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La séance est ouverte. Il s’agit de la 70
e séance du Comité permanent des finances. Conformément à l’ordre de renvoi du lundi 14 mai 2012, nous poursuivons l’étude du projet de loi.
Chers collègues, comme vous le savez, nous avons abordé les parties 1, 2 et 3 hier dans le cadre de l’étude article par article. Il nous reste à examiner la partie 4. Commençons donc par l’article 170, comme c’est écrit dans l’ordre du jour.
Je vous rappelle que nous terminerons lorsque nous serons rendus à l’article 753. Nous reviendrons à l’article 1. Comme la motion le dit, nous avons jusqu’à 23 h 59 pour débattre des articles, et les motions qui n’auront pas encore été mises aux voix le seront à ce moment.
Chers collègues, je crois qu’il serait plus simple de procéder comme nous l’avons fait dans nos discussions sur le projet de loi, soit d’aborder la partie 4 par section. Je vais mentionner les articles qui font partie de la section, puis nous discuterons de l’ensemble de la section. Évidemment, des fonctionnaires sont présents si vous avez des questions. Je crois que c’est plus facile de procéder ainsi. Je vous y encourage fortement.
Je sais aussi que nous devons respecter la règle des cinq minutes par article, mais je demanderais aux membres du comité de me laisser un peu de latitude à ce sujet. Je ne crois pas que nous utiliserons cinq minutes par article, mais nous devrions permettre un peu plus que cinq minutes par section si un parti souhaite faire valoir un certain nombre de points. Je vous demande de vous assurer que vos points concernent le plus possible les articles et le sujet en question. Je ferai évidemment preuve d’un très grand respect envers mes collègues.
Cela étant dit, je lance les discussions sur la section 1. Cette section concerne des mesures relatives au vérificateur général du Canada. Elle comprend les articles 170 à 204. Y a-t-il des commentaires?
Monsieur Marston, s’il vous plaît.
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Merci, monsieur le président.
Bienvenue encore une fois au comité, monsieur Boissonneault.
Monsieur le président, au début, lorsque nous avons reçu la documentation, il y avait beaucoup de discussions, parce qu’il n’avait pas été question de la sécurité de la vieillesse et que les modifications n’avaient même pas été soulevées lors des dernières élections. Nous avons examiné les changements à l’assurance-emploi, et ces modifications n’avaient pas non plus été abordées, tout comme les changements concernant l’environnement qui sont proposés dans le projet de loi.
Cependant, les articles qui me frappent sont ceux qui éliminent la surveillance de divers organismes par le vérificateur général. Les députés ministériels du comité nous disent que le vérificateur général a offert de procéder à de telles modifications, et c’est peut-être vrai de leur point de vue. Il l’a peut-être fait, mais c’est, parce qu’on lui a dit qu’il devait réduire son budget opérationnel. Autrement, je ne crois vraiment pas que le vérificateur général aurait proposé de tels changements.
Il est clair que le gouvernement met l’accent sur des réductions budgétaires considérables dans l’ensemble des domaines dont j’ai déjà parlé. Dans le cas présent, le gouvernement a choisi cette option au détriment de la surveillance des opérations du gouvernement et de la reddition de comptes au sein du gouvernement.
Je suis l’un des députés qui ont fait leur entrée à la Chambre à la suite des élections de 2006. Pendant ces élections, nous avons entendu l’opposition, qui forme maintenant le gouvernement, parler sans cesse de reddition de comptes et de transparence. Tout ce projet de loi va à l’encontre de ces belles paroles prononcées lors de ces élections. Les conservateurs ont pointé du doigt le précédent gouvernement au sujet des éléments qu’il cachait, de sa mauvaise gestion, du scandale des commandites et de tous les autres éléments connexes. Ils ont aussi dit qu’il y avait un problème important. Nous étions d’accord. Notre parti a dit qu’il devait y avoir une augmentation de la reddition de comptes au sein du gouvernement.
Lorsque les conservateurs ont formé le gouvernement, il était censé y avoir un vent de fraîcheur, mais le gouvernement essaye avec son projet de loi omnibus d’imposer au Parlement des mesures législatives, et c’est sans précédent. D’autres projets de loi imposants ont déjà été adoptés auparavant, mais ils n’apportaient pas des modifications aussi étendues.
J’ai déjà exprimé ma frustration à plusieurs reprises en comité, mais le plus grave, c’est que cela se produit sans donner l’occasion aux Canadiens de le commenter. Cela se déroule sans donner l’occasion aux députés d’exercer une diligence raisonnable en s’assurant d’examiner attentivement le projet de loi et ses effets non seulement sur les citoyens actuels, mais aussi sur les générations futures.
Je ne suis pas spécialiste en questions environnementales. Ce n’est pas pour cela que je siège à ce comité. Lorsqu’on nous demande de procéder à un tel examen, je connais quelques éléments des modifications à l’assurance-emploi et à la SV, mais il nous est très difficile de bien saisir les effets de tels changements globaux.
Par contre, comme je l’ai déjà dit, la réduction ou l’élimination dans certains cas de l’examen des opérations du gouvernement par le vérificateur général vont à l’encontre de tout ce que les conservateurs ont prétendu défendre lors des élections de 2006. À cette époque, les gens leur ont fait confiance. Qui aurait crû que cela se produirait? Je vais me garder du temps pour intervenir de nouveau dans la discussion.
Je vais laisser d’autres députés prendre la parole, parce que je dois m’asseoir un moment.
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J’étais proche. C’est dans le même coin.
Les compressions minent le rôle très important joué par ces organismes de surveillance fiables. Je ne sous-entends aucunement qu’il y a des problèmes avec ces organismes précis, mais le Bureau du vérificateur général a l’objectif d’améliorer la confiance des Canadiens.
Nous avions l’inspecteur général du SCRS et de l’ONÉ, pour ne nommer que ceux-là.
Le gouvernement réduit au silence les mécanismes de contrôle institutionnels destinés à contrebalancer son ordre du jour idéologique. De notre point de vue, nous constatons que le gouvernement a une idéologie contraire à ce qu’il a dit en 2006 relativement à la transparence et à la reddition de comptes.
Les compressions remettent en question l’inspection des aliments et le système de santé publique au Canada en éliminant les pouvoirs de surveillance essentiels du vérificateur général qui travaille conjointement avec l'Agence canadienne d'inspection des aliments. De plus, cela ouvre la porte à la privatisation d'un nombre de fonctions essentielles dans le cadre de l'inspection. Des témoins nous ont fait part de leurs préoccupations au sujet d’avoir recours à des sous-traitants pour mener les inspections. Ils étaient très sincères.
Le vérificateur général accomplit un travail important au nom de Canadiens en s’assurant que leur argent est dépensé intelligemment. Pourquoi les conservateurs y mettent-ils un terme?
Les compressions proposées par les conservateurs concernant le Bureau du vérificateur général signifieront une seule chose : une diminution de la reddition de comptes. En 2006, voilà l’une des principales raisons pour lesquelles les conservateurs ont défait le précédent gouvernement.
J’ai dit que nous faisons confiance aux organismes mentionnés, mais il arrive parfois que notre confiance soit ébranlée, que des gens soient pris à faire des choses qu’ils ne devraient pas faire. Dans le cas de la responsabilité financière, c’est le vérificateur général qui les attrape.
Cela nous pousse à nous demander comment ces mesures s’inscrivent dans les principes de transparence et de reddition de comptes que le gouvernement prétend défendre.
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Je voulais brièvement faire part de mes préoccupations relativement aux modifications contenues dans le projet de loi visant l’élimination de la surveillance par le vérificateur général d’une dizaine d’organismes.
Le vérificateur général a toujours été une personne très respectée et en qui les Canadiens ont toujours eu confiance. Cette surveillance se veut les mécanismes de contrôle institutionnels des organismes desquels nous dépendons. Le vérificateur général s’assure non seulement de la responsabilité financière, mais aussi de la surveillance sensée des opérations du gouvernement.
J’aimerais opposer la rentabilité prétendue de l’élimination de la surveillance de l’appareil gouvernemental par le vérificateur général à la décision prise par le gouvernement l’automne dernier de dépenser 90 000 $ par jour pour engager des consultants privés en vue de conseiller au gouvernement la manière de procéder aux compressions. À ce moment, le gouvernement prévoyait dépenser pratiquement 20 millions pour avoir des conseils sur les façons de réduire les programmes, les services et les dépenses opérationnelles au sein du gouvernement fédéral, alors que nous disposons déjà d’outils pour aider nos décideurs à prendre ces décisions.
Je dois dire que ce n’est pas une mauvaise affaire d’avoir des conseils d’une valeur de 20 millions de dollars pour savoir comment sabrer les organismes environnementaux et privatiser la surveillance et les opérations gouvernementales. Il faut, par contre, se demander si les Canadiens sont mieux servis par cette approche. Je prétends qu’ils ne le sont pas.
On pourrait évidemment faire valoir que cet élément ne devrait pas faire partie du projet de loi omnibus sur le budget. Cependant, je sais que sa présence est en fait justifiée, parce que chaque fois qu’un gouvernement sabre les services ou les programmes, cela influe sur le budget. Nous devrions toutefois discuter plus adéquatement des mesures de surveillance appropriées et des mesures de contrôle au sein du gouvernement, en plus d’avoir des discussions approfondies au sujet exclusivement de cette mesure.
Si nous considérons seulement la situation en fonction de l’équilibre budgétaire, je crois que c’est peut-être un manque de vision. Si nous éliminons les mesures de contrôle qui ont été mises en place pour prévenir les problèmes, le gaspillage et trouver les endroits où il y a des inefficacités et où le gouvernement pourrait mieux investir son argent, vous ferez des économies de bouts de chandelles, comme ma défunte grand-mère le disait.
Je ne crois pas que cet élément ait sa place dans ce projet de loi. Je ne crois pas que ce soit une mesure appropriée en vue d’assurer au nom des Canadiens une surveillance et une reddition de comptes adéquates. Voilà pourquoi nous nous y opposons.
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Merci, monsieur le président.
Je suis ici pour parler de ces trois modifications à ces trois lois. Je crois que le comité devrait comprendre la nature de ces trois lois. Ces lois sont pratiquement les constitutions des trois territoires. En ce qui a trait au gouvernement public des Territoires du Nord-Ouest, ces trois lois définissent les droits politiques des gens que je représente, et c’est bien entendu la même chose pour les deux autres territoires.
Bref, ces trois lois sont très importantes aux yeux des gens des Territoires du Nord-Ouest. Il s’agit en fait de la seule chose qui nous donne une assemblée législative et qui s’approche des droits politiques des autres Canadiens et des autres gouvernements provinciaux. Donc, lorsqu’il est question de modifier ces droits, ces lois, je crois que le gouvernement doit faire preuve d’une grande sensibilité dans ce qu’il fait. Il ne s’agit pas seulement des pouvoirs du gouvernement fédéral; c’est l’expression des droits des gens des trois territoires.
Je vais m’inspirer du témoignage que le sous-ministre des Finances du gouvernement des Territoires du Nord-Ouest a fait l’an passé devant un comité semblable qui étudiait une autre loi concernant le plafond des emprunts. L’histoire des emprunts remonte à l’époque où les Territoires du Nord-Ouest, le Yukon et le Nunavut ne pouvaient emprunter qu’auprès du gouvernement fédéral. De plus, il n’y a rien au sujet des emprunts dans la Loi sur les Territoires du Nord-Ouest, la Loi sur le Nunavut et la Loi sur le Yukon. Le montant maximal des emprunts a été fixé par l’entremise d’un règlement du gouverneur en conseil.
