:
Je déclare la séance ouverte.
Bienvenue à la 103e réunion du Comité permanent de l'agriculture et de l'agroalimentaire.
Je vais commencer par faire quelques rappels.
La réunion d'aujourd'hui se déroule selon une formule hybride. Les délibérations sont diffusées sur le site Web de la Chambre des communes. À titre d'information, la diffusion Web montrera toujours la personne qui parle, plutôt que l'ensemble du Comité. Bien sûr, les captures d'écran ou la prise de photos de l'écran ne sont pas autorisées.
[Traduction]
Je rappelle à mes collègues que nous avons pris des mesures supplémentaires pour protéger la santé et le bien-être de nos interprètes. Pour les témoins qui n'en ont peut-être pas encore été informés et qui sont dans la salle — je suppose que c'est vous, monsieur Forest —, si vous n'utilisez pas votre oreillette, nous vous demandons de la tenir loin du microphone.
Chers collègues, veuillez attendre qu'on vous donne la parole afin d'éviter que plusieurs microphones ne soient utilisés en même temps. Je sais que cela ne devrait pas poser de problème, mais nous veillerons à accorder la priorité à la santé et à la sécurité de nos interprètes.
Nous avons quelques remplaçants aujourd'hui.
Bon retour, pour ainsi dire, monsieur Epp; vous êtes au moins un remplaçant régulier. Vous êtes certainement ici pour aujourd'hui.
M. Chiang remplace .
Au bout du compte, se joindra à nous du côté libéral, à ce qu'on me dit. Nous attendons avec impatience une autre représentante de la Colombie-Britannique qui se joindra à M. MacGregor.
Conformément à l'article 108(2) du Règlement et à la motion adoptée par le Comité le jeudi 2 novembre 2023, le Comité reprend son étude des enjeux relatifs au secteur horticole.
J'aimerais maintenant souhaiter la bienvenue à nos témoins d'aujourd'hui.
[Français]
Nous recevons tout d'abord M. Jean‑Philippe Gervais, qui est vice-président exécutif de la stratégie et de l'impact ainsi qu'économiste en chef à Financement agricole Canada.
[Traduction]
M. Phil Tregunno, qui représente Les producteurs de fruits tendres de l'Ontario, se joint à nous par vidéoconférence.
[Français]
Nous avons également parmi nous M. Pascal Forest, qui est président des Producteurs de légumes de transformation du Québec.
[Traduction]
Enfin, nous accueillons M. Peter Vinall, président de Sustane Technologies Inc., qui se joint à nous par vidéoconférence.
C'est un plaisir de vous avoir tous ici.
Chers collègues, nous allons procéder le plus rapidement possible, car nous avons quatre témoins dans ce groupe et jusqu'à cinq minutes pour chaque organisation.
Je vais commencer par Financement agricole Canada.
Monsieur Gervais, vous avez cinq minutes. La parole est à vous.
:
Bonjour, monsieur le président. Bonjour également aux membres du Comité. Je vous remercie de m'avoir invité à me joindre à vous aujourd'hui.
Je m'appelle Jean-Philippe Gervais et je suis vice-président exécutif, Stratégie et Impact, et économiste en chef à Financement agricole Canada, ou FAC.
[Français]
FAC est une société d'État fédérale qui se consacre à l'industrie agricole et agroalimentaire canadienne. Par l'entremise d'un portefeuille de prêts de plus de 50 milliards de dollars, nous soutenons 102 000 clients. La société d'État compte plus de 2 300 employés répartis dans 103 bureaux partout au pays. Elle fournit à l'industrie des services financiers ainsi que des services consultatifs, des logiciels de gestion et des connaissances sur l'industrie.
FAC offre un vaste soutien aux clients de l'industrie horticole, qui comprend les secteurs serricole et fruitier ainsi que celui des légumes de plein champ. Au 31 mars 2024, le portefeuille total de FAC dans le secteur horticole comptait 3 576 clients, pour un solde total exigible de 4,77 milliards de dollars. Cela représente 6,3 % de l'ensemble de la clientèle de FAC et 9,4 % du solde de notre portefeuille. À l'échelle régionale, la majorité des ventes dans l'industrie horticole proviennent de la Colombie‑Britannique, de l'Ontario et du Québec.
[Traduction]
Les récents problèmes de production dans l'ensemble du pays ont entraîné des répercussions négatives sur les clients de FAC et sur l'industrie. Le secteur serricole a connu des éclosions de maladies qui, combinées à un contexte de baisse de la rentabilité en raison des taux d'intérêt et des coûts des intrants élevés, ont entraîné une augmentation des prêts douteux dans le secteur. Dans le secteur fruitier, les conditions météorologiques défavorables et le coût élevé des intrants ont également entraîné une hausse des prêts douteux. Dans l'ensemble, à l'heure actuelle, ces difficultés financières ne se reflètent pas de façon marquée au niveau de notre portefeuille et représentent moins de 5 % du montant total dû par les secteurs serricole et fruitier.
FAC offre actuellement un soutien supplémentaire à ses clients des secteurs fruitier et vinicole de la Colombie-Britannique qui sont aux prises avec des difficultés financières attribuables à des températures froides persistantes au cours de l'hiver qui ont causé des dommages importants aux vignes et aux arbres fruitiers dans toute la province. En outre, la grave sécheresse et les feux de forêt de l'été dernier ont eu un impact négatif sur le tourisme, une source de revenus essentielle pour de nombreux établissements vinicoles de la région. Notre programme qui vise à soutenir les clients qui font face à des conditions météorologiques défavorables est en vigueur depuis juillet dernier.
Le soutien à la clientèle est un élément central des activités de FAC, et nous envisageons diverses options de crédit et de report de paiements dans le but d'atténuer les pressions financières que subissent les producteurs. Nous fournissons également des connaissances pour aider les producteurs à prendre des décisions d'affaires éclairées. Par exemple, le 8 mai 2024, FAC publiera son analyse de la valeur des terres fruitières pour 2023.
[Français]
Pour les producteurs de fruits de verger et de fruits tendres de l'Ontario, dont la majorité se trouve dans la région de Niagara, la qualité des cultures est excellente et les prix des fruits sont élevés. Le marché québécois de la pomme, quant à lui, reste stable. Dans la région de l'Atlantique, l'offre excédentaire de fruits, en particulier de bleuets sauvages, est un problème persistant qui pèse sur le marché. Ces exemples démontrent, selon moi, la grande disparité régionale dans l'industrie horticole, en particulier dans le secteur fruitier.
FAC est déterminée non seulement à soutenir ses clients lors de ces événements défavorables, mais aussi à aider toutes les personnes touchées à devenir plus résilientes, à l'avenir, face aux catastrophes naturelles.
[Traduction]
Je vous remercie du temps que vous m'avez accordé et je serai heureux de répondre à vos questions.
:
Merci beaucoup de m'avoir invité à m'adresser à vous aujourd'hui.
Je m'appelle Phil Tregunno. Je suis président des producteurs de fruits tendres de l'Ontario. Notre organisation représente tous les producteurs de fruits à noyau et de poires de l'Ontario, dont la valeur à la ferme dépassait les 85 millions de dollars en 2023.
Je suis moi aussi fruiticulteur. Notre famille exploite 700 acres en culture de fruits tendres et de raisins à Niagara‑on‑the‑Lake, et nous sommes pleinement investis dans l'avenir. Notre ferme est située le long de la rivière Niagara.
Puisque nos fruits poussent en plein air, nous sommes vulnérables aux aléas de la météo et nous comptons principalement sur l'assurance-récolte pour nous protéger. Le gel et le givre sont les principaux risques et comptent pour une moyenne de 83 % des réclamations d'assurance.
Avec les changements climatiques, les variations de température sont plus marquées, comme nous l'avons vu cet hiver. La chaleur des mois de février et de mars a entraîné la floraison complète de nos arbres entre le 7 et le 10 avril, quelques jours plus tôt que la floraison en 2023, et environ un mois plus tôt qu'à mes débuts comme agriculteur. Auparavant, la floraison coïncidait avec la fête des Mères, environ un mois plus tard qu'aujourd'hui.
Les températures fluctuent beaucoup. À la dernière pleine lune, il a fait moins trois degrés Celsius. Nous nous attendions à ce que cela endommage nos fruits, mais cela ne semble pas avoir été le cas. La récolte devrait être complète.
Les changements climatiques entraînent également de la sécheresse et de grandes chaleurs, qui ont bien entendu de graves conséquences pour nous. Bien sûr, aujourd'hui, tous nos travailleurs et tous nos intrants pour la saison ont été mobilisés. C'est un coup très dur pour les exploitations agricoles.
