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Je déclare ouverte la 129
e séance du Comité permanent des finances.
Conformément à l'ordre de renvoi du lundi 10 juin 2013, nous allons étudier le projet de loi .
Chers collègues, je vous remercie tous d'être venus à très court préavis. Je vous en suis très reconnaissant.
Je veux également remercier nos témoins, tant ceux qui sont ici à Ottawa que ceux qui se joignent à nous par vidéoconférence, de comparaître eux aussi à très court préavis. Nous vous en sommes très reconnaissants.
Une séance de trois heures est prévue, de 11 à 14 heures, pendant laquelle nous entendrons d'abord des représentants du ministère des Finances avant de leur poser des questions. Je m'attends à ce que cela prenne au moins 30 minutes, peut-être un peu plus. Nous demanderons ensuite aux témoins de faire leurs déclarations liminaires avant de répondre à nos questions.
Lorsque les membres du comité voudront examiner le projet de loi article par article, ils me l'indiqueront, et c'est ce que nous ferons.
Les autres témoins qui comparaissent en personne ou par vidéoconférence pourront eux aussi entendre les représentants du ministère des Finances nous expliquer quelle est la raison d'être du projet de loi.
Tout d'abord, du ministère des Finances, nous avons M. Ted Cook, qui a souvent comparu devant le comité dernièrement.
Bon retour parmi nous, monsieur Cook.
Nous accueillons également M. Alain Castonguay.
[Français]
Je vous souhaite la bienvenue à ce comité.
[Traduction]
Monsieur Castonguay, je crois que vous ferez la déclaration liminaire au nom des représentants. Les membres poseront ensuite des questions.
Veuillez procéder.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie le comité de nous avoir invités à comparaître ce matin dans le cadre de l'étude qu'il effectue au sujet du projet de loi .
Le Canada a un réseau de conventions fiscales parmi les plus importants au monde. Il a en effet 90 conventions présentement en vigueur. Le projet de loi , s'il est adopté, contribuera à augmenter ce nombre à 93 en mettant en vigueur de nouvelles conventions avec Hong Kong, la Namibie et la Serbie. Le projet de loi S-17 mettra également en oeuvre une convention révisée avec la Pologne, laquelle remplacera la convention actuelle qui remonte à 1987.
Finalement, le projet de loi S-17 contient un protocole conclu avec le Luxembourg et une entente avec la Suisse. Dans les deux cas, les ententes modifient les dispositions des conventions actuelles avec ces pays. Elles portent sur l'échange de renseignements fiscaux afin de les rendre conformes à la norme de l'Organisation de coopération et de développement économiques en matière de renseignements fiscaux.
[Traduction]
Les conventions fiscales du Canada s'inspirent généralement du modèle de l'OCDE, qui a été modifié pour tenir compte des particularités de notre régime. Sur le plan international, la plupart des conventions fiscales s'inspirent également de ce modèle. Elles ont un double objectif: premièrement, elles visent à éliminer les obstacles fiscaux entre deux pays afin de favoriser le commerce et l'investissement bilatéraux; et, deuxièmement, elles ont pour but de prévenir l'évitement fiscal et l'évasion fiscale en favorisant l'échange de renseignements en matière d'impôt entre les autorités fiscales.
Permettez-moi d'en dire un peu plus sur chacun de ces objectifs et d'expliquer en quoi les ententes prévues dans le projet de loi les soutiennent.
La double imposition internationale peut faire obstacle au commerce et à l'investissement transfrontaliers. Les conventions fiscales visent à prévenir la double imposition en rassurant les contribuables quant à leur assujettissement à l'impôt dans un pays étranger; en répartissant les droits d'imposition entre deux administrations afin d'éviter que le contribuable ne fasse l'objet d'une double imposition; en réduisant le risque d'une imposition « accablante », ce que je vais expliquer dans un moment, qui peut découler de retenues d'impôt élevées; et, finalement, en s'assurant que les contribuables ne sont pas assujettis à une imposition discriminatoire dans un pays étranger.
Selon nos propres lois, les dividendes, les intérêts et les redevances versés à des non-résidents sont assujettis à une retenue d'impôt de 25 p. 100 du montant brut versé. Beaucoup de partenaires commerciaux du Canada imposent des retenues similaires. Étant donné que la retenue d'impôt ne tient pas compte des dépenses engagées pour produire le revenu, il arrive souvent que le contribuable soit assujetti à un taux d'imposition effectif qui est sensiblement plus élevé que le taux qui s'appliquerait au revenu net. C'est ce que j'ai qualifié tout à l'heure d'imposition « accablante », ce qui est sans aucun doute un obstacle au commerce et à l'investissement.
Les conventions fiscales atténuent ce fardeau en fixant la retenue maximale que les signataires de la convention peuvent imposer sur ces types de revenu ou en prévoyant, dans certains cas, que seul le pays de résidence peut imposer le revenu. Par exemple, la convention avec Hong Kong limite les taux de la retenue d'impôt à 5 p. 100 sur les dividendes directs, à 15 p. 100 sur les autres dividendes et à 10 p. 100 sur les intérêts entre personnes ayant un lien de dépendance et sur les redevances.
Hong Kong est l'un des plus importants marchés financiers de l'Asie pour le commerce ainsi qu'une destination importante pour les investissements directs du Canada à l'étranger. Une fois en vigueur, la convention devrait favoriser davantage le commerce et l'investissement et consolider nos liens bilatéraux.
Le deuxième objectif dont j'ai parlé était la prévention de l'évitement fiscal et de l'évasion fiscale. La disposition autorisant l'échange de renseignements entre nos autorités fiscales respectives compte parmi les éléments clés. Une plus grande transparence et un meilleur accès aux renseignements sont d'importants outils utilisés par les autorités pour faire respecter les lois internes et prévenir l'évasion fiscale internationale.
Afin d'améliorer le réseau canadien d'échange de renseignements, il a été annoncé dans le budget de 2007 que la norme de l'OCDE en matière d'échange efficace de renseignements fiscaux devait être intégrée aux nouvelles conventions fiscales ainsi qu'aux conventions révisées. Les six conventions comprises dans le projet de loi S-17 contiennent des dispositions sur l'échange de renseignements qui sont conformes à la norme de l'OCDE. En fait, les conventions avec le Luxembourg et la Suisse portent exclusivement sur l'échange de renseignements. Elles permettent aux autorités fiscales des signataires d'échanger des renseignements concernant l'application des lois fiscales de chaque pays conformément à la norme. De plus, les dispositions font en sorte que les lois sur le secret bancaire que peut avoir l'autre pays ne font pas obstacle à l'échange efficace de renseignements.
[Français]
J'ai mentionné au début de mes remarques que le projet de loi contribuait à augmenter l'étendue de notre réseau de conventions fiscales, mais il est aussi important de garder à jour nos conventions existantes et de les actualiser lorsque cela est nécessaire.
La convention avec la Pologne est un bon exemple. Le besoin de négocier et de signer une nouvelle convention avec la Pologne s'est imposé. En effet, la convention actuelle, qui a été signée en 1987, l'a été dans un contexte économique très différent de celui d'aujourd'hui. La nouvelle convention avec la Pologne reflète les nouvelles politiques du Canada concernant les taux maximums de retenue à la source sur les paiements de redevances, d'intérêts et de pensions. Évidemment, la convention contient les normes les plus récentes en matière d'échange d'informations.
Monsieur le président, ceci conclut mon intervention. Je suis à la disposition du comité pour répondre à ses questions.
Je vous remercie.
Je vous pose cette question parce que je présume que cela nécessite beaucoup d'énergie pour en arriver à signer ces ententes bilatérales. Par ailleurs, on peut s'interroger sur les résultats.
