:
Je déclare la séance ouverte.
Bienvenue à la 88e réunion du Comité permanent de l'agriculture et de l'agroalimentaire.
Je vais commencer par faire quelques rappels. La réunion d'aujourd'hui se déroule selon une formule hybride. Les délibérations sont diffusées sur le site Web de la Chambre des communes. À titre d'information, la diffusion Web montrera toujours la personne qui parle, plutôt que l'ensemble du Comité. Bien sûr, chers collègues, les captures d'écran ou la prise de photos de votre écran ne sont pas autorisées.
Je tiens tout d'abord à souligner la présence parmi nous de M. Zuberi, qui remplacera M. Carr, et de M. Boulerice, avec qui M. MacGregor partagera peut-être son temps de parole. Je leur souhaite la bienvenue au Comité.
Conformément à l'article 108(2) du Règlement et à la motion adoptée par le Comité le jeudi 19 octobre 2023, le Comité reprend son étude sur les efforts de stabilisation du prix des aliments.
J'aimerais maintenant souhaiter la bienvenue au premier témoin qui sera des nôtres aujourd'hui, soit M. Eric La Flèche, qui est président et chef de la direction de Metro inc.
Merci beaucoup de comparaître devant nous en personne, monsieur La Flèche. Vous disposez de cinq minutes pour faire votre allocution d'ouverture.
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Merci, monsieur le président.
Bonjour, mesdames et messieurs.
Chez Metro, nous sommes très préoccupés par les répercussions de la hausse du prix des aliments sur nos clients. Nous en sommes très conscients, cela va de soi.
C'est pourquoi nous prenons chaque jour des mesures pour offrir la meilleure valeur possible à nos clients, afin de répondre à leurs différents besoins, qui sont en constante évolution. Nos clients n'en attendent pas moins de notre part.
[Traduction]
Dans toutes nos enseignes, nos équipes travaillent sans relâche pour que nos clients en aient le plus possible pour leur argent grâce à des prix concurrentiels, à notre gamme complète de produits de marques privées, à des promotions hebdomadaires efficaces et à nos programmes de loyauté.
Chaque semaine, nos enseignes offrent plus de 10 000 produits alimentaires en promotion, ce qui permet à nos clients de faire des économies considérables sur le tiers de nos produits en stock. Ce n'est pas une nouvelle pratique, mais plutôt ce qui nous permet de continuer de mériter et de gagner la loyauté à long terme de nos clients.
[Français]
À titre d'entreprise publique, Metro est en concurrence quotidiennement pour la clientèle, les talents et les capitaux dans un marché ouvert et extrêmement compétitif.
Nous mettons la clientèle au centre de toutes nos décisions pour chacune de nos entreprises sous enseigne et dans les 975 magasins d'alimentation que compte notre réseau. Ainsi, nos stratégies commerciales ont généré des augmentations de parts de marché au fil des ans, et plus particulièrement au cours des derniers mois. C'est une démonstration de la confiance que nous accordent les Canadiens.
[Traduction]
J'espère que toutes les personnes présentes savent maintenant — et la vaste majorité des experts sont d'accord — que des forces du marché mondial qui échappent totalement au contrôle des épiciers alimentent l'inflation alimentaire.
Selon Statistique Canada, le prix des aliments s'est stabilisé au cours des derniers mois et l'inflation alimentaire a diminué de façon constante au cours des six derniers mois. De plus, l'inflation alimentaire au Canada continue d'être à l'avant-dernier rang parmi les pays du G7 depuis septembre 2022.
Les résultats financiers de Metro au quatrième trimestre de 2023 montrent que la hausse interne du prix de notre panier d'épicerie a chuté pour atteindre 5,5 %, ce qui est environ 2 % moins que l'inflation alimentaire rapportée par Statistique Canada. C'est un indicateur clé du comportement des consommateurs, que nous surveillons depuis des années.
Bref, nos efforts ont un effet et le prix des aliments s'est stabilisé, mais la stabilisation des prix n'a pas tout simplement lieu du jour au lendemain et n'est pas la responsabilité exclusive des épiciers. Metro se trouve à la fin d'une très longue chaîne d'approvisionnement qui continue d'être instable. Nous subissons déjà des pressions pour augmenter les coûts au cours de la nouvelle année, et tous les intervenants doivent continuer de participer activement.
[Français]
En réalité, nous travaillons dans l'une des industries où la marge bénéficiaire est la plus faible au Canada, soit moins de 5 %.
Nous devons composer avec des dizaines de milliers d'augmentations de prix que nous recevons chaque année de la part de nos fournisseurs, mais nous le faisons le plus progressivement possible, en absorbant une partie des coûts et en travaillant sans relâche chaque jour pour offrir la meilleure valeur possible.
[Traduction]
Dans notre industrie hautement concurrentielle, Metro travaille tous les jours avec acharnement pour mériter la confiance et la loyauté de ses clients. Lorsque j'ai rencontré le , c'est la raison pour laquelle j'ai promis que notre équipe allait poursuivre ses efforts visant à offrir les meilleurs prix possible à nos clients puisque c'est ce qu'ils exigent de nous.
Par ailleurs, pour continuer de renforcer la confiance des consommateurs et de rendre la chaîne d'approvisionnement plus résiliente, je me suis engagé à ce que Metro adopte le code de conduite de l'industrie pour les épiceries une fois qu'il sera terminé.
[Français]
Notre équipe a joué un rôle de premier plan dans l'élaboration du code de conduite et nous sommes convaincus que la participation de tous les épiciers et fournisseurs est essentielle à son succès.
Nous avons pris ces engagements auprès du ministre et du gouvernement, effectivement, mais surtout auprès des Canadiens qui choisissent de magasiner chez nous, et nous continuerons de respecter ces engagements chaque jour.
[Traduction]
Merci. Je suis impatient de répondre à vos questions.
Le gouvernement a promis aux Canadiens qu'il ferait baisser les prix à l'épicerie d'ici l'Action de grâce. Il n'a pas respecté cette promesse.
Nous avons entendu dans les médias que des magasins comme le vôtre vont suspendre la hausse du prix des produits. D'après ce que j'ai compris, c'est une pratique normale pendant la période des Fêtes. Je pense que vous avez dit publiquement que vous allez la maintenir pendant la nouvelle année. Lorsque le gel des prix prendra fin, que vont voir les consommateurs à l'épicerie? Doivent-ils s'attendre à des prix plus élevés lorsque les réductions ou les gels prendront fin? Dans votre déclaration liminaire, vous avez dit que les fournisseurs demandent des hausses, car le coût des produits augmente de leur côté lorsqu'ils approvisionnent les épiceries.
Pouvons-nous nous attendre à des hausses des prix au cours de la nouvelle année, une fois que le gel prendra fin?
:
Merci, monsieur le président.
Bonjour, monsieur La Flèche. Je vous remercie d'être ici en personne.
[Traduction]
Je ne parle pas français très bien, et je vais donc passer à l'anglais.
Je vous remercie d'être ici.
J'ai certaines préoccupations par rapport au niveau d'enthousiasme de Metro en ce qui concerne les efforts déployés par le gouvernement pour tenter de stabiliser le prix des aliments.
Tout d'abord, je veux corriger une chose pour le compte rendu: notre gouvernement n'a jamais dit que nous allions baisser les prix à l'épicerie d'ici l'Action de grâce. Nous avons plutôt cherché à les stabiliser.
Vous avez toutefois soulevé des préoccupations quant à savoir si cela allait fonctionner ou non. Vous l'avez répété aujourd'hui. Je dois dire que j'ai été déçue de voir, dans le mémoire que Metro a remis au Comité, votre plan pour essayer d'agir dans ce dossier — sans donner de détails, car nous savons tous que c'est confidentiel. Il n'était pas très robuste, pour ainsi dire, encore une fois.
J'ai l'impression que vous remettez en question le rôle du gouvernement lorsqu'il rencontre les dirigeants des chaînes d'épicerie pour essayer de régler le problème, qui est très préoccupant. Nous savons, comme beaucoup de monde, que des facteurs liés à la chaîne d'approvisionnement mondiale causent ce problème. Lorsque les Canadiens souffrent autant et que les profits des épiceries — pas les marges de profits, mais les profits absolus — augmentent, nous estimons qu'essayer de travailler avec les chaînes d'épiceries pour trouver des solutions est la meilleure voie à suivre, plutôt que d'imposer des choses.
Je me demande pourquoi vous pensez que rien ne peut être fait, alors que d'autres PDG ont dit que ces efforts ont mené à des mesures positives. Ils font des choses qu'ils ne faisaient pas avant. Pourquoi pensez-vous que cela ne vaut peut-être pas la peine de s'y attarder pour Metro?
:
Eh bien, ce n'est pas exactement ce que j'ai dit.
Ce que j'ai dit, c'est que nous prenons le processus au sérieux. Comme avant, il est encore très important pour nous que nos clients en aient pour leur argent. C'est notre travail. C'est la raison pour laquelle on nous paye. Lorsque nous ne le faisons pas, nous perdons des clients, ce qui est mauvais pour nous.
Nous avons pris deux engagements: faire en sorte que nos clients en ont pour leur argent et signer le code.
Nous déployons des efforts de marchandisage dans tous nos magasins, chaque semaine et chaque mois. Nous avons des programmes qui doivent interpeller nos clients. Nous avons pris beaucoup de mesures. Nous avons...
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Je suis désolée de vous interrompre, mais j'ai lu le mémoire. Je sais que vous êtes déterminé à en donner le plus possible aux clients pour leur argent. C'est ce que disent toutes les chaînes. Bien entendu, vous vous faites concurrence. C'est normal. C'est toujours ainsi pour une société à but lucratif comme la vôtre. Nous comprenons.
Cependant, la conjoncture est exceptionnelle. Il y a de l'inflation alimentaire à cause de nombreux facteurs: l'économie post-COVID, la guerre, les perturbations des chaînes d'approvisionnement et toutes sortes d'autres... Les gens souffrent vraiment. Les prix à l'épicerie ont énormément augmenté. Nous avons demandé aux épiceries quelque chose qui sort de l'ordinaire.
Vous devez tous vous livrer concurrence. Ce que vous nous avez donné, c'est la norme. Ce que nous vous avons demandé, c'est quelque chose qui sort de l'ordinaire, quelque chose qui pourrait aider vos clients et montrer aux Canadiens que les chaînes d'épiceries se préoccupent des difficultés que les gens éprouvent actuellement.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Monsieur La Flèche, merci beaucoup de vous être rendu disponible pour venir nous voir une deuxième fois.
J'aimerais poursuivre sur le même sujet. Le ministre Champagne a donné l'impression que la rencontre avec les dirigeants d'épiceries avait été bien productive.
Pouvez-vous nous dire précisément ce que vous avez fait de plus depuis cette rencontre? Par exemple, avez-vous apporté des changements dans vos pratiques après la rencontre avec le ministre?
Vous dites depuis le début que vous continuez à agir, et je comprends bien cela, mais y a-t-il des choses qui ont changé?
:
L'objectif du code est donc aussi d'accroître la transparence dans l'industrie et dans les relations entre les différents acteurs.
La dernière fois que vous avez comparu devant le Comité en compagnie d'autres dirigeants d'épiceries, quand il était question de vos marges de profit, vous avez tous dit que les chiffres ne représentaient pas votre marge de profit sur vos ventes en épicerie et que votre marge bénéficiaire nette était demeurée la même. Quand nous vous avons demandé de nous fournir une ventilation de vos profits, vous nous avez tous répondu que nous ne pouvions pas avoir ces chiffres parce que vos entreprises étaient en contexte de concurrence. Je vous ai demandé, comme aux autres, si vous alliez fournir ces chiffres au Bureau de la concurrence pour son étude, et tout le monde m'a dit oui. Vous me le direz si je me trompe, mais je suis plutôt sûr de mon coup.
Or, dans les premières pages du rapport qu'il a publié par la suite, le Bureau de la concurrence déplorait le fait qu'il n'avait pas reçu tous les chiffres.
Votre entreprise a-t-elle fourni les chiffres demandés?
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Merci, monsieur MacGregor.
Merci, monsieur le président.
Monsieur La Flèche, merci d'être avec nous aujourd'hui pour répondre à nos questions.
Il y a quelques semaines, le ministre Champagne était très fier de dire qu'il vous avait sommés de venir le rencontrer à Ottawa pour vous dire de stabiliser les prix ou de faire un effort pour aider les gens qui sont aux prises avec la hausse des prix des aliments.
Quelques semaines plus tard, vous avez donné une entrevue à TVA où vous avez avoué, de manière assez candide et franche, que cela n'avait eu aucun effet ni sur vos pratiques ni sur les prix ou les rabais. C'était aux alentours de l'Action de grâces et la dinde était en solde comme chaque année, vous l'avez bien mentionné.
Si cette rencontre avec le ministre Champagne n'a eu aucun effet et que les gens n'en ont pas profité, est-ce parce que le ministre Champagne n'est pas très convaincant ou parce qu'il n'a pas assez de pouvoirs pour vous contraindre?
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Merci, monsieur La Flèche, d'être parmi nous aujourd'hui.
Ma collègue a posé la question plus tôt, mais je veux juste en parler un peu plus en détail. Vous avez dit aux médias québécois qu'à votre rencontre avec le premier ministre ou le , les PDG des épiceries ont remis au gouvernement une liste de recommandations sur des mesures que le gouvernement libéral pourrait prendre pour essayer d'aider à réduire le coût des aliments et pour être un partenaire dans le cadre de ces efforts. Vous avez toutefois dit que le gouvernement n'a pas donné suite à ces recommandations.
Je crois que c'est ce que vous avez dit dans votre réponse à ma collègue, mais je vous prie de me corriger si je me trompe. Pouvez-vous nous dire précisément quelles sont les mesures que vous avez recommandées au gouvernement libéral pour aider à réduire le coût des aliments?
Quelle serait l'incidence, comme mon collègue vous l'a demandé tout à l'heure, de l'interdiction des plastiques? Je ne parle pas de l'augmentation des coûts. D'après ce que nous comprenons, cette interdiction ferait en sorte qu'un certain nombre de produits ne seraient plus disponibles. Les entreprises du secteur des fruits et des légumes aux États-Unis, par exemple, refuseraient de se conformer à ce nouveau règlement et n'exporteraient tout simplement plus leurs produits vers le Canada. Je pense notamment aux salades, aux poivrons et aux concombres en sac.
Avez-vous examiné cette question? Quelles seraient les conséquences de ne pas pouvoir importer des produits des États-Unis en raison de la nouvelle interdiction visant les plastiques? Je répète qu'il ne s'agit pas des plastiques à usage unique, mais bien des plastiques qui sont utilisés pour emballer les produits frais.
Monsieur La Flèche, j'aimerais poursuivre dans la même veine que mon collègue. Au cours des deux ou trois dernières années, nous avons connu des changements climatiques extrêmes et la population en général, y compris nos agriculteurs, nos producteurs et nos entreprises de fabrication, commence à en ressentir les effets de différentes façons, qu'il s'agisse de problèmes dans la chaîne d'approvisionnement, de conditions météorologiques, etc.
Si des initiatives sont mises en place pour réduire les changements climatiques et nos émissions de gaz à effet de serre, et qu'une organisation aussi importante que Metro ne les adopte pas ou n'essaie même pas de le faire, quelles seraient les répercussions sur votre entreprise?
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Merci, monsieur le président.
Monsieur La Flèche, la situation est très difficile dans certains quartiers, notamment dans La Petite‑Patrie, que je représente. L'autre jour, j'ai assisté à un souper spaghetti organisé par des gens du quartier afin de recueillir des fonds pour aider la banque alimentaire du coin. Chaque mois de cette année, 870 000 Québécoises et Québécois ont eu recours aux banques alimentaires, ce qui représente 1 personne sur 10. Il s'agit d'une augmentation de 30 % par rapport à l'année 2022. C'est épouvantable.
Aujourd'hui, vous nous dites que vos pratiques n'ont pas changé après la rencontre avec le ministre Champagne, que le code de conduite amènera de la transparence et augmentera peut-être la confiance des consommateurs, mais qu'il n'aura pas d'effet sur les prix.
Dans cette perspective, comment les gens qui ont de la misère peuvent-ils entretenir l'espoir de se nourrir convenablement?
:
Je vous dirais tout d'abord que cet écart se rétrécit. Déjà, l'inflation alimentaire est beaucoup plus près de l'inflation générale.
Il y a effectivement eu un écart. Cela dit, l'inflation est un phénomène mondial. Elle est attribuable à des facteurs mondiaux comme la guerre en Ukraine, le prix du blé, le prix des produits de base, les coûts de l'énergie, la pénurie de main-d'œuvre, et ainsi de suite. Les facteurs sont connus. Cela a créé une inflation alimentaire partout dans le monde.
Le Canada s'en tire quand même pas si mal. C'est trop cher et cela fait mal, nous le savons. Cependant, le Canada arrive quand même au deuxième rang parmi les pays du G7 ayant les plus bas niveaux d'inflation, après les États‑Unis. C'est beaucoup mieux que dans plusieurs pays d'Europe.
Nous faisons tout ce que nous pouvons pour offrir la meilleure valeur possible à nos clients, mais nos coûtants ont augmenté de façon majeure au cours des deux dernières années et nos marges de profit, quant à elles, n'ont pas augmenté. Je pense qu'il est important de le souligner. Notre chiffre d'affaires et nos profits ont effectivement augmenté en même temps que l'inflation, mais le pourcentage de nos marges de profit n'a pas augmenté.
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Merci, monsieur le président.
Monsieur La Flèche, merci beaucoup de votre présence aujourd'hui.
Ma première question a trait au bannissement de certains plastiques. Quelques-uns de mes collègues l'ont soulevé tout à l'heure. Il faut savoir que cela aura un effet considérable notamment sur les fruits et légumes que l'on importe. On a donné l'exemple concret des concombres emballés dans du plastique qui, hors saison, sont importés au Québec et en Ontario. La durée de conservation de ces légumes diminue d'au moins six jours s'ils ne sont pas emballés.
J'aimerais connaître votre opinion sur l'effet que le bannissement des emballages de plastique aura sur la durée de conservation des légumes. Si elle diminue de six jours, il y aura plus de gaspillage alimentaire. J'imagine qu'il y aura aussi une augmentation des coûts.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Monsieur La Flèche, je tiens à vous remercier d'avoir accepté de témoigner de nouveau devant le Comité. J'espère qu'ensuite on vous laissera tranquille, du moins jusqu'à la fin du présent mandat. Pour ce qui est de la prochaine législature, on en décidera peut-être autrement.
Une des raisons pour lesquelles nous nous penchons sur cette question et avons convoqué précédemment Metro et ses quatre grands compétiteurs, c'est qu'ils sont en situation d'oligopole. En principe, ces cinq grands détaillants de l'alimentation se partagent 80 % du marché.
J'aimerais que vous m'expliquiez s'il est normal que l'industrie annonce un gel de prix en novembre. Selon M. Sylvain Charlebois, les cinq grands acteurs de l'industrie annoncent toujours un gel de prix en novembre.
Le comportement de Metro a-t-il changé? Lors d'une réunion précédente, un de vos compétiteurs nous a dit que normalement il devait annoncer un gel de prix pour certains produits, mais que, cette fois-ci, le gel de prix s'appliquait à d'autres produits.
Je cherche à comprendre pourquoi les cinq grands détaillants annoncent un gel de prix au mois de novembre.
:
Je ne peux pas parler pour les autres, mais, chez Metro, nous imposons à nos fournisseurs une période d'interdiction d'augmentation des prix. Nous n'acceptons pas d'augmentation de prix de la part de nos fournisseurs entre le 1
er novembre et le 1
er février, grosso modo. Il s'agit d'une pratique de longue date chez Metro. Je ne peux pas parler pour les autres, mais je sais que d'autres compagnies le font aussi. Cela dit, je ne sais pas lesquelles le font ni à quelles dates elles le font.
C'est parce que nous avons d'autres choses à faire durant cette période que de négocier avec nos fournisseurs. Nous voulons bien servir nos clients, leur offrir de bons prix et nous assurer que nos magasins sont prêts pour le temps des Fêtes, qui est une période occupée. Comme je l'ai dit, il s'agit d'une pratique de longue date de Metro.
Pendant cette période, puisque nous refusons les augmentations de prix de la part des fournisseurs, les prix restent stables dans nos magasins, non pas pour les produits qui se trouvent le long du périmètre des magasins, comme les fruits, les légumes et la viande, qui sont des marchandises qui changent chaque semaine, mais pour ce qu'on peut qualifier de produits d'épicerie sèche. Il s'agit d'une bonne nouvelle pour nos clients, parce que le prix du panier d'épicerie est plus stable.
:
Nous reprenons la séance.
Je souhaite encore une fois la bienvenue aux membres du Comité.
Parmi le deuxième groupe de témoins que nous recevons cet après-midi, nous avons deux représentants de l'Association des producteurs maraîchers du Québec: son directeur général, M. Patrice Léger Bourgoin, ainsi que sa directrice générale adjointe, Mme Catherine Lessard. Il semble que, pour le moment, Mme Lessard éprouve quelques difficultés techniques. J'espère qu'ils pourront être résolus.
Nous recevons aussi M. Ron Lemaire, qui est président de l'Association canadienne de la distribution de fruits et légumes. M. Lemaire éprouve aussi des difficultés techniques qui, je l'espère, pourront être réglées par les techniciens.
[Traduction]
Nous avons aussi M. Jim Stanford, économiste et directeur, Centre for Future Work.
Cinq minutes seront allouées pour chaque déclaration liminaire.
M. Patrice Léger Bourgoin prendra la parole en premier.
[Français]
Avant cela, j'aimerais prendre un petit moment pour signaler la présence dans la salle du petit-fils de M. Lehoux. Il s'appelle Édouard et je pense qu'il est étudiant à l'école secondaire.
Bonjour, Édouard. C'est un plaisir de vous avoir parmi nous.
Je donne maintenant la parole à M. Patrice Léger Bourgoin pour cinq minutes.
:
Mesdames et messieurs les députés, je vous remercie de nous recevoir aujourd'hui.
Assurer une meilleure prévisibilité des prix des denrées alimentaires est considéré comme un exercice périlleux en temps normal. Or, les contextes extraordinaires que nous connaissons actuellement sur les plans géopolitique, économique et climatique, marqués entre autres par des guerres en Ukraine et en Israël, par les hausses soutenues des taux d'intérêt et par les aléas climatiques qui nuisent à la production agricole, atténuent de manière prépondérante une capacité prédictive raisonnable, et ce, dans un contexte mondial d'équilibre entre l'offre et la demande.
Cela dit, nous sommes d'avis qu'il existe des initiatives pouvant soutenir les efforts de stabilisation des prix, et je les décrirai ici.
Depuis une trentaine d'années, la consolidation a réduit de manière exponentielle les canaux de vente en gros. Le nombre de fruiteries indépendantes, de propriétaires affiliés, d'enseignes régionales et de coopératives a fondu comme neige au soleil, au Québec. Conséquemment, la consolidation de l'industrie a mené celle-ci à se réinventer en mettant en place des stratégies de relations avec les fournisseurs basées sur la facturation de frais divers et l'imposition d'amendes et de pénalités. Cette approche a eu pour effet de gonfler les revenus des chaînes de détail dans le domaine de l'alimentation. Elle a aussi eu pour effet d'accroître les frais fixes des fournisseurs de manière substantielle, et ce, bien évidemment, au détriment du consommateur. Il aurait été extrêmement difficile de procéder de la sorte si l'industrie du commerce alimentaire n'était pas devenue un oligopole au fil des ans.
Le mal étant fait, il faut appliquer des remèdes pour atténuer les effets de cette consolidation.
Mettons cependant les choses au clair: une consolidation ne signifie pas nécessairement une compétitivité. Même si un secteur d'activité est extrêmement compétitif, la consolidation a des effets sur l'ensemble du secteur d'activité. Il est très important de le mentionner.
Le code de conduite est un bon départ pour équilibrer le rapport de force entre de grandes entreprises cotées à la Bourse et des PME, qui sont familiales pour la plupart. Il ne faut pas laisser les deux chaînes dont les représentants ont comparu jeudi dernier saborder cette initiative porteuse. Les propos tenus par ces représentants sont déplorables. On ne peut souscrire à de tels postulats.
L'accès à un marché local solide pour la production de fruits et de légumes frais est fondamental pour assurer une stabilisation du prix des aliments, puisqu'il réduit le nombre d'intervenants et les frais de la chaîne d'approvisionnement.
La capacité concurrentielle des maraîchers québécois est mise à mal de manière préoccupante. L'environnement des affaires au Canada et au Québec doit être comparable à celui de nos compétiteurs, de façon à assurer une compétitivité aux entreprises locales. Or, ce n'est malheureusement pas le cas. Une étude que nous avons commandée l'an dernier et qui a été financée par le ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation du Québec dresse un constat accablant: l'environnement réglementaire nuit à la compétitivité des entreprises québécoises de production de fruits et légumes vis-à-vis des concurrents, notamment ceux des États‑Unis et du Mexique.
Une réglementation favorable à notre secteur d'activité constitue un facteur déterminant pour la capacité concurrentielle des entreprises. En effet, les produits locaux sont en concurrence directe avec les fruits et légumes importés, comme l'a indiqué il y a quelques instants M. La Flèche.
Les gouvernements provinciaux et fédéral doivent s'impliquer dans la réévaluation des approches de gestion des risques pour les maraîchers dans un contexte de changements climatiques. Toutes les parties prenantes doivent clairement comprendre leurs responsabilités en matière de gestion des risques. Les grossistes et les détaillants doivent également assumer une part croissante du risque. Les gouvernements doivent créer un environnement propice aux investissements qui renforcent la résilience à l'égard des risques ainsi que la capacité de s'adapter et de se transformer, en réponse aux chocs climatiques.
En conclusion, la stabilisation des prix dans le secteur maraîcher passe par une relation plus équitable entre les producteurs, qui sont des PME familiales, les grandes chaînes du commerce de détail et les géants de l'industrie des grossistes. Une plus grande équité entre les pays producteurs qui font de la commercialisation internationale, en considération du poids de la réglementation, devient impérative pour assurer la sécurité alimentaire du pays. Il est inacceptable que les producteurs maraîchers aient à assumer une gestion du risque disproportionnée dans le contexte actuel des changements climatiques.
Nous vous soumettons d'ores et déjà quelques observations.
À défaut de l'adhérence des cinq grandes chaînes d'alimentation au code de conduite, nous suggérons de lancer, au cours des prochaines semaines, une initiative menant à des textes législatifs qui permettraient de mieux encadrer les relations commerciales. Des avocats sont engagés dans les pourparlers sur le code de conduite depuis le début. Une fois de plus, nous pouvons aborder les questions avec les juristes, mais insistons sur le fait qu'ils sont présents depuis le début des discussions.
En deuxième lieu, nous proposons de mettre en œuvre la recommandation du rapport de votre comité sur l'abordabilité de l'épicerie qui consiste à assurer le respect de la réciprocité des normes sur les produits importés. À cet égard, M. La Flèche disait qu'il était à la recherche du meilleur prix possible, où qu'il soit sur la planète. Pour notre part, nous disons que le gouvernement canadien a aussi la responsabilité d'assurer la sécurité alimentaire des consommateurs en s'assurant que les normes canadiennes sont respectées, qu'il s'agisse d'un produit local ou d'un produit d'importation.
Nous visons également le lancement d'un programme d'incitation et de soutien à l'innovation technologique et à la mécanisation, comme le prévoyait une des recommandations de ce rapport.
Enfin, nous recommandons de revoir, en partenariat avec l'industrie et le gouvernement du Québec, les programmes de gestion des risques agricoles.
Comme d'autres témoins l'ont mentionné, les coûts ont exercé une pression énorme sur la chaîne d'approvisionnement et sur les consommateurs. Malgré les améliorations observées dans le marché de l'industrie des produits, certaines parties du système au pays subissent encore l'influence des marchés mondiaux et des centres de coûts élevés. Comme nous l'avons vu la semaine dernière, la 14e édition du Rapport sur les prix alimentaires au Canada publié par quelques grandes universités canadiennes prévoit une augmentation du prix des légumes et de divers autres aliments en 2024.
Il faut comprendre de prime abord que le système alimentaire est complexe. Aucune solution simple ne peut faire diminuer les prix. La hausse constante des coûts de main-d'œuvre dans toute la chaîne d'approvisionnement, le niveau élevé des coûts des intrants de production, des taux d'intérêt et des emprunts ainsi que le fardeau réglementaire sont tous des facteurs qui influent sur les activités commerciales. N'oublions pas non plus l'enjeu permanent des changements climatiques. Il est capital de reconnaître les coûts occasionnés par les ajustements apportés aux chaînes d'approvisionnement en raison des changements climatiques.
Comme certains membres du Comité le savent, je préside une coalition mondiale des distributeurs de fruits et de légumes frais qui se penche sur les problèmes touchant la chaîne d'approvisionnement. Plus tôt cette année, nous avons mené une enquête sur les répercussions mondiales liées aux coûts dans leur secteur. Les chiffres s'améliorent, mais ils ne sont que la partie visible des causes complexes des prix plus élevés des fruits et des légumes au Canada. Voici les hausses observées dans différents aspects du système alimentaire au Canada: 13 % pour l'emballage; 18 % pour la main-d'œuvre; 16 % pour le matériel végétal; 21 % pour les intrants agricoles; 24 % en moyenne pour l'énergie; 20 % pour la machinerie et l'équipement. La vente au détail ne faisait pas partie de l'enquête, mais selon les conversations que nous avons eues avec les détaillants au Canada, ces derniers remarquent eux aussi une hausse des coûts liés aux opérations.
Nous assistons au lent recul de l'inflation alimentaire, mais les consommateurs et les détaillants en ressentent encore les impacts. Ce que nous craignons à présent, c'est une baisse de la consommation de fruits et de légumes. Au quatrième trimestre de 2023, la consommation quotidienne des Canadiens a diminué d'une portion. Si la tendance se maintient, il faudra s'attendre, selon les données, à une augmentation annuelle des coûts d'environ 1 milliard de dollars dans le système de santé.
Les données révèlent que les prix des produits frais évoluent à contre-courant de l'indice des prix à la consommation, ou IPC, et qu'ils ne suivent pas nécessairement l'inflation. La diminution de l'IPC en octobre laissait présager une augmentation de la consommation qui ne s'est pas avérée. Les consommateurs continuent à réduire leur consommation, ce qui est préoccupant. Lors d'une réunion antérieure du Comité, M. MacGregor, si ma mémoire est bonne, a fait état des projections sur l'augmentation des coûts des aliments en 2024. Les conséquences de cette augmentation sont extrêmement inquiétantes.
Le gouvernement du Canada doit considérer les aliments comme des produits essentiels et établir des politiques en conséquence. Le fardeau réglementaire et les politiques proposées sur l'emballage et sur les coûts du chauffage sont des exemples de mesures causant la hausse des coûts du fait qu'elles sont bancales et que leur élaboration n'a pas tenu compte des effets imprévus.
Avant de conclure, j'aimerais faire une parenthèse sur le Code de conduite des épiciers. Nous avons entendu une grande variété de témoignages. À titre de membre du comité directeur, et à présent, de membre du conseil provisoire du code de conduite, je peux attester que tout le monde travaille avec acharnement pour réduire et stabiliser les prix des aliments. Le processus de rédaction du code a amené les principaux joueurs de l'industrie à échanger comme jamais auparavant, ce qui est prometteur pour la suite des choses. Nous ne sommes peut-être pas encore parvenus à la solution parfaite, mais nous avons réalisé de grandes avancées par rapport à la situation en 2020. Les associations commerciales continuent de travailler à des solutions pour tous. Certes, l'absence de certains grands détaillants aux discussions soulève des préoccupations, mais nous poursuivons les négociations. Je vais dire à tout le monde que des négociations sont en cours et qu'elles se poursuivront.
En terminant, la mise en place de solutions pour contrer l'inflation alimentaire nécessite une approche qui tient compte de l'ensemble des systèmes alimentaires. Le remède miracle n'existe pas. Le Canada est vaste. Il compte des communautés urbaines, rurales et éloignées. Pour la suite des choses, il faut prendre en compte ces éléments et anticiper les conséquences inattendues qui pourraient se produire si les politiques sont bancales.
Merci de m'avoir invité à témoigner. Je vais répondre avec plaisir à vos questions.
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Merci beaucoup, monsieur le président, mesdames et messieurs.
L'inflation du prix des aliments a ralenti au cours des derniers mois. Cette tendance a de quoi réjouir, mais les prix demeurent tout de même plus élevés que l'inflation générale. Ceux‑ci ont en effet augmenté de 5,6 % au cours de la période de 12 mois se terminant en octobre comparativement à l'inflation générale de 3,1 %.
À mon sens, la hausse des profits à l'étape de la vente au détail de la chaîne d'approvisionnement alimentaire a contribué de façon mesurable et soutenue à la persistance des prix élevés des aliments. Les supermarchés n'ont pas déclenché l'inflation dans la foulée de la pandémie de COVID; ils l'ont plutôt aggravée.
Le mémoire que j'ai préparé — qui a été remis au Comité, je crois — renferme des données actualisées sur les prix et les profits enregistrés dans le secteur de la vente au détail de produits alimentaires au Canada. Laissez-moi vous présenter un résumé des principales conclusions contenues dans le document.
À la lumière des profits réalisés au cours des 9 premiers mois de cette année, nous pouvons nous attendre à ce que le revenu net du secteur de la vente au détail des aliments dépasse les 6 milliards de dollars en 2023. Cette hausse de 8 % par rapport à 2022 établit un nouveau record historique.
Les profits des détaillants en alimentation ont plus que doublé par rapport à la période précédant la pandémie de COVID.
De simples calculs suffisent à démonter les arguments des dirigeants principaux des supermarchés qui prétendent que la hausse des prix s'expliquerait par le transfert aux consommateurs du coût accru des intrants. Il est impossible pour un secteur de doubler ses profits seulement en refilant la hausse de ses dépenses aux consommateurs.
Mesurée par rapport au revenu total, la marge de revenu net des détaillants en alimentation reste élevée elle aussi. La marge de profit de l'ensemble du secteur se chiffrait à 3,3 % du revenu total au cours des 9 premiers mois de 2023. Elle était donc deux fois plus grande qu'en 2019. La marge de profit est un concept qui n'est pas très bien compris à en juger par les discussions sur le prix des aliments qui se tiennent dans la place publique.
Les dirigeants principaux des supermarchés décrivent souvent la vente au détail d'aliments comme une activité à faible marge. Ils s'appuient sur le fait que les profits nets représentent un petit pourcentage du revenu total. Cela ne signifie pas pour autant que le secteur n'est pas très lucratif. La marge concorde avec la structure des revenus et des dépenses de n'importe quelle entreprise.
En règle générale, les détaillants en alimentation ne transforment ni ne fabriquent les produits qu'ils vendent. Ils se les procurent auprès de fournisseurs, leur ajoutent une marge et les vendent aux consommateurs. Les dépenses d'entreprise se limitent aux fonctions liées directement aux magasins exploités par les détaillants. Par conséquent, il n'est pas étonnant que les marges de profit semblent faibles comparativement aux coûts totaux, qui comprennent le coût des produits déjà fabriqués.
À l'opposé, les marges de profit des industries adhérant à un modèle d'intégration verticale, plus complexe, qui regroupe des fonctions telles que la conception et la fabrication de produits, tendent à être plus élevées proportionnellement aux ventes.
Lorsqu'elles investissent des capitaux, les entreprises évaluent les occasions d'investissement, non pas en fonction des industries qui offrent les marges de vente les plus importantes, mais plutôt en fonction du rendement le plus élevé du capital investi. Étant donné que les épiceries ne sont pas des entreprises centrées sur les capitaux ou les technologies, les profits réalisés par rapport au capital investi peuvent être assez substantiels.
Par exemple, dans ses états financiers des trois premiers trimestres de 2023, la George Weston Limited a déclaré un revenu net d'environ 2,7 milliards de dollars sur 9 mois, ce qui représente une hausse de 12 % par rapport à la même période l'an dernier. Même si elle semble faible par rapport aux revenus totaux, cette proportion est importante par rapport au capital investi dans l'entreprise, qui se chiffrait à 13,7 milliards de dollars à la fin de la même période. Le rendement des capitaux propres annualisé pour les 9 premiers mois de 2023 s'élèverait ainsi à 26,4 %, ce qui constitue un taux de profit très élevé, peu importe la définition retenue. En bref, ceux qui disent que les supermarchés sont des entreprises à faibles marges de profit ne donnent pas l'heure juste.
Les profits record qui continuent d'être observés dans le secteur de la vente au détail d'aliments contrastent avec les tendances enregistrées dans d'autres pans de l'économie. Les profits globaux, qui avaient connu une hausse après la pandémie, se sont atténués par la suite pour finalement enregistrer un déclin en 2023. Chose intéressante, le secteur de la transformation des aliments avait lui aussi engrangé après la pandémie des profits considérables qui ont quelque peu diminué par la suite.
Finalement, j'aimerais parler de cette théorie véhiculée par certains observateurs selon laquelle les prix élevés des aliments seraient causés par le système de tarification du carbone fédéral-provincial au Canada.
Il n'existe pas de corrélation dans les données historiques ni de comparaisons internationales qui établiraient un lien entre la tarification du carbone et l'inflation alimentaire. Au Canada, l'inflation du prix des aliments affiche un taux élevé pendant les années de faible augmentation de la tarification nationale du carbone, qui s'échelonne depuis 2018. D'un point de vue statistique, il existe donc une corrélation négative entre les changements apportés à la tarification du carbone et l'inflation alimentaire. Depuis la pandémie, les prix des aliments ont connu une augmentation cumulative plus rapide aux États‑Unis qu'au Canada, même si les États-Unis n'ont pas de système de tarification du carbone.
Je vais m'arrêter ici. Merci encore. Je vais répondre avec plaisir à vos questions.
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Cette perspective est très préoccupante. Je vous remercie de soulever la question en comité.
Dans le secteur de l'emballage, 90 % des opérations se font avant que les consommateurs ne voient les produits. S'il est adopté, l'avis va éliminer toutes les laitues en sachet et fera disparaître la valeur ajoutée. Tous les produits vendus dans un emballage à double coque tels que les bleuets frais et les fraises fraîches, de même que tous les produits provenant de Californie — ou du Mexique hors saison — disparaîtraient du marché parce qu'ils ne pourraient plus résister au transport. Nous n'aurions plus de bananes au Canada, car ces fruits sont transportés dans des sacs en plastique pour contrôler le mûrissement et éviter les dommages.
Une bonne partie des produits seraient retirés du marché, et une augmentation de plus de 20 % des coûts serait imposée aux autres. Toute la dynamique changerait. Même les produits locaux cultivés dans des champs au Québec et expédiés aux détaillants locaux verraient leur durée de conservation réduite.
Le gaspillage augmenterait de 50 %. Les émissions de gaz à effet de serre augmenteraient de 22 millions...
Les effets sur l'industrie et sur les consommateurs seraient catastrophiques.
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Merci, monsieur le président.
Monsieur Lemaire, j'aimerais poursuivre dans la même veine.
Avez-vous des chiffres à fournir au Comité sur les investissements dans le secteur des cultures de serre au Canada et aux États-Unis, par exemple, où le marché serait comparable au nôtre?
Bon nombre des problèmes que vous avez soulevés touchent également les États-Unis, comme l'accès à la main-d'œuvre. En discutant avec nos homologues américains, on apprend qu'eux aussi ont recours à des programmes pour les travailleurs et qu'ils font aussi face à une pénurie de main-d'œuvre. La situation est la même en Europe.
J'essaie de comprendre...
M. Ron Lemaire: C'est une combinaison de facteurs.
M. Francis Drouin: Oui, c'est une combinaison de facteurs.
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Il s'agit bel et bien d'un oligopole, une situation dans laquelle le monopole du marché n'est pas détenu par une seule entreprise, mais par quelques-unes. Selon moi, c'est incontestable.
Le contexte est‑il concurrentiel? En fait, il y a indéniablement de la concurrence au sein des oligopoles, mais cette concurrence prend des formes particulières et limitées qui ne cadrent pas nécessairement avec les hypothèses qu'on trouve dans les manuels d'économie.
Il n'y a pas de démarcation nette entre un contexte concurrentiel et un contexte non concurrentiel. De certaines façons, les entreprises sont en concurrence, mais d'autres façons, elles ne le sont manifestement pas.
Selon moi, la forte concentration de l'industrie explique en partie pourquoi ses profits sont demeurés élevés après la pandémie, tandis que les profits d'autres secteurs au Canada sont revenus aux normes d'avant la pandémie.
Ailleurs, l'atténuation de certains facteurs alimentant l'inflation — comme les pénuries dans la chaîne d'approvisionnement et même les prix de l'énergie — a entraîné un ralentissement de l'inflation et une réduction des profits. Or dans le secteur de la vente au détail de produits alimentaires, exceptionnellement, les profits continuent d'augmenter.
Nous avons négocié pendant plus de deux ans pour arriver à un code de conduite qui puisse faire l'affaire des détaillants et des fournisseurs. Il est tout à fait inacceptable que deux détaillants expriment leur désaccord à la toute dernière minute. Si ces deux détaillants demandent des changements à la formulation du code de conduite, les fournisseurs doivent avoir le même privilège.
Les négociations ont été ardues, par moment. Elles ont demandé énormément de bonne volonté et de bonne foi de la part de l'ensemble des parties avant qu'elles puissent en arriver à trouver des compromis acceptables pour tous. Revoir des dispositions ou des pans entiers du code de conduite alors qu'il est minuit moins une, c'est inacceptable, selon moi. S'il y a quelques changements superficiels, nous verrons bien, mais nous n'allons certainement pas recommencer un nouveau cycle de négociations.
Oui, nous aimerions que certains ajustements soient apportés aux programmes de gestion des risques pour permettre aux entreprises d'avoir une vision d'avenir. Il faut que ces dernières soient en mesure de faire face aux changements climatiques et aux variations des prix qui pourraient arriver au cours des prochaines années.
Au fédéral, il y a le programme Agri-stabilité. Sans entrer dans les détails techniques, je dirai simplement que ce programme est basé sur des variations de la marge sur une durée de cinq ans. Bien sûr, les changements climatiques engendreront plus de variations et, dans ce contexte, plus d'une année sur cinq sera mauvaise. C'est donc, pour nous, un changement majeur qu'il faudrait apporter au programme Agri-stabilité. Il faudrait qu'il prenne en compte les changements climatiques.
C'est la même chose pour tous les programmes d'assurance récolte administrés par les provinces. Il faudrait également avoir une couverture étendue de manière à faire face aux changements climatiques, et possiblement avoir une assurance catastrophe pour les cas extrêmes.
Ces recommandations de l'Association des producteurs maraîchers du Québec visent à maintenir l'activité maraîchère dans l'avenir. Une activité maraîchère stable implique nécessairement des prix stables.
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Force est de constater que les changements climatiques vont apporter de nouvelles pratiques agricoles. Il faut travailler avec les différentes parties prenantes, comme les scientifiques et les différentes entreprises qui vendent des intrants, pour adapter nos pratiques agricoles aux changements climatiques.
Ce besoin d'adaptation, que ce soit en matière d'irrigation ou en matière de drainage, par exemple, nous amène à reconsidérer des façons de faire qui ont eu cours pendant des décennies. Il faut avoir la capacité financière de faire face à ces défis sur le plan de l'innovation. Toutefois, une PME ne peut pas y faire face toute seule.
Il est utile de vous rappeler, monsieur le député, qu'une ferme moyenne au Québec doit investir 500 000 $ en début de saison avant même de faire un seul dollar en revenu. Je ne vous parle pas de profit, mais de revenu. Pour des PME agricoles, ce défi titanesque est de moins en moins possible à relever.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je remercie tous les témoins de collaborer à l'étude du Comité.
Monsieur Stanford, je vais m'adresser à vous en premier. À ce jour, quatre PDG ont comparu à nouveau devant le Comité. Quand nous avons reçu M. Weston — et les autres aussi —, la raison pour laquelle de nombreux Canadiens ne font pas confiance au secteur de la vente au détail de produits alimentaires m'est apparue clairement: les familles d'un océan à l'autre peinent à joindre les deux bouts, tandis que ces entreprises continuent à bien se porter.
La raison pour laquelle ce dossier provoque des réactions si émotives, c'est que ces entreprises ne vendent pas n'importe quel produit: elles vendent des produits de première nécessité. À cet égard, nous sommes tous égaux: nous avons tous besoin de manger pour vivre. C'est aussi vrai pour les médicaments. Je sais que le salaire de M. Weston est environ 431 fois plus élevé que le salaire de la moyenne des employés. Pas un des PDG n'a pu dire au Comité combien de ses employés doivent avoir recours aux banques alimentaires pour subvenir à leurs besoins, même s'ils travaillent à temps plein.
Vous illustrez très bien, aux pages 2 et 3 de votre mémoire, que même si les entreprises affirment que leurs marges de profit sont faibles — une fausse affirmation, selon moi —, cela ne signifie pas que ce n'est pas un secteur rentable. En termes simples, il arrive que la marge demeure relativement faible ou inchangée pendant plusieurs années; toutefois, dans le secteur de la vente au détail de produits alimentaires, elle a doublé. Vous l'avez démontré. Par ailleurs, si le revenu brut augmente, la marge se traduit tout de même par des profits considérables. Vous l'avez démontré en comparant les résultats trimestriels d'une année à l'autre. Avez-vous quelque chose à ajouter aux observations que vous avez présentées à ce sujet durant votre déclaration préliminaire?
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Merci, monsieur MacGregor.
Je pense que l'on comprend mal le concept de la marge de profit ou qu'il est délibérément mal interprété pour donner l'apparence que l'industrie ne profite pas de l'inflation du prix des aliments. Les supermarchés affirment que sur un panier d'épicerie de 100 $, ils n'engrangent que 3 à 4 $ de profits. Aujourd'hui, un panier d'épicerie coûte plutôt 200 $ que 100 $, ce qui voudrait dire que les supermarchés dégageraient des profits de seulement 6 à 8 $. La différence peut paraître anodine, mais elle ne l'est pas.
Tout d'abord, je le répète, la vente au détail de produits alimentaires n'est pas un secteur à forte intensité capitalistique; autrement dit, la quantité de capital investi dans ce secteur est faible. Ce sont les obstacles aux nouveaux venus, y compris la position dominante des entreprises qui sont déjà sur le marché et qui ont consolidé leur pouvoir au moyen des fusionnements et des acquisitions qui ont eu lieu au cours de la dernière génération, comme le montre très bien le rapport du Bureau de la concurrence. C'est ce qui assure la pérennité de l'oligopole. C'est aussi ce qui a permis aux entreprises d'exploiter l'incertitude et les perturbations associées à la pandémie et d'augmenter leurs marges.
Premièrement, c'est faux que les marges n'ont pas augmenté. Deuxièmement, même si elles semblent faibles, elles représentent des profits importants relativement au capital investi.
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Merci, monsieur Stanford.
Je vais poser deux questions l'une après l'autre, pour gagner du temps.
Dans votre mémoire et votre déclaration préliminaire, vous soulignez que l'effet inflationniste de la taxe sur le carbone n'est rien comparativement à l'effet des profits engrangés par le secteur pétrolier et gazier. Dans des mémoires précédents, vous avez montré qu'au cours des 3 dernières années, les profits nets du secteur pétrolier et gazier ont augmenté de plus de 1 000 %.
Est‑ce possible de déterminer quelle a été l'incidence des énormes profits du secteur pétrolier et gazier sur le prix des aliments? Je pense qu'il faut regarder un peu en amont.
Par ailleurs, j'ai remarqué que vous avez noté dans votre mémoire que même les dirigeants du secteur de la vente au détail de produits alimentaires rachètent des actions et versent des dividendes. Un de mes amis et concitoyens de la circonscription de Cowichan—Malahat—Langford a examiné les données financières du secteur pétrolier et gazier. Il a remarqué que ce secteur avait adopté une stratégie axée sur une discipline d'investissement, une croissance nulle et un taux de rendement élevé pour les actionnaires. Ce secteur aussi se sert de ses énormes profits non pour réinvestir dans l'industrie ou pour défrayer la population canadienne, mais pour payer ses actionnaires. Ce sont les principaux bénéficiaires.
Y a‑t‑il des corrélations entre le secteur pétrolier et gazier et le secteur de la vente au détail de produits alimentaires?
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Vous avez raison, monsieur.
En préambule à votre première question, vous avez parlé des produits de première nécessité. Vous avez dit que c'était une des raisons pour lesquelles le prix des aliments provoquait des réactions aussi émotives chez la population canadienne. Or les aliments ne sont pas les seuls produits de première nécessité; nous avons tous besoin aussi de logement, d'énergie et d'autres biens qu'il faut acheter. De nombreuses entreprises ont pu exploiter les perturbations provoquées par la pandémie pour augmenter leurs profits. On pourrait dire que c'est la loi du marché: les fournisseurs fixent les prix en fonction de ce que le marché est prêt à payer. À mon avis, il y a des motifs et éthiques et économiques d'empêcher les entreprises qui dominent le marché d'augmenter les prix dans des périodes de bouleversements économiques et sociaux.
Jusqu'au milieu de 2022, le prix de l'énergie était la cause principale de l'inflation au Canada. Comparativement aux profits engrangés par les entreprises de ce secteur, les profits des supermarchés semblaient insignifiants. En effet, les profits du secteur de l'énergie étaient colossaux. Ils ont baissé depuis, notamment en raison de la normalisation de l'approvisionnement. En revanche, les profits du secteur de la vente au détail de produits alimentaires sont demeurés très élevés.
Cela dit, les deux secteurs ont généré d'énormes profits et ils ont fortement contribué à l'inflation au Canada, ainsi qu'aux séquelles macroéconomiques de l'inflation, y compris les taux d'intérêt élevés que nous connaissons aujourd'hui. Ils ont tellement d'argent qu'ils ne savent pas quoi en faire. C'est la raison pour laquelle de plus en plus d'entreprises des secteurs de l'énergie, de la vente au détail de produits alimentaires et d'autres rachètent des actions, en affirmant qu'elles vont trouver des moyens de rembourser les investisseurs.
Comme vous le savez, le gouvernement fédéral a instauré une modeste taxe sur les rachats d'actions. Je pense que c'est une bonne idée et qu'il faudrait l'élargir. Il faudrait aussi prendre d'autres mesures pour absorber la mousse que sont les profits records engrangés par les secteurs de la vente au détail de produits alimentaires, de l'énergie et d'autres.
Je remercie les témoins d'être des nôtres cet après-midi.
Monsieur Léger Bourgoin, vous avez mentionné beaucoup de choses d'entrée de jeu.
Par exemple, vous avez parlé de relations équitables entre les parties, les détaillants et les producteurs, bref entre tous les intermédiaires.
Par ailleurs, vous avez parlé de l'importance de la réciprocité des normes lorsqu'on importe des produits, dans un contexte où les entreprises maraîchères au Québec sont plutôt de dimension familiale.
Jugez-vous qu'actuellement, on fait correctement le travail en matière de réciprocité des normes pour l'entrée au Canada de certains produits? À l'avenir, l'importation de divers produits pourrait devenir beaucoup plus importante. Selon vous, quelles sont les répercussions en ce qui concerne la réciprocité des normes? Fait-on le travail correctement?
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Cela aura assurément des répercussions sur les entreprises, parce qu'il faudra mettre en place des nouvelles façons de fonctionner dans la chaîne logistique.
Cela dit, le grand défi, c'est toute la question de la péremption des produits. Comme vous le savez, plusieurs produits maraîchers sont extrêmement fragiles. L'Ontario et le Québec représentent grosso modo 80 % de la production maraîchère du Canada. Il faut parfois envoyer des produits de l'Ontario et du Québec aussi loin qu'à Vancouver. Il faut s'assurer que les produits seront en mesure de subir le transport et que le consommateur aura accès à un produit de fraîcheur équivalente, même après le transport.
Si l'on commence à avoir des problèmes de fraîcheur, de qualité et d'innocuité des produits, on n'aura que déplacé le problème et encouragé le gaspillage alimentaire. Je pense que la dernière chose que l'on veut, en cette période d'inflation, c'est encourager le gaspillage alimentaire.
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Merci, monsieur le président.
Je tiens à remercier tout le monde d'être ici également. C'est une discussion importante.
Mes questions s'adressent à vous, monsieur Stanford. Vous avez dit que selon les dernières données financières de l'industrie sur la vente d'aliments au détail, les profits ont doublé depuis que les normes ont changé avec la pandémie et qu'ils continuent d'augmenter. Vous avez également mentionné que ces détaillants n'ont pas nécessairement à faire d'importants investissements en capital. Ils ne cultivent, ne transforment ni ne fabriquent les produits qu'ils vendent. Vous avez dit qu'ils achètent des produits de fournisseurs, qu'ils y ajoutent leur marge bénéficiaire puis qu'ils les vendent aux consommateurs.
Quelles sont les principales raisons de cette augmentation? À votre avis, pourquoi les marges bénéficiaires ne sont-elles pas revenues aux niveaux prépandémiques? Est‑ce que la concentration de l'industrie ou l'inélasticité de la demande contribuent au maintien de profits élevés dans le secteur alimentaire?
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C'est une très bonne question, monsieur. Merci de la poser.
Je ne prétends pas avoir la réponse absolue. Je pense que cela nécessiterait une étude approfondie, et je sais que votre comité et le Bureau de la concurrence s'y attèlent. Votre tâche serait plus facile si vous aviez accès à davantage de données transparentes des détaillants eux-mêmes.
Je ne voudrais pas sous-estimer la complexité de l'exploitation d'un commerce de détail moderne et efficace. Cela prend sûrement beaucoup de planification, de technologie, de logistique et d'esprit d'entreprise, mais les investissements en capital nécessaires sont modestes par rapport à la somme des revenus. C'est ce qui permet à ces entreprises d'obtenir un si haut rendement des capitaux propres et de générer de si bons rendements pour leurs investisseurs, en rendement total et en gains en capital. Le prix de l'action de la plupart de ces entreprises a augmenté de façon spectaculaire depuis la pandémie, puis la distribution de valeur réelle, sous forme de dividendes ordinaires ou de rachats d'actions...
Il est très important de se demander comment elles ont pu maintenir de tels profits records alors que d'autres secteurs de l'économie canadienne sont revenus à la normale au cours de la dernière année. Je suis certain que la concentration de l'industrie y est pour quelque chose. Je suis certain que le désespoir des consommateurs à mettre de la nourriture sur la table — comme on l'a dit plus tôt, c'est une nécessité de la vie — crée une inélasticité à la demande.
Je pense qu'il faudrait examiner la question plus en profondeur pour vraiment cerner les raisons précises pour lesquelles cette industrie, de façon tout à fait unique, arrive à maintenir les profits records attribuables à la pandémie, malgré la hausse des prix des aliments et la quantité moindre d'aliments que les Canadiens achètent.
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Les prix de l'énergie en tant que tels auraient une incidence beaucoup plus grande sur les prix des aliments que la tarification du carbone elle-même. En fait, l'augmentation des prix facturés par les producteurs d'énergie, même au Canada, pour l'énergie canadienne facturée aux consommateurs canadiens — ce qui n'a rien à voir directement avec ce qui se passe au Moyen-Orient — aurait une incidence sur le prix des aliments de 30 à 40 fois plus importante que l'incidence directe de la tarification du carbone.
L'autre élément qu'il ne faut pas oublier, c'est que même ces 30 ¢ sur un panier d'épicerie d'environ 100 $ ne représentent qu'un côté de la médaille. Cela repose uniquement sur le suivi de la tarification du carbone tout au long de la chaîne d'approvisionnement et de son effet sur les différents facteurs influençant le coût final du panier d'épicerie du consommateur, mais le but de la tarification du carbone est d'induire des changements de comportement, de favoriser les formes d'énergie renouvelables et de nous faire économiser de l'énergie, deux éléments qui feront diminuer les prix au bout du compte.
Il y a quelques études internationales sur les effets économiques globaux de la tarification du carbone sur les prix dans leur ensemble et non seulement sur ceux des produits associés à une consommation élevée de combustibles fossiles, et ces études portent à conclure qu'elle n'a pas d'effet net sur l'indice global des prix à la consommation, qu'elle pourrait même avoir un léger effet déflationniste, en raison des avantages des grands investissements dans les énergies renouvelables sur les coûts énergétiques et l'approvisionnement en énergie.
En fait, je pense que le chiffre que vous avancez est probablement trop pessimiste et qu'en valeur nette, l'incidence sur le prix des aliments serait nulle, voire négative, en fait.
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Merci, monsieur le président.
J'aimerais adresser ma dernière question à M. Lemaire.
Monsieur Lemaire, je suis heureux d'avoir pu participer à la table ronde de l'Association canadienne de la distribution de fruits et légumes avec les députés, en compagnie de quelques-uns de mes collègues ici présents, lorsque vous êtes venu à Ottawa. Je comprends à quel point la question des plastiques est délicate pour l'industrie. Nous l'avons très bien entendu. Je me souviens d'avoir dit que dans la circonscription que je représente, qui est située dans un environnement côtier, nous sommes très sensibles à la question de la pollution causée par le plastique en raison des microplastiques, de la bioaccumulation et du reste. Je pense donc que l'intention est noble, ici, mais vous avez très bien décrit les préoccupations de l'industrie.
Cela dit, je me souviens d'être allé à Montréal l'année dernière. Je crois que c'était en avril. Vous étiez au Centre des congrès de Montréal. Toutes sortes d'entreprises que vous représentez y étaient, pour présenter non seulement des technologies de pointe, mais aussi des innovations dans le domaine de l'emballage.
Je pense que la grande préoccupation, c'est que beaucoup de Canadiens à qui je parle se demandent comment nous pouvons éviter que les plastiques se retrouvent parmi les déchets et comment nous pourrions favoriser un peu plus le recyclage et la réutilisation. Je pense que ce serait probablement le bon moment pour vous de décrire certaines des mesures importantes que vos membres prennent déjà à cet égard. J'ai vu de très belles démonstrations. Ces produits ne sont peut-être pas encore prêts à être commercialisés, mais cela montre qu'il y a des entreprises qui font beaucoup d'efforts à cet égard.
Vous pourriez peut-être prendre la prochaine minute pour nous en parler un peu.
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Merci, monsieur MacGregor. Vous frappez en plein dans le mille. L'industrie est progressiste. Nous avons commencé avant même 2018 à essayer de susciter des changements pour créer des emballages durables. Mais c'est beaucoup plus complexe que ce que le cadre stratégique contenu dans le P2 propose.
En ce moment, nous cherchons surtout à augmenter la part de matières recyclées dans nos plastiques. C'est pourquoi nous devons améliorer notre système de recyclage à l'échelle du pays, afin de recueillir et de recycler plus efficacement nos matières plastiques. Nous visons une réduction de 17 % du poids de l'emballage par rapport au poids des aliments. Nous cherchons à bien appliquer les règles d'or de conception partout au pays pour trouver des solutions efficaces et durables. Nous travaillons avec Agriculture Canada pour lancer une plateforme en ligne afin de fournir à l'industrie alimentaire des directives sur la façon de créer des emballages durables. Nous étudions l'option des emballages allégés, qui contiennent 30 % moins de matières plastiques, pour accroître l'efficacité et la durabilité sur le marché.
Ce ne sont là que quelques-unes des pistes à explorer pour créer une économie circulaire. L'industrie est très visionnaire. Le problème, c'est que l'élimination totale des plastiques serait trop contraignante pour qui que ce soit, non seulement au Canada, mais dans le monde.
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Merci beaucoup, messieurs Lemaire et MacGregor.
Chers collègues, cela nous amène à la fin de la deuxième heure.
J'aimerais dire quelques mots.
Tout d'abord, bien sûr, en votre nom, je remercie tous les témoins d'avoir pris le temps de se joindre à nous ce soir pour contribuer à cette étude. Je vous souhaite un joyeux Noël, de joyeuses Fêtes et une bonne année. Nous nous reverrons en 2024.
Sur ce, chers collègues, nous avions prévu une séance d'une heure jeudi matin. Cependant, nous ne savons pas trop quand la Chambre ajournera ses travaux. Par respect pour nos témoins, au cas où nous cesserions nos travaux mercredi, je vais vous libérer jeudi matin. Nous reprendrons nos délibérations au début de la nouvelle année.
Sur ce, si je ne vous vois pas à la Chambre, je veux souhaiter à tous un joyeux Noël et de joyeuses Fêtes. J'espère que vous passerez de bons moments avec votre famille et vos électeurs après cette semaine chargée.
Merci à nos interprètes et à tout notre personnel également. Joyeux Noël et joyeuses Fêtes à vous.
La séance est levée.