Ce qu'il faut surtout retenir, c'est que chaque site est affecté de manière différente. Certains sites sont vulnérables au gel ou à la grêle, par exemple. Dans la région du Niagara, un grand nombre de petites exploitations se trouvent sur des terres qui ne sont pas adjacentes. Nous demandons depuis longtemps des assurances différentes pour chaque site. C'est très important.
AgriCorp offre des programmes d'assurance-production; nous travaillons avec l'organisme pour modifier les polices d'assurance et mieux les adapter aux risques auxquels chacun est exposé. Nous militons pour remplacer les assurances couvrant l'ensemble d'une exploitation agricole par des polices d'assurance propres à chaque site. Cette demande a été refusée pour de multiples raisons, dont certaines sont liées à la répartition du financement entre les gouvernements fédéral et ontarien.
On a également évoqué le risque subjectif pour refuser les assurances par site. Nous avons mis au point le logiciel de gestion agricole Croptracker, que nous croyons susceptible d'atténuer tout risque subjectif.
Nous participons également au programme Agri-stabilité, lequel s'applique aussi à l'ensemble de l'exploitation. Au fond, c'est une assurance en cas de catastrophe. Puisque les cultures sont très diverses dans la région de Niagara, il est moins probable de tirer une prestation pour toute une exploitation dans notre secteur. Agri-stabilité ne nous est donc pas vraiment utile. Notre... Ce dont nous avons vraiment besoin, c'est un bon système d'assurance-récolte.
Nous avons également reçu des fonds d'Agriculture et Agroalimentaire Canada, ou AAC, pour continuer de développer de nouvelles variétés en mettant l'accent sur la résilience aux changements climatiques et le remplacement des importations. Nous recevrons ce financement jusqu'en 2028 et nous espérons qu'il débouchera sur des variétés plus résistantes au gel, au givre, à la sécheresse et aux fortes chaleurs. Le financement comprend également l'analyse du cycle de vie, une plateforme de séquestration du carbone, l'étude des pratiques de gestion exemplaires et la réduction des gaz à effet de serre dans les exploitations agricoles.
Nous continuons de travailler avec le provincial pour mettre en place un système d'irrigation pour toute la région de Niagara. Certaines de nos exploitations se trouvent à proximité de sources comme la rivière Niagara, ce qui apporte de réels avantages. D'autres régions sont sans accès à l'eau brute. Nous avons absolument besoin d'eau pour faire pousser des fruits dans toute la région et atténuer certains effets des changements climatiques. Nous demandons des fonds fédéraux pour l'infrastructure afin de construire un système régional et d'améliorer le système hydrique de Niagara‑on‑the‑Lake.
La main-d'œuvre est vraiment un enjeu clé pour nous. C'est très saisonnier. EDSC vient de nous aviser que l'on allait apporter des changements au Programme des travailleurs agricoles saisonniers. Ce programme existe depuis 58 ans, et nous estimons qu'il fait l'objet d'un suivi très rigoureux et qu'il est extrêmement bénéfique. Nous craignons — et je peux même dire que nous craignons fort — qu'EDSC ne le mette dans le même sac que certains des autres programmes pour travailleurs étrangers temporaires et que l'on cesse ainsi de nous traiter différemment en raison de l'aspect saisonnier de la culture des fruits.
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Merci, monsieur le président.
Mesdames et messieurs les députés, je vous remercie de prendre le temps d'écouter mes préoccupations quant à l'avenir du secteur horticole canadien.
Je m'appelle Pascal Forest. Je suis le président des Producteurs de légumes de transformation du Québec. Je suis aussi membre du conseil d'administration des Producteurs de fruits et légumes du Canada. De plus, je suis un producteur maraîcher de cinquième génération.
Les programmes actuels de gestion des risques ne fonctionnent plus, principalement en raison des défis climatiques. Compte tenu de l'évolution du contexte économique et des aléas de la météo, l'efficacité de ces programmes et l'aide ponctuelle mise à la disposition des horticulteurs laissent à désirer.
J'en veux pour preuve les événements survenus l'été dernier au Québec, alors que les principales régions horticoles ont été touchées par des excès de pluie historiques. Le 4 août dernier, nous avons demandé au gouvernement du Québec une aide d'urgence. À son tour, ce denier s'est tourné vers le gouvernement fédéral pour que soit déclenché le programme Agri-relance à la suite de cette catastrophe. Malheureusement, plus de neuf mois se sont écoulés depuis notre demande d'aide et nous sommes toujours en attente d'une réponse. La situation comporte des conséquences financières substantielles pour bon nombre d'entrepreneurs horticoles.
À brève échéance, il faut accroître la réactivité en temps de catastrophe et améliorer la capacité des programmes de gestion des risques à s'adapter aux répercussions substantielles et instantanées des changements climatiques.
Par ailleurs, les préoccupations à l'égard de la résilience alimentaire doivent être prises au sérieux. Il serait irresponsable de croire que la population canadienne n'est pas exposée à des risques de pénurie de fruits et légumes frais en raison des dommages causés par les épisodes climatiques et les pertes de rendement considérables qu'ils provoquent, et ce, de manière de plus en plus fréquente. Il est illusoire de penser que, à moyen terme et à long terme, les programmes existants sauront couvrir les coûts liés aux changements climatiques ou favoriser une capacité d'adaptation à la hauteur de ces répercussions importantes.
La rentabilité économique de nos fermes horticoles est soumise à une pression d'autant plus forte que l'industrie du commerce de détail et du gros s'est fortement concentrée au cours des dernières années. Cinq acteurs accaparent plus des trois quarts des parts de marché dans le secteur du détail au Québec, alors qu'une vaste majorité des grossistes alimentaires appartient à des intérêts étrangers.
Le déséquilibre du pouvoir de marché entre les grands détaillants et les agriculteurs accentue les pressions. Les coûts de production augmentent alors que les géants du détail et du commerce en gros cherchent à faire baisser les prix en nous mettant en concurrence avec des produits de l'étranger. Or, dans bien des cas, les normes sociétales et environnementales des pays exportateurs sont des plus permissives, ce qui engendre une déloyauté concurrentielle.
Le gouvernement du Canada doit mieux protéger les producteurs horticoles. Si les grands acteurs refusent l'adhésion volontaire à un code de conduite, il faut l'imposer, et ce, plus tôt que tard. Quant à moi, la fin du mois de mai devient un ultimatum. Cela fait trop longtemps que la situation perdure.
Par ailleurs, le gouvernement du Canada doit être plus énergique dans ses efforts pour exiger la réciprocité des normes dans le cas des produits venant de l'étranger.
En résumé, alors que la population canadienne compte maintenant 40 millions d'habitants, il faut s'assurer qu'un nombre suffisant d'entrepreneurs agricoles veulent poursuivre les activités agricoles. Je vais terminer sur une note personnelle: mes enfants et mes neveux ne sont pas du tout convaincus que leur avenir professionnel passe par la relève de l'entreprise, qui est le fruit du travail de cinq générations. Il est urgent d'agir afin qu'ils changent d'opinion.
Merci.
:
Bonjour, monsieur le président et mesdames et messieurs les membres du Comité.
Je m'appelle Peter Vinall et je suis le président de Sustane Technologies. Je suis accompagné ce matin de Kevin Cameron, notre vice-président principal, responsable du développement commercial.
Je vous remercie de nous donner l'occasion de vous parler aujourd'hui de la façon dont Sustane est particulièrement bien positionnée pour aider le secteur horticole à contribuer à l'atteinte des objectifs du gouvernement en matière de changement climatique grâce à la réduction des déchets de plastique et à l'utilisation des matières organiques produites par la société comme engrais carboneutre.
Fondée en 2014 et basée à Halifax, Sustane est une entreprise canadienne de technologies propres. Nous avons pour mission d'accroître la circularité des déchets, de réduire sensiblement les émissions de gaz à effet de serre et d'offrir des solutions ayant un impact planétaire.
Chaque année, les Canadiens produisent plus de 2,5 millions de tonnes de déchets plastiques. Seulement 9 % du plastique est recyclé au Canada et en Amérique du Nord. Le reste se retrouve dans les sites d'enfouissement et dans l'environnement, ce qui menace notre santé, notre faune, nos rivières, nos lacs et nos océans.
Certains types de plastique peuvent être remplacés par des produits biodégradables. Les plastiques à usage unique jouent toutefois un rôle essentiel dans des domaines comme les soins de santé et la salubrité des aliments. À titre d'exemple, le secteur horticole a besoin d'utiliser des plastiques pour transporter ses produits vers les marchés. Bien qu'il y ait un désir de réduire l'empreinte carbone du secteur, il existe très peu de solutions de rechange rentables ou viables aux fins de la production, de la distribution et du transport.