Comme on l'avait souligné lorsqu'on a réalisé notre étude sur les paradis fiscaux, il y a beaucoup de doutes qui existent à savoir si les traités bilatéraux constituent vraiment la meilleure manière de traiter cette question. C'est mieux que de ne rien avoir, mais le progrès accompli est quand même mineur.
Vous êtes probablement au courant de l'article qui est paru dernièrement dans The Economist. J'aimerais en citer un extrait qui n'est, malheureusement, qu'en anglais:
[Traduction]
Maintenant, les comptables peuvent facilement déplacer les immobilisations incorporelles comme la propriété intellectuelle, et les profits qu'elles génèrent, d'une administration à l'autre. Une série de conventions fiscales ambigües les laissent jouer avec les règles nationales. [Traduction]
On donne l'exemple du « double irlandais avec sandwich hollandais », que vous connaissez peut-être.
Des voix: Oh, oh!
[Français]
Au chapitre des traités, on passe beaucoup de temps à signer des ententes bilatérales mais, en définitive, cette énergie ne devrait-elle pas selon vous être consacrée à autre chose? Ne devrait-on pas s'attaquer à ce qui constitue de plus grands problèmes, à savoir le manque de transparence et la double imposition ou, comme mon collègue le mentionnait, la double non-imposition?
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Pour faire suite à ce que disait mon collègue, M. Guy Caron, quand on signe une telle convention, on s'attarde souvent aux pays avec lesquels on signe ces conventions, mais il faut regarder aussi dans notre propre cour. Sommes-nous de bons élèves?
Le professeur Jason Sharman, de l'Université Griffith, dont on peut lire un très bon article dans le magazine National, qui est le périodique officiel de l'Association du Barreau canadien, a réalisé une très bonne étude à cet égard. Elle est très intéressante puisqu'elle révèle que le Canada, comme les États-Unis, a son propre système de secrets en ce qui a trait aux sociétés-écrans. C'est un gros problème parce qu'on ne peut pas prêcher l'adoption de bons comportements si on se comporte de façon aussi déplorable.
Cela passe par des entreprises qui peuvent monter ces sociétés-écrans. Le professeur Sharman a mentionné le Canada en particulier. Il citait un exemple. Dans pratiquement la moitié des cas qui étaient étudiés, on demandait très peu de renseignements, sinon aucun. Dans ce cas précis, il indique que l'entreprise qui offrait ses services pour monter une société-écran expliquait clairement les risques. Malgré tout, on ne demandait des renseignements personnels que si on allait procéder à un paiement par carte de crédit.
Le Canada fait partie du Groupe d'action financière sur le blanchiment de capitaux depuis 1990. Les critères de ce groupe sont quand même très clairs: il faut que le Canada, comme les autres pays membres, s'assure qu'une collecte d'informations sur les propriétaires qui bénéficient de ce genre de société-écran est faite.
Que pouvez-vous nous dire à cet égard? Qu'est-ce qui explique qu'il y ait autant de carences au Canada?
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Bonjour. Je vous remercie de l'invitation. C'est un privilège de m'exprimer devant vous aujourd'hui sur le bien-fondé du projet de loi .
Je n'appuie pas le projet de loi , parce qu'il représente un pas additionnel vers la mise en place d'un régime fiscal mondial où les grandes fortunes d'entreprises et de personnes peuvent légalement profiter des paradis fiscaux pour ne pas payer leur juste part d'impôts.
Avec le soutien de stratégies d'optimisation fiscale, la convention fiscale Canada-Hong Kong, par exemple, à laquelle fait référence le projet de loi , permet la légalisation d'un corridor partiellement ou totalement défiscalisé entre le Canada et plusieurs pays d'Asie.
Ce privilège fiscal ne relève pas d'articles précis de la convention, mais bien du simple fait que le régime fiscal canadien n'impose pas les revenus en provenance de filiales de multinationales canadiennes établies dans les pays avec lesquels le Canada a signé une convention fiscale ou un accord d'échange de renseignements fiscaux.
Étant donné que le taux d'imposition des entreprises est de 16,5 % à Hong Kong et d'environ 25 % au Canada, la convention Canada-Hong Kong va plus loin que d'éviter la double imposition. Elle permet une économie de 40 % aux multinationales canadiennes qui exporteront du revenu à Hong Kong.
De plus, des planifications fiscales sont déjà en élaboration pour augmenter, légalement toujours, cette économie d'impôt de 40 % à une exemption totale d'impôt.
Dans un récent rapport spécial présenté par Tax Analysts, un cercle international de réflexion destiné notamment aux praticiens de la fiscalité, le réputé fiscaliste montréalais Nathan Boidman explique que le revenu réalisé à Hong Kong pourrait être à 100 % exempt d'impôt canadien et étranger lorsque les filiales installées à Hong Kong encaissent des revenus d'intérêts, des revenus provenant de l'utilisation de licences ou lorsque des structures d'entreprises mises en place en Asie incluent plusieurs juridictions et où le revenu ne fait que transiter par Hong Kong.
Des milliers d'accords fiscaux similaires à la convention Canada-Hong Kong existent présentement entre les pays, si bien qu'en les manipulant de manière stratégique. Il est maintenant légal pour les grandes fortunes d'entreprises mondiales de payer 2 % d'impôt, voire aucun impôt.
Pour compenser l'érosion de l'assiette fiscale engendrée par cette défiscalisation des revenus légalement exportés vers les paradis fiscaux ou les juridictions moins imposées, ce sont les autres contribuables, les travailleurs, les PME, les grandes entreprises de chez nous, tous ces contribuables immobiles, qui doivent payer. Et s'ils tentent d'éviter l'impôt canadien partiellement ou totalement en utilisant des paradis fiscaux comme le font les grandes fortunes d'entreprises et de personnes, c'est considéré illégal pour eux. En outre, comme le reflètent les différentes dispositions du projet de loi relatives aux échanges d'information, le gouvernement canadien prend au sérieux sa mission de coincer ces contrevenants.
Je n'appuie pas le projet de loi . Toutefois, je me demande si l'énergie dépensée à mettre en place ces projets de loi ou même l'énergie dépensée à les contester représente le chemin optimal pour stopper la mise en place de ce régime d'imposition préférentiel réservé aux grandes fortunes. J'investirais peut-être le maximum de nos ressources limitées à tenter de remplacer la concurrence fiscale internationale, qui représente l'essence même de notre problème actuel à l'échelle internationale, par une certaine coopération fiscale.
Je vous remercie de votre attention. C'est avec plaisir que je pourrai répondre à vos questions.
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Mesdames et messieurs, je vous remercie de me donner l'occasion de prendre une fois de plus la parole devant votre comité.
J'ai quelques observations générales au sujet des conventions avec la Namibie, la Serbie et la Pologne, mais j'aimerais surtout vous entretenir de quelques-uns des sujets de controverse soulevés ce matin relativement aux échanges automatiques de renseignements par rapport à ceux qui se font sur demande.
J'ai analysé les trois conventions que je viens de mentionner. Elles ne m'apparaissent aucunement controversées. Elles respectent les grandes lignes du modèle établi par l'OCDE pour les conventions fiscales. Comme l'indiquait M. Castonguay, le Canada est membre de l'OCDE depuis le jour 1. Pour la plupart de nos conventions fiscales, nous nous en tenons au modèle de l'OCDE. Bien que je n'aie pas effectué une analyse détaillée de ces conventions, je peux vous dire qu'elles m'apparaissent semblables à la plupart des autres signées par le Canada en la matière.