De nos jours, les emprunts des Territoires du Nord-Ouest et des autres territoires proviennent du marché privé, comme toutes les autres provinces. Chaque emprunt des trois territoires est minutieusement examiné par les mêmes services financiers qui s’occupent des autres provinces du Canada.
Il y a trois ans, en vue des négociations pour augmenter le plafond des emprunts, le gouvernement des Territoires du Nord-Ouest voulait que le gouvernement fédéral se décharge de ses responsabilités en ce qui a trait à ce plafond et aux autres questions à cet égard. C’est ce qu’a affirmé le sous-ministre. Nous avons constaté qu’un gouvernement, comme celui des Territoires du Nord-Ouest, par exemple, a une cote de Moody’s qui dépasse celle de toutes les provinces, à l’exception de la Colombie-Britannique et de l’Alberta. Cela faisait également partie du témoignage. Bref, il est ici question d’un gouvernement qui a des politiques très rigoureuses en matière de gestion financière et d’un gouvernement mature qui prend soin de ses citoyens.
Cependant, nous voilà en présence d’un projet de loi qui modifiera la Loi sur les Territoires du Nord-Ouest, la Loi sur le Nunavut et la Loi sur le Yukon, et je vais aborder les trois lois. Cette modification ne concerne pas seulement le plafond des emprunts, parce que ce plafond, établi par le Cabinet fédéral, se trouve déjà dans la Loi sur les Territoires du Nord-Ouest et la Loi sur le Yukon. Donc, en réalité, les nouvelles dispositions du projet de loi portent sur les conditions d’emprunt. C’est très important, parce que les « conditions d’emprunt » définissent ce qui constitue ou est réputé constituer un emprunt, et l’un des grands débats à ce chapitre était de déterminer si les prêts autofinancés devraient être considérés comme des « emprunts » aux fins du plafond. Autrement dit, si le gouvernement des Territoires du Nord-Ouest contracte un emprunt dont les coûts seront assumés par ce gouvernement, devrions-nous en tenir compte dans le plafond des emprunts?
C’est un élément très important à nos yeux, parce que nous avons la responsabilité d’investir dans notre région, au même titre que les provinces. Dans le cas du projet du gouvernement des Territoires du Nord-Ouest de développer son système hydroélectrique, si les besoins d’emprunts pour quelque chose qui sera assumé par le territoire dépassent le plafond des emprunts déjà établi... Autrement dit, c’est virtuellement impossible de mettre de l’avant de tels projets dans le contexte actuel si les conditions d’emprunt incluent les prêts autofinancés inférieurs au plafond.
En ce moment, la capacité financière future des Territoires du Nord-Ouest pour ce qui est d'étendre la portée de ses services et de permettre la croissance d'un territoire de 1,2 million de kilomètres carrés — un territoire que bien des gens considèrent comme faisant partie des nouveaux secteurs qui favoriseront la vigueur économique du Canada —, cette capacité sera peut-être restreinte par les modalités, les règles qu'un cabinet fédéral imposera. Il pourrait s'agir de l'actuel cabinet fédéral, ou du prochain.
Dans les modifications, nous ne voyons aucune disposition visant la consultation, rien qui garantisse à ces gouvernements distincts que leurs points de vue sur leur capacité financière seront tenus en compte.
Ce n'est vraiment pas convenable. C'est pourquoi nous-mêmes et les libéraux proposons ces amendements. D'après moi, il faut au moins apporter cette modification au projet de loi. C'est le moins qu'on puisse faire, parce qu'ainsi, on donne aux gouvernements responsables des trois territoires du Nord la possibilité de s'exprimer comme il se doit. Je pense que tout citoyen censé de ce pays dirait que c'est le cas, que ce serait la moindre des choses à donner à ces gouvernements. Ce n'est pas là, et nous demandons que ça y soit.
C'est simple. Cela n'aura pas d'effet sur ce projet de loi budgétaire, et cela ne changera pas la nature du projet de loi, mais ces gouvernements auront aussi la certitude d'être consultés, d'avoir la chance d'exprimer leur point de vue sur leur capacité d'emprunt, sur ce qu'il leur faut pour assurer l'intégrité de leurs territoires, devant le cabinet fédéral, avant que celui-ci ne prenne des décisions à ce sujet.
Je crois que le comité doit absolument se pencher là-dessus, non seulement du point de vue de la situation politique au Canada — à un moment où un projet de loi budgétaire est passé en coup de vent sans amendements —, mais en fonction de ce que cela signifie réellement pour les gens du Nord.
C'est une chose très simple à faire. Cela nous met sur la bonne voie. Nous pourrons ainsi sentir que nous sommes à égalité avec le reste des Canadiens. En tant que citoyen politique de deuxième catégorie pendant ma vie entière, je demande au comité de nous respecter et de nous donner, aux gens des trois territoires, ce qui nous est dû.
C'est simplement ce que vous feriez en acceptant ces amendements. Cela n'aurait pas d'effet sur la situation financière du gouvernement du Canada, lequel ne serait obligé à aucune mesure particulière. Nous serions assurés de pouvoir nous exprimer, au moins un peu, quand il s'agit de décisions si importantes pour l'avenir de nos trois territoires.
Je vous demande donc d'accepter ces amendements. Je dirais que les deux amendements peuvent être combinés. Ils s'appliquent à chaque loi, sont semblables et représentent un compromis valable et sensé à ce qui est proposé.
Merci.
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Eh bien, je répondrai à M. Jean que le gouvernement des Territoires du Nord-Ouest n'est pas une municipalité.
M. Brian Jean: J'ai dit que c'était semblable.
M. Dennis Bevington: Vous savez, quand il s'agit des règlements, où il est question d'emprunt...
Je vous rappelle que le plafond d'emprunt a été établi par le gouvernement du Canada avant le projet de loi d'exécution du budget que nous étudions. Cela n'a vraiment rien à voir avec ce que vous avez dit, car c'est déjà fait.
Dans ce projet de loi, il est vraiment question de la modification de la nature des emprunts, et c'est ce qui est préoccupant. En ce moment, l'autofinancement accapare environ 40 p. 100 du plafond d'emprunt, et c'est principalement la société de services publics, dans les Territoires du Nord-Ouest. Cette société, qui a comme mandat d'obtenir un profit sur ses investissements, représente près de la moitié du plafond d'emprunt du gouvernement des Territoires du Nord-Ouest.
Donc, en matière de modalités d'emprunt, la question de savoir si le cabinet fédéral choisit d'inclure les prêts d'autofinancement dans ces 800 millions de dollars est très importante pour les gens de mon territoire. Nous prévoyons des dépenses d'infrastructure énormes pour l'avenir.
Je peux vous donner un chiffre. Dans la région de Sahtu, dans les Territoires du Nord-Ouest, il faut une route entre Wrigley et Norman Wells. Au cours de la dernière année, nous avons vendu pour un milliard de dollars en concessions pétrolières et gazières dans cette région. Sans cette route, le coût du forage d'un puits dans cette région est exorbitant. Nous devons nous attaquer à l'infrastructure et au développement, de manière à tirer parti de l'économie. Sans capacité financière à l'intérieur du système, cela ne se produira tout simplement pas. Nous ne pouvons pas faire des plans. Nous devons quémander pour pouvoir faire ce qui sera profitable pour nous.
Alors j'insiste. En ne consultant par les gouvernements qui s'attaquent à la tâche de bâtir le Canada, avec l'argent qu'il faut — leur propre argent — pour faire le travail qu'ils doivent faire pour leurs gens, vous êtes simplement...
Vous manquez le bateau. Et ce n'est pas que pour le présent cabinet. Quand vous adoptez de telles lois, elles sont valables pour tous les cabinets qui suivront, à moins d'un amendement par la suite.
Je vous demande donc d'adopter avec soin des mesures législatives qui garantissent à nos gouvernements des trois territoires du Nord d'être consultés avant quelque changement que ce soit à ces fonctions gouvernementales très importantes. La capacité fiscale est essentielle à un gouvernement responsable.
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La section 6 de la partie 4, c'est-à-dire les articles 223 à 281, nous apparaît problématique à plusieurs égards.
Il existe présentement quatre tribunaux ou conseils arbitraux qui s'occupent respectivement de l'assurance-emploi, de la Sécurité de la vieillesse et du Régime de pensions du Canada, ainsi qu'un tribunal d'appel. On remplacera ces quatre tribunaux pour ne créer qu'un seul supertribunal, soit le Tribunal de la sécurité sociale. C'est problématique à plusieurs égards. Il faut noter que l'an dernier, on a interjeté appel plus de 27 000 fois relativement à l'assurance-emploi et quelque 4 500 fois en ce qui a trait au Régime de pensions du Canada et à la Sécurité de la vieillesse. On parle donc de plus de 31 000 appels en général.
À l'heure actuelle, 1 000 membres siègent à ces différents tribunaux à temps partiel, dont 900 pour l'assurance-emploi. De plus, pour le Québec uniquement, déjà 80 000 demandes d'assurance-emploi souffrent d'un retard de traitement, et la tendance n'est pas à la baisse, mais plutôt à la hausse. Il existe présentement des difficultés d'administration qui nous laissent entrevoir que ces tribunaux seront en demande.
Il faut savoir que trois personnes siègent actuellement aux tribunaux ou conseils arbitraux de l'assurance-emploi: une personne nommée par la partie patronale, une nommée par la partie syndicale et une nommée par le gouvernement. Dans l'ensemble des tribunaux ou conseils arbitraux qu'on souhaite abolir, ce sont ceux de l'assurance-emploi que je connais davantage. Ceux-ci offrent présentement un élément de proximité qui est extrêmement important. Par exemple, un tribunal siège à Rimouski et s'occupe de cas qui couvrent l'ensemble de la région du Bas-Saint-Laurent. Des gens peuvent provenir de La Mitis, de la Haute-Gaspésie, de la section ouest du Bas-Saint-Laurent, c'est-à-dire Témiscouata ou Les Basques, et ils auront un tribunal qui comprendra leurs préoccupations et leurs réalités.
On discute beaucoup de la réforme qui a été présentée récemment par la ministre des Ressources humaines et du Développement des compétences, que l'on juge également très problématique. Cette réforme touchera en grande partie des gens ayant des emplois saisonniers. Les tribunaux ou conseils arbitraux situés dans des milieux comme le Bas-Saint-Laurent comprennent tout à fait cette réalité. Si on élimine la structure des conseils arbitraux ou celle des autres tribunaux pour la Sécurité de la vieillesse et pour le Régime de pensions du Canada — évidemment, ce dernier volet touche moins le Québec —, on risque d'éliminer la compréhension profonde des réalités régionales que les conseils arbitraux eux-mêmes pouvaient prétendre avoir.
De 1 000 membres qui siègent à ces tribunaux ou conseils arbitraux à temps partiel, à raison de deux à trois jours par semaine, on passera donc à seulement 74 membres qui y siégeront à temps plein. Ils travailleront à temps plein, mais leur rôle sera divisé à partir de maintenant, si cette modification est adoptée. Ils auront à trancher dans des dossiers touchant à la fois l'assurance-emploi, la Sécurité de la vieillesse ainsi que le Régime de pensions du Canada. On aura des personnes à temps plein, mais qui n'auront pas nécessairement la possibilité d'absorber l'ensemble des ramifications spécifiques aux différents enjeux soulevés par ces tribunaux.
