:
Je déclare la séance ouverte.
Bienvenue à la dix-huitième réunion du Comité permanent de l'agriculture et de l'agroalimentaire.
Je vais commencer par quelques rappels. La réunion d'aujourd'hui se déroule selon une formule hybride, conformément à l'ordre de la Chambre du 25 novembre 2021. Les délibérations sont diffusées sur le site Web de la Chambre des communes. À titre d'information, la diffusion Web montrera toujours la personne qui parle, plutôt que l'ensemble du Comité. Les captures d'écran ou la prise de photos de l'écran ne sont pas autorisées.
[Traduction]
Chers collègues, je vous rappelle l'importance de suivre les consignes sanitaires.
Pour le reste, nous n'en sommes pas à notre première danse, donc entrons dans le vif du sujet.
Conformément à l'article 108(2) du Règlement et à la motion adoptée par le Comité le lundi 31 janvier 2022, le Comité reprend son étude sur la chaîne d'approvisionnement agricole et agroalimentaire.
J'aimerais maintenant souhaiter la bienvenue à nos témoins pour cette séance de deux heures.
Nous accueillons aujourd'hui, par vidéoconférence, tout un groupe de témoins du ministère de l'Agriculture et de l'Agroalimentaire, soit Gilles Saindon, sous-ministre adjoint à la Direction générale des sciences et de la technologie; Louis‑Pierre Comeau, chercheur scientifique, Paysages et carbone dans le sol; Ed Gregorich, chercheur scientifique à la Division agri-environnement; Reynald Lemke, chercheur scientifique, Santé environnementale; Mervin St. Luce, chercheur scientifique au Centre de recherche et de développement de Swift Current.
Je vous souhaite la bienvenue. Nous sommes heureux de vous recevoir au Comité.
Nous laisserons jusqu'à 15 minutes à l'ensemble du groupe pour une déclaration préliminaire, après quoi il y aura une période de questions.
Peut-être M. Saidon veut‑il commencer? Nous avons 15 minutes en tout pour vous et les autres témoins qui vous accompagnent aujourd'hui. Je vous cède la parole, cher ami.
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Je vous remercie, monsieur le président.
Je m'appelle Gilles Saindon et je suis sous-ministre adjoint de la Direction générale des sciences et de la technologie à Agriculture et Agroalimentaire Canada. Je suis ravi de vous rencontrer dans le cadre de votre étude sur l'apport environnemental de l'agriculture.
Je participe aujourd'hui à cette séance depuis des terres traditionnelles non cédées de la nation algonquine, ici, à Ottawa.
Je vous remercie de me donner l'occasion de parler des initiatives du gouvernement liées à la science de la santé des sols pour le secteur agricole du Canada.
Au fil des ans, le secteur agricole du Canada a constamment pris des mesures pour réduire son incidence sur l'environnement, avec l'appui des activités scientifiques d'Agriculture et Agroalimentaire Canada, ou AAC, visant à mettre au point des pratiques novatrices et respectueuses de l'environnement. Ces efforts ont permis au secteur d'accroître sa productivité sans augmenter considérablement ses émissions.
Les activités de recherche et les programmes d'AAC continuent d'orienter la production agricole vers l'établissement d'agroécosystèmes et de paysages agricoles durables et résilients. Dans le contexte des changements climatiques, nous avons pour objectif de gérer l'utilisation des ressources naturelles par l'agriculture de manière à accroître la résilience du secteur, à favoriser de nouvelles possibilités économiques et à soutenir la compétitivité à long terme sans dépasser la capacité naturelle du système.
[Traduction]
Pour les producteurs et pour AAC, la conservation et la santé des sols ont toujours été des priorités fondamentales fondées sur une longue tradition de recherches de calibre mondial menées par nos chercheurs par l'entremise d'un réseau de 20 centres de recherche répartis partout au Canada.
Ces chercheurs cernent des pratiques novatrices qui aident à renforcer la résilience des sols, à réduire l'érosion, à augmenter la matière organique et le carbone du sol, ce qui permet de compenser partiellement les émissions de gaz à effet de serre (GES) du secteur agricole et, bien sûr, d'améliorer la productivité des cultures.
Entre autres, ces efforts ont contribué à l'adoption généralisée dans les Prairies de pratiques de travail réduit du sol et de culture sans labour, ainsi qu'à la réduction de l'utilisation de la jachère d'été et à l'amélioration de la rotation des cultures.
