quelques-uns.
Mes questions sont les suivantes. Nous vous entendons lorsque vous témoignez ici. Avez-vous l’impression d’avoir été entendus lors de vos échanges avec AAC et ECCC? Que pensez-vous d’un lien? Nous entamons l’année où nous négocions le plafond. Qu'avez-vous à dire au sujet du lien entre les objectifs environnementaux et les objectifs de GRE?
Commençons par les Producteurs de grains, s’il vous plaît.
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Certainement. Merci beaucoup de votre question, monsieur Epp.
Pour répondre à la première partie de votre question, à savoir si nous avons l’impression d’avoir été entendus, je pense que les producteurs de grains de tout le pays voulaient être considérés comme des participants actifs à cette importante discussion. C’est pourquoi nous avons annoncé, le 28 mars, En route vers 2050. C’est notre façon de dire que nous pouvons être un fournisseur de solutions et que nous voulons travailler en étroite collaboration avec nos partenaires gouvernementaux pour nous assurer que les politiques et les programmes qui sont élaborés dans ce domaine reflètent les meilleurs intérêts des producteurs de grains canadiens.
En même temps, nous voulons nous assurer que les programmes sont pratiques et peuvent être appliqués, parce que, pour revenir à ce que disait Mme Miller, certaines des pratiques ou certains des programmes qui sont actuellement financés ne sont pas nécessairement logiques dans les exploitations agricoles du pays. C’est notre façon de dire que nous allons formuler des recommandations solides quant à ce que vous pouvez attendre des producteurs de grains canadiens, et nous voulons participer à ces discussions.
En ce qui concerne la deuxième partie de votre question sur l’écoconformité, nous pensons qu’il est vraiment important que, pendant que nous discutons de ce qu’un plus grand nombre d’agriculteurs canadiens peuvent et sont prêts à faire dans ce domaine en ce qui concerne leur contribution à l’environnement — c’est essentiel —, nous ne voulons pas que cela devienne un critère ou un obstacle pour accéder aux programmes de gestion des risques qui sont si essentiels pour les agriculteurs de tout le pays, surtout à un moment où ils font face à des risques sans précédent.
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Monsieur le président et monsieur Epp, je ne savais pas que nous pouvions le faire. Je suppose que nous avons cette banque ici.
Merci à nos témoins, en personne et virtuellement, d’être ici. J'ai pris beaucoup de notes.
Je vais commencer par Mme Miller, de la Canadian Roundtable for Sustainable Crops.
Vous avez parlé des pratiques exemplaires, des façons de limiter les risques. En même temps, vous avez aussi mentionné qu’il n’y a pas de solution universelle. Vous avez dit que la culture sans labour est plus facile dans l’Ouest que dans l’Est. Vous avez dit que les cultures de couverture sont plus difficiles si le sol gèle.
Où est l'équilibre? Comment pouvons-nous trouver un équilibre pour que les pratiques exemplaires soient partagées tout en mettant l’accent sur les régions? Quels sont les défis et quelles solutions proposez-vous?
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Je pense que vous comprenez bien que la prairie est un écosystème important qui apporte une grande valeur à l’économie et à la société en général.
Premièrement, nous devons trouver un moyen de favoriser la stabilisation et d’empêcher la conversion des terres parce que, comme je l’ai mentionné, nous perdons les prairies à un rythme alarmant. Si nous avions des programmes montrant, par exemple, la valeur de la séquestration de carbone qui a lieu dans les pâturages, les producteurs comme moi pourraient en tenir compte et, plutôt que d’ensemencer une parcelle qui ne produit peut-être pas le meilleur canola, nous pourrions la laisser en friche et valoriser ce carbone pâturages, il y aura une énorme libération de carbone, ce qui se produira également sur les prairies naturelles.
Nous devons avoir des moyens et des programmes qui peuvent soutenir et promouvoir efficacement la préservation des prairies, tout comme l’assurance-récolte et la prime partagée. Ce serait énorme, surtout pour nos jeunes producteurs, pour soutenir les prairies et la production bovine.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je salue les témoins et je les remercie d'être parmi nous aujourd'hui afin de nous livrer leurs précieux témoignages.
Monsieur Thompson, j'aurais le goût de vous laisser continuer sur votre lancée. Vous dites qu'il faut que les gens qui ont déjà instauré de bonnes pratiques soient inclus et ne soient pas découragés. Pensez-vous à un système de mesure qui permettrait d'évaluer l'état actuel des fermes? Vous dites qu'il y a des techniques que vous n'avez pas encore pour mesurer le carbone, mais, selon certains témoins que nous avons reçus, les technologies évoluent rapidement, alors quelque chose pourrait être mis en place prochainement.
Si on concevait une façon de mesurer l'état actuel de chacune des terres, qu'on tenait compte du point de départ de chacun et qu'on encourageait ceux qui ont déjà une belle performance, est-ce que cela répondrait à votre demande?
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Absolument. C’est un point essentiel. Nous sommes très près d'y arriver grâce à la technologie. Je crois savoir qu’il existe aux États-Unis une technologie de type infrarouge. Elle repose à la fois sur la croissance organique et des échantillonnages du sol, et cela peut se faire à partir d’images satellites. Comme je l’ai mentionné, la Food Water Wellness Foundation obtient de très bons résultats, dont elle est assez satisfaite.