C'est là que notre solution durable entre en jeu. À Sustane, nous visons une plus grande circularité des déchets en réutilisant les plastiques à usage unique et en fin de vie pour en faire des composés précurseurs de plastique. Nous pouvons prendre le plastique en fin de vie utile et le réintégrer pour ainsi dire dans la chaîne d'approvisionnement des plastiques.
Grâce à notre procédé mécanisé exclusif, nous sommes en mesure de recycler jusqu'à 90 % des déchets destinés aux sites d'enfouissement pour en faire des composés précurseurs de plastique et des engrais carboneutres, remplaçant ainsi les processus actuels à forte teneur en carbone. Nous le faisons déjà en Nouvelle‑Écosse, dans notre usine-pilote à grande échelle de Chester, où, en plus des déchets solides municipaux, nous transformons le plastique du programme de nettoyage des engins fantômes du gouvernement fédéral et les déchets agricoles.
Pas plus tard que le mois dernier, nous avons signé une entente avec le comté de Wetaskiwin, en Alberta, pour y construire une installation qui traitera également certains de ses déchets agricoles, ce qui améliorera l'empreinte carbone de l'agriculture dans la province.
Nous avons également signé un protocole d'entente avec l'État de Washington, et nous planifions notre expansion aux États‑Unis.
À l'échelle communautaire, notre approche novatrice de gestion des déchets permet de réduire l'empreinte carbone d'une municipalité de 10 % en prévenant jusqu'à trois tonnes d'émissions de gaz à effet de serre pour chaque tonne de déchets que nous traitons.
Monsieur le président, Sustane croit que l'industrie doit utiliser les plastiques de façon responsable, mais que le gouvernement doit aussi reconnaître que, pour de nombreuses utilisations, le plastique est le seul matériau économiquement viable dans un avenir immédiat. Si le gouvernement veut vraiment soutenir notre secteur agricole, il devrait financer des projets d'économie circulaire pouvant permettre la transformation des déchets horticoles et soutenir des programmes de responsabilité élargie des producteurs pour lutter contre le changement climatique.
Nous devrions également nous assurer d'appuyer le secteur en adoptant de nouvelles technologies à mesure qu'elles deviennent disponibles. Le Canada a l'occasion d'être un chef de file en matière de durabilité de l'agriculture en investissant dans des solutions qui favorisent la circularité des déchets. Nous pouvons non seulement atteindre nos objectifs climatiques sans imposer de mesures punitives à l'industrie, mais aussi contribuer au déploiement d'une technologie canadienne éprouvée pour répondre à la forte demande partout dans le monde.
Je vous remercie encore une fois de nous avoir offert la possibilité de comparaître devant vous. Nous serons heureux de répondre à vos questions. J'espère que vous aurez l'occasion de visiter notre usine de Chester en Nouvelle‑Écosse pour voir notre technologie de pointe en action.
Merci beaucoup.
:
Pour répondre à la question, je dirais que la clé, pour nous, c'est l'approche proactive vis-à-vis des entreprises avec lesquelles nous travaillons. Nous connaissons, bien sûr, les changements climatiques et tous les défis de production qu'ils engendrent. Notre approche primaire est donc vraiment d'être proactifs. Nous avons d'ailleurs adopté la même approche face à d'autres défis, comme la hausse des taux d'intérêt. En effet, nous avons été proactifs lorsque nous avons vu les taux d'intérêt grimper. Nous travaillons donc avec les clients pour voir quelles solutions sont les plus propices pour leur entreprise.
Il faut comprendre que le défi, selon moi, c'est d'arriver à cerner la spécificité de chaque entreprise. Il faut dire que tout le monde n'est pas au même point pour ce qui est de la stratégie de croissance, de la transition et du volume. Il y a plusieurs composantes à considérer.
Cela dit, l'aspect principal, c'est que nous devons être proactifs. Nous le voyons lorsque nous établissons des programmes d'assistance à la clientèle en fonction des défis liés à la production. Nous venons d'en lancer un pour les producteurs en Colombie‑Britannique. Il y en a un qui existe depuis un an, en lien avec la sécheresse et les chaleurs extrêmes qu'on a connues en 2023. Il vise non seulement les producteurs agricoles, mais bien toute la chaîne, tous les secteurs de production.
Nous avons donc une approche individuelle et proactive. Cela nous permet d'aller chercher le plus d'aide possible pour les clients et de trouver avec eux les solutions qui sont les plus intéressantes.
Si on regarde vers l'avant, j'ajouterais qu'il faut aider les producteurs ou les accompagner dans l'implantation de pratiques de gestion et de production leur permettant d'améliorer leur résilience et la durabilité de leur entreprise face aux changements climatiques. Par exemple, nous avons un programme d'incitatifs financiers. Nous avons travaillé avec des partenaires. Nous ne le faisons pas seuls, mais vraiment en partenariat. Nous offrons présentement six programmes et d'autres sont en cours d'élaboration.
Une autre facette de notre travail consiste, par exemple, à mettre sur pied des programmes de financement durable. Nous élaborons présentement un cadre et établissons des principes qui régiront la façon dont nous allons travailler pour être en mesure d'offrir des produits financiers qui permettront aux entrepreneurs d'implanter certains changements au sein de leur entreprise.
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Vous l'avez très bien énoncé. Je pense que le défi principal survient lorsque plusieurs facteurs s'additionnent. Par exemple, il peut s'agir d'éléments consécutifs ou de problèmes de même nature liés à des variations de production inattendues. Il peut aussi s'agir de variations de production liées à des conditions climatiques défavorables combinées à une hausse des taux d'intérêt.
Selon ce que j'ai vu au fil des années, je dirais que les entreprises de ce secteur sont généralement bien outillées pour pouvoir traverser une crise ou un événement ponctuel. C'est lorsqu'il y a plusieurs facteurs perturbateurs que les choses se compliquent. Je pense que cela a complexifié en quelque sorte l'environnement d'affaires des entreprises agricoles dans l'ensemble de la filière. C'est certainement le cas en production horticole, étant donné les défis importants liés à la production dans les dernières années.
L'approche actuelle est de pouvoir aller chercher des solutions à plus long terme. L'avantage qu'offre une société comme FAC, c'est que nous sommes capables de travailler en continu avec le secteur agricole et agroalimentaire, car c'est le seul secteur que nous servons. On peut dire qu'il y a vraiment un engagement durable. Ça permet d'avoir une perspective un peu plus à long terme.
Comme je l'ai mentionné dans mon allocution, il y a peut-être une augmentation des prêts qui se font à des conditions difficiles. Par contre, nous savons que, au fil du temps, nous pourrons redresser ces prêts pour que ces entreprises redeviennent performantes en apportant certains changements à leurs pratiques financières ou à leurs pratiques de production, notamment.
Je pense qu'il faut avoir une approche axée sur le plus long terme.
:
Je peux vous dire ce qu'il serait intéressant de voir et ce qui nous donnerait le sentiment d'être soutenus par le gouvernement.
Premièrement, j'aimerais vivre uniquement du marché. L'argent que je gagne, je ne veux pas qu'il vienne de subsides ou d'aide gouvernementale, à la base. Cela dit, c'est certain que, si mon concurrent reçoit de l'aide, je dois également pouvoir en recevoir. Comme je l'ai dit plus tôt, il faut vraiment que le combat soit juste. Dans le jeu de la concurrence, nous devons pouvoir nous battre à armes égales. Mon idée là-dessus ne changera pas.
Il s'agirait d'établir la réciprocité des normes, d'utiliser les mêmes produits phytosanitaires et de disposer du même accès à des travailleurs étrangers. Tout ça est d'une incroyable complexité, chaque année. Il y a toujours des surprises. Ce qui n'est pas une surprise pour nous, par contre, c'est que la production agricole se fait aux mêmes dates chaque année, et que tout le monde ici mange le matin, le midi et le soir. Il n'y a aucune surprise de ce côté.
Je pense que c'est un thème récurrent. Surtout au cours de cette étude, les agriculteurs de tous les secteurs nous disent qu'ils sont les premiers à être touchés par les changements climatiques. Nous venons d'entendre un témoin dire que la floraison se fait un mois plus tôt que lorsqu'il a commencé dans le secteur. Je vous remercie de nous faire profiter de votre expertise.
Ma prochaine question sera pour les représentants de Sustane Technologies.
J'étais récemment à Vancouver alors que l'Association canadienne de la distribution de fruits et légumes tenait son grand salon commercial au Centre des congrès. Il a beaucoup été question de l'utilisation des plastiques dans le secteur. Il y a eu une table ronde non seulement sur le rôle que le gouvernement devrait jouer, mais aussi sur celui que l'industrie doit assumer.
