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La séance est ouverte pour cette 65
e réunion du Comité permanent des finances. Chers collègues, nous accueillons deux groupes de témoins ce soir.
Je tiens à remercier nos témoins d'avoir patienté. Je suis désolée de ce retard que le vote a causé.
Pour notre premier groupe de témoins, nous entendrons les déclarations de cinq organismes, soit BCE Incorporée et Bell Canada, le Syndicat canadien des communications, de l'énergie et du papier, Mobilicity, Public Mobile et Wind Mobile. Bienvenue à tous.
Chacun de vous dispose de cinq minutes pour une déclaration liminaire et nos membres vous poseront ensuite des questions.
Nous allons commencer par Bell Canada.
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Bonsoir, monsieur le président et membres du comité.
[Français]
Je vous remercie de cette occasion de présenter le point de vue de Bell Canada sur le projet de loi .
Le gouvernement a déclaré que ces modifications, ainsi que les règles proposées pour la prochaine mise aux enchères du spectre, ont trois objectifs. Premièrement, la concurrence durable dans les services de télécommunications sans fil; deuxièmement, un investissement et une innovation vigoureux dans ce secteur; troisièmement, la disponibilité en temps opportun des services évolués pour tous les Canadiens, y compris dans les régions rurales.
[Traduction]
L'industrie canadienne des services sans fil est admirée partout dans le monde. Nous avons trois grands fournisseurs nationaux qui ont l'envergure nécessaire pour offrir des services sans fil évolués à 97 p. 100 des Canadiens d'un océan à l'autre, notamment grâce aux technologies les plus récentes, HSPA-plus et LTE. Si l'on compte les nouveaux arrivants sur le marché, qui sont nombreux parmi nous aujourd'hui, de grandes villes canadiennes comme Toronto, Montréal et Edmonton sont desservies par pas moins de cinq fournisseurs de services sans fil et ont accès à un choix pouvant aller jusqu'à 11 marques différentes. Même les États-Unis ne peuvent revendiquer un tel niveau de concurrence, pas plus que la plupart des autres pays. En fait, les forfaits de Bell pour les appareils iPhone et iPad d'Apple sont moins chers que ceux d'AT&T.
Si le Canada est un chef de file mondial c'est en raison de l'investissement de près de 20 milliards de dollars dans les services sans fil que Bell, Rogers et Telus ont effectué à partir de 2003 et qui a engendré plus de 40 milliards de dollars de valeur économique totale annuelle et procuré de l'emploi à près de 300 000 Canadiens.
En ce qui concerne la couverture, songez au fait que l'Île-du-Prince-Édouard a obtenu des services sans fil haut débit 4G en 2009, avant Chicago. On comprend pourquoi l'industrie canadienne du service sans fil suscite l'envie de nombreux pays.
Beaucoup de pays ont une perception tout aussi favorable du système bancaire canadien, et c'est un atout dont nous avons bien raison d'être fiers actuellement. Pourtant, il n'y a pas si longtemps, de nombreux observateurs estimaient que nous avions de sérieux problèmes avec nos banques. L'histoire récente a montré que ces perceptions étaient erronées.
La même chose est vraie pour notre industrie des services sans fil. Le projet de loi est une solution en quête d'un problème. Et, avec certains aspects des règles proposées de mise aux enchères du spectre, il ouvre une boîte de Pandore remplie de conséquences indésirables, notamment des impacts négatifs sur les consommateurs canadiens, en particulier ceux des régions rurales.
En vertu du projet de loi , toutes les restrictions à la propriété étrangère seraient levées pour les entreprises de télécommunications ayant une part inférieure à 10 p. 100 des revenus de télécommunications nationaux. Cela créera une structure de capital à deux niveaux dans le marché canadien des télécommunications, avec un ensemble de règles s'appliquant seulement à Bell, Rogers et Telus, et un autre s'appliquant à tous nos concurrents, y compris les concurrents récemment arrivés sur le marché canadien ou les entreprises étrangères cherchant à faire leur entrée. Ces modifications, conjuguées aux règles proposées de mise aux enchères, laissent le champ libre à l'acquisition par n'importe quel géant étranger de deux blocs de fréquences de premier ordre de la bande de 700 MHz, tandis que les entreprises nationales du Canada — celles qui investissent des milliards dans toutes les régions du pays, urbaines et rurales — sont limitées à un seul bloc.
Et qu'est-ce que le Canada obtient en retour? Pouvez-vous imaginer que le gouvernement des États-Unis ne puisse jamais permettre à Bell Canada d'avoir un accès privilégié au spectre de fréquences américain comparativement à des entreprises comme AT&T et Verizon? Pouvez-vous imaginer que les États-Unis ne puissent jamais implanter une telle structure du capital à deux niveaux, accordant des avantages particuliers à des entreprises étrangères par rapport aux entreprises du pays? Non, vous ne pouvez l'imaginer. Pourtant, c'est exactement ce que le projet de loi et les règles de mise aux enchères accompliront ici au Canada.
Et les entreprises étrangères pourront exploiter les marchés les plus importants et les plus lucratifs du Canada. Les hauts dirigeants du Texas ou de l'Allemagne investiront-ils d'abord à Edmonton, le cinquième plus grand marché du Canada, ou à Phoenix, le cinquième plus grand marché des États-Unis, qui est deux fois plus populeux? Ou à Hamilton, le huitième marché du Canada, plutôt qu'à San Diego, le huitième marché des États-Unis, comptant plus du double de la population? Ou à Rimouski, le 72e plus grand marché du Canada, plutôt qu'à Buffalo, 70e plus grand marché des États-Unis, qui compte près de huit fois plus d'habitants?
Pire encore, ils n'auront aucune obligation de servir les régions rurales.
Ce serait une erreur de croire que les fournisseurs de services sans fil du Canada sont imperméables à de tels avantages concédés à des entreprises étrangères. L'octroi de tels avantages peut et devrait être évité, compte tenu du marché concurrentiel vigoureux que nous avons au Canada aujourd'hui. Voici deux moyens permettant de le faire. Premièrement, le projet de loi pourrait être modifié pour porter à 49 p. 100, au lieu de 20 p. 100 comme c'est le cas actuellement, les niveaux de propriété directe étrangère admissibles pour toutes les entreprises de télécommunications et de radiodiffusion canadiennes, comme Bell et d'autres intervenants l'ont précédemment recommandé. Deuxièmement, le gouvernement doit à tout le moins ajuster ses règles de mise aux enchères du spectre afin de réduire le risque de conséquences indésirables du projet de loi C-38. Cela peut se faire en veillant à ce que tous les soumissionnaires soient assujettis aux mêmes plafonds de fréquences dans le cas où de grandes entreprises étrangères participeraient aux enchères, plutôt que des règles donnant à ces géants étrangers un avantage de deux contre un au niveau du plafond de fréquences.
[Français]
Tous les Canadiens tirent avantage d'une industrie des communications forte et innovatrice, de propriété canadienne. Donner à de grandes entreprises étrangères des avantages spéciaux par rapport aux entreprises du pays compromet tout cela, et une telle approche ne constitue pas une saine politique publique et n'est pas non plus dans l'intérêt public.
Thank you.
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Merci beaucoup. Je suis heureux de pouvoir témoigner devant vous.
Je m'appelle Dave Coles et je suis président du Syndicat canadien des communications, de l'énergie et du papier qui représente quelque 40 000 travailleurs occupant toutes sortes de postes liés aux télécommunications chez de nombreux employeurs. Le message primordial que nous tenons à transmettre aujourd'hui au gouvernement et à ce comité, c'est que nous nous opposons vigoureusement à une telle modification du règlement sur les télécommunications par le truchement d'un projet de loi omnibus.
Vous avez entendu le représentant de Bell parler du capital dépensé. Il s'agit d'une question très grave. La vente du spectre est une affaire complexe et difficile. Je vais vous la décrire en cinq minutes. À moins qu'il y ait un paragraphe ou une page qui manque, voici à quoi se résume le contenu de ce projet de loi: à ce petit bout de papier. C'est tout. C'est très grave. Il faut subdiviser et l'analyser. Nous parlons là d'un moteur économique considérable pour notre pays, un secteur qui a une incidence énorme sur les affaires, l'économie, l'emploi et la culture. Nous pouvons régler tout un éventail d'enjeux, mais pas si ces enjeux sont ensevelis dans un projet de loi comme celui-ci.
Prenons la règle des 10 p. 100. Il n'y a rien de prescrit en la matière. Qu'est-ce que cela veut dire? Eh bien, supposons que MTS n'ait pas 10 p. 100 du marché. Carlos Slim pourrait l'acheter avec de l'argent de poche. Il est l'homme le plus riche au monde et possède de nombreuses compagnies de téléphone. Il pourrait acheter MTS avec tous ses services intégrés et faire directement concurrence aux compagnies canadiennes sans la moindre restriction. Il n'y a pas de limite à la somme qu'il pourrait débourser. Si Bell le permettait, il pourrait acheter la compagnie indépendante appelée BellAliant — qui représente moins de 10 p. 100 du marché et offre toute la gamme des services. Une société étrangère pourrait acquérir toute une compagnie de téléphone au Canada sans la moindre restriction. Si vous dites qu'il y a des restrictions, où sont-elles? Elles ne sont pas là. Je vous supplie de subdiviser ce texte pour en faire une loi distincte et d'entamer un débat national sur ce qui est dans le meilleur intérêt du Canada, de notre économie et de notre culture.
Merci.
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Merci beaucoup de m'avoir invité ici aujourd'hui. Au nom de Mobilicity, je suis très heureux d'être ici pour vous exposer notre position.
J'aimerais commencer par vous donner le point de vue de Mobilicity sur certains des défis et des difficultés qui se posent aux petites entreprises de télécommunication qui démarrent au Canada.
Comme vous le savez peut-être, Mobilicity a fait partie des nombreux nouveaux arrivants sur le marché désireux de fournir des services de téléphonie sans fil, de messagerie et de transmission de données au Canada. Pour 243 millions de dollars, Mobilicity a obtenu une tranche du spectre lors de la vente aux enchères de SSFE en 2008 et la possibilité d'entrer en concurrence avec l'industrie canadienne des télécommunications sans fil. Des millions de dollars et des années plus tard, Mobilicity dessert désormais Ottawa, Toronto, Vancouver, Calgary et Edmonton.
À l'instar d'autres entreprises qui démarrent, Mobilicity a dû surmonter de nombreux obstacles avant de réussir: des consommateurs mal informés qui sont liés par des contrats de longue durée et condamnés à payer des frais de résiliation scandaleux; des titulaires de licences qui créent des marques dérivées ou transforment complètement celles qu'ils ont déjà simplement pour éviter de nous faire concurrence directement en utilisant leur marque principale; des règlements obligatoires, comme pour l'itinérance et le partage de pylônes, qui n'ont pas exactement donné les résultats escomptés en raison de règles obligatoires, mais de conditions négociées. Et ce ne sont là que quelques exemples.
Le spectre et les immobilisations sont deux défis fréquents que les nouvelles compagnies de télécommunication sans fil doivent relever. Comment obtenir suffisamment de spectre pour éviter les problèmes de capacité à l'égard de nos clients et nous permettre de passer à notre prochaine grande entreprise — l'introduction de la technologie appelée LTE — comme l'on fait les compagnies titulaires avec le spectre supplémentaire qu'elles ont acquis ou qu'on leur a donné il y a des années? Comment se faire entendre face à ces titulaires qui n'arrêtent pas de dire qu'elles ont besoin de plus de spectre pour répondre aux besoins de capacité, alors qu'en réalité, elles en détiennent davantage que la plupart des entreprises de télécommunication dans le monde?
Remplaçons le spectre par un bien immobilier acheté pour construire un hôtel sur front de mer; il faudra trouver un capital suffisant pour bâtir l'édifice et faire la promotion du produit. Il faut des millions de dollars pour acheter du spectre, construire des réseaux et des systèmes de TI et commercialiser la marque, pour ne citer que quelques exemples. Je rappellerai en passant que ces millions doivent tous être dépensés avant que Mobilicity puisse récolter le moindre dollar. Une fois que Mobilicity commencera à recevoir l'argent de ses clients, il lui faudra encore des millions de dollars pour acheter davantage de spectre, étendre et construire un réseau plus rapide, améliorer les capacités des systèmes de TI, sans parler des coûts de commercialisation et de promotion.
Ce n'est là qu'une illustration de tout le capital qu'il faut trouver dans le secteur du sans fil et des difficultés auxquelles Mobilicity est confrontée, comme si David devait se battre contre trois Goliaths au quotidien.
Par conséquent, Mobilicity accueille à bras ouverts les modifications aux règles sur la propriété étrangère. L'allégement des restrictions sur la propriété étrangère pourrait faciliter l'obtention des capitaux nécessaires, voire diminuer le coût du capital. Ces deux avantages sont pour ainsi dire exclusifs aux nouveaux venus par rapport aux titulaires qui ont déjà librement accès à du capital à faible coût grâce à leurs nombreuses sources de revenu, à leurs comptes bancaires ou à l'abondance des investisseurs de capital à faible risque canadiens.
Compte tenu des risques plus élevés pour les nouveaux venus, on peut logiquement s'attendre à ce que les coûts d'emprunt soient plus élevés. Si l'allégement des conditions de propriété étrangère peut diminuer d'un dollar l'intérêt sur les emprunts — ou le coût du capital — pour Mobilicity, ce sera un dollar en plus que Mobilicity pourra utiliser ailleurs pour diminuer les coûts des forfaits, améliorer le réseau ou offrir des services de meilleure qualité aux Canadiens.