Bien sûr, il faut que ce soit rentable. On ne peut pas demander aux gens de prélever des échantillons de sol, et c’est compliqué. Au bout du compte, il faut que ce soit rentable parce que si nous, les producteurs, sommes encouragés à faire ces impacts environnementaux et à être durables, et si nous pouvons quantifier nos niveaux de carbone à un niveau économique, nous devons en être les principaux bénéficiaires. Nous ne pouvons pas laisser les agrégateurs et le système se tailler la part du lion. Si nous pouvons être les bénéficiaires de ces pratiques environnementales durables et montrer les résultats que nous avons... Rien que dans notre exploitation, nous avons des terres qui ont presque le triple de la matière organique moyenne. C’est un facteur clé de la durabilité, et il y a tant de choses qui vont avec cela.
Oui, nous devons travailler à ces recherches.
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Vous recommanderiez donc au Comité de prendre en considération ce qui a été fait par le passé.
Il y a beaucoup de choses très intéressantes dans ce que vous dites. Entre autres, vous dites qu'il faut que ce soit efficace.
Recommanderiez-vous au Comité que ce système de rémunération soit décentralisé? Autrement dit, ce système ne serait pas compris dans un programme dicté par le gouvernement, mais ce serait plutôt fait sur mesure, au cas par cas, avec une évaluation locale. On prendrait comme point de départ la performance écologique des sols à l'heure actuelle, si je peux appeler cela ainsi. Ensuite, après un certain temps, on pourrait mesurer la nouvelle performance et quantifier cette amélioration.
Je vais vous donner mon avis personnel et vous me direz si cela a de l'allure. Je verrais cela comme un nouveau programme Agri-investissement. L'UPA parle d'un programme agri-vert. Des sommes seraient directement à la disposition des producteurs agricoles dans des comptes. En tant qu'entrepreneurs agricoles, vous pourriez utiliser cet argent pour mettre en œuvre la prochaine innovation environnementale. Ainsi, vous pourriez améliorer sans cesse votre performance, qui serait continuellement quantifiée, encouragée et rémunérée, afin de toujours aller plus loin. Le tout se ferait cependant de façon décentralisée.
Est-ce que cela a de l'allure?
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C’est très bien. Merci beaucoup, monsieur le président.
Merci à tous nos témoins. Je vais poser une question et j’aimerais que chacun d’entre vous y réponde.
En Australie, des efforts sont en cours pour mettre en oeuvre une stratégie nationale sur les sols. Elle va déterminer comment ce pays valorisera, gérera et améliorera son sol pendant les 20 prochaines années. J’aime comparer le Canada à l’Australie parce que, bien sûr, ce sont deux pays du Commonwealth. Ils ont tous les deux des systèmes de gouvernement très semblables. Avec la capitale du pays à Canberra, les gouvernements des États de l'Australie ont des pouvoirs de dévolution semblables à ceux de nos provinces.
C’est vraiment une entreprise énorme. L'Australie l'a fait en consultant de nombreux intervenants. Elle veut s’assurer que sa stratégie accordera la priorité à la santé des sols, qu’elle favorisera l’innovation et la gérance des sols et qu’elle renforcera les connaissances et la capacité en matière de sols.
Madame Gowriluk, je vais peut-être commencer par vous. Que pensez-vous des efforts déployés par l’Australie à cet égard, et pensez-vous que le Canada pourrait bénéficier de la mise en oeuvre d’une stratégie semblable dans le cadre de laquelle nous communiquerions vraiment avec les intervenants afin que le gouvernement fédéral fasse un effort concerté pour reconnaître que c’est l’une de nos ressources les plus précieuses?
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Monsieur MacGregor, merci beaucoup de votre question.
Je ne connais pas cette stratégie, mais d’après ce que vous avez dit aujourd’hui, c’est certainement quelque chose qui mérite d’être exploré. Pour ce qui est de votre dernier point, cependant, il est essentiel que chaque fois que nous examinons une stratégie comme celle‑ci, les agriculteurs de partout au Canada participent à la discussion. Je pense qu’ils seraient heureux d’avoir l’occasion de le faire.
Cela fait partie de ce que nous avions l’intention de faire, ou que nous comptons faire, avec la feuille de route des Producteurs de grains du Canada pour atteindre la carboneutralité d’ici 2050. Il s’agit d’avoir une discussion nationale avec les producteurs de grains de tout le pays au sujet des domaines où nous avons le plus grand potentiel et où nous savons que nous pouvons faire plus — pour cerner ces possibilités, présenter des recommandations solides au gouvernement et travailler en étroite collaboration avec nos partenaires gouvernementaux afin de veiller à ce que les politiques et les programmes reflètent les meilleurs intérêts des agriculteurs canadiens. C’est quelque chose que nous allons certainement explorer dans le cadre de cette discussion.
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Il y a un certain projet de loi d’initiative parlementaire, le projet de loi , que vous pourriez tous être intéressés à examiner pour poursuivre vos recherches.
Je vous remercie tous de vos réponses à ce sujet.
Je m’adresse maintenant à la Canadian Cattlemen’s Association. Votre organisation a publié, dans votre site Web, un article du 22 février intitulé « Curbing methane emissions will take a team effort ». Il s’agit d’un examen approfondi des différents additifs alimentaires qui sont en cours d’élaboration, en vue de réduire les émissions de méthane des ruminants — des bovins laitiers et des bovins de boucherie.