J'ai parlé avec des gens, dont certains qui travaillent dans l'administration de l'assurance-emploi, certains de la partie syndicale et certains de la partie patronale, et ils ont de grandes préoccupations par rapport à cela. La section 6, qui porte sur le Tribunal de la sécurité sociale, est probablement l'exemple le plus probant de la raison pour laquelle ce projet de loi est problématique de par sa portée. Il s'agit d'un changement majeur, d'une réforme majeure à une structure qui existe depuis des décennies, qu'on a eu à peine le temps d'aborder, étant donné qu'il y a 753 articles à réviser. Certaines personnes nous ont présenté l'expertise technique pendant environ 10 ou 15 minutes et ont répondu à nos questions relativement à l'aspect technique. Cependant, comme le temps que nous avons pu consacrer à nos témoins était limité, nous n'avons pas pu aller au fond des choses.
Comme je le disais, cela constitue une réforme majeure d'un élément central de la manière dont les programmes sociaux sont gérés au pays. Cette question aurait dû être envoyée au Comité permanent des ressources humaines, du développement des compétences, du développement social et de la condition des personnes handicapées pour être étudiée en profondeur. Nous allons passer quelques minutes maintenant pour en discuter, ce sera clos, puis ce sera adopté avec l'ensemble du projet de loi , à la suite d'un seul vote lors duquel on répondra par un simple oui ou non.
Honnêtement, nous ne pourrons pas voter en faveur de ces quelque 58 articles qui nous sont présentés, simplement parce que nous n'avons absolument aucune indication fiable des conséquences qu'ils pourront avoir. Nous avons eu très peu de données sur l'efficacité qu'aura un tel tribunal, sur la manière dont il pourra répondre de façon adéquate à des questions comme la diversité régionale, des questions centrales au succès des programmes, des tribunaux et des conseils arbitraux qui étudiaient ces questions. En ce sens, nous ne pourrions d'aucune manière appuyer une modification comme celle-ci. Nous allons tout de même tenter de l'amender afin de pouvoir améliorer ce projet de loi, en espérant que l'amendement pourra être considéré par nos amis du gouvernement.
Je n'ai malheureusement que le texte en anglais, alors je vais le lire en anglais.
[Traduction]
Je propose que le projet de loi , à l'article 224, soit modifié par l'ajout après la ligne 43, à la page 201, de ce qui suit...
Je vais attendre plus tard.
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Merci, monsieur le président.
Je vais commencer par vous poser la question suivante: « Pourquoi apporter des corrections à quelque chose qui fonctionne bien? »
Une voix: Ça ne fonctionne pas.
Mme Peggy Nash: Eh bien, je ne suis pas d'accord avec vous pour cela. J'estime que le régime d'assurance-emploi, par exemple, comporte de gros problèmes, seulement 40 p. 100 environ des Canadiens qui contribuent au régime ont accès aux prestations lorsqu'ils en ont besoin.
Dans mon secteur à Toronto, pas beaucoup plus du quart des gens qui sont en chômage tirent des prestations. On ne peut donc pas dire que le régime d'assurance-emploi ne comporte pas de problèmes. Il est certain que nous devons examiner soigneusement ce régime et réfléchir à certains problèmes auxquels des régions sont confrontées, aux dispositions concernant le nombre d'heures requises pour être admissible aux prestations et aux répercussions de ces exigences sur l'accès des gens à l'assurance-emploi ainsi qu'à l'efficacité réelle des programmes de recyclage. Notre société évolue rapidement et le marché du travail comporte beaucoup de difficultés. L'assurance-emploi est un programme destiné à aider les Canadiens à s'adapter à une économie changeante. C'est un programme d'adaptation, qui n'est pas conçu pour appuyer les gens éternellement, mais pour venir en aide quand les gens en ont besoin.
Nous aurons une autre discussion sur l'assurance-emploi lorsque d'autres changements seront présentés. Toutefois, je veux qu'il soit inscrit au compte rendu que je ne sais pas pourquoi nous apportons ce changement à cette partie de l'assurance-emploi qui concerne le Tribunal de la sécurité sociale. Je n'ai entendu personne réclamer ce changement. Personne qui s'occupe de l'assurance-emploi ou du Supplément de revenu garanti ne demande ce changement. Je ne comprends pas pourquoi il est présenté.
Je sais que beaucoup de changements devraient être apportés à l'assurance-emploi, mais celui-là ne me semble pas pertinent. Je veux également me faire l'écho de ce que mon collègue a dit, à savoir que ce changement ne devrait pas être présenté au Comité des finances; il devrait plutôt être soumis aux parlementaires qui siègent au Comité des ressources humaines et du développement des compétences.
Mon collègue a parlé du nombre d'appels renvoyés aux différentes commissions. Je tiens également à souligner que près de 54 000 appels ont été soumis en 2010-2011, mais que presque la moitié ont été résolus avant la tenue d'une audience, parce que les responsables ont reconnu une erreur, qu'un oubli avait été fait ou qu'une information manquait.
Un des gros problèmes dont nous entendons parler aujourd'hui par les chômeurs, c'est qu'il est extrêmement difficile de parler à une personne. Auparavant, on se rendait à un bureau, on parlait à quelqu'un et on plaidait sa cause. On parlait à quelqu'un qui connaissait la collectivité et qui pouvait même vous connaître, et on pouvait expliquer la situation. Maintenant, les gens sont chanceux s'ils arrivent même à passer à travers toutes les étapes d'un appel téléphonique. Nous avons entendu parler de cas horribles de gens qui ont attendu pendant des heures pour conclure un appel téléphonique.
Ce que je veux vous faire comprendre en vous parlant du Tribunal de la sécurité sociale, c'est qu'au lieu d'avoir ce millier de personnes travaillant à temps partiel, qui représentent le patronat et la main-d'oeuvre partout au pays dans les régions, qui sont sur place dans la collectivité, à qui les gens peuvent parler face à face — et qui sont incités à aller les rencontrer en personne — nous aurons 39 personnes réparties partout dans le pays. Je suis très inquiète de l'accès et de la capacité des chômeurs de rencontrer ces gens face à face, ne serait-ce que par Skype, et du temps qu'il leur faudra attendre, parce que beaucoup de gens qui sont mis à pied vivent d'un chèque de paye à l'autre. Si ce chèque de paye cesse de rentrer... Nous avons vu tant d'entreprises un peu partout au pays qui ont fermé leurs portes sans avertissement. Des gens se butent à une porte verrouillée lorsqu'ils se présentent au travail et il n 'y a pas de chèque de paye pour eux. Souvent des gens n'ont pas été payés depuis un certain temps, souvent on ne leur paye pas de vacances ni d'indemnité de cessation d'emploi.
Alors, lorsque les gens veulent présenter une demande d'assurance-emploi, il y a un problème, ils doivent attendre. Les gens ne peuvent pas payer leurs factures. Alors, une réponse rapide... tout spécialement lorsqu'on constate que tant d'appels sont résolus assez rapidement lorsque les gens peuvent parler à quelqu'un en personne qui peut régler leur plainte.
Je tiens à dire que je m'oppose à ce changement qui, sans étude appropriée, risque de limiter encore davantage la possibilité pour les gens d'obtenir justice lorsqu'ils présentent une demande de prestations d'assurance-emploi. Étant donné que notre pays change si rapidement et que l'économie mondiale subit des transformations également, je crois que nous avons le devoir de fournir aux Canadiens un programme efficace d'adaptation au marché du travail qui puisse aider ceux qui se retrouvent en difficulté, sans que cela soit de leur faute, lorsqu'ils perdent leur emploi.
Notre économie est encore si anémique et tant de gens sont encore sans emploi — notre taux de chômage est encore plus élevé que ce qu'il était au début du dernier ralentissement économique — et le moment est donc bien mal choisi pour rendre l'accès aux prestations d'assurance-emploi peut-être encore d'être plus difficile. Nous devrions plutôt déployer des efforts pour voir comment nous pourrions faciliter la vie des gens pendant le ralentissement économique que nous connaissons actuellement.
Voilà ce qui met fin à mes remarques, monsieur le président.
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En m'adressant à vous, monsieur le président, je tiens à répondre à un commentaire fait ici sur l'efficacité et la nécessité d'apporter des changements et les raisons pour lesquelles nous voudrions confier ces questions à un autre comité. Eh bien, je désire dire que nous ne pouvons travailler qu'à partir de nos expériences personnelles.
Dans mon cas, j'ai été à même d'aider à prendre des rendez-vous pour les travailleurs qui étaient affectés à des tribunaux, donc je comprends bien comment les choses fonctionnent. Si vous n'avez pas été mêlé à ce processus, si vous n'avez pas vu les choses et les problèmes auxquels ces gens devaient faire face...
Maintenant, nous craignons que ce changement cause des problèmes sur le plan de la langue. Il y aura des différences culturelles pour les gens. Il n'y aura pas assez de gens, comme M. Caron l'a dit auparavant, et c'est très inquiétant.
C'est la définition du caractère approprié du travail pour l'assurance-emploi qui va donner lieu à des appels. Des gens verront leurs demandes mises de côté... Pour ce qui est de la jurisprudence d'un tribunal à l'autre, du Régime de pensions du Canada, du Supplément de revenu garanti et de l'assurance-emploi, il faudra du temps pour prendre connaissance de cette jurisprudence, parce qu'elle a été tellement condensée.
Il y aura également la perte de la mémoire organisationnelle que détenaient ces gens qui ont siégé à ces commissions et qui faisaient de leur mieux dans leur milieu pour traiter les appels d'assurance-emploi... Les appels n'étaient pas tous justifiables, j'en conviens, et il convient de dire qu'un certain nombre ont été rejetés, mais il faut quelqu'un doté des compétences, des capacités et de la mémoire organisationnelle pour traiter ces appels.
Maintenant des gens font allusion à du contenu dans Internet... Eh bien, la première chose qu'un chômeur va probablement couper dans ses dépenses, c'est l'accès à Internet. De plus, ces gens devront-ils se déplacer? La vidéoconférence pourrait peut-être être utilisée si les installations sont en place et si les collectivités peuvent utiliser cette technologie.
J'ai participé aux audiences prébudgétaires, et je ne me rappelle pas que quelqu'un ait demandé ces changements. Un témoin a-t-il demandé à notre comité ces changements? Non — parce que le système fonctionne assez bien. Devrait-il être amélioré? Je doute qu'un seul ministère ou gouvernement ne puisse pas améliorer un peu ses activités. Nous pourrions probablement convenir de cela.
Mais ces changements doivent être soumis au comité de la Chambre compétent. De plus, si vous croyez que le temps qui nous est donné nous permet de faire une véritable étude des répercussions de ces changements législatifs dans les divers domaines d'activités du gouvernement, vous vous trompez.
Merci.
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Brièvement, je tiens à parler de deux éléments. D'abord, je reviens à l'importance d'étudier encore plus en profondeur cet amendement, car il porte sur le projet de loi et qu'il y a énormément d'effets pervers ou d'éléments qu'on ne pourra pas étudier en profondeur, notamment les réalités régionales, les services de proximité.
Je comprends qu'on veuille faire usage de la vidéoconférence ou avoir la possibilité de contacter les gens à distance. Il y a présentement 900 employés qui travaillent à temps partiel aux conseils arbitraux de l'assurance-emploi, probablement dans 300 conseils arbitraux, étant donné qu'il y a trois personnes par conseil arbitral. Admettons qu'on passe maintenant à 39 employés à temps plein. La ville de Québec serait la ville offrant le service qui serait la plus proche de Rimouski, par exemple, ou de Gaspé, ou de Sept-Îles, ou des autres villes de l'Est du Québec. Si les services sont négociés ou faits à partir de Québec, il y aura là quelqu'un dont on n'a aucune idée s'il comprend les réalités régionales propres à une région différente de celle de Québec. Ce service de proximité qui existait auparavant dans tous les conseils arbitraux va disparaître. À notre avis, c'est un élément extrêmement problématique qui aurait mérité un examen en profondeur.