Grâce à ces mesures prises par les producteurs, les sols agricoles du Canada sont passés d'une source nette de carbone à l'élimination de 9,6 mégatonnes de dioxyde de carbone de l'atmosphère en 2020. Par conséquent, non seulement les agriculteurs préservent la santé et la productivité des sols, mais ils contribuent de façon importante à la lutte contre les changements climatiques.
Agriculture et Agroalimentaire Canada collabore avec les provinces et les territoires, les agriculteurs et d'autres intervenants canadiens du secteur de l'agriculture et de l'agroalimentaire pour continuer d'élaborer et de mettre en œuvre des solutions novatrices qui contribuent à l'amélioration de la qualité, du rendement, de la salubrité et de la durabilité des aliments produits par les agriculteurs canadiens.
Les experts scientifiques d'AAC contribuent à la mise au point de connaissances scientifiques fondamentales et éclairent la conception des politiques et des programmes afin de soutenir les efforts déployés par les producteurs du Canada en vue d'adopter des pratiques et des technologies novatrices.
Les pratiques de gestion bénéfiques (PGB) sont des pratiques permettant de réduire ou d'éliminer un risque environnemental. Les PGB élaborées, mises à l'essai et recommandées au Canada couvrent un éventail de pratiques agroenvironnementales, notamment la gestion des éléments nutritifs, les brise‑vent, la réduction de l'intensité du travail du sol, l'efficacité énergétique et l'énergie renouvelable ainsi que d'autres pratiques liées à la réduction des émissions de gaz à effet de serre et à l'augmentation de la séquestration du carbone.
L'ensemble des connaissances scientifiques a montré que des PGB comme la réduction du travail du sol, la plantation d'arbres, le sylvopastoralisme, le pâturage en rotation, l'amélioration de la rotation des cultures et la conversion de terres cultivées marginales en pâturages permanents peuvent favoriser la séquestration du carbone, ce qui améliore la santé des sols tout en compensant les émissions, particulièrement dans les régions où les sols ont déjà été dégradés.
En 2018‑2019, AAC a commencé à mettre sur pied des laboratoires vivants des écosystèmes agricoles, où des agriculteurs et des scientifiques collaborent avec d'autres intervenants pour élaborer, mettre à l'essai et mettre en œuvre conjointement des pratiques de gestion bénéfiques et des technologies dans des exploitations agricoles en activité.
Ces travaux se poursuivent dans le cadre du Fonds des solutions climatiques naturelles pour l'agriculture, qui vise à tirer parti de la nature pour lutter contre les changements climatiques. Ce fonds prévoit un investissement de 185 millions de dollars sur 10 ans pour soutenir l'expansion du réseau des laboratoires vivants dans l'ensemble du Canada.
[Français]
Les principaux objectifs de ces laboratoires vivants sont le stockage du carbone dans les terres agricoles pour le maintenir hors de l'atmosphère, la réduction des gaz à effet de serre, l'amélioration des pratiques de gestion des terres et le soutien à d'autres avantages agroenvironnementaux tels que la biodiversité, la qualité de l'eau et la santé des sols.
Même si nous avons connu du succès, de nombreux facteurs inconnus demeurent. Nos travaux scientifiques continuent de décoder les complexités et les interactions partout sur le territoire en cernant les possibilités offertes par les solutions climatiques naturelles ou les nouvelles technologies numériques, comme l'intelligence artificielle et l'imagerie par satellite, qui sont également intégrées aux processus de surveillance et de prévision relatifs aux cultures et aux sols.
Aujourd'hui, cinq scientifiques d'Agriculture et Agroalimentaire Canada se joignent à moi pour répondre à vos questions: M. Louis‑Pierre Comeau, du Nouveau‑Brunswick; M. Ed Gregorich, de l'Ontario; M. Reynald Lemke, de la Saskatchewan; Mme Judith Nyiraneza, de l'Île‑du‑Prince‑Édouard; et M. Mervin St. Luce, de la Saskatchewan.
Ces experts sont tous largement reconnus, tant à l'échelle nationale qu'internationale, en tant que spécialistes dans leur domaine et dans la mise au point de systèmes de culture durables.