Je représente une circonscription dans un environnement côtier. Les microplastiques sont une préoccupation très concrète pour nous, étant donné qu'ils finissent par se retrouver dans l'océan. On s'inquiète beaucoup de la bioaccumulation, surtout en ce qui concerne les produits de la mer que nous consommons dans notre région.
J'aimerais que vous m'en disiez davantage sur le rôle que le gouvernement pourrait jouer selon vous. Je pense que nous nous retrouvons actuellement avec deux prises de position diamétralement opposées. Il y a, d'une part, ce que le gouvernement propose et, d'autre part, la réplique des conservateurs.
On dirait que vous essayez de trouver un juste milieu plus nuancé. Je me demande simplement si vous pouvez nous en dire un peu plus à ce sujet.
:
Merci beaucoup de la question.
Les déchets plastiques sont évidemment un problème qui touche tous les secteurs, y compris l'agriculture. Nous avons une solution qui peut aider à cet égard. Nous pouvons prendre le plastique le moins recyclable qui aboutit actuellement dans les sites d'enfouissement... Même le plastique que vous mettez sur le bord du trottoir pour qu'il soit recyclé ne le sera généralement que dans 50 % des cas; le reste se retrouvera dans les dépotoirs. Nous pouvons récupérer ce plastique et le recycler grâce à notre technologie.
Nous avons une entente avec un groupe pétrochimique qui vient de confirmer qu'il peut utiliser notre produit. Ils nous ont dit que c'était le meilleur au monde. C'est du naphte que nous fabriquons à partir du plastique. On nous indique qu'il est de la meilleure qualité qui soit. Il peut remplacer le naphte fossile pour la fabrication du plastique. C'est une percée dont nous sommes très fiers, et nous espérons maintenant pouvoir déployer cette technologie à grande échelle.
L'autre point que j'aimerais souligner, c'est que nous entendons beaucoup parler du plastique dans l'océan. Ce plastique ne vient pas du Canada. Il vient d'autres pays. Cependant, au Canada, nous exportons librement nos déchets plastiques vers ces autres pays et nous appelons cela du recyclage. Franchement, je pense que le gouvernement a un rôle à jouer pour mettre fin à cela.
J'entends beaucoup parler de « lotocyclage » ces derniers temps. Nous mettons nos rebuts plastiques en bordure de route. Nous pensons qu'ils seront recyclés, mais une grande partie est en fait exportée vers des pays qui n'ont pas nos normes et nos mesures de contrôle.
Je pense que le gouvernement a clairement un rôle à jouer pour déclarer que cette situation a assez duré. Nous avons une solution canadienne permettant d'y mettre fin en prenant ces plastiques au Canada pour les transformer en matières premières assurant ainsi la circularité du plastique.
Voilà ma réponse.
Je vais m'adresser à M. Vinall. Vous avez mis sur pied une entreprise intéressante.
Nous sommes assis autour de cette table avec beaucoup de producteurs, bien évidemment, et il y a un plus petit dénominateur commun qui est le changement climatique. Vous avez des solutions à proposer. J'ai lu une partie de votre préambule et je voulais vous demander jusqu'où vous pouvez aller quant à de possibles interventions au sein des différents secteurs.
Vous avez parlé des collectivités et des provinces, comme la Nouvelle‑Écosse et l'Alberta, et c'est très bien, mais parfois les provinces sont lentes à réagir et les gouvernements le sont tout autant. Je me demande ce qu'il en est des industries ou des secteurs.
Y a‑t‑il eu des discussions avec la Fédération canadienne de l'agriculture, par exemple, ou une organisation du genre, au sujet de Sustane Technologies et des solutions qu'elle propose?
Partout dans le monde, les sols se dégradent quant à leur teneur en matière organique. L'agriculture circulaire, régénératrice et durable fait l'objet d'une forte pression.
En même temps, cette matière organique qui sort du sol — comme les déchets alimentaires et d'autres produits de ce type — finit dans une décharge, où nous l'enfermons dans un bioréacteur inefficace revêtu de plastique qui laisse 50 % de ce méthane s'échapper dans l'atmosphère.
Ce que nous pouvons faire, c'est prendre les déchets solides municipaux, cette matière organique, la séparer et en faire un engrais. Nous avons obtenu la certification de l'ACIA — la première du genre, selon nous, au Canada — pour prendre les déchets — les ordures —, séparer les matières organiques et les mettre sous une forme qui est propre, qui a une valeur nutritive élevée et qui peut être utilisée comme engrais.
Nous avons ouvert la voie en Nouvelle-Écosse. Nous procédons actuellement à des essais — je suis désolé, mon intervention a duré plus de 40 secondes — et nous espérons développer cette partie de nos activités également.
:
Merci, monsieur le président.
J'aimerais poser ma dernière question à M. Gervais de Financement agricole Canada.
Vous avez eu un échange plus tôt avec M. Drouin. J'en ai manqué une petite partie, alors je vous prie de m'excuser si je couvre en partie le même sujet.
À maintes reprises devant ce comité, et en particulier dans le cadre de cette étude, nous avons beaucoup entendu parler de l'impact du changement climatique sur les exploitations agricoles. Financement agricole Canada est au cœur de la réussite financière des exploitations agricoles, et vous avez mentionné que vous avez 3 576 clients qui travaillent avec Financement agricole Canada dans le secteur de l'horticulture.
Ce que j'aimerais connaître, c'est votre point de vue sur la prochaine décennie ou les deux prochaines décennies, compte tenu de ce que nous savons maintenant de ces événements météorologiques extrêmes. Par exemple, en Colombie-Britannique, nous avons vu en un an un dôme de chaleur massif suivi d'une rivière atmosphérique. Nous savons que l'Ouest du Canada est confronté à des prévisions de sécheresse prolongée pour cet été parce que les niveaux d'accumulation de neige et les niveaux d'eau dans les réservoirs ne représentent qu'une fraction de ce qu'ils devraient être. Qu'est‑ce que cela signifie pour l'analyse des risques de Financement agricole Canada pour l'avenir?
Si les agriculteurs sont continuellement frappés par cette situation, ce qui peut entraîner des retards de paiement, des difficultés avec les prêts et ainsi de suite, qu'est‑ce que cela signifie pour votre analyse de risque globale au cours de la prochaine décennie et même plus tard?
:
Dans une perspective à long terme, nous pensons que nous devons positionner et soutenir nos clients dans la transition de l'industrie vers une économie à faible émission de carbone, car sinon nous serons exposés à beaucoup trop de risques liés au changement climatique.
Nous commençons dès maintenant à mettre en place des mesures incitatives pour l'adoption de pratiques de production qui réduiront l'empreinte carbone des différentes opérations. Nous proposons des solutions logicielles qui, selon nous, peuvent également améliorer l'empreinte carbone des exploitations agricoles, et nous pouvons également mettre en place un cadre financier durable qui permettra aux exploitations d'introduire de nouvelles pratiques de production et de nouvelles technologies. C'est vraiment un défi à long terme que nous devons relever.
Nous ne devons pas oublier qu'il y a aussi un défi lié à l'abordabilité des aliments que nous devons relever pour nourrir la population canadienne croissante et le monde, franchement, parce que le monde a besoin de plus d'agriculture canadienne.
Je pense qu'en agissant maintenant sur tous ces éléments, nous pouvons gérer les risques auxquels nous serons confrontés à l'avenir. Ce que nous faisons sur le plan de l'analyse des risques, sans trop entrer dans les détails, c'est d'évaluer les risques financiers sur une longue période. C'est ce que nous appelons les tests de résistance. Nous testons la résilience de FAC pour qu'elle soit en mesure de servir l'industrie, ainsi que la résilience de l'industrie à l'avenir.
:
Chers collègues, nous allons commencer.
Nous avons quelques minutes de retard. La transition a été un peu difficile, mais nous sommes prêts à commencer. Si vous avez des discussions, veuillez les poursuivre à l'extérieur, s'il vous plaît.
Chers collègues, nous poursuivons notre réunion et nous accueillons aujourd'hui, dans le deuxième groupe, M. Frank Stronach, fondateur de Magna International et fondateur et président de Stronach International, mais je pense qu'il parlera d'agriculture et du bon travail qu'il accomplit dans ce secteur également.
Nous accueillons aussi M. Al Mussell, qui connaît bien le Comité. Il représente l'Institut canadien des politiques agroalimentaires. C'est un plaisir de vous revoir, monsieur Mussell.
[Français]
Enfin, nous accueillons Geneviève Grossenbacher, qui est directrice des politiques des Fermiers pour la transition climatique.
Je vous souhaite la bienvenue au Comité cet après-midi.
