:
Il va sans dire que le président s'est établi comme l'un des députés les mieux respectés, grâce, entre autres, au leadership exceptionnel dont il a fait preuve au sein du comité des finances et, auparavant, du comité de l'industrie de la Chambre des communes.
Permettez-moi de remercier le président et vous tous des consultations prébudgétaires que vous allez entreprendre dans les prochaines semaines. Combinées à mes consultations en tant que ministre des Finances, les consultations prébudgétaires du comité des finances permettent de veiller à ce que les Canadiens aient l'occasion de se faire entendre. Les recommandations qui découlent des audiences du comité sont toujours une source d'information et d'influence pour le document final qui constitue le budget.
[Français]
Je me réjouis en particulier du fait que le comité ait choisi l'importance du retour à l'équilibre budgétaire comme thème des audiences de cette année et qu'il encourage les participants à suggérer des économies possibles.
[Traduction]
J'inciterais aussi fortement le comité à presser les entreprises canadiennes cet automne de prendre de l'expansion et d'investir au Canada. Comme je l'ai dit auparavant, afin d'assurer la croissance de notre économie et la création d'emplois à l'appui d'une reprise économique durable et à long terme au Canada, nous avons besoin de gros investissements du secteur privé dans des machines et de l'équipement qui accroîtront la productivité, et au chapitre de l'embauche, notamment.
Aujourd'hui, je vais aborder trois enjeux clés: premièrement, l'environnement mondial précaire actuel; deuxièmement, les forces économiques et budgétaires du Canada; et, troisièmement, l'avenir.
[Français]
Comme nous le soulignons à répétition depuis quelque temps, alors que la reprise de l'économie mondiale est fragile, nous entreprenons une période où la croissance sera modeste, surtout aux États-Unis et en Europe.
[Traduction]
Tout d'abord, il importe de mettre les choses en contexte, et ce contexte, c'est que, en fait, l'économie mondiale est essentiellement en croissance, même si celle-ci est lente.
La situation a été compliquée récemment par des questions liées à la détermination politique, dans certains pays, de régler les problèmes structurels à l'origine de la faible croissance et de situations budgétaires non viables. Cela fait ressortir une grande différence entre aujourd'hui et l'automne de 2008. À cette époque, nous avons assisté à une crise du crédit international essentiellement déclenchée par une perte de confiance à l'égard des institutions financières internationales; la situation actuelle est essentiellement un problème de confiance à l'égard des efforts des gouvernements pour mettre en oeuvre des solutions crédibles à moyen terme en vue de réduire leur déficit.
Plus tôt cette semaine, j'ai rédigé, en collaboration avec mes homologues du Royaume-Uni, de l'Australie, de l'Afrique du Sud et de Singapour, une page en regard de l'éditorial parue dans le Financial Times, le Globe and Mail et d'autres périodiques des quatre coins du monde. L'article lançait un appel à une nouvelle intervention mondiale en faveur d'une reprise durable fondée sur un assainissement des finances publiques crédible dans des pays accusant de gros déficits, ainsi qu'à un rééquilibre de la demande mondiale en faveur de la croissance. Comme nous l'avons noté, mes collègues et moi-même, nous devons être résolus à nous attaquer à ces problèmes internationaux et nous engager maintenant à l'égard de réformes fondamentales à moyen terme. Je lance de nouveau cet appel ici aujourd'hui.
[Français]
Il paraît évident que, pour régler ce problème, il faudra faire des choix difficiles et prendre des mesures énergiques, surtout aux États-Unis et en Europe, afin d'engendrer la confiance en une reprise de longue durée.
[Traduction]
Monsieur le président, la semaine dernière, et encore hier, nous avons observé des fluctuations extrêmes dans les marchés causées par des événements qui ont toujours cours, des difficultés budgétaires et des préoccupations liées au rythme de la reprise économique mondiale. Le Canada est un pays commerçant, les exportations représentant environ le tiers de son activité économique et les États-Unis représentent son principal partenaire commercial. Ainsi, la tourmente économique qui sévit aux États-Unis et en Europe aura sans aucun doute une incidence sur nos relations commerciales actuelles et notre économie.
C'est pourquoi le Canada a fait entendre sa voix sur la scène internationale en appelant les divers intervenants à prendre des mesures pour dissiper les préoccupations actuelles, particulièrement en ce qui concerne des plans budgétaires crédibles qui montrent la voie vers l'équilibre budgétaire et les finances publiques viables.
[Français]
C'est ce que fait notre gouvernement. Il donne l'exemple aux autres pays, en montrant qu'il contrôle sa situation économique et financière.
[Traduction]
Chers collègues, au Canada, nos assises économiques et budgétaires sont solides et viables. Nous avons connu sept trimestres consécutifs de croissance économique, il existe aujourd'hui presque 600 000 travailleurs canadiens de plus qu'à la fin de la récession en juillet 2009, et le FMI et l'OCDE prévoient que notre économie sera parmi les plus fortes du G-7 cette année et l'an prochain. Récemment, Moody's a renouvelé la cote de crédit AAA du Canada, en raison de sa résilience économique, de la grande force financière du gouvernement et du faible risque d'incident.
Le fardeau de la dette du Canada est de loin le plus faible de tous les pays du G-7, et nous sommes en voie d'assurer l'équilibre budgétaire. Comme l'a récemment déclaré le FMI, le Canada dispose d'un plan solide et crédible pour recommencer à obtenir des surplus budgétaires.
[Français]
Le Canada ne peut se reposer sur ses lauriers et il évite de le faire. Nous sommes conscients des défis qui nous attendent et nous sommes prêts à les relever.
Selon des indicateurs récents, la croissance mondiale a été inégale au cours du premier semestre de 2011, au Canada comme à l'étranger.
[Traduction]
En fait, bien que le Canada ait connu une croissance supérieure aux attentes durant le premier trimestre de l'année, elle devrait être estompée par le deuxième trimestre, qui s'annonce plus faible que prévu, tendance qu'on a observée dans d'autres pays du G-7.
Chers collègues, le gouvernement a adopté des hypothèses de planification prudentes pour le budget 2011, en révisant à la baisse, de 10 milliards de dollars, les projections d'économistes du secteur privé concernant la croissance du PIB nominal. Par conséquent, les résultats budgétaires ont, jusqu'à maintenant, essentiellement respecté les projections conservatrices de 2011-2012 établies dans le budget de 2011.
Je devrais mentionner que nous allons continuer à surveiller la situation de près et, comme d'habitude, allons tenir les Canadiens au courant des perspectives économiques et budgétaires plus tard cette année dans le cadre d'une mise à jour relative à la situation économique. Notre gouvernement est fermement résolu à se concentrer sur l'économie et les emplois.
[Français]
Nous tenons à créer les conditions qui vont favoriser la réussite des entreprises et des particuliers ainsi qu'une croissance durable à long terme de l'économie et de l'emploi, en gardant le cap grâce à la prochaine phase du Plan d'action économique du Canada.
[Traduction]
La prochaine étape du plan d'action économique du Canada contient plusieurs mesures visant à contribuer à un environnement de croissance positif pour notre économie et pour les Canadiens, par exemple la prestation d'un crédit temporaire au titre de l'embauche pour les petites entreprises afin de favoriser l'embauche dans ce secteur vital, le soutien du secteur de la fabrication en prolongeant l'application de la déduction temporaire pour amortissement accéléré à l'égard des investissements visant la machinerie et l'équipement de fabrication et de transformation pour deux années supplémentaires, l'attribution de nouvelles ressources à l'appui de la recherche et développement de pointe, et bien plus.
Le plan assure la saine gestion des finances publiques qui permettra aux contribuables de réaliser des économies considérables grâce à une plus grande efficience et à une plus grande efficacité au sein du gouvernement. Lorsqu'il sera entièrement mis en oeuvre dans trois ans, le plan de réduction du déficit donnera lieu à des économies annuelles de quatre milliards de dollars et permettra au gouvernement de retrouver l'équilibre budgétaire en 2014-2015, un an plus tôt que selon les prévisions antérieures.
[Français]
Cette démarche est responsable et prudente. Elle est conforme à la gestion financière rigoureuse des finances publiques et de l'argent des contribuables qui caractérise notre gouvernement.
[Traduction]
Nous maintenons toujours le cap en ce qui concerne notre projet de faire du Canada une administration à faible taux d'imposition pour les familles et les entreprises. Notre plan axé sur des impôts peu élevés fonctionne, et le monde s'en aperçoit graduellement. En effet, seulement dimanche dernier, à l'émission d'actualités américaine Meet the Press, le gouverneur de l'Iowa, Terry Branstad, se plaignait des répercussions de l'environnement d'affaires concurrentielles du Canada. Il a dit: « Le gouvernement canadien a réduit l'impôt des sociétés. Les compagnies que j'ai invitées à venir en Iowa m'ont répondu: " Nous aimons l'Iowa, mais si le régime d'imposition fédéral des sociétés ne change pas, nous allons probablement aller au Canada. " C'est toute une tragédie que de se faire battre par le Canada ».
Permettez-moi de dire, avec tout le respect que je dois au gouverneur de l'Iowa, que ce n'est pas une tragédie pour nous.
La prochaine étape du plan d'action économique du Canada permettra à notre pays de conserver son avantage dans l'économie mondiale, de renforcer la sécurité financière des travailleurs, des personnes âgées et des familles au Canada et d'assurer la stabilité nécessaire à notre reprise dans un monde incertain.
Avant de conclure et d'inviter les membres du comité à poser des questions, j'aimerais encore une fois rassurer les Canadiens: notre gouvernement est fermement résolu à concentrer ses efforts sur l'économie. Nous travaillons continuellement à la mise en oeuvre de la prochaine étape du plan d'action économique du Canada qui vise la reprise économique et les emplois.
Nous surveillons de près et constamment la situation mondiale, et je communique souvent avec mes homologues étrangers. Nous ne devrions pas sous-estimer les risques, mais les Canadiens peuvent être certains que leur pays est bien placé pour surmonter les difficultés économiques mondiales, comme nous avons réussi à le faire récemment.
Sur ce, j'invite les membres du comité à poser des questions.
Merci, monsieur le président.
:
Merci beaucoup, monsieur le président, et je vous souhaite aussi un joyeux anniversaire.
[Français]
Merci, monsieur le ministre, de vous joindre à notre comité en plein été. Nous apprécions beaucoup cette occasion qui nous est donnée de vous poser des questions relativement au plan du gouvernement visant à assurer la sécurité financière des Canadiens.
[Traduction]
Nous vous avons invité ici — ainsi que d'autres personnes, soit dit en passant — en raison de la situation mondiale. Comme vous l'avez mentionné, nous avons assisté à d'énormes fluctuations boursières, aux crises de la dette souveraine en Europe et à des préoccupations découlant d'une autre récession potentielle.
Même si vous vous faites rassurant, l'état de notre économie laisse à désirer. La demande nécessaire à l'activité économique et l'investissement qui mettraient de l'argent dans les poches des Canadiens et de leur famille et leur permettraient de dépenser et de renforcer l'économie canadienne n'est pas adéquate.
Comme vous le savez, à l'heure actuelle, 1,7 million de Canadiens sont au chômage ou ont cessé de chercher un emploi ou sont sous-employés, et les salaires perdus à eux seuls coûtent environ 80 milliards de dollars à notre économie. Les sociétés disposent d'environ 500 milliards de dollars en liquidités dont elles se servent pour rembourser leurs dettes et verser des dividendes. Ce montant suffirait presque à rembourser toute la dette du Canada, pourtant, le gouvernement envisage de leur accorder d'autres réductions d'impôt. Les consommateurs sont pris à la gorge, avec des niveaux d'endettement personnel très élevés, et notre déficit commercial augmente.
De toute évidence, il y a des préoccupations au sujet des États-Unis, où vont 70 p. 100 de nos exportations, alors le pays ne peut pas se permettre d'être complaisant. Nous ne pouvons pas être rigides ou inflexibles. Votre gouvernement a décidé de s'attaquer au déficit budgétaire en réduisant ses dépenses, c'est-à-dire en retirant de l'argent de l'économie et en augmentant le chômage.
Ma question est la suivante: pourquoi ne pas s'attaquer au déficit d'emplois? Pourquoi ne pas créer des emplois qui favoriseront l'économie et réduiront le déficit budgétaire grâce à la croissance? Comme les taux d'intérêt n'ont presque jamais été aussi bas, n'est-il pas irresponsable de la part du gouvernement d'être si peu proactif? Pourquoi ne pas consentir des investissements publics stratégiques pour servir le peuple canadien, créer des emplois, renforcer la sécurité de la retraite, favoriser la croissance et, ainsi, réduire la dette canadienne au bout du compte?
:
Merci, monsieur le président.
Encore une fois, je veux d'abord souhaiter la bienvenue à ce comité non seulement à notre ministre, mais aussi aux témoins qui se sont présentés au cours de l'été.
[Traduction]
Je veux poursuivre dans le sens du dernier propos, si vous permettez, monsieur le ministre.
Le NPD a critiqué, dans les dernières semaines, le plan du gouvernement qui consiste à entreprendre un examen des dépenses — de la façon dont les deniers publics sont réellement dépensés. Malheureusement, certains membres du NPD ont taxé l'examen d' « approche idéologique ».
Comme nous le savons, la prochaine étape du plan d'action économique du Canada contient un plan pour mener un examen général des 80 milliards de dollars de dépenses de programmes directes. L'objectif est de s'assurer que l'argent des contribuables est dépensé de la façon la plus efficace et efficiente possible et que les dépenses sont réduites. Je crois comprendre que, dans le cadre de cet exercice, nous devons nous assurer que nous obtenons le rendement maximal par rapport aux dépenses de fonctionnement actuelles, améliorer la productivité du gouvernement et examiner la pertinence et l'efficacité des programmes.
Je crois que les petites entreprises et les parents, qui doivent aussi équilibrer leur budget, estiment qu'il est prudent de mener ce type d'examen. Ils croient que cela est raisonnable et veulent qu'on leur donne la certitude que leur argent est utilisé de façon efficace. C'est pourquoi, contrairement au NPD, j'estime que nous devrions aller de l'avant, et je crois que c'est pourquoi les Canadiens se rangent à notre avis. Le gouvernement fait ce qu'il doit faire, et je lui demande instamment de poursuivre sur sa lancée.
Cela dit, pouvez-vous parler davantage du plan de notre gouvernement qui consiste à examiner les dépenses? Pourriez-vous aussi parler de ce que nous comptons faire pour aborder les priorités que mentionnent les Canadiens?
:
Merci, monsieur le président.
J'aimerais faire fond sur vos commentaires préliminaires au sujet du Canada en tant que nation commerçante sur le marché international. Il ne fait aucun doute que notre économie repose en grande partie sur l'exportation de biens et de services canadiens vers d'autres pays dans le monde. Nous sommes particulièrement dépendants du commerce avec notre plus grand partenaire, les États-Unis, le consommateur de la majeure partie des biens et services canadiens. Les avantages qui découlent d'un commerce international fort pour l'économie canadienne et les Canadiens sont clairs pour la plupart des gens et comptent pour la majeure partie du PIB annuel et créent des millions d'emplois. Plus d'échanges commerciaux signifient qu'un plus grand nombre d'entreprises sont en mesure d'embaucher des travailleurs et d'augmenter les salaires, ce qui contribue à l'amélioration de la qualité de vie des Canadiens.
Dans les années récentes de tourmente économique aux États-Unis, de nombreux Canadiens ont constaté que le Canada devait diversifier ses relations commerciales pour faire affaire avec d'autres pays et d'autres marchés. Je sais que notre gouvernement, sous la direction de notre ministre du Commerce international, Ed Fast, a été très actif sur ce front récemment. Je sais également que, personnellement, vous avez dirigé de nombreuses délégations dans le monde pour créer des ponts entre le Canada et d'autres marchés et les solidifier. Vos séjours récents en Chine ont été reconnus comme des moyens efficaces de créer des débouchés pour les entreprises canadiennes et les services financiers.
Je tiens aussi à noter que, en ce qui concerne la Colombie-Britannique, selon un rapport récent, nos échanges commerciaux de bois d'oeuvre résineux ont considérablement augmenté, et c'est aujourd'hui l'Asie qui est notre plus grand partenaire commercial. Les exportations vers Taïwan, la Corée du Sud, la Chine et le Japon ont augmenté de façon assez importante, ce qui a entraîné une augmentation de deux milliards de dollars par rapport à l'année précédente. En Colombie-Britannique, l'industrie du bois d'oeuvre résineux observe des résultats significatifs. Dans ma circonscription, quelqu'un a envoyé sa première palette en Chine, alors nous sommes véritablement ravis de voir ce partenariat commencer à fonctionner.
J'aimerais que vous parliez un peu plus de ce que nous faisons pour diversifier nos relations commerciales ces dernières années et pourquoi c'est si important.
:
Merci, monsieur le président.
Monsieur le ministre des Finances, je vous remercie de votre présence.
Dans le Plan d'action économique du Canada, le gouvernement affirme que les investissements dans le secteur des infrastructures stimulent l'économie. Selon le premier ministre du Québec, 14 milliards de dollars investis dans les travaux d'infrastructures représentent 100 000 emplois directs. Pourtant, le Canada a un déficit criant sur le plan des infrastructures.
La Fédération canadienne des municipalités a estimé que la portion de ce déficit pour les municipalités atteignait 123 milliards de dollars en 2007. Il existe des besoins urgents en matière d'infrastructures. Pour ne citer que quelques exemples, mentionnons le traitement des eaux des Premières nations, le logement abordable, le transport en commun, les routes et les ponts, dont le pont Champlain.
[Traduction]
Nous sommes heureux de l'investissement consenti au projet du Bas-Churchill, mais nous aimerions que d'autres provinces puissent profiter d'un tel investissement.
Monsieur le ministre, vous avez beaucoup fait allusion à la situation de la dette en Europe. Comme vous le savez, nous ne sommes pas en Europe. Nous avons le rapport dette-PIB le plus bas de tous les pays du G-7. Nous croyons aussi à l'équilibre budgétaire et à la réduction du déficit, mais il importe d'établir la distinction entre un investissement et une dépense.
[Français]
Dans le contexte économique actuel, et sachant qu'investir dans les infrastructures favorise une meilleure productivité des entreprises, la création d'emplois, une croissance économique et, par conséquent, une réduction de la dette, sans compter une meilleure qualité de vie pour les familles et les communautés, pourquoi le gouvernement n'annonce-t-il pas des investissements majeurs additionnels pour rebâtir nos infrastructures?
:
Merci encore de passer votre anniversaire avec nous, monsieur Rajotte.
Monsieur le ministre Flaherty, merci encore une fois d'être venu ici aujourd'hui.
Comme vous l'avez mentionné dans votre déclaration, le gouvernement s'en tient à ses plans et continue de se concentrer sur l'économie, notamment sur la mise en oeuvre de la prochaine étape du plan d'action économique du Canada. Je suis heureuse de faire remarquer que ce plan inclut non seulement de nombreuses mesures visant à favoriser le rétablissement économique du Canada, mais également des initiatives visant à soutenir les familles canadiennes.
Dans ma circonscription de Vancouver Sud, il y a beaucoup de familles. C'est une région très résidentielle. Nous avons la plus grande diversité ethnique au Canada, ainsi qu'une proportion d'aînés plus élevée que la moyenne. Bon nombre des mesures visant à soutenir les familles canadiennes sont des mesures au sujet desquelles j'ai entendu des remarques positives et enthousiastes, alors je voulais vous transmettre ce message aujourd'hui, monsieur le ministre.
Je veux également faire remarquer que, pour ce qui est du soutien aux familles canadiennes, le gouvernement a maintenu le cap pour ce qui est des paiements de transfert fédéral-provinces. Ces paiements sont demeurés stables, et nous avons pris l'engagement d'accroître les transferts en matière de santé de 6 p. 100 par année. Comme nous le savons, ces mesures sont des mesures qui soutiennent les familles canadiennes dans les domaines de l'éducation, de la santé, et ainsi de suite.
Aujourd'hui, je veux mentionner en particulier le soutien de mes électeurs à l'égard du nouveau crédit d'impôt pour les aidants familiaux, qui est un nouveau crédit impressionnant. Au sein de nos communautés ethniques de Vancouver, beaucoup d'aidants s'occupent effectivement de notre population vieillissante, de nos aînés, ainsi que de jeunes qui se trouvent peut-être dans une situation où ils ont des besoins spéciaux. Je fais remarquer que ce nouvel incitatif fiscal pour les aidants familiaux est de 15 p. 100 et de 2 000 $ par famille. Il va toucher plus de 500 000 aidants du Canada. En 2011-2012, il s'agit d'un investissement de 40 millions de dollars pour soutenir nos familles, et ce sera 160 millions de dollars pour l'année suivante.
Je fais aussi remarquer que nous poursuivons et étendons notre programme de rénovation de maison écoÉNERGIE. Comme je l'ai mentionné tout à l'heure, la région de Vancouver Sud est très résidentielle, alors il s'agit d'un programme qui est aussi bien accueilli par mes électeurs. Il fournit près de 870 millions de dollars sur deux ans pour lutter contre les changements climatiques et améliorer la qualité de l'air. Il fournit aux propriétaires des subventions pouvant aller jusqu'à 5 000 $ pour rendre leur maison plus efficace sur le plan énergétique, ce qui contribuera à réduire le fardeau des coûts élevés d'énergie. Encore une fois, il s'agit d'une mesure très bien accueillie.
Enfin, je veux parler des aînés, parce que Vancouver Sud compte une très forte proportion de personnes âgées. Le supplément de revenu garanti accru va profiter aux couples, qui recevront 840 $ par année, et aux personnes âgées seules, qui recevront 600 $. C'est une mesure qui viendra en aide aux familles et aux aînés jusqu'à concurrence de trois millions de dollars par année, et qui touchera 680 000 aînés du Canada.
Je mentionne ces mesures parce que mes électeurs et moi sommes très heureux que le gouvernement continue d'appuyer les familles du Canada dans la prochaine étape du plan d'action économique, ce qui est très important à mes yeux.
Après avoir parlé des familles, cependant, je veux parler un peu de l'avenir et demander au ministre de souligner certaines mesures que le gouvernement prend au cours de la prochaine étape du plan d'action économique pour assurer la prospérité à long terme du Canada. Pourriez-vous parler plus précisément des mesures touchant l'innovation, l'éducation et la formation?
:
Merci beaucoup, monsieur le président et merci au comité de nous offrir l'occasion de comparaître ce matin. Nous allons faire une brève déclaration, puis nous serons heureux de répondre à vos questions. Joyeux anniversaire, monsieur le président, en passant.
Nous allons commencer par l'évolution économique et financière récente.
Au cours des dernières semaines, plusieurs risques à la baisse entourant la projection énoncée par la Banque en juillet se sont matérialisés. La crise de la dette souveraine en Europe s'est intensifiée, la cote de crédit des États-Unis a été abaissée, et une vaste gamme de données ont révélé un ralentissement de la croissance mondiale.
[Français]
Les États-Unis vivent la plus faible reprise depuis la crise de 1929. Ce n'est guère surprenant, puisque l'histoire nous enseigne que les récessions qui s'accompagnent d'une crise financière sont généralement plus profondes et sont suivies d'une reprise deux fois plus longue.
De plus, les récentes révisions apportées aux données indiquent que la récession américaine a été encore plus profonde, et la reprise qui a suivi le creux, encore plus modeste, que ce qui avait été annoncé précédemment.
La banque s'attend à ce que les ménages américains continuent à restreindre leurs dépenses étant donné leur niveau d'endettement élevé, le recul important de leur richesse et la situation difficile du marché du travail. En outre, les stimulants budgétaires se transformeront bientôt en freinage budgétaire.
[Traduction]
Depuis plus d'un an, la Banque est préoccupée par les perspectives de résolution des tensions internes au sein de la zone euro. Certaines de ces craintes sont maintenant confirmées: les difficultés budgétaires et financières aiguës en Europe ont engendré une baisse généralisée de l'appétit pour le risque et pourraient entraîner des bouleversements plus graves sur les marchés mondiaux du financement.
Face aux incertitudes en Europe et aux signes de ralentissement de la croissance mondiale, les cours des actions et des produits de base ont fortement baissé, et la volatilité sur les marchés financiers s'est vivement intensifiée. Les répercussions sur les marchés financiers canadiens ont été moins marquées, mais sont tout de même notables. Il importe de souligner que les actions canadiennes ont affiché une bien meilleure tenue que leurs pendants américains, britanniques et européens et que nos marchés de financement essentiels ont continué de fonctionner de façon ordonnée. Cette évolution contribuera à assurer des flux de crédit appropriés aux ménages et aux entreprises du Canada.
Les événements récents nous rappellent que, dans un monde submergé par les dettes, l'assainissement du bilan des banques, des ménages et des pays va prendre des années. Par conséquent, le rythme, le profil et la variabilité de la croissance à l'échelle du globe se modifient, et le Canada doit s'adapter.
Bref, les forts vents contraires extérieurs auxquels la Banque fait référence depuis longtemps soufflent maintenant plus fort. Pour les producteurs canadiens, la vigueur persistante du dollar canadien accentue la faiblesse de la demande américaine. En grande partie sous l'effet de ces facteurs externes, les données canadiennes récentes laissent présager une croissance minimale ou légèrement négative au deuxième trimestre. Parallèlement, l'évolution du marché du travail et les intentions d'investissement des entreprises donnent à penser que l'économie canadienne demeurera vigoureuse.
La Banque prévoit toujours que la croissance s'accélérera au deuxième semestre, à la faveur des investissements des entreprises et des dépenses des ménages. Le dynamisme continu des principales économies émergentes devrait également contribuer à maintenir les produits de base à des niveaux relativement élevés. Cependant, par rapport aux attentes que nous avons exposées précédemment, nous anticipons une légère baisse du rythme de l'activité économique à l'échelle mondiale et, par conséquent, au Canada, ce qui aura des répercussions sur le taux d'utilisation des ressources et les pressions inflationnistes.
[Français]
Depuis le début de la crise, la stratégie économique consistait à favoriser une croissance de la demande intérieure face à ces forts vents contraires extérieurs et à encourager les entreprises canadiennes à se moderniser et à se réorienter en fonction de la nouvelle économie mondiale.
En réaction à la récession prononcée et synchronisée à l'échelle du globe, la banque a abaissé rapidement le taux directeur pour l'établir au plus bas niveau possible. Elle a presque doublé son bilan afin de fournir des liquidités exceptionnelles aux secteurs financiers. Elle a aussi donné des indications extraordinaires quant à la trajectoire probable du taux directeur grâce à l'engagement conditionnel qu'elle a pris.
Les programmes de relance budgétaire mis en oeuvre par les gouvernements fédéral et provinciaux ont fourni un soutien additionnel important à la demande intérieure et contribué de façon marquée à la croissance économique du Canada en 2009 et 2010.
[Traduction]
Grâce à la vigueur sous-jacente de nos facteurs fondamentaux, notamment la résilience de notre système financier, ces politiques se sont révélées très efficaces. La demande intérieure au pays accrue plus de deux fois plus vite qu'aux États-Unis. Le Canada a récupéré toute la production et environ 140 p. 100 des emplois perdus pendant la récession. Et la stabilité des prix a constamment été maintenue.
Comme le ministre des Finances l'a souligné, à juste titre, et comme l'évolution récente l'a fait ressortir, la viabilité des finances publiques est fondamentale. Il est essentiel de conserver l'avantage dont jouit le Canada à ce chapitre au moyen d'un plan d'assainissement budgétaire mis en oeuvre à un rythme approprié, conformément aux engagements pris au sommet du G-20 qui s'est déroulé à Toronto.
De même, les prêts octroyés au secteur privé ne peuvent croître de façon illimitée. Les Canadiens sont aujourd'hui aussi endettés que les Américains et les Britanniques. Dans un contexte caractérisé par des taux d'intérêt exceptionnellement bas, nous devons veiller à ne pas répéter les erreurs d'autres pays, qui doivent maintenant relever le défi de réduire en même temps le niveau insoutenable de leur endettement public et privé.
Dans ce contexte extérieur difficile, la Banque continuera de soutenir l'expansion économique du Canada de cinq façons.
Premièrement, la meilleure contribution que la politique monétaire puisse apporter consiste à maintenir l'inflation à un niveau bas, stable et prévisible. La politique monétaire est axée sur la cible de 2 p. 100 que nous visons pour l'inflation mesurée par l'IPC global. Il s'agit d'un engagement symétrique. Autrement dit, la Banque est tout aussi préoccupée quand l'inflation tombe sous la cible que lorsqu'elle la dépasse. Depuis l'éclatement de la crise, la Banque a démontré sa flexibilité et sa rapidité à réagir dans la conduite de la politique monétaire. À mesure que la reprise au Canada a progressé, nous avons insisté sur le fait que nous ferions preuve de prudence en ce qui a trait à toute réduction possible du degré de détente monétaire.
Comme nous l'avons souligné dans notre plus récent RPM, notre approche reposera toujours sur une analyse approfondie et réfléchie et sur un jugement éclairé, plutôt que sur des règles mécaniques. Ce point est particulièrement important dans le contexte actuel, où soufflent de forts vents contraires extérieurs. Bien évidemment, si les perspectives concernant la croissance et l'inflation changent, l'orientation de la politique monétaire sera modifiée en conséquence.
Deuxièmement, la Banque prendra les mesures nécessaires afin que les marchés de financement essentiels demeurent liquides. En cas de choc systémique majeur, la Banque dispose d'un large éventail d'outils pour fournir des liquidités exceptionnelles conformément à un cadre fondé sur des principes. Parallèlement, les liquidités de la banque centrale ne doivent pas remplacer une saine gestion des risques par les institutions financières privées. C'est pourquoi la Banque continuera de collaborer avec le BSIF afin de prévenir l'aléa moral, en veillant à ce que les banques privées conservent des réserves de liquidités adéquates.
Troisièmement, nous devons continuer de rendre le système financier plus résilient, au Canada et à l'échelle mondiale. Les événements récents font ressortir l'importance d'appliquer les réformes financières du G-20, notamment les exigences de fonds propres et de liquidités prévues dans l'accord de Bâle III. Étant donné la position de chef de file qu'occupent nos banques et la concordance entre les nouvelles normes et celles du Canada, ce n'est pas le moment pour notre pays de passer d'élève modèle à dernier de classe. De plus, il est dans l'intérêt du Canada de voir à ce que les autres peuvent suivre son exemple. Le risque qu'une nouvelle crise financière étrangère ne vienne secouer son économie s'en trouvera ainsi réduit.
Quatrièmement, la banque continuera de travailler de concert avec ses partenaires fédéraux pour surveiller les risques pesant sur la stabilité financière et mettre au point les moyens d'intervention appropriés. Citons l'exemple de l'approche pondérée adoptée pour faire face à l'endettement croissant des ménages. Depuis 2008, le gouvernement fédéral a pris, en temps opportun, une série de mesures prudentes afin de resserrer les exigences de l'assurance hypothécaire et de favoriser ainsi la stabilité à long terme du marché canadien du logement.
Enfin, comme les risques les plus grands pour notre économie proviennent de l'étranger, la Banque doit travailler avec ses collègues internationaux alors qu'ils s'attaquent au double défi que représente la réduction du niveau excessif de la dette privée et de la dette publique. La situation est particulièrement sérieuse en Europe, où des plans budgétaires nationaux crédibles doivent s'accompagner de vastes changements des mécanismes budgétaires et de gouvernance économique européens.
[Français]
Nous sommes en discussion constante et intensive avec nos collègues européens de façon bilatérale ainsi que dans le cadre du G7, du G20, de la BRI et du Conseil de stabilité financière.
Comme la banque l'a souligné à maintes reprises, le principal défi consiste à rééquilibrer la demande entre les pays avancés et les pays émergents. À cette fin, la banque investit dans les efforts déployés actuellement par le G20 pour élaborer un cadre favorisant la libre circulation des capitaux. Elle collabore avec le Conseil de stabilité financière afin d'élaborer et de mettre en oeuvre de vastes réformes financières.
Enfin, elle travaille étroitement avec ses collègues du ministère des Finances afin d'orienter le cadre du G20 pour obtenir une croissance forte, durable et équilibrée. Ce rééquilibrage exigera des changements importants aux politiques budgétaires structurelles et du taux de change de nombreux pays.
[Traduction]
En conclusion, les défis qui se présentent dans le contexte économique mondial actuel sont importants, mais les occasions qui s'offrent au Canada le sont tout autant. La situation financière de nos entreprises et de nos administrations publiques est saine, nos institutions financières comptent parmi les plus résilientes du globe, et notre économie peut être adaptée aux sources futures de croissance mondiale. Pour tirer parti de ces avantages, nous devons continuer d'investir massivement en vue d'améliorer la productivité, et consentir des efforts soutenus en matière d'innovation afin de développer de nouveaux marchés.
Pour sa part, la Banque dispose d'une vaste gamme d'outils et de moyens d'action qu'elle continuera à utiliser au besoin pour faire en sorte que les Canadiens puissent saisir ces occasions dans un cadre de stabilité macroéconomique et financière nationale.
Là-dessus, monsieur le président, Tiff et moi serons heureux de répondre à vos questions.
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Merci, car il s'agit d'une question très importante. Permettez-moi de dire trois choses, si vous me le permettez, au sujet de l'entente concernant le plafond de la dette.
La première, c'est qu'il faut reconnaître que le processus qui a mené à cette entente a contribué au degré d'incertitude dans les marchés financiers mondiaux, ce qui a aggravé une préoccupation concernant les processus politiques au sein des grandes économies des États-Unis et de l'Europe, quoique ce soit pour des raisons différentes en Europe, évidemment. Ce processus a contribué en partie à l'incertitude et à la volatilité dans les marchés financiers.
La deuxième chose, pour répondre directement à votre question, c'est la répercussion directe et réelle de l'entente sur le plafond de la dette. Je vais ajouter une mise en garde et une idée connexe, mais, de prime abord, les répercussions progressives de l'entente concernant le plafond de la dette sur nos prévisions pour les États-Unis seront de l'ordre de 0,2 point de pourcentage de réduction de la croissance du PIB l'an prochain et quelque chose du genre en 2013. Il ne s'agit pas du freinage budgétaire total aux États-Unis; comme je l'ai dit dans ma déclaration préliminaire, le freinage budgétaire sera considérable à l'égard des plans actuels — à l'égard de tout autre plan budgétaire en place à partir de maintenant —, mais il y a des répercussions progressives, et ce sont les détails qui comptent, parce que, comme vous le savez, les réductions de dépenses précises n'ont pas encore été déterminées. Le comité bipartisan va prendre certaines de ces décisions ou formuler certaines de ces recommandations, et la nature de ces décisions pourrait modifier ce chiffre. Elle pourrait faire augmenter ce chiffre, et il est peu probable qu'elle le fasse diminuer, alors, au fur et à mesure que le processus va se dérouler, il sera très important que nous surveillions ce qui se décide exactement.
La troisième chose que je voudrais dire au sujet de la politique budgétaire américaine, c'est qu'il y a un aspect compensatoire dans celle-ci qui fera partie des négociations selon que les mesures de stimulation en place à l'heure actuelle seront supprimées ou non aux États-Unis. L'exemple le plus évident est celui de la réduction des cotisations sociales, qui arrivent bientôt à échéance. Le président a fait part récemment de son désir de prolonger la mesure. Cela aurait un effet positif sur la production aux États-Unis, mais c'est une décision qui appartient au gouvernement américain.
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Permettez-moi de dire deux choses.
Premièrement, en ce qui concerne les chiffres relatifs à l'IPC qui sont sortis aujourd'hui, tant le grand titre que les chiffres de base relatifs à l'IPC, sont conformes aux attentes que nous avions formulées dans le rapport sur la politique monétaire.
Deuxièmement, pour répondre à votre question sur la zone euro, il y a longtemps que nous avons déterminé que la situation de la zone euro était l'un des principaux risques de perte en cas de baisse. Une partie de ce risque s'est matérialisée, et je parle de la volatilité et des mouvements évidents dans les marchés financiers qui découlent de la situation là-bas. L'autre aspect de ce risque, c'est l'accélération de la prise de mesures d'austérité budgétaire en Europe dans l'ensemble, en partie pour régler le problème qui fait que les pressions dans les marchés financiers sont les contraintes du système financier européen et de sa capacité d'offrir du crédit. Ces deux aspects vont faire diminuer la croissance en Europe, qui constitue une partie importante de l'économie mondiale. Cela va avoir des répercussions sur l'économie mondiale et, au bout du compte, sur le Canada.
Il y a donc les répercussions directes des choix politiques qui ont déjà été faits. La question demeure, cependant, comme je l'ai dit dans ma déclaration préliminaire, qu'il s'agit d'une situation très délicate qui n'a pas encore été examinée à fond. De plus, d'autres mesures importantes supposant des changements assez fondamentaux quant à la gouvernance économique et aux ententes budgétaires ainsi que l'utilisation efficace de l'argent qui a été réservé déjà dans le cadre du FESF et d'autres mécanismes vont être très importantes pour ce qui est de déterminer l'issue définitive en Europe et, par les voies financières et réelles, les répercussions sur le Canada.
Une partie du risque de perte en cas de baisse s'est matérialisée. C'est l'une des raisons pour lesquelles nous pensons que la poussée va être un peu moins forte à l'avenir, et il ne fait aucun doute que des éléments de ce risque de baisse existent encore.
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Merci de votre question. Il s'agit d'une question très importante, qui touche au coeur de ce qui permettra la croissance économique au Canada à moyen et à long termes.
À notre avis, cette diversification des marchés devra constituer l'une des principales sources de croissance économique. Cela dit, je dois d'emblée souligner que l'économie américaine demeure la principale économie mondiale, malgré toutes les difficultés avec lesquelles elle est aux prises. Nous nous attendons à ce qu'elle connaisse des hauts et des bas, mais il n'en demeure pas moins que l'économie américaine va croître à un rythme raisonnable. Pendant un certain temps, le rythme de cette croissance ne sera pas aussi effréné qu'il l'était auparavant, mais les États-Unis demeurent un bon marché pour les entreprises canadiennes. Le Canada occupe une place privilégiée au sein de l'économie américaine, et, de toute évidence, il doit faire tout ce qu'il peut pour conserver cette place.
Cela dit, d'immenses possibilités s'offrent au Canada dans les pays émergents. La possibilité la plus simple et la plus évidente est celle qui se manifeste dans notre marché des produits de base. Que nos activités commerciales avec elles soient directes ou non, nous ressentons les effets bénéfiques de la demande qui provient de ces économies pour ce qui est des produits de base que nous exportons, qu'il s'agisse des métaux communs et précieux ou de produits du secteur de l'énergie. Les marchés émergents, particulièrement la Chine, sont les principaux facteurs d'établissement du prix de ces produits de base. Nous percevons les bénéfices nets qui découlent de cela.
Il y aura toujours de l'instabilité au chapitre du prix des produits de base, mais nous nous attendons, toutes choses étant égales par ailleurs, à ce que le prix des produits de base demeure relativement élevé dans un avenir prévisible. À nos yeux, cela procure une certaine confiance aux acteurs de ce secteur en ce qui a trait aux investissements à plus long terme à venir, lesquels pourraient englober notamment les pipelines, la diversification géographique et d'autres aspects faisant l'objet d'un examen très intensif.
Cependant, c'est en ce qui concerne les autres aspects que nous disposons d'une bonne marge de manoeuvre. Disons que le verre est à moitié plein. Nous avons beaucoup de latitude pour ce qui est de l'expansion du secteur manufacturier et de l'exportation de services. Au cours de la dernière décennie, nous avons perdu des parts de marché dans ces secteurs au sein des principales économies émergentes, et, par conséquent, l'un des messages que nous voulons transmettre, c'est que ces économies comptent pour plus de la moitié de la croissance économique mondiale — pour les trois quarts de cette croissance, comme vous l'avez mentionné. En fait, à l'heure actuelle, cette proportion s'élève probablement à 80 p. 100, malheureusement, vu le fléchissement de l'économie enregistrée en Europe et aux États-Unis. En outre, les marchés émergents sont à l'origine de plus de la moitié de la croissance des exportations dans le secteur manufacturier et dans celui des biens d'équipement, de sorte qu'il existe de véritables entreprises dont les Canadiens à tous les échelons de la chaîne d'approvisionnement peuvent tirer parti.
Cela n'est pas facile, dans la mesure où le développement de ces marchés et l'entrée au sein de ces nouvelles chaînes d'approvisionnement exigera des efforts soutenus, mais à ce chapitre, les tendances séculaires sont d'une importance fondamentale. Je vais vous donner deux ou trois brefs exemples, et je terminerai là-dessus, monsieur le président.
Examinons la Chine et l'Inde. Dans ces deux pays, tous les 18 mois, la population urbaine croît d'un nombre équivalent à la totalité de la population urbaine du Canada — c'est le nombre de personnes qui, tous les 18 mois, quittent les régions rurales de ces pays pour s'installer dans les villes. En outre, à l'échelle mondiale, chaque année, 70 millions de personnes font leur entrée au sein de la classe moyenne des principaux marchés émergents. Cela constitue une formidable occasion. Le gouvernement peut évidemment apporter une contribution au moyen d'accords commerciaux comme celui conclu avec la Colombie, et dont je sais qu'il a été appuyé par des membres du comité, de même qu'au moyen d'autres importantes activités de diversification.
J'aimerais ajouter une dernière chose — il s'agit de l'envers de la médaille, qu'il est également important de mentionner. Nous devons prendre conscience du fait que ces principaux marchés émergents — particulièrement la Chine, ou le bloc asiatique, si vous préférez — constituent les principaux fournisseurs de capital à long terme. Nous pourrions tirer parti de ces investissements étrangers au Canada, et les utiliser pour exporter dans ces pays des produits de qualité supérieure.
Il s'agit d'un sujet important. À notre avis, ce qui s'est passé récemment en Europe aura pour effet de réduire la croissance là-bas durant la deuxième moitié de la présente année, en 2012 et probablement aussi en 2013 — ainsi, les répercussions se feront sentir pendant un bon moment.
L'un des avantages de l'Europe, c'est que, au coeur du continent, plus particulièrement en Allemagne, l'économie est extrêmement financée par les capitaux provenant des principaux marchés émergents, avec lesquels on entretient des relations étroites grâce au commerce des produits de base manufacturés, des instruments de précision et d'autres produits à très forte valeur ajoutée. Ainsi, l'effet multiplicateur dont profite l'Allemagne et, par ricochet, l'Europe, c'est que cela contribue à soutenir la croissance au sein de l'ensemble de cette économie. Au coeur de l'Europe, les grands paramètres de l'économie sont très solides — c'est dans les pays situés en périphérie que l'on éprouve certaines difficultés.
Pour ce qui est de la situation des banques européennes, on peut dire que l'ensemble du système est en proie à des difficultés au chapitre du taux de capitalisation des institutions bancaires. Celles-ci doivent continuer d'accumuler du capital au fil du temps, à un rythme approprié. Elles doivent accumuler du capital de façon à offrir du crédit.
Depuis les événements de 2008, quelques très importants mécanismes ont été mis en place au sein des principales banques centrales. Je songe plus particulièrement aux accords de swap en dollars américains et à d'autres dispositions de coopération qu'ont prises les banques centrales. Ces mesures contribueront à faire en sorte que les chocs des liquidités soient atténués. On ne peut pas les éliminer, mais on peut les supprimer — cela devrait réduire une partie de la contagion provoquée par ces événements.
Je reprendrais à mon compte une bonne partie de ce que vous avez dit en premier lieu à propos de l'intérêt que suscite la force ou le rendement du Canada dans le secteur financier et le désir d'en tirer les leçons. M. Macklem a mentionné qu'il se rendrait en Inde — nous nous rendons souvent en Asie — de manière à ce que nous puissions apprendre les uns des autres, mais je vous dirai franchement que nous nous rendons là-bas également afin de mieux faire connaître le secteur financier canadien et encourager les relations à plus long terme, pour le bénéfice des citoyens du pays.
Pour ce qui est du programme, on peut dire que le programme de réformes est très chargé, mais comme il est parsemé d'acronymes, il peut être ennuyeux à mourir ou très compliqué d'en parler. En passant, cela est fait exprès, de manière à ce que personne ne sache ce que nous faisons.
Des voix: Oh, oh!
M. Mark Carney: Je vais tenter de simplifier cela. Vous avez mentionné Bâle III, et cela est tout à fait exact. Bâle III a établi la norme en ce qui concerne la quantité et le type de capitaux que les banques doivent détenir, de même que la quantité de liquidités dont elles doivent disposer. Pour l'essentiel, Bâle III fait paraître les banques du monde davantage comme des banques canadiennes.
Il y a eu également quelques innovations dans la manière dont nous faisons les choses au Canada, mais pour l'essentiel, malgré toute la complexité qui caractérise la chose, nous avons ajouté un critère très simple qui s'appliquera à l'échelle mondiale, à savoir le rapport entre le nombre d'actifs et la quantité de capital détenu. Il ne faut pas que l'écart entre les deux devienne trop grand, car il y a des limites à ce que nous savons, et les choses que nous croyons sans risque ont tendance à être celles qui, dans les faits, présentent beaucoup de risques. Il s'agit là de l'une des principales leçons de la crise financière, et l'une des raisons pour lesquelles nous nous en sommes bien tirés.
Nous avons ajouté à la norme des éléments qui relèvent du gros bons sens. Nous avons éliminé beaucoup d'éléments d'ingénierie financière liés à la qualité du capital de manière à ce que les capitaux propres soient véritablement des capitaux propres, et que nous ayons réellement la capacité d'absorber les pertes. Ce qui sera important, c'est de veiller à ce que cette norme soit appliquée, et qu'elle le soit en temps opportun, ni trop tôt ni trop tard. Il s'est révélé que les banques mondiales — non pas les banques canadiennes, mais les banques mondiales — manquaient cruellement de capitaux, et cela explique en partie la crise.
Nous n'avons pas le temps d'entrer dans les détails à ce moment-ci, mais l'une des choses sur lesquelles la Banque du Canada et le Conseil de stabilité financière ont vraiment mis l'accent, c'est de faire en sorte que toutes ces excellentes règles qui ont été adoptées soient effectivement mises en oeuvre, non seulement au Canada — où elles le seront, sans aucun doute —, mais aussi en Europe, aux États-Unis et chez nos principaux partenaires.
Je vais mentionner rapidement deux autres choses. Une série d'initiatives très complexes touchant l'infrastructure du marché financier ont été lancées. Ces initiatives visent à perfectionner le marché des opérations de pension, à court terme, l'un des principaux marchés par lesquels les banques sont financées, de même que le marché des produits dérivés. L'objectif de ces initiatives consiste à éliminer les types de risques toujours présents sur les marchés mondiaux en lien avec les répercussions qu'aurait la faillite de telle ou telle banque sur tous les autres intervenants du secteur. Une énorme incertitude plane toujours à cet égard. Si l'on parvient à éliminer ce risque, une banque qui commet des erreurs cessera ses activités — et c'est ainsi que les choses devraient se passer —, mais cela n'aura aucune répercussion sur les autres. Lorsque les choses se passeront de cette façon, nous n'aurons pas à tenir des séances extraordinaires en août, même si nous sommes toujours heureux d'y prendre part.
En ce qui a trait au marché des opérations de pension du Canada, quelques importantes modifications ont été apportées, et devraient entrer en vigueur à la fin de l'année ou au début de l'année prochaine. Ces changements amélioreront notre fonctionnement dans ce secteur.
Pour terminer, je mentionnerai l'autre initiative importante. Nous avons mis l'accent sur l'ensemble du secteur bancaire — par « nous », j'entends la communauté mondiale. Cela représente à peu près le tiers ou la moitié, voire, au maximum, les deux tiers du secteur financier d'un pays donné. Au Canada, il s'agit de la moitié environ. Qu'en est-il de l'autre moitié? D'aucuns l'appellent le « système bancaire parallèle » — nous préférons le terme « finance axée sur les marchés », il s'agit effectivement de posséder des marchés et de faire en sorte qu'ils fonctionnent. Nous devons nous pencher sur les rapports réciproques entre les marchés et les banques, et veiller à ce qu'ils soient résilients, pour que ce qui se passe sur les marchés n'ait pas de répercussions sur les banques et, au bout du compte, sur la capacité des particuliers, des Canadiens, de contracter une hypothèque, d'emprunter de l'argent pour payer des études ou de faire un emprunt aux fins d'un nouvel investissement commercial.
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Je vous remercie de votre présence.
[Traduction]
Merci beaucoup de votre exposé. Il s'est révélé vraiment instructif pour certains d'entre nous.
Je vais tenter de résumer quelques-unes des choses que j'ai entendues.
À la page 2 de votre exposé, on peut lire ce qui suit: « Les programmes de relance budgétaire mis en œuvre par les gouvernements fédéral et provinciaux ont fourni un soutien additionnel important à la demande intérieure et contribué de façon marquée à la croissance économique du Canada en 2009 et 2010. »
J'ai été ravie d'entendre cela, vu que le NPD a voté contre la mesure de relance au cours de cette période.
Puis, ultérieurement, vous avez mentionné qu'il était à présent tout à fait approprié de cesser de dépenser de l'argent, et pourtant, le NPD affirme ici même, aujourd'hui, que nous devons dépenser.
En ce qui concerne les autres choses dont vous avez parlé, je tente de comprendre pourquoi les positions du NPD et du gouvernement sont aux antipodes sur cet aspect de l'économie. À propos de la création d'emplois, votre exposé mentionne, encore une fois à la page 2, que le Canada, grâce à son plan d'action économique, entre autres, avait « récupéré toute la production et environ 140 p. 100 des emplois perdus pendant la récession ». Pourtant, le NPD persiste à dire que nous devrions nous concentrer sur la création d'emplois, chose à laquelle le plan d'action économique — contre lequel ce parti a voté — contribuait et continue de contribuer.
Ensuite, vous avez dit quelque chose de très important, à savoir que la diversification des marchés constituait un élément fondamental de la croissance. Comme nous l'avons constaté, le premier ministre a déployé des efforts à cette fin, et nous avons entendu le ministre des Finances parler de commerce avec la Chine. Le Canada a conclu à peu près 10 accords. Comme d'autres accords ont été signés la semaine dernière, durant le voyage du premier ministre au Brésil, on peut dire que le Canada a conclu plus de 10 accords. Quelque 50 accords commerciaux sont en voie d'être conclus. En 13 ans, le gouvernement libéral n'en a conclu que trois — comme nous n'en sommes qu'à notre sixième année en tant que gouvernement, j'estime que nous nous en tirons assez bien.
À ce sujet, vous avez affirmé qu'un gouvernement peut créer un environnement qui permet au secteur privé d'investir dans la croissance, et vous avez souligné à quel point il est important de le faire. Seriez-vous d'accord pour dire, monsieur, que les gestes posés par le gouvernement, notamment la mise en oeuvre d'un crédit pour l'embauche visant les entreprises, l'abaissement du taux d'imposition des entreprises, l'accroissement de la déduction pour amortissement accélérée et la conclusion d'accords de libre-échange montrent que nous sommes sur la bonne voie?
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Il a un aller simple pour l'Inde, et nous ne le reverrons pas.
Des voix: Oh, oh!
M. Mark Carney:
Je vous dirai ceci: comme nous l'avons dit dans le passé lorsqu'on nous a demandé de fournir des détails sur la façon précise dont l'éventail de mesures prises par les divers ordres de gouvernement ont contribué à l'économie, plus particulièrement l'an dernier, en 2010, au moment où ces mesures ont pris une forme plus directe, environ le tiers de la croissance économique du pays était attribuable à ces mesures, et aux multiplicateurs découlant de ces mesures. De toute évidence, ces mesures étaient précieuses, car elles ont été prises à un moment où l'économie était extrêmement faible à l'étranger.
Il faut également mentionner que, à ce moment-là, la réaction du secteur des entreprises du Canada a été plus timide que celle que l'on a vue aux États-Unis ou en Europe, qui se trouvaient au coeur de la crise. À ce moment-là, on a assisté à une certaine forme de grève de l'investissement, si vous me passez l'expression. À présent, les entreprises canadiennes se sont remises sur pied, et cela coïncide avec la fin de certaines mesures de stimulation de l'économie.
Le gouvernement continue de dépenser, et il continuera d'être important de dépenser de façon avisée. Nous avons dit que la diversification et la croissance des marchés étaient absolument essentielles, tout comme la création d'un environnement constructif pour l'investissement étranger et le capital à long terme au Canada, comme j'ai tenté de le souligner.
Permettez-moi de faire l'observation suivante: en général, le Canada n'aura pas de difficultés à accéder au capital. La question qui se pose est la suivante: que ferons-nous de cet accès au capital? Allons-nous agrandir nos maisons, ou accroître notre productivité? Allons-nous accroître notre capacité d'exportation? Allons-nous dépenser ce capital, ou alors l'investir?
Il existe un juste équilibre, et il revient aux particuliers et aux entreprises de prendre des décisions à cet égard. Il s'agit de l'une des questions auxquelles nous devrions, collectivement, être attentifs, car dans un contexte mondial où le capital cherche une destination, le Canada est un lieu attrayant. Cependant, c'est à nous et aux Canadiens qu'il incombera d'utiliser ce capital efficacement à long terme.
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Je vais dire quelques mots à propos de la dynamique.
Dans notre RPM de juillet, nous prévoyons déjà un deuxième trimestre relativement faible, en partie en raison des répercussions du tremblement de terre et des désastres subséquents au Japon sur la chaîne d'approvisionnement. De plus, si l'on se rapporte à ce qui s'est passé durant la première partie de l'année, on constate que la hausse assez rapide du prix du pétrole a eu une incidence sur le budget des gens.
À ce moment-là, nous nous attendions à une croissance de 1,5 p. 100 au deuxième trimestre. Comme le gouverneur l'a indiqué durant ses déclarations préliminaires, vu les données que nous avons recueillies par la suite, nous nous attendons, pour le deuxième trimestre, à une croissance essentiellement nulle, et possiblement à une légère décroissance. Nous continuons de prévoir une reprise durant la deuxième moitié de l'année, en partie au moment où la chaîne d'approvisionnement se rétablira, et en partie parce que nous continuons d'observer une croissance, ben que modeste, aux États-Unis.
Cependant, comme il a été indiqué durant la déclaration préliminaire, nous observons une légère baisse du rythme de l'activité économique à l'échelle mondiale. Sans aucun doute, cela aura une incidence sur le Canada, et, comme le gouverneur l'a indiqué, nous examinerons toutes les nouvelles données que nous recueillerons et mettrons à jour nos prévisions. Notre prochaine décision en matière de politique monétaire sera prise au début de septembre, et notre prochaine prévision complète sera publiée en octobre dans notre RPM.
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Merci, et merci à vous, monsieur Marston.
À titre de président, je prendrai maintenant la parole.
Monsieur le gouverneur, je veux vous poser deux ou trois questions de portée générale. La première concerne l'incidence de notre cible en matière d'inflation de la décision prise par le président de la Réserve fédérale américaine de fixer la cible des États-Unis à cet égard à un niveau très bas pour les quelques prochaines années. Je sais qu'il s'agit d'une décision conditionnelle, mais il me semble que le fait que cette cible soit fixée à un bas niveau nous rend les choses un peu plus difficiles en ce qui concerne notre cible en matière d'inflation et la valeur du dollar canadien.
Vous avez mentionné un troisième point durant votre déclaration préliminaire, à savoir l'endettement personnel, et je suis ravi que vous l'ayez fait. En ce qui a trait à la hausse de nos taux d'intérêt, on a fait valoir que, de toute évidence, nous étions en quelque sorte limités par les mesures prises aux États-Unis, et que, en maintenant ces taux à un bas niveau, nous incitions presque les gens à emprunter davantage et, par conséquent, à accroître le problème de l'endettement personnel. Vous nous avez mis en garde à ce sujet, tout comme l'a fait le ministre des Finances.
Il s'agit du premier sujet que je voulais aborder.
Le deuxième a été évoqué par M. Marston et le ministre des Finances. Ce dernier a très vivement indiqué aux membres du comité qu'ils devaient inviter les entreprises à dépenser davantage, et je suis ravi qu'il l'ait fait. L'un des problèmes qui se posent au Canada, et avec une plus grande acuité encore aux États-Unis, tient à ce que, dans une certaine mesure, les entreprises conservent leur capital. À votre avis, pourquoi exactement agissent-elles ainsi? Devrions-nous envisager la mise en place d'une quelconque politique visant à les inciter à investir et à dépenser une partie de ce capital?
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Vous venez de me poser trois questions très importantes, et je tenterai d'y répondre brièvement.
Tout d'abord, la décision qu'a prise la semaine dernière la Réserve fédérale est très positive pour le Canada, dans la mesure où cette forme d'engagement conditionnelle, qui stimule l'économie, est une mesure qu'a prise la Banque au plus fort de la crise. À partir du moment où les taux d'intérêt ont atteint le plus bas niveau possible, nous avons procuré aux Canadiens une plus grande certitude quant à la voie qu'emprunteraient, selon nous, les taux d'intérêt dans un avenir, vu les circonstances exceptionnelles avec lesquelles nous étions aux prises. La Réserve fédérale se trouve dans des circonstances encore plus exceptionnelles, de toute évidence, et l'orientation qu'elle a fournie la semaine dernière a eu une incidence importante sur les taux d'intérêt à long terme, ce qui stimulera grandement l'économie américaine. Je ne vous fournirai pas de renseignements excessivement précis, car il ne s'agit pas d'une science exacte, mais les mesures qu'elle a prises sont analogues à un allégement quantitatif supplémentaire de centaines de milliards de dollars, et cela s'est révélé efficace. Les choses sont un peu plus compliquées que cela, dans la mesure où la Réserve a un mandat double, c'est-à-dire un mandat plus complexe que le nôtre.
Je vais vous expliquer les répercussions que cela aura sur la politique de la Banque du Canada. Ce qui importe pour la Banque du Canada, c'est ce qui se passe aux États-Unis, au sein de l'économie américaine. Ce qui importe, c'est l'incidence de ce qui se passe dans l'économie américaine, compte tenu de tous les autres facteurs intérieurs et internationaux, et leurs répercussions sur l'orientation du Canada en matière d'inflation. Par la suite, nous établissons une politique monétaire adaptée aux conditions régnant au Canada.
Comme vous le savez, nous n'impartissons pas à la Réserve fédérale l'établissement de notre politique monétaire. À certains moments dans le passé, les taux d'intérêt au Canada étaient de 200 points de base plus élevés que ceux aux États-Unis, voire davantage, et à d'autres moments, ils étaient de 200 points de base plus bas que le taux directeur aux États-Unis, voire davantage. Cela s'explique par le fait que c'est cela qui était approprié aux fins de l'atteinte de nos cibles en matière d'inflation.
Nous allons faire le nécessaire pour atteindre cette cible au Canada. Il ne fait aucun doute que le Canada est extrêmement préoccupé par ce qui se passe aux États-Unis, mais la position stratégique de la Réserve fédérale n'est pas celle de la Banque du Canada, comme vous le savez.
Par ailleurs, l'endettement personnel est une question importante. Toute cette crise est une période difficile, sans aucun doute, car au sein des principales économies mondiales, nous faisons de véritables prévisions en ce qui a trait à l'économie et aux prix, et elles sont globalement compatibles avec de très faibles taux d'intérêt sur une longue période. Cela a un effet d'entraînement sur le niveau général des taux d'intérêt ici, au Canada, par le truchement de l'arbitrage et d'autres facteurs. En outre, l'économie canadienne fait face à des vents contraires, de sorte que nous avons fixé les taux d'intérêt à un niveau exceptionnellement bas pour une certaine période, et nous utiliserons judicieusement notre politique en présence de ces vents contraires afin d'atteindre la cible en matière d'inflation. Cela engendrera de la stimulation pour ceux qui en ont besoin, mais crée également la possibilité que les gens empruntent plus d'argent qu'ils seront en mesure de rembourser au bout du compte.
La responsabilité commence à l'échelle individuelle, et ensuite à l'échelle de l'institution financière qui prête de l'argent. Toutefois, comme nous l'avons souligné, il est important de garder présent à l'esprit les deux choses suivantes: premièrement, les taux d'intérêt ne demeureront pas toujours aussi exceptionnellement bas, et les gens doivent donc réfléchir à leur capacité de s'acquitter des obligations liées à une hypothèque, par exemple, durant toute sa durée de vie, même lorsque les taux d'intérêt seront revenus à un niveau plus normal; deuxièmement, il n'y a pas de volet de notre système d'assurance hypothèque, par exemple, qui encourage excessivement ce type de comportement.
Comme je l'ai mentionné durant ma déclaration préliminaire, le gouvernement a pris trois séries de mesures très prudentes et opportunes qui ont une incidence sur l'emprunt excessif. Nous ne sommes pas contre l'emprunt, mais il y a un temps et un lieu pour ça. Les gens doivent faire preuve de prudence en ce qui a trait à leurs finances personnelles, et être conscients du fait que nous nous trouvons dans une situation exceptionnelle, mais qu'elle ne durera pas éternellement.