Merci d'avoir pris le temps de m'écouter.
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Merci, monsieur le président et mesdames et messieurs. Je m'efforcerai d'être bref.
Nous sommes ici pour exprimer notre appui aux modifications prévues dans le projet de loi .
Le capital est absolument essentiel pour faire démarrer une compagnie de télécommunication sans fil au Canada, comme M. Wong vient de le dire. Je suis d'accord avec la plupart des choses qu'il a dites. Ce sont bien les deux ingrédients essentiels pour créer un milieu concurrentiel dans notre industrie: le capital et le spectre. C'est ce qui permettra d'améliorer la situation sur le plan du capital et soutenir l'investissement dans ces compagnies.
Des progrès ont été réalisés, et je n'ai pas l'intention de débattre ici sur ce qui a été accompli du côté du spectre, mais lors de la dernière enchère, grâce au mécanisme de réservation, le gouvernement a créé le climat nécessaire à l'entrée de nouveaux venus. Le simple fait que trois d'entre nous témoignent ici aujourd'hui montre bien que cela a donné des résultats. C'est aussi grâce à cette politique que nous pouvons cohabiter avec Vidéotron comme nouveaux venus au Québec.
Le capital demeure un élément important. Au Canada, il est vraiment difficile d'avoir accès au capital de risque. Nous avons un marché qui n'a pas fini d'évoluer à cet égard. Il est question non seulement d'innover ou d'investir dans le sans fil, mais d'innover en général, dans l'économie du savoir et de la TI et dans des secteurs plus vastes au Canada. Pour des raisons historiques, les investisseurs institutionnels qui sont très vigoureux aux États-Unis et dans d'autres pays sont plus frileux au Canada. On est en train de prendre des mesures pour remédier à la situation, mais on pourrait prendre une mesure importante qui serait utile dans ce cas. Ce n'est d'ailleurs pas un problème pour certains autres secteurs. On pourrait en effet permettre l'entrée de capitaux et d'investissements provenant d'entreprises et d'investisseurs étrangers.
Ce serait très utile, puisque des étrangers investissant dans de nouvelles entreprises comme la nôtre investissent au Canada. Tous les employés de Public Mobile vivent au Québec ou en Ontario. Cela n'a rien à voir avec la structure de propriété, mais avec le fait que nos clients sont situés dans ces deux provinces, tout comme nos réseaux, car c'est là que nous détenons nos licences. Cette structure demeurera, peu importe qui seront nos investisseurs ou nos actionnaires. C'est là où les investissements et les avoirs demeureront parce que c'est là où se trouve notre compagnie et où elle exerce ses activités.
Dans la mesure où nous pouvons attirer de nouveaux investissements étrangers, nous pourrons créer des emplois et bâtir de nouvelles infrastructures au Québec et en Ontario, où nous exerçons nos activités aujourd'hui. Tout cela va dans l'intérêt du Canada, quel que soit le propriétaire de la compagnie. C'est quelque chose qui, non seulement favorise la concurrence sur le marché canadien et donne plus de choix aux consommateurs canadiens, mais qui crée aussi de nouveaux emplois et d'autres avantages, le tout dans l'intérêt du pays.
Je suis toujours fasciné d'entendre Bell se plaindre que ce n'est pas bien en raison de toutes ces choses épouvantables qui vont se produire. Bell s'est opposée à la concurrence dans l'interurbain parce que ce serait mauvais pour les Canadiens. Elle s'est ensuite opposée à la concurrence dans les appels locaux parce que ce serait mauvais pour les Canadiens. Elle s'est opposée aux mesures pour améliorer l'accès internet par la concurrence parce que ce serait mauvais pour les Canadiens. Elle s'est opposée à la réservation du spectre lors de la dernière enchère parce que ce serait mauvais pour les Canadiens. Elle s'est opposée au recours au plafonnement pour améliorer l'accès au spectre lors de la prochaine enchère parce que ce serait mauvais pour les Canadiens. Elle s'est opposée à un meilleur accès aux capitaux étrangers pour les petites entreprises ou les nouveaux venus parce que ce serait mauvais pour les Canadiens.
Elle s'est trompée à chaque fois, et le résultat a finalement été bon pour les Canadiens, car dans tous ces secteurs, il y a eu davantage de concurrence, de meilleurs prix, davantage de choix pour les consommateurs et, en définitive, plus d'emplois grâce aux nouveaux venus sur ces marchés.
Pour toutes ces raisons, j'estime qu'il faut appuyer le projet de loi dans sa version actuelle.
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Monsieur le président, mesdames et messieurs, bonjour, ou plutôt bonsoir, à l'heure qu'il est.
Je n'ai pas de notes devant moi, alors je vous demande de bien vouloir m'excuser si je m'exprime de manière un peu décousue.
Je tiens à affirmer que nous sommes en faveur du projet de loi. Nous estimons qu'il s'agit d'une condition préalable importante pour favoriser la concurrence dans une industrie qui en a désespérément besoin. Nous applaudissons le gouvernement d'avoir pris cette initiative.
La position de Wind à ce sujet, comme vous le savez, j'en suis persuadé, a été très publiquement attaquée ces dernières années. Nous avons donc le sentiment d'être tout particulièrement qualifiés pour parler de certaines conséquences négatives des lois actuelles.
Le fait que nos concurrents nous aient soumis à une procédure réglementaire qui a abouti devant la Cour suprême n'élimine pas le fait que le système a permis que cela se produise. Il faut reconnaître, comme tout le monde l'a signalé ici, qu'il est bon de favoriser la concurrence, en plus des autres initiatives stratégiques qui s'imposent; la réservation du SSFE en est un bon exemple... La politique récente sur le spectre dont a parlé M. Bibic ne va pas assez loin, à notre avis. Mais nous n'allons pas nous attarder là-dessus aujourd'hui.
Nous voulons parler ici aujourd'hui d'une condition préalable nécessaire, c'est-à-dire de la nécessité d'injecter du capital dans la compagnie. Il est essentiel d'avoir une idée des capitaux énormes qui sont nécessaires et de comprendre également que leur provenance ne doit pas figurer au nombre des facteurs pris en compte par le gouvernement. Il n'y a pas de rapport.
La réalité pure et simple, c'est que le capital canadien qui soutient une entreprise canadienne ne va pas servir à déployer la technologie LTE à Parry Sound, simplement parce que c'est la ville natale de Bobby Orr. L'entreprise prendra des décisions commerciales en fonction de facteurs économiques, tout comme une entreprise financée par des capitaux étrangers.
Le gouvernement a adopté une approche prudente et progressive pour résoudre la question, mais il l'a fait là où cela importait le plus. Et ce n'est pas au cours des deux ou trois derniers mois qu'on a tiré cette conclusion. C'est ce à quoi l'EPC a abouti et c'est une constatation du rapport Red Wilson. Il s'agit d'une condition préalable pour permettre l'entrée de ce genre de capital.
Soyons très clairs. Il ne s'agit pas d'une panacée. Cela ne va pas résoudre la grande question de la concurrence dans ce pays. Nous avons un oligopole, qui détient 93 p. 100 du marché, une forte présence de marques, une forte présence sur le marché du détail et des capitaux énormes. Ces gens sont en train d'accaparer la totalité du contenu dans le pays. Tout le monde sait qu'il y a un problème. On le sait depuis longtemps. Cette mesure ne règle pas le problème, mais c'est une condition préalable à son règlement.
Je ne crois pas qu'il y ait de raison valable d'affirmer que nous ne voulons pas de ce capital dans notre pays et que nous allons restreindre artificiellement les conditions dans lesquelles il peut être investi. C'est un obstacle qui ne sera tout simplement pas surmonté.
Merci.
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Je vais revenir un peu en arrière. Nous comprenons que le gouvernement a dû concilier divers éléments. D'une part, des règles ont été établies en 2008 pour permettre de nouvelles entrées. Nous en avons trois exemples ici.
Le gouvernement tient à maintenir le statu quo, à ce que les conditions restent en place pour que ces entreprises puissent continuer d'exercer leurs activités. Nous sommes en quête d'une quatrième entreprise de télécommunication nationale, comme vous aurez pu le déduire du témoignage du hier au Sénat.
Donc, on a pensé à supprimer les règles de propriété étrangère pour les petits intervenants. Si tel est l'objectif, on traite tout le monde de la même manière, plutôt que de créer une structure de capital à deux niveaux? Voilà un exemple d'asymétrie.
Selon les propos du ministre et selon la politique existante, le gouvernement voulait également que les entreprises titulaires puissent continuer de soumissionner pour le spectre et continuer d'investir massivement, comme nous l'avons fait. Pour ce faire, on nous a autorisés à soumissionner pour les prochaines enchères du spectre. Nous n'avons certainement rien à redire.
En troisième lieu, le gouvernement voulait qu'on investisse dans les régions rurales.
Je suis tout à fait d'accord avec ces objectifs. Mais le problème tenait aux moyens utilisés. Si vous avez une part de marché de 10 p. 100 ou moins, il n'y a pas de restrictions sur la propriété étrangère, ce qui veut dire qu'une entreprise comme AT&T, qui de toute évidence n'a aucun revenu aujourd'hui, démarrerait à partir de zéro. C'est une énorme organisation avec...
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Merci. C'est une bonne question.
Pour vous répondre rapidement, le capital investi au tout début de l'histoire de cette compagnie —qui s'appelle en fait Orascom et qui a été acquise ensuite par VimpelCom —était censé être un capital à court terme très cher en vue d'attirer du capital de tiers. Nous y sommes parvenus dans une certaine mesure, notamment grâce au financement par le vendeur, etc. Le problème tient aux conditions d'accès au capital et au coût du capital.
C'est très simple quand on a vécu cette réalité pendant un certain temps, mais il faut comprendre que, plus il en coûte d'obtenir le capital, plus il est difficile d'obtenir un rendement sur cet investissement. À mesure que cela devient moins intéressant, il devient d'autant plus difficile d'attirer le capital.
Pour décrire cette situation, je dirais que nous avons eu une proposition d'investissement très attrayante au départ, compte tenu des possibilités incroyables au Canada, car en l'absence de concurrence pendant si longtemps il était temps que le marché devienne concurrentiel, et nous voulons être la quatrième solution nationale recherchée.
Nous avons pu obtenir du capital sur cette base. Mais il est tout simplement impossible de continuer ainsi. Nous parlons de sommes considérables, et c'est là la question.
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Merci, monsieur le président.
Merci, messieurs de votre présence ici ce soir.
Je suis de la Saskatchewan. SaskTel est particulièrement intéressée par cette enchère, car la gamme de fréquences en question —la gamme des 700 MHz, ce qu'elle permet, la pénétration qu'elle permet dans les zones rurales de la province — tout cela est énorme.
Je sais que SaskTel cherche activement les moyens de participer à l'enchère. L'entreprise attend cette occasion avec impatience parce qu'elle veut s'établir et évoluer rapidement elle aussi.
M. Paradis, le 14 mars, a notamment parlé du partage de pylônes et de l'itinérance.
Je commencerai par vous, monsieur Bibic.
Comme je suis de la Saskatchewan, les gens se plaignent souvent auprès de moi du fait que des entreprises demandent à s'établir uniquement dans les grands centres urbains et qu'elles sont moins disposées à aller dans les régions moins peuplées qui connaissent pourtant une forte croissance démographique en raison des activités minières ou d'autres activités dans la région.
S'agissant de partager les pylônes, qu'envisagez-vous...?
Quelles mesures comptez-vous prendre pour améliorer les services sans fil dans les régions rurales du Canada et que pensez-vous de la politique annoncée de partage des pylônes?
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Bell prend la couverture rurale extrêmement au sérieux. En 2009, quand nous avons lancé un nouveau réseau qui a placé le Canada en tête de la technologie sans fil, nous desservions 96 p. 100 de la population canadienne grâce à la technologie appelée HSPA plus. Ces 96 p. 100 couvraient des milliers de petites villes et localités au pays. Nous avons commencé à déployer une nouvelle technologie appelée LTE, ou évolution à long terme. Nous l'offrons déjà dans 16 collectivités. À la suite de cette enchère des 700 MHz, nous voulons faire la même chose et desservir 96 p. 100 ou plus de la population canadienne. De toutes les compagnies qui se trouvent ici aujourd'hui, nous sommes la seule à offrir des services à large bande dans les régions rurales.
Ce sur quoi je reviens toujours, c'est que si une entreprise comme AT&T participe à l'enchère, telle qu'elle a été conçue, et si elle obtient le spectre, elle ne sera absolument pas tenue de desservir les régions rurales. Elle s'adressera avant tout aux marchés urbains. Si nous lui permettons de participer, il faudra créer un cadre qui permettra de faire des appels d'offres et de faire en sorte que le marché produise les résultats escomptés.
Quant au partage des pylônes, le gouvernement a des règlements à ce sujet et nous les respectons. Les différends entre fournisseurs au sujet de l'espace à partager peuvent être résolus par un arbitrage privé conformément aux règlements en vigueur.
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Il y a deux questions entourant l'accès aux régions rurales. Premièrement, il faut avoir le capital nécessaire pour construire le réseau et faire l'investissement et, deuxièmement, il faut avoir le spectre.
M. Bibic parle sans cesse de la manière dont Bell a progressivement augmenté la couverture HSPA à 94 p. 100. La compagnie l'a fait en utilisant le spectre de 800 MHz qui lui a été octroyé sans le moindre processus concurrentiel ni enchère ouverte, sous prétexte qu'il s'agit d'une compagnie téléphonique monopolistique. Or, c'est justement ce spectre qui permet de construire un réseau efficace et d’atteindre ces régions rurales.
Voilà pourquoi l'option des 700 MHz a été aussi importante dans ce débat, car c'est la première fois qu'un concurrent de ces compagnies titulaires aura la possibilité d'obtenir une tranche du spectre lui permettant de desservir ces régions rurales de façon rentable. Avec le spectre que nous détenons tous en ce moment, nous pouvons desservir d'autres villes et certaines banlieues, des petites localités, mais nous ne pouvons desservir les régions rurales de manière aussi économique qu'avec le spectre que les titulaires détiennent et utilisent depuis 25 ans.
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Merci monsieur le président.
J'ai une petite remarque rapide à faire. Les échanges dans un sens et dans l'autre entre les plus modestes et les plus grands ne sont pas sans rappeler la politique et les débats auxquels nous nous livrons régulièrement. Il s'agit d'un débat très différent, mais je crois que vous apportez des points de vue très importants, ce que j'apprécie.
Monsieur Coles, je représente une circonscription rurale, mais même pour les circonscriptions urbaines, le coût est invariablement un des grands motifs de plainte. Nous essayons, entre autres, de passer à un régime plus concurrentiel. Je crois comprendre que les coûts sont très élevés, même dans nos régions urbaines.
Croyez-vous que les Canadiens devraient payer moins cher pour avoir accès à ces services, et dans la négative ou l'affirmative, pourquoi?
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Je ne tiens pas à accaparer le micro, mais j'aimerais tout de même me prononcer.
À mon avis, vous avez déjà commencé à voir les effets de la concurrence. Je pourrais m'asseoir ici et affirmer que la concurrence baisse les prix et favorise l'innovation. Voilà qui ne se prête même pas au débat. J'estime que les gens y voient un fait accompli et je ne vais donc pas m'y attarder plus qu'il ne faut.
J'affirmerais néanmoins que, malgré notre modeste présence dans le marché depuis la fin de 2009 — nous comptons près de 450 000 abonnés et nous sommes présents dans cinq grands centres urbains —, nous constatons déjà un effet assez spectaculaire sur le plan des prix. Mais ce n'est là que la partie visible de l'iceberg.
Sur la manière dont cela fonctionne — il est très simple d'y penser de cette manière — une fois que l'on a établi une véritable empreinte pour notre réseau et une véritable présence parmi les consommateurs, les titulaires analysent la situation. Ces entreprises ont une fourchette de revenu moyen d'utilisateur, l'ARPU, soit un chiffre moyen de recettes qui s'élève à 57 ou à 60 $ par abonné. Notre ARPU est inférieur, car il est de l'ordre de 27 ou 28 $. Faites le calcul. Si les entreprises titulaires de licences veulent nous faire concurrence une fois que nous aurons des règles du jeu équitables, elles seront tenues de baisser leurs prix.
Elles craignent cela comme la peste, car chaque dollar d'ARPU auquel elles renoncent leur coûte 500 millions en termes de la valeur de l'entreprise. Il n'y a pas de limites aux sommes qu'elles sont prêtes à dépenser pour mettre le holà à la concurrence, la freiner, et continuer à créer le genre d'obstacles qui leur ont permis de s'établir comme un oligopole, les règlements visant la propriété étrangère figurant en tête de liste.
En tant que membre du Comité permanent de l'industrie, des sciences et de la technologie, j'aurais bien aimé vous rencontrer à ce comité, plutôt qu'à un sous-comité des finances, pour étudier vraiment en profondeur cet enjeu de télécommunications.
Il semblerait que, dans les orientations du gouvernement qui ont mené aux règles qui régiront cette enchère, il y avait des enjeux dont, premièrement, comme on l'a déjà mentionné, le but d'augmenter la concurrence pour faire baisser les prix à la consommation. Cela semblait être un objectif.
Également, je pense que tout bon gouvernement, qui gouverne non seulement pour les régions urbaines mais aussi pour les régions rurales, doit avoir un autre objectif. Il y aurait, dans les règles qui régiront la prochaine enchère, des incitatifs consentis aux compagnies pour qu'elles se déploient non seulement dans les régions rurales, mais également dans les régions éloignées.
D'après vous, les règles qui sont mises en place présentement atteignent-elles ces deux objectifs de politique?
On pourrait commencer par écouter M. Kirby.
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Très rapidement, je ne crois pas que la politique récemment parue fasse quoi que ce soit pour couvrir les régions qui ne sont pas encore desservies. J'affirme cela par définition, car cette construction rurale exige que l'on couvre uniquement l'empreinte existante avec la technologie HSPA Plus. C'est une description toute simple des effets de la politique.
Je tiens à préciser qu'il a été question dans les médias du fait que Wind Mobile s'opposait à la politique et qu'en rencontrant des gens à Ottawa, elle a manifesté son soutien pour des exigences valables visant la construction des infrastructures rurales nécessaires. C'est un coût que l'on peut intégrer à l'achat du spectre. Si l'achat du spectre exigeait que l'on brûle une tonne d'argent chaque mois, ce coût serait incorporé à celui du spectre, à la seule différence que cela n'atteint aucun objectif stratégique.
Nous figurons officiellement comme ayant soutenu ce type de restrictions. Cela dit, je voudrais simplement faire remarquer que, à mon avis, ce n'est pas la manière la plus efficace d'entreprendre les constructions rurales nécessaires.
Je m'écarte assez de la question de la propriété étrangère, qui porte sur l'accès aux capitaux des petites compagnies. Cela dit, je dirais que la politique récemment annoncée n'a rien pour obliger ni même inciter les compagnies à couvrir les régions non encore desservies.
Très rapidement, je crois que beaucoup de gens auraient tendance à penser que ce ne serait pas une si mauvaise idée si AT&T venait s'installer ici. La réalité toute simple c'est que ce dont nous parlons, ce dont M. Bibic est en train de parler, c'est 5 MHz de spectre comparatif. Cette compagnie détient près de 400 MHz du spectre. AT&T n'est pas en train de se frotter les mains à l'idée de faire concurrence à Bell.
L'autre aspect que j'aimerais mettre en relief est le suivant. Cela va nous prendre beaucoup de temps, mais je tiens juste à être très précis. La structure économique est très différente quand on a déjà un oligopole, quand on a déjà une présence massive parmi les consommateurs, quand on a 30 ans d'avance. Ce n'est pas simplement parce qu'AT&T a de l'argent que la compagnie sera assez bête pour faire une offre contre Bell, Rogers et Telus afin d’obtenir le bloc en plus. Cela n'arrivera tout simplement pas. Vous le verrez bien en 2013.
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Merci, monsieur le président.
J'ai suivi ce dialogue avec beaucoup d'intérêt. C'est une discussion fascinante. Cela me rappelle quand j'étais enfant et que j'allais chez le boucher avec ma grand-mère. Elle voulait acheter un poulet. Elle a choisi un poulet de derrière la vitrine et a dit au boucher que c'est celui-là qu'elle voulait. Le boucher lui a dit: « Non, ce n'est pas celui-là qu'il vous faut. Il a une cuisse cassée. » Elle lui a répondu: « Je veux le poulet pour le manger, pas pour danser avec. »
Les apparences sont parfois trompeuses. Ce que j'aimerais savoir — et qu'on veuille bien me brosser un portrait pour l'avenir de l'optique de Bell et de l'une des autres compagnies —, c'est ce que cela veut dire, non pas pour vos compagnies, mais pour le consommateur, dans le meilleur des cas et dans le pire.
Commençons par M. Bibic.
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Dans le meilleur des cas, chacun des intervenants nationaux obtient 700 MHz du spectre. Pendant que mes amis parlent de la manière dont trois grandes compagnies nationales disposent d'énormément de spectre par rapport à eux... Aucun d'entre nous n'a 700 MHz, et 700 MHz, c'est justement ce qu'il nous faut pour offrir un service large bande sans fil à l'échelle nationale à toutes les petites localités et collectivités ainsi qu'aux grands centres urbains.
Ainsi, dans le meilleur des cas, chacune des trois compagnies obtient la quantité de spectre dont elle a besoin pour construire des réseaux nationaux et se faire concurrence les unes aux autres et faire concurrence aux nouveaux arrivants. Ensuite — il y a un spectre supplémentaire — les nouveaux arrivants obtiennent le spectre supplémentaire et continuent à se poser en concurrents. Sur le plan de la politique publique, il serait souhaitable que tout cela s'étende aux régions rurales, car en ce moment, elles ne sont pas du tout présentes.
Dans le pire des cas, nous aurions affaire aux conséquences indésirables dont j'ai parlé dans ma déclaration préliminaire, et qu’ainsi, par le biais de cette échappatoire à laquelle j'ai fait allusion, les grands mastodontes viendront ici sans obligation et avec un certain avantage pour écrémer Toronto et Montréal. Bell, Rogers et Telus devront alors déployer toutes leurs ressources pour être concurrentielles à Toronto et à Montréal et les régions rurales seront laissées pour compte pendant très longtemps.
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Je pourrais dire que c'est l'inverse de ce qu'il a dit.
Dans le meilleur des cas, il s'agit de créer un environnement dynamique prospère et compétitif dans l'industrie des technologies sans fil au Canada..
L'arrivée au Canada de cette monstrueuse AT&T que nous décrit M. Bibic n'est pas une mauvaise chose pour le consommateur canadien. Tout d'abord, même si AT&T apportait avec elle toute une légion de petits joueurs et qu'elle se répandait jusqu'à obtenir 10 p. 100 du marché, ce sera toujours 10 p. 100 du marché par opposition à 90 p. 100 pour les entreprises canadiennes déjà établies. La compagnie demeurerait dans le jeu, mais sa part serait relativement modeste.
Le fait d'être grand aux États-Unis ou ailleurs ne veut pas nécessairement dire que ce genre de compagnies aura une importance analogue dans ce marché, et ce qui compte en définitive, c'est la taille relative par rapport au marché. T-Mobile aux États-Unis est contrôlé par la Deutsche Telekom, une compagnie de télécommunications européenne parmi les plus importantes. Cela ne la rend pas plus grande ni plus compétitive aux États-Unis. Si quelqu'un, cette compagnie ou une autre, souhaitait venir investir et était en mesure d'obtenir suffisamment de capitaux et suffisamment du spectre de 700 MHz, il ira établir ses réseaux dans les régions rurales, car en fin de compte, il s'agit d'avoir un réseau qui couvre ces régions tout en faisant concurrence aux compagnies déjà établies.
Le pire des cas pour le consommateur canadien c'est de retourner au point où nous en étions en 2008, à un environnement dans lequel le Canada était le seul marché sans fil au monde et où le prix moyen par abonné augmentait. Cela s'expliquait du fait que nous avions trois grandes entreprises bien équilibrées et à l'aise dans leur oligopole bien douillet, qu'elles pouvaient se protéger, et qu'elles ont été extrêmement prudentes, selon leurs propres propos, en s'efforçant de maintenir « des prix rationnels » tout le temps.
Voilà ce qui arriverait.
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Premièrement, vous ne pouvez pas, à mon avis, dissocier ou séparer une compagnie de téléphone d'une compagnie de câblodistribution ou radiodiffusion de nos jours; ce sont une seule et même chose.
S'il y a un problème, par exemple concernant la culture, qu'il s'agisse de Terre-Neuve ou du Québec, qu'est-ce qui pourrait inciter AT&T ou toute autre compagnie étrangère à continuer à développer la culture canadienne?
La question concerne donc la propriété étrangère et ce qu'elle pense de la culture canadienne ou de la sécurité du pays. Il faut poser les questions, quand vous avez... Ils utilisent le terme « mastodontes », mais en termes relatifs, Bell et Rogers ne sont pas des mastodontes dans l'arène mondiale; elles sont bien loin d'être les plus grandes compagnies de téléphone au monde. Quant à moi, j'estime que pour une question culturelle clé au Canada, la sécurité au Canada, les compagnies devraient être de propriété canadienne.
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Merci, monsieur le président.
Bienvenue aux témoins.
Je vais essayer de corriger ce qui a été dit jusqu'ici. Je commencerai par dire que M. Bibic et moi-même nous sommes rencontrés pour la première fois, je crois, en 2008-2009 au moment où nous traitions de ce même sujet. J'ai également rencontré les responsables de Telus et de Rogers. Lorsque j'ai rencontré M. Simms pour la première fois au Comité du patrimoine, il était question de cette éventualité. Si j'en parle, c'est pour reprendre ce que fait remarquer M. Van Kesteren. Ce n'est pas un nouveau débat. Cette question a été étudiée à maintes reprises. Je ne suis ici que depuis 2008.
Je suis ravie que Mme LeBlanc soit membre du Comité des finances. Mais elle n'était pas ici en 2008 ni en 2003. Ce n'est pas une nouvelle question. Je veux donc que cela soit bien clair dès le début.
Monsieur Coles, je pense que vous avez tort de dire que nous devrions retirer ce texte. Il a été étudié ad nauseam.
En fait, le budget a été déposé en mars. Cela fait maintenant deux mois que nous étudions la LFI. On n'a jamais vu une entreprise privée étudier quelque chose pendant des années avant de prendre une décision et étudier ensuite cette décision pendant des mois avant de finalement aller de l'avant. Je suis désolée, mais cela ne tient pas ni pour nous ni pour les Canadiens. Laissons cela de côté et parlons des avantages que nous avons réellement apportés aux Canadiens.
Monsieur Coles, vous avez dit également qu'il n'y a aucune preuve que les Canadiens paient moins à la suite des décisions prises par le gouvernement; or, c'est ce que nous représentons, les Canadiens. Nous représentons les Canadiens et je suis totalement en faveur de cette concurrence parce qu'elle est favorable aux Canadiens. Les faits parlent d'eux-mêmes. La preuve en est que les consommateurs canadiens paient 10 p. 100 de moins grâce aux mesures prises par le gouvernement en 2008. Cela a été étudié. Il y a des preuves. Nous avons les documents. Donc la concurrence s'est révélée très bénéfique pour les Canadiens.
Avec mes cinq minutes, je tenais à corriger certaines choses qui ont été dites.
Je dois également corriger M. Caron car le n'a pas seulement parlé de l'accès dans les régions rurales et éloignées. Le gouvernement avait trois objectifs en tête en voulant faire adopter ce texte. Il n'en a mentionné qu'un, à savoir l'offre rapide de services évolués à tous les Canadiens, y compris ceux qui vivent dans les régions rurales. C'était un des objectifs. Laissez-moi vous dire que 98 p. 100 des Canadiens ont maintenant accès aux services sans fil haut débit depuis que nous avons pris la décision d'ouvrir la concurrence. Quatre-vingt-dix-huit pour cent est un nombre impressionnant. Tout cela est documenté; on peut voir toutes les preuves.
Il y a deux autres objectifs qui doivent être mentionnés, à savoir que nous nous attendons également à une concurrence durable dans les services de télécommunication sans fil ainsi que des investissements et une innovation importants dans ce secteur. Je dois à nouveau corriger, car je ne veux pas que les Canadiens qui nous regardent soient induits en erreur par des mesures expliquées à moitié, etc. Je veux qu'ils sachent exactement ce qu'il en est.
Il reste un sujet qui n'a pas été abordé. Je sais qu'il y aura d'autres questions plus tard, mais j'aimerais connaître votre position sur un autre aspect de cette mesure. Il s'agit du spectre réservé pour la sécurité publique. J'aimerais que chacun d'entre vous me dise rapidement si c'est une bonne mesure. Pensez-vous que nous agissons en faveur des Canadiens en fournissant davantage de spectre pour la sécurité publique?
Je vais utiliser le reste du temps de M. Jean. Je ne voulais pas revenir sur le coût du capital car comme M. Van Kesteren l'a dit, cette question est débattue depuis longtemps. Notre rapport du Comité de l'industrie en 2003 recommandait une diminution pour tout le monde. Mais nous avons eu depuis deux rapports, comme les témoins l'ont souligné, notamment sur le TGP, et le rapport Red Wilson, qui indiquait que nous devrions faire exactement ce que le gouvernement fait dans ce projet de loi budgétaire.
Monsieur Bibic, vous avez parlé d'une structure de capital à deux niveaux. L'argument des nouveaux venus, plus l'argument du rapport Red Wilson et d'autres, est qu'il existe une structure de capital à deux niveaux. Bell, en raison de sa taille, de même que Rogers et Telus ont une structure fondée sur le coût du capital et pour les nouveaux venus cette structure est plus élevée. C'est donc leur principal argument. C'est ce qui explique les mesures prises par le gouvernement.
Monsieur Bibic, j'aimerais que vous répondiez à cette question, ainsi que M. Lockie en réponse à M. Bibic.
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Nous reprenons nos travaux. Je tiens à remercier nos témoins de nous avoir attendus patiemment. Il y a eu un léger retard causé par le vote.
Nous avons huit témoins, dont deux par vidéoconférence. Je vais les citer dans l'ordre dans lequel ils vont faire leur exposé.
Premièrement, nous accueillons le professeur Len Zedel, du département de physique et d'océanographie physique de l'Université Memorial de Terre-Neuve. Nous accueillons ensuite le président national du Syndicat de l'agriculture, Bob Kingston. Nous recevons ensuite une personne que nous connaissons bien au Comité des finances, Philippe Bergevin, du C.D. Howe Institute, qui travaillait pour notre comité. Nous avons le président David Skinner de Produits de santé consommateurs du Canada, ainsi que M. Matthew Holmes, directeur général de l'Association pour le commerce des produits biologiques et Richard Wright de Nalcor Energy.
Nous entendrons également par vidéoconférence le professeur Richard Steiner d'Anchorage, en Alaska. Par vidéoconférence également nous entendrons M. Erin Weir économiste au Syndicat des métallos.
Nous vous demanderons de faire un exposé de cinq minutes dans l'ordre dans lequel j'ai donné les noms.
Nous allons commencer par le professeur Zedel, s'il vous plaît. Vous avez un clip audio pour nous, je crois.
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Oui. Nous allons y venir dans une seconde.
Monsieur le président, mesdames et messieurs, merci de cette invitation de faire un exposé. En guise d'introduction, je suis professeur de physique à l'Université Memorial et je fais des recherches en océanographie physique et sur les systèmes de sonar. Mon but est de vous donner un contexte pour éclairer les délibérations du comité.
Les levés sismiques utilisent le son pour sonder en dessous des fonds océaniques. Les sources sonores sont impulsives et fortes. Elles sont plus fortes que les sources sonores physiques normales de l'océan, à l'exception peut-être des éclairs et des tremblements de terre. Elles sont certainement plus fortes que toutes les autres sources biologiques — plus fortes que celles d'un navire.
Il est difficile de décrire à quoi ressemblent ces sons. On parle de décibels et de choses de ce genre, c'est pourquoi j'ai pensé utile de vous présenter un enregistrement. C'est mon petit clip sonore. Il provient de la côte sud de Terre-Neuve.
[présentation audio]
Il s'agit d'un tir séismique. Il provient d'un navire qui se trouve à environ 15 kilomètres de l'enregistrement. Les levés sismiques comme celui-ci pourraient durer des semaines et ces tirs se produisent normalement toutes les 10 secondes tout dépend des détails exacts.
J'aimerais remercier Jack Lawson, du MPO, pour m'avoir confié cet enregistrement.
En ce qui concerne les effets, ils sont très importants sur les animaux. Les animaux qui se trouvent à une centaine de mètres peuvent subir des dommages physiques et des pertes de l'ouïe. L'effet est limité à un rayon d'environ 100 mètres. Cela en limite donc l'impact général.
L'exposition chronique est beaucoup plus préoccupante car ce son se propage facilement sur une centaine de kilomètres dans l'océan, d'une part parce qu'il est très fort et parce que le son se propage très bien. Les baleines en particulier réagissent aux navires qui font des levés sismiques. On a démontré récemment que le bruit chronique provoque un stress chez elles.
Il existe également un aspect économique puisqu'on a constaté une baisse des taux de capture du poisson à la suite de levés sismiques. Il existe des preuves anecdotiques montrant que les taux de capture de crabe et de crevette ont diminué en réponse aux levés sismiques sur la côte de Terre-Neuve. Il y a donc un aspect économique. À Terre-Neuve, le marché du crabe et de la crevette s'élevait à un peu moins de 500 millions de dollars l'an dernier; c'est un secteur qui continue année après année.
L'industrie adopte des mesures d'atténuation. La plupart ciblent l'exposition aiguë. On utilise des observateurs visuels qui détectent les espèces en voie d'extinction qui se trouvent à moins de 500 mètres du navire. Ces observations visuelles ne peuvent avoir lieu la nuit. Elles ne sont pas non plus très efficaces en cas de brouillard ou de pluie, ce qui se produit assez souvent dans les Grands bancs.
On peut également prévoir les levés de manière à éviter les périodes importantes pour les processus biologiques, les grandes migrations, ce genre de chose, ce qui se produit pendant l'été à Terre-Neuve. Or c'est justement le moment le plus propice pour effectuer les levés sismiques.
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Bonsoir. Je m'appelle Bob Kingston. Je suis président national du Syndicat de l'agriculture.
Avant de prendre un congé pour devenir dirigeant syndical élu, j'ai passé 25 ans en tant qu'inspecteur à l'ACIA et à Agriculture Canada, dont 15 ans comme superviseur multisectoriel.
Pour le Syndicat de l'agriculture, deux thèmes ressortent des modifications apportées à la Loi sur les semences et à la Loi sur la santé des animaux proposées dans le projet de loi .
Le premier peut être résumé en citant l'homme d'État et philosophe britannique, Edmund Burke, qui a dit que ceux qui ne connaissent pas leur histoire sont destinés à la répéter. Laissez-moi m'expliquer.
Le projet de loi C-38 modifierait la Loi sur les semences de façon à pouvoir privatiser le programme des semences, y compris son inspection. Le président de l'ACIA émettra et révoquera les licences pour les entreprises privées auxquelles cette responsabilité sera remise. Cela suppose que l'ACIA sera en mesure de fixer des normes pour ces entreprises et de les faire appliquer par une surveillance, sauf que comme dans ce cas, l'ACIA conçoit souvent des systèmes sans tenir compte des ressources dont elle aurait besoin pour les surveiller comme il convient.
Prenons l'exemple de l'éclosion de listériose à l'usine de Maple Leaf Foods à la fin de l'été 2008. Le premier ministre avait nommé Sheila Weatherill pour en découvrir les causes et recommander des mesures pour empêcher que cela ne se reproduise.
Juste avant l'éclosion, l'ACIA avait mis en oeuvre un nouveau système d'inspection appelé système de vérification de la conformité, ou SVC, un fait qui a été déterminant dans le rapport de Sheila Weatherill. Laissez-moi citer ce qu'elle a dit au sujet de ce système. Le système a « été mis en oeuvre sans que l’on ait préalablement procédé à une évaluation détaillée des ressources disponibles pour s'acquitter de ces nouvelles tâches ». Elle a également constaté que le système était imparfait et avait besoin « d'améliorations critiques relatives à sa conception, sa planification et sa mise en oeuvre ».
Mme Weatherill a recommandé que l'ACIA veille à disposer des ressources suffisantes pour assurer les inspections; autrement dit, savoir combien on a d'inspecteurs et d'autres ressources pour que le système fonctionne bien.
Compte tenu de l'élimination des postes à l'ACIA, l'agence n'a tout simplement pas les ressources voulues pour assurer la surveillance qu'exigera ce qui est proposé dans le projet de loi C-38, en particulier si l'on pense aux autres systèmes que l'agence développe actuellement, sans tenir compte non plus des ressources disponibles.
Par exemple, l'agence met en place un nouveau règlement pour l'octroi des licences à tous les importateurs de produits alimentaires. Cela pourrait ou non améliorer la sécurité des aliments importés, mais sans ressources supplémentaires pour surveiller la conformité et faire appliquer les normes, nous ne le saurons jamais. Il est pire d'établir des règlements sans avoir capacité de les faire appliquer que de ne pas avoir de règlement du tout, et le nouveau système de licence pourrait tout simplement rester lettre morte.
Comme M. Burke le conseillerait, rappelez-vous des enseignements de l'éclosion chez Maple Leaf lorsque vous envisagez des nouveaux systèmes à l'ACIA. Il existe de nombreux exemples semblables, mais aucun aussi grave que celui de Maple Leaf.
Mais le temps nous est compté, et c'est pourquoi je vais passer au second thème, c'est-à-dire le secret qui entoure les décisions relatives au budget.
Les modifications apportées à l'ACIA dans le budget ont été décidées en secret. C'est tout à fait regrettable, car de nombreux cadres supérieurs de l'agence ont peu d'expérience ni d'expertise dans l'industrie qu'ils réglementent, c'est-à-dire que le bon sens, la connaissance et l'expérience des experts de première ligne auraient été précieux pour prendre ces décisions. Sans cette expertise, les décisions prises pourraient avoir de graves conséquences. Laissez-moi vous donner un exemple.
En raison des coupures budgétaires, l'agence a décidé de fermer son centre de quarantaine à Saanich, sur l'île de Vancouver, et de le déplacer à Summerland, au coeur de la région vinicole et fruitière de la Colombie-Britannique intérieure. Si elle avait été prise ouvertement, cette décision aurait sonné l'alarme parmi ceux qui s'occupent de la santé des plantes ou de la production des fruits en Colombie-Britannique. Même le groupe consultatif composé de membres de l'industrie et du gouvernement, le British Columbia Plant Protection Advisory Council, n'a pas été consulté à ce moment-là et ne l'a toujours pas été.
Il s'agit d'un centre de mise en quarantaine où les plantes sont cultivées pendant des années et où l'on surveille l'émergence de maladies avant que les plantes ne soient rendues à l'environnement de production normale. Le sud de l'île de Vancouver est un bon endroit à cet égard en raison de son isolement naturel. Cette décision va placer des plantes potentiellement malades au milieu des régions agricoles les plus riches du Canada.
D'autre part, l'installation de Summerland devra être agrandie et il faudra acheter des terres, des coûts qui vont contrebalancer les économies éventuelles. De même, le site actuel ne peut être vendu par le gouvernement puisqu'il est bloqué par un titre autochtone.
Nous avons d'autres préoccupations au sujet des modifications proposées à la Loi sur la santé des animaux, ainsi que de plusieurs autres choses qui ont lieu actuellement à l'agence, mais le temps me manque. Il me reste à espérer que j'aurai une question.
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Merci, monsieur le président. Je vous remercie de cette occasion qui m'est donnée de comparaître devant vous aujourd'hui.
Je m'appelle Philippe Bergevin. Je suis analyste principal à l'Institut C.D. Howe. Mes commentaires porteront sur un sujet un peu différent, à la demande du comité. J'ai préparé des commentaires sur la Loi sur Investissement Canada.
Je vais faire ma présentation en anglais, mais ça me fera plaisir de répondre à vos questions autant en français qu'en anglais.
[Traduction]
Pour commencer, j'aimerais faire des observations sur les modifications contenues dans la section 28 du projet de loi qui porte sur la Loi sur Investissement Canada. Dans l'ensemble, je crois que les mesures sont positives, bien qu'elles n'aillent peut-être pas assez loin. Celles qui visent à faciliter la divulgation de l'information en rapport avec la loi sont les bienvenues. Une plus grande transparence améliore la prévisibilité dans l'application de la loi, ce qui a évidemment un effet positif sur les investisseurs et la population en général.
Je prévois pourtant l'éventualité de quelques conséquences imprévues concernant le pouvoir que l'on prévoit d'accorder au gouvernement pour qu'il accepte toute garantie pour le paiement d’une pénalité éventuelle infligée aux investisseurs étrangers. Même si cette modification améliorera la crédibilité des engagements qui sont pris par les investisseurs étrangers à l'égard du gouvernement, je crois qu'elle aura, une certaine mesure, un effet paralysant sur certains investisseurs étrangers. Et si cette pratique devait devenir courante, elle pourrait éventuellement inquiéter certains investisseurs.
Je pense que cela va améliorer le niveau de transparence en ce qui concerne la loi elle-même. Le ministre n'est toujours pas officiellement obligé de dévoiler publiquement les raisons de son rejet d'un investissement, en particulier si un investisseur étranger finit par retirer sa demande. Il est important que le ministre fasse valoir les raisons pour lesquelles il rejette un investissement, et même pour lesquelles il l'accepte, car il établit ainsi un répertoire de décisions qui peuvent contribuer à clarifier la loi et, par conséquent, la compréhension des investisseurs potentiels. La divulgation fait également en sorte que le processus d'examen ne soit pas indûment politisé, mais plutôt fondé sur des principes solides.
On pourrait également, selon moi, préciser les aspects de la loi au moyen de lignes directrices. Les critères utilisés dans la loi sont subjectifs et leur application est imprévisible. L'utilisation accrue de lignes directrices contribuerait à donner une meilleure orientation au gouvernement pour interpréter la loi.
Mais de façon plus fondamentale encore, je dirais que les parlementaires devraient se demander si le critère des avantages nets est vraiment la bonne question pour le Canada, dans le même esprit que le rapport du comité d'examen de la politique sur la concurrence Red Wilson. Je pense que le Canada devrait adopter un critère d'intérêt national et éliminer le critère actuel des avantages nets. Qu'est-ce que cela signifie en pratique? Cela veut dire simplement que l'on déplace le fardeau de la preuve de l'entreprise au gouvernement et que le gouvernement fédéral doit donc invoquer des raisons importantes de politique publique, comme la sécurité nationale ou la politique culturelle par exemple, pour bloquer un investissement.
Il existe déjà des concepts semblables dans la loi, mais ces raisons de politique publique deviendraient l'élément essentiel de la loi dans le cadre des critères d'intérêt national. Cette approche correspondrait mieux à l'idée que l'investissement étranger représente des avantages positifs, en général, tout en reconnaissant que dans certains cas, on peut invoquer des raisons de politique publique pour refuser une proposition d'investissement étranger.
Pour conclure, même si les modifications que vous étudiez concernant une plus grande transparence de la Loi sur Investissement Canada sont à mon avis des mesures positives, il est possible d'adopter un critère qui reconnaîtrait que dans la plupart des cas, l'investissement étranger est avantageux pour l'économie canadienne, mais que le gouvernement fédéral a toujours la latitude de faire respecter d'importants objectifs de politique publique.
Merci.
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Merci monsieur le président et membres du comité, de me permettre d'intervenir aujourd'hui au sujet du projet de loi C-38, Loi sur l'emploi, la croissance et la prospérité durable, au nom du secteur des produits de santé consommateurs.
Produits de santé consommateurs du Canada est l'association industrielle nationale qui représente les fabricants, les agents de commercialisation et les distributeurs de produits de santé consommateurs. Les membres de l'association, qui vont des petites entreprises aux grandes sociétés, représentent la grande majorité du chiffre d'affaires de 4,7 milliards de dollars de ce marché. Le chiffre d'affaires de nos membres est proportionnellement réparti entre les produits de santé naturels et d'autres produits consommateurs, notamment les produits solaires, les médicaments contre les allergies, les remèdes contre la nausée et ainsi de suite. Notre association est le principal ambassadeur de l'industrie des produits de santé consommateurs depuis plus de 115 ans.
La section 19 de la partie 4 du projet de loi C-38 contient des propositions visant à modifier la Loi sur les aliments et drogues qui conduiront à une croissance et à des innovations dans notre secteur. Les articles 413, 414 et 415 permettraient au ministre d'établir une liste de médicaments d'ordonnance et de catégories de médicaments sur ordonnance. Cette liste de médicaments figurerait dans le règlement et serait modifiée de temps à autre. Les produits qui ne figurent pas sur cette liste seraient offerts aux Canadiens pour les autosoins. Les produits destinés aux autosoins comprennent les produits contenant un ingrédient qui est passé de statut d'ingrédient offert sur ordonnance à celui de produit de santé consommateur. Les produits qui ont été transférés entraînent une baisse des coûts pour les régimes publics d'assurance-médicament, une réduction du nombre de visites chez le médecin pour obtenir une ordonnance et une réduction correspondante des coûts du système de soins de santé.
Aujourd'hui, quand un ingrédient passe du statut d'ingrédient offert sur ordonnance à celui de produit de santé consommateur, Santé Canada procède à un examen scientifique avant la mise en marché d'une demande contenant l'information qui démontre l'innocuité, la qualité et l'efficacité de l'ingrédient. Le projet de loi C-38 ne modifiera en rien ce processus. Une fois que Santé Canada a terminé son examen scientifique et a approuvé l'ingrédient en tant que produit de santé consommateur, l'ingrédient actif doit alors être retiré de l'annexe F du Règlement sur les aliments et drogues avant que le produit ne puisse être commercialisé. Il y a actuellement un retard de 14 à 24 mois entre le moment ou une décision est prise par Santé Canada et celui où le produit est mis le marché canadien. Ce qui est proposé dans le projet de loi C-38 permettrait d'offrir beaucoup plus rapidement les produits de santé autosoins et encouragerait l'industrie à mener des recherches et à adopter de nouveaux produits autosoins innovateurs qui profiteront aux Canadiens.
Produits de santé consommateurs du Canada appuie sans réserve les modifications proposées à la Loi sur les aliments et drogues contenues dans la section 19 de la partie 4 du projet de loi C-38 et demande instamment au Comité permanent des Finances d'appuyer ces modifications, qui conduiront à une augmentation des produits consommateurs et permettra de fournir des produits de santé dans l'intérêt des Canadiens.
Merci de m'avoir écouté et de prendre en compte notre perspective. Nous serons ravis de répondre à vos questions.
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Merci, monsieur le président et honorables membres du comité.
Je suis très heureux de comparaître devant vous ce soir en tant que représentant du secteur biologique au Canada. L'Association pour le commerce des produits biologiques au Canada est l'organisation de membres qui représente la chaîne de valeur biologique, des producteurs et fabricants aux détaillants et exportateurs.
Le secteur biologique est relativement nouveau, mais il connaît une croissance extrêmement rapide. Le recensement de Statistique Canada récemment publié sur les données de l'agriculture montre que même si le nombre total des exploitations agricoles a diminué de 17 p. 100 depuis 2001, celui des fermes biologiques a augmenté de 66,5 p. 100. Nous avons donc maintenant environ 5 000 exploitants certifiés au Canada, y compris les manutentionnaires et les fabricants.
Notre marché intérieur représente 2,6 milliards de dollars par an, ce qui fait du Canada le cinquième marché mondial des produits biologiques. À l'échelle internationale, les ventes de produits biologiques sont maintenant évaluées à 59 milliards de dollars par an.
En 2009, l'ACPB a salué le nouveau règlement adopté par le gouvernement pour le secteur biologique qui contrôle et définit les allégations de contenu biologique sur le marché et rend obligatoire les normes nationales. Par la suite, le gouvernement a conclu des accords commerciaux progressistes, dans le cadre des premières ententes mondiales d'équivalence avec les États-Unis et l'Union européenne, qui donnent à la certification canadienne et aux producteurs canadiens un accès inégalé à 96 p. 100 du marché mondial.
Malgré sa très forte croissance, le secteur biologique du Canada est toujours confronté à de nombreux défis, notamment des pénuries d'approvisionnement, de semences plus particulièrement. Il s'agit d'une impasse puisque nous sommes obligés de respecter nos normes réglementées, mais sans bénéficier d'un mécanisme ou d'un financement public officiel pour innover ou répondre aux possibilités qu'offrent ces normes, ce qui est la même situation que celle dont M. Kingston a parlé. L'arrivée sans frein de produits génétiquement modifiés interdits représente un risque pour notre modèle commercial. Nos membres pourraient perdre l'appellation biologique pour leur produit et perdre ainsi leur accès au marché.
Concernant les changements proposés à la Loi sur les semences dans la section 26 du projet de loi , l'ACPB note que le rôle et l'autorité du président de l'ACIA sont sensiblement accrus. Les modifications proposées donneraient au président de l'ACIA le pouvoir de délivrer une licence permettant à toute personne d’exercer les activités liées au contrôle ou à l’assurance de la qualité des semences, notamment le prélèvement d’échantillons, l’essai, la classification ou l’étiquetage. En vertu de la loi actuelle, le seul autre rôle prévu pour le président de l'ACIA est la désignation et la supervision des inspecteurs.
Il est important de noter que nous ne pensons pas que les modifications proposées retirent des pouvoirs aux inspecteurs de l'ACIA, mais qu'ils peuvent donner à l'ACIA un moyen de sous-traiter les services d'examen pour des fonctions ou des aspects particuliers qui, à ce que je sache, pourraient être confiés à des groupes industriels, des entreprises privées ou des personnes.
Je tiens à souligner que le régime canadien en matière de produits biologiques repose sur un système d'inspecteurs indépendants, de certificateurs accrédités et d'organismes de vérification de la conformité qui est appliqué par l'ACIA et ses inspecteurs. Par conséquent, je ne peux pas parler contre la prestation par des tiers de certains services et fonctions qui font l'objet d'une surveillance réglementaire. Mais sans davantage de détails, que nous ne voyons pas encore dans le projet de loi , sur les personnes qui seraient admissibles à ces licences et sur la façon dont elles seraient surveillées et obligées de se conformer, il est prudent de mettre en garde contre un risque inhérent qui est lié au manque de transparence, de responsabilisation ou de neutralité. Cela dépendra des limites et des paramètres fixés par le gouverneur en conseil.
Il est également possible que ce nouveau rôle du président de l'ACIA permette de faire appel à des critères externes ou à des normes de pureté avant l'introduction de nouvelles variétés de semences. Cela pourrait conduire, par exemple, à l'introduction de nouvelles semences génétiquement modifiées approuvées par un gouvernement étranger, mais sans que leur dissémination dans l'environnement au Canada n'ait fait l'objet d'un examen ou d'une évaluation.
Un tel changement au sein de l'ACIA et dans Loi sur les semences fait écho à ce qui a été exprimé par le secteur de la biotechnologie qui demande un faible niveau de réglementation au Canada pour permettre l'entrée non approuvée de produits génétiquement modifiés dans les expéditions, en dessous d'un certain seuil, sans intervention ni mesure d'atténuation. Mais comme vous le savez, les semences ont tendance à croître et à se multiplier de sorte que pour le secteur biologique, l'entrée de nouvelles semences transgéniques dans notre environnement, sans avoir au moins les garanties d'une procédure équitable et d'un examen par les organismes gouvernementaux, menace l'intégrité de notre marché en croissance rapide et à forte valeur. Et ce marché, je vous le rappelle, répond directement aux préférences et aux inquiétudes des consommateurs.
Merci de m'avoir invité à intervenir et merci de votre attention.
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Monsieur le président et membres du comité, je vous remercie de l'occasion qui m'est donnée de m'adresser à vous aujourd'hui
Je représente Nalcor Energy, la société d'énergie provinciale de Terre-Neuve-et-Labrador, pour vous parler des modifications proposées à la Loi sur le cabotage, modifications que nous soutenons.
Le Canada atlantique en est arrivé à un point où la prospection est de nouveau nécessaire pour assurer la croissance de l'industrie pétrolière et gazière et pour trouver les futurs champs de pétrole du Canada au large des côtes. La zone extracôtière canadienne est sous-explorée par rapport à d'autres pays concurrents, ce qui nous laisse la possibilité de faire d'importantes découvertes.
La prospection pour la découverte de nouveaux gisements de pétrole et de gaz est une activité compétitive au niveau mondial, de nature très technique et axée sur les processus. Le Canada recherche les mêmes investissements de prospection que d'autres régions du monde, comme le Brésil, l'Afrique de l'Ouest, l'Australie, le golfe du Mexique américain et la mer du Nord, pour n'en citer que quelques-uns. L'acquisition de données sismiques est l'une des premières étapes de la prospection de pétrole et de gaz et joue un rôle essentiel pour découvrir les ressources pétrolières et gazières qui n'ont pas encore été découvertes.
Pour décider dans quelle région explorer, les compagnies internationales de pétrole et de gaz utilisent des données — en particulier des données sismiques — pour localiser des régions à fort potentiel où concentrer leurs activités de prospection. Dans un programme de prospection mondial, les compagnies peuvent prospecter là où la quantité et la qualité des données sismiques peuvent réduire leur risque. Par conséquent, il est essentiel d'obtenir des données sismiques de grande qualité.
À Terre-Neuve-et-Labrador, en Nouvelle-Écosse, en Norvège et dans de nombreux autres pays, il existe de fortes corrélations entre le montant de données sismiques bidimensionnelles et le montant de forage de prospection. Historiquement, à Terre-Neuve-et-Labrador, l'acquisition de données sismiques est suivie proportionnellement de forages de prospection dans les années qui suivent. C'est logique puisque les données sismiques fournissent des images de subsurface, un peu comme un scanner de la terre, et permettent de trouver des cibles possibles de forage pour le pétrole et le gaz.
Tout obstacle à l'acquisition de données sismiques influe directement sur le nombre de puits forés, et par conséquent le nombre probable de futures découvertes. Le potentiel actuel de notre industrie au large des côtes de Terre-Neuve-et-Labrador est considérable. Nos bassins sédimentaires y sont plus importants que ceux du Royaume-Uni et de la Norvège. Mais si nos bassins sont nettement plus importants, notre taux de prospection et de forage de puits d'appréciation est beaucoup plus faible, en dépit de taux de réussite similaires par puits.
Dans l'ensemble des bassins, le Royaume-Uni a une densité de puits d'environ un puits pour 139 kilomètres carrés; pour la Norvège, il s'agit de 461 kilomètres carrés. Terre-Neuve-et-Labrador a un puits pour 4 000 kilomètres carrés. A titre de comparaison, le champ pétrolifère Hibernia, de renommée mondiale, au large de la côte Est de Terre-Neuve, est d'environ 150 kilomètres carrés. Par conséquent, on pourrait avoir un certain nombre de nouveaux champs dans notre zone de puits clairsemée. Nous avons ce bas niveau de prospection sans précédent en dépit des découvertes moyennes de pétrole à Terre-Neuve-et-Labrador par prospection et puits d'évaluation comparables à celles de ces autres pays.
Bien qu'il soit entendu que l'intention de la Loi sur le cabotage est de protéger les intérêts canadiens, dans son application aux navires sismiques étrangers, ce processus va sans le vouloir à l'encontre des intérêts canadiens en réduisant notre compétitivité mondiale dans ce domaine. Cela influe sur deux aspects importants de la prospection au large des côtes par rapport aux données sismiques.
On a d'abord obtenu des images de bon nombre de découvertes au large des côtes de Terre-Neuve-et-Labrador au moyen de données multipartites, un groupe de compagnies se réunissant pour partager les risques et les coûts. Le nombre de ces levés réalisés au large de la côte Est du Canada a considérablement diminué, car lorsque les objections soulevées au sujet de ces levés effectués par des navires étrangers durent, on réalise rarement ces levés en utilisant un navire canadien offert pour les remplacer. Avec l'annulation du levé, aucune donnée n'est obtenue, aucun puits n'est foré et aucune autre découverte n'est faite.
Depuis 2001, 34 p. 100 de tous les levés sismiques effectués par des navires de compagnies non canadiennes ont été contestés en vertu de la Loi sur le cabotage. Ces objections créent un climat d'incertitude dans notre pays pour les entreprises de levés sismiques étrangères qui cherchent à acquérir des données multipartites et qui déplacent ensuite leurs investissements de prospection dans des pays plus favorables que le Canada.
Les lois sur le cabotage du Royaume-Uni, de la Norvège, des États-Unis et du Brésil, pour ne citer que quelques exemples, ne font pas obstacle à l'importation de navires sismiques étrangers dans leurs pays. La Jones Act des États-Unis, qui exige non seulement des navires battant pavillon américain, mais des navires construits aux États-Unis dans de nombreuses catégories maritimes, reconnaît également cette industrie technologique particulière et permet aux navires étrangers d'effectuer des levés sismiques.
Le développement au large des côtes qui découle de la prospection, à commencer par l'exploration sismique, est important pour Terre-Neuve-et-Labrador et le Canada. La valeur nominale d'un champ pétrolier moyen découvert au large des côtes de Terre-Neuve-et-Labrador serait d'environ 12 milliards de dollars en impôts sur les ventes de pétrole pour le gouvernement fédéral du Canada. Ces chiffres sont calculés uniquement en fonction de l'impôt sur les sociétés sur les ventes de pétrole.
En conclusion, pour réaliser pleinement le potentiel d'exploration du Canada, l'exonération des levés sismiques de la Loi sur le cabotage, comme il est proposé dans le budget, permettra au Canada de pouvoir soutenir la concurrence avec les autres pays riches en ressources et attirer les investissement d'exploration initiaux vers notre pays. Compte tenu de nos succès antérieurs dans le forage et de nos vastes bassins sous-explorés, nous estimons que l'accroissement des activités de prospection mènera à de nouvelles découvertes dans l'intérêt des Canadiens.
Merci.
Je vous remercie de cette occasion qui m'est donnée également de parler de cette disposition du projet de loi , l'exemption pour les navires étrangers.
À première vue, ce n'est pas une mauvaise idée en soi, mais je voudrais faire une mise en garde, c'est-à-dire qu'il faut avoir un cadre réglementaire solide et une bonne application de ce cadre réglementaire, pour garantir la meilleure sécurité possible. Nous avons eu une bonne expérience ici aux États-Unis il y a deux ans avec un navire étranger dont nous pensions qu'il faisait l'objet d'un contrôle américain adéquat. Il s'appellait leDeepwater Horizon. Je pense que nous nous souvenons tous des résultats catastrophiques de cette aventure. Ce navire battait le pavillon des îles Marshall et appartenait à Transocean. Nous pensions que la réglementation du gouvernement des États-Unis était appropriée, mais elle ne l'était pas. La réglementation doit donc prévoir des contrôles très stricts.
Je vais faire quelques recommandations très rapides, si vous le permettez, pour le projet de loi ou cette disposition du projet de loi. Premièrement, le texte doit indiquer explicitement que l'exemption ne dispense pas le navire de tous les règlements ou lois du Canada, actuels ou futurs. Je pense qu'il est important que la réglementation environnementale ne soit atténuée en aucune façon dans ce projet de loi. Je pense que ce projet de loi est en fait une occasion, une bonne occasion, de renforcer la réglementation environnementale canadienne. Je pense que c'est également dans l'intérêt de l'industrie, comme nous l'avons découvert ici aux États-Unis.
Deuxièmement, je pense que c'est une occasion d'améliorer les normes canadiennes. D'ailleurs, je voudrais dire, en ma qualité de biologiste, que ni les normes canadiennes en matière d'atténuation des risques sismiques, ni celles des États-Unis ne sont aussi bonnes qu'elles pourraient l'être. Nous devons mieux faire.
Troisièmement, je recommande respectueusement que le projet de loi demande aux gouvernements du Canada et des États-Unis de préparer un accord bilatéral pour harmoniser les mesures d'atténuation et d'évaluation des risques sismiques entre nos deux pays, dans l'Atlantique, l'océan Arctique et dans le Pacifique. Il est absurde d'avoir des cadres réglementaires et de surveillance différents.
Enfin, je recommanderais que le projet de loi indique que le Canada négociera un protocole d'atténuation des risques sismiques au Conseil de l'Arctique qui soit transarctique. Je pense que le professeur Zedel a très bien fait de parler de certains risques associés aux tirs sismiques au large des côtes, car ils sont très réels; je n'en parlerai donc pas ici. J'ai remis au personnel du comité une copie de notes que vous pourrez consulter si vous le souhaitez.
Ce qui me préoccupe le plus, c'est que ni le système des États-Unis ni le système canadien ne sont aussi bons qu'ils devraient l'être en ce qui concerne la gestion des tirs sismiques au large des côtes. J'ai scanné l'énoncé de pratique canadien à ce sujet et, franchement, une zone de sécurité de 500 mètres pour les tirs sismiques est tout à fait insuffisante. Il doit y avoir un niveau de réception, un niveau sonore pour les cétacés, les pinnipèdes, les oiseaux et les poissons. Nous savons que les effets des tirs sismiques peuvent être ressentis jusqu'à à 50 ou 60 km pour certaines espèces et ces effets peuvent être très profonds, en particulier si les impulsions sonores se poursuivent sur une longue période.
Il y a un certain nombre d'autres sujets. Dans le rayonnement transfrontalier du son, même si ces tirs sont dirigés vers le fond marin, qui est leur cible, il se produit un rayonnement horizontal important et le son se propage sur plusieurs centaines de kilomètres. Par exemple, le rayonnement et le son d'un tir au large de la côte arctique de l'Alaska se rendront jusqu'à la mer de Beaufort au large du delta du Mackenzie. Il faut donc une certaine cohérence et, je crois, un accord bilatéral pour que cette activité soit aussi sûr que possible.
Je pense que je vais m'arrêter là. Il y a un certain nombre d'autres questions que j'ai abordées dans mes notes, et je vous encourage tous à les consulter.
Je serais ravi de répondre à vos questions.
Merci beaucoup,
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Merci beaucoup de m'avoir invité et merci de m'avoir permis d'intervenir par vidéoconférence.
On m'a demandé de parler des modifications apportées au projet de loi omnibus sur le budget.
La perspective de mon syndicat sur l'investissement étranger est fortement marquée par nos expériences récentes avec les multinationales. Plus précisément, nous représentons les employés des anciennes entreprises Inco, Stelco et Alcan. Toutes ces entreprises canadiennes ont été rachetées par des entreprises étrangères qui se sont engagées en vertu de la Loi sur les investissements au Canada. Peu après ces prises de contrôle, les nouveaux propriétaires, Vale, U.S. Steel et Rio Tinto ont demandé d'énormes concessions et ont exercé de très fortes pressions sur les employés canadiens à l'égard de ces concessions.
J'aimerais attirer plus particulièrement l'attention du comité sur le cas de Rio Tinto puisque les anciens employés d'Alcan continuent toujours d'être en lockout à Alma, au Québec. Rio Tinto essaie de les remplacer par du personnel à contrat dont le salaire serait réduit de moitié.
Le Syndicat des métallos estime que la Loi sur Investissement Canada actuelle ne permet pas vraiment d'apporter un avantage net pour les Canadiens. Nous croyons également que le gouvernement Harper n'a pas non plus réussi à faire en sorte que ces compagnies respectent leurs engagements en vertu de la Loi sur Investissement Canada.
Pour en venir au projet de loi omnibus lui-même, le principal changement apporté à la Loi sur Investissement Canada consiste à permettre au ministre de dévoiler les raisons de l'acceptation ou du rejet des prises de contrôle étrangères proposées. Nous croyons que cette plus grande transparence est une étape dans la bonne direction mais ne va pas assez loin.
Premièrement, la loi permettrait une divulgation, mais ne l'exigerait pas. Le ministre continuerait de bénéficier d'une grande discrétion pour éviter de divulguer de l'information aux Canadiens. Nous croyons qu'il est très important d'indiquer non seulement les raisons des décisions, mais également les engagements pris par les entreprises étrangères pour obtenir une approbation en vertu de la Loi sur Investissement Canada. Cette communication permettrait aux Canadiens de tenir les investisseurs responsables à l'égard de leurs engagements et de savoir s'ils les respectent.
De façon plus fondamentale, nous croyons que le processus d'examen prévu dans la Loi sur Investissement Canada doit être ouvert avant qu'une décision ne soit prise. Il ne s'agit pas seulement d'être transparent au sujet d'une décision déjà prise. Il faut vraiment ouvrir le processus pour permettre aux travailleurs et aux organisations de travailleurs qui sont susceptibles d'être touchés par ces prises de contrôle étrangères de se faire entendre et de donner leur opinion sur les projets de prises de contrôle.
Au-delà du projet de loi omnibus sur le budget lui-même, le gouvernement a indiqué qu'il prévoyait apporter un changement par réglementation qui consistera à relever à 1 milliard de dollars le seuil auquel les prises de contrôle proposées seraient examinées en vertu de la Loi sur Investissement Canada.
Nous pensons que des faits et des expériences récents plaident pour un examen plus approfondi des prises de contrôle étrangères et non le contraire. Le fait de relever le seuil aurait pour effet d'exempter toute une nouvelle tranche de prises de contrôle étrangères d'un examen en vertu de la Loi sur Investissement Canada. Nous pensons que cette hausse du seuil serait un pas dans la mauvaise direction.
Pour résumer, ces prises de contrôle étrangères nous préoccupent énormément. Nous croyons que le projet omnibus n'est qu'un tout petit pas dans la bonne direction en matière de transparence, mais ne va pas assez loin pour améliorer la Loi sur Investissement Canada. Nous notons également qu'en plus du projet de loi lui-même, le gouvernement a déclaré son intention d'apporter un changement par réglementation que nous considérons comme un pas dans la mauvaise direction.
J'aimerais également répondre brièvement à ce qu'a dit mon collègue de C.D. Howe Institute au sujet de la nécessité...
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Merci beaucoup à tous les témoins.
Je voudrais commencer tout d'abord par dire à chacun d'entre vous que vous êtes des experts dans votre domaine. On vous donne cinq minutes pour faire une présentation ici ce soir et nous avons cinq minutes pour les questions et pour les réponses. C'est un peu court.
Un de mes collègues du comité disait que bon nombre de ces questions ont été maintes fois étudiées au cours des années, mais pour cette session en particulier, une bonne partie des 308 élus qui représentent maintenant les Canadiens ne les ont jamais étudiées. Par conséquent, pour vraiment représenter leurs élus... nous pensons que ce projet de loi contient trop d'éléments.
Bien entendu, ce soir nous parlons de la Loi sur le cabotage, des levés sismiques au large des côtes, de l'inspection des aliments, d'Investissement Canada, de la Loi sur les aliments et drogues, de la Loi sur les semences et nous avons également abordé bien d'autres sujets ces derniers jours.
Je regrette que nous ne puissions pas examiner en profondeur chacun des domaines dont vous êtes experts, mais nous vous remercions d'être ici ce soir.
J'aimerais commencer par M. Steiner et vos observations. M. Zedel nous a parlé des levés sismiques au large des côtes et monsieur Steiner, vous avez parlé de Deeptwater Horizon et de l'insuffisance de la réglementation qui a finalement conduit à une catastrophe climatique et à une catastrophe pour l'économie américaine, et certainement pour l'environnement et pour toutes les personnes touchées.
Pouvez-vous nous donner une idée de l'impact économique de cette catastrophe? Quelles mesures réglementaires le gouvernement américain a-t-il pris pour essayer de prévenir une catastrophe semblable?
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Je vous remercie de la question. Cela pourrait prendre des heures.
Nous avons appris les leçons de Deepwater Horizon à nos dépens comme nous l'avons fait il y a 23 ans avec le Exxon Valdez, ici en Alaska. Nous avons réglé le problème du transport des produits pétroliers dans l'ensemble, mais nous n'avons pas réglé celui du forage au large des côtes et des risques qu'ils représentent. Nous avons appris à nos dépens.
Nous espérons que le Canada n'aura pas non plus à apprendre à ses dépens. L'exploration sismique peut causer des dommages aigus et chroniques à long terme.
Vous m'avez demandé quels étaient les effets économiques de la catastrophe du Deepwater Horizon. Ils ont été évidemment énormes. Ce fut le déversement pétrolier accidentel le plus grave de l'histoire humaine. Je crois que BP a déjà payé quelque chose comme 30 à 40 milliards de dollars US et devrait encore dépenser 20 milliards de dollars environ pour répondre aux demandes d'indemnité pour les dommages causés aux ressources naturelles. Par conséquent, BP devra payer une facture de 50 à 60 milliards de dollars environ.
J'encourage certainement le Canada à examiner ses lois sur la responsabilité financière concernant le forage exploratoire. Il est important de noter que le Deepwater Horizon faisait du forage exploratoire. Ce n'était pas une installation de production. Le risque est plus grand pour l'exploration en eau profonde.
J'espère avoir répondu à votre question compte tenu du temps que nous avons.
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Merci, monsieur le président.
J'aimerais à nouveau remercier les témoins d'être venus ce soir et de faire partie de ce processus très important. Ce que vous dites influence notre façon de procéder... et la mise en oeuvre du budget est une question très importante pour les Canadiens en général.
Je viens de la Saskatchewan. Au cours des cinq dernières années, la Saskatchewan a connu des changements considérables. Elle a connu une croissance énorme. Elle a adopté des politiques qui ont créé la croissance. C'est la seule province au Canada qui a un budget équilibré. Elle a un premier ministre qui a permis aux entreprises de prospérer, qui a encouragé la croissance et qui est allé dans le monde entier pour trouver des employés. J'étais récemment en Irlande pour essayer de trouver des employés, car nous avons besoin de métiers bien précis. Nous avons besoin de gens pour combler les emplois qui ont été créés.
Au début des années 2000, lorsque j'étais en Saskatchewan au moment où le NPD était au pouvoir, les familles quittaient la Saskatchewan. M. Jean a dû apprécier cette année-là, puisque dans sa circonscription tous les travailleurs venaient de Terre-Neuve ou de la Saskatchewan. Maintenant je connais beaucoup de Saskatchewanais qui reviennent et qui retrouvent leurs familles. Je trouve cela très intéressant.
Monsieur Weir, je vais vous poser cette question. Il semble que vous ayez dit que le premier ministre Wall attisait encore plus le sentiment d'aliénation de l'ouest du Canada parce qu'il avait osé parler contre l'attaque de Thomas Mulcair, chef du NPD, au sujet du secteur des ressources de la Saskatchewan. Cela m'étonne beaucoup. Premièrement, M. Wall n'a pas commencé ce débat, c'était M. Mulcair. M. Wall ne faisait que défendre la croissance en Saskatchewan. J'aimerais également faire remarquer que cette croissance a eu des retombées énormes partout au Canada.
Vous ne pouvez pas honnêtement dire que nous serions mieux sans un fort secteur de ressources. Est-ce ce que vous dites?
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Si je pose cette question, madame la présidente, c'est que nous prenons très au sérieux nos témoins et que leur crédibilité est très importante.
Je regarde ce témoin et je me dis que ce n'est pas un témoin crédible. Ce témoin ne parle pas nécessairement au nom de l'économie; il parle au nom du NPD du Canada ou du NPD de la Saskatchewan. Par conséquent, comment puis-je croire à sa crédibilité lorsque je ne vois que foutaise dans ce qu'il a écrit dans certains articles?
Lorsque vous parlez des implications de la loi de mise en oeuvre du budget, comment puis-je interpréter vos propos, lorsque je vois vos antécédents? Vous critiquez la Saskatchewan. Vous critiquez le premier ministre de la Saskatchewan, vous imputez à la croissance de la Saskatchewan la hausse du chômage en Ontario, ce qui est totalement faux.
Comment puis-je vous juger crédible lorsque vous parlez d'autres aspects du budget?
En ce qui concerne le rappel au Règlement, je dirais que M. Hoback a cinq minutes pour poser des questions. Le témoin critique le gouvernement et notre budget. Si je ne m’abuse, il a été candidat du NPD en 2004, mais il occupe aussi un poste au sein du NPD, soit en Saskatchewan soit au niveau fédéral. Je pense qu’il est légitime de demander s’il occupe encore un poste, parce qu’il critique le gouvernement et qu’il devrait être un témoin indépendant, pas un membre du NPD qui critique le gouvernement. La question me paraît légitime.
Alors, joue-t-il un rôle actuellement au sein du NPD, au niveau fédéral ou provincial? C’est une bonne question.
Puisque nous en sommes aux révélations, moi aussi, j’ai été candidat en 2004, pour le Parti libéral. En astrologie, je suis Lion, et j’aime faire de longues promenades sur la plage. J’espère que ces révélations font remonter ma crédibilité, mais je n’en suis pas certain.
J’aimerais revenir sur les activités sismologiques. J’ai entendu des arguments convaincants sur les effets des activités sismologiques, sur les relations transfrontalières et le besoin de relever la barre, mais nous n’avons pas entendu l’opinion de M. Wright à ce sujet. Il ne nous a pas donné son opinion sur les activités sismologiques du point de vue commercial. Se peut-il, monsieur Wright, que ce que vous avez entendu ici...? De nombreux pays n’en ont pas, n’est-ce pas?
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Merci, madame la présidente.
J’aimerais moi aussi remercier les témoins pour les excellents témoignages que nous avons entendus aujourd’hui.
Monsieur Steiner, je vous ai trouvé fascinant lorsque vous avez évoqué certaines de vos difficultés par le passé. Vous avez expliqué comment vous avez réglé le problème de l’Exxon Valdez. Est-ce que je vous cite correctement en disant que vous avez réglé le problème?
Permettez-moi une petite entrée en matière, avant de demander votre point de vue. Dans ce budget, le mouvement sécuritaire des pétroliers est extrêmement important pour le gouvernement. Nous avons ajouté de nouveaux règlements pour renforcer le régime existant d’inspection des pétroliers en resserrant les exigences en matière d’inspection des navires. Nous avons créé de nouveaux cadres réglementaires concernant les déversements de pétrole, les mesures d’urgence et la protection civile. Nous avons fait effectuer un examen des processus de manutention des produits pétroliers par un groupe d’experts internationaux indépendants — des experts de la sécurité des pétroliers. Nous avons investi 35,7 millions de dollars notamment pour renforcer le régime canadien en matière de sécurité des pétroliers et appuyer le développement responsable.
Encore une fois, je pense que rien ne peut être à l’abri de tout risque, mais je crois que ce sont des mesures très importantes qui réduiront le plus possible le trafic des pétroliers. Êtes-vous d’accord?
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Il semble, madame, que tout ce que vous mentionnez ici est absolument essentiel pour réduire le risque environnemental lié au transport de matières dangereuses comme le pétrole par des navires-citernes. J’encouragerais le gouvernement du Canada — et je pense que vous l’avez fait de nombreuses façons — à envisager des mesures supplémentaires pour prévenir les accidents maritimes. C’est ce que nous avons réussi à faire dans le golfe du Prince William, en Alaska, où j’ai vécu pendant 15 ans, avant et durant le déversement de pétrole de l’Exxon Valdez.
Essentiellement, on examine si le navire est adéquat. Dans la loi OPA 90, nous avons rendu la double coque obligatoire aux États-Unis. Je pense que l’OMI l’a fait aussi à l’échelle mondiale. Il est aussi important de savoir si l’équipage et les systèmes de navigation et de surveillance du trafic maritime sont adéquats. Deux remorqueurs escortent tous les pétroliers chargés jusqu’en haute mer.
On peut prendre de nombreuses mesures pour réduire les risques. Vous avez raison, on ne peut pas les éliminer complètement, mais on peut les réduire le plus possible grâce à la meilleure technologie disponible et à la technologie la plus sûre.
J’encouragerais tout le comité à venir chez nous, dans le golfe de Prince William, en Alaska, pour voir comment fonctionne le système de transport par pétrolier que nous avons mis en place.
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C’est une excellente idée.
Merci. Je vous suis reconnaissante, parce que vous avez vraiment dû affronter le problème concrètement et que vous avez reconnu ce qui peut être fait pour le réduire à presque rien.
Dans le peu de temps qui me reste, je m’adresserai principalement à M. Skinner. J’ai siégé au sein de la commission sur la réduction de la paperasse qui a sillonné le pays. On nous a décrit toutes sortes de problèmes auxquels sont confrontées les petites entreprises, mais je pense que le projet de loi apporte des réponses à certains des problèmes que vous évoquez aujourd’hui.
Pour éclairer certains des membres du comité, pouvez-vous nous donner des exemples précis? J’en ai entendu quelques-uns. Pouvez-vous décrire quelques produits? Cela pourrait être utile pour ceux qui n’ont pas pu entendre ces exemples.
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Certainement. L’un des plus courants, que presque tout le monde connaît, est un produit de santé naturel. Il s’agit des produits de remplacement de la nicotine — les timbres et la gomme de nicotine. Il a fallu des années au gouvernement pour collecter suffisamment de renseignements sur la sécurité, la qualité et l’efficacité de ce produit avant de décider s’il fallait vraiment une ordonnance du médecin à chaque fois ou si des doses plus faibles pouvaient être offertes aux consommateurs.
Pour cette seule décision, il y a une foule de données au Canada et ailleurs. De fait, les États-Unis viennent de mener une étude sur l’incidence économique: 2 milliards de dollars d’économies annuelles dans le système de santé parce que les consommateurs peuvent maintenant utiliser ce produit sans devoir consulter un médecin. Il réduit la morbidité et la mortalité liées au tabagisme. L’incidence sur les maladies chroniques est incroyable. C’est un excellent résultat pour la santé publique.
Si cette mesure avait été en place lorsque des produits de santé naturels comme les thérapies de remplacement de la nicotine sont apparues, les consommateurs y auraient eu accès deux ans plus tôt. Les économies pour le système auraient commencé deux ans plus tôt, ce qui aurait été une vraie bénédiction.
Selon les données les plus récentes, soit les coûts des soins de santé en 2011, certains vont encore chez le médecin pour des ennuis de santé aussi mineurs qu’un rhume. Si seulement 16 p. 100 des enrhumés se prenaient davantage en main, les économies pourraient suffire pour que 500 000 Canadiens aient accès au médecin de soins primaires auquel ils n’ont pas accès actuellement. Se soigner soi-même a une énorme incidence.
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Monsieur Kingston, êtes-vous actuellement ou avez-vous déjà été membre du NPD? Je blague. Je n’ai pas pu résister. Il faut bien se détendre un peu.
Le problème, c’est que nous avons ici des compétences énormes que nous ne réussissons pas à exploiter, même quand nous ne nous chamaillons pas.
Monsieur, le président de l’ACIA aura le pouvoir de délivrer des licences à des gens de l’extérieur.
Monsieur Holmes, vous voudrez peut-être intervenir vous aussi.
Nous nous inquiétons des conséquences qui pourraient en découler. Avez-vous une idée des compétences qui devraient exister? A-t-il été démontré qu’ils sont là pour protéger notre environnement et nos récoltes?
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Merci, monsieur le président.
Merci à tous de témoigner et de rester aussi longtemps.
Monsieur Kingston, j’ai une question. Je vais demander une réponse et je demanderai au président si c’est approprié ou si je respecte la procédure.
En Ontario, et l’on peut probablement affirmer sans se tromper que c’est vrai aussi dans l’ensemble du Canada, il y a une crise des petits abattoirs. Les petits abattoirs me disent qu’ils ne peuvent plus soutenir la concurrence. Il y a trop de paperasserie. Il y a tellement de règlements à appliquer.
Je ne veux pas laisser entendre que la salubrité... mais les problèmes semblent se multiplier — et je pense que Maple Leaf en est un exemple — dans les gros abattoirs qui peuvent faire face à toute la paperasse. Ils ont des armées de personnes pour les aider et ils peuvent faire ce qu’on leur demande. Mais les petits finissent par jeter l’éponge.
La question que je veux poser — et je dois la poser par l’entremise du président, si c’est approprié, est la suivante. Nous vous interrogeons sur le budget. Nous sommes un gouvernement. Nous sommes toujours à la recherche de solutions. Compte tenu de votre poste, avez-vous des solutions à proposer au gouvernement? Je comprends que ce n’est pas seulement une compétence fédérale, que les provinces ont une compétence elles aussi.
Monsieur le président, est-il approprié de poser cette question, qui nous permettrait d’obtenir quelques...
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C’est tout ce que je vous demanderai, soit de donner au gouvernement des indications pour sauver les petits abattoirs. Que pouvons-nous faire comme gouvernement? Parce que c’est très grave.
Dans ma circonscription seulement, trois abattoirs me viennent immédiatement à l’esprit, et un grand nombre d’autres ont probablement mis la clé dans la porte eux aussi.
Vous pouvez peut-être m’aider.
Si je peux continuer, je m’adresserai à M. Steiner et à M. Zedel.
Nous apprenons plein de choses sur les océans. Il n’y a sans doute personne au monde qui regarde les émissions sur la nature sans être choqué par certains des sévices qu’on fait subir aux animaux dans l’océan.
Dans un monde parfait, autoriseriez-vous des levés sismiques?
Cette question s’adresse à vous deux. Je laisserai M. Zedel commencer parce qu’il me regarde, puis nous passerons à M. Steiner.
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En tant que biologiste, je dirais que, dans un monde parfait, nous ne permettrions pas des levés sismiques dans des écosystèmes marins extracôtiers simplement parce qu’ils sont des sources de pollution sonore extrêmement élevée, de 230 à 250 décibels, ce qui représente un bruit encore plus grand que celui qu’on entendrait si on se trouvait à moins d’un mètre d’un 747 au décollage, si vous pouvez l’imaginer.
C’est extrêmement fort. Le son se propage à des centaines de kilomètres. Nous savons qu’il y a des effets comportementaux, physiologiques et dommageables sur les cétacés, les pinnipèdes, les oiseaux, les poissons, etc. Donc, dans un monde parfait, nous ne les autoriserions pas. Mais je pense que mon collègue, le professeur Zedel, a eu la réponse juste. Le monde n’est pas parfait. Nous vivons dans un monde réel, et c’est dans ce monde que le Parlement canadien et le gouvernement américain doivent fonctionner.
Nous consommons du pétrole et du gaz. La question est la suivante. En tant que consommateurs… les consommateurs commencent à demander qu’on fabrique ce produit, qu’on fasse de l’exploration pour en trouver, qu’on le transporte, qu’on le raffine et qu’on le consomme de la manière la plus responsable possible. Cela veut dire que certaines zones devraient rester interdites et que les normes technologiques les plus élevées devraient s’appliquer là où c’est permis. Franchement, c’est encore bien loin d’être le cas aux États-Unis et au Canada.
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De nombreux aspects du projet de loi pourraient toucher les consommateurs et le feront probablement.
Par exemple, on s’est demandé à l’ACIA s’il fallait faire pour la viande ce que l’on ne fait pas pour tous les autres produits. Il s’agissait de surveiller et de cibler les fournisseurs posant problème. La réponse est simple, sauf qu’ils ont présumé qu’il n’y avait pas de réponse, alors ils ont tout simplement supprimé le programme.
La réponse, c’est que la viande représente un volume élevé et un risque élevé. Aucun aliment ne présente un risque plus grave pour les humains que la viande. C’est aussi simple que cela. Le programme qui était en place et qui a maintenant été démantelé, n’a jamais fait l’objet de consultations auprès de qui que ce soit, à plus forte raison le public canadien. C’est une décision qui met les Canadiens en danger.
Il y a le problème de la vérification de l’étiquetage, des tableaux de la valeur nutritive, etc. Certains ont besoin de cette information. Par exemple, les diabétiques ou ceux qui souffrent de la maladie coeliaque ont besoin de cette information pour prendre des décisions vitales tous les jours. Or tous ces programmes sont supprimés.
Je les ai entendu dire que les programmes ne sont pas supprimés, qu’ils font encore les inspections, mais quand on parle aux inspecteurs, ils affirment qu’ils ne les font plus depuis deux ans. On leur a dit d’arrêter il y a deux ans, en attendant le présent budget, qui les supprime à jamais. Et il n’y a pas eu de débat public.
C’est très inquiétant.
Je ne suis pas certain que ceux qui ont pris la décision comprennent ce qu’ils ont décidé. De fait, j’ai signalé récemment des points de vue tout à fait contradictoires entre le ministre et les cadres supérieurs de l’ACIA. Si ce qu’a affirmé le ministre est exact, c’est formidable, parce qu’il croyait que ces programmes n’étaient pas touchés. Les cadres supérieurs de l’ACIA sillonnaient le pays pour dire au personnel exactement le contraire lorsque les postes étaient supprimés.
C’est un problème. C’est l’une des raisons pour lesquelles nous avons demandé à rencontrer le ministre. Je pense qu’il a besoin de connaître ces faits.
:
Merci, monsieur le président.
Je veux aussi remercier tous les témoins. Comme l'a dit Mme Nash, nous sommes fatigués. Nous travaillons là-dessus depuis plusieurs jours.
[Traduction]
J’aimerais corriger le compte rendu une fois de plus. C’est un peu mon travail ici.
Quelques affirmations de M. Kingston ne donnent pas un tableau complet de la réalité.
Par exemple, l’Agence canadienne d’inspection des aliments a affiché récemment sur son site Internet la mise à jour annuelle des données sur ses effectifs. Ces données montrent clairement une hausse de 32 personnes par rapport à l’année précédente. Depuis 2006, quand nous avons pris le pouvoir, il y a eu une hausse de 700 personnes.
Tout comme un autre parti affirme souvent que 750 000 nouveaux emplois nets représentent une baisse des emplois au pays, les calculs sont faux. Je dois corriger M. Kingston, parce que je trouve injuste que le tableau complet ne soit pas présenté.
Les inspecteurs fédéraux de l’ACIA effectuaient des inspections provinciales, et maintenant, ils sont transférés pour devenir des employés provinciaux. Ce ne sont pas des coupures, contrairement à ce qu’a laissé entendre M. Kingston par ses chiffres. C’est un transfert de responsabilité. Il n’y a pas eu d’autre changement qu’un transfert de responsabilité. Les inspecteurs fédéraux de l’ACIA seront des employés provinciaux qui feront exactement le même travail. Ce ne sont pas des coupures. C’est un transfert.
En outre, il faut aussi tenir compte du fait que les certificats de salubrité des aliments, que M. Kingston n’a pas expliqués, découlent d’une entente conclue entre le Canada et les États-Unis. Nous avons des inspecteurs agréés qui font exactement le même travail et qui sont agréés de la même façon. Ils délivrent les certificats. Toutes les importations, des deux côtés de la frontière, sont inspectées exactement de la même façon, par du personnel qualifié. Malheureusement, ce qu’a déclaré M. Kingston est très trompeur.
Cela dit, je pense moi aussi que le financement est très important. Je rappelle aux Canadiens que 100 millions de dollars ont été prévus dans le dernier budget pour la salubrité des aliments, mais malheureusement, les partis d’opposition ont voté contre. Cette année, une hausse de 51 millions de dollars est prévue pour la salubrité des aliments. Nous avons déjà des indications que les partis d’opposition voteront contre.
Je voulais corriger très clairement le compte rendu, parce que n’est pas juste de présenter seulement un côté de la médaille.
Je voudrais aussi parler des inspections à haut risque, qui sont très importantes. En ce qui concerne la viande, notre gouvernement n’a pas ménagé ses efforts pour que cet aspect ne soit pas oublié. Les inspections se fondent sur les risques. C’est ainsi qu’elles s’effectuent.
Un secteur à risque plus élevé, comme la viande, fera évidemment l’objet d’inspections claires, uniformes et périodiques. Dans tous les abattoirs, il y a des inspecteurs tous les jours. Ce n’est pas tout. Les inspecteurs effectuaient leurs vérifications quotidiennes, puis un vétérinaire vérifiait par-derrière et contresignait. Le gouvernement croit qu’il faut réduire les doubles emplois, mais continuer de surveiller les secteurs à haut risque.
Il y a aussi des domaines où les risques sont faibles, comme les aliments séchés, transformés ou en conserve. Ils ne nécessitent probablement pas des inspections aussi strictes que la viande.
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Il est important que j’apporte ces précisions parce que c’est le problème avec ceux qui ont des intérêts à l’extérieur. Je demande simplement que tout soit clair à propos des deux côtés de la médaille.
En ce qui concerne la prestation par des tiers, j’apprécie que M. Bergevin ne s’y oppose pas s’il y a des règles. Les règles existent. Les inspecteurs sont agréés. C’est comme ça. C’est clair.
Je voudrais aussi corriger le compte rendu en ce qui concerne la taille du projet de loi sur le budget. Voici les faits. Le projet de loi , qui portait sur le budget de 2009, était plus volumineux que celui-ci. Le projet de loi , le budget de 2010, la loi d’exécution du budget numéro deux, comptait 880 pages. Le projet de loi , le budget de 2011, la loi d’exécution du budget numéro un, comptait 644 pages. Ils étaient tous plus volumineux que celui-ci. Ce n’est nullement inhabituel.
Ces études sont faites année après année. L’un des témoins l’a mentionné. Je veux simplement le souligner pour que les Canadiens aient un tableau complet sur certaines de ces questions.
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Je le pense aussi, à dire vrai, mais c’est aussi formidable de les avoir en Alberta. C’est vraiment très bien d’avoir un pays où les travailleurs peuvent se déplacer entre toutes les provinces et exercer leur métier avec l’attestation Sceau rouge, et où ils peuvent ramener beaucoup d’argent chez eux. Je pense que c’est génial.
J’aimerais poser quelques questions à M. Steiner, ou tout au moins confirmer quelques aspects avec lui.
J’ai eu la possibilité de siéger au comité de l’environnement ici. J’ai moi aussi cru en un monde parfait à un moment donné. J’avais presque terminé une maîtrise en droit environnemental lorsque la réalité m’a rattrapé et que je me suis retrouvé sans le sou. Je voulais sauver le monde en faisant ma part. Depuis, j’ai réalisé que la réalité, c’est qu’on peut avoir un développement responsable tout en protégeant l’environnement et la faune. Je veux que vous sachiez que lorsque j’ai siégé au comité des transports, j’ai appris que le Canada possédait, à mon avis, les meilleures lois du monde pour protéger le trafic des pétroliers. J’aimerais avoir votre opinion, une fois que je vous aurai donné quelques faits.
La Loi sur la marine marchande du Canada, porte évidemment sur cette question. Nous avons trois dispositifs dans ce domaine: la Loi sur la prévention de la pollution des eaux arctiques; l’Organisation maritime internationale, dont nous sommes évidemment signataires; et nous exigeons aussi que tous les gros navires aient une double coque. Je sais que M. Weir en sera ravi, parce que ces navires sont en acier, qu’ils coûtent beaucoup plus cher et emploient beaucoup plus de travailleurs.
En plus de la double coque, je veux que vous sachiez que nous avons des zones de pilotage obligatoire, en particulier sur la côte ouest. Nous avons des pilotes professionnels qui doivent apporter non seulement leurs propres GPS et leurs systèmes de navigation, mais aussi leurs cartes maritimes. Vous savez évidemment, que l'Exxon Valdez avait un radar en panne depuis plus d’un an, ce qui est inacceptable. Je pense que même les États-Unis, dans leur nouvelle loi sur la pollution par le pétrole adoptée en 1990, en étaient conscients et ont grandement modifié leurs lois en conséquence.
Mais je vous signale que nous exigeons nous aussi deux remorqueurs, à l’avant et à l’arrière; nous exigeons que la vitesse ne dépasse pas 10 nœuds dans certaines zones; nous avons les lois les plus strictes au monde sur le ballast; nous avons un plan d’urgence en cas de déversement de pétrole qui prévoit que quatre organismes différents interviendront au besoin; et nous avons un programme national de surveillance aérienne qui repère les fuites de pétrole. Nous avons aussi des organismes qui suivent ces fuites et arraisonnent les navires, étrangers ou autres. Nous exigeons une inspection annuelle des navires canadiens et nous avons une inspection du contrôle des navires étrangers par l’État du port, qui doit se faire tous les ans elle aussi, lorsqu’ils entrent dans nos eaux.
Je veux simplement que vous sachiez qu’à mon point de vue, ces faits et ma formation me laissent croire que le Canada est l’une des régions les plus sûres au monde pour les navires de transport.
Êtes-vous d’accord avec moi, compte tenu des renseignements que je vous ai fournis et que Mme McLeod vient de vous fournir?
Rien n’est parfait, mais....
J’aimerais poser une brève question sur la section 38. Je pense que M. Jean et M. Adler ont fait un bon travail pour dégager les aspects positifs de la section 38.
Monsieur Steiner, j’apprécie beaucoup vos recommandations respectueuses à notre comité, et les vôtres également, monsieur Zedel. Vous n’êtes pas opposés à la section, mais vous affirmez que nous devons évidemment nous assurer que ces navires appliquent les très bonnes directives canadiennes.
J’ai une brève question à l’intention de M. Wright. M. Steiner a proposé que le Canada et les États-Unis élaborent un accord bilatéral et négocient un protocole d’atténuation des effets des activités sismologiques. Je pense que ces ententes seraient distinctes du projet de loi, mais ce sont des mesures que le gouvernement canadien pourrait certainement envisager.
Êtes-vous en faveur de ces mesures, monsieur Wright?