[Traduction]
Chaque témoin dispose de cinq minutes pour faire sa déclaration préliminaire.
Je vais demander à M. Stronach de commencer. Vous avez la parole pour cinq minutes, monsieur.
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Comme la plupart d'entre vous le savent, je suis le fondateur de Magna International, que j'ai créée dans un garage et qui est devenue une entreprise de plus de 170 000 employés.
Puis, il y a 12 ans, j'ai décidé de quitter l'industrie des grosses voitures et de me lancer dans l'agriculture. Plus j'avançais dans le secteur agricole, plus je voyais cette immense jungle chimique. Nous savons qu'environ 95 % des aliments que nous consommons proviennent d'exploitations industrielles. Dans les exploitations industrielles, on ne voit plus d'aigles voler, tout simplement parce qu'il n'y a plus de lapins ni de faisans dans le secteur. Nous tuons tout. Les pesticides, les fongicides et les herbicides se retrouvent dans l'air, que nous respirons; ils se retrouvent dans l'eau, que nous buvons; et ils se retrouvent dans le sol, d'où proviennent les aliments que nous mangeons.
Les exploitations familiales ont toujours été l'épine dorsale du Canada. Un pays qui peut se nourrir lui-même n'aura jamais de problème, mais les exploitations familiales vivent pratiquement de l'aide sociale. Les enfants des agriculteurs familiaux disent à leurs parents qu'ils ne veulent pas travailler dans le secteur agricole, qu'ils ne veulent pas vivre de l'aide sociale.
Tant d'indices et de statistiques montrent que pratiquement tous les enfants souffrent d'allergies. Le nombre de cas de diabète de type 2 a énormément augmenté et l'autisme est en hausse. La plupart des familles aisées donnent à leurs enfants des aliments biologiques, mais je crois en un Canada où tous les enfants ont les mêmes chances de grandir en bonne santé. Ce n'est plus le cas dans les circonstances actuelles.
Voici mes recommandations: premièrement, aucun enfant canadien ne devrait aller à l'école le ventre vide, ce qui signifie qu'un petit-déjeuner doit lui être servi; deuxièmement, aucun enfant canadien ne devrait quitter l'école le ventre vide; et troisièmement, la loi devrait stipuler que la nourriture servie dans les écoles doit être biologique.
Lorsque les gens disent que nous n'avons pas les moyens de nourrir nos enfants avec des aliments biologiques, je crois que c'est une très mauvaise affirmation, car les économies réalisées sur les coûts médicaux dépasseraient les coûts de production des aliments biologiques.
Je crois que le Canada devrait s'intéresser de plus près à la manière dont les exploitations agricoles familiales peuvent survivre. Elles pourraient survivre et bien se porter si le Canada disposait d'un programme spécial pour soutenir les agriculteurs familiaux qui produisent des aliments biologiques. J'espère que le examinera sérieusement mes recommandations. Le sujet me tient à cœur. Il est important que tous les enfants canadiens aient la chance de grandir en bonne santé et heureux.
Je me tiens à votre disposition pour vous expliquer plus en détail comment cultiver des aliments sains pour les Canadiens.
Merci.
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Monsieur le président, distingués membres du Comité, je suis heureux de comparaître devant vous aujourd'hui et de vous faire part de mes réflexions en tant que chercheur à l'Institut canadien des politiques agroalimentaires.
L'horticulture est un élément essentiel de l'agriculture canadienne et d'un accès sûr à des aliments nutritifs. Elle constitue une source importante pour la fabrication de produits alimentaires et la base des industries exportatrices canadiennes. De plus, c'est un secteur qui présente un intérêt pour le Canada en tant qu'importateur, tant hors saison que tout au long de l'année.
Les produits horticoles — produits comestibles et produits de la floriculture ou des pépinières — représentent environ 12 % des recettes monétaires agricoles totales, dont la valeur a été récemment estimée à un peu moins de 11,5 milliards de dollars, mais ils occupent une part beaucoup plus faible des terres agricoles. Selon des estimations récentes, les exportations de fruits et de légumes s'élèvent à environ 125 millions de dollars. Les exportations de fleurs et de plantes ornementales ont été évaluées à près de 225 millions de dollars.
La transformation des cultures horticoles revêt une importance économique régionale dans plusieurs provinces. Les travaux de Kushank Bajaj, boursier de doctorat de l'Institut canadien des politiques agroalimentaires à l'Université de la Colombie-Britannique, ont montré que le Canada dépendait des importations pour environ 80 % de ses fruits et 60 % de ses légumes, et que la dépendance à l'égard des importations était encore plus grande dans certaines provinces et certains territoires.
Le climat nordique du Canada a limité la production et l'étendue de l'horticulture. Toutefois, certains facteurs importants sont en train de changer. Les données compilées depuis 1948, et même avant, indiquent qu'une grande partie du pays se réchauffe et reçoit davantage de précipitations. C'est en hiver et dans le Nord du Canada que le réchauffement et l'augmentation des précipitations sont les plus marqués. Néanmoins, ces changements permettent d'augmenter le rendement des cultures, d'introduire de nouvelles cultures dans des régions où le climat n'y était pas propice auparavant et de déplacer des activités agricoles dans des régions où le climat ne convenait pas auparavant.
Cela ouvre des perspectives de croissance pour les cultures horticoles au Canada. Selon un autre rapport de boursiers de doctorat de l'Institut qui a été publié récemment, les progrès réalisés dans le domaine de l'agriculture en milieu contrôlé ou de l'agriculture verticale nous incitent à être optimistes quant à la capacité du Canada à fournir des fruits et des légumes à l'échelle locale, y compris dans les régions septentrionales du pays.
Cependant, cela pose de nombreux défis. Tout comme le réchauffement et la plus grande humidité du climat favorisent la croissance des plantes, ils favorisent également la présence de maladies et de ravageurs des cultures. Certains de ces ravageurs étaient étrangers au Canada auparavant, mais ils commencent à apparaître au pays en raison des changements climatiques et ils nécessitent un contrôle efficace. Le Canada aura besoin de la recherche pour appuyer les mesures de contrôle et permettre l'accès à de nouvelles variétés de cultures en raison des changements climatiques. Il devra également être en mesure d'accélérer le processus d'enregistrement pour mettre les produits à la disposition des cultivateurs.
Il convient de mieux comprendre ce que signifie « plus chaud et plus humide » quant aux périodes durant lesquelles les conditions météorologiques sont favorables à la culture. Il faudra prévoir des plans pour la main-d'œuvre, y compris pour les travailleurs temporaires qui devront travailler pendant une saison prolongée.
Il y a de nombreux défis liés à l'assurance-récolte, dont les industries horticoles dépendent fortement pour soutenir leurs investissements. On exige un niveau adéquat de superficie en acres et une gestion indépendante afin d'établir un programme d'assurance, ce qui peut constituer un problème dans les provinces où les cultures horticoles sont peu importantes. De même, pour les cultures nouvellement introduites dans une province, il y a un décalage quant à la disponibilité de l'assurance, car les données nécessaires à la diligence raisonnable doivent être acquises et analysées.
L'environnement commercial multilatéral fondé sur des règles, qui a été utile pour les industries horticoles orientées vers l'exportation et qui a permis au Canada de satisfaire en toute confiance une grande partie de ses besoins en fruits et en légumes grâce aux importations, est en train de s'éroder. Le Canada a participé activement aux efforts de revitalisation de l'OMC et du commerce fondé sur des règles et il convient de poursuivre dans cette voie. Toutefois, une stratégie prudente consisterait à réduire en partie sa dépendance à l'égard des importations en explorant la possibilité d'accroître la production horticole au Canada et en examinant les défis posés.
Je vous remercie à nouveau de votre invitation. C'est avec plaisir que je répondrai aux questions.
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Monsieur le président et mesdames et messieurs les membres du Comité, merci de me donner l'occasion de vous parler aujourd'hui.
Je représente aujourd'hui Fermiers pour la transition climatique, ou FTC, où j'agis en tant que directrice des politiques. Je suis également agricultrice. Je cultive des légumes en périphérie de Gatineau, juste de l'autre côté de la rivière. Mon mari et moi avons été nommés gagnants du prix Jeunes Agriculteurs du Québec en 2021.
FTC est une coalition nationale dirigée par des agriculteurs et des éleveurs et compte 29 organisations membres représentant plus de 20 000 agriculteurs et éleveurs qui travaillent à intensifier les solutions climatiques en agriculture. Nous travaillons sur des propositions politiques, fondées sur l'expérience à la ferme, pour mieux soutenir les agriculteurs et les éleveurs face aux changements climatiques. Nous encourageons également l'adoption de pratiques à faibles émissions et à haute résilience par l'entremise de notre programme de mentorat pour des fermes résilientes, ou MFR.
