:
Je déclare la séance ouverte.
Bienvenue à la quarante-septième réunion du Comité permanent de l'agriculture et de l'agroalimentaire.
Je vais commencer par quelques rappels.
La réunion d'aujourd'hui se déroule sous forme hybride. Les délibérations sont diffusées sur le site Web de la Chambre des communes. À titre d'information, la diffusion Web montrera toujours la personne qui parle, plutôt que l'ensemble du Comité.
Les captures d'écran ou la prise de photos de votre écran ne sont pas autorisées.
[Traduction]
Évidemment, les témoins qui se joignent à nous en ligne peuvent basculer entre l'anglais et le français. Vous verrez cela au bas de votre écran. Quant à M. Thibault, qui est ici en personne, il aura nos services d'interprétation.
Je remercie les interprètes pour leur travail.
Conformément au paragraphe 108(2) du Règlement et à la motion adoptée par le Comité le mercredi 5 octobre 2022, le Comité reprend son étude sur l'inflation dans la chaîne d'approvisionnement alimentaire. Nous avons entamé cette étude avant Noël, chers collègues, et nous sommes heureux de reprendre ce sujet.
Je souhaite la bienvenue à nos témoins du premier groupe. De la Fédération canadienne des épiciers indépendants, nous accueillons M. Gary Sands, vice-président principal. Monsieur Sands, vous vous joignez à nous en ligne. Bienvenue.
De Metro inc., nous accueillons M. François Thibault, vice-président exécutif, chef de la direction financière et trésorier. Merci, monsieur Thibault, d'être venu en personne aujourd'hui.
De Save-On-Foods, nous accueillons M. Paul Cope, vice-président principal, Vente au détail. Je sais que nous avons éprouvé des difficultés techniques, mais je crois que le problème est réglé et que tout va bien maintenant.
Monsieur Lehoux, à vous la parole.
Bonsoir. Je m'appelle Gary Sands. Je suis vice-président principal de la Fédération canadienne des épiciers indépendants, comme le président l'a indiqué.
Je remercie la Fédération de nous avoir invités à présenter nos points de vue sur la question que le Comité examine, l'inflation dans la chaîne d'approvisionnement alimentaire. Je vais évidemment répéter certaines des observations que d'autres ont présentées au Comité, mais je suis heureux que l'on sollicite le point de vue des épiciers indépendants.
Il y a environ 6 900 épiciers indépendants au Canada, et la taille de leurs entreprises varie. Certaines sont grandes, d'autres moyennes et d'autres encore ne se composent que d'un magasin. Bon nombre de ces épiciers indépendants sont également situés dans des collectivités semi-rurales, rurales et éloignées, où ils sont probablement la seule épicerie de la collectivité. Les questions d'approvisionnement équitable et d'abordabilité dans ces régions sont étroitement liées à la sécurité alimentaire de ces collectivités.
En outre, nos membres entretiennent une sorte de relation symbiotique avec les collectivités qu'ils servent. Autrement dit, ils vivent dans la collectivité, embauchent des travailleurs locaux, achètent des produits locaux et appuient les activités et les causes communautaires locales. Ce lien est la raison pour laquelle ils constituent une partie si importante de la mosaïque qui compose notre pays et qui contient une myriade de communautés diverses.
Naturellement, les détaillants indépendants sont extrêmement sensibles aux préoccupations de leurs clients en matière d'abordabilité. Ces clients sont bien souvent leurs amis et leurs voisins. Ils sont donc très malheureux que l’on accuse l’industrie de profiter de la situation en s'adonnant à la « cupidiflation ». En fait, dans son étude réalisée en août dernier, le laboratoire agroalimentaire de l'Université Dalhousie soulignait que si le phénomène de « cupidiflation » existe vraiment, les données disponibles donnent à penser que les épiciers n'en sont pas responsables.
Je tiens à souligner que même si je suis ici pour représenter les épiciers indépendants, nous reconnaissons parfaitement que tout le monde souffre des pressions sur les coûts et des difficultés auxquelles fait face l'industrie alimentaire. Il n'y a pas de méchants dans cette situation. La faute ne revient ni aux épiciers au détail ni aux fournisseurs. Lorsqu'un épicier indépendant reçoit des avis d'augmentation de prix de tous ses fournisseurs, qui sont le plus souvent à deux chiffres, et que ses marges sont de 2 à 3 %, je ne sais pas quel modèle d'affaires il peut utiliser. Il ne peut pas s'empêcher de refiler ces coûts à ses consommateurs.
Tous les membres de l'industrie ont parlé des problèmes qui nous ont frappés ces dernières années. Les répercussions les plus graves provenaient des inondations catastrophiques en Colombie-Britannique, des mauvaises conditions météorologiques dans l'Ouest canadien. Il y a aussi eu un virus et de la sécheresse en Californie, la guerre en Ukraine qui n'en finit pas, la circulation perturbée dans les ports, sur les chemins de fer et aux frontières. Ces graves répercussions proviennent aussi des augmentations importantes des coûts des carburants et du transport, qui sont plus élevées dans les collectivités rurales et éloignées, ainsi que de l'augmentation des coûts des intrants dans l'ensemble de la chaîne d'approvisionnement.
Comme je l'ai dit à quelques reprises, si quelqu'un disait à mes membres que les quatre cavaliers de l'Apocalypse travaillent maintenant dans différents secteurs de l'industrie alimentaire, ils n'en seraient pas surpris. Nos problèmes ne découlent pas vraiment de ce qui est arrivé à l'industrie, mais de ce qui ne s'est pas produit.
Je tiens aussi à souligner au Comité qu'au cours de ces trois dernières années, nous avons assisté à une migration massive de l'argent comptant vers les transactions par carte de crédit. Cela se traduit par une augmentation massive des frais d'interchange que les entreprises doivent payer aux banques et aux sociétés de cartes de crédit. On estime qu'ils s'élèvent actuellement à environ 10 milliards de dollars par année. Ces frais ont eux aussi une incidence disproportionnée sur un secteur à faible marge comme les épiceries de détail, en particulier les épiciers indépendants, qui paient des frais plus élevés que les grandes entreprises. Ces frais ont une incidence sur l'abordabilité des aliments. J'exhorte le gouvernement à envisager de réduire les frais d'interchange pour tous les épiciers que les clients paient avec leurs cartes de crédit.
Je vous dirai en conclusion que l’industrie alimentaire tient à trouver tous les moyens qu'elle pourra afin de mieux servir les Canadiens. Nous prenons cela très au sérieux.
Notre industrie est interdépendante et interconnectée. La sécurité alimentaire et l'abordabilité sont au cœur des préoccupations des Canadiens. C’est pourquoi l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement se concentre beaucoup sur l’inflation et sur l’abordabilité. Nous tenons à contribuer à la résolution de ce problème, et c'est pourquoi nous élaborons un code de conduite pour notre industrie. Je siège au comité directeur, et je puis vous assurer que cette initiative va bon train.
Je crois que mon temps est écoulé, monsieur le président. Je me ferai un plaisir de répondre à vos questions lorsque les autres témoins auront fait leur présentation.
Merci.
:
Monsieur le président, membres du Comité, bonjour.
Aujourd'hui, je vais discuter des pressions inflationnistes croissantes qui ont une incidence sur la chaîne d'approvisionnement et le prix des aliments.
Il ne fait aucun doute que les prix des aliments ont augmenté en raison de la hausse des coûts des fournisseurs et des producteurs. Toutefois, il est important de garder à l'esprit que nos prix de détail ne reflètent pas tous les effets de l'inflation, car nous absorbons une partie de ces coûts.
[Traduction]
Comme un récent rapport de Statistique Canada l'a confirmé, la pandémie de la COVID‑19, la guerre en Ukraine, les conditions météorologiques défavorables, la hausse mondiale des prix des intrants comme les engrais et le gaz naturel, l'instabilité géopolitique, l'augmentation des coûts et des délais de transport, la hausse des prix des emballages, les pénuries de main-d'œuvre et la hausse des coûts de la main-d'œuvre, tous ces facteurs contribuent à l'augmentation des prix.