[Traduction]
J'aimerais rappeler que le secteur agricole a un rôle crucial à jouer en tant qu'un des plus anciens et des plus importants intendants de l'environnement au Canada. Agriculture et Agroalimentaire Canada s'efforce d'aider les producteurs à atteindre cet objectif, afin de s'assurer que l'incidence environnementale du secteur continue de diminuer alors que sa production économique et la santé des sols continuent de croître.
[Français]
Je vous remercie de votre attention.
Je répondrai à vos questions avec plaisir.
Monsieur le président, mes collègues seraient ravis de se présenter eux-mêmes pour vous donner de l'information supplémentaire quant à leur domaine d'expertise, ce qui permettra de diriger les questions vers les témoins susceptibles de mieux y répondre.
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Je vous remercie de cette réponse.
Je dirais que l'un des enjeux sur lesquels le gouvernement du Canada, les ministères et la bureaucratie pourraient intervenir est le suivant. Il y a un rapport qui a été publié récemment selon lequel il faudrait essentiellement réduire l'élevage et l'agriculture animale si nous voulons lutter contre le changement climatique. Je répliquerais à cela que le pâturage protège des écosystèmes très délicats, notamment les prairies indigènes, qui constituent une grande partie de ma circonscription.
Il existe un produit, un composé organique, le 3‑NOP, qui est un additif alimentaire, notamment pour les vaches laitières, qui pourrait réduire les émissions de méthane de 30 à 80 %, comme l'ont montré des études.
Cet additif alimentaire a été approuvé dans l'Union européenne et aux États-Unis, mais on tarde toujours à l'approuver ici, au Canada, parce qu'au lieu de le traiter comme un additif ou un supplément alimentaire, on le traite comme un composé médicinal, ce qui signifie qu'il doit répondre à des critères de médecine vétérinaire plutôt que d'être considéré comme un simple composé alimentaire. Il pourrait contribuer beaucoup à réduire les émissions et à protéger l'environnement. Pourquoi le Canada traite‑t‑il ce produit, qui est un composé organique, si différemment des autres pays, notamment de l'Union européenne, qui est généralement très réticente à approuver les nouvelles technologies?
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Merci, monsieur Saindon.
Je suppose que mon insistance ici... Je suis conscient que cela relève du domaine de la santé. Je suis au courant des études réalisées aux parcs d'engraissement de Lethbridge et de Nanton et aussi dans mon coin de pays.
Pourquoi n'insistez-vous pas, à Agriculture Canada et dans vos études, sur le fait qu'il devrait y avoir une certaine harmonisation lorsque de nouvelles innovations et technologies font leur apparition, lorsqu'elles sont éprouvées et utilisées par des pays avec qui nous faisons du commerce? Je vous encourage à faire pression sur Santé Canada pour que ce produit soit approuvé le plus vite possible, sachant que votre ministère a réalisé des études qui montrent son efficacité.
Je veux changer brièvement de sujet ici. Vous avez mentionné la réduction des émissions et la séquestration du carbone. J'aimerais savoir quel rôle, le cas échéant, votre ministère a joué dans l'annonce faite à la COP26 concernant la réduction de 30 % des émissions d'engrais. Vous avez parlé de diverses innovations et technologies qui ont vu le jour, comme la gestion des nutriments 4B, par exemple. Vous avez parlé de culture sans labour. Nous sommes probablement jusqu'à 70 % plus efficaces dans l'utilisation des engrais que n'importe quel autre pays du monde.
Quel rôle votre ministère a‑t‑il joué dans cette annonce à la COP26, s'il en a joué un?
:
Je peux peut-être commencer.
Merci beaucoup, monsieur le président, et bonjour à tous.
Je m'appelle Louis-Pierre Comeau. Je vous parle de Fredericton, au Nouveau-Brunswick. J'aimerais commencer par reconnaître que le territoire où je me trouve est le territoire traditionnel non cédé des peuples malécite et micmac.
[Français]
J'ai grandi sur la Rive‑Sud de Montréal et passé une partie de mon enfance dans l'érablière familiale. J'ai obtenu un diplôme en biologie à l'Université nationale autonome du Mexique, une maîtrise en sciences des sols à l'Université de la Saskatchewan et un doctorat à l'Université d'Aberdeen. J'ai aussi mené des études postdoctorales à l'Université chinoise de Hong Kong.
[Traduction]
En tant que chercheur scientifique au sein du gouvernement fédéral du Canada, mes recherches portent sur le carbone du paysage et du sol. Plus précisément, j'étudie les moyens de reconstituer la matière organique du sol à partir des terres humides, agricoles et forestières.