Pour FTC, il est clair que le secteur horticole est confronté à des défis uniques en raison de ses cultures diversifiées de grande valeur, de ses légumes périssables et du fait que les programmes de gestion des risques, GRE, n'ont pas été conçus pour l'horticulture. C'est pourquoi nous devons agir de toute urgence sur deux fronts. Nous devons améliorer les programmes de GRE pour réduire les risques pour les gouvernements et les agriculteurs, fournir un soutien en temps opportun, comme vous venez de l'entendre, et mettre en place des incitatifs pour favoriser l'adoption de pratiques résilientes au climat. Nous devons redoubler d'efforts pour renforcer les programmes qui améliorent la résilience climatique des exploitations agricoles afin de prévenir les pertes de récoltes.
Nous devons vraiment agir maintenant. L'urgence de la situation ne peut être surestimée. Le climat évolue plus rapidement que les mesures politiques et les programmes de GRE peuvent s'adapter. Notre secteur est particulièrement vulnérable.
Pour illustrer cette réalité, je voudrais vous faire part de l'histoire de Richard, un agriculteur que j'ai rencontré récemment. Richard est un producteur de légumes qui cultive 600 acres de terres dans la vallée de l'Annapolis, en Nouvelle-Écosse — dans la circonscription du président du Comité. L'année dernière, il a été confronté à une perte de production dévastatrice de 40 % en raison de pluies incessantes, représentant 320 000 $ de pertes. Il s'agit de pertes sans précédent au cours de ses 45 années en production. Heureusement, Richard est chanceux car il fait partie des rares producteurs de légumes à participer au programme Agri-stabilité, mais le montant de 80 000 $ qu'il recevra de ce programme, lorsqu'il le recevra, est loin de couvrir ses pertes réelles. Richard fait maintenant face au choix pénible de puiser dans son épargne-retraite pour avoir de l'argent pour planter cette année.
Cette situation souligne le besoin urgent d'avoir de meilleurs systèmes de soutien pour les agriculteurs. Au cours d'une bonne année, les horticulteurs ne gagnent pas assez d'argent pour couvrir les mauvaises années. Les agriculteurs comme Richard ne devraient pas avoir à assumer le coût des pertes de récoltes dues à des phénomènes météorologiques extrêmes.
L'inflation élevée et les taux d'intérêt mettent en péril les marges déjà minces du secteur. Le secteur est dans un état vulnérable, et le coût de l'inaction est élevé. Comme Richard l'a expliqué, les entreprises sont habituées à prendre des risques, mais notre secteur est actuellement sur la corde raide. Nous risquons fort de perdre des exploitations agricoles. Ce serait terrible pour notre économie. Cela entraînerait une hausse du prix des denrées alimentaires et de l'insécurité alimentaire.
Les programmes existants de GRE ne parviennent pas à répondre aux besoins de l'horticulture pour plusieurs grandes raisons. Premièrement, le taux de participation est très faible. Les producteurs horticoles trouvent que les programmes ne sont pas adaptés à leurs besoins uniques et à la diversité de leurs cultures. Par exemple, en Nouvelle-Écosse, seulement 14 % de la superficie totale cultivée était couverte par l'assurance-récolte en 2021.
Deuxièmement, les primes sont souvent trop élevées. Par exemple, pour Richard, les primes d'assurance-récolte sont tout à fait exorbitantes. Elles lui coûteraient 40 000 $, soit près de 4 % de son chiffre d'affaires brut, ce qui grugerait une grande partie de sa marge bénéficiaire.
Troisièmement, le seuil de perte est élevé, ce qui signifie que l'indemnisation n'est déclenché qu'en cas de niveaux importants de pertes, laissant les agriculteurs vulnérables à la plupart des pertes qu'ils subissent.
Quatrièmement, la couverture est inadéquate et floue. Avec plus de 200 cultures horticoles, les agriculteurs sont incertains quant aux cultures couvertes et à la superficie minimale requise pour que l'indemnisation entre en vigueur. Cette situation a une incidence disproportionnée sur les exploitations agricoles diversifiées. En fait, les agriculteurs qui se diversifient pour atténuer leurs propres risques se sentent pénalisés par les programmes existants. De plus, comme vous l'avez entendu, les agriculteurs sont confrontés à de longs délais pour recevoir leurs indemnisations. Cela a une grande incidence sur leur capacité de se remettre de leurs pertes.
Bref, les horticulteurs courent déjà un risque plus élevé en raison des changements climatiques. De plus, ils ne disposent pas de véritables filets de sécurité. Cette situation doit changer.
À mesure que les phénomènes météorologiques extrêmes s'intensifient, les programmes de GRE sont de plus en plus coûteux. Par exemple, les paiements versés au titre de l'assurance-récolte en 2023 au Canada ont atteint les 3,88 milliards de dollars, comparativement à 1,7 milliard de dollars en 2020. Pour régler ce problème, FTC a formé un groupe de travail dirigé par des agriculteurs afin de trouver des moyens précis d'améliorer les programmes de GRE. Dans son rapport de 2022, que je serai ravie de distribuer au Comité, le groupe de travail fait un certain nombre de recommandations.
La première est que nous apportions des améliorations à des programmes clés comme Agri-protection, Agri-investissement et Agri-stabilité afin de réduire les risques pour les gouvernements et les producteurs en encourageant l'adoption de pratiques résilientes au climat.
La deuxième consiste à nous assurer que les programmes de GRE — encore une fois, on vous en a parlé — sont abordables, accessibles et adaptés aux besoins des agriculteurs et des horticulteurs, et que les indemnisations sont versées en temps opportun lorsqu'une catastrophe survient.
La troisième précise que le fait de réformer les programmes de GRE ne suffira pas. Par conséquent, la quatrième recommandation est de redoubler d'efforts et d'investir dans les programmes existants et nouveaux qui renforcent la résilience aux changements climatiques des exploitations agricoles afin de prévenir les pertes de récoltes. Des programmes comme le Fonds d'action à la ferme pour le climat, qui enregistre un franc succès et un surnombre d'inscriptions, sont des exemples cruciaux de programmes qui ont besoin d'investissements et de ressources supplémentaires.
Nous ne pouvons vraiment pas attendre en 2028 pour agir, car les programmes actuels arriveront à échéance cette année‑là. Il faut agir maintenant.
Sur ce, je vous remercie, monsieur le président.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie les témoins de leur présence ici aujourd'hui.
Monsieur Stronach, dans votre déclaration liminaire, vous avez parlé des « exploitations industrielles » par opposition aux fermes biologiques et aux fermes traditionnelles. Je dois dire, monsieur Stronach, que vous êtes un homme d'affaires. Vous êtes un homme d'affaires prospère très bien connu, mais moi, en tant qu'agricultrice, je m'inscris en faux contre cette terminologie. Je suis d'ailleurs certaine que bon nombre des agriculteurs qui suivent ces délibérations en ce moment s'insurgent contre le fait que vous nous qualifiiez d'agriculteurs « industriels ». Nous sommes également des gens d'affaires, monsieur Stronach, et nous essayons de gagner notre vie en pratiquant l'agriculture.
Les témoins du groupe précédent nous ont dit à quel point il peut être difficile de gagner sa vie. Je tiens à préciser que les exploitations agricoles familiales travaillent très dur dans ce pays et que beaucoup d'entre nous sont constitués en société, pour diverses raisons, afin d'établir un bon modèle d'entreprises. Nous travaillons très fort pour produire les meilleurs aliments pour les Canadiens, en utilisant le moins possible de produits chimiques et d'intrants. Je tiens simplement à rectifier les faits à ce sujet.
Monsieur, vous êtes connu pour votre ferme engagement envers l'environnement, la conservation et la durabilité. Nous avons vu que ce gouvernement a proposé une réglementation interdisant les emballages alimentaires en plastique. Nous avons appris qu'un rapport de Deloitte fait état que les déchets alimentaires et la détérioration des aliments augmenteront considérablement — en fait, de 50 % — et que les émissions de gaz à effet de serre augmenteront de 50 % en raison des déchets alimentaires. Je me demande si vous pouvez nous dire si c'est une bonne décision commerciale de la part du gouvernement.
Je ne pense pas que nous ayons le luxe de légiférer sur les aliments biologiques. Il y a un certain nombre de préoccupations, mais la plus importante... Vous avez commencé votre question avec le Sri Lanka. Ce qui s'est passé au Sri Lanka, c'est que le système agricole s'est effondré lorsqu'on a cessé d'utiliser des engrais et, à tout le moins, certains pesticides.