Nous savons également qu’il existe des recherches potentiellement prometteuses sur le développement de différents stocks génétiques, par exemple, qui pourraient permettre de réduire davantage les émissions de méthane à long terme.
Je sais que la recherche prend beaucoup de temps pour donner de bons résultats. Cependant, lorsque vous examinez les progrès de la recherche, tant pour ce qui est de la mise au point de ces additifs alimentaires et de leur approbation à des fins commerciales que pour ce qui est des différents gènes, des lignées sanguines, ce qui pourrait aussi donner des résultats incroyables, êtes-vous satisfait de la façon dont la recherche progresse?
S’il y a place à l’amélioration, y a‑t‑il quelque chose que notre comité pourrait recommander expressément au gouvernement fédéral pour soutenir encore plus la recherche? Le gouvernement fédéral doit‑il accorder plus d’attention au financement de cette recherche en raison du potentiel qu’elle pourrait générer en termes de réduction absolue de nos émissions de méthane?
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Merci, monsieur le président.
Je remercie les témoins d'être parmi nous ce matin.
J'ai une question pour Mme Gowriluk.
Le rapport du directeur parlementaire du budget mentionne que, lorsque la taxe sur le carbone aura atteint en 2030 son objectif de 170 $ par tonne, cela aura peu d'effet sur l'émission de GES.
Dans un premier temps, êtes-vous d'accord sur cet énoncé du directeur parlementaire du budget?
Par ailleurs, on a deux possibilités: soit on rembourse cet argent, soit on enlève complètement la taxe sur le carbone dans le cas du propane et du gaz naturel. Quelle serait la différence entre ces deux options, selon vous? Quel est votre point de vue à ce sujet?
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Merci beaucoup de votre question, monsieur Lehoux.
En ce qui concerne la première partie de votre question, il ne faut pas oublier que la taxe sur le carbone s’applique au gaz naturel et au propane utilisés pour le séchage du grain. À l’heure actuelle, les agriculteurs n’ont d’autre choix que d’utiliser des combustibles fossiles. C’est pourquoi nous continuons d’appuyer l’adoption du projet de loi d’initiative parlementaire . Je pense que le gouvernement reconnaît que l’objectif visé par cette politique particulière n’est pas atteint.
Pour ce qui est du deuxième point que vous avez soulevé au sujet de l’élaboration du programme de remboursement qui a été établi, l’intention ultime de ce programme était de rembourser la totalité des fonds recueillis auprès des agriculteurs et des éleveurs canadiens aux agriculteurs et aux éleveurs canadiens. Ce que nous avons constaté, c’est que, même si tout cet argent est déboursé, le remboursement n’est pas équitable en ce qui concerne sa distribution. Certains de nos administrateurs ont quantifié ce qu’ils recevront sous forme de remboursement. Dans certains cas, le montant de ce remboursement restera inférieur à 40 % de ce qu’ils ont payé en taxes sur le carbone.
Je pense que le gouvernement reconnaît que la taxe qui est appliquée n’est pas juste et qu’elle n’atteint pas l’objectif visé. C’est pourquoi notre secteur continue d’appuyer l’adoption du projet de loi , car il s’agit de la façon la plus efficace de veiller à ce que les producteurs canadiens, qui n’ont d’autre choix que d’utiliser le gaz naturel et le propane pour sécher leur grain, le fassent sans frais supplémentaires. surtout si l’on tient compte de tous les coûts sans précédent auxquels ils font face actuellement.
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Merci, monsieur le président.
Madame Gowriluk, les discussions sur le projet de loi seront très semblables à celles que nous avons tenues sur le projet de loi lors de la législature précédente. Je me souviens que quand le Comité a été saisi de ce projet de loi, nous avons entendu des témoins, des gens qui s'occupaient de la technologie, qui nous ont dit qu'il faudrait probablement au moins 10 ans avant que les solutions de remplacement du propane et du gaz naturel soient commercialement viables.
Nous avons également entendu un témoin dans le cadre de cette étude qui a mis le Comité en garde contre les systèmes qui retirent des champs les résidus de plantes et de récoltes pour les utiliser comme carburants, parce qu'ils sont très importants, selon elle, pour augmenter la séquestration du carbone dans le sol.
Quelle que soit la solution choisie, il faudra faire des compromis.
Est‑ce que certains de vos membres ont commencé à utiliser d'autres systèmes? Voudraient-ils que le gouvernement fédéral fasse plus de recherche dans ce domaine? Je sais que malgré son prix élevé, avec ou sans la taxe sur le carbone, le gaz naturel demeure une source de carburant très volatile sur les marchés internationaux, de sorte que les agriculteurs ne jouiront pas toujours de la stabilité qu'ils désirent.
Qu'en pensez-vous?
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C'est tout à fait vrai. Merci beaucoup de me poser cette question.
Comme je l'ai dit dans mes observations préliminaires, lorsque nous avons consulté nos membres pour préparer notre comparution d'aujourd'hui, ils ont surtout mentionné l'efficacité et les économies de coûts. Bon nombre des pratiques qu'ils ont adoptées favorisent l'environnement, mais elles sont tout à fait sensées sur le plan des affaires. Si vous leur proposez une solution de remplacement du gaz naturel et du propane, qui coûtent de plus en plus cher, les agriculteurs l'adopteront, mais il faudra qu'elle leur permette de faire des économies et qu'elle soit efficace.