Mon objectif scientifique à long terme est de contribuer à la connaissance des raisons pour lesquelles certaines molécules de carbone peuvent rester stables dans le sol pendant des milliers d'années. Je dirige actuellement un projet d'enquête pancanadien qui étudie la relation entre les pratiques d'utilisation des terres et le stockage du carbone.
Merci.
:
Oui, monsieur le président. Merci et bonjour à tous.
Je m'appelle Reynald Lemke et je suis un chercheur scientifique travaillant au Centre de recherche et de développement de Saskatoon. Je mentionne que je vous parle depuis le territoire visé par le Traité no 6, patrie de la nation métisse.
Je suis pédologue de formation, et mon programme de recherche porte sur les facteurs qui contrôlent les gaz à effet de serre émis par les sols agricoles — à la fois pour quantifier avec précision ces émissions, mais aussi pour cerner les possibilités de limiter ou de réduire les émissions. Mes travaux se sont principalement concentrés sur l'oxyde nitreux émis par le sol, ce qui m'a conduit à étudier l'influence de la gestion des engrais azotés, du type de culture, de la rotation des cultures et de l'intensité du travail du sol sur les émissions d'oxyde nitreux.
L'azote et le carbone sont intimement liés dans les sols, et ces mêmes facteurs influencent également le dioxyde de carbone émis par le sol. Mes travaux portent donc également sur l'impact de ces pratiques sur le statut du carbone organique du sol.
Merci beaucoup, monsieur le président.
Je vous remercie de nous offrir cette tribune, monsieur le président.
Je m'appelle Judith Nyiraneza, et je suis chercheuse en science du sol à Agriculture et Agroalimentaire Canada à Charlottetown, à l'Île-du-Prince-Édouard. Je suis pédologue de formation. J'effectue des recherches sur la gestion des éléments nutritifs dans les systèmes à base de pommes de terre. Je suis cheffe du projet de laboratoire vivant de l'Île-du-Prince-Édouard, dont l'objectif global est d'améliorer la santé des sols et la qualité de l'eau.
Dans le cadre de ce projet, je travaille avec des producteurs pour tester différentes pratiques de gestion bénéfiques, notamment les cultures de couverture avec et sans fumier, et les méthodes de travail du sol. Nous évaluons les effets de ces méthodes sur le rendement des pommes de terre, la matière organique du sol et le cycle de l'azote dans le système sol-plante, ainsi que sur la structure du sol.
Je serai ravie de répondre à vos questions.
:
Merci, monsieur le président.
Si vous permettez, je vais d'abord faire quelques commentaires avant de laisser peut-être ma collègue de l'Île-du-Prince-Édouard, Mme Nyiraneza, vous en dire plus long sur les laboratoires vivants, un mécanisme de mobilisation directe des producteurs.
Comme vous l'avez indiqué, nous avons différents programmes. Vous avez mentionné celui que nous avons mis en place pour aider les agriculteurs à avoir recours à l'écotechnologie.
Notre offre de programmes misant sur des solutions fondées sur la nature se décline en deux composantes. Il y a d'abord la création de ces laboratoires vivants dont j'ai parlé dans mes observations avec un budget de 185 millions de dollars sur 10 ans pour l'ensemble du pays. Il y a également le Fonds d'action à la ferme pour le climat dont l'enveloppe est établie à 200 millions de dollars pour une période de trois ans. Il a été lancé un peu après, mais ce sont des programmes complémentaires. L'un d'eux cherche à favoriser les avancées scientifiques pour la conception de nouvelles pratiques de gestion bénéfique en collaboration avec les intervenants du milieu, et l'autre vise à offrir du financement aux agriculteurs pour qu'ils mettent en œuvre sur leur propre exploitation certaines pratiques de gestion bénéfiques déjà existantes.
On a également annoncé dans le budget une hausse du financement pour le Fonds d'action à la ferme pour le climat, mais il faudra attendre quelques mois pour profiter de ces sommes supplémentaires.
Je vais peut-être maintenant céder la parole à Mme Nyiraneza, qui nous parle depuis Charlottetown, car elle consacre beaucoup de temps au travail auprès des producteurs agricoles dans le cadre des actions que je viens de mentionner.
Si vous voulez bien lui permettre d'ajouter brièvement deux ou trois choses, monsieur le président.