J'aimerais toutefois vous parler plus en détail des trois autres conventions, notamment en ce qui a trait aux dispositions touchant les échanges d'information. C'est un domaine où tout évolue très rapidement. À la décharge du ministère des Finances, il faut préciser que très peu de pays se sont déjà entendus au sujet d'un échange automatique de renseignements. Les six derniers mois ont tout de même regorgé d'activité sur ce tableau.
Ainsi, le Consortium international des journalistes d'enquête a révélé en avril dernier avoir reçu plus de 2,5 millions de documents, une fuite d'information sans précédent qui fait notamment peser des soupçons sur 450 contribuables canadiens, selon CBC.
Je n'ai pas pu vous en parler lors de ma dernière comparution, mais comme CBC a depuis rendu publics certains résultats de son enquête — à laquelle j'ai d'ailleurs participé à la demande de la société d'État — je peux certes maintenant traiter avec vous de quelques-unes des conclusions parmi celles qui ont déjà été communiquées. Cette fuite d'information a suscité une vive controverse, surtout en Europe. La commission de l'Union européenne exerce maintenant des pressions en faveur de l'échange automatique de renseignements.
Des pays comme le Luxembourg et la Suisse ont récemment conclu un accord pour l'échange automatique d'information avec des pays comme le Royaume-Uni. C'est ce qu'on a appelé les « accords Rubik » qui diffèrent légèrement de ce qu'on connaissait auparavant. C'est un peu complexe, mais selon le type d'entente signée, il peut y avoir soit un échange automatique de renseignements, soit des retenues à la source au taux de 30 ou 40 p. 100 sur le revenu brut du contribuable non résident.
Parallèlement à cela, le Royaume-Uni est parvenu au cours des derniers mois à conclure des accords prévoyant l'échange automatique d'information avec certaines anciennes colonies britanniques devenues des paradis fiscaux, comme les Îles Vierges britanniques — l'un des principaux paradis fiscaux identifiés dans la fuite de données du Consortium international — et d'autres pays comme l'île de Man. Il faut donc noter ces pressions récentes en faveur des échanges automatiques.
Les trois conventions dont je vais maintenant vous parler très brièvement sont plutôt intéressantes. Je pense que celle conclue avec Hong Kong demeure fidèle au modèle de l'OCDE. Elle renferme des dispositions précisant que les échanges automatiques ou spontanés ne sont pas obligatoires. Cela peut sembler un peu superflu, car les conventions conclues par le Canada, en s'inspirant du modèle de l'OCDE, ont toujours prévu trois types d'échanges d'information: automatiques, sur demande et spontanés. La convention avec Hong Kong n'exclut pas la possibilité de consentir tout au moins à des échanges automatiques ou spontanés. Quoi qu'il en soit, c'est une façon de présenter les choses que je n'avais jamais vue dans une convention.
Le Luxembourg et la Suisse semblent avoir voulu faire vraiment le nécessaire pour s'assurer que le Canada ne puisse pas procéder à des échanges de renseignements, de manière automatique ou spontanée. Cependant, selon la version actuelle du commentaire du modèle de l'OCDE concernant l'article 26, ces trois avenues sont possibles. Si nous acceptons de conclure ces deux dernières conventions avec le Luxembourg et le Royaume-Uni, nous ne suivons donc plus le modèle de l'OCDE.
Mais je répète que dans un contexte où les choses évoluent aussi rapidement, on peut comprendre que le ministère des Finances ait pu ressentir au cours de la dernière année certaines pressions qui l'ont incité à conclure ces conventions suivant des modalités semblables.
Je vous remercie.
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Merci de me donner l'occasion de vous présenter nos points de vue concernant le projet de loi .
Si certains éléments clés du plan d'action proposé par le premier ministre britannique David Cameron au sommet du G8 ne sont pas mis en oeuvre, les ententes et les conventions fiscales incluses dans le projet de loi S-17 ne permettront pas vraiment d'améliorer les choses du point de vue des impôts perçus auprès des contribuables qui dissimulent leur argent dans des paradis fiscaux. Si le Canada veut véritablement s'en prendre aux fraudeurs qui profitent des paradis fiscaux, il devrait le démontrer en appuyant sans réserve le plan d'action du premier ministre Cameron, plutôt que d'essayer d'en diluer quelques-unes des principales composantes.
Ainsi, la mise en oeuvre des propositions britanniques concernant la propriété effective et les échanges multilatéraux automatiques de renseignements fiscaux sera déterminante quant à savoir si le projet de loi deviendra une mesure législative pertinente ou un simple gaspillage de temps et d'efforts.
Laissez-moi vous expliquer ce que je veux dire.
Les conventions et ententes fiscales visées par le projet de loi sont notamment problématiques du fait que le Canada doit déjà posséder certains renseignements au départ avant de pouvoir demander d'autres informations en vertu du modèle actuel d'accord bilatéral de l'OCDE sur lequel ces conventions sont fondées, comme nous pouvons le voir très clairement. Si vous examinez les dispositions détaillées prévues à l'annexe 5 du projet de loi S-17, par exemple, vous pourrez voir toutes les mesures à prendre par le Canada pour obtenir de l'information du Luxembourg. On y décrit de façon très claire toute la complexité des étapes à franchir.
Les policiers doivent un peu se prêter à la même démarche pour obtenir un mandat de perquisition. Je suis persuadé que Mme Glover pourrait vous le confirmer d'expérience. Les policiers doivent avoir identifié un suspect et accumulé une quantité assez importante d'éléments de preuves pour convaincre un juge de leur délivrer un mandat de perquisition. C'est d'ailleurs le grand défi que doit relever l'Agence du revenu du Canada. Il lui est très difficile de savoir qui peuvent être les suspects au sujet desquels ils vont demander de l'information aux gouvernements des pays servant de paradis fiscaux en raison du secret bancaire qui y prévaut. Comment le Canada peut-il demander de l'information sur un présumé fraudeur fiscal si les règles en matière de propriété effective ne sont pas strictement appliquées? Le fraudeur peut ouvrir des comptes en fiducie ou créer des sociétés fictives dans de nombreux paradis fiscaux sans être tenu d'en identifier le propriétaire effectif. Sans l'application de règles strictes en la matière, il est facile de dissimuler sa fortune à l'étranger, ce qui est propice non seulement à l'évasion fiscale, mais aussi au blanchiment d'argent par le crime organisé, au trafic d'armes et au financement du terrorisme.
Je suis convaincu que notre gouvernement ne voudrait pas être accusé d'appuyer ce genre d'activités.
Le plan d'action proposé par les Britanniques dans le contexte du G8 exige l'établissement d'un registre public et de règles beaucoup plus sévères pour faire en sorte que le propriétaire effectif de chaque compte puisse être identifié. Il est essentiel que ces renseignements soient rendus publics, plutôt que de n'être accessibles qu'à la police ou aux autorités fiscales, car il sera ainsi plus facile pour tous les pays d'en prendre connaissance. L'implantation d'un régime multilatéral d'échange automatique de renseignements fiscaux est l'autre mesure essentielle pour assurer l'utilité des ententes bilatérales à ce chapitre. Les propositions actuellement à l'étude dans le cadre du G8, du G20 et de l'OCDE faciliteraient l'échange de renseignements de base sur les détenteurs de comptes de telle sorte que les autorités fiscales canadiennes puissent se rendre compte qu'un contribuable n'a pas indiqué sur sa déclaration de revenus un compte à l'étranger dans le pays X ou Y, et savoir ainsi à qui s'adresser pour obtenir de plus amples renseignements.