Nous devons faire un usage prudent des engrais et des pesticides. Il s'agit d'une question sérieuse, mais nous ne pouvons pas nous en passer. Je vous renvoie à certaines recherches menées à l'Université du Manitoba, qui ont relevé qu'à l'échelle mondiale, 40 % du régime alimentaire adéquat basé sur les protéines peut être directement attribué au procédé Haber-Bosch qui produit de l'azote artificiel.
Il y a un certain groupe de personnes qui ont les moyens d'acheter des aliments biologiques. Ce sont des choix personnels, et je ne conseille pas les gens sur leurs choix personnels. Cependant, je pense que l'idée qu'il s'agit d'une solution généralisée est erronée, d'après ce que j'en comprends.
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J'ai dit plus tôt qu'un pays devrait nourrir sa population. Les agriculteurs familiaux ont toujours été l'épine dorsale du Canada. Ils pouvaient nourrir les Canadiens. C'est très important.
À l'heure actuelle, les exploitations familiales ne peuvent pas rivaliser avec les exploitations industrielles. Par conséquent, je pense que nous pourrions créer un fonds en fiducie pour les familles qui permettrait aux exploitations familiales, si elles pratiquent l'agriculture biologique, d'obtenir une subvention. C'est très simple.
Je pense que nous devrions être très inquiets. Il y a des maladies, et l'augmentation du diabète de type 2 et de l'autisme est énorme. Lorsqu'on lit la plupart des ouvrages de médecine, on peut voir quels sont les problèmes. Dire que nous ne pouvons pas nous le permettre est une fausse déclaration, car nous devrions faire tout ce qui est en notre pouvoir pour que nos enfants aient une chance de grandir en santé, et il y a de cela 50, 60, 70 et 80 ans, ils grandissaient en santé au Canada. Pourquoi ne pouvons-nous pas faire de même de nos jours?
Oui, la population est plus nombreuse de nos jours, mais nous pourrions utiliser davantage de terres agricoles pour cultiver des aliments biologiques.
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C'est une autre bonne question.
La reconnaissance de ce qu'ont déjà accompli les précurseurs, c'est-à-dire ceux qui ont adopté ces pratiques avant les autres, pose une difficulté pour tous les programmes. Je sais que ça peut coûter cher, mais il faut penser à une façon de soutenir ces personnes.
Cela dit, j'aimerais souligner que, présentement, beaucoup de programmes ne s'appliquent pas aux gens qui ont déjà adopté de bonnes pratiques. C'est souvent le cas pour les fermes diversifiées en horticulture. On dit en quelque sorte à ces agriculteurs qu'ils n'ont pas besoin de soutien parce qu'ils doivent composer avec beaucoup moins de risques. Nous sommes effectivement exposés à moins de risques, mais, quand il y a une tornade, nous subissons des pertes. Nous avons donc besoin de ce soutien. Il y a un manque à cet égard présentement.
Pouvez-vous me rappeler quelle était votre question?
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C'est encore une fois une bonne question. Permettez-moi d'y répondre en anglais.
[Traduction]
Il y a tellement de mesures que nous pouvons prendre pour renforcer la résilience des fermes, et elles peuvent prendre différentes formes. Selon le type de production, les procédés que l'on utilise et ce qu'on cultive, on peut prendre différentes mesures sur une ferme.
Il faut assurément plus de recherche et de développement pour voir ce qui fonctionne le mieux, mais en même temps, nous le savons déjà. Fermiers pour la transition climatique a réalisé une foule d'études sur les pratiques exemplaires visant à réduire les émissions, et parallèlement, à renforcer la résilience climatique dans les exploitations agricoles. Les techniques comme les cultures de couverture, la gestion de l'azote et le pâturage en rotation sont toutes des techniques que nous connaissons déjà et que nous pouvons utiliser. En horticulture, la diversification est en fait une excellente police d'assurance.
Je peux vous donner l'exemple de ma ferme. Au cours de la dernière décennie, nous avons connu les deux pires sécheresses et les deux pires inondations des 100 dernières années. De plus, l'année dernière a été particulière: il ne se passait presque pas une semaine sans qu'il arrive quelque chose. Nous avons eu des gels précoces et des vagues de chaleur précoces, du smog en juin et en août, des pluies torrentielles en juillet, et nous avons eu cinq avertissements de tornade en tout. Je ne sais pas ce que vous en pensez, mais je vis dans cette région depuis longtemps et je n'ai jamais entendu dire que nous pourrions avoir des tornades. Tout cela ajoute beaucoup de stress à la ferme. Comme je l'ai dit, si une tornade frappe, je ne suis pas protégée.
En même temps, pendant toutes ces années, notre ferme a toujours été en mesure de produire des légumes de grande qualité pour nos collectivités. Certains de nos agriculteurs de l'autre côté de la rue, qui pratiquent la monoculture, ont été très durement touchés. Encore une fois, nous pouvons tous prendre différentes mesures, mais sur ma ferme, ce qui m'a certainement aidée, c'est la diversification. Parfois, une année, un type de récolte connaît des problèmes...
Oh, je suis désolée.
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Je vous remercie encore une fois de la question.
Pour terminer, je dirais que nous faisons beaucoup de choses dans notre ferme.
Vous avez parlé du programme de gestion des risques de l'entreprise. Actuellement, cela me coûte 300 $ par année pour participer au programme de l'assurance-récolte, mais je sais très bien que je n'en bénéficierai jamais. Le maximum que j’obtiendrais pour ma ferme est estimé à 32 000 $, ce qui ne représente qu’une fraction de la valeur des différents produits que je vends sur le marché. Comme nous avons environ 35 produits différents, je n'aurais jamais assez d'un seul produit pour obtenir une indemnisation. C'est un véritable problème.
Ce que nous avons fait sur notre ferme — et encore une fois, c'est différent pour chacun en fonction de ce qu'on cultive —, nous nous sommes vraiment concentrés sur la diversification. Notre rotation des cultures s'effectue aux 12 ans environ, si bien qu'il faut 12 ans pour qu'une culture revienne au même endroit. Environ la moitié de nos terres sont toujours recouvertes d'engrais verts ou de cultures de couverture. Grâce à cela, au cours des cinq dernières années, nous avons pu doubler notre production sur la même superficie de terre — doubler notre production — avec la moitié des ressources. Notre équipe a été réduite de deux personnes et nous avons utilisé moins de semences, mais nous avons produit deux fois plus d'extrants. Encore une fois, il s'est avéré que c'était la meilleure police d'assurance que nous ayons sur notre ferme, parce que nous avons toujours été en mesure de nous en tirer.
Cela dit, je dirai que l'an dernier, le niveau de stress dans notre ferme et chez les autres agriculteurs, en raison de tous les phénomènes météorologiques extrêmes qui nous ont frappés, a été élevé. Le stress était vraiment palpable dans la communauté.
D'une part, il y a l'apprentissage entre agriculteurs qui doit se faire. Le gouvernement doit soutenir ce genre d'échanges, parce que les agriculteurs ne mettront en pratique sur leur ferme que ce qu'ils ont vu fonctionner ailleurs. Il y a beaucoup de choses que nous pouvons faire dans les fermes pour étendre ces pratiques.
Par ailleurs, nous estimons que ce qu'il faudrait à l'heure actuelle — et nous sommes vraiment contents que vous meniez cette étude —, c'est que le gouvernement examine ses programmes et voit où il peut soutenir et améliorer l'adoption de ces pratiques. Il y a beaucoup de mesures qui pourraient être prises dans le cadre des programmes de gestion des risques de l'entreprise — et encore une fois, je peux vous faire parvenir l'étude —, d'Agri-stabilité, d'Agri-protection et d'Agri-investissement, de petits ajustements qui pourraient faire en sorte que les agriculteurs sont indemnisés pour garder des pâturages intacts et séquestrer le carbone, et reçoivent de l'aide lorsque des catastrophes ou des sécheresses surviennent, afin qu'ils puissent, par exemple, retenir plus d'eau dans leur champ.
J'ai l'impression de ne pas répondre entièrement à votre question, mais il y a tellement de mesures qui peuvent être prises.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je remercie nos témoins d'être avec nous.
Avant de passer à mes questions, chers collègues, j'ai donné un avis de motion le 9 avril, et j'aimerais présenter cette motion maintenant.
Si j'en parle aujourd'hui, c'est parce que je me suis rendu en fin de semaine chez l'un de mes concitoyens qui possède un ranch de quelques quarts de section de mille carré près de la région de Kananaskis. Monsieur Stronach, vous serez heureux d'apprendre que nous avons vu quelques ours noirs et quelques pygargues à tête blanche.