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Je vous remercie, monsieur le président.
Je remercie les témoins de prendre le temps de participer à la réunion d'aujourd'hui. Je suis impressionné par la quantité de connaissances à laquelle nous avons accès ce matin grâce à eux.
Monsieur Saindon, corrigez-moi si je me trompe. Je crois comprendre que le Fonds d'action à la ferme pour le climat comporte de nombreuses règles, dans le cadre desquelles les producteurs doivent remplir des documents ou des formulaires. C'est un bon programme, mais n'y aurait-il pas moyen d'envisager quelque chose de plus décentralisé, qui mettrait le pouvoir décisionnel entre les mains des producteurs agricoles qui, eux, travaillent sur leurs terres?
Selon vous, est-il réaliste de procéder de cette façon, soit de suivre un processus visant à évaluer les pratiques soumises et de les récompenser financièrement, ce qui pourrait permettre de les maintenir à long terme?
Je ne sais pas qui pourrait répondre à cette question. M. Saindon pourrait peut-être le faire.
J'aimerais maintenant revenir à la Norme biologique canadienne.
Nous essayons d'aider les producteurs à être plus efficaces sur le plan de l'environnement. Parallèlement à cela, le gouvernement a annoncé qu'il cessait de financer la révision de la Norme biologique canadienne. Or il ne s'agissait pas d'une somme considérable. Personnellement, j'ai bien du mal à comprendre cette décision.
Ne croyez-vous pas que nous devrions financer cette révision, surtout qu'il s'agit d'une norme fédérale qui permet à nos producteurs d'assurer leur certification et le marché international en ce qui concerne les exportations?
Ne croyez-vous pas que nous devrions encourager davantage nos producteurs biologiques, qui, déjà, doivent payer pour être certifiés?
Il me semble que ce serait la moindre des choses que l'État canadien assume la révision de cette norme.
:
Il y a ici plusieurs spécialistes des sols et de la capture de carbone. Je ne sais pas trop qui sera le mieux placé pour répondre à la prochaine question.
M. Barlow a abordé la question du supplément alimentaire, soit du 3-nitrooxypropanol, ou 3‑NOP. Ici, le 3‑NOP est considéré comme un médicament, mais, ailleurs, on le considère comme faisant partie des aliments. Je ne suis pas un scientifique et je ne veux pas remettre cela en question, mais je veux mieux comprendre le processus, considérant que cela peut beaucoup améliorer la performance en ce qui a trait à aux émissions de gaz.
En parallèle, l'un des témoins pourrait-il nous donner un ordre de grandeur quant à l'effet que peut avoir le fait de laisser des sols en pâturage permanent?
Depuis le début de notre étude, on nous vante beaucoup ces pâturages comme étant des puits de carbone extraordinaires. Or on nous a aussi dit qu'il faudrait peut-être réduire l'exploitation animale. Plus tôt, une contradiction a été soulevée par M. Barlow.
Comment faisons-nous pour savoir de quel côté se trouve la meilleure solution?
Je veux bien croire aux deux versions. Nous allons avoir besoin de viande. Si nous ne produisons plus de viande, il faudra l'importer. Il y a un problème à cet égard.
Je ne sais pas qui serait en mesure de nous parler de cela brièvement.
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Merci, monsieur le président, et merci aux témoins qui sont des nôtres aujourd'hui. Je me réjouis vraiment d'avoir accès à toute cette expertise.
Monsieur Saindon, vous avez souligné dans vos observations préliminaires que votre ministère met l'accent sur les pratiques et les technologies nouvelles.
J'ai récemment rencontré des représentants du secteur des fruits et légumes. Ils s'inquiètent de la perte de capacité du Centre de la lutte antiparasitaire en raison de budgets stagnants dans un contexte d'inflation, ce qui réduirait, semble-t‑il, le nombre de projets qu'ils sont en mesure de réaliser. D'après ce que j'ai pu comprendre, ou d'après ce qu'on m'a dit, il y aurait un budget de 9 millions de dollars, principalement dans le cadre du PCA, c'est-à-dire suivant un cycle de financement de cinq ans. On réclame des mécanismes de financement plus permanents.