Je sais que l'Agence du revenu du Canada a été beaucoup critiquée récemment, mais j'éprouve tout de même une certaine compassion à son endroit, étant donné la situation dans laquelle elle se retrouve. Il est extrêmement difficile d'entreprendre des enquêtes sur les fraudeurs ayant recours aux paradis fiscaux alors qu'on dispose d'aussi peu de renseignements à la base.
Je dirais en terminant qu'il faut accroître la capacité de l'Agence du revenu du Canada, surtout dans le contexte de la récente fuite qui a mis de grandes quantités d'information à la disposition du gouvernement canadien. Les six ou 10 agents additionnels qui auraient été mandatés pour former une équipe spéciale ne suffiront pas à la tâche.
Il convient par ailleurs de féliciter CBC et le Consortium international des journalistes d'enquête qui ont rendu un grand service à tous en mettant au jour les agissements de ceux qui utilisent les paradis fiscaux. Encore faut-il toutefois que le Canada ait la capacité requise pour donner suite à ces révélations.
Je vous remercie.
Je m'appelle H. David Rosenbloom. Je suis avocat fiscaliste et professeur de droit fiscal. Ma spécialité est la fiscalité internationale. Je fais partie du cabinet Caplin et Drysdale, aux États-Unis. Je suis également directeur du programme d'impôt international à l'École de droit de l'Université de New York. À la fin des années 1970, j'étais conseiller en fiscalité internationale au département du Trésor des États-Unis. À ce titre, j'ai été le négociateur en chef, pour les États-Unis, de la convention en matière d'impôts sur le revenu entre le Canada et les États-Unis.
Je remercie le comité de me donner l'occasion de faire connaître mon point de vue sur le projet de loi , Loi mettant en oeuvre des conventions, des protocoles et des accords conclus entre le Canada et divers pays et visant tous à éviter la double imposition et à prévenir l'évasion fiscale.
Mes observations sont nécessairement entravées par ma méconnaissance relative des politiques du Canada en matière de conventions fiscales et par le peu de temps que j'ai pu consacrer à l'étude du projet de loi. Je ne suis pas un spécialiste de la fiscalité canadienne et, jusque dans l'après-midi du 14 juin, j'ignorais l'existence du projet de loi. En outre, on ne m'a pas informé des aspects particuliers du projet de loi sur lesquels on m'a demandé de formuler des observations.
Mon hypothèse de travail est que le comité est peut-être des plus désireux de signer non pas les nouvelles conventions avec la Namibie et la Serbie, dans les parties 1 et 2 du projet de loi , mais, plutôt, la convention avec la Pologne et l'accord avec Hong Kong, dans les parties 3 et 4; l'avenant à l'accord en vigueur avec le Luxembourg, dans la partie 5; et la convention supplémentaire avec la Suisse, dans la partie 6.
Ces deux dernières parties concernent l'échange de renseignements. Les parties 3 et 4, d'autre part, sont une convention et un accord avec la Pologne et Hong Kong dont des investisseurs d'autres pays se sont servis pour faire des investissements à l'extérieur de ces deux entités.
Je me bornerai donc, dans ma déclaration préliminaire, à des observations sur les projets d'articles sur les échanges de renseignements avec le Luxembourg et la Suisse et sur les accords avec les intermédiaires que sont la Pologne et Hong Kong.
Je commence par l'échange de renseignements. L'avenant de la convention avec le Luxembourg semble conforme aux pratiques actuelles de l'Organisation de coopération et de développement économiques, l'OCDE, et à l'avenant, en instance de signature, à la convention en matière d'impôt sur le revenu entre les États-Unis et le Luxembourg.
Entre ces textes, on observe des différences, mais elles sont de nature technique et, je suppose, elles présentent peu d'intérêt pour le comité. J'ai des réserves au sujet de l'efficacité de ces dispositions pour un échange utile de renseignements, mais je ne peux pas voir le tort qu'elles pourraient causer.
La convention supplémentaire avec la Suisse, d'autre part, soustrait le pays demandeur à l'obligation de communiquer un nom précis au pays requis pour obtenir des renseignements sur quelqu'un et identifier la personne possédant ces renseignements.
Comme le pays demandeur a souvent besoin de connaître le nom — c'est le motif, en premier lieu, de sa demande — la nécessité de communiquer le nom pour obtenir l'information demandée pourrait souvent annuler la disposition concernant les échanges de renseignements. Ainsi, cette convention supplémentaire répond à un problème réel et, malgré mon scepticisme durable au sujet de l'échange de renseignements régi par une convention fiscale, je n'y vois pas d'objections importantes.
L'accord avec Hong Kong et la nouvelle convention avec la Pologne présentent un problème différent, beaucoup plus gros et plus complexe. On peut surtout craindre, pour les États qui se livrent, eux et leurs réseaux de traités, aux investisseurs étrangers, que leurs conventions risquent de devenir des accords avec le monde entier.
Aux États-Unis, nous croyons que la plupart des conventions fiscales sont bilatérales et que les avantages qu'elles confèrent devraient se limiter aux personnes qui ont un lien véritable avec l'une des parties.
Pour appliquer cette règle, il suffit de ne pas conclure de conventions avec des États qui servent d'intermédiaires, particulièrement si on n'a pas démontré un véritable risque de double imposition. Malheureusement, les États-Unis ne l'ont pas toujours respectée. Ils ont, par exemple, des conventions avec les Bermudes, Chypre et la Barbade, pour ne nommer que ces trois exemples d'États avec qui il ne semblait pas impérieux de conclure de conventions fiscales.
Outre la stratégie de ne pas négocier de conventions avec certains États, les États-Unis se fient à certaines mesures fixées dans le texte de leurs conventions et tirées de leur jurisprudence générale pour combattre le chalandage fiscal. Un article sur la limitation des avantages qui exige l'existence d'un lien véritable entre la partie qui réclame les avantages et le partenaire du traité est désormais la norme dans toutes les conventions fiscales modernes des États-Unis. Et la doctrine de la réalité économique, qui vient d'accéder au statut de loi, mais que nos tribunaux appliquent depuis longtemps, a été une arme efficace contre au moins certains types de chalandage fiscal.
Je remarque que le paragraphe 3 de l'article 26 de la convention avec la Pologne et de l'accord avec Hong Kong est une version abrégée de ce qui est devenu, aux États-Unis, l'article sur la limitation des avantages. Le texte de l'article 26, repris aussi dans les conventions avec la Namibie et la Serbie, empêche efficacement des entités sous contrôle étranger de jouir d'un régime plus avantageux chez le partenaire du traité que les entités appartenant à des intérêts de ce pays. Là se trouve l'origine de la disposition américaine, qui a beaucoup évolué depuis. Quant à savoir si elle a toujours été efficace, c'est une question qu'on n'a jamais vraiment tranchée.
Je conclus en mentionnant le cas d'une disposition de ce type qui semble efficace. Elle fait partie de la convention des États-Unis avec Chypre et elle renferme deux règles importantes d'intérêt général: d'abord, que les avantages conférés par les États-Unis ne sont offerts qu'à des entités chypriotes, qui appartiennent dans une grande mesure, juridiquement et économiquement, à des personnes physiques qui habitent véritablement à Chypre ou, dans certains cas limités, à des citoyens des États-Unis; ensuite, que ces avantages ne sont autorisés que lorsqu'on détermine, de façon discrétionnaire, que la création, l'acquisition et le maintien de l'entité et la conduite de ses opérations n'ont pas eu comme principal objectif l'obtention des avantages visés par la convention. La disposition est générale et, d'après certains, vague de manière inacceptable. Pourtant, elle semble, pour cette raison même, avoir réussi à déjouer les tentatives d'investisseurs d'un pays tiers à se prévaloir de la convention avec Chypre pour obtenir des avantages inappropriés aux États-Unis.