Cependant, ce qui était frustrant pour ce propriétaire de ranch — nous nous promenions à cheval sur sa propriété —, c'est que sa facture pour nourrir ses animaux a augmenté de 1 000 $ pour une seule livraison, et que ces 1 000 $ étaient attribuables entièrement à la taxe sur le carbone pour le transport par camion.
Nous voulons souligner le fait que cette taxe sur le carbone nuit aux agriculteurs canadiens et à leur capacité à rester en affaires. C'est un ranch familial. Dewy a hâte de léguer son ranch à son petit-fils et à sa petite-fille au cours des prochaines années, mais il remet en question sa viabilité financière, compte tenu des répercussions de la taxe sur le carbone sur son exploitation.
Le 9 avril, j'ai déposé un avis de motion et j'aimerais présenter maintenant cette motion.
Au cours des dernières semaines, nous avons reçu des lettres de dizaines de groupes d'intervenants représentant des dizaines de milliers d'agriculteurs et certainement des dizaines de milliers d'hectares de terres arables qui soulignent les répercussions de la taxe sur le carbone sur leurs activités, et dans le cadre de cette seule étude, nous avons certainement entendu dire que 44 % des producteurs maraîchers fonctionnent à perte, ce qui n'est certainement pas viable à long terme.
Le 9 avril, j'ai demandé le consentement unanime de mes collègues pour que le Comité fasse rapport des lettres que nous avons reçues de divers ministres provinciaux de l'Agriculture, de groupes d'intervenants agricoles comme l'Association des municipalités rurales de la Saskatchewan, Grain Farmers of Ontario et d'autres, demandant au gouvernement de revoir sa décision d'augmenter la taxe sur le carbone de 23 % le 1 er avril et d'examiner les répercussions que cela a sur l'agriculture canadienne dans le cadre du débat sur le projet de loi , qui nous reviendra plus tard ce mois‑ci.
Je demande le consentement unanime de mes collègues pour déposer ces lettres à la Chambre dans le cadre des discussions sur le projet de loi .
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Merci, monsieur le président.
Ma position sur le projet de loi est bien connue.
Il y a une bonne partie du préambule qui, à mon avis, est inutile, alors par souci de simplicité, je proposerais un amendement favorable à mon collègue, M. Barlow, pour simplifier la motion. Il se lit: « Que le Comité fasse rapport à la Chambre des lettres qu'il a reçues des intervenants du secteur agricole, du ministre de l'Agriculture, de l'Alimentation et des Affaires rurales de l'Ontario et de l’Association des municipalités rurales de la Saskatchewan concernant l'augmentation de 23 % de la taxe carbone du 1er avril, afin qu'elle les étudie dans le cadre du débat sur le projet de loi ».
C'est une simple motion qui va droit au but. Je suis d'accord pour tenir un vote à ce sujet, mais je pense qu'il est important de comprendre ce que cela entraînerait, sur le plan de la procédure, à la Chambre. Je n'ai jamais siégé à un comité qui a simplement fait rapport de lettres à la Chambre.
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Ce que nous pouvons faire, si les membres du Comité sont prêts à voter — M. Perron a dit qu'il était prêt et M. Barlow l'a demandé —, c'est de voter sur ce que M. MacGregor vient de proposer, c'est-à-dire un amendement. Nous pouvons voter pour ou contre, puis nous pouvons choisir de voter pour ou contre ce que M. Barlow veut faire sur le plan de la procédure. Est‑ce ainsi que vous voulez procéder?
Des députés: D'accord.
Le président: D'accord. Allez‑y, madame la greffière, si c'est possible, au sujet de l'amendement que M. MacGregor a proposé à la motion initiale de M. Barlow.
Chers collègues, l'amendement de M. MacGregor conserverait essentiellement « Étant donné que », et le texte du paragraphe « a) » resterait. Ensuite, il passe immédiatement au bas de la motion et ajoute, après le texte du paragraphe « a) », « concernant l'augmentation de 23 % de la taxe carbone du 1 er avril, afin qu'elle les étudie dans le cadre du débat sur le projet de loi ».
C'est ce que j'avais. Allez‑y, monsieur MacGregor, si nous nous trompons.
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Nous ne sommes pas toujours puristes sur le plan de la procédure. Je suis plutôt adepte du laisser-faire dans mon rôle de président, mais techniquement, maintenant que la motion a été déposée, nous devons nous en saisir. C'est malheureux, mais c'est ce que nous devons faire.
Je vais vous lire l'amendement, chers collègues:
Que le Comité fasse rapport à la Chambre des lettres qu'il a reçues d'intervenants agricoles, de la ministre de l'Agriculture, de l'Alimentation et des Affaires rurales de l'Ontario et de l'Association des municipalités rurales de la Saskatchewan au sujet de l'augmentation de 23 % de la taxe sur le carbone le 1er avril afin qu'elle puisse en tenir compte dans le débat sur le projet de loi C‑234.
Voilà ce que M. MacGregor propose.
Nous allons procéder au vote par appel nominal sur l'amendement.
Allez‑y.
(L'amendement est rejeté par 6 voix contre 5.)
Le président: Nous revenons maintenant à la motion principale. Je peux répéter ce que j'ai dit si vous le voulez, chers collègues, ou si vous pensez que le résultat du vote sera le même, nous pouvons simplement passer à autre chose.
M. Barlow demande le vote par appel nominal.
D'accord, allez‑y.
(La motion est rejetée par 6 voix contre 4. [Voir le Procès-verbal])
Le président: Monsieur Barlow, il vous reste deux minutes.
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Merci, monsieur le président.
Monsieur Mussell, vous avez parlé de la situation au Sri Lanka, et je tiens à souligner que lorsque ce pays a adopté l'agriculture à 100 % biologique, il a connu la famine et, comme vous l'avez dit, l'industrie agricole s'est effondrée, comme nous le constatons également dans l'Union européenne, où 25 % de l'agriculture doit être biologique.
Je pense qu'il y a de la place pour tout, mais qu'on ne peut pas forcer les choses non plus.
Je crois comprendre, monsieur Mussell, que vous avez travaillé à l'élaboration de politiques visant à ce que la taxe sur le carbone ne soit pas punitive, peut-être, et mise plutôt sur des mesures qui récompensent les agriculteurs pour les bonnes choses qu'ils font, plutôt que de les punir.
Pouvez-vous nous parler un peu des idées stratégiques que l'Institut canadien des politiques agroalimentaires envisage et qui seraient davantage une carotte qu'un bâton?
Nous cherchons comment l'agriculture peut faire partie de la solution. Comme nous sommes l'un des rares secteurs à pouvoir séquestrer le carbone, nous considérons cela comme une option et examinons les possibilités pour offrir des incitatifs en ce sens.
Plus la discussion avance, plus elle porte sur les mesures d'atténuation. L'atténuation des changements climatiques est très importante, comme toutes les solutions que les différentes industries peuvent apporter. Je pense que l'agriculture est assez unique, d'une certaine façon, parce que l'agriculture, comme d'autres témoins l'ont mentionné, est extrêmement sensible au climat et aux extrêmes climatiques.
Pour ce qui est de la résilience, je pense qu'une grande partie de la résilience dans ce contexte dépend de l'adaptation et de la façon dont nous préparons le secteur à répondre à ses propres besoins. Je pense qu'il nous faut un programme de recherche et de développement assez ambitieux qui viserait à comprendre comment l'adaptation et l'atténuation peuvent accroître notre résilience.
Cependant, il me semble assez clair que le besoin le plus critique et le plus aigu est celui de l'adaptation.
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Encore une fois, je vous remercie de cette question.
Bien sûr, les terres agricoles sont très importantes. C'est notre principale ressource pour cultiver des aliments, de sorte que nous devons absolument mieux la protéger; nous perdons trop de terres agricoles trop vite. Il est certain que les données sont essentielles pour dresser la liste, l'inventaire des terres que nous avons, pour mieux les protéger et aussi pour mieux comprendre les changements climatiques. L'aptitude des sols à séquestrer le carbone varie au fil du temps, et il importe vraiment de comprendre quelles techniques fonctionnent sur quels sols pour en optimiser le potentiel d'adaptation au climat, alors nous avons besoin de stratégies de données, c'est certain.
Ce qu'il y a de bien avec les données... C'est un sujet tellement vaste, mais en ce qui concerne les données en tant que telles, nous avons déjà beaucoup de données sur les pratiques exemplaires qui atténuent les effets des changements climatiques ou qui nous aident à nous y adapter, par exemple. Nous avons ce genre de données, mais les données sont insuffisantes sur les terres agricoles. Où sont les meilleures terres agricoles? Comment pouvons-nous les protéger? Quels sont les différents types de sols, et comment pouvons-nous mieux les utiliser pour mieux nous adapter aux changements climatiques?