Au cours des cinq dernières années, est‑ce que le nombre de projets financés a diminué en raison de facteurs liés à l'inflation et à l'érosion des fonds disponibles? Ces recherches pouvant mener à l'adoption de pratiques et de technologies novatrices ayant une empreinte environnementale moindre sont vraiment essentielles pour l'industrie, tout particulièrement le secteur des fruits et légumes, et pour sa prospérité étant donné que l'on doit livrer concurrence à un secteur de taille beaucoup plus importante au sud de la frontière.
Je ne sais pas si vous pourriez nous parler de l'interaction entre la quantité de recherches menées et les niveaux de financement.
:
Merci, monsieur le président.
Ma question portera sur la collaboration internationale.
Au cours de notre étude, nous avons entendu parler de pays comme l'Australie qui ont adopté une stratégie nationale sur les sols. L'un des témoins que nous avons entendus, M. Eric Toensmeier, a parlé de la France, qui s'est engagée à convertir 1,5 million d'acres de terres cultivées en terres sur lesquelles se pratique l'agroforesterie au cours des deux ou trois prochaines décennies.
Notre comité sait que cette année, à Glasgow, se tiendra le congrès mondial de la science du sol, où plusieurs milliers des meilleurs pédologues se réuniront, et je suis sûr que les principaux thèmes examinés seront la santé des sols et les meilleurs moyens de lutter contre le changement climatique.
Du point de vue d'AAC, pourriez-vous parler au Comité de la nature de votre collaboration avec des partenaires internationaux? Y a‑t‑il des pays en particulier vers lesquels votre ministère se tourne, des endroits où certaines de ces recherches de pointe sont menées? Pouvons-nous profiter de ces connaissances provenant de sources ouvertes pour mieux orienter nos pratiques et nos politiques ici, au Canada?
:
Monsieur le président, je peux probablement répondre à la question.
Nous collaborons activement avec un certain nombre de pays sur la manière dont nous recueillons de l'information sur les changements climatiques, la manière dont les mesures sont effectuées, etc. Certaines de nos plus importantes activités sont probablement celles que nous menons avec les États-Unis, notre voisin du Sud, notamment en ce qui concerne l'utilisation des rotations de longue durée.
Nous essayons d'étendre la portée de notre initiative des laboratoires vivants, ce qui s'est traduit par de nombreux efforts internationaux avec l'Europe. Nous avons conclu une entente avec la France et, en fait, nous accueillerons l'année prochaine une conférence internationale sur l'utilisation des laboratoires vivants et sur ce type d'approche de la recherche qui fait appel aux citoyens. C'est quelque chose qui est en train de se développer en Europe ainsi qu'au sein de l'Union européenne en général.
Nous avons également des projets ici et là, des collaborations entre scientifiques. Je ne sais pas si l'un de nos collègues du groupe de témoins peut en dire plus à ce sujet, mais il s'agit généralement des États-Unis et de l'Europe. Pour l'instant, c'est avec eux que nous collaborons le plus.
:
Je vous remercie, monsieur le président.
Je remercie les témoins d'être avec nous ce matin.
Ma première question s'adressera au sous-ministre adjoint, M. Saindon.
Selon les statistiques du recensement de 2016, 70 % des fermes sont de petite taille.
Quelle est l'approche du ministère relativement aux petites fermes en ce qui a trait à l'application de nouvelles technologies?
Pour ma part, dans le passé, j'ai travaillé notamment à l'implantation de brise-vent et du travail réduit du sol. Ces techniques existent depuis au-delà d'une vingtaine d'années dans les petites fermes.
Comment le ministère favorise-t-il la participation des petites fermes? Je pense qu'elles pourraient jouer un rôle beaucoup plus important qu'elles ne le font actuellement.
Monsieur Saindon, quel est votre point de vue à ce sujet.
:
Je suis désolé, mais le temps de parole est écoulé.
Je vous remercie beaucoup.
Avant de passer au prochain tour de questions, j'aimerais souligner qu'un buffet a été installé dans la salle. Je pense que c'est une bonne idée et que cela nous permettra de continuer la période de questions.
[Traduction]
Cela permettra aux gens d'aller chercher leur dîner, et je vous invite donc à le faire. Je vous demande simplement de respecter ceux qui posent des questions.
La seule autre chose que je veux dire, c'est qu'il semble que la sonnerie pourrait se faire entendre à 12 h 30. Nous aimerions demander votre consentement pour continuer pendant 15 minutes après le début de l'appel de la sonnerie afin que les gens qui veulent participer en personne puissent le faire, mais que nous puissions continuer la série de questions. Cela vous convient‑il? D'accord.