Comme les experts de l'industrie l'ont souligné, le principal moteur de la hausse des prix des aliments dans les épiceries est le fait que tous les fabricants, les transformateurs et les grossistes ne cessent d'augmenter leurs prix parce que leurs coûts à eux ne cessent d'augmenter. Je ne reproche rien aux vendeurs, je me contente d'exposer les faits.
En 2022, la société Metro inc. a subi plus de 27 000 augmentations de prix de ses fournisseurs de produits d'épicerie sèche seulement, soit le triple de sa moyenne annuelle. Une part de ces augmentations se retrouve dans les factures d'épicerie et dans le coût des denrées quotidiennes des Canadiens.
Notre secteur continue de subir des pressions inflationnistes plus élevées que la normale, et les équipes de toutes nos bannières travaillent fort pour offrir des produits de qualité à des prix concurrentiels.
[Français]
Nos revenus ont augmenté, mais nos dépenses aussi. Ce qui n'a pas changé, c'est notre engagement à offrir de la valeur à nos clients. Ce qui n'a pas changé non plus, ce sont nos marges bénéficiaires, qui sont restées stables pendant de nombreuses années.
[Traduction]
Nous prenons très au sérieux notre responsabilité de répondre aux besoins des collectivités que nous servons dans les domaines de la nutrition et de la santé. Metro est une entreprise et une société ouverte. Nous rivalisons avec nos concurrents pour attirer des clients. Nous rivalisons avec nos concurrents pour attirer des talents et des capitaux dans un marché ouvert.
J'espère qu'aujourd'hui, nous tiendrons une discussion honnête sur les causes profondes de l'inflation des prix des aliments et sur la façon dont tous les intervenants peuvent collaborer avec l'industrie pour réduire les problèmes d'approvisionnement.
Nous savons que les familles canadiennes sont aux prises avec une hausse du prix des aliments. Notre équipe travaille sans relâche pour offrir la meilleure valeur possible dans l'ensemble de nos bannières en affichant des prix concurrentiels, en maintenant une gamme complète de produits individuellement étiquetés et en offrant chaque semaine des promotions efficaces.
[Français]
L'ensemble de nos bannières du Québec et de l'Ontario offrent des produits à des prix très compétitifs aux consommateurs soucieux des coûts et de la qualité. Nous sommes très fiers du fait que le magazine québécois Protégez-Vous ait constaté que Super C offre aux clients le meilleur rapport qualité-prix à l'échelle de la province.
[Traduction]
Nous nous concentrons avant tout sur le soutien des collectivités dans lesquelles nous vivons et travaillons afin d'aider les personnes les plus vulnérables qui en ont le plus besoin.
[Français]
En 2022, Metro est fière d'avoir remis aux banques alimentaires du Québec et de l'Ontario 50 millions de dollars en denrées alimentaires, soit l'équivalent de 4,5 millions de kilogrammes de nourriture ou de 9 millions de repas. À cela s'ajoute une contribution financière de 5,5 millions de dollars à différentes causes.
De plus, grâce à la participation de nos réseaux de magasins et de pharmacies, à la générosité de nos clients et au travail acharné des employés de Metro, 6,8 millions de dollars ont été collectés au profit de diverses causes en 2022, notamment pour aider le peuple ukrainien, la Croix-Rouge et Centraide.
[Traduction]
Je conclurai en affirmant que le langage incendiaire avec lequel les médias décrivent l'industrie de l'alimentation depuis quelques mois est faux et improductif. Il est tout simplement faux de dire que des épiciers comme Metro font grimper le prix des aliments ou qu'ils en profitent pour gonfler leurs marges de profit. Tous les experts affirment que les causes de l'inflation des prix alimentaires échappent au contrôle des épiciers. Les cibles de croissance de Metro, que nous divulguons au public, sont demeurées les mêmes. Comme je l'ai dit, nos marges de profit demeurent stables depuis de nombreuses années, et nous n'avons pas transmis tous les effets de l'inflation aux clients, car nous avons absorbé une partie de l'augmentation.
J'espère qu'en cherchant des moyens de s'attaquer à la hausse du coût des aliments, le Comité collaborera avec tous les intervenants de la chaîne d'approvisionnement.
Merci.
:
Bonsoir, monsieur le président et membres du Comité.
Je m'appelle Paul Cope. Je suis le vice-président principal des opérations de vente au détail de Save-On-Foods et je fais partie de l'équipe de la haute direction du Pattison Food Group.
Depuis sa création à New Westminster, en Colombie-Britannique, en 1915, notre entreprise est l'un des plus grands employeurs privés de l'Ouest canadien. Grâce au soutien des 30 000 membres de notre équipe, nous répondons fièrement aux besoins des Canadiens de l'Ouest jusqu'à Winnipeg vers l'est, à Whitehorse au nord et à tout l'ouest de l'île de Vancouver. Notre marque principale et la plus connue est Save-On-Foods.
Le Pattison Food Group vend aussi ses produits dans des épiceries sous plusieurs autres bannières, qu'il conçoit spécialement pour répondre aux besoins particuliers des collectivités qu'il sert. Nos grossistes soutiennent près de 2 000 épiciers indépendants et exploitent plusieurs installations de production et de distribution alimentaires et pharmaceutiques.
Notre entreprise s'efforce d'établir des synergies pour mieux soutenir la concurrence des géants nationaux et multinationaux qui, grâce à leur taille, profitent d'économies d'échelle qui leur permettent de dominer le marché.
Nous servons chaque semaine plus de 2,3 millions de Canadiens. Nous sommes fiers d'être reconnus comme des chefs de file en matière de service à la clientèle, d'innovation et de soutien communautaire. Nos clients comptent sur notre offre constante de produits et de services sécuritaires et abordables. Nous prenons cette responsabilité très au sérieux. Notre énoncé est simple: « Le client avant tout. »
Nous nous approvisionnons d'abord auprès des producteurs locaux. Nous offrons des milliers de produits que nous achetons à plus de 2 500 cultivateurs et producteurs locaux. Même les produits que nous vendons sous notre propre marque, Western Family, nous viennent d'entreprises locales de la Colombie-Britannique.
Il est sûr que les marques nationales sont aussi essentielles à notre gamme de produits. Nous comptons sur le soutien de nos fournisseurs et de nos partenaires pour livrer les biens, les services et la valeur auxquels nos clients s'attendent, où qu'ils se trouvent.
La chaîne d'approvisionnement alimentaire est longue, et nous nous situons tout au bout dans l'Ouest du pays. La majorité de nos produits sont fabriqués dans des régions de l'Est, à plus de 4 000 kilomètres de chez nous. Nous dépensons donc chaque mois des millions de dollars de plus pour le transport. Ces dépenses s'ajoutent aux augmentations des fabricants. Ce sont des coûts énormes pour une entreprise de notre taille. À titre d'exemple, le coût du carburant à lui seul a grimpé de 174 % l'an dernier. L'inflation nous inquiète profondément.
Nous sommes détaillants, alors nous faisons d'immenses efforts pour améliorer notre rentabilité, et nos fournisseurs font de même. Malheureusement, la consolidation et la tendance à confier la fabrication hors du pays produisent des résultats opposés.
L'approvisionnement est l'une de nos grandes préoccupations. De nombreux fournisseurs nous servent encore en quantités limitées, mais les niveaux ne se sont pas rétablis depuis la COVID, en tout cas pas dans l'Ouest du pays. Il suffit de se rappeler les défis auxquels nous avons fait face dans le cas du Tylenol pour enfants et du lait pour bébés.
Face à cela, nous continuons de faire tout notre possible pour maintenir les prix de détail les plus bas possible. Comme les autres épiciers, nous ne gagnons pas plus que quelques cents. Nos marges sont minces et n'augmentent pas. Nous nous attendons à ce qu'elles diminuent encore l'année prochaine. Comme la plupart des épiceries régulières, nous vendons déjà environ 40 % de nos produits au rabais chaque semaine. Ce pourcentage ne fait que grimper. Ces produits sont généralement vendus à un prix inférieur à ce qu'ils nous coûtent. Comme l'inflation monte rapidement, les consommateurs ne reconnaissent pas les avantages que nous leur procurons ainsi.