J'ajouterai deux éléments de réflexion qui découlent de ce que j'ai entendu jusqu'ici pendant la séance. Je les livre en vue d'y revenir plus longuement plus tard. D'abord, je conseille au comité de distinguer soigneusement, d'une part, l'évasion fiscale des sociétés, le recours aux paradis fiscaux par les multinationales et le prix de transferts entre sociétés, qui concernent tous la multinationale, et, d'autre part, les sujets qui concernent le contribuable. Dans la plupart des cas, il s'agit de comptes à l'étranger, de l'emploi de trusts à l'étranger, etc. Je pense qu'il s'agit de deux problèmes connexes mais distincts et je pense qu'on devrait y réagir différemment.
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Merci, monsieur le président.
Avant de commencer, j'aimerais dire un mot aux techniciens. J'entends l'interprétation simultanée en anglais lorsqu'il y a du français. Je n'en ai pas besoin et, de plus, je l'entends quand je parle. S'il vous plaît, veuillez ne pas me fournir l'interprétation simultanée, que ce soit pour l'anglais ou le français.
Mesdames et messieurs les parlementaires, je vous remercie de cette invitation.
J'aimerais rappeler que nous assistons sur le plan international, principalement en Occident mais pas uniquement dans cette région du monde, à une prise de conscience de l'importance de lutter non seulement contre la fraude fiscale, mais aussi contre les effets des paradis fiscaux, ces États qui permettent qu'on y ait recours légalement. Les populations, certains chercheurs et certaines organisations civiques y sont pour beaucoup. L'OCDE a établi des normes d'action pour ses pays membres parmi lesquels on compte le Canada. Ces mesures sont, certes, timides et souvent fort insatisfaisantes, mais elles restent néanmoins encourageantes quant à la prise de conscience publique et politique qu'elles traduisent. Nous pouvons nous féliciter de ces avancées et souligner l'apport de tous les gens de bonne volonté qui y ont contribué.
Cela dit, les mesures proposées dans le projet de loi à l'étude aujourd'hui au titre de l'échange d'informations fiscales avec le Canada sont manifestement inefficaces. Le modèle de l'OCDE, que le Canada reprend, est très souvent inopérant. L'ambassadeur de Suisse auprès du Canada l'explique dans sa déclaration qui est inscrite dans projet de loi, à savoir que la demande d'informations que chercherait à obtenir, en vertu de cette entente, un agent canadien auprès de la Suisse serait soumise à un protocole interprétatif très lourd. Je cite M. l'ambassadeur: « [...] ces dispositions contiennent d’importantes exigences de procédure qui ont pour but d’empêcher la pêche aux renseignements, [...] ». Ce qu'on appelle en anglais les fishing expeditions.
Cela revient à dire que c'est seulement lorsqu'on détient d'emblée les informations que l'on souhaite obtenir qu'un paradis fiscal comme la Suisse lève le secret bancaire. Il faut, autrement dit, que ce soit comme dans le cas de l'ancien ministre français du budget, Jérôme Cahuzac, où les confirmations de la détention d'un compte en Suisse par l'intéressé ont été révélées par les autorités helvétiques au moment où tout le monde était au fait de l'information. Autrement dit, c'est quand on a déjà l'information, comme dans le cas de Jérôme Cahuzac, qu'on obtient une levée du secret bancaire. On se trouve donc encore aujourd'hui au même stade que déplorait en 2004 le député français Vincent Peillon. Il disait ceci: « Une telle logique conduit à n'accorder l'assistance que lorsque les preuves sont déjà en possession des enquêteurs ». On est donc très loin du projet d'échange automatique d'informations requis pour vraiment mettre fin au secret bancaire.
Par ailleurs, l'accord fiscal entre le Canada et Hong Kong semble problématique. Il ne porte pas seulement sur les revenus des particuliers, mais également sur celui des entreprises. L'article 5 de l'accord précise qu'on inclut strictement dans cette catégorie les sociétés canadiennes qui ont une activité économique réelle à Hong Kong. Il s'agit de ne pas imposer des revenus qui ont déjà été sujets à l'impôt à Hong Kong, comme lorsqu'une filiale canadienne transfère ses revenus au Canada.
Cependant, considérant que maintes entreprises occidentales sont à Hong Kong pour profiter des faibles impôts et des faibles salaires qu'on y retrouve, l'accord permettra à des entreprises canadiennes qui mènent des opérations industrielles à Hong Kong, tout en n'y payant des impôts qu'à la marge, de transférer au Canada les revenus de leurs activités sans y payer d'impôt. Politiquement, cela revient en clair, pour le Canada, à reconnaître Hong Kong comme une zone franche industrielle, permettant la délocalisation des entreprises et nuisant aux travailleurs du monde entier. Au-delà d'une stricte mesure administrative, on est témoins d'un appui politique symbolique fort.
En ce qui a trait à l'échange de renseignements fiscaux avec Hong Kong, le Canada ne se donne pas les moyens de sa volonté. Il ne peut, au vu de la loi, dans des cas très précis, obtenir que des informations que l'administration de Hong Kong possède déjà. Je cite brièvement la convention:
3. Les dispositions des paragraphes 1 et 2 ne peuvent en aucun cas être interprétées comme imposant à un État contractant l’obligation :
b) de fournir des renseignements qui ne pourraient être obtenus sur la base de sa législation [...]
Autrement dit, la législation prévoit que Hong Kong ne va donner des informations que si elle les possède elle-même et que si elle est en mesure de les obtenir. Or, à Hong Kong, la Loi sur les trusts est ainsi faite que le gouvernement ne détient aucune information sur leurs activités ou leurs bénéficiaires réels.
À cet égard, je vous lis une référence qui nous renseigne sur ce qu'il en est des trusts à Hong Kong:
[Traduction]
À Hong Kong, un trust n'a pas besoin d'enregistrer de documents et la loi ne l'oblige pas à faire de déclarations annuelles, à produire des états financiers audités, etc., sauf s'il y fait des affaires.
[Français]
Autrement dit, l'administration de Hong Kong, de par sa position, ne reconnaît pas qui sont les bénéficiaires des trusts créés chez elle. Par conséquent, elle ne donne jamais l'information qu'on pourrait lui demander à ce sujet.
Il est entendu qu'aujourd'hui, il y a une concertation très importante en faveur de l'échange automatique d'informations. On peut espérer qu'un tel mécanisme mènera à des normes internationales qui encourageront le principe de neutralité en matière de fisc international.
Je vous remercie. Je suis évidemment disposé à répondre à vos questions.
Merci à tous les témoins d'être ici, après avoir été prévenus si tard. Nous vous en sommes très reconnaissants.
Je vais résumer rapidement les propos qui m'ont semblé importants. Je questionnerai ensuite Mme Alepin et M. Deneault.
Je pense avoir cru comprendre que M. Deneault a dit que le projet de loi et les conventions inspirées de l'OCDE étaient essentiellement inopérants.
Madame Alepin, vous avec dit que vous n'appuyiez tout simplement pas le projet de loi , pour les raisons que vous avez énumérées.
M. Rosenbloom a dit qu'il ne voyait pas en quoi les dispositions sur l'échange de renseignements feraient du tort. Cela s'appelle « éreinter à coups d'éloges ».
Essentiellement, on s'oppose au projet de loi parce que, comme semble le montrer la remarque de M. Cockfield, à cause de l'explosion des échanges automatiques de renseignements et de ses effets indirects, ces mesures semblent beaucoup d'un autre âge.