Nous passons à M. Turnbull, qui dispose de cinq minutes. N'hésitez pas à aller chercher votre dîner, mais veuillez faire attention au bruit.
:
Merci, monsieur le président.
Ce n'est pas une question à laquelle il est facile de répondre, mais il s'agit certainement d'une bonne question.
En ce qui concerne l'approche agro-écologique, ce n'est pas un terme très précis et il n'est donc pas facile de donner une réponse précise, mais l'un des facteurs est certainement la biodiversité, qu'il s'agisse de rotations plus diversifiées ou de facteurs de gestion qui favorisent et maintiennent également la biodiversité souterraine.
Il est certain que des recherches ont montré que des systèmes ou des rotations de cultures diversifiés ont tendance à être plus résilients, à favoriser la séquestration du carbone et à procurer d'autres avantages. Si l'on intègre une légumineuse dans cette rotation diversifiée, on réduit également la nécessité d'appliquer de l'engrais azoté synthétique pour l'ensemble de la rotation.
Indirectement, il y a de nombreux aspects d'une approche agro-écologique pour lesquels nous avons des preuves qu'il y a des résultats bénéfiques. Quant à savoir si nous pouvons atteindre 180 % par rapport à une approche axée sur la monoculture, je ne peux pas vraiment répondre directement à cette question.
:
Je vous remercie, monsieur McGregor.
La sonnerie ne s'est pas encore fait entendre, chers collègues. J'aimerais donc vous demander de m'accorder deux ou trois minutes pour une série de questions. Une fois que nous aurons terminé, je serai heureux de faire ce que vous voulez, qu'il reste ou non quelques minutes pour que chaque parti puisse poser quelques dernières questions.
Nous avons complété quatre séries de questions, et je pense qu'un grand nombre de questions variées ont été posées, mais comme on l'a déjà mentionné, nos témoins ont beaucoup à offrir. Je vais donc immédiatement m'adresser à eux.
Monsieur Lemke, j'aimerais vous poser quelques questions. Vous avez mentionné que vous travaillez à la station de recherche de Saskatoon. J'ai eu l'occasion de m'y rendre il y a quelques semaines. J'ai été très impressionné par les travaux qui y sont menés.
Manifestement, il y a actuellement une tension en ce qui concerne la réduction de 30 % des émissions liées aux engrais. On a parlé d'une réduction de 30 % des engrais, ce qui n'est pas la politique du gouvernement, mais c'est une réduction de 30 % des émissions.
Dans quelle mesure la sélection de végétaux sera‑t‑elle importante pour aider le gouvernement à atteindre son objectif, en particulier en ce qui concerne les variétés qui peuvent maintenir leur rendement, mais qui nécessitent peut-être moins d'engrais? Je sais qu'il s'agit de cycles de 10 ans, par exemple, mais selon vous, la sélection végétale rigoureuse est-elle un outil de politique publique important pour combler cet écart, surtout à un moment où les marchés signalent qu'il faut peut-être utiliser encore plus d'engrais pour augmenter les rendements en raison de la crise alimentaire qui sévit actuellement à l'échelle mondiale?
:
Merci. Merci, monsieur le président.
Nous avons bien discuté de la sélection des plantes et de la façon dont les effets du changement climatique se répercutent sur l'agriculture.
Nous nous sommes récemment réunis avec des représentants du carrefour de la protection des végétaux de l'Est de l'Ontario, le programme de New Liskeard. Encore une fois, pour revenir aux commentaires formulés tout à l'heure par le président, ils sont inquiets, car il s'agit d'un domaine qui couvre la propagation par la culture de tissus d'un certain nombre de cultures et de nouveaux virus émergents sur le raisin, les pommes, les asperges, l'ail, le houblon, les fruits fragiles et les pommes de terre.
Le terrain destiné à ce programme a été vendu en 2021. La chercheuse scientifique, Mme Becky Hughes, a pris sa retraite en 2012, et le programme est depuis géré par des techniciens. L'industrie veut savoir si AAC va maintenir ce poste de recherche, car elle croit pouvoir poursuivre ce programme ailleurs grâce à une entente entre le MAAAR et l'Université de Guelph, mais elle souhaite qu'AAC maintienne ce poste de recherche. Pouvez-vous formuler des commentaires?