Quant à savoir si de nombreux agriculteurs qui sèchent du grain utilisent actuellement une solution de rechange au gaz naturel et au propane, la réponse est non. Il n'en existe pas encore.
Je crois que c'est la raison pour laquelle le projet de loi reçoit l'appui de l'ensemble du secteur et non uniquement celui des producteurs de grains. Nous reconnaissons qu'il ne nous permettra pas d'atteindre son objectif stratégique, qui est d'encourager un changement de pratiques et de permettre aux agriculteurs canadiens d'utiliser des sources de carburant de remplacement. Il n'existe tout simplement pas de solution de rechange actuellement pour le séchage du grain.
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Merci, madame Gowriluk.
Merci, monsieur MacGregor. Malheureusement, votre temps est écoulé. Cela met fin à notre premier groupe de témoins.
Chers collègues, je ne le fais pas souvent, mais je vais poser une question rapide à M. Thompson.
Vous venez de la Saskatchewan, et j'ai eu le privilège d'y aller il y a quelques semaines. J'ai rendu visite à l'un de vos collègues, M. Scott Greiner, près d'Indian Head.
Notre conversation sur la gestion des terres et sur les pressions que subissent les agriculteurs quand ils choisissent leurs cultures m'a stupéfié. Certaines exploitations agricoles sont mixtes, mais nous savons que les prix des produits de base sont actuellement à la hausse. Il m'a parlé de certains marécages et milieux humides et de la pression inhérente exercée pour qu'on les maximise encore plus en choisissant les cultures.
Le gouvernement avait annoncé des programmes de préservation des terres humides. Nous savons qu'il a conclu des partenariats avec Canards Illimités. Pouvez-vous nous dire si ces programmes sont utiles aux agriculteurs, qu'ils soient éleveurs de bétail comme vous, ou cultivateurs?
Ces programmes sont-ils efficaces? Comment pouvons-nous les faire progresser, surtout compte tenu des pressions qui s'exercent pour préserver les terres humides et les pâturages?
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Chers collègues, nous reprenons nos travaux.
Merci, madame la greffière, d'avoir installé rapidement les nouveaux témoins.
Nous allons passer directement aux déclarations préliminaires afin de pouvoir passer aux questions, puisque le vote est imminent.
Aujourd'hui, je suis heureux d'accueillir M. Eric Toensmeier, directeur du Perennial Agriculture Institute qui, je crois, est associé à l'Université Yale, bien que cela ne figure pas dans mes notes. Nous accueillons aussi M. Rod MacRae, qui travaille à la Faculté des changements environnementaux et urbains de l'Université York, et M. Ryan Cullen, entrepreneur en agriculture à petite échelle et urbaine, City of Greens Farm.
Chacun de vous dispose de cinq minutes pour faire une déclaration préliminaire, alors commençons sans plus tarder.
Monsieur Tœnsmeier, vous avez la parole pour cinq minutes.
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Merci, mesdames et messieurs les députés.
J'espère vous faire part aujourd'hui de mon expérience d'ancien agrégé supérieur de recherche pour le projet Drawdown et de chercheur sur l'atténuation des changements climatiques en agriculture. Mes connaissances portent sur la science et sur les pratiques. Je m'en remets à vous pour l'aspect politique.
Les changements climatiques font penser à un évier de cuisine qui déborde. Les émissions sont l'eau qui s'écoule du robinet, mais qui finit par se déverser sur le plancher. La première chose à faire est de fermer le robinet. En le fermant, on réduit les émissions. Il faut ensuite nettoyer le plancher détrempé. C'est la séquestration du carbone. Les deux approches sont nécessaires, et ni l'une ni l'autre ne suffit à elle seule.
En agriculture, nous avons plusieurs méthodes d'atténuation.
La première consiste à réduire la demande. Par exemple, on cherche à réduire le gaspillage alimentaire et l'on encourage les régimes alimentaires contenant des aliments dont la culture produit de faibles émissions et exige moins de terres. Cependant, les aliments peuvent avoir des effets positifs ou négatifs selon la façon dont ils sont produits.
Vient ensuite la réduction des émissions créées par la production agricole elle-même.
Notre troisième méthode vise à éliminer l'excédent de dioxyde de carbone de l'atmosphère pour le séquestrer dans le sol et dans la biomasse. On appelle ce processus la séquestration du carbone. En augmentant la productivité des terres agricoles, nous contribuons à réduire les pressions de la déforestation. Ce processus s'appelle l'intensification durable.
Enfin, la chaîne d'approvisionnement est une source importante d'émissions, car elle comprend le transport, la transformation, la vente au détail et bien d'autres activités.
Chacune de ces approches est importante. Ensemble, elles sont extrêmement efficaces.
Selon la FAO, les cinq principales sources d'émissions agricoles au Canada sont la conversion des terres, l'agriculture sur les sols tourbeux, la consommation d'énergie à la ferme, la fermentation entérique par la digestion du bétail et d'autres ruminants et les engrais synthétiques.
Le Canada dispose d'une excellente trousse de pratiques d'atténuation. J'aime beaucoup le programme de subvention aux Solutions agricoles pour le climat, car il cible les cultures de couverture, la gestion des nutriments, les brise-vent et le pâturage par rotation. Ce sont toutes d'excellentes priorités.