Mme McLeod a utilisé l'image de la boîte à outils. D'après ces témoins, leur tranchant pour lutter contre l'évasion fiscale serait, au mieux, assez émoussé.
Ma question s'adresse à Mme Alepin et à M. Deneault, et c'est pour obtenir des éclaircissements au sujet de Hong Kong.
Vous avez dit, madame Alepin, que les profits à Hong Kong pourraient être totalement exempts d'impôt à cause de filiales créées là-bas ou ailleurs. M. Deneault a dit que les trusts non résidents ne sont pas obligés de faire de déclaration, ils n'ont aucun renseignement à communiquer, parce que, là-bas, cette information n'a pas besoin d'être enregistrée. Donc, essentiellement, comment pourrait-on obtenir de Hong Kong des renseignements et s'en servir dans des cas d'évasion fiscale?
M. Cockfield a tenu des propos semblables. Il a souligné l'absence d'obligation et que, en fait, il n'y a pas d'échange automatique possible de renseignements. Je ne sais pas trop comment cela pourrait fonctionner un jour avec Hong Kong.
J'aimerais que Mme Alepin et M. Deneault parlent de la possibilité d'utiliser cet accord avec Hong Kong pour combattre l'évasion fiscale.
:
En ce qui concerne l'échange automatique d'informations, je pense que mes collègues sont mieux placés que moi pour critiquer les modalités de la convention actuelle. Évidemment, toutes les remarques formulées jusqu'à maintenant et visant à savoir s'il est raisonnable de penser que l'échange automatique d'informations donnerait des résultats concrets sont des points de vue valables. C'est le cas aujourd'hui, devant ce comité, et ce l'était également devant le Sénat. On a dit que c'était un premier pas, et c'est probablement en effet un premier pas.
Pour ma part, ce qui me préoccupe réellement au sujet du projet de loi S-17, c'est que des entreprises et des particuliers dotés de grosses fortunes puissent maintenant légalement ne pas payer leur juste part d'impôts en profitant des paradis fiscaux. En effet, comme dans le cas d'autres projets de loi portant sur des conventions fiscales établies avec le Panama, notamment, ou avec d'autres pays dont le taux d'imposition est moins élevé qu'au Canada, tout cela nous mène vers un système d'imposition mondial où il est légal pour certains contribuables, en l'occurrence principalement des entreprises et des particuliers dotés de grandes richesses, de ne pas payer leur juste part d'impôts dans leur pays d'origine. Ils profitent des conventions fiscales du fait qu'on est mondialisé ou qu'il y a une concurrence fiscale internationale. Au cours des dix dernières années, il est devenu possible de transférer de l'argent électroniquement.
Par contre, toujours dans le cadre du projet de loi S-17, si des citoyens ordinaires trouvent qu'ils paient déjà beaucoup d'impôts et souhaitent eux aussi profiter des paradis fiscaux, c'est illégal pour eux. Dans leur cas, le gouvernement prend tous les moyens nécessaires pour les en empêcher. Au cours de ces réunions, on se demande si c'est nécessaire ou suffisant et si cela va vraiment fonctionner, mais il ne s'agit là que de sous-questions.
En fait, la première question à se poser est si nous voulons d'un régime mondial d'imposition qui favorise les sociétés et les personnes dotées de grandes fortunes et qui permet à ces dernières d'avoir recours légalement aux paradis fiscaux ou de faire affaire avec des pays où le taux d'imposition est beaucoup moins élevé qu'au Canada. D'autre part, nous devons nous demander si nous voulons interdire aux citoyens ordinaires de le faire.
:
Je ne pense pas qu'on puisse les considérer comme la principale arme de lutte contre l'évasion fiscale, parce que la fonction d'une convention fiscale est, essentiellement, de diminuer la pression fiscale. Aux États-Unis, la Constitution précise qu'on ne peut pas se servir d'une convention fiscale pour alourdir la fiscalité. On cherche au mauvais endroit, je crois, si on veut résoudre un problème au moyen d'une convention, du moins au niveau des entreprises.
Comme j'ai dit dans ma déclaration, je doute aussi vraiment des dispositions qui, dans les conventions, régissent l'échange de renseignements — ce à quoi je ne m'oppose pas en principe — et je me demande si elles peuvent s'attaquer au problème de l'évasion en masse, au niveau individuel, certainement pas au niveau des entreprises. Dans les entreprises, je crois que le problème découle non pas d'une absence de renseignements, mais de l'incapacité, dans le monde entier, d'adopter des règles coordonnées pour le combattre. Bien honnêtement, j'entretiens des doutes réels sur l'existence d'une volonté politique, où que ce soit, pour prendre les mesures nécessaires.
J'ai l'impression générale, devant les conventions avec quoi on cherche à résoudre ce problème, qu'on ne regarde pas au bon endroit.
M. Mark Adler: Oh! D'accord.
M. H. David Rosenbloom: Les conventions visent la double imposition. C'est leur principale fonction. Pour moi, elles visent principalement à instaurer un mécanisme de résolution des différends entre deux pays. Faute de tribunal fiscal mondial, nous avons besoin de ce mécanisme. La convention crée ce mécanisme; personne n'en a encore parlé aujourd'hui. C'est cette valeur qu'elle représente pour le contribuable.
M. Mark Adler: D'accord.
M. H. David Rosenbloom: On a besoin de ces conventions pour éviter la double imposition, mais elles ne résoudront pas le problème des paradis fiscaux.
Pour situer le tout en contexte, il faut dire que le Canada ne procède à des échanges automatiques de renseignements en continu qu'avec un seul pays, les États-Unis. Pour vous donner un exemple du fonctionnement, disons que je suis un citoyen canadien. Je déménage à New York et j'ouvre un compte à la Bank of America. Si ce compte génère des intérêts, la banque doit, en vertu de la loi américaine et des règlements adoptés dans le cadre du Code des impôts — on parle du régime des intermédiaires admissibles —, consigner cette information, puis l'acheminer au IRS, qui l'acheminera à son tour à l'ARC.
Dans les discussions officieuses que j'ai eues avec des gens de l'ARC dans le passé, j'ai cru comprendre que le système fonctionne bien dans son ensemble. Ce qui est difficile, par contre, c'est de jumeler la source du revenu avec le contribuable. Le système idéal consisterait donc, comme certains l'ont proposé, à procéder à des échanges automatiques de renseignements, mais aussi, à trouver une façon de m'identifier lorsque j'ai ouvert mon compte à la Bank of America.
Je pourrais donner, par exemple, le numéro qui sert habituellement à m'identifier comme contribuable canadien, soit mon numéro d'assurance sociale, mais cette solution est très critiquée. Toutefois, on aurait alors les revenus et une façon d'identifier le contribuable. On pourrait alors rapidement vérifier à l'aide d'un programme informatique, aux États-Unis ou au Canada, si j'ai bien divulgué cette source de revenus — les intérêts — dans ma déclaration d'impôt au Canada. C'est le système qu'on utilise, et je pense que c'est le système le plus efficace au Canada.
Nous participons aussi à des échanges automatiques de renseignements dans le cadre de nos traités fiscaux bilatéraux avec d'autres pays, mais dans une moindre mesure. Le traité qui a été conclu dernièrement entre le Royaume-Uni et le Luxembourg — je l'ai décrit brièvement — n'est pas sans soulever la controverse. Si je comprends bien — on emploie souvent, encore une fois, l'expression familière « accord Rubik » —, le Luxembourg a accepté d'acheminer l'information automatiquement, comme les États-Unis avec le Canada, mais le contribuable peut dire « Non, je ne veux pas que l'information soit acheminée au Royaume-Uni ». Dans ce cas, on impose une retenue d'impôt.