Il y a un autre élément. Nous en avons pris connaissance ici, dans le cadre de notre travail au Comité permanent des finances. Cela porte sur la différence entre s'entretenir avec un témoin face à face et s'entretenir avec un témoin par le truchement de la vidéo. Pardonnez-moi, mais le député que je suis a vu une grande différence entre poser des questions aux témoins qui se trouvaient à Saskatoon, à Toronto, à Vancouver ou en Alaska et poser des questions aux témoins qui étaient ici, sur place. La qualité des interventions qu'on avait avec des gens en face de nous était de beaucoup meilleure. En effet, les interventions étaient beaucoup plus efficaces, plus vivantes et plus communicatives que toutes celles qu'on pouvait avoir de la part des autres. Et ce n'est pas une réflexion sur leur travail ou leurs commentaires, mais simplement sur le médium lui-même qui ne réussit pas à rendre de façon efficace les interventions souhaitées.
Aller dans cette direction va influencer la vie des gens. Leur potentielle qualité de vie après une décision sera largement influencée. Ce n'est pas une décision devant être prise à la légère. Les gens peuvent interjeter appel d'une décision auprès d'un tribunal ou d'un conseil arbitral.
C'est la raison pour laquelle je regrette profondément que cette section, qui n'avait pas été annoncée et qui, comme mon collègue l'a mentionné, n'a pas été proposée lors des consultations prébudgétaires, se retrouve maintenant parmi les 56 sections dont on discute dans la partie 4 de ce projet de loi. En ce sens, c'est extrêmement problématique, et je réitère mon désir d'étudier cette section séparément, parce qu'elle mérite un examen approfondi et indépendant, qu'on n'a pas la chance d'avoir ici.
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Vous proposez l'amendement NPD-43. D'accord.
J'en suis arrivé à une décision à ce sujet avec l'aide de nos merveilleuses conseillères législatives.
Le projet de loi C-38 modifie la Loi sur le ministère des Ressources humaines et du Développement des compétences afin de constituer le nouveau tribunal de la sécurité sociale qui sera chargé d'entendre les appels relatifs aux décisions rendues en vertu de la Loi sur l'assurance-emploi, du Régime de pensions du Canada et de la Loi sur la sécurité de la vieillesse. Les membres du tribunal doivent être nommés par le gouverneur en conseil.
L'amendement précise que lorsqu'une décision portée en appel concerne une prestation d'invalidité, un membre du tribunal habile à pratiquer la médecine ou une profession connexe prescrite dans une province doit siéger à l'audience.
Dans l'ouvrage La procédure et les usages de la Chambre des communes, deuxième édition, à la page 766, on peut lire ce qui suit:
Un amendement à un projet de loi renvoyé à un comité après la deuxième lecture est irrecevable s'il en dépasse la portée et le principe.
La présidence est d'avis que l'introduction d'un critère de compétence médicale constitue un nouveau concept qui dépasse la portée du projet de loi . Par conséquent, la motion d'amendement est irrecevable.
Voilà qui règle le cas de NPD-43.
(L'article 224 est adopté avec dissidence.)
(Les articles 225 à 281 inclusivement sont adoptés avec dissidence.)
Le président: Je remercie les fonctionnaires de leur aide pour l'étude de cette section.
Nous passons maintenant à la section 7, qui inclut les articles 282 à 303 concernant la fusion des codes de protection des renseignements personnels. Je n'ai aucun amendement concernant cette section.
Est-ce que quelqu'un veut en débattre?
(Les articles 287 à 303 inclusivement sont adoptés.)
Le président: Nous passons donc à la section 8 qui traite de la carte d'assurance sociale.
Il s'agit des articles 304 à 314, et nous allons débuter avec Mme Nash.
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Merci, monsieur le président.
Cette modification aura une incidence sur la surveillance du SCRS. En 2010, le ministre de la Sécurité publique, Vic Toews, a affirmé ceci: « L'inspecteur général joue un rôle important en matière d'examen, ce qui m'aide à remplir mes fonctions de ministre et fait en sorte que le SCRS respecte les lois et se conforme aux politiques actuelles. » À notre avis, le ministre avait absolument raison d'affirmer cela et c'est pourquoi nous n'appuyons pas la suppression de la fonction de surveillance exercée par l'inspecteur général.
Nous avons entendu le témoignage de M. Paul Kennedy, qui a comparu devant notre comité. M. Kennedy nous a dit qu'il comptait 20 années d'expérience dans le domaine de la sécurité nationale. Il a été sous-ministre adjoint principal de la Sécurité publique. Il a été procureur de la Couronne et, même si les députés d'en face ont rejeté son témoignage en disant qu'il était faux, il était en fait très crédible. J'aimerais souligner certaines préoccupations dont il nous a fait part.
M. Kennedy a dit que « à cause de leur nature secrète, les activités liées au renseignement de sécurité ne peuvent être examinées en fonction d'un modèle classique de responsabilité administrative », et que les Canadiens ne pouvaient avoir accès à l'information du SCRS de la même façon qu'ils pouvaient accéder aux renseignements des autres institutions gouvernementales. Il a mentionné également que, si le SCRS pose des gestes inappropriés, le ministre de la Sécurité publique en est directement responsable.
M. Kennedy a affirmé également, et je cite:
Le ministre de la Sécurité publique gère un vaste portefeuille touchant quelque 40 000 fonctionnaires. Il est impossible pour lui de savoir si chacune de ces personnes assume ses responsabilités conformément à la loi, aux politiques opérationnelles et aux directives ministérielles et si les pouvoirs sont exercés de façon raisonnable.
Il a fait un certain nombre de commentaires. Je vais simplement souligner autre chose:
Ce bureau vérifie les activités d'enquêtes menées par le SCRS à l'égard de ses dossiers pour s'assurer que le Service respecte ses obligations. L'inspecteur général rend directement des comptes au ministre et l'informe des progrès réalisés ou l'avertit à l'avance des problèmes potentiels.
Des fonctionnaires nous ont dit que cette fonction faisait double emploi, qu'il y avait d'autres organisations, un autre organisme qui s'occuperait de ce genre d'examen. Or, M. Kennedy a affirmé que ce n'était pas vrai, que l'autre organisme était qualitativement différent et que l'inspecteur général était la personne qui représentait les yeux et les oreilles du ministre pour ce qui est du SCRS. M. Kennedy se demandait pourquoi cette fonction de surveillance allait être abolie, compte tenu de la responsabilité personnelle qu'assume le ministre à cet égard. Il a dit également: « À défaut d'un tel bureau, le ministre serait aveugle et complètement à la merci du service de renseignement. Une telle situation n'est ni raisonnable, ni souhaitable. »
Enfin, il a affirmé ceci:
Tant le Service de sécurité de la GRC que le Service canadien du renseignement de sécurité ont eu plus que leur part d'ennuis... Le coût financier des faux pas commis par le passé en matière de sécurité nationale, évalué simplement en fonction des commissions d'enquête, se chiffre à plusieurs dizaines de millions de dollars, sans parler de la perte de l'appui de la population.
Ce qu'il faut retenir, c'est que, si cette mesure s'inscrit dans une stratégie de réduction des dépenses, c'est un prix trop élevé à payer quand on songe à la perte de confiance du public et aux coûts plus élevés qui cela pourrait occasionner, compte tenu des problèmes inévitables qu'entraînerait, selon M. Kennedy, le manque de surveillance et de responsabilisation du SCRS.
Nous nous opposons donc à cette modification. Le Bureau de l'inspecteur général ne représente pas une dépense importante, mais il s'agit d'une source d'information précieuse, qui permet aux Canadiens de savoir que l'organisation, quoique secrète de par sa nature, agit conformément aux règles.
Merci.
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Merci, monsieur le président.
L'autre dossier dont je suis responsable pour l'opposition officielle est celui des droits de la personne. La semaine dernière, un rapport a été publié par le comité des Nations Unies sur la torture. Dans ce rapport, on a vertement critiqué l'implication du SCRS dans l'affaire Omar Khadr, à Guantanamo.
Les personnes parmi nous qui ont un certain âge se souviendront de ceux que les médias ont appelés — et je tiens à le souligner, cela venait des médias — les spécialistes des coups fourrés de la GRC, il y a de cela plusieurs années. Ce service a été démantelé depuis. Vous pouvez ensuite revenir à ce que M. Kennedy a affirmé.
La GRC et les agents de police de notre pays sont, pour la plupart, des personnes très crédibles, responsables, mais il y a des gens qui font des erreurs. Lorsque le SCRS a été formé, le bureau de l'inspecteur général a été mis en place précisément pour protéger les Canadiens et les droits des Canadiens. Lorsque Omar Khadr a été interrogé à Guantanamo alors qu'il avait 16 ans, le SCRS a agi de manière très douteuse. Comme je l'ai dit, les Nations Unies ont récemment donné suite à cela.
Il est essentiel d'avoir un mécanisme de surveillance pour protéger les droits des Canadiens. Bien sûr, il y a des situations où l'information ne doit pas être rendue publique. C'est la nature même du travail que fait le SCRS. Par contre, c'est une raison de plus d'avoir cette personne qui assure au ministre l'appui nécessaire pour garantir les droits de tous les Canadiens.
Je m'oppose donc vivement à cette modification parce qu'elle risque de créer d'autres problèmes pour ce qui est des droits des citoyens canadiens.
Je vous remercie, monsieur le président.
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Oui, je suis ravi d'avoir cette occasion, monsieur le président. Merci beaucoup.
Je me sens comme celui qui assiste aux funérailles d'une personne qu'il n'aime pas, juste pour être certain qu'elle est bien morte.
Des voix: Oh, oh!
M. Pat Martin: Non, je ne parle pas de vous, Bev; je parle de l'humble pièce d'un cent.
Je suis personnellement soulagé que ce soit la fin des haricots pour l'humble pièce d'un cent. J'attends ce moment depuis longtemps. Mais je ne suis pas ici pour faire l'éloge du gouvernement ou du ministre; j'aimerais nuancer mes propos, si vous me le permettez.
Pour commencer, je reconnais — dans la même veine qu'une horloge brisée donne la bonne heure deux fois par jour — que le gouvernement fait la bonne chose ici. La pièce d'un cent n'a aucune valeur commerciale. Son coût de production est supérieur à sa valeur, et cette pièce ne circule pas comme la monnaie est censée circuler. Nous savons tous qu'elle finit le plus souvent dans un pot de biscuits ou dans un contenant de crème glacée, sous le lit.
En fait, la pièce d'un cent est une coûteuse nuisance depuis aussi longtemps que la plupart d'entre nous puissent se souvenir. Les gens ne se penchent même plus pour la ramasser dans la rue. Si vous donnez une poignée de sous noirs à un sans-abri, il vous lance un regard dédaigneux au lieu de vous remercier.
Monsieur le président, j'ai été estomaqué d'apprendre qu'il y a 30 milliards de pièces d'un cent en circulation à l'heure actuelle; j'ai bien dit 30 milliards. Chaque année, la Monnaie royale canadienne en frappe un milliard de plus. C'est une situation absurde, puisque son coût de production dépasse sa valeur monétaire. L'an dernier — je suppose qu'on se mettait dans l'esprit des compressions —, seulement 500 millions de nouvelles pièces d'un cent ont été produites.
J'aimerais, pour commencer, essayer d'apaiser les craintes à propos de l'arrondissement. Dans d'autres pays où l'on a éliminé la plus petite pièce, que ce soit la pièce d'un cent, le centavo ou le peso, on a adopté une formule d'arrondissement. Les données empiriques montrent qu'il n'y a aucun effet sur le revenu. Les gens n'ont pas à craindre que les commerçants arrondissent toujours au détriment du consommateur.
Il faut aussi comprendre que l'arrondissement ne se fait que sur le total de l'achat. Si vous achetez 50 ou 20 articles à l'épicerie, ce n'est pas le prix de chaque article qui est arrondi, mais bien le total de la facture.
Je crois qu'il importe que les membres du comité comprennent bien cela, lorsqu'ils recommandent de voter pour ou contre cette mesure. Le grand public n'a rien à craindre au sujet de l'arrondissement. Dans ces pays, on a montré qu'il n'y avait aucun effet sur le revenu.
Ce que je déplore, et les membres du comité doivent savoir que je le dis avec toute réserve, c'est que le ministre n'a fait que la moitié du chemin. Cet article, d'après ce que je comprends, n'aura pour seule conséquence que la Monnaie royale canadienne cessera de produire des pièces d'un cent; ces pièces resteront tout de même en circulation. Je demanderais aux témoins de confirmer que ce sera bien le cas.
Dans d'autres pays, lorsque la plus petite pièce a été éliminée, on a accordé, quoi, une période de grâce de deux ans pour laisser aux gens le temps de ramasser les pièces et de les encaisser. Toutefois, après un certain temps, cette pièce de monnaie n'est plus acceptée.
Mon interprétation est-elle juste?
En premier lieu, j'aimerais mentionner que le gouvernement conservateur, lors de l'élection de 2011, n'avait fait valoir qu'une seule promesse relative aux soins de santé. C'était celle de conserver la croissance des transferts aux provinces et aux territoires à 6 p. 100 par année.
Cette décision constitue un recul par rapport à l'engagement électoral qu'avaient pris les conservateurs. On en a discuté et on a reçu des témoins qui ont parlé de l'impact que cette décision aurait. Les deux côtés ont une vision différente de ce que sera cet impact. Nous croyons qu'il faut tenir une réflexion sur les soins de santé. D'ailleurs, c'est ce que font présentement les provinces. Le gouvernement fédéral pourrait jouer un rôle de leader et tâcher de rassembler toutes les idées pour pouvoir contrôler les coûts des soins de santé. Cependant, limiter l'augmentation du transfert en matière de soins de santé à seulement 3 p. 100 à partir de la quatrième année, et ce, dans une entente fédérale-provinciale non négociée et non négociable, est problématique.
Il n'y a pas de formule magique. On ne peut simplement établir un plafond à 3 p. 100 d'augmentation du financement des dépenses par année. Il n'y a pas de façon magique de le faire. Pour nous, il est clair que ça va se traduire par des réductions de services et possiblement de soins assurables dans les systèmes de santé des différentes provinces, y compris au Québec.
C'est dommage, et ce, à plusieurs égards. En effet, année après année et encore aujourd'hui, le système public de soins de santé est probablement le système gouvernemental le plus prisé par l'ensemble de la population. Il y a fort à parier que d'ici peu, probablement après la prochaine élection puisque cette mesure entrera en vigueur seulement vers 2015, on va commencer à subir les contrecoups de cette diminution des transferts, par rapport à l'engagement du gouvernement fédéral lors de l'élection. À partir de ce moment-là, on risque de voir une diminution de la qualité des soins et possiblement du nombre de soins assurables dans les provinces.
Le gouvernement a affirmé, pendant les consultations et les témoignages, que les provinces avaient elles-mêmes commencé à diminuer leurs budgets en matière de soins de santé. Nous affirmons que même si c'est bel et bien le cas, il ne faut pas non plus mettre la charrue devant les boeufs. Cette décision des provinces a été prise à la suite des signaux qu'elles ont reçus du gouvernement fédéral en ce sens. De plus, le fait d'établir des plafonds sans nécessairement regarder le caractère systémique de la croissance des coûts des soins de santé va être problématique pour la plupart des provinces.
Il y a une autre chose dont nous avons très peu discuté durant les conversations avec les témoins et les responsables du ministère. Il s'agit du fait que l'entente annoncée, non négociée et non négociable, aura des impacts différents selon les provinces. Au bout de 10 ans, il y aura au Québec, en matière de soins de santé, une perte de 9 milliards de dollars par rapport à ce qui aurait été prévu par l'entente précédente. La Nouvelle-Écosse perdra 157 millions de dollars; la Colombie-Britannique, environ 250 millions de dollars par année, soit un total de 2,5 milliards de dollars pour 10 ans; l'Ontario, environ 20 milliards de dollars pour 10 ans. Il y aura des impacts majeurs et massifs sur les provinces qui, selon nous, auraient dû être autour de la table pour discuter de cette question, comme le gouvernement et les provinces devraient être autour de la table pour discuter des meilleures manières de contrôler la croissance des coûts des soins de santé. Évidemment, je n'ai pas parlé de l'Alberta. Elle est la seule province qui sortirait gagnante de cela, avec probablement environ 11 milliards de dollars de plus pour 10 ans.
Cet élément est fondamental en ce qui a trait à cette décision prise purement et simplement par le gouvernement fédéral.
Un autre élément nous a déçus. En ce qui a trait au Transfert canadien en matière de programmes sociaux, ce qui touche, entre autres, l'aide sociale et l'enseignement postsecondaire, ce gouvernement a décidé d'établir un plafond à 3 p. 100 de croissance par année jusqu'en 2024. Cela correspond sensiblement au coût de la vie tel que nous le voyons présentement. Le problème est que, présentement, nous finançons les provinces et nous contribuons moins au financement de ces programmes que nous ne le faisions, en dollars constants, avant la période de 1995, alors qu'il y a eu des réductions massives dans le Transfert canadien en matière de programmes sociaux.
Nous sommes extrêmement déçus que le gouvernement soit revenu sur sa promesse électorale de conserver une croissance des transferts aux provinces de 6 p. 100 par année et qu'il ne montre aucun leadership dans le contrôle de l'augmentation des coûts des soins de santé. C'est pourtant un problème réel, ces coûts croissant plus rapidement que le coût de la vie en général. De plus, il y a une volonté de conserver le statu quo quant au Transfert canadien en matière de programmes sociaux. En réalité, ce statu quo signifie que le gouvernement aide moins les provinces à financer ces programmes qu'il ne le faisait avant 1995.
Pour ces raisons, nous allons voter contre la plupart des articles allant de 390 à 410. Ma collègue ici va présenter un amendement.
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Merci, monsieur le président.
Je suis préoccupé par le fait que cette modification réglementaire n'ait pas été ajoutée à la partie 3 du projet de loi, où elle aurait été examinée par le sous-comité approprié, et je présume que c'est la raison pour laquelle elle se retrouve devant notre comité maintenant. Le sous-comité aurait possédé l'expertise, la formation et les renseignements nécessaires concernant les autres changements connexes à la Loi sur les pêches.
J'ai remarqué qu'on a tenu des conférences de presse aujourd'hui. Il est donc approprié de débattre du sujet maintenant, car en réponse aux compressions du MPO qui ont eu des répercussions sur la région des lacs expérimentaux du Nord-Ouest de l'Ontario et sur l'Institut des eaux douces de ma circonscription de Winnipeg-Centre, des conférences de presse ont été tenues à Vancouver, Edmonton, Winnipeg et Ottawa aujourd'hui pour attirer l'attention de la population sur certaines des modifications réglementaires contenues dans l'article 411.
Le cas de la région des lacs expérimentaux a provoqué une indignation considérable à l'échelle internationale. Je comprends que cela concerne plus la science et la recherche que les règlements pris en vertu de la Loi sur les pêches, mais je pense que ces deux aspects sont inextricablement liés.
La question qu'on se pose et à laquelle le gouvernement devrait répondre, c'est comment peut-on justifier l'élimination de certains de ces établissements de recherche alors qu'ils ont fait leurs frais plusieurs fois au cours de leurs 40 ou 50 années d'existence?
Cet exemple représente deux millions de dollars par année. Une recherche effectuée par l'établissement a fait épargner 400 millions de dollars par année à la province du Manitoba. En effet, le lac Winnipeg était touché par une forte croissance d'algues. On était préoccupé par les phosphates et les nitrates présents dans le lac; leur élimination aurait coûté 400 millions de dollars. La recherche effectuée dans la région des lacs expérimentaux a conclu qu'il était contre-productif d'éliminer en même temps les nitrates et que cela pouvait même favoriser la croissance des algues. On a donc seulement éliminé les phosphates, ce qui a permis d'épargner de 300 à 400 millions de dollars. On a utilisé la même méthode pour la mer Baltique, et on a ainsi épargné trois milliards d'euros.
Le travail soutenu de 17 scientifiques dans la région des lacs expérimentaux, à 2 millions de dollars par année, a épargné des dizaines et des centaines de millions de dollars au reste du monde, sur le plan des ressources en eau douce et ce qu'il en coûte pour assurer leur intégrité.
C'est inexplicable. La population se demande pourquoi on apporte certains de ces changements à la Loi sur les pêches et pourquoi on élimine la recherche scientifique effectuée sur nos ressources en eau douce.
Je ne peux pas appuyer un article qui apporte des modifications réglementaires à la Loi sur les pêches, tout d'abord parce que cet article ne devrait pas se retrouver dans le projet de loi sur l'exécution du budget, et deuxièmement, je pense qu'il est dommageable, c'est-à-dire qu'il est contre-productif, et qu'on ne peut même pas le justifier sur le plan du rendement.
On dirait plutôt qu'on essaie de tuer le messager à titre préventif. Si le gouvernement n'aime pas les renseignements communiqués par les recherches scientifiques, il ne devrait pas attendre que cette recherche soit effectuée et ensuite la rejeter; il devrait plutôt se débarrasser de l'établissement de recherche au complet. Vous savez, on ne peut pas s'opposer à ce qu'on ne mesure pas.
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Merci, monsieur le président.
En fait, je ne m'étais pas rendu compte qu'on en parlerait à cette heure-ci de la soirée, mais je suis heureux d'être ici. En effet, pendant que je parcourais les 425 pages du projet de loi, je suis tombé sur cet article, et il m'a scandalisé, je ne crois pas que le mot soit trop fort.
En fait, il suffit d'une phrase de 13 mots dans le projet de loi C-38, pour opérer cet énorme changement. Treize mots exactement dans un document de 425 pages: « La Loi sur les justes salaires et les heures de travail est abrogée ». Pas un mot de plus. Cela a échappé à la plupart d'entre nous. C'est vraiment presque par hasard que je suis tombé dessus. Je suis sûr que nos attachés de recherche l'ont vue, mais sans se rendre compte de son importance.
Pendant 75 ans, cette loi a permis de soustraire les salaires à la concurrence. Les employeurs et les entrepreneurs qui voulaient fournir leurs services à l'État fédéral pouvaient de la sorte décrocher leurs contrats grâce à leurs compétences, leur productivité, leur compétitivité et leur expertise dans tel domaine de travail, et non grâce à leur capacité de trouver une main-d'oeuvre toujours meilleur marché. Le législateur, dans sa sagesse, s'était rendu compte qu'il n'était dans l'intérêt de personne de faire baisser les salaires des Canadiens ordinaires. Il savait aussi que, particulièrement pendant un ralentissement économique, il se trouvera toujours un désespéré pour accepter un salaire réduit pour nourrir sa famille.
C'était sage. C'était très sage, dans les années 1930, de proposer cette loi, qui instaurait l'équité entre les entrepreneurs syndiqués et non syndiqués et leur permettait de remporter des contrats avec l'État.
L'État fédéral a beaucoup recours aux services de l'industrie de la construction. Beaucoup d'entrepreneurs du secteur aimeraient conclure des contrats avec lui.
Franchement, je ne parviens tout simplement pas à comprendre dans l'intérêt de qui on apporte cette modification, à moins que ce ne soit de propos délibéré — je ne pense pas qu'il soit paranoïaque de le supposer — de la part du gouvernement, de permettre à un plus grand nombre de travailleurs étrangers temporaires de ravir aux travailleurs de la construction canadiens plus d'emplois.
Je demande votre indulgence pendant que je questionne notre témoin-expert à ce sujet.
Si j'ai bien compris, les échelles des justes salaires sont établies par le ministre du Travail. De temps à autre, on les actualise. Par dénombrements et enquêtes sur les salaires des syndiqués et des non-syndiqués, on établit en quelque sorte la moyenne du taux de salaire prédominant dans la région.
Mon métier, c'est compagnon charpentier. Supposons que le taux de salaire prédominant des charpentiers à Winnipeg soit de 20 $ l'heure. L'entrepreneur, dans sa soumission pour un contrat avec l'État fédéral, doit tenir compte de ce taux fixé par le gouvernement. D'après la loi, également, après 48 heures de travail, il faut verser à l'ouvrier des heures supplémentaires. La loi dit 48 heures et non 40.
Sans cette loi, il est possible d'annoncer qu'on est à la recherche de charpentiers à qui on versera 10 $ l'heure. Aucun candidat ne se présentera. En moins de 10 jours, il est alors possible de faire venir des travailleurs étrangers temporaires, parce que les règles qui s'appliquent à ces travailleurs viennent de changer.
L'aéroport international de Winnipeg est un exemple classique. 80 travailleurs étrangers temporaires libanais l'ont construit. Ils ont fait les travaux de charpente pendant que des charpentiers canadiens, tenus à l'écart du chantier, les observaient et auraient bien aimé avoir du travail.
Cette modification ouvrira le robinet des travailleurs étrangers temporaires. Il faut se rappeler que ces travailleurs ne sont pas simplement des ouvriers du Bangladesh qui dépouillent les offres d'emploi des journaux étrangers. Ils travaillent pour des pourvoyeurs de main-d'oeuvre, des entremetteurs internationaux assimilables à des souteneurs, qui font le commerce des ouvriers et qui disposent d'équipes d'ouvriers qu'ils envoient partout dans le monde.
Les Libanais qui ont construit l'aéroport de Winnipeg étaient, cette semaine, en Lettonie. La semaine prochaine, ils seront à Winnipeg. Ensuite, à Genève. Cette sorte de proxénétisme international permet de les envoyer partout dans le monde. C'est un trafic. De la servitude. Ces travailleurs doivent à ces souteneurs une partie de leurs salaires. Désormais, on pourra leur verser 15 p. 100 de moins que les salaires canadiens.
Monsieur le président, je sais que ma question est longue, mais je suis franchement horrifié. On parle ici de mon industrie. Cette modification déstabilise les salaires et les tire vers le bas.
Aucun entrepreneur juste ne décrochera d'autres emplois pour l'État fédéral, parce que l'employeur injuste n'est plus tenu de verser de justes salaires. L'employeur dont la main-d'oeuvre est syndiquée devra demander à ses ouvriers de consentir à une réduction de salaire. Il dira : « Je ne peux pas concurrencer les individus maintenant autorisés à verser des salaires qui valent trois fois rien ou à faire venir des travailleurs étrangers temporaires, qui vont nous arracher le pain de la bouche.
Monsieur Giles, est-ce que je divague ou bien ai-je pas mal raison?
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Croyez-moi, je ne cherchais pas à vous vexer en qualifiant votre réponse d'inexacte. Je pourrais peut-être apporter la nuance suivante en disant que je ne la croyais pas exacte.
Tout simplement pour m'aider à y voir plus clair, encore une fois, l'abrogation de la Loi fédérale sur les justes salaires et les heures de travail permettra d'offrir à un charpentier, à un plombier ou à un tuyauteur le salaire minimum provincial. Impossible d'aller plus bas, mais c'est ce qu'on pourrait offrir.
Pour embaucher des travailleurs étrangers temporaires, il faut montrer, après avoir publié une annonce, qu'aucun Canadien ne s'est présenté pour le travail offert. L'entrepreneur pourrait donc annoncer dans le journal qu'il cherche des charpentiers à qui il offre 10 $ l'heure, le salaire minimum au Manitoba. Aucun charpentier ne se présenterait, croyez-moi, particulièrement pour 48 heures par semaine en temps normal. Donc, après 10 jours, il pourrait faire venir des travailleurs étrangers temporaires et leur verser 15 p. 100 de moins que le salaire en vigueur de 10 $ l'heure. Voilà une nouvelle modification qui vient d'être faite.
Je ne pense pas qu'il est exagéré de craindre, dans l'industrie d'où je viens, une baisse consécutive des échelles des salaires des ouvriers syndiqués et non syndiqués, et je vous ai demandé pour quelle raison le gouvernement voulait tirer les salaires des ouvriers canadiens vers le bas. J'ai toujours cru que c'était le signe d'une économie en bonne santé que l'existence d'une classe moyenne qui consommait. Une classe moyenne qui consomme et qui est bien payée est le signe d'une économie en bonne santé.
J'étais à Washington récemment où j'ai lu, sur la vignette d'un pare-choc: « Au moins la guerre contre la classe moyenne va bien! ».
Des voix: Oh, oh!
M. Pat Martin: Eh bien, il semble que c'est ce qui se passe là-bas. C'est la guerre contre la classe moyenne. Que reprochez-vous aux justes salaires? Quel gouvernement pourrait envisager de supprimer une loi sur les justes salaires?
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Je ferais remarquer que la liste des justes salaires fédérale couvre tout ce qui relève du Code canadien du travail, dont les conditions s'appliquent à la construction de prisons et de bases militaires, et à tout ce qui touche aux transports, aux quais, aux réserves indiennes et aux pipelines. Les pipelines qui traversent une frontière provinciale sont couverts par le Code canadien du travail, car ils ne sont pas provinciaux.
C'est un peu... Vous savez, la construction de pipeline figure actuellement parmi les grands projets les plus controversés au pays. Il est fort opportun que nous éliminions la Loi des salaires raisonnables juste à temps pour permettre la réalisation de ce qui est peut-être le plus grand projets de construction en Amérique du Nord. Je crois qu'on peut établir un lien sans craindre de trop se tromper.
Je vous donnerai un autre exemple, celui de l'usine de pâtes et papiers de Gold River. Vous pensez que le recours aux travailleurs étrangers temporaires ne nuit pas aux intérêts locaux? Ces pauvres gars ont perdu leur usine, qui est tombée aux mains de Chinois. Les mécaniciens et tous les employés mis à pied connaissent cette usine dans ses moindres recoins, mais les Chinois ont fait venir un groupe de travailleurs étrangers temporaires du Bangladesh pour démanteler l'usine. Ils dorment à six dans une chambre d'hôtel. Dieu seul sait quel salaire ils reçoivent: peut-être ne reçoivent-ils pas un sou.
Ainsi, pendant que 80 ou 100 mécaniciens, charpentiers, tuyauteurs et gens de métier attendent à l'extérieur, les travailleurs étrangers temporaires se chargent des six derniers mois de travail dans l'usine.
Cela se produit aux quatre coins du pays; peut-être pas dans des Quiznos, des Robin's Donuts ou des Tim Hortons, mais ce n'est pas de ce genre de commerce dont il est question ici. Nous parlons des grands projets de construction qui font travailler ces pourvoyeurs de main-d'oeuvre, lesquels expédient des groupes de travailleurs dans toutes les régions du monde. Dans l'industrie, nous les qualifions d'« entremetteurs de main-d'oeuvre ». Ils affaiblissent les conditions locales partout où ils vont.
Nous ouvrons la porte à ces entremetteurs en éliminant les mesures instaurées pour protéger les travailleurs canadiens. J'entends par là que des contribuables canadiens travaillant dans des projets payés à même les impôts versés par les Canadiens se voient privés de conditions de travail décentes en raison de l'élimination de la Loi des salaires raisonnables.
Je suis un compagnon charpentier accrédité, et vous vous plaisez à me qualifier de dirigeant syndical. Oui, je représente des travailleurs, des travailleurs qui ont voté pour vous, alors que nous mettez leurs salaires raisonnables en péril.
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Merci, monsieur le président.
Comme on entend dire assez régulièrement que le NPD vote contre les mesures proposées, j'ai pensé commencer mon intervention en traitant de questions au sujet desquelles nous sommes d'accord avec le gouvernement, parce que dans ce dossier, il y a bien des choses avec lesquelles nous ne sommes pas d'accord avec lui.
Les modifications proposées aux articles 449 et 450 conféreraient au ministre le pouvoir de dispenser le demandeur de l’obligation de présenter une demande de pension de la Sécurité de la vieillesse. Voilà qui est bien. Nous sommes également favorables au report volontaire, à l'article 451, et considérons qu'il est raisonnable d'accorder une dispense concernant la demande de Supplément de revenu garanti, mesure qui figure aux articles 454, 457 à 459, et 460.
Je vais maintenant aller un peu plus loin dans mes notes, sans passer chaque article en revue, car nous allons les mettre aux voix, monsieur le président. Sachez toutefois que, comme nous l'avons toujours indiqué, un désaccord fondamental divise l'opposition et le gouvernement au sujet du besoin de modifier les modalités d'admissibilité à la Sécurité de la vieillesse. Cette mesure est, selon nous, inutile.
Le directeur parlementaire du budget a indiqué, après avoir examiné le dossier, que les coûts vont effectivement passer de 39 à plus de 100 milliards de dollars. Il a cependant ajouté que la croissance du PIB n'a pas été prise en compte. L'équipe de l'OCDE chargée de la retraite a également examiné l'affaire et a exprimé de son désaccord.
L'affaire a évidemment éclaté à Davos, à l'occasion d'un discours célèbre, ou tristement célèbre, selon le point de vue d'où on se place, monsieur le président. Il a fallu une éternité pour que le ministre des Finances révèle que cette mesure aurait des répercussions de 10 milliards de dollars pour le gouvernement. Nous savions que ce serait dans ces eaux-là, en raison des économies réalisées en obligeants les gens à se contenter des prestations d'invalidité ou d'aide sociale pendant deux ans de plus. Selon les chiffres sur lesquels on s'appuie, on économisera entre 6 000 et 7 000 dollars par année, par personne en transférant les coûts aux provinces. Pour être juste envers le ministre des Finances, précisons qu'il a fait savoir qu'il tenterait de couvrir ces coûts. Nous verrons bien ce qu'il adviendra de l'affaire.
De nombreux spécialistes affirment pourtant que le Programme de sécurité de la vieillesse est viable, même en repoussant l'horizon à 2023, comme ils l'ont fait. Cette mesure n'a pas sa place dans le présent budget. Si nous voulons réexaminer la sécurité de la vieillesse et les régimes de retraite des aînés, nous devons adopter une approche holistique et examiner la situation dans son ensemble, y compris la Sécurité de la vieillesse, le Supplément de revenu garanti, le Régime de pension du Canada et les solutions du secteur privé. Le régime de pension agréé collectif du gouvernement n'est pas obligatoire et n'accomplira donc rien. Nous nous préoccupons beaucoup de cet aspect et du fait que les aînés et les personnes handicapées resteront dans la pauvreté deux ans de plus. Les modifications les empêcheront de se prévaloir de la Sécurité de la vieillesse et du Supplément de revenu garanti, qui leur permettraient d'augmenter légèrement leur revenu mensuel. Vous pénalisez ces personnes avec ces modifications inutiles, que vous devriez retirer.
Merci, monsieur le président.
En réalité, l'OCDE et le directeur parlementaire du budget ont dit que le programme de la SV était viable dans sa forme actuelle, qui fixe l'âge d'admissibilité à 65 ans. C'est important de savoir que, même si le programme représente de nos jours 2,7 p. 100 du PIB, le sommet de 3,1 p. 100 sera atteint en 2030. C'est un niveau gérable. Il faut bien comprendre que 40 p. 100 des gens qui reçoivent des prestations de SV gagnent moins de 20 000 $ par année. Ils sont les plus vulnérables.
Pour l'avoir rencontrée, je peux dire que la mère de M. Jean est très active et en bonne santé. C'est une entrepreneure formidable et une personne vraiment remarquable. Mon père a travaillé jusqu'à 82 ans, ce qui est très impressionnant. Mais certaines personnes, en raison de leur santé ou de la nature de leur travail... Il importe selon moi de comprendre que, si on fait un travail physique, qu'on travaille dans une pisciculture froide et humide en région rurale à Terre-Neuve, qu'on travaille debout toute la journée ou qu'on est ouvrier, le corps peut avoir besoin de repos à 65 ans.
J'ai une question pour M. Rodrigue, qui a témoigné ici un jeudi, assez tard le soir, il y a quelques semaines si je me souviens bien. À ma question sur les conséquences de ce changement pour le fisc, vous avez répondu que vous ne pouviez pas émettre de commentaires et que c'était des informations confidentielles du Cabinet. Je vous ai ensuite parlé de l'article 69 de la Loi sur l'accès à l'information.
Le lendemain, moins de 24 heures plus tard, je pense que c'était en après-midi, les informations ont été fournies, pas au Parlement, mais aux médias dans un communiqué de presse. Qu'est-ce qui a changé durant ce temps?
:
J'aimerais revenir sur l'argument voulant qu'on doit absolument agir maintenant parce que l'augmentation des coûts ne pourra pas être assumée par le gouvernement ou par l'ensemble des Canadiens.
Il y a eu l'information, confirmée par le gouvernement, selon laquelle le montant qui sera épargné en 2030 par ces mesures sera d'environ 10,8 milliards de dollars. On parle de 2030. En dollars d'aujourd'hui, cela signifie environ de 6 à 6,5 milliards de dollars.
Les réductions de la TPS que le gouvernement conservateur a consenties à partir de son élection de 2006 représentent deux points de pourcentage: comme le gouvernement l'a dit, la TPS est passée de 7 % à 5 %. Toutefois, cela a eu un coût financier sur le Trésor. On évalue que chaque point de pourcentage représente de 4 à 6 milliards de dollars, et c'est là une évaluation prudente. La somme que le gouvernement ne perçoit plus à la suite de cette baisse de la TPS de deux points de pourcentage représente de 8 à 12 milliards de dollars. Le gouvernement a fait le choix de réduire la TPS de deux points de pourcentage, ce qui coûte au Trésor canadien de 8 à 12 milliards de dollars par année. En contrepartie, il établit une mesure, qui n'avait pas été annoncée ni débattue durant la campagne électorale, qui augmente l'âge d'admissibilité à la Sécurité de la vieillesse de 65 à 67 ans, ce qui fera épargner 6 milliards de dollars par année, en dollars d'aujourd'hui.
Gouverner implique de faire des choix, et certains choix ont été faits par le gouvernement conservateur. Il a choisi de faire des réductions de la taxe, avec la taxe de vente harmonisée, pour lesquelles nos personnes retraitées vont payer en travaillant deux ans de plus. Une personne qui a 53 ans aujourd'hui recevra 12 000 $ de moins de la Sécurité de la vieillesse qu'une personne de 54 ans aujourd'hui, car ce changement entrera en vigueur en 2023.
Alors, qu'on ne vienne pas me dire que le programme ne peut pas être assumé par l'ensemble des Canadiens dans l'état actuel des choses. Comme il a été mentionné, l'OCDE a démontré qu'on pouvait assumer ce programme. Le directeur parlementaire du budget l'a également dit. L'actuaire en chef du Régime de pensions du Canada, qui fait aussi les comptes pour la Sécurité de la vieillesse, démontre également qu'on peut s'adapter sans avoir une mesure aussi draconienne.
Quant à la nécessité d'aborder la question du changement démographique, on est tout à fait d'accord. Cependant, cette mesure prise de façon isolée ne s'attaque pas à la situation et ne représente pas une réflexion d'ensemble sur la situation. C'est simplement une mesure prise à l'endroit d'un des programmes touchant la sécurité économique de nos retraités. Cela ne constitue qu'une égratignure à la surface du problème qu'on aura à étudier dans son ensemble.
En ce sens, l'argument voulant qu'on ne peut se permettre ce programme présentement et qu'on doit absolument augmenter l'âge d'admissibilité n'est pas recevable, de par les choix que le gouvernement a faits dans le passé.
Selon l'actuaire en chef du Canada, il est clair que l'augmentation des coûts du programme, qu'on calcule en pourcentage du PIB, ne représente qu'environ un point de pourcentage. Et ce point de pourcentage sert de justification à la décision de retirer des revenus de 12 000 $ aux gens qui ont 53 ans ou moins présentement, alors que ceux qui ont 54 ans ou plus pourront y avoir droit.
Le travail pour convaincre l'opposition, pour convaincre les Canadiens et les Québécois de la justesse de cette mesure et de son caractère approprié n'a pas été fait.
Voilà.
:
Je tiens simplement à répéter nos préoccupations concernant la Sécurité de la vieillesse. C'est tout à fait ridicule de prétendre que nous allons finir comme la Grèce si nous n'apportons pas de changements.
Honnêtement, le gouvernement ne peut pas dire une chose et son contraire. Il ne peut pas à la fois prendre le crédit en disant qu'il a la meilleure gestion financière au monde — ce qui est inexact — et dire que, s'il n'apporte pas des changements, nous finirons comme un pays qui est presque en faillite. Ce n'est tout simplement pas le cas.
Je veux parler des conséquences. À un certain moment, un ministre a dit que le Canada apportait des changements parce que les autres pays le faisaient. Mais la démographie au Canada n'est pas la même qu'en Europe. La population canadienne vieillit, mais moins rapidement que celle de bien des pays européens, et nos finances sont en meilleur état.
En vérité, les mesures concernent les gens de 54 ans et moins. Aucun aîné à l'heure actuelle n'est touché, mais les gens de 54 ans et moins le seront. Les mesures vont entrer en vigueur lorsqu'une majorité de baby-boomers seront des personnes âgées. Les coûts de la SV et le pourcentage du PIB vont ensuite diminuer. De 2,43 p. 100 en 2012, le pourcentage du PIB va plafonner à 3,16 p. 100 en 2030, avant de redescendre à 2,35 p. 100 en 2060. C'est une poussée démographique. Les chiffres vont augmenter, puis baisser de nouveau.
En réduisant les prestations, pas pour les baby-boomers qui créent cette poussée, mais pour les gens qui vont suivre, on exacerbe à mon avis l'iniquité intergénérationnelle. Les baby-boomers ont eu un meilleur accès aux emplois et aux études. Ils ont un meilleur accès au programme de la SV et aux pensions, mais l'accès des générations suivantes sera restreint à tous points de vue. Je pense que c'est injuste et inutile.
Malgré nos nombreuses questions au ministre et au premier ministre en Chambre et aux fonctionnaires, on ne nous a pas dit quel serait l'impact des changements. Tout le monde a refusé de nous donner des chiffres. Mais le lendemain de notre séance du Comité des finances, le vendredi avant une longue fin de semaine, les chiffres ont été rendus publics. C'est 10,8 milliards de dollars pour 2030.
Qu'est-ce que ça signifie pour les intéressés? Les prestations de SV s'élèvent à un peu plus de 6 000 $ par année. Sur deux ans, un couple va donc perdre environ 25 000 $. C'est beaucoup d'argent pour eux. Oui, nous devons régler la question, mais ce n'est pas la bonne façon de s'y prendre.
Le gouvernement n'a pas fait campagne là-dessus, durant les élections l'an dernier. Il n'en a jamais parlé. L'annonce a été faite par le premier ministre lorsqu'il était parmi certains des gens les plus riches au monde, l'élite rassemblée à Davos. C'est ainsi que les gens qui vont perdre 25 000 $ ont appris la nouvelle.
Les gens qui seront le plus durement touchés ont peut-être 10 ans ou plus pour se préparer, mais en fait, les gens qui ont les revenus les plus faibles ne pourront pas se préparer, parce qu'ils sont incapables de mettre autant d'argent de côté.
Pour toutes ces raisons, nous pensons que c'est une mauvaise mesure.
Pour économiser 10 milliards de dollars, on pourrait modifier le contrat d'acquisition militaire et laisser tomber les F-35. Les 10 milliards manquants dans l'évaluation des coûts pourraient être versés aux Canadiens lorsqu'ils en ont le plus besoin, durant leur retraite.
Merci.
:
Merci, monsieur le président.
Je souligne que j'ai beaucoup de respect et d'estime pour le député de Chatam-Kent—Essex.
J'ai même examiné les chiffres, pour être clair. Vous croyez sûrement à ce que vous dites, mais comme les intervenants précédents l'ont signalé, 10,8 milliards de dollars sont retirés aux aînés. Il y a un problème. Personne ne contredit le fait que les générations en question sont touchées. On parle en effet de 39 à 109 milliards de dollars.
Le problème dans la position du gouvernement est très simple. Ses chiffres ne tiennent pas compte de la croissance prévue du PIB d'ici 2023. Au fond, le gouvernement n'est pas sûr que ses politiques économiques vont soutenir la croissance prévue par la Banque du Canada. Même si la croissance du PIB ne représentait que la moitié de la croissance prévue, le programme coûterait moins d'un pour cent du PIB. Les dépenses s'élèveraient à 0,8 p. 100 du PIB.
Vous avez dit qu'il fallait régler le problème. En revanche, nous disons qu'il faut examiner les finances de manière globale. Il n'est pas urgent d'apporter des changements. En réalité, le programme est tout à fait viable si on prend en compte la croissance du PIB. C'est pourquoi l'OCDE et le directeur parlementaire du budget divergent d'opinion avec le gouvernement pour ce qui est des chiffres. C'est là que se situe la différence. À vrai dire, c'est une question de choix différents pour régler la question.
Nous disons tout simplement qu'en retirant deux ans de revenus aux aînés, on pénalise les mauvaises personnes. C'est la mauvaise façon de procéder.
Si on examine la capacité d'imposition réduite par le gouvernement — les changements apportés à la TVH s'élèvent à environ 14 milliards de dollars par année, les réductions d'impôts aux entreprises représentent près de 16 milliards par année —, c'est 30 milliards de dollars qui pourraient servir à corriger le problème. Comment justifier ces mesures, quand les banques et ce genre d'établissements versent des milliards de dollars en prime à leurs dirigeants? C'est impossible. Nous devons faire un meilleur choix que celui-là.
:
Merci, monsieur le président.
Je vous remercie d'avoir accepté que je participe à cette séance de comité.
Le gouvernement a longtemps promis de resserrer les boulons de la Loi sur Investissement Canada, mais il refuse de laisser le Parlement faire son travail, à savoir examiner les changements à la loi dans le cadre d'un forum approprié. Le Comité permanent de l'industrie, des sciences et de la technologie a également demandé que la Loi sur Investissement Canada soit revue.
En 2010, la Chambre a adopté la motion de M. Layton visant à réformer la Loi sur Investissement Canada. Il s'agissait d'un engagement à ce que des audiences publiques fassent désormais partie intégrante du processus d'examen des acquisitions étrangères. Ce processus comprenait une divulgation publique des conditions attachées à toute acquisition étrangère, un processus transparent de suivi du rendement des entités étrangères et des pénalités claires en cas de contravention.
Enfin, la motion reconnaissait que l'on devait clarifier l'objectif de la loi pour encourager l'activité de nouveau capital et la création d'emplois plutôt que l'acquisition de ressources stratégiques. En février dernier, le Comité permanent de l'industrie, des sciences et de la technologie a adopté à l'unanimité une motion pour que le comité entreprenne une étude de la Loi sur Investissement Canada.
Or le gouvernement renie ses engagements consistant à travailler avec les partis de l'opposition, les investisseurs ainsi que les communautés et les travailleurs concernés, et effectue les changements à la loi au moyen de règlements.
[Traduction]
Le gouvernement promet de corriger les lacunes de la Loi sur Investissement Canada depuis longtemps, mais les changements apportés auront des répercussions négatives sur les collectivités et les travailleurs. Le gouvernement refuse de laisser le Parlement étudier les mesures législatives et fait plutôt passer des changements au moyen de règlements.
[Français]
Même si des changements sont apportés présentement à la Loi sur Investissement Canada, ça ne va pas assez loin. Des entreprises canadiennes disparaissent et, comme on l'a mentionné déjà, la notion de bénéfices nets pour le Canada n'est pas encore clairement stipulée. Je crois qu'il y aurait lieu, dans le cadre d'un forum approprié, de revoir en profondeur la Loi sur Investissement Canada. L'objectif est que les industries, les travailleurs et les communautés bénéficient d'investissements étrangers, s'il y a lieu, et que ce soit de façon positive; que des conditions soient mises en avant pour que le secteur des emplois, les communautés et le Canada bénéficient de ces investissements étrangers.
Comme vous l'avez mentionné, le Canada investit à l'étranger. Il pourrait donc certainement bénéficier également d'investissements. Par contre, ceux-ci doivent être positifs, c'est-à-dire qu'ils doivent donner lieu à des relations à long terme qui profitent aux communautés, aux entreprises et aux travailleurs.
C'est un sujet qui m'intéresse beaucoup. J'ai posé quelques questions à ce sujet à des témoins qui ont fait une présentation. J'étais aussi très intéressé par ce qui se passait à Droits et démocratie et la saga qui a duré pendant quelques mois, voire plus d'un an. Cette organisation avait gagné ses lettres de noblesse, elle avait agi de façon à établir sa crédibilité sur la scène internationale, dans la réalité géopolitique de 1988. Cette réalité géopolitique a évidemment évolué depuis 1988, mais l'organisation a toujours su s'adapter.
Il y a eu plusieurs directeurs. Je sais qu'aujourd'hui, à la Chambre, Mme Laverdière a parlé de Jean-Louis Roy, qui a été l'un des directeurs généraux de l'organisation. J'ai eu la chance de le rencontrer et de discuter avec lui. Il m'a confirmé que l'organisation avait encore une très bonne réputation jusqu'à l'avènement d'un nouveau conseil d'administration, composé de plusieurs dirigeants imposés par le gouvernement fédéral. C'est à ce moment-là que les problèmes ont commencé.
Un des témoins, qui était le président du conseil d'administration de l'organisation, a dit que l'organisation était mal gérée. En lui posant une question par rapport à cette allégation, je lui ai rappelé que les membres du conseil d'administration avaient demandé à Deloitte & Touche de faire une vérification de la gestion de l'organisation de 2005 à 2009. Cette période est celle pour laquelle on alléguait qu'il y avait eu une mauvaise gestion par M. Beauregard et le personnel de Droits et démocratie. Je lui ai dit que ce rapport avait coûté, selon mon évaluation, un peu moins de 1 million de dollars, ce qui représentait l'ensemble des consultations qu'avait entreprises le conseil d'administration.
Le conseil d'administration s'est assis sur ce rapport pendant plus de cinq mois. Ce témoin a tenté de me convaincre, sans réussir, que ce rapport était accablant pour l'administration de M. Beauregard. À la lecture du rapport, on s'est aperçu qu'il n'y avait aucune démonstration d'une mauvaise gestion de la part de l'organisation. C'est clair pour quiconque ayant lu ce rapport comme pour moi. M. Brown et ses arguments n'ont pas réussi à me convaincre du contraire. D'ailleurs, je recommande à ceux et celles qui nous écoutent à la télévision et qui veulent en savoir davantage sur la saga de Droits et démocratie de suivre l'excellente série d'articles qu'a écrite Paul Wells à l'époque pour le magasine Maclean's. Il y a un très bon historique et une bonne chronologie de la situation.
C'est après 2009, soit après la nomination de ces membres au conseil d'administration, que les problèmes ont réellement commencé et que Droits et démocratie a commencé à déraper. Des membres du personnel sont partis et M. Beauregard a mis beaucoup de passion et investi beaucoup d'énergie dans la défense de l'organisation pour laquelle il travaillait. En fin de compte, Droits et démocratie, une organisation crédible et valable, qui représentait très bien le Canada sur la scène internationale, s'est transformée peu à peu en une coquille vide.
Avec la section 33 du projet de loi , on fera disparaître cette organisation. Laissez-moi vous dire que je trouve ça extrêmement regrettable. On se rappellera de Droits et démocratie pendant très longtemps sur la scène internationale comme étant un centre ayant réussi à propager une image très respectable du Canada, celle d'un pays qui fait des tentatives de conciliation sur la scène internationale. Malheureusement, cette image s'efface peu à peu. Par conséquent, nous allons faire un dernier geste en comité et voter contre les modifications proposées à la section 33, qui vise à éliminer une fois pour toutes Droits et démocratie.
:
Merci, monsieur le président.
En fait, le projet de loi élimine l'obligation pour la Commission des libérations conditionnelles du Canada de tenir une audience dans les cas de suspension, de cessation et de révocation de la libération conditionnelle ou d'office.
Tout d'abord, on doit se demander pourquoi cette mesure n'était pas incluse dans le projet de loi et pourquoi c'est dans le budget. C'est un projet de loi omnibus qui touche pas mal tout. On est carrément dans le domaine de la justice.
Malheureusement, on n'a pas eu le temps d'écouter beaucoup de témoins. On n'en a reçu qu'un. Par contre, ce témoin est très qualifié. Il s'agit de M. Michael Jackson, qui pratique depuis 40 ans, entre autres dans le domaine des droits de la personne, et qui enseigne à l'Université de la Colombie-Britannique. Il est spécialisé dans les droits des prisonniers et des Autochtones. Selon lui, cet article est anticonstitutionnel. Je vais lire une partie de son témoignage en anglais:
[Traduction]
L'article 7 de la Charte prévoit ceci: « Chacun a droit à la vie, à la liberté et à la sécurité de sa personne; il ne peut être porté atteinte à ce droit qu'en conformité avec les principes de justice fondamentale. »
Il précise:
Le projet de loi vient révoquer ce droit. Ces examens seront dorénavant menés sur papier. La Commission envisage également de modifier la réglementation pour que les examens soient effectués par un seul de ses membres. Un seul membre de la Commission va donc examiner le dossier en l'absence du délinquant et peut-être décider de révoquer la libération conditionnelle.
[Français]
C'est une section qui est déjà vraiment anticonstitutionnelle, mais en plus,
[Traduction]
il poursuit en affirmant que la modification aura des répercussions disproportionnées sur les délinquants autochtones.
[Français]
J'ai lu son mémoire, qu'on a reçu hier ou aujourd'hui. Cela va vraiment loin. Il est dit directement ceci:
[Traduction]
En abolissant les audiences postsuspension, le projet de loi C-38 éliminera la possibilité de tenue d’audiences avec l’aide d’un Aîné dans un contexte postsuspension. De la sorte, le Parlement aggravera, plutôt que de l’atténuer, la discrimination systémique à laquelle la Cour suprême du Canada faisait référence dans ses arrêts Gladue et Ipeelee.
[Français]
Un témoin, qui est spécialiste en droits de la personne, nous dit que non seulement ce projet de loi est anticonstitutionnel, mais qu'il s'attaque aussi aux personnes autochtones. Encore une fois, on se demande pourquoi on étudie ce projet de loi au Comité permanent des finances, et non au Comité permanent de la justice et des droits de la personne. Pourquoi cela ne figurait-il pas dans le projet de loi présenté précédemment? Je ne comprends pas pourquoi le gouvernement veut aller de l'avant. C'est une autre démonstration qu'il préfère mettre les gens en prison avec sa politique de mégaprisons.
De plus, cela n'aide pas à réhabiliter les gens. Il a été démontré que le système au Québec permet aux gens d'être réhabilités afin qu'ils puissent faire partie de la société. Or ce gouvernement brime le droit de ces personnes.
:
Oui. C'est étrange que le comité des finances ait à se prononcer sur la Loi sur le cabotage. C'est insensé, et nous voilà pourtant en train de débattre des levés sismiques dans les eaux côtières. Ce n'est pas une question qui devrait être soumise au comité des finances.
Nous avons entendu un témoignage récemment à ce sujet. Cet article permettrait aux bâtiments sismologiques étrangers et canadiens non dédouanés d'exercer leurs activités au-dessus du plateau continental du Canada sans avoir à obtenir une licence de cabotage. Ces activités sont menées aux fins de l'exploration pétrolière. Nous croyons qu'il est important que le gouvernement examine et évalue ces activités.
M. Len Zedel, un chercheur, nous a dit qu'on constatait « une baisse des taux de capture du poisson à la suite de levés sismiques ». Il a indiqué que « ce projet de loi vise à faciliter l'accès des compagnies pétrolières aux navires de levés sismiques, mais si cela a l'effet souhaité, les levés sismiques seront plus nombreux et », par conséquent, « l'impact environnemental sera beaucoup plus marqué, ce qui devrait nous inquiéter. » Ce sont notamment les effets cumulatifs des levés sismiques qui sont inquiétants selon lui. Il pense que cela pourrait avoir des répercussions sur l'industrie de la pêche, pour des raisons évidentes, si les poissons sont touchés par ces activités.
Ce dernier facteur devrait d'ailleurs plaider en faveur d'un contrôle plus rigoureux de l'industrie plutôt que le contraire, afin de limiter et de gérer cet impact — on parle ici de l'industrie des levés sismiques.
Nous avons aussi entendu le témoignage de M. Richard Steiner, qui nous a dit ceci:
Nous savons que les effets des tirs sismiques peuvent être ressentis jusqu'à 50 ou 60 km pour certaines espèces et ