Bienvenue à la 120e séance du Comité permanent des finances. Notre ordre du jour pour la première heure, conformément au paragraphe 81(4) du Règlement, porte sur l'étude du Budget principal des dépenses 2013-2014, crédits 1 et 5 sous la rubrique Agence du revenu Canada renvoyés au comité le lundi 25 février 2013.
Chers collègues, nous sommes très heureux d'accueillir durant la première heure ce matin deux représentants de l'Agence du revenu du Canada. Il s'agit de M. Mark Perlman, administrateur supérieur des affaires financières et sous-commissaire par intérim, ainsi que de M. Richard Case, sous-commissaire adjoint et contrôleur de l'agence par intérim, tous deux de la Direction générale des finances et de l'administration.
Je vous souhaite la bienvenue, messieurs.
Monsieur Perlman, je crois que c'est vous qui ferez la déclaration préliminaire, après quoi nous passerons aux questions des députés.
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Merci, monsieur le président.
Bonjour. Je vous remercie de me donner l'occasion de comparaître devant le comité afin de présenter le Budget principal des dépenses 2013-2014 de l'Agence du revenu du Canada et de répondre à toutes vos questions à ce sujet.
[Français]
Monsieur le président, comme vous le savez, l'Agence du revenu du Canada est responsable de l'administration des programmes fiscaux fédéraux et de certains programmes fiscaux provinciaux et territoriaux, en plus de l'exécution d'un certain nombre de programmes de paiement de prestations.
Chaque année, l'agence perçoit des centaines de milliards de dollars en recettes fiscales pour le gouvernement du Canada et distribue en temps opportun des paiements de prestations exacts à des millions de Canadiens.
[Traduction]
Pour réaliser son mandat, l’ARC demande l’approbation d’un total de 4,3 milliards de dollars en ressources par l’intermédiaire du Budget principal des dépenses de 2013-2014. Cela représente une baisse nette d'environ 98,1 millions de dollars, ou de 2,2 %, comparativement aux autorisations du Budget principal des dépenses de 2012-2013. Cette baisse nette est issue de plusieurs changements, mais au total, 132,8 millions de dollars en réductions sont compensés par 34,7 millions de dollars en augmentations individuelles. Les réductions de 132,8 millions de dollars au budget de l’agence comprennent les éléments suivants: une réduction de 56,3 millions de dollars en raison d’économies relevées dans le cadre de l’examen des dépenses du budget de 2012. La plupart des mesures d’économies peuvent être classées en fonction de deux grands objectifs, soit celui de faciliter les rapports des Canadiens et des entreprises avec leur gouvernement et celui de moderniser et de réduire les services administratifs de l’ARC.
Deuxièmement, les budgets de 2013-2014 de l’agence tiennent aussi compte de la réduction prévue de 31,3 millions de dollars liée à l'achèvement des activités de démarrage pour la mise en oeuvre de la taxe de vente harmonisée pour l'Ontario et la Colombie-Britannique, ainsi que le nouveau crédit de taxe de la Nouvelle-Écosse pour la vie abordable.
[Français]
De plus, depuis le 1er avril 2013, l'agence n'est plus responsable de l'administration de la taxe de vente harmonisée pour le compte de la Colombie-Britannique. Par conséquent, un total de 19,1 millions de dollars est retourné au Conseil du Trésor au moyen de ce budget des dépenses.
[Traduction]
Ce budget principal des dépenses tient aussi compte d’une baisse de 1,5 million de dollars par rapport au budget des dépenses du dernier exercice pour les campagnes de publicité gouvernementale. Cela porte le total du budget de publicité de l’ARC pour la période de production des déclarations de 2013 à 6 millions de dollars.
Les 24,6 millions de dollars de diminution qui restent sont formés d'éléments divers tels qu’une baisse de 13 millions de dollars en recettes pour les services à frais recouvrés par l’Agence du revenu du Canada pour diverses organisations, conformément à l’article 60 de la Loi sur l'Agence du revenu du Canada; des réductions de financement prévues de 5,8 millions de dollars pour diverses initiatives annoncées dans les budgets fédéraux de 2009, 2010 et 2011; une baisse de 3,6 millions de dollars découlant des taux inférieurs du régime d’avantages sociaux des employés; et enfin, des réductions prévues de 2,2 millions de dollars pour l’administration de l’impôt sur le revenu des sociétés en Ontario.
Afin de compenser ces baisses, les budgets de l’agence augmenteront de 34,7 millions de dollars pour un certain nombre d’initiatives dont je vais vous parler brièvement. Le Budget principal des dépenses comprend 14 millions de dollars de plus en 2013-2014 dans le cadre de la mise à niveau pluriannuelle du système de traitement de l'impôt sur le revenu des particuliers de l'ARC. Ce système est essentiel à la prestation des programmes et des services de l’ARC aux Canadiens, car il fournit au Canada, aux provinces et aux territoires leur principale source de revenus. Le système permet aussi de déterminer chaque année l’admissibilité des particuliers canadiens aux prestations et aux crédits d’impôt. Grâce à ces mises à niveau, l’ARC sera mieux en mesure de traiter le nombre accru de déclarants, de répondre aux nouvelles mesures en matière de politiques fiscales et de mettre en oeuvre de nouvelles ententes de partenariat avec les provinces, les territoires et d'autres ministères et organismes du gouvernement.
[Français]
En outre, l'agence demande un redressement de 10,9 millions de dollars dans le transfert venant de Travaux publics et Services gouvernementaux Canada en lien aux locaux et services de biens immobiliers.
[Traduction]
On prévoit aussi que les paiements législatifs pour l’allocation spéciale pour enfants augmenteront de 5 millions de dollars, passant de 233 millions de dollars en 2012-2013 à 238 millions de dollars en 2013-2014. Cette hausse est attribuable à la fois à l'augmentation du nombre d’enfants pour qui les paiements devraient être effectués et au paiement mensuel par enfant admissible.
Le Budget principal des dépenses de 2013-2014 tient aussi compte d’une augmentation de 3 millions de dollars dans les versements législatifs aux provinces en vertu de la Loi de 2006 sur le droit à l'exportation de produits de bois d’oeuvre. Cette hausse prévue fait suite à une prévision révisée par le ministère des Finances, fondée sur des moyennes historiques, ainsi que des prévisions sur les prix et les volumes des États-Unis.
[Français]
Les augmentations finales se rapportent à un redressement de 2,5 millions de dollars d'un montant transféré antérieurement au moment de la création de Services partagés Canada, ainsi que d'un montant de 0,1 million de dollars pour d'autres postes divers.
[Traduction]
Dans l'ensemble, ce budget principal des dépenses affiche une baisse nette de 98,1 millions de dollars comparativement au Budget principal des dépenses de 2012-2013 accordé par le Parlement. Les autorisations révisées de l’ARC pour 2013-2014 totaliseront donc 4,276 milliards de dollars. De cette somme, 3,1 milliards de dollars devront obtenir l'approbation du Parlement, alors que le reste, soit 1,2 milliard de dollars, représente des prévisions réglementaires qui sont déjà approuvées en vertu de mesures législatives distinctes.
Les postes législatifs comprennent les versements aux provinces pour le bois d’oeuvre, les paiements de l’allocation spéciale pour enfants, les coûts des régimes d’avantages sociaux des employés et les dépenses des recettes d'exploitation de l'ARC, en vertu de l’article 60.
Monsieur le président, mon collègue et moi serons maintenant ravis de répondre à toutes vos questions au sujet du Budget principal des dépenses 2013-2014 de l'ARC.
Merci.
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Je vais commencer par vous donner un peu d'information au sujet de l'examen des dépenses. Quand le gouvernement a annoncé la réduction de 5,2 milliards de dollars, l'ARC, puisqu'elle est l'une des plus grandes organisations du gouvernement fédéral du Canada, a dû contribuer à la réduction du déficit fédéral. Notre contribution représente environ 6,9 % du montant total.
Pour répondre directement à votre question, l'ARC se concentre principalement sur les économies sur le plan administratif ou les activités moins prioritaires, tout en gardant son attention sur les éléments prioritaires, comme l'évasion fiscale internationale et la planification fiscale abusive.
Je tiens à assurer les membres du comité que l'ARC ne relâche pas ses efforts sur le plan de la vérification et de l'exécution. En fait, il s'agit d'une priorité. C'est là où nous voulons investir quand nous préparerons nos budgets futurs.
En réponse à votre question, je crois que les chiffres dont vous parlez ont été évoqués à la question no 1174, qui répondait à un certain nombre de questions concernant la planification fiscale abusive et l'évasion fiscale internationale. Si le comité le souhaite, cette question peut être rendue disponible afin d'être distribuée.
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Oui, certainement. En fait, l’une des statistiques utilisées par l’un de mes collègues lorsqu’il était venu témoigner devant votre comité — et j’utiliserai la même statistique — est le coût pour traiter une déclaration transmise par voie électronique comparativement à une déclaration papier.
Lorsqu’une déclaration de revenus est transmise par voie électronique, elle entre directement dans notre système. Tous les freins et contrepoids sont là, et tous nos protocoles de sécurité sont en place, mais il n’est pas nécessaire de saisir manuellement les données. Dans le cas d’une déclaration papier, elle doit suivre le système de courrier. Elle se promène dans nos diverses salles du courrier. L’enveloppe doit être ouverte; son contenu doit être trié; les papiers et le chèque doivent être séparés — tous les éléments.
Lorsque nous avons réalisé un calcul approximatif des coûts directs liés au traitement d’une déclaration papier par rapport à une déclaration transmise par voie électronique, nous avons déterminé que le traitement d’une déclaration papier nous coûte environ 3,50 $. Dans le cas d’une déclaration transmise par voie électronique, c’est environ 0,80 $. Cela signifie une augmentation d’environ 75 % des coûts pour traiter une déclaration, ce qui représente des économies considérables pour l’ARC. À mesure que le pourcentage de déclarations transmises par voie électronique augmentera, nos coûts continueront de diminuer, et nous pouvons nous concentrer sur d’autres aspects, comme l’application de la loi.
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Merci aux deux témoins de leur présence. Je vous félicite de votre excellent travail à l’Agence du revenu du Canada. L’un de vos anciens ministres, Elmer MacKay, lorsqu’il était ministre du Revenu national, a décrit son travail comme celui d’un meneur de claque dans une salle de torture.
Des voix: Oh, oh!
L'hon. Scott Brison: C’est un emploi difficile, et vous méritez des félicitations en tant que fonctionnaires.
Voici ma question. Au cours de la période des impôts, les Canadiens ont remarqué plusieurs réductions au sujet des services de première ligne de l’ARC avec l’élimination du service IMPÔTEL, des services connexes aux aînés et du programme de déclaration simplifiée, ainsi que la fin des services en personne au comptoir dans 26 bureaux de services fiscaux au Canada.
Premièrement, comment ces réductions se traduisent-elles dans le Budget principal des dépenses? Deuxièmement, le cas échéant, quelles mesures l’ARC a-t-elle prises en vue de s’assurer que les anciens clients du service Impôtel étaient capables de respecter leur obligation de produire une déclaration de revenus? Le cas échéant, quelles conséquences financières ces mesures ont-elles eues?
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Il y a une réduction. Les résultats sont plutôt éloquents, car nous constatons que les Canadiens produisent davantage leur déclaration par voie électronique.
Notre campagne de publicité vise à sensibiliser les Canadiens sur les mesures d'allégement fiscal offertes et à les inciter à produire leur déclaration par voie électronique. Vous avez peut-être vu les toutes dernières publicités: produisez votre déclaration de revenus en ligne et obtenez votre remboursement plus rapidement. Je pense que c'est un des messages clés que nous utilisons à l'agence et que les gens en ont vraiment tiré parti. Je sais que lorsque j'ai produit ma déclaration par voie électronique, j'ai obtenu mon remboursement en huit jours, environ, tandis que pour une déclaration en forme papier, il faut environ six semaines pour que tout soit complété. Donc, c'est une différence considérable.
Cette année, comme je l'ai mentionné, notre campagne est axée sur les mesures d'allégement fiscal, sur l'augmentation du nombre de Canadiens qui demandent leurs prestations et leurs crédits, et aussi sur la collaboration avec les organismes privés et sans but lucratif. Donc, ce n'est pas seulement lié à la publicité télévisée et radiodiffusée; c'est aussi lié à la façon dont nous utilisons Internet et d'autres médias et à la façon dont nous tirons parti de nos partenariats avec d'autres organismes pour transmettre le message.
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Merci, monsieur le président.
Bienvenue aux témoins; merci d'être venus.
J'aimerais parler de la conformité. Monsieur Perlman, vous avez parlé du continuum de la conformité. Dans le peu de temps dont je dispose, j'aimerais aussi parler des impôts impayés.
Premièrement, au sujet de la conformité, vous parlez d'une diminution nette de 98 millions de dollars dans le budget principal des dépenses et je crois comprendre, d'après le Rapport sur les plans et les priorités de 2013-2014, que le financement du programme d'observation en matière de déclaration sera réduit d'environ 11 %, c'est-à-dire 120 millions de dollars entre 2012-2013 et 2015-2016. C'est près de 120 millions de dollars. Le nombre d'ETP du programme sera réduit de plus de 300 entre l'exercice budgétaire en cours et 2015-2016. Donc, en plus d'une réduction supplémentaire de 14 % pour le programme Comptes débiteurs et observations en matière de production de déclaration, cela...
Premièrement, est-ce exact? Ai-je les renseignements exacts? Si oui, comment les compressions dont j'ai parlé s'inscrivent-elles dans le continuum de conformité? Ne sera-t-il pas plus difficile d'atteindre la conformité en raison de ces compressions?
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Merci, monsieur le président.
Je vais partager mon temps avec M. Rankin.
Je remercie nos témoins d'être avec nous aujourd'hui.
Pour revenir à une autre série de questions, on parlait du fait qu'en termes de personnel, on déménage présentement des employés d'un secteur à l'autre. Il y a trois semaines, Le Devoir a mentionné que, depuis 2006, il y avait une perte nette de 221 vérificateurs à la Direction générale des programmes d'observation de l'Agence du revenu du Canada. Il peut en effet y avoir une augmentation depuis 2006 au plan de la planification agressive et de l'effort international, mais il reste que, en définitive, on a perdu 221 vérificateurs.
Confirmez-vous ces chiffres?
[Traduction]
Vous êtes libre de répondre en anglais, je vous prie.
Je remercie nos invités d'avoir été des nôtres et d'avoir répondu à nos questions. Certains points sont restés en suspens, et nous allons faire un suivi à cet égard. Je vous prie d'envoyer les renseignements demandés à la présidence, et je vais m'assurer de les transmettre à tous les membres du comité; les informations sur le budget des dépenses et les autres renseignements demandés.
Mesdames et messieurs, je vais mettre aux voix les crédits du budget principal des dépenses. Il est à noter que tous les crédits suivants tiennent compte de la réduction entraînée par l'adoption des crédits provisoires par la Chambre.
Je vais d'abord mettre aux voix les crédits des Finances.
Une voix:[Note de la rédaction: Inaudible.]
Le président: Voulez-vous d'un vote avec dissidence ou par appel nominal?
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Avec dissidence? Très bien.
ç
Crédit 1 — Dépenses de fonctionnement..........111 169 165 $
ç
Crédit 5 — Subventions inscrites au Budget des dépenses et contributions..........5 035 000 $
ç
Crédit 10 — Conformément au paragraphe 8(2) de la Loi sur les accords de Bretton Woods et des accords connexes..........1 $
ç
Crédit 20 — Dépenses du Programme.........74 100 653 $
Tribunal canadien du commerce extérieur
ç
Crédit 25 — Dépenses du Programme..........8 660 195 $
Centre d’analyse des opérations et déclarations financières du Canada
ç
Crédit 30 — Dépenses du Programme..........45 744 322 $
Bureau du surintendant des institutions financières
ç
Crédit 35 — Dépenses du Programme..........909 369 $
ç
Crédit 40 — Paiements à PPP Canada Inc. pour le fonctionnement et l’exécution des programmes..........12 300 000 $
ç
Crédit 45 — Paiements à PPP Canada Inc. pour les investissements du Fonds PPP Canada..........252 900 000 $
(Les crédits 1, 5, 10, 20, 25, 30, 35, 40 et 45 sont adoptés avec dissidence.)
Le président: Dois-je faire rapport à la Chambre des crédits sous Finances, moins les montants prévus par les crédits provisoires adoptés?
Des voix: Oui.
Une voix: Avec dissidence.
Le président: Nous passons donc aux crédits de l'Agence du revenu du Canada.
AGENCE DU REVENU DU CANADA
ç
Crédit 1 — Dépenses de fonctionnement, contributions et dépenses recouvrables au titre du Régime de pensions du Canada et de la Loi sur l’assurance-emploi.........3 046 330 734 $
ç
Crédit 5 — Dépenses en capital et dépenses recouvrables au titre du Régime de pensions du Canada et de la Loi sur l’assurance-emploi...........73 081 967 $
(Les crédits 1 et 5 sont adoptés avec dissidence.)
Le président: Dois-je faire rapport à la Chambre des crédits sous Agence du revenu du Canada, moins les montants prévus par les crédits provisoires adoptés?
Des voix: Oui.
Une voix: Avec dissidence.
Le président: Merci, chers collègues.
Notre prochain groupe de témoins est plutôt imposant. Nous allons faire une courte pause, le temps qu'ils prennent place.
Merci.
:
La séance reprend, mesdames et messieurs. Nous entreprenons le deuxième volet de la réunion de ce matin.
Je répète qu'il s'agit de la 120e séance du Comité permanent des finances, et conformément à l'ordre de renvoi adopté le mercredi 6 mars 2013, nous entamons notre étude du projet de loi .
Mes chers collègues, nous avons une heure, ou pas tout à fait, car nous devons également étudier une motion avant la fin de la séance. L'étude article par article figurait à l'ordre du jour, mais en ma qualité de président, je vous proposerais de la remettre à plus tard, simplement parce que nous voulons entendre ce que nos témoins d'aujourd'hui ont à nous dire et permettre aux membres du comité de leur poser des questions.
Parlant des témoins, nous recevons entre autres l'auteure du projet de loi, Mme Cheryl Gallant, députée de Renfrew—Nipissing—Pembroke.
Bienvenue, madame, à cette séance du comité.
Représentant l'Agence du revenu du Canada, nous avons M. Brian McCauley.
Bienvenue.
Nous accueillons aussi Mme Gail Beck, de l'Association médicale canadienne, et Mme Karen Cohen, de la Société canadienne de psychologie.
Du Conseil des Canadiens avec déficiences, et représentant le Réseau d'action des femmes handicapées du Canada, nous avons Mme Carmela Hutchison, membre à titre personnel de la première organisation, et présidente de la deuxième. Nous recevons aussi M. Akiva Medjuckom, président de la National Benefit Authority.
D'Edmonton, nous devions avoir avec nous par vidéoconférence M. Neil Pierce, président de la Société canadienne de la sclérose en plaques. Nous attendons toujours M. Pierce.
Nous allons commencer par l'auteure du projet de loi, Mme Gallant.
Vous aurez chacun cinq minutes pour une déclaration liminaire. Les membres du comité pourront ensuite vous poser des questions.
Madame Gallant.
:
Merci, monsieur le président.
Je vais simplement vous donner un bref aperçu du projet de loi, au cas où quelqu'un n'aurait pas eu le temps de le lire et pour vous rappeler de quoi il est question.
L'intention derrière mon projet de loi est assez simple. Je veux que les Canadiens handicapés soient mieux protégés contre les pratiques abusives de certains promoteurs du crédit d'impôt pour personnes handicapées qui voient dans ce crédit d'impôt une occasion de profiter des contraintes d'autrui.
Le Parlement a voté en faveur de l'établissement de ce crédit d'impôt en reconnaissance des difficultés financières auxquelles les Canadiens handicapés doivent faire face. Les Canadiens peuvent avoir droit à ce crédit d'impôt s'ils sont incapables, en tout temps ou presque tout le temps, d'exécuter des activités courantes de la vie quotidienne, même avec des soins thérapeutiques et l'aide des appareils et des médicaments indiqués. Parmi les activités courantes de la vie quotidienne, citons le fait de parler, d'entendre et de manger. La gamme des handicaps admissibles au titre du crédit d'impôt est vaste.
En 2011, le Canadien moyen pouvait réclamer un montant maximal de 7 341 $ à l'échelon fédéral, ce qui représentait une économie d'impôt pouvant aller jusqu'à 1 101 $.
Il y a quelques années, le gouvernement a permis réclamer rétroactivement ce crédit d'impôt. Donc, au lieu d'un remboursement d'un peu plus de 1 000 $, cela peut représenter une somme de 10 000 $ ou de 15 000 $, ce qui a incité des gens qui prétendent être des conseillers à offrir leurs services pour aider les Canadiens à présenter leur demande. Mais à l'heure actuelle, il n'existe aucune réglementation à ce sujet ni aucune restriction, alors des frais exorbitants sont facturés aux bénéficiaires de ces prestations.
C'est donc le but du projet de loi: imposer des restrictions.
J'ai pris bonne note des questions qui ont été posées lors des discussions entourant le projet de loi. On a entre autres demandé qui en sera exempté — nous allons en parler aujourd'hui — et quelles seront les limites établies. On s'est inquiété du fait que les sanctions monétaires pourraient être plus élevées que le coût des affaires.
On s'est aussi inquiété de peines d'emprisonnement potentielles. Je crois que nous avons répondu à cette question: ce projet de loi ne vise qu'à imposer des sanctions monétaires aux promoteurs qui facturent des frais exagérés à leurs clients. Toute autre infraction serait assujettie à la loi sur l'impôt. Il y a des règles et des mesures d'exécution en place pour cela.
Nous pouvons partir de là. Merci beaucoup, monsieur le président.
:
Merci beaucoup, et bonjour.
Je tiens à remercier le comité de permettre à l'Association médicale canadienne de commenter le projet de loi . Mon exposé d'aujourd'hui sera bref puisque nous venons d'entreprendre notre analyse juridique.
Vous n'êtes pas sans savoir que votre comité devait commencer l'étude du projet de loi à la fin du mois, ce qui est l'échéance que nous nous étions fixée. Malgré ce court délai, l'Association médicale canadienne, ou AMC, est ravie que la Chambre des communes accorde la priorité au projet de loi. Il s'agit là d'une mesure importante en vue d'atténuer les conséquences imprévues du crédit d'impôt pour personnes handicapées, et nous chercherons d'autres occasions de prendre part au processus législatif au fil des étapes.
Depuis plusieurs années déjà, l'AMC demande instamment à l'Agence du revenu du Canada, ou ARC, de prendre des mesures pour pallier les conséquences imprévues résultant des modifications qui ont été apportées en 2005 au crédit d'impôt pour personnes handicapées. On parle notamment de revendications frauduleuses et de falsification de formulaires par des tierces parties. Le nombre de formulaires a donc grimpé au point de submerger littéralement le bureau des médecins, pour reprendre les propos de mes collègues. Il est même arrivé que les tierces parties créent un climat de confrontation entre médecin et patient.
Nous sommes ravis de constater que le projet de loi tente de répondre aux préoccupations que nous avons soulevées.
Toutefois, quatre aspects du projet de loi proposé nous inquiètent encore. Tout d'abord, avant d'adopter le projet de loi, nous vous prions d'en évaluer les répercussions possibles sur la vie privée. Nous craignons une éventuelle atteinte à la vie privée des patients au moment du transfert des formulaires entre médecins et promoteurs, de même qu'au sein de l'ARC et peut-être d'autres ministères aussi. En gros, le libellé du projet de loi proposé semble autoriser l'échange interministériel de données personnelles. L'AMC tient à porter ce point à votre attention, car la protection des renseignements personnels des patients est une des principales responsabilités du médecin, comme le dit le Code de déontologie de l'AMC.
En deuxième lieu, il faudrait revoir la définition de « promoteur » pour veiller à ce qu'elle vise les personnes concernées. Selon le libellé actuellement proposé dans le projet de loi, les mêmes conditions pourraient s'appliquer aux médecins et aux entreprises tierces, si un médecin facture des frais pour remplir le formulaire, ce qui constitue un service non assuré dans toute province canadienne.
Troisièmement, nous craignons que les promoteurs puissent encore tirer profit des formulaires, et ce, malgré le projet de loi. Des frais demeurent des frais, et les médecins s'inquiètent du fait que les tierces parties aient encore un incitatif financier même si la limite est respectée.
En dernier lieu, on se pose la question suivante: pourquoi les personnes vulnérables doivent-elles même faire appel à des promoteurs, de toute façon? Nous proposons de modifier le formulaire du crédit d'impôt pour personnes handicapées afin de le rendre plus instructif et convivial aux yeux des patients. Le formulaire T2201 devrait expliquer plus clairement aux patients la raison d'être du crédit d'impôt et leur dire explicitement qu'ils n'ont pas à passer par une entreprise tierce pour soumettre leur formulaire à l'ARC.
Pour conclure, l'AMC va poursuivre son analyse du projet de loi et pourrait avoir d'autres commentaires au fil du processus législatif. Nous accueillons favorablement tout effort visant à mettre des bâtons dans les roues aux entreprises cupides qui abusent des personnes ignorant qu'elles ont droit à un crédit d'impôt. Aussi, tout allégement de la paperasserie inutile permet d'offrir des soins de santé plus axés sur les patients. N'empêche que nous invitons tout de même le comité à étudier soigneusement le projet de loi pour qu'il ne crée pas de nouveaux problèmes en voulant en régler un.
Je répondrai à vos questions avec plaisir.
Merci.
:
Merci de m'avoir invitée aujourd'hui à discuter du projet de loi . La Société canadienne de psychologie, ou SCP, est l'association nationale de psychologie au Canada. Puisqu'il y a environ 18 000 praticiens réglementés, nous sommes le plus grand groupe canadien de professionnels réglementés spécialisés en santé mentale.
Les psychologues font partie des praticiens qualifiés qui peuvent remplir le Certificat pour le crédit d'impôt pour personnes handicapées au nom des patients atteints d'une incapacité liée aux fonctions mentales. Le projet de loi découle de nobles intentions, à savoir veiller à ce que les consultants ne fassent aucune promesse d'admissibilité qu'ils ne pourront pas garantir, ne fassent pas payer des patients qui ne sont manifestement pas admissibles en échange du formulaire, et ne leur présentent pas une facture trop salée, et ce, même s'ils sont considérés comme admissibles.
J'aimerais vous donner un peu d'information sur les dernières modifications apportées au crédit d'impôt et mettre en évidence certains des problèmes qui avaient été soulevés à l'époque sur la complexité du processus de demande, surtout dans le cas d'une incapacité liée aux fonctions mentales.
En 2003, j'ai été nommée membre du Comité consultatif technique, un groupe consultatif national axé sur les personnes handicapées qui a conseillé les ministres des Finances et du Revenu national sur des mesures fiscales liées à l'incapacité, qui ont donné lieu au régime actuel. À l'origine, le comité devait notamment se pencher sur les difficultés et les injustices entourant l'évaluation d'une incapacité psychologique comparativement à un handicap physique. J'étais chargée de la direction du sous-comité sur les fonctions mentales, qui a passé en revue les critères d'admissibilité du crédit d'impôt liés aux fonctions mentales, puis qui a présenté des recommandations pour que l'ARC applique ces critères plus équitablement.
Avant que le Comité consultatif technique fasse son étude, évaluer correctement une incapacité liée aux fonctions mentales posait des défis énormes. Le comité s'est attaqué à certains d'entre eux, et le rapport qu'il a déposé en 2004 a donné lieu à d'importantes modifications législatives et administratives.
Malgré les efforts des patients, des fournisseurs de soins de santé et de l'ARC, il est encore complexe de déterminer l'admissibilité au crédit d'impôt d'une personne atteinte d'une incapacité mentale comparativement à une personne atteinte d'un handicap physique plus évident.
C'est pour cette raison que j'ai écrit en 2007 un petit article qui passe en revue et tente de clarifier certaines questions d'admissibilité dans l'intérêt des professionnels de la santé qui remplissent le certificat au nom d'un patient atteint de troubles mentaux. J'ai aussi rédigé un nouveau libellé pour le formulaire qui, selon moi, aurait permis de mieux évaluer les patients, mais qui n'a malheureusement pas été adopté entièrement.
Le problème concerne la définition des fonctions mentales nécessaires aux activités de la vie courante et la distinction établie entre certaines fonctions cognitives et d'autres types de fonctions. Par exemple, une personne peut être considérée comme étant limitée de façon marquée si elle est atteinte d'un simple trouble de mémoire, mais pas si elle a un problème de jugement.
De plus, même si des fonctions comme la mémoire et le jugement sont nécessaires à l'apprentissage fonctionnel d'activités comme les soins personnels, toutes fonctions sont mises sur un pied d'égalité dans le certificat. Une telle classification des fonctions et des activités ne correspond pas à l'évaluation qu'en font les psychologues. Par conséquent, les praticiens occupés qui remplissent le certificat au nom d'un patient n'en comprendront peut-être pas facilement les définitions et les critères. Le manque de clarté aux yeux des patients et des praticiens pourrait alimenter par inadvertance le marché des promoteurs.
La SCP appuie le projet de loi puisqu'il faut mettre un frein aux frais excessifs exigés par les promoteurs, surtout lorsque ceux-ci contribuent à la mauvaise compréhension des critères d'admissibilité. Il faut toutefois s'attaquer à la cause sous-jacente qui explique qu'on ait tant recours aux promoteurs. Si c'est bel et bien attribuable à un manque de clarté aux yeux des contribuables et des professionnels de la santé, il faudrait alors revoir les critères du certificat pour assurer une évaluation plus juste.
En tant que chef de la direction de la SCP, je suis dévouée depuis un moment déjà aux incapacités et aux façons de faciliter la vie de ceux qui en sont atteints, mais j'ai aussi travaillé dans ce domaine à titre de professionnelle de la santé. Je serais donc très heureuse de pouvoir continuer à collaborer avec le gouvernement dans ce dossier.
Merci.
Je vais commencer d'emblée par vous présenter une liste de recommandations. Je préfère toujours procéder ainsi au cas où nous manquerions de temps.
Les personnes handicapées ont pleinement le droit de demeurer à l'abri de frais injustes exigés par les promoteurs financiers. Le crédit d'impôt pour personnes handicapées est devenu le critère d'admissibilité pour diverses prestations. Il faut donc que son accès soit équitable et sans entrave. Puisque le crédit d'impôt pour personnes handicapées constitue de plus en plus souvent un critère d'admissibilité pour d'autres prestations fédérales, il faut revoir le formulaire et la procédure permettant de déterminer l'admissibilité au programme.
Dans la partie qui s'intitule « Fonctions mentales nécessaires aux activités de la vie courante », qui a nettement changé par rapport aux années précédentes, il faut faire tomber les barrières auxquelles se heurtent les personnes atteintes d'une incapacité mentale. Il faut aussi s'attarder aux problèmes particuliers des personnes atteintes d'une incapacité épisodique, car les critères ne tiennent pas compte ni d'une aggravation ni d'un déclin des symptômes, mais dressent plutôt un portrait global du trouble.
Compte tenu de l'intérêt en finance sociale de la ministre Finley, le Conseil des Canadiens avec déficiences, ou CCD, et le Réseau d'action des femmes handicapées du Canada, ou RAFHC, croient qu'on devrait offrir un soutien aux associations de personnes handicapées qui aident les patients à remplir les formulaires du crédit d'impôt pour personnes handicapées, des prestations d'invalidité du Régime de pensions du Canada et d'autres programmes gouvernementaux pertinents. Le crédit d'impôt pour personnes handicapées devrait être remboursable à ceux qui n'ont aucun revenu imposable, mais dont le handicap leur occasionne des dépenses additionnelles. Puisque l'admissibilité au crédit d'impôt pour personnes handicapées a désormais des usages multiples, il faut aussi penser à ceux qui devraient avoir droit à d'autres prestations, comme le régime enregistré d'épargne-invalidité.
Le gouvernement canadien doit réaliser un examen plus large de ses mesures fiscales pour personnes handicapées afin d'en faciliter l'accès et d'en assurer l'équité. Simplifier les procédures et les stratégies favoriserait l'accès aux programmes, à des politiques claires et aux formulaires en ligne, et les économies réalisées pourraient servir à bonifier les prestations et les programmes pour personnes handicapées. Par ailleurs, il faudrait réunir dans un même formulaire le Programme de prestations d'invalidité du Régime de pensions du Canada, le crédit d'impôt pour personnes handicapées et les autres formulaires fédéraux afin de réaliser des économies au moment de les traiter. Il convient aussi de passer en revue la liste des autres professionnels qualifiés qui peuvent signer le formulaire de demande de crédit d'impôt pour personnes handicapées. Il faut interdire aux professionnels et aux entreprises à but lucratif de facturer au-delà d'un certain seuil en échange de formulaires pour un programme provincial, fédéral ou municipal. Il faut protéger les personnes handicapées pour éviter qu'elles ne se fassent exploiter, sur le plan financier ou autre, en fixant des normes aux promoteurs et aux conseillers financiers qui travaillent auprès de cette clientèle.
Je vais maintenant entrer dans le vif du sujet, mais j'ai préféré commencer par les recommandations de crainte d'être coupée.
Bonjour. Nous vous remercions infiniment de nous consulter aujourd'hui. Nous tenons à saluer le peuple algonquin puisque nous nous trouvons sur les terres ancestrales qu'il partage.
J'ai le privilège et la responsabilité de parler au nom du CCD, dont je suis membre à titre personnel du Comité de direction. Je suis aussi la présidente du RAFHC.
Le CCD et le RAFHC appuient l'objectif du projet de loi C-462 et conviennent que les personnes handicapées ont pleinement le droit de demeurer à l'abri de frais injustes exigés par les promoteurs financiers. L'admissibilité au crédit d'impôt pour personnes handicapées est déterminante pour les personnes atteintes d'une incapacité, car c'est devenu un critère d'admissibilité pour diverses prestations. Nous devons donc veiller à ce que son accès soit équitable et sans entrave. Nous reconnaissons aussi qu'il peut être complexe de déterminer l'admissibilité au crédit d'impôt pour personnes handicapées. Ce qui est injuste, c'est qu'il est bien plus facile de prouver une incapacité physique ou sensorielle qu'un problème d'apprentissage cognitif, une déficience intellectuelle ou une incapacité mentale. Dans certains cas, le diagnostic peut coûter très cher, et il arrive que les professionnels en mesure de se prononcer soient moins accessibles. Dans sa forme actuelle, la partie « Fonctions mentales nécessaires aux activités de la vie courante » du crédit d'impôt pour personnes handicapées dresse des barrières à ceux qui vivent avec une incapacité mentale, puisqu'elle a nettement changé par rapport aux années précédentes.
En fait, la définition d'un handicap et la compréhension de ce concept évoluent constamment. Les troubles médicaux changent eux aussi au rythme des nouvelles découvertes. On sait que certaines incapacités sont fondamentalement épisodiques. Puisque le crédit d'impôt pour personnes handicapées sert de plus en plus souvent de critère d'admissibilité pour d'autres prestations fédérales, il faut encore une fois revoir le formulaire et la procédure permettant d'en déterminer l'admissibilité.
Au départ, le crédit d'impôt pour personnes handicapées devait être une mesure d'équité fiscale puisque les personnes handicapées doivent engager des dépenses additionnelles en raison de leur handicap. L'admissibilité au crédit d'impôt constitue désormais un critère pour d'autres prestations et programmes, comme le régime enregistré d'épargne-invalidité, le crédit d'impôt pour enfants handicapés, la prestation fiscale pour le revenu de travail des personnes handicapées, et la prestation d'invalidité prévue à la Loi de l'impôt.
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C'est pour ces raisons qu'on a vu apparaître toute une industrie qui aide les personnes handicapées à remplir leurs formulaires de demande tant pour le crédit d'impôt pour personnes handicapées que pour d'autres prestations. Bien que cette aide soit nécessaire dans certains cas, on reconnaît qu'elle coûte cher.
Trois organisations sont identifiées dans notre rapport, dont deux sont membres du CCD. La Saskatchewan Voice of People with Disabilities et le Alberta Committee of Citizens of Disabilities offrent ce service gratuitement. Le Alberta Network for Mental Health, qui est situé à Airdrie et que je préside aussi, aide les personnes à remplir les formulaires gouvernementaux dont ils ont besoin, qu'il s'agisse d'une demande de soutien du revenu, d'un crédit d'impôt pour personnes handicapées ou de quoi que ce soit d'autre, y compris les procédures d'appel. Nous serions ravis de vous parler de nos nouvelles pratiques exemplaires.
Compte tenu de l'intérêt en finance sociale de la ministre Finley, le CCD et le RAFHC croient qu'on devrait offrir un soutien aux associations de personnes handicapées qui aident les patients à remplir les formulaires du crédit d'impôt pour personnes handicapées, des prestations d'invalidité du Régime de pensions du Canada et d'autres programmes gouvernementaux pertinents.
Pour conclure, j'aimerais dire une dernière chose à propos des coûts provenant d'autres professionnels et de notre expérience à cet égard. Si vous me le permettez, je vais donc lire les deux derniers paragraphes, qui sont très courts.
Le CCD et le RAFHC croient fermement qu'il faut protéger les personnes handicapées pour éviter qu'elles ne se fassent exploiter sur le plan financier ou autrement. Aucun de nos informateurs ne peut confirmer l'efficacité ou la crédibilité des services des promoteurs; ils ne semblent pas être réglementés. Par conséquent, la sécurité des Canadiens handicapés et de leur famille et menacée.
Pour vous convaincre de la grande importance du projet de loi, il suffit de prendre l'exemple du décès de Vicky Shachtay, une femme handicapée d'Innisfail, en Alberta, mère d'une fillette de six ans, qui a été assassinée par son conseiller financier. Même si le crime n'a pas été commis par un des promoteurs du crédit d'impôt pour personnes handicapées visés par le projet de loi, la tragédie démontre clairement que l'exploitation financière a fini par coûter la vie à cette femme. Voilà pourquoi il est si important de réglementer les frais et la protection des citoyens handicapés.
Nous avons hâte de collaborer activement avec le gouvernement canadien pour améliorer la qualité de vie des personnes handicapées.
Nous tenons à remercier Mme Gallant de son initiative. Nous espérons que vous l'appuierez dans son travail et que vous nous aiderez aussi.
Merci.
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Je m'appelle Akiva Medjuck, et je suis le fondateur et le président de la National Benefit Authority. Je suis heureux d'avoir l'occasion de témoigner devant votre comité au sujet des frais exigés par les conseilleurs fiscaux qui aident les Canadiens à remplir une demande de crédit d'impôt pour personnes handicapées.
Au départ, j'ai aidé trois membres d'une même famille à remplir leur demande. Par la suite, j'ai fait de même pour leurs amis et d'autres personnes, et c'est alors que je me suis rendu compte qu'il y avait une demande pour ces services. En 2008, nous avons donc lancé notre entreprise pour aider les personnes handicapées et leurs familles à naviguer à travers le processus complexe de demande pour ce crédit d'impôt. Nous avons plus de 120 employés qui travaillent dans nos bureaux, qui couvrent plus de 12 000 pieds carrés, en utilisant des systèmes dernier cri pour traiter les demandes. National Benefit Authority est le plus important service de conseils fiscaux dans ce domaine.
Le crédit d'impôt pour personnes handicapées est un programme très important qui vient en aide aux personnes dans le besoin. Malheureusement, un grand nombre de bénéficiaires potentiels ne sont pas au courant de son existence. Nous avons dépensé plus de un million de dollars l'an dernier pour sensibiliser la population. Nous recevons plus de 1 500 appels téléphoniques par jour. Environ 40 % des demandes de renseignements sont du bouche à oreille. La National Benefit Authority ne fait pas de sollicitation à froid. Elle choisit ses clients. Nous ne réclamons pas de crédit d'impôt pour ceux qui n'ont pas d'handicap. Nous ne cachons pas à nos clients nos modalités. Nous expliquons clairement à chacun de nos clients potentiels quels sont nos frais conditionnels. Notre entente d'une page avec eux est rédigée dans en langage simple, et nous n'utilisons aucune technique de vente sous pression.
Nos frais conditionnels de 30 % ne s'appliquent qu'aux crédits d'impôt passés et présents que nos clients récupèrent. Habituellement, ils vont recevoir ces crédits pendant une période de cinq à dix ans par la suite. Nous n'exigeons rien pour ces crédits futurs. Ainsi, les frais que nous exigeons sont donc très en deçà de 30 % du montant total reçu.
Lors du débat à la Chambre des communes, on a mentionné qu'il suffisait de remplir un simple formulaire de deux pages pour demander le CIPH. C'est tout à fait faux. Nous savons tous que les questions qui touchent l'impôt sont compliquées de nature. Le CIPH ne fait pas exception. Le CIPH étant un crédit d'impôt non remboursable, les personnes handicapées, ou des aidants précis, doivent avoir payé de l'impôt pour y avoir droit. Le crédit peut être appliqué à l'année courante d'imposition et on peut revenir 10 ans en arrière. Un divorce, une faillite, un déménagement ou tout autre bouleversement dans la vie rend les choses encore plus compliquées. En plus des questions fiscales, le formulaire médical que doit remplir le médecin peut aussi présenter un défi pour les médecins qui ne connaissent pas bien le CIPH. Qui plus est, bien des médecins ne sont pas rémunérés pour remplir ce formulaire.
Enfin, si des erreurs se sont glissées dans la demande, ou que l'ARC demande des renseignements additionnels, le demandeur doit répondre dans des délais stricts, sinon sa demande sera rejetée. Voici ce que nos frais couvrent: notre budget de publicité; le temps nécessaire pour expliquer le programme à nos clients potentiels; l'analyse détaillée des renseignements fiscaux et médicaux du client, souvent en remontant jusqu'à 10 ans en arrière. Lorsque le client n'a pas payé d'impôt, nous déterminons si des parents pourraient y avoir droit, et si c'est le cas, nous analysons leur situation fiscale, en remontant jusqu'à 10 ans en arrière. Nous nous occupons des complications dans la vie du client qui ont une incidence sur le CIPH et les questions fiscales connexes. Nous répondons aux questions des médecins, qui souvent ne connaissent pas très bien les documents à remplir et les critères d'admissibilité. Nous envoyons les documents et nous effectuons un suivi de la demande, et nous répondons aux questions de l'ARC sur le dossier médical ou fiscal du client. Enfin, nous aidons les clients à rassembler tout renseignement additionnel exigé par l'ARC.
La National Benefit Authority consacre environ trois mois à la compilation des données, et trois autres mois au suivi, de toutes sortes, lié à la demande. Nos frais se situent dans l'éventail accepté pour des services de consultation professionnels comparables, notamment les ententes conditionnelles des avocats, les remboursements liés à la RS&DE, ceux liés à l'AE, et les réévaluations de l'impôt foncier. Nous acceptons les risques, les mois de travail qui peuvent aboutir à une compensation nulle pour le client. En retour, nous demandons 30 % du montant du crédit rétroactif qu'obtiendront nos clients.
Les Canadiens ne sont pas forcés d'utiliser nos services. Ceux qui apprennent l'existence du crédit par l'entremise d'une autre personne ou grâce à la publicité que nous faisons en ligne peuvent présenter eux-mêmes leur demande ou faire affaire avec quelqu'un d'autre. Je dois mentionner que le quart de nos clients sont des gens qui ont présenté eux-mêmes une demande et qui n'ont pas reçu le plein montant auquel ils avaient droit. Nous offrons aux personnes handicapées un service qui leur est très utile, et la grande majorité de nos clients sont satisfaits de nos services. Nous serions heureux de vous acheminer quelques lettres et courriels que nous avons reçus à cet égard. Si vous voulez en savoir plus sur nos activités, nous vous invitons à venir nous rencontrer à nos bureaux de Toronto pour constater comment nous avons réussi à aider plus de 10 000 personnes handicapées au pays.
Le projet de loi vise à protéger les personnes handicapées, mais dans les faits, il ne fera sans doute que réduire la sensibilisation de la population et forcer les familles à s'occuper elles-mêmes de ce processus complexe. Les conseillers se concentreront sur les clients à revenus élevés qui paient suffisamment d'impôts pour réclamer un crédit. Les Canadiens à faible revenu, pour qui ce crédit est encore plus important, seront laissés à eux-mêmes.
Il y a de meilleures façons de remédier aux problèmes soulevés par les parlementaires, et nous vous avons fait une suggestion dans notre mémoire qui est un peu plus détaillé.
Lorsque la question des frais conditionnels a été soulevée à l'égard du programme RS&DE, le gouvernement a lancé une étude dans le Budget de 2012 et il a mis en oeuvre diverses réformes dans celui de 2013. Le gouvernement a rejeté l'idée de restreindre le montant des frais conditionnels. Nous avons là un précédent sensé. Nous pensons que le CIPH est un programme tout aussi important, et qu'il mérite lui aussi une étude pour éviter que le Parlement ne prenne une décision précipitée. Si le Parlement décide d'agir avant d'étudier la question, nous recommandons dans notre mémoire que la question des frais soit réglée dans la loi, plutôt que dans les règlements qui seront préparés par les fonctionnaires.
En terminant, j'aimerais souligner que si le projet de loi restreint la capacité des organisations comme la National Benefit Authority à représenter leurs clients, de nombreux Canadiens ne recevront pas ce crédit d'impôt auquel ils ont droit et qu'ils méritent. Les personnes handicapées au Canada ont besoin de pouvoir compter sur des gens qui ont l'expertise et les ressources nécessaires pour bien représenter leurs intérêts.
Merci. Je serai très heureux de répondre à vos questions.
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Merci, monsieur le président, et merci à nos témoins de leur présence.
Merci, madame Gallant, de vos efforts dans ce dossier.
Ma question s'adresse à M. McCauley. Comme vous le savez, les guichets de service de l'ARC pour les paiements et les renseignements sont en voie d'être fermés. Il n'y a plus de séances d'information individuelles, et tous les guichets au Canada seront fermés d'ici octobre 2013. Ces compressions dans les services touchent beaucoup les personnes handicapées et les aînés, à tout le moins chez nous à Victoria, mais c'est sans doute le cas aussi partout au Canada.
Maintenant, comme l'ont mentionné la Dre Beck et la Dre Cohen, ainsi que M. Medjuck, le formulaire T2201 et le processus de demande du crédit d'impôt pour personnes handicapées sont très complexes. Ils l'ont tous mentionné dans leur témoignage. N'est-ce pas ce système complexe qui a créé ce besoin d'avoir des promoteurs, et n'est-ce pas les compressions du gouvernement, qui ne s'occupe plus de bien renseigner les gens, qui ont fait en sorte que les promoteurs doivent s'occuper de fournir aux Canadiens vulnérables les services offerts autrefois par l'ARC?
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Merci, monsieur le président.
Je me dois tout d'abord de mentionner que je suis déçue de voir que le NPD, au lieu d'en profiter pour interroger nos témoins, consacre presque tout son temps de parole à la présentation d'une motion, alors qu'il y en a déjà une qui a été présentée et que le comité examinera à la fin de la réunion.
Cela étant dit, j'aimerais maintenant me concentrer sur le projet de loi de Mme Gallant.
Nous avons trois amendements à proposer au nom du gouvernement, et je vais vous les décrire brièvement.
Le premier vise à importer la définition de « personne » contenue dans la Loi de l'impôt sur le revenu; le deuxième vise à améliorer le libellé de la pénalité, et le troisième, porte sur l'échange d'information. Vous en avez tous une copie.
J'aimerais poser deux questions à M. McCauley. J'aimerais tout d'abord que vous nous disiez pourquoi ces amendements sont importants pour renforcer le projet de loi. Ce sont des amendements de forme. J'ai moi aussi examiné la section à remplir par la personne, et j'aimerais que vous nous donniez plus de détails à ce sujet. Je suis bien consciente que la partie à remplir par le médecin est très complexe, mais pour le reste, la partie qui doit être remplie initialement par la personne ou son aidant est très simple.
Pourriez-vous nous parler d'abord des amendements, et ensuite du formulaire?
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Je m'efforcerai encore une fois d'être très bref.
Au sujet des amendements, si je comprends bien, certains s'inscrivent dans la foulée des suggestions faites par ma collègue de l'AMC. La définition de « personne » vise à s'assurer que l'on englobe tous ceux qui travaillent dans le domaine. Il s'agit d'un amendement de clarification qui rend le projet de loi plus cohérent et qui nous donnera l'assurance que l'on englobe tout le monde.
En ce qui a trait à la pénalité, il s'agit encore une fois simplement d'un élément de clarification. À l'heure actuelle, on pourrait penser qu'il s'agit seulement des frais d'affaires et qu'il ne s'agit pas vraiment d'une disposition de pénalité. On précise donc ainsi qu'il est question du profit et aussi d'une vraie pénalité dans ces circonstances.
Enfin, au sujet de l'échange d'information, l'amendement touche à la protection des renseignements personnels parce qu'il vient préciser les informations qui peuvent être échangées. Il y a échange au sein de l'Agence de revenu du Canada uniquement, et non pas avec d'autres organismes à l'extérieur. Donc, l'information ne sera pas gérée différemment de ce qu'elle est à l'heure actuelle.
J'ai le formulaire avec moi, et comme je l'ai déjà mentionné, je l'ai rempli moi-même. Les renseignements que doit fournir le demandeur sont très simples. Je ne dis pas qu'il n'y a pas moyen d'améliorer le tout. Nous avons revu le formulaire à quelques reprises, et s'il faut le faire à nouveau, nous allons certainement examiner cela. Une disposition veut que l'on examine la possibilité de modifier le formulaire pour que le demandeur indique s'il a eu recours à un promoteur. Ce serait donc une occasion de le faire.
Une disposition exige également que nous entamions des discussions à l'échelle nationale avec les promoteurs et les utilisateurs du CIPH, afin qu'au moment de faire une recommandation au ministre sur la question des frais raisonnables, nous en profitions aussi pour savoir ce que les gens pensent du formulaire et pour entendre leurs suggestions. C'est quelque chose que nous ferions assurément.
Merci.
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Oui, si c'est possible, monsieur.
Le président: D'accord.
Dre Gail Beck: Je suis médecin, pédopsychiatre. Cela tombe bien, d'un côté, que ces audiences aient lieu au début mai, parce que ma secrétaire peut facilement confirmer que j'ai rempli 36 formulaires pour le CIPH en avril. La Dre Cohen et moi ne sommes sans doute pas des témoins tout à fait neutres, parce que comme elle, j'ai siégé au Comité consultatif technique sur les mesures fiscales pour les personnes handicapées, et j'ai examiné les façons d'améliorer le formulaire.
Les médecins remplissent beaucoup de formulaires du genre chaque année. Je ne dis pas qu'il n'est pas complexe. Je suis certaine que les médecins qui commencent à pratiquer le trouvent complexe. Je pense toutefois que les changements qui ont été apportés font en sorte qu'il est beaucoup plus facile à remplir. Ce qui est difficile à comprendre, ce sont les conditions, et nous pouvons travailler avec l'ARC. Je voulais souligner ce point.
Je suis médecin et je travaille à temps plein dans le domaine de la santé mentale. Tous les médecins savent que des préjugés sont associés à la santé mentale. La protection des renseignements personnels est donc, pour cette raison, une question très importante.
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Merci. Je suis désolé de devoir mettre fin aux témoignages si rapidement, mais nous avons un ordre du jour très rempli. Nous avons une motion à présenter et à débattre avant 10 h 45.
J'aimerais parler du calendrier.
Le comité a effectivement décidé de devancer la première séance sur ce projet de loi. Nous envisageons de faire l'étude article par article de cette mesure le 30 mai ou le 4 juin. Pour ceux qui nous écoutent, il faut noter que le calendrier publié par le comité peut être modifié en tout temps; il n'est pas définitif. Tout dépend des projets de loi qui nous sont renvoyés, qu'il s'agisse de projets de loi ministériels ou d'initiative parlementaire.
Tous les documents seront traduits et remis aux membres du comité. Quiconque a d'autres informations à fournir est invité à nous les faire parvenir.
Madame Cohen, vous avez parlé du libellé sur lequel vous avez travaillé. Si vous nous le faites parvenir, nous nous assurerons de le remettre aux membres. Nous allons également leur remettre les amendements proposés par Mme McLeod.
Encore une fois, nous envisageons de faire l'étude article par article, soit le 30 mai, soit le 4 juin. Veuillez consulter le calendrier.
Merci à tous d'être venus.
Merci, madame Gallant, d'avoir présenté ce projet de loi.
Chers collègues, nous allons remercier nos témoins et leur permettre de quitter la salle, et nous passerons ensuite à la motion de Mme Glover.
Madame Glover, je vous demanderais de nous lire votre motion.
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Merci, monsieur le président.
J'aimerais d'abord revenir sur ce qu'a dit Mme McLeod. Comme nous l'autorisent les règles, nous avons donné un avis de motion sur le même sujet, motion dont la présentation a demandé environ trois minutes et demie. Nous allons maintenant passer environ 15 minutes à débattre de la motion de Mme Glover qui porte sur le même sujet. Donc, si elle croit que mes trois minutes ont nui aux travaux du comité, j'aimerais savoir ce qu'elle pense de cette motion-ci.
Le contenu de la motion de Mme Glover nous inquiète beaucoup. Cette motion propose de demander à d'autres comités d'étudier certaines sections de ce projet de loi omnibus, le , sans qu'ils puissent y proposer des amendements ou voter sur les amendements proposés. On leur demanderait, essentiellement, d'entendre des témoignages dans un vacuum, puisque le Comité des finances devra voter sur le projet de loi sans avoir l'occasion de prendre connaissance des témoignages livrés devant ces comités.
Nous avons vécu une situation très similaire avec le projet de loi et, sincèrement, monsieur le président, c'était un leurre. Les comités n'ont pas eu suffisamment de temps pour étudier en détail la mesure législative, alors que d'autres n'ont pas eu le temps du tout. Certains ont eu le temps d'inviter des témoins, c'est tout. Aucun des comités ayant étudié le projet de loi n'a formulé de recommandation. Ensuite, le Comité des finances a dû débattre du projet de loi et procéder à un vote, article par article, sans prendre connaissance des témoignages recueillis.
J'aimerais aborder une des sections de la motion, la section (c), qui demande à tous les députés, y compris ceux qui ne sont pas membres d'un caucus représenté au comité, de présenter leurs amendements au projet de loi au comité. Puisque de nombreux députés ne siègent pas à ce comité et qu'ils ne pourraient pas proposer eux-mêmes leurs amendements, cela remet en question la validité de ce processus. Ce n'est pas la procédure habituelle. Normalement, il faut être présent pour proposer un amendement. Monsieur le président, je vous demande votre avis concernant cette procédure qui, selon mon expérience, est sans précédent.
Je comprends que le but est d'empêcher qu'un vote ait lieu à la Chambre des communes en présence de tous les membres, ce qui serait très long. Mais cela signifie que les six membres du Parti conservateur qui siègent au Comité des finances auraient tout le pouvoir décisionnel, et non les 308 députés de la Chambre. À mon avis, cela menace la procédure normale.
Ce sont là quelques-unes des raisons pour lesquelles cette motion nous inquiète, monsieur le président.