Disons qu'un citoyen britannique a reçu 100 $ d'intérêts sur son compte au Luxembourg. Soit l'information est acheminée directement au gouvernement britannique, soit le contribuable britannique qui investit au Luxembourg doit verser disons 40 $ ou 40 € du montant s'il ne veut pas que l'information soit divulguée. S'il paie la retenue d'impôt — et c'est l'aspect controversé — il est totalement blanchi, si je comprends bien. L'Angleterre, le Royaume-Uni, a accepté de ne pas le poursuivre. C'est une mesure très controversée, parce qu'on pense, essentiellement, qu'une bonne partie des activités internationales de blanchiment d'argent liées à la drogue se déplaceront en conséquence vers le Luxembourg.
La disposition concernant le Luxembourg dans ce projet de loi ne prévoit même pas les échanges automatiques ou spontanés de renseignements. Le Luxembourg a insisté, à ce qu'on dit, pour qu'on adopte les nouvelles procédures, c'est-à-dire qu'il faut leur fournir le nom de la personne, du Canadien, disons, que l'on soupçonne d'évasion fiscale à l'étranger.
Cette façon de procéder est problématique à bien des égards, car souvent, nous ne faisons que soupçonner que des activités illégales sont en cours. Nous n'avons pas de noms. L'enquête de la CBC a révélé qu'il existe maintenant un nouveau type de bien international, qu'on appelle parfois des « biens sans propriétaire ». On n'a donc pas, dans ce cas, le nom de la personne.
Je vais revenir à M. Cockfield.
Vous m'avez entendu citer la revueThe Economist, qui mentionnait ceci au sujet des compagnies:
[Traduction]
« Une série de conventions fiscales ambigües les laissent jouer avec les règles nationales ».
[Français]
Je pense qu'il était clair, dans toutes les interventions que nous avons entendues, particulièrement lors de l'étude sur les paradis fiscaux, que les efforts devraient vraiment être orientés vers des traités multilatéraux de façon à s'assurer que l'ensemble des pays peuvent commencer à se doter de règles communes, peut-être même par l'entremise d'une organisation internationale. On pourrait peut-être, pour ce faire, suivre un peu le modèle de l'OMC, par exemple.
Pensez-vous qu'on devrait passer moins de temps à négocier tous ces traités bilatéraux et à en passer davantage à obtenir un consensus international qui permettrait à ces pays de commencer à jouer sur un terrain égal?
Je vais aussi permettre à Mme Alepin de répondre brièvement.
:
Merci, monsieur le président.
Encore une fois, je suis heureuse que nous discutions de cette question. J'aime la façon qu'a M. Rosenbloom de nous ramener à ce que fait et ne fait pas ce projet de loi. Il vise principalement à éviter la double imposition et à régler des problèmes liés au commerce international, et il contient aussi, bien sûr, quelques outils pour prévenir l'évasion fiscale.
Comme le problème de l'évasion fiscale refait constamment surface et qu'on parle des outils à notre disposition pour la contrer, et que celui-ci en est un, j'aimerais simplement mentionner que nous avons ajouté dans le dernier budget la déclaration obligatoire des télévirements internationaux de plus de 10 000 $; nous avons de nouvelles exigences de déclaration pour les contribuables canadiens qui ont des biens ou un revenu à l'étranger; nous avons aussi rationalisé le processus pour permettre à l'ARC d'obtenir de l'information auprès des tierces parties, notamment des banques. Nous avons maintenant, de plus, un programme de dénonciation qui permet à une personne de recevoir jusqu'à 15 p. 100 des cotisations fiscales récupérées lorsque le montant dépasse 100 000 $. Nous avons aussi ce que nous aimons appeler notre nouvelle équipe d'intervention spéciale, sans compter les sommes additionnelles qui sont consacrées expressément à l'évasion fiscale. Il est toujours possible d'ajouter de nouveaux outils, mais le gouvernement a certainement prouvé qu'il était déterminé à agir.
Je veux vraiment qu'on revienne à ce que ce projet de loi vise à accomplir. En établissant des liens et en concluant des traités avec d'autres pays, nous jetons souvent les bases d'une relation qui continue par la suite à se développer. Est-ce que l'un d'entre vous, monsieur Cockfield ou monsieur Ernewein, aimerait nous parler de l'évolution de la situation avec le temps et de la façon de nous doter tout d'abord de ces éléments clés? On parle de ce que les gouvernements entre eux, ou leurs représentants, pourraient faire pour consolider le système.
:
Merci, monsieur le président.
Je remercie les témoins de bien vouloir répondre à nos questions.
En écoutant vos présentations, je n'ai pas pu m'empêcher de penser à une boutade formulée par un expert en sécurité il y a plusieurs années. En me montrant la clôture Frost qui entourait une entreprise, il m'avait fait remarquer que c'était la meilleure façon d'empêcher les honnêtes gens d'entrer illégalement sur le site. J'ai trouvé ce commentaire très révélateur. En effet, il s'agissait là aussi de mesures s'appliquant à des gens qui n'avaient pas les moyens de les contourner. C'est le cas de ma mère, par exemple, qui ne dispose que de ses simples revenus de retraite. Pour des gens beaucoup plus fortunés, c'est une autre histoire.
Ma question s'adresse particulièrement à vous, monsieur Howlett. Je vais revenir aux sociétés fictives et à la situation que j'avais commencé de décrire.
Les auteurs australiens de l'étude ont demandé à 3 700 intermédiaires, dans 182 pays, de créer une société fictive pour faciliter les choses. Je suis fier d'être Canadien, mais on peut être amené à l'être moins dans certains cas. Au Canada, le nombre moyen de tentatives nécessaires pour établir une compagnie fictive, pratiquement impossible à retracer, était inférieur à cinq — en fait, il semblerait que ce soit quatre —, alors que pour l'accès aux paradis fiscaux, le nombre de tentatives nécessaires était en moyenne de 25.
Il est évident que sous la pression internationale, plus particulièrement celle des pays développés, les paradis fiscaux font passablement plus leurs devoirs que le Canada.
Dans le cadre de l'étude que nous sommes en train de faire, voulez-vous commenter ces données?
:
Lorsque j'ai entendu dire de source fiable, au Royaume-Uni, que le Canada s'objectait au projet de règlement sur la propriété bénéficiaire, au G8, je me suis vraiment gratté la tête pour comprendre pourquoi.
L'une des raisons possibles, c'est que certaines pratiques en vigueur à certains endroits, au Canada, pourraient ne pas être à la hauteur de la nouvelle norme internationale proposée pour que la propriété bénéficiaire ultime soit bien claire au moment de l'enregistrement d'une entreprise. En outre, au Canada, on peut enregistrer une entreprise selon le régime fédéral, mais on le fait aussi dans le régime provincial. Le gouvernement fédéral ne veut peut-être pas s'engager à appliquer des règles provinciales qu'il ne pourrait pas respecter.
Cependant, d'après ce que je comprends, les pressions qui s'exercent sur le gouvernement fédéral, qui transpirent dans le budget de 2013, viennent en partie des gouvernements provinciaux, qui veulent que le gouvernement fédéral en fasse plus pour chasser les paradis fiscaux. Je pense que s'il y a lieu de réformer le système au Canada, les gouvernements provinciaux seraient prêts à aller de l'avant parce qu'ils vont bénéficier eux aussi des revenus fiscaux supplémentaires que généreraient des règles internationales plus strictes sur la propriété bénéficiaire.
J'espère donc que le Canada change son fusil d'épaule, et d'après les dernières informations que j'ai reçues des États-Unis, il aurait un peu modifié sa position. Le cas échéant, et nous le saurons demain, je serais très heureux d'apprendre que le gouvernement canadien va appuyer le plan d'action proposé au G8.
:
Merci, monsieur le président.
Nous avons parlé énormément de questions qui dépassent la portée du projet de loi . M. Howlett en particulier.
Vous parlez continuellement du G8, monsieur Howlett, et de faire vos prévisions sur ce qui risque ou non d'arriver. J'ai toujours du plaisir à vous écouter. J'aime particulièrement vous entendre nous rappeler mes compétences en maintien de l'ordre, comme vous l'avez fait en parlant des mandats de perquisition, mais je dois dire que quand nous recevons de l'information qui mène à l'émission d'un mandat de perquisition, elle n'est évidemment pas publique. Il s'agit de renseignements secrets, à tout le moins sur les informateurs.
Donc quand je vous entends nous dire des choses comme « j'ai entendu des gens aux États-Unis dire que » ou « j'ai entendu des représentants d'autres pays dire ceci ou cela sur ce que le Canada propose de faire au G8 », je reste prudente, parce que vous ne nous dites pas de qui exactement vous vient l'information.
Pour être très franche avec vous, je trouve que vous faites de l'écoute sélective, donc j'aimerais que vous réécoutiez ce que le premier ministre lui-même a dit sur le G8, puisque vous ne l'avez pas cité. Vous avez cité des gens non identifiés, mais le premier ministre du Canada lui-même a fait des déclarations pas plus tard qu'hier.
Un journaliste l'a interrogé sur le fait que la lutte à l'évasion fiscale internationale serait l'un des principaux thèmes des discussions au Sommet du G8 et que deux principales questions y seraient abordées: le registre public sur la propriété bénéficiaire et les ententes d'échange automatique de renseignements fiscaux. Le journaliste a demandé au premier ministre de lui faire part de ses réflexions ou de ses réserves, s'il en avait, sur ces deux enjeux.
Voici ce que a dit sur ces deux sujets, dont vous nous avez parlé en long et large aujourd'hui, sans jamais le souligner.
Il a dit ceci, et bien sûr, je lis la transcription:
Nous n'avons pas de réserve, en principe, sur les trois éléments centraux de la stratégie proposée par le premier ministre Cameron. [Traduction]
Comme tout le monde le sait, ces trois éléments sont l'impôt, le commerce et la transparence.
Il poursuit ainsi:
Vous savez, il n'y a pas d'avantage à l'évasion fiscale. Il s'agit d'une mauvaise politique, et les gouvernements perdent des revenus qui devraient leur revenir
Il continue en disant que bien sûr, au Canada, nous sommes en faveur des bas taux d'imposition, mais que les gens doivent payer l'impôt en fonction des taux en vigueur. Il ajoute ceci:
La seule hésitation que nous pourrions avoir à ce propos touche sa mise en place au Canada. Nous allons devoir consulter les provinces sur cette question parce que nous sommes un État fédéral et que les provinces ont des pouvoirs fiscaux.
... Il est important que nous le fassions ensemble parce que lorsque nous nous attaquons à l'évasion fiscale, nous nous retrouvons avec un problème qui franchit les frontières, et même les plus puissants gouvernements du monde ne peuvent s'en tirer par eux-mêmes, donc je me réjouis de faire partie de cette déclaration et des avancées qui s'observent à l'issue de ce sommet.
J'entends M. Rankin me demander si j'ai une question à lui poser.
Je voulais d'abord et avant tout intervenir pour rétablir les faits, monsieur, parce que vous n'avez absolument rien rapporté des paroles du premier ministre du Canada. Il a clairement affirmé qu'il avait l'intention de régler le problème que vous vous demandez s'il a l'intention de régler.
J'estime donc bénéfique pour les Canadiens d'entendre ce que le premier ministre du Canada a dit exactement et de vous demander, monsieur, de nous dire d'où vous tenez vos renseignements puisque vous répétez qu'il ne fera rien pour régler le problème.
:
Très bien. J'aimerais revenir aux questions.
Comme je l'ai dit, monsieur Howlett, je ne vous pose pas ces questions par méchanceté, mais lorsqu'on fait des déclarations aux députés, des déclarations dont il sera question au bulletin de nouvelles national, et qu'elles contredisent celles du du Canada, je m'attends à ce qu'on fournisse des preuves.
Je ne pourrais certainement pas obtenir un mandat de perquisition sans prouver ce que j'avance. Je vous demande donc une fois de plus, monsieur — même si vous ne semblez pas connaître l'identité des personnes —, de divulguer le nom des informateurs. Vous pourrez le faire quand bon vous semble, mais je veux préciser que notre comité prend des décisions en s'appuyant sur des faits.
J'ai discuté de la convention fiscale avec tous les membres du comité, le sujet dont nous sommes censés discuter aujourd'hui, et nous semblons tous convenir que c'est un pas dans la bonne direction. Toutefois, j'estime regrettable qu'on profite des discussions sur la convention fiscale pour parler du G8 et émettre des hypothèses sans s'appuyer sur des faits.
Je pense qu'il fallait que les Canadiens sachent que l'information que vous avez provient de journalistes qui, en toute honnêteté, se trompent parfois. N'êtes-vous pas d'accord avec moi?
:
Vous poserez une question aux fonctionnaires. D'accord.
Permettez-moi maintenant de remercier tous nos témoins de leur présence. Je veux remercier ceux d'entre vous qui sont ici à Ottawa, M. Rosenbloom, qui est à New York, et M. Deneault, à Paris. Je vous remercie beaucoup de votre présence malgré le très court préavis. Nous vous en remercions très sincèrement.
Les fonctionnaires se joignent à nous de nouveau.
Chers collègues, je crois comprendre que vous avez le budget pour l'étude. Le montant demandé est de 3 800 $. Quelqu'un peut-il le proposer?
M. Hoback le propose. D'accord?
(La motion est adoptée.)
Le président: Le budget est adopté. Merci, chers collègues.
Monsieur Ernewein, vous pouvez rester si vous le souhaitez. C'est à vous de décider.
Bienvenue aux deux fonctionnaires qui sont de retour.
Chers collègues, je vais procéder exactement de la façon qui figure à l'ordre du jour.
Conformément à l'article 75(1) du Règlement, l'article 1, le titre abrégé, est réservé. Le président met en délibération l'article 2.
Avez-vous une question, monsieur Caron?
:
Chers Collègues, nous avons les articles 2 à 15. Voulez-vous intervenir sur certains d'entre eux? Puis-je les regrouper?
Des voix: D'accord.
Le président: Les articles 2 à 15 sont-ils adoptés?
(Les articles 2 à 15 inclusivement sont adoptés.)
Le président: Nous avons les annexes 1 à 6. Puis-je les regrouper?
Des voix: D'accord.
Le président: Les annexes 1 à 6 sont-elles adoptées?
(Les annexes 1 à 6 inclusivement sont adoptées.)
Le président: Le titre abrégé est-il adopté?
Des voix: D'accord.
Le président: Le titre est-il adopté?
Des voix: D'accord.
Le président: Le projet de loi est-il adopté?
Des voix: D'accord.
Le président: Le président doit-il faire rapport du projet de loi à la Chambre?
Des voix: D'accord.
Le président: Merci beaucoup.
Je veux remercier les fonctionnaires de leur présence. C'est très apprécié.
Je vous souhaite pour vrai cette fois-ci, un très bon été.
Des voix: Oh, oh!
Le président: Merci beaucoup, chers collègues.
[Français]
La séance est levée.