Depuis le début de la pandémie, le rythme et l'augmentation des coûts des fournisseurs se sont accrus continuellement. Depuis le début de l'année dernière, nous avons accepté près de 20 000 changements de coûts unitaires de nos fournisseurs. Il s'agit d'une hausse de 200 % par rapport à celle de l'année précédente, qui était déjà plus élevée que jamais à cause de la COVID. Nous avons subi presque 10 000 augmentations de coûts de produits unitaires pendant le troisième trimestre.
Oui, nous marchandons pour nous assurer que ces augmentations sont justifiées. Cependant, pour une entreprise de la taille de la nôtre, c'est une tâche énorme. Dans bien des cas, nous n'avons tout simplement pas le choix. Comme nous gagnons en moyenne à peine plus de deux cents pour chaque dollar que nous vendons, nous n'avons d'autre choix que d'ajuster les prix pour compenser ces coûts.
Si vous nous demandez si Save‑on‑Foods profite de l'inflation, la réponse est tout simplement non. Cependant, nous nous efforçons d'accroître la rentabilité et de réduire les coûts dans tous les domaines afin de réinvestir dans nos efforts d'abaisser les prix pour aider les gens et les collectivités ainsi que dans la croissance saine de notre entreprise.
Nous demandons au gouvernement fédéral de travailler en partenariat avec l'industrie pour l'aider à régler ces problèmes. Il est crucial qu'en cherchant des solutions, nous ne créions pas de coûts inutiles qui finiraient par être refilés aux consommateurs.
Merci. Je me ferai un plaisir de répondre à vos questions.
:
Merci, monsieur le président.
Je remercie les témoins d'être venus aujourd'hui et de participer à cette étude très importante sur le coût élevé des aliments et sur l'inflation des prix des aliments.
En décembre dernier, des témoins nous ont dit que 44 % des producteurs de fruits et légumes frais vendaient leurs produits à perte. J'en viens donc à me poser la question suivante: pendant combien de temps les familles d'agriculteurs peuvent-elles rester en affaires alors qu'elles vendent à perte à de grandes épiceries qui affichent constamment de gros profits?
Ma première question s'adresse à vous, monsieur Thibault. Merci d'être avec nous aujourd'hui.
Lorsque vous commandez des fruits et légumes frais aux cultivateurs avec lesquels vous faites affaire — ils sont vos fournisseurs et ils livrent les denrées à votre entrepôt centralisé —, leur imposez-vous des frais supplémentaires pour décharger du camion les denrées que vous avez commandées et qu'ils vous livrent?
:
Merci, monsieur le président.
Bienvenue aux témoins qui comparaissent devant notre comité.
Je vais établir le contexte, et mes premières questions s'adressent à la fois à M. Thibault et à M. Cope.
Nous avons appris dans le Rapport annuel sur les prix alimentaires 2022 que « les ménages à faible revenu consacrent une plus grande proportion de leur budget à des besoins fondamentaux comme le logement et la nourriture et auront plus de mal à maintenir leur qualité de vie actuelle en raison de la hausse des coûts ».
Je voudrais savoir comment les ménages à faible revenu adaptent leurs habitudes de consommation lorsque les prix des aliments augmentent.
Allez‑y, monsieur Thibault.
:
Je vous remercie pour cette question.
Comme le dit mon collègue de Metro, nous nous efforçons chaque jour d'offrir le meilleur rapport qualité-prix possible sur les marchés. Cela varie, parce que les collectivités que nous servons se situent un peu partout dans l'Ouest du Canada. Nous adaptons nos services de manière à ce qu'ils soient un peu différents tout au long de l'année afin d'offrir le meilleur rapport qualité-prix possible à nos collectivités.
De plus, nous participons activement au soutien de ces collectivités, parce que les familles à faible revenu traversent une période difficile. Nous collaborons activement avec tous les groupes et les organismes qui s'efforcent de les aider. Toutefois, ce n'est pas notre seule approche. Nous demeurons aussi ouverts aux solutions que les groupes et les collectivités mettent en place pour aider les gens.
Je ne pense pas qu'il y ait de solution unique, mais en ce qui concerne nos magasins, nous essayons d'offrir le meilleur rapport qualité-prix possible à nos clients.
:
Je suppose que vous parlez de refiler ces augmentations aux consommateurs, n'est‑ce pas?
Mme Rechie Valdez: Oui.
M. Gary Sands: L'épicier indépendant fait une marge de profits d'environ 2 %. Les règles du jeu ne sont pas équitables pour les épiciers indépendants. Nous nous efforçons simplement de ne pas faire faillite. Nous faisons de notre mieux pour offrir tout ce que mes autres collègues de Metro et de Save‑On ont décrit.
Je vais vous donner un exemple. Vous avez parlé du prix du lait. Sauf votre respect, cela induit souvent les consommateurs comme vous en erreur.
La Commission canadienne du lait a augmenté le prix du lait de 2,2 %. Les transformateurs ont également ajouté leur augmentation qui, j'en suis sûr, est parfaitement justifiée. Je ne la leur reproche pas. Cependant, ils y ont ajouté une autre augmentation. Je sais que récemment, quelques entreprises ont augmenté leurs prix au détail de 4 à 6 %. Les consommateurs comme vous à l'épicerie pensent que le prix du lait n'aurait dû augmenter que de 2,2 %. Eh bien, ce n'est pas ce que le détaillant a payé. Le détaillant a payé plus au transformateur pour mettre ce produit sur les tablettes.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
J'aimerais remercier tous nos témoins d'être venus aujourd'hui.
Monsieur Thibault, je vais commencer par m'adresser à vous.
Je trouve étonnant que M. La Flèche ne soit pas ici. Je dis cela parce que je crois que votre secteur a presque perdu la confiance de la population canadienne. Il est sur la défensive, et j'essuierai les coups — c'est très bien. Toutefois, comprenez bien que ce comité n'a pas lancé cette étude sans raison. Elle découle de ce que nous disent les électeurs de tous les partis politiques d'un bout à l'autre du pays.
Je suis curieux de savoir pourquoi, face à la colère des Canadiens à l'égard du coût élevé des aliments, M. La Flèche ne profite pas de cette occasion de venir défendre publiquement son entreprise? Pourquoi n'est‑il pas ici aujourd'hui?
J'ai entendu beaucoup de propos défensifs de la part de votre secteur. Je comprends. De nombreuses entreprises traversent une période difficile à cause de la guerre en Ukraine, des troubles de la chaîne d'approvisionnement et des changements climatiques. Les membres du Comité connaissent très bien ces problèmes. De nombreux autres secteurs ont subi les mêmes pressions. Cependant, en vous écoutant dire que vous ne faites que de faibles marges de profit, je dois dire qu'en regardant les statistiques pour l'ensemble du secteur de l'épicerie au cours de la dernière année de la prépandémie, en 2019, je constate que le secteur dans son ensemble a enregistré des profits d'environ 2,4 milliards de dollars. En 2021, ce montant est passé à 5,8 milliards de dollars.
Les électeurs de ma circonscription, Cowichan—Malahat—Langford, examinent ces chiffres. Ils regardent le prix des aliments qu'ils paient de semaine en semaine. Vous dites que vous n'êtes pas vraiment responsable de cela alors qu'en fait, les profits nets indiquent qu'il n'en est pas ainsi.
:
Merci, monsieur le président.
De nombreux secteurs agricoles doivent s'adapter à toutes sortes de pressions sur les coûts comme ceux de l'énergie, de la main-d'œuvre et des engrais. Nous avons entendu parler un peu du secteur des produits frais et des relations directes avec les détaillants. Le secteur que je connais le mieux est celui de la transformation — il y a donc un fabricant de produits alimentaires qui s'ajoute au milieu de la chaîne de valeur —, en particulier le secteur de la transformation des tomates. Il pourra servir d'exemple pour de nombreux secteurs.
Je connais la situation en Ontario et en Californie, qui est le point de référence mondial. La Californie produit 30 % des tomates destinées à la transformation dans le monde, soit 20 fois ce que nous produisons au Canada. Elle vient de fixer le prix au champ à 138 dollars américains f. à b., soit environ 184 dollars canadiens. Les producteurs californiens font face à des pressions sur les coûts. Au Canada, les producteurs sont dans la même situation, taxe sur le carbone en sus.
D'après ce que je comprends des discussions qui ont actuellement cours avec l'industrie, les producteurs canadiens n'atteindront même pas le prix f. à b. que les producteurs californiens obtiennent dans les champs. Ce sont là certaines des pressions sur les coûts avec lesquelles doivent composer nos transformateurs et nos fabricants de produits alimentaires, en plus de l'augmentation des coûts d'emballage, etc. Ensuite, ces transformateurs doivent faire affaire avec les détaillants. Viennent ensuite les consommateurs. Qu'allons-nous faire pour les consommateurs? Que peut‑on faire?
Le Royaume-Uni a mis en place un code de conduite pour les marchés d'alimentation — des témoins nous en ont dit un mot aujourd'hui — qui offre la possibilité de donner aux consommateurs une réduction relative des coûts parce qu'il fait diminuer les frais administratifs pour les détaillants. Je pourrais vous donner de nombreux exemples précis.
Dans mes discussions avec un fabricant de produits alimentaires, celui‑ci a décrit son expérience avec deux détaillants différents de la façon suivante. Le détaillant A accepte généralement l'augmentation de prix à condition que le fournisseur puisse la justifier. Ensuite, il ajoute sa marge bénéficiaire et laisse le consommateur décider si c'est trop élevé ou pas. C'est en fait une façon intelligente et responsable de gérer l'inflation. Quant au détaillant B, il dit que ces types sont — je m'abstiendrai du qualificatif, monsieur le président, car il est non parlementaire — les pires dans l'industrie. Il s'en prend à ses fournisseurs et non seulement réduit les prix, mais ajoute aussi des amendes unilatéralement et se livre à des calculs compliqués dont il ne dit rien. Puis, il revient à la charge et exige un montant de 1 à 2 % de leurs ventes totales. Il dit que, si le code de conduite n'est pas mis en application de façon obligatoire, avec un organisme de réglementation, ils ne pourront plus lui vendre quoi que ce soit. C'est terrible.
On nous a dit aujourd'hui que les pratiques des détaillants sont transparentes. J'invite ces détaillants à présenter au Comité des documents à l'appui de cette affirmation. Je ne vais pas identifier le fabricant que j'ai cité par crainte de représailles, mais voici ma question. Compte tenu de la disparité de comportement des détaillants, les consommateurs canadiens bénéficieraient-ils d'un code de conduite et votre entreprise y adhérerait-elle si d'autres grands détaillants ne le faisaient pas?
Commençons par M. Cope.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Merci aux témoins d'être là.
C'est une discussion difficile, et je ne veux pas répéter ce qui a déjà été dit. Il est clair que, au comité de l'agriculture et de l'agroalimentaire, nous sommes tous préoccupés par les agriculteurs. Ils ont beaucoup de mal. Nous venons de passer en revue tous les coûts qui ont augmenté. Nous sommes également préoccupés par les consommateurs. Ils sont nombreux à avoir du mal à joindre les deux bouts et à se nourrir.
Je suis une femme d'affaires. Je comprends qu'il faut obtenir un rendement sur le capital investi et ménager des marges bénéficiaires, mais je ne comprends pas pourquoi les profits ont nettement augmenté chez les détaillants en alimentation. On peut regarder les chiffres dans tous les sens, mais le volume a diminué, les profits ont augmenté et les marges sont restées les mêmes. C'est que les marges sont plus élevées à cause de l'inflation. En fait, vous profitez de l'inflation.
On peut aborder la question comme on veut et rappeler tous les coûts à assumer, il reste que les faits ne mentent pas. La rémunération des cadres a augmenté, tout comme l'ont fait les dividendes, et vous avez dit que les investissements étaient à la hausse. Par contre, les salaires des travailleurs n'ont pas bougé — peut-être légèrement, mais en fait, ils ont diminué de 2 $ par rapport à ce qui a été accordé pendant la pandémie de COVID‑19. Les prix ont augmenté pour les consommateurs.
On continue d'insister sur les marges et les lignes directrices comptables, mais vous avez aussi dit que vous vouliez que tout soit transparent et ouvert. Les lignes directrices comptables ne vous empêchent pas de présenter les données différemment. Pourquoi en revenez-vous toujours à ce point et refusez-vous de donner en chiffres absolus le montant que vous avez retiré du commerce des produits alimentaires — quitte à présenter une ventilation plus fine des différents éléments concrets, au lieu de vous contenter de décrire ce qui se passe dans chaque secteur?
Vous pourriez peut-être parler du fait que les profits ont augmenté à cause de l'inflation. Pourquoi ne répercutez-vous aucune partie de ces hausses sur le consommateur en l'aidant ainsi, pendant cette période difficile, en réduisant les prix d'une façon ou d'une autre?
Je voudrais que vous me répondiez tous. Vu l'augmentation des profits, pourquoi n'essayez-vous pas d'aider les consommateurs en maintenant des prix plus bas?
:
Merci, monsieur le président.
Monsieur Thibault, dans notre échange précédent, j'ai parlé de crise de confiance. L'idée est plus large. Car cette crise n'émane pas du néant. C'est toute une évolution qui nous a menés là.
Il y a eu des allégations de fixation du prix du pain. Le Bureau de la concurrence a dû examiner les activités de votre secteur à plusieurs reprises. Les producteurs et les transformateurs nous ont parlé — avec bien des détails consternants — des frais cachés et des amendes qu'ils ont dû payer pour approvisionner vos grandes sociétés.
Il y a aussi une enquête parlementaire sur la question. Pas un seul dirigeant des trois plus grandes chaînes au Canada, Metro comprise, n'est venu défendre publiquement son entreprise.
Il y a donc une crise de confiance. Elle n'a pas commencé avec cette enquête parlementaire. Au contraire, celle‑ci a découlé de la crise de confiance. C'est ce que nous disent les électeurs. Il y a là tout un parcours. Les parlementaires vont prendre l'initiative. Je ne présumerai pas de nos recommandations, mais nous avons le pouvoir d'agir, et diverses possibilités s'offrent à nous, que ce soit le renforcement des lois sur la concurrence ou encore l'octroi de ressources plus généreuses au Bureau de la concurrence.
Voici ma question, monsieur: que va faire le secteur pour essayer de regagner cette confiance? Vous devez admettre qu'il y a actuellement un fossé entre vos entreprises et le consommateur. Qu'allez-vous faire maintenant pour essayer de regagner cette confiance, pour calmer la crise de confiance?
:
La période prévue est écoulée, mais je vous remercie.
Je tiens à remercier les témoins.
Je vais rapidement me prévaloir de la prérogative de la présidence.
Monsieur Thibault, vous occupez le poste de chef de la direction financière. Je vous remercie d'être là pour témoigner.
Avez-vous une idée de la hausse moyenne des prix de détail sur les tablettes de Metro au cours des 12 derniers mois? Pouvez-vous donner ce chiffre au Comité?
Je comprends que la question se pose dans l'ensemble du secteur, mais pouvez-vous nous donner un chiffre estimatif? Est‑ce 10 %, 12 % ou 8 %? Avez-vous une donnée à nous présenter?
:
Tout au long de l'exercice 2022, il y a eu augmentation à chaque trimestre. Vous avez les chiffres officiels de l'IPC publiés par le gouvernement, mais ce que nous mesurons, c'est ce que le client paie à la caisse. Le client n'achète pas un indice statique. Il s'adapte, change de produit, profite des promotions, etc.
Pour vous donner une idée, au premier trimestre de l'exercice 2022, notre inflation à l'interne a été de 3,5 %. C'est, d'après nos estimations, la hausse de ce que le client a payé par rapport à l'année précédente. Au deuxième trimestre, le taux a été de 5 %. Il est passé ensuite à 8,5 % puis à 10 %. Au cours du premier trimestre de 2023, que nous venons de publier, le taux était stable, à 10 %.
Cela vous donne un ordre de grandeur des augmentations de prix payées par les clients.
:
Voici ma dernière question, car il faut passer au deuxième groupe de témoins.
Parmi vos fournisseurs, pouvez-vous dire au Comité...? Je peux comprendre que, comme vous l'avez dit, il y a négociation. Vous êtes en présence de différents fournisseurs de tailles et de capacités différentes qui vous proposent des produits.
Pourriez-vous donner au Comité une idée du pourcentage de vos fournisseurs qui ont le pouvoir de négocier? Certains sont de petits producteurs. Je suppose que vous pouvez leur dire: « Voici ce que nous sommes prêts à offrir. » Pouvez-vous nous en donner une idée?
Si je suis un petit agriculteur, je suppose que vous dites: « Voici ce que Metro est prêt à vous offrir, en fonction de ce que le marché pourrait exiger et de ce que nous pensons pouvoir vendre. » Avec d'autres fournisseurs, le montant pourrait être un peu plus élevé. Il pourrait y avoir plus de négociation.
Pouvez-vous donner au Comité une idée de la ventilation? Pour combien de vos fournisseurs, en pourcentage, s'agirait‑il d'une négociation au lieu d'une situation où Metro dit qu'il ne peut pas négocier avec chaque fournisseur?
Vous en avez 27 000, par exemple. Pouvez-vous même nous donner une idée? Comment se présente la relation?
:
Chers collègues, nous allons reprendre les travaux.
La salle est pleine. C'est formidable de voir tout le monde avoir de belles conversations, mais il faut respecter l'horaire.
Le deuxième groupe de témoins n'est pas étranger au Comité, mais c'est toujours un plaisir de les revoir, surtout dans la salle. Les témoins sont très nombreux et nous sommes ravis qu'ils soient là.
De l'Institut canadien des politiques agroalimentaires, nous accueillons Tyler McCann, que le Comité connaît bien. Bon retour parmi nous, monsieur McCann.
De la Fédération canadienne de l'agriculture, nous recevons Mary Robinson, de l'Île-du-Prince-Édouard — c'est un plaisir que vous soyez parmi nous en personne, madame Robinson — et Scott Ross, qui est le directeur exécutif. Bien sûr, Mme Robinson est présidente de cette fédération.
[Français]
Nous accueillons également des représentants de l'Association des producteurs maraîchers du Québec, soit Mme Catherine Lefebvre, présidente, et M. Patrice Léger Bourgoin, directeur général.
Je vous souhaite la bienvenue au Comité.
[Traduction]
Vous disposez chacun de cinq minutes. Je vais commencer par M. McCann.
Vous avez la parole.
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Merci, monsieur le président et membres du Comité, de me donner l'occasion de comparaître pour traiter de ce sujet important.
Pour la plupart des Canadiens, l'achat des aliments qu'ils consomment est l'une de leurs rares transactions directes avec le système alimentaire canadien. Lorsque les achats coûtent plus cher, ils attirent l'attention.
Le fait est que les aliments coûtent de plus en plus cher. Les raisons de cette augmentation et les politiques à la disposition des gouvernements pour résoudre le problème sont beaucoup moins simples. La COVID, les perturbations de la chaîne d'approvisionnement, la géopolitique, la baisse de valeur du dollar canadien, le degré de concentration et le coût de la main-d'œuvre ne sont que quelques-uns des facteurs qui contribuent à rendre les aliments plus coûteux. D'autres témoins aborderont bon nombre de ces points. Je vais pour ma part me limiter à trois observations simples sur l'inflation alimentaire.
Premièrement, les produits alimentaires sont multiples, et les facteurs de coût des aliments varient grandement. Le Canada doit faire davantage de recherches et d'analyses pour comprendre les tendances et les pressions qui ont cours.
Deuxièmement, l'inflation alimentaire est régressive en ce sens qu'elle frappe plus durement les ménages pauvres. Les solutions devraient viser les Canadiens qui ont le plus besoin d'aide.
Enfin, le Canada n'est pas isolé. Son système alimentaire fait partie d'un système mondial. Il est important de tenir compte de ce contexte lorsqu'on discute de ce qui se passe au Canada.
Tout d'abord, bien qu'on parle souvent de l'alimentation comme s'il s'agissait d'un bloc monolithique, il suffit de se promener dans un grand supermarché pour constater la diversité des produits. L'IPC de Statistique Canada regroupe 190 produits alimentaires, dont certains se comportent très différemment. Par exemple, les pâtes coûtaient 20 % plus cher en décembre 2022 qu'un an auparavant, mais le prix du porc frais et congelé avait baissé de presque 1 %.
Dans cette diversité de produits, certaines choses se vérifient généralement. Ainsi, plus un produit contient d'ingrédients, plus la part de l'agriculteur est faible et plus l'argent du consommateur va aux coûts de la main-d'œuvre. Par conséquent, plus un produit est complexe, plus il est probable que les coûts augmentent en raison de la hausse du coût de la main-d'œuvre.
Selon le programme de recherche de l'USDA sur le dollar consacré à l'alimentation, en 2021, en moyenne, la part qui allait à l'agriculture était d'environ 14,5 ¢, répartie à peu près également entre agriculteurs et entreprises agroalimentaires. Une étude canadienne publiée en 2015 a permis de déterminer l'étendue des écarts entre les produits. La part agricole du pain était d'environ 5 %, mais elle était de 50 % pour les légumes. Il convient de souligner que le chiffre de 7,4 ¢ pour la production agricole était le plus bas enregistré par l'USDA. La part du détaillant a également chuté en 2021.
L'analyse de l'USDA montre que les coûts de production agricole, de transformation des aliments et d'emballage ont tous diminué. Elle montre également que la part des coûts du commerce de gros des services alimentaires, de la comptabilité et de la publicité a augmenté au cours des 20 dernières années.
Nous n'avons tout simplement pas d'analyse crédible et significative aussi poussée au Canada. Il serait intéressant pour l'étude du Comité qu'une organisation comme Agriculture Canada, Statistique Canada ou le Bureau de la concurrence produise à cet égard des données aussi détaillées. Le Comité devrait envisager de recommander que le gouvernement du Canada fasse le nécessaire pour recueillir des données et effectuer une analyse aussi poussée qu'aux États-Unis et pour rendre publics les résultats de cette analyse.
Deuxièmement, l'inflation alimentaire n'a pas les mêmes effets sur tous les Canadiens. Elle a un caractère très régressif et touche les Canadiens à faible revenu plus durement que la plupart des autres. Selon un rapport publié en 2022 par l'Institut Angus Reid, plus de la moitié des répondants estiment qu'il est difficile ou très difficile de nourrir leur ménage. Mais ces chiffres variaient grandement selon le revenu. La proportion atteignait 71 % chez ceux qui gagnaient moins de 25 000 $ par année alors qu'elle dépassait à peine 30 % chez ceux qui gagnaient plus de 150 000 $.
La variation des réponses en fonction du revenu montre clairement que, en grande partie, l'insécurité alimentaire au Canada ne tient pas à un problème d'alimentation. Dans un rapport sur l'insécurité alimentaire des ménages au Canada, publié par le programme Proof de l'Université de Toronto, on peut lire: « Bien que l'insécurité alimentaire ait été initialement considérée comme un problème d'alimentation [...], il est devenu évident que la privation dont souffrent les ménages touchés par l'insécurité alimentaire ne se limite pas à l'alimentation. » En effet, les problèmes de revenu qui sont à l'origine de l'insécurité alimentaire sont des problèmes de revenu et non des problèmes d'alimentation.
Enfin, il est important de situer ce qui se passe au Canada dans un contexte mondial. Bien que l'inflation récente ait continué de grimper au Canada, l'indice des prix des aliments de la FAO, organisation des Nations unies, a considérablement diminué par rapport au sommet atteint plus tôt cette année et il est maintenant comparable à ce qu'il était il y a un an. Malgré une baisse importante depuis février, l'indice demeure supérieur de 43 % à ce qu'il était en 2019. Au Canada, l'IPC de Statistique Canada pour les aliments n'a progressé que de 17 % au cours de la même période.
Tout comme l'inflation alimentaire frappe les Canadiens à faible revenu, les plus vulnérables de la planète sont aux prises avec cette hausse importante des prix. L'inflation alimentaire est une question importante, mais complexe. Il ne s'agit pas d'une seule question, mais d'un ensemble complexe de questions qui ont des répercussions les unes sur les autres. De meilleures données et une meilleure analyse mèneraient à un dialogue beaucoup plus éclairé. Elle touche aussi plus durement les Canadiens à faible revenu. Les politiques devraient viser ceux qui ont besoin d'aide.
Enfin, l'inflation alimentaire au Canada n'est pas un problème qui se manifeste en vase clos. Il est important de comprendre le contexte mondial.
Ce sont là trois modestes observations sur une question vaste et complexe. Je serai heureux de répondre à vos questions.
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Merci, monsieur le président.
Bonjour. Je m'appelle Mary Robinson. Je viens de l'Île-du-Prince-Édouard. J'y suis productrice et je préside la Fédération canadienne de l'agriculture.
La FCA est la plus grande organisation agricole générale du Canada. Nous représentons plus de 190 000 agriculteurs et familles agricoles partout au Canada. Nous et eux sommes au cœur du système agroalimentaire canadien, apportant au PIB du Canada un peu moins de 135 milliards de dollars.
Comme vous le savez, l'inflation alimentaire dépasse celle de tous les autres produits, et nous constatons que ces augmentations de prix se reflètent dans tous les secteurs, comme ceux des fruits frais, des légumes, des produits laitiers et des œufs, pour n'en nommer que quelques-uns. Cela illustre le fait que les agriculteurs ont vu leurs coûts nets augmenter considérablement au cours des dernières années, avec une forte hausse des dépenses en 2021 et 2022.
La hausse des coûts de production dans le secteur agricole est attribuable à plusieurs facteurs, notamment des intrants essentiels comme le carburant et les engrais, dont le prix a monté en flèche au cours de la dernière année. Selon Financement agricole Canada, « les coûts du carburant [ont] grimpé de plus de 80 % par rapport à leur niveau du premier trimestre de 2019 » et les coûts moyens des engrais et des aliments pour animaux ont presque doublé. De plus, les coûts de la machinerie, des pesticides et de la main-d'œuvre ont également progressé considérablement au cours de la même période.
Les agriculteurs n'ont pas de solutions de rechange à moindre coût pour remplacer ces intrants, dont l'absence a des répercussions dramatiques sur la productivité agricole et la sécurité alimentaire du Canada. Pour la plupart des agriculteurs du Canada, 2022 a été la campagne la plus coûteuse qu'ils aient jamais menée. Par conséquent, de nombreux agriculteurs doivent prendre des décisions difficiles. Ils se demandent s'il faut retarder les investissements susceptibles de rendre leur exploitation plus efficace et plus durable sur le plan environnemental, parce qu'ils n'ont tout simplement pas les marges bénéficiaires voulues.
En fin de compte, l'inflation suscite plusieurs défis pour les producteurs canadiens, qui sont des preneurs de prix sur les marchés mondiaux et qui sont soumis à des risques liés aux conditions météorologiques et climatiques qui échappent à notre contrôle.
Certaines mesures immédiates peuvent être prises pour réduire les répercussions possibles à court terme sur la production alimentaire canadienne.
Premièrement, nos membres sont très encouragés de voir progresser l'étude du projet de loi , qui, dans les provinces assujetties à la tarification fédérale, exempterait de cette charge le gaz naturel et le propane utilisés dans les fermes pour sécher le grain et chauffer et rafraîchir les étables. Nous sommes ravis que le projet de loi soit en voie d'être adopté à l'étape de la troisième lecture à la Chambre des communes. Cela pourrait éliminer un autre coût que les agriculteurs ne devraient pas avoir à assumer et qu'ils ne peuvent pas répercuter.
Deuxièmement, selon Statistique Canada, le gouvernement fédéral a perçu 34 millions de dollars en revenus tarifaires sur les engrais importés au Canada en 2022. Nous croyons que le produit de ces droits tarifaires devrait être affecté aux programmes qui aident à atténuer certaines des répercussions de la hausse des coûts — par exemple, ceux des engrais et du carburant — et qui contribuent à renforcer la résilience du secteur agricole.
Enfin, en juillet 2021, les ministres fédéral, provinciaux et territoriaux — les ministres FPT — ont réclamé un processus dirigé par l'industrie visant à améliorer la transparence, la prévisibilité et le respect des principes d'équité dans la relation fournisseur-détaillant. À la suite de cette annonce, un comité directeur composé de représentants de 10 groupes importants de parties prenantes, dont la Fédération canadienne de l'agriculture, a été formé pour faciliter et élaborer un code de conduite pour les marchés d'alimentation sous la conduite de l'industrie.
L'objectif du code est de favoriser la prospérité de l'industrie, de promouvoir la confiance, l'équité et la collaboration dans toute la chaîne de valeur, d'accroître la certitude commerciale et d'élaborer un processus de règlement des différends efficace et équitable. Même si nous ne ciblons pas explicitement l'inflation alimentaire, nous croyons que le code contribuera à améliorer la dynamique de la chaîne d'approvisionnement, surtout lorsqu'un maillon de la chaîne d'approvisionnement assume indûment les coûts et les risques des pressions inflationnistes.
Nous avons été heureux de constater la réaction positive de la à l'égard du plus récent rapport d'étape du comité, publié plus tôt cette année, et nous espérons que le gouvernement continuera d'appuyer cette initiative à l'approche de sa mise en œuvre.
Merci. Je serai heureuse de répondre à vos questions.
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Monsieur le président, mesdames et messieurs, bonsoir.
Les productrices et producteurs maraîchers du Québec sont d'avis que la sécurité alimentaire, qui inclut l'inflation des prix, devrait être reconnue comme une question importante par nos gouvernements. L'invasion de l'Ukraine, les pénuries de matière première et les hausses successives des taux d'intérêt ont contribué à augmenter nos coûts de production. Les maraîchers doivent payer davantage, mais cela ne se reflète pas de manière proportionnelle dans les prix de vente à la ferme.
Nous avons été surpris d'entendre un représentant d'une grande chaîne affirmer à cette tribune: « Nous avons un processus assez équitable pour déterminer si notre relation avec le fournisseur est équilibrée. » Si tel était le cas, pourquoi les ministres de l'Agriculture du pays ont-ils senti le besoin de créer de toutes pièces un code de conduite régissant les bonnes pratiques entre les épiciers et leurs fournisseurs?
Pour nous, les maraîchers, les prix de tout ce que nous achetons et de chaque matière première que nous utilisons pour faire pousser nos produits ont augmenté beaucoup plus rapidement que le montant que nous recevons pour ces mêmes produits. En effet, du montant que les consommateurs paient quand ils achètent leurs légumes, de moins en moins d'argent revient au maraîcher.
À titre d'exemple, cet été, à la fin de juin, le montant reçu par un producteur pour une seule pomme de laitue iceberg était de moins de 87 ¢. Le maraîcher se voyait en plus déduire de ce prix unitaire tous les frais imposés unilatéralement par le détaillant. Quelques heures plus tard, le consommateur payait, au rabais, 1,99 $ pour la même pomme de laitue.
Permettez-nous d'être insistants: les maraîchers doivent composer avec une hausse fulgurante du prix des intrants, des coûts d'intérêt et des frais liés à l'application des lois et des règlements. Ils se battent chaque jour pour offrir des produits de qualité, et ils n'obtiennent pas toujours un rendement sur le capital investi à la hauteur des risques qu'ils prennent.
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Le professeur Charlebois a été clair lors de sa comparution devant le Comité. Je me permets de le citer: « [...] les rapports de force ne sont plus les mêmes au Canada. Vu l'oligopole qu'on retrouve dans ce domaine, les fournisseurs ont beaucoup de difficultés à négocier avec les grands de la distribution [...] ».
Imaginez la vie d'une petite entreprise familiale qui met sur le marché un produit périssable en quelques jours et qui doit négocier avec un nombre extrêmement restreint de clients brassant des affaires qui se chiffrent en milliards de dollars. Messieurs et mesdames les parlementaires, pensez-vous vraiment que le petit maraîcher a un grand pouvoir de négociation dans de tels cas? Au jeu de la carotte et du bâton, le maraîcher n'est jamais gagnant.
Plusieurs détaillants vous ont dit qu'ils exigeaient de nombreux justificatifs avant d'accorder une augmentation de prix à leurs fournisseurs — je peux affirmer qu'ils le font. Par contre, il faut se demander à qui les grandes chaînes doivent justifier l'augmentation des coûts de vente au détail sur une base régulière. La question mérite d'être posée.
Par ailleurs, la mondialisation des marchés a eu pour effet de consolider plusieurs activités liées aux fournisseurs d'intrants. Cette consolidation restreint l'accessibilité à des sources diversifiées d'approvisionnement ayant une incidence sur la hausse fulgurante des prix.
La chaîne d'approvisionnement maraîchère du pays est aussi aux prises avec un autre phénomène. En effet, les grands clients nationaux des maraîchers vont mettre en compétition des produits locaux et des produits d'importation. La réglementation locale, ici, au Canada, est beaucoup plus exigeante que celle du Mexique, pour ne citer que ce seul exemple. Dans ce contexte, il est impossible de soutenir les coûts de production de ces pays.
Il n'y a pas de solution facile pour mieux gérer l'inflation alimentaire, mais nous savons que, en tant que société, nous devons accorder une plus grande priorité à la sécurité alimentaire nationale. Je vais maintenant vous présenter quelques recommandations.
Premièrement, le code de conduite régissant les pratiques entre les fournisseurs et les détaillants n'abordera pas les mécanismes de fixation de prix de manière implicite. Il faut donc absolument se pencher sur la question en évaluant les effets pernicieux de la concentration des marchés.
Deuxièmement, nous ne pouvons plus parler des changements climatiques au futur, car ils sont là. En effet, les maraîchers les vivent au quotidien. L'été dernier, au Québec, des récoltes entières ont été ravagées par des invasions de pucerons en provenance des États‑Unis, ce qui a fragilisé la résilience de la chaîne d'approvisionnement. Il faut donc mettre en place, dès maintenant, une stratégie nationale pour atténuer l'impact des changements climatiques.
Troisièmement, les maraîchers doivent pouvoir compétitionner à armes égales quant aux produits importés. L'équivalence et la réciprocité des normes doivent donc être appliquées de manière à sécuriser la chaîne d'approvisionnement locale.
Je vous remercie du temps que vous nous avez accordé.
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Comme c'est souvent le cas, il y a beaucoup de choses que nous ne savons pas au Canada, ou de l'information qui nous manque et qui est disponible aux États-Unis ou sur d'autres marchés dans le monde.
Le débat des deux dernières années, notamment sur cette question, a montré à quel point il y a place pour l'interprétation, à quel point il y a désaccord sur les faits, à quel point il est nécessaire de nous doter d'un ensemble plus rigoureux, convaincant et objectif d'analyses de l'évolution du coût des aliments.
Le problème ne se limite pas au commerce de détail. Il touche l'ensemble de la chaîne de valeur, où nous n'avons pas le même niveau d'information et de compréhension qu'aux États-Unis ou sur d'autres marchés. Par exemple, nous savons qu'au Canada, les cinq plus grandes chaînes d'alimentation ont à peu près la même part de marché que les 20 plus grandes aux États-Unis, mais une fois qu'on dépasse cette conclusion d'un haut niveau de généralité, il est difficile de vraiment comprendre ce qui pourrait se passer plus dans le détail.
Il est clair qu'il y a beaucoup de place pour accroître la transparence et l'information disponibles aujourd'hui.
Je vais maintenant m'adresser à Mme Robinson ou peut-être à M. Ross. J'ai entendu de nombreux producteurs de l'industrie des fruits et légumes dire que les grandes chaînes d'alimentation leur imposent un certain nombre de frais ou différentes exigences. J'ai entendu dire qu'ils étaient assujettis à des frais de déchargement. Pour avoir le droit de livrer leurs marchandises à l'entrepôt de distribution centralisé, ils doivent payer des frais de déchargement des camions.
J'ai aussi entendu dire que, si un camion arrive en retard de 10 minutes, disons, une amende est imposée pour ce retard. Cependant, si le destinataire n'arrive pas à décharger le camion et le fait attendre pendant 12 heures, il y a quand même des frais. Nous avons aussi entendu parler d'agriculteurs qui se font imposer une amende si leur camion dépasse la limite de vitesse d'un kilomètre dans la cour du centre de distribution.
Nous avons entendu parler des frais de rejet de la marchandise. Si un chargement est refusé par celui qui le reçoit au centre de distribution, alors l'agriculteur qui... Soyons clairs: aucun agriculteur ne veut envoyer un produit périssable à un centre de distribution pour qu'il soit rejeté et retourné à sa ferme, ni assumer les frais de transport pour le récupérer. Des frais de rejet sont également facturés si le chargement est rejeté. Cela s'ajoute aux rabais ou aux rétrofacturations que doivent accepter les agriculteurs qui paient pour obtenir et garder le droit à un numéro de fournisseur auprès de la chaîne de marchés d'alimentation.
Avez-vous entendu dire que ce genre de chose arrive aux producteurs canadiens?
Peut-être que tout cela nous ramène à ce dont nous discutons et à ce dont je parle depuis l'automne 2020: nous avons besoin d'un code de conduite pour les marchés d'alimentation au Canada afin de protéger les producteurs et de garder les exploitations agricoles familiales en activité. J'ai peur de ce que l'avenir nous réserve dans 15 ans si nous n'avons plus d'exploitations familiales qui produisent des produits de grande qualité au Canada.
Qu'en pensez-vous?
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Merci, monsieur le président.
Je remercie tous les témoins présents.
[Français]
J'inclus mes amis du Québec qui sont avec nous aujourd'hui.
Je tiens à remercier tout le monde de prendre le temps de comparaître devant le Comité, en particulier un lundi, à 19 h 30. Je sais que c'est tout un début de semaine.
[Traduction]
Je vais commencer par M. McCann et l'Institut canadien des politiques agroalimentaires.
Vous avez parlé de l'importance de la collecte de données. Avez-vous eu ces conversations avec Statistique Canada et d'autres qui essaient de recueillir des données? Je serais curieux de savoir ce qu'ils disent au sujet de leur capacité limitée ou peut-être de certains des obstacles auxquels ils font face pour recueillir des données par rapport à ce que fait le département de l'Agriculture des États-Unis, ou l'USDA, au sud de notre frontière.
Je m'adresse maintenant à la présidente de la Fédération canadienne de l'agriculture.
Comme on l'a déjà mentionné ici, M. Sylvain Charlebois pointe souvent du doigt la gestion de l'offre et dit, en ce qui concerne les producteurs laitiers et les producteurs d'œufs, que c'est tellement cher au Canada comparativement à nos homologues américains. Nous apprenons maintenant que l'achat d'un carton d'œufs en Floride, en Californie ou au Texas coûte beaucoup plus cher que l'achat d'une boîte d'œufs au Canada.
Pourriez-vous nous parler de cet aspect, où l'inflation alimentaire n'est pas nécessairement liée à la gestion de l'offre, comme certains, ou un professeur, pourraient en témoigner devant notre comité et publiquement?
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Premièrement, les négociations se font longtemps à l'avance. On parle de mois à l'avance. Connaître le prix courant d'un produit au moment opportun en fonction du moment où la circulaire va paraître, c'est comme lire dans une boule de cristal.
La négociation se fait avec deux ou trois fournisseurs en même temps pour le même produit. Peu importe le prix qui va sortir de la boîte à surprises, c'est le moins offrant qui va obtenir la commande. Si le plus offrant veut obtenir la commande, il va devoir baisser son prix au même niveau que celui du moins offrant, sinon la totalité de la commande ira au meilleur offrant. Cependant, la production est établie en fonction d'un contrat initial qui a été approuvé par les deux parties, tant le producteur que la chaîne de supermarchés.
Si la chaîne de supermarchés fait produire, disons, 10 000 boîtes de laitues par semaine et qu'elle n'en prend que 2 000, on ne sait pas quoi faire avec les 8 000 boîtes de laitues qui restent. On préfère alors vendre au rabais que de laisser les laitues aux champs et les jeter.
Selon moi, la négociation n'est pas bilatérale. C'est toujours le plus fort ou le prix le plus bas qui l'emporte. C'est vraiment ainsi que cela se passe.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie nos témoins de nous avoir présenté un exposé très utile et de nous avoir donné un aperçu de l'autre aspect de l'équation. Je pense que nous avons abordé cette étude du point de vue du consommateur, mais il est également très important que nous entendions nos transformateurs et nos producteurs, parce que vous avez très bien décrit les défis auxquels vous avez fait face dans vos relations avec les grands détaillants.
J'aimerais adresser ma première question à la Fédération canadienne de l'agriculture.
Je comprends que les conversations sur le code de conduite sont confidentielles. Cependant, dans un monde idéal, qu'est‑ce que la FCA aimerait voir comme produit final?
Je sais que vous l'avez déjà dit au Comité, mais aux fins de notre étude, je pense qu'il serait bon que votre réponse figure de nouveau au compte rendu. Plus précisément, je cherche des détails sur le suivi pour m'assurer que les objectifs du code sont respectés et qu'il y a un niveau de transparence. Autrement dit, quel est le rôle du gouvernement dans ce processus pour s'assurer que le code est respecté honorablement? Dans un monde idéal, que souhaite la FCA?
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Merci. Je vous remercie de l'avoir redit publiquement.
Je remercie également l'Association des producteurs du Québec d'être parmi nous.
Nous avons entendu très clairement la référence au terme « oligopole » et à la concentration du pouvoir entre les mains de quelques épiciers. Nous avons entendu des témoignages sur ce que de nombreux producteurs aimeraient voir dans un code de conduite.
On a aussi mis l'accent sur l'existence du Bureau de la concurrence du Canada. À l'heure actuelle, à peu près au moment où on a annoncé que nous allions faire notre enquête, le Bureau de la concurrence a également annoncé qu'il allait mener une enquête. Elle se limite uniquement aux données accessibles au public. Ce n'est pas vraiment une enquête; je pense qu'on appelle cela une étude. Le Bureau de la concurrence du Canada ne peut pas contraindre des témoins à comparaître. Nous savons également qu'il a eu, comme lors d'autres enquêtes antérieures, de la difficulté au niveau des ressources et des délais.
Votre association a‑t‑elle des commentaires à faire sur le rôle du Bureau de la concurrence du Canada? Que voudriez-vous que le Comité recommande pour éventuellement renforcer ce système? A‑t‑il besoin d'un mandat élargi, etc.?
Ma dernière question s'adresse à la FCA.
Nous savons que le nouveau Partenariat canadien pour l'agriculture entrera en vigueur en avril. L'an dernier, le gouvernement fédéral et les provinces ont annoncé l'entente de principe, etc. Cependant, c'est probablement un euphémisme que de dire que 2022 a été une année marquée par beaucoup de changements et de conditions changeantes. Vous avez très bien décrit les nombreux défis auxquels les agriculteurs doivent faire face — 2022 étant l'année la plus coûteuse pour ensemencer, et ce depuis toujours.
Avez-vous l'impression que le prochain cadre quinquennal est suffisamment souple pour vous permettre de réagir, compte tenu de ce que vous avez vu au cours de la dernière année seulement?
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Merci, monsieur MacGregor.
Merci, monsieur Ross.
Chers collègues, nous sommes un peu pressés par le temps. Je vais donner quatre minutes aux conservateurs, quatre minutes aux libéraux, deux minutes au Bloc et deux minutes au NPD. Si vous êtes à trois minutes et demie, ne pensez pas que vous allez pouvoir prolonger votre temps en posant une question plus longue, parce que je vais être strict.
Je vous regarde, monsieur Lehoux.
M. Richard Lehoux: Oh, oh!
Le président: Je ne vous vise pas en particulier. Tout le monde le fait, mais c'est vous qui avez le micro, alors ne me mettez pas à l'épreuve. Je vous cède la parole. Vous avez quatre minutes.
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Cette réponse me convient.
Vous avez dit « la grande partie ». Je souhaite ardemment que la totalité de la somme soit retournée aux producteurs, parce que ce sont eux qui l'ont payée.
J'aimerais poser une question à Mme Lefebvre ou à M. Léger Bourgoin.
Vous avez parlé de réciprocité des normes. C'est un sujet qui m'interpelle beaucoup depuis que je suis au Comité. Il faudrait que certaines choses changent très rapidement. Comment voyez-vous cela? J'ai très bien compris que vos produits ne pouvaient pas concurrencer ceux qui viennent d'Amérique latine.
Que proposez-vous pour que cette réciprocité des normes soit respectée, et avec quelle rapidité cela doit-il se faire? Votre association a sûrement dû en discuter avec le ministère.
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Merci, monsieur le président.
Merci à tous nos témoins d'être venus aujourd'hui. Nous vous sommes très reconnaissants de votre présence et de vos témoignages.
J'aimerais vous poser une série de questions plus courtes. Il me semble, d'après ce que nous avons entendu, que les agriculteurs sont dans un étau. Ils sont pressés des deux côtés. D'une part, le coût des intrants augmente, ce qui est indépendant de leur volonté. D'autre part, ils sont dépassés par un oligopole de détaillants qui font baisser leur prix.
Les agriculteurs obtiennent-ils une juste valeur pour ce qu'ils produisent? Pouvez-vous donner des réponses simples et directes?
Madame Lefebvre.
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Merci, monsieur le président. Je vais poser simplement une question.
Monsieur McCann, vous avez dit dans votre déclaration préliminaire que l'inflation des prix des aliments est régressive, qu'elle frappe évidemment les plus pauvres de notre société. Je crois que vous avez dit qu'environ 70 % de ceux qui gagnent moins de 25 000 $ ont dit qu'ils avaient du mal à joindre les deux bouts.
C'est ce que m'ont dit mes propres électeurs de l'île de Vancouver. C'est très émotif quand on va... Si les salaires que vous commandez au travail ne suivent pas le rythme des augmentations hebdomadaires que vous voyez, c'est parfois difficile, parce que vous devez faire ces choix difficiles au sujet des allées dans lesquelles vous pouvez circuler, en plus de vous poser la question de savoir si vous pouvez vous permettre d'acheter des aliments frais et de passer au comptoir des produits laitiers et de la viande. Vous devrez peut-être vous déplacer beaucoup plus dans les allées du milieu.
Vous avez dit que les solutions stratégiques devraient viser ceux qui en ont besoin. Bien sûr, nous avons beaucoup de programmes et de prestations en place pour aider les gens à faible revenu, mais ce n'est toujours pas suffisant pour beaucoup d'entre eux. Voulez-vous nous en dire un peu plus sur ce que notre comité pourrait inclure dans son rapport?
Merci, monsieur Barlow. C'est bien dit.
Merci, madame Robinson, de tout le travail que vous faites au nom de l'agriculture canadienne en général et de votre témoignage aujourd'hui.
Chers collègues, nous y reviendrons mercredi. Nous allons poursuivre l'étude du projet de rapport sur l'insécurité alimentaire mondiale. Nous avons fait de l'excellent travail dans la première portion. J'espère, à titre de président, que nous pourrons régler cette première ébauche, la transmettre aux analystes et être prêts une semaine plus tard à préparer le deuxième rapport.
Nous nous reverrons mercredi. Merci à nos témoins.
Bonne nuit à tous.