Nous disposons d'un certain nombre d'autres outils pour gérer les principales sources d'émissions, comme la limitation de la conversion des terres, la réhydratation des sols tourbeux, la conservation de l'énergie à la ferme et l'utilisation de fourrages à teneur élevée en tanins pour réduire le méthane. Le retour de la souveraineté des terres forestières aux peuples autochtones est également un outil puissant pour protéger le carbone forestier.
Quant à la séquestration du carbone, soulignons que certaines pratiques ont un impact à l'acre beaucoup plus élevé que d'autres. Elles ne sont pas toutes égales. En général, plus il y a d'arbres, plus il y a de carbone. C'est pourquoi les pratiques agroforestières qui intègrent les arbres aux cultures et au bétail sont particulièrement efficaces.
La séquestration du carbone a toutefois certaines limites. Elle ralentit considérablement au bout de plusieurs décennies, et le carbone retenu est souvent libéré par des catastrophes climatiques ou par un retour aux pratiques agricoles antérieures.
Pour revenir à l'image de l'évier qui déborde, le seau de la vadrouille n'est pas très grand, et il arrive qu'on le renverse. La séquestration du carbone est essentielle, mais ce n'est pas la seule méthode à appliquer.
De nombreuses méthodes de réduction des émissions sont nouvelles et n'ont été créées qu'à des fins d'atténuation. Ce n'est cependant pas le cas de la séquestration du carbone. On choisit ces méthodes parce qu'elles sont bonnes pour la ferme et pour l'environnement qui l'entoure. Elles offrent de nombreux autres avantages, comme l'adaptation aux changements climatiques, ce qui est essentiel, car même si aucune ferme ne peut à elle seule atténuer tous les changements climatiques, chaque ferme doit résister aux nouvelles conditions dans lesquelles elle est exploitée.
Les agriculteurs canadiens font face à des précipitations toujours plus intenses, ce qui accélère l'érosion. Bon nombre de ces pratiques de séquestration du carbone réduisent l'érosion. Entre autres avantages, elles améliorent toutes les matières organiques du sol, ce qui accroît beaucoup la capacité de rétention d'eau du sol et augmente la résilience à la sécheresse.
Le projet de loi d'initiative parlementaire , créerait une stratégie nationale visant à accélérer considérablement l'adoption de méthodes de séquestration du carbone dans le sol et à aider les agriculteurs à s'adapter aux changements climatiques.
Encore merci. Je me ferai un plaisir de répondre à vos questions.
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Merci beaucoup de me donner l'occasion de comparaître devant vous aujourd'hui.
J'exhorte le Comité à examiner la façon dont on peut améliorer la mise en œuvre de nos politiques. L'amélioration de l'environnement nous met face à des difficultés de mise en œuvre dans le système alimentaire et agricole canadien. C'est un problème qui dure depuis des décennies. Il résiste à tous les ordres de gouvernement, à tous les partis au pouvoir, aux élus, aux fonctionnaires, et à leurs systèmes. Personne ne semble vouloir s'y attaquer, et j'espère que vous le ferez. Compte tenu de ce qui est en jeu et du potentiel de l'agriculture canadienne pour contribuer à la durabilité environnementale, il semble que ce soit un moment propice au changement.
Les nobles aspirations et les bons énoncés de politique sont nombreux, et dans certains cas, nous avons d'excellents objectifs, mais les instruments que nous utilisons ne nous permettront pas d'atteindre les objectifs de développement durable que nous avons établis pour le secteur de l'alimentation et de l'agriculture. Tous les principaux programmes pour la durabilité de l'environnement et l'agriculture souffrent du même genre de lacunes. Cela comprend le Partenariat canadien pour l'agriculture, le Fonds d'action à la ferme pour le climat et les solutions pour les changements climatiques. Ces problèmes tiennent essentiellement à ce que ces programmes sont en grande partie volontaires, axés sur les subventions ou les accords de contribution et qu'ils ne sont pas ciblés. Ils mettent l'accent sur les pratiques de gestion exemplaires et non sur la modification des systèmes. Ils se concentrent sur l'offre sans tenir compte de la demande, et leur volet de planification de la transition est limité.
Ces instruments ne conviennent pas à l'ampleur des défis que nous avons à relever. Nous devons améliorer nos choix d'instruments, nos conceptions, nos processus de demande et notre intégration. Je donne davantage de détails concernant des modèles plus appropriés sur mon site Web de recherche. La greffière a le lien vers ce site.
Je vous remercie de m'avoir à nouveau invité. Je me réjouis de participer à la discussion.
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Bonjour et merci de me donner l'occasion de prendre la parole aujourd'hui.
Je m'appelle Ryan Cullen. Je gère une petite ferme diversifiée de 10 acres. Nous cultivons surtout des légumes maraîchers de façon intensive, mais nous intégrons des systèmes d'élevage à petite échelle et des systèmes de petits arbres fruitiers et de noix dans un contexte rural et périurbain. J'ai également conçu et géré une petite ferme urbaine de haute technologie et à haut rendement dans un cadre scolaire, celui de notre collège local, tout en étant formé par des agriculteurs qui font partie des meilleurs spécialistes mondiaux des petites exploitations agricoles régénératrices. Je me consacre à la démonstration de la viabilité des petites exploitations agricoles régénératrices, à l'enseignement et à la formation d'une nouvelle génération d'agriculteurs et de cultivateurs et à la redéfinition des paradigmes de l'horticulture, de l'alimentation et de l'agriculture et de la façon dont ces pratiques s'intègrent à notre vie quotidienne.
Quel que soit le contexte de ces exploitations, je tiens à souligner l'importance des méthodes de gestion de certaines d'entre elles.
Sur notre ferme, la planification et la gestion sont holistiques et suivent les principes de l'agriculture régénérative, ce qui signifie que nous ne tenons pas uniquement compte de la façon dont notre base de ressources, nos décisions, nos systèmes de production et nos résultats influent sur nos résultats financiers, mais également de leurs effets bénéfiques sur notre environnement et sur les gens de notre collectivité. L'agriculture régénératrice consiste à gérer de façon holistique, de sorte que nous prenons des décisions qui ne sont pas seulement fondées sur les aspects économiques, mais qui tiennent également compte des répercussions et des bienfaits sociaux et environnementaux.
Le développement des sols, comme nous l'ont dit de nombreux témoins aujourd'hui, est également un élément important. Le sol a le pouvoir de séquestrer le carbone, de recycler les nutriments et de produire de la vie. Nous mettons l'accent sur les systèmes qui ne détruisent pas la santé des sols, mais qui l'améliorent, qu'il s'agisse de systèmes de cultures de couverture sans labour, sans pulvérisation d'herbicides et de pesticides ou de l'utilisation d'intrants organiques.
Nous essayons d'imiter les processus écosystémiques, de comprendre comment la nature fonctionne de manière globale, de reconnaître les lois et les modèles qui existent dans la nature et de comprendre comment nous pouvons utiliser la nature pour créer un créneau pour nos systèmes de production et nos économies. Nous essayons d'intégrer ces lois, ces modèles et ces systèmes à nos systèmes de production et à nos activités agricoles quotidiennes. Nous nous efforçons d'utiliser des intrants locaux pour une production locale, nous misons sur les économies circulaires en utilisant les déchets, en particulier les nôtres, comme ressources, et en intégrant nos systèmes pour que les intrants de la ferme proviennent de la ferme.
Nous mettons l'accent sur les infrastructures mobiles et évolutives qui sont peu technologiques, novatrices, efficaces sur le plan énergétique et qui emploient des technologies utiles aux coûts d'investissement faibles et avec une utilisation minimale des combustibles fossiles. Nous investissons dans la gestion et l'information, et non pas dans des infrastructures coûteuses comportant des investissements élevés.
Notre modèle repose sur la vente directe aux consommateurs et il est certifié par nos clients. Nous respectons et dépassons largement les normes biologiques, mais nous ne croyons pas que nous devrions avoir à payer pour la certification afin de démontrer que nos produits sont sûrs et de haute qualité. Nous maintenons la transparence sur nos méthodes et notre travail en invitant le public et nos clients à faire partie de l'expérience, à voir comment leurs aliments sont cultivés, à comprendre comment nous travaillons et en éduquant les gens sur la provenance de leurs aliments. Nous essayons de placer la ferme au centre de la communauté et d'en faire une partie intégrante du tissu social.
Nous sommes régénérateurs sur les plans écologique, social et économique. Nous essayons de créer de multiples formes de capital, pas seulement des formes économiques. Nous essayons de créer une base de ressources qui soit en harmonie avec la nature, la société et avec nous-mêmes. Nous voulons qu'elle soit durable, viable et résiliente. Si nous voulons que les exploitations agricoles soient régénératrices, nous devons viser un triple résultat qui nous permettra de maintenir sur le même plan nos activités, la régénération de la terre et la satisfaction de nos clients.
Ce dont nous avons besoin en agriculture, ce sont des systèmes de production à différentes échelles adaptés à leur contexte. Qu'il s'agisse de 1 000 acres en Saskatchewan ou d'un quart d'acre en ville, nous avons besoin de systèmes intégrés qui imprègnent le tissu social de nos vies, produisent des aliments de grande qualité pour les gens et les cultivent localement grâce à des emplois accessibles et adaptés à la population locale. Nous avons besoin de systèmes qui régénèrent notre paysage, nos villes et nos campagnes et qui sont intégrés aux collectivités, aux économies et aux environnements dans lesquels nous vivons aujourd'hui.
De tels systèmes existent déjà et sont mis en pratique. Des systèmes de production qui sont des modèles agricoles viables et qui utilisent des technologies utiles. Nous devons promouvoir ces systèmes et ces modèles et favoriser les intrants et les débouchés locaux, créer des emplois sur place à partir d'une main-d'œuvre locale qualifiée et intégrer ces systèmes dans nos collectivités et nos économies locales. Nous devons adopter une approche holistique qui soit régénératrice, et c'est ce que nous essayons de faire.
Merci.
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Je pense que nous avons besoin de services consultatifs de transition partout au pays. De toute évidence, les provinces ont un rôle important à jouer à cet égard, mais, grâce au Partenariat canadien pour l'agriculture, le gouvernement fédéral a l'occasion, surtout à cette étape des négociations, de promouvoir et d'aider à financer ces services consultatifs de transition. Ils sont très efficaces en Europe. C'est un élément clé.
Je pense que le scénario de régime alimentaire durable que mon collègue a mentionné est également très important. Autrement dit, les agriculteurs veulent produire des choses que les consommateurs voudront manger, et si les consommateurs demandent des choses qui cadrent avec un régime alimentaire durable, ce sera évidemment une sorte d'incitatif fondé sur le marché.
Une autre chose qui, à mon avis, sera très importante à l'avenir et qui a également été utilisée très efficacement dans d'autres pays, ce sont les paiements de transition parce que, pour beaucoup de producteurs, la période de transition est la plus risquée sur le plan financier. Aider à financer cette phase de transition pendant qu'ils profitent de ces services consultatifs de transition est une autre dimension clé du processus.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je remercie les témoins d'être parmi nous aujourd'hui afin de nous livrer leurs importants témoignages.
Monsieur MacRae, j'aimerais vous laisser poursuivre, car vous êtes sur une belle piste. Vous venez de mentionner qu'il n'y a pas suffisamment de mesures incitatives, que la transition se fera à long terme et qu'il faut maintenir les mesures incitatives.
Je ne sais pas si vous avez entendu ce qui a été dit par le premier groupe de témoins. Si on récompensait chaque innovation faite sur les exploitations agricoles par un montant d'argent qui serait à la disposition des entrepreneurs que sont les producteurs agricoles, ces derniers pourraient utiliser ce montant pour mettre en œuvre une prochaine innovation. Ainsi, on viserait une amélioration constante de la performance environnementale. Pensez-vous que ce serait un bon modèle?
Tous les types d'incitatifs que nous pouvons offrir aux agriculteurs... Comme l'a dit M. Toensmeier, chaque ferme est différente; chaque contexte est différent. S'il y a un ensemble général de pratiques qui peuvent être décrites dans un cadre à l'intérieur duquel fonctionner, alors je pense que les agriculteurs comme moi peuvent identifier certaines pratiques et y contribuer, puis être récompensés pour cela.
Ce qui est important aussi, c'est une réduction de la paperasserie pour aider les agriculteurs comme moi à construire des serres dans certaines municipalités ou à utiliser différents types d'innovations et d'infrastructures qui ne seraient peut-être pas reconnues autrement. Il faudrait permettre une mise en œuvre plus facile sans les coûts des permis et des règlements, et ainsi de suite, et laisser aux agriculteurs plus de créativité et plus de possibilités dans différents contextes, surtout à quelqu'un comme moi, qui exploite une ferme en milieu urbain et périurbain.
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Merci beaucoup, monsieur le président. Je vais me joindre à mes collègues pour remercier tous nos témoins de nous aider dans cette étude.
Monsieur Toensmeier, j'aimerais commencer par vous.
J'ai beaucoup apprécié votre analogie entre les changements climatiques et un évier de cuisine — le robinet et l'eau qui déborde par terre. Je pense que nous sommes d'accord pour dire que le rôle le plus important de l'agriculture est probablement d'agir comme une serpillière, d'essayer de séquestrer l'excès de carbone que nous avons mis dans l'atmosphère.
Je vous remercie d'avoir salué mon projet de loi . J'ai vraiment été très inspiré par ce que fait l'Australie. Dans ce pays les sols sont en général plus anciens et ils ne contiennent pas beaucoup de carbone. L'érosion provoque des pertes de plusieurs milliards de dollars de production agricole chaque année. Cela devenait une véritable crise nationale. J'aime aussi l'idée des Australiens d'établir un bureau du défenseur des sols, quelqu'un qui peut être en mesure de maintenir la pression sur le gouvernement et d'agir comme un lien entre l'opinion publique et les relations avec les intervenants, pour continuer à faire avancer ces politiques.
Vous êtes l'auteur d'un livre intitulé The Carbon Farming Solution. J'ai lu ce livre. J'ai vu de nombreux exemples de ce que font d'autres pays. Pour la gouverne de notre comité, pouvez-vous nous parler d'agroforesterie et de quelques exemples que vous citez dans ce livre, en dehors de l'Australie?
Pouvez-vous nous citer des pays qui mettent ces pratiques en œuvre de façon remarquable et dont nous pourrions peut-être nous inspirer?
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Le premier serait la France. Elle a vraiment ouvert la voie en matière de recherche et de développement et d'agroforesterie, et elle s'est engagée à convertir un million et demi d'acres de terres cultivées en agroforesterie au cours des prochaines années.
Jusqu'à récemment le Brésil était un autre exemple remarquable où toutes les écoles publiques devaient acheter au moins 30 % de leur nourriture à des fermes qui fonctionnaient en agroforesterie en utilisant une méthode de production durable.
J'apprécie vraiment ce qui se fait au Mexique. Les éleveurs qui ont été subventionnés par le gouvernement fédéral parce qu'ils ne produisaient pas de façon efficace et rentable ont reçu les fonds nécessaires pour se convertir à un système sylvopastoral, dans lequel ils intègrent des arbres. Cela intensifie grandement la production là‑bas. Ils ont une densité du bétail de deux à dix fois plus élevée dans ces systèmes sylvopastoraux intensifs, des émissions plus faibles et une séquestration de carbone plus élevée. Ensuite les agriculteurs n'ont plus besoin de subventions, parce qu'ils sont devenus plus rentables.
Ce ne sont là que quelques exemples.
Il y a aussi l'Australie. Il y a beaucoup à apprendre des efforts qui y sont entrepris. L'un de mes exemples favoris est la prise en charge des problèmes de brûlage de la savane en changeant le moment de l'année où les savanes sont brûlées. Ce faisant on gratifie, on reconnaît, on apprécie et on finance les collectivités autochtones sur place qui avaient l'habitude de gérer une grande partie de l'Australie par le feu de cette façon et on les intègre au système de paiement du carbone. Je pense que l'Australie est un excellent modèle pour le Canada à bien des égards.
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Merci. C'est une excellente question.
Habituellement, il n'y a pas beaucoup d'incitatifs pour ce qui est du financement ou de l'accès aux fonds, surtout pour les petits producteurs. Bon nombre des programmes mis au point par le gouvernement ou pour obtenir des capitaux sont généralement destinés aux grandes exploitations agricoles.
Pour les petits producteurs ou les producteurs à forte intensité biologique, il n'y a pas beaucoup de moyens d'accéder à des fonds ou à des capitaux pour démarrer. L'accès à la terre pour quelqu'un comme moi, qui ne vient pas d'un milieu agricole traditionnel ou d'une famille d'agriculteurs, est également très difficile. En raison des investissements très élevés, il est très difficile d'acquérir des terres et des biens immobiliers et d'exploiter une ferme. S'il était possible d'avoir accès à des capitaux pour les petits producteurs afin qu'ils puissent démarrer certaines de ces exploitations biointensives, ce serait formidable.
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Merci, monsieur Cullen.
Merci, monsieur MacGregor.
Chers collègues, la sonnerie a commencé à retentir. Comme nous en sommes convenus précédemment, nous allons continuer durant une quinzaine de minutes, après quoi nous vous libérerons pour que vous ayez le temps de voter en personne.
Je vais passer au deuxième tour de questions, mais nous allons nous en tenir à quatre minutes pour les conservateurs et les libéraux, et à deux minutes pour le Bloc et le NPD.
Je crois que c'est au tour de M. Epp, pour quatre minutes, si vous voulez le temps supplémentaire. Allez‑y.
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Pour nous, il s'agit des environs immédiats. Dans la région de Durham — si vous la connaissez, vous le savez —, il y a Oshawa, Ajax et Pickering. Pour nous, c'est local.
Depuis l'endroit où nous sommes dans la municipalité, nous essayons de servir notre collectivité dans notre région. Il y a quelques millions de personnes. Notre petite ferme de 10 acres ne peut vraiment en alimenter que 150. Dans ce contexte, nous avons besoin d'un plus grand nombre de petites exploitations agricoles, de sorte que nous puissions alimenter plus de gens et faire de l'agriculture le centre de la collectivité.
J'aimerais voir plus de fermes urbaines, périurbaines et l'intégration de l'agriculture rurale et traditionnelle à des fermes plus urbaines, à petite échelle et bio-intensives en pleine ville, de sorte qu'au lieu de se rendre en voiture à Costco et dans de grandes surfaces, les gens puissent avoir accès à des produits locaux provenant de fermes qui soient à deux pas de chez eux.
Comme je l'ai déjà dit, je ne viens pas du milieu agricole. J'ai grandi en ville, mais je voyageais de par le monde et je travaillais en Thaïlande sur un certain nombre de projets de permaculture. En fait, le livre de M. Toensmeier, Edible Forest Gardens, a été une grande source d'inspiration dans ma vie.
Cela a commencé par un intérêt général, et j'ai mis à profit mes compétences pédagogiques et je suis retourné au collège. L'un de mes principaux points d'appui pour démarrer ma ferme, c'est qu'il y avait un excellent programme d'horticulture et d'agriculture dans notre collège local. Je pense que si nous avions plus d'institutions comme celle‑là pour former des gens comme moi, capables de se lancer dans ce domaine avec les bonnes compétences, cela serait formidable. Il est clair que j'y apporterai mon soutien.
Pour répondre à votre deuxième question, nous mettons beaucoup l'accent sur les cultures de couverture, la constitution du sol, le recyclage des éléments nutritifs dans notre ferme, le captage et l'entreposage de l'eau et sa réutilisation, la création de nos propres intrants à partir de nos déchets, l'alimentation de nos poulets avec les excédents de produits des jardins, et l'intégration des systèmes d'élevage dans la création du sol. Comme je l'ai dit, nous capturons et entreposons les nutriments autant que nous le pouvons et nous essayons d'imiter la nature, d'imiter les écosystèmes forestiers et de les appliquer dans nos systèmes de production d'annuelles et de vivaces. C'est ainsi que nous travaillons.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Monsieur Toensmeier, je vais de nouveau m'adresser à vous.
Vous avez mentionné tantôt, dans votre introduction, que la séquestration de carbone pouvait parfois être vue comme une solution à court terme et que, si le mode de culture de la terre changeait dans l'avenir, il y aurait un danger que le carbone soit libéré. À mon sens, cela illustre la nécessité que le programme de soutien financier soit relativement permanent.
Pouvez-vous en dire davantage là-dessus, s'il vous plaît?
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Merci, monsieur MacGregor. Je m'excuse.
Merci, monsieur Toensmeier.
Le temps est écoulé, mesdames et messieurs.
Je remercie nos témoins, M. Toensmeier, M. Cullen et M. MacRae, de leurs excellents témoignages.
Chers collègues, nous serons de retour jeudi pour poursuivre notre examen de l'ébauche du rapport sur la chaîne d'approvisionnement en agriculture. Nous nous reverrons jeudi.
Merci à tous ceux qui ont participé. Prenez soin de vous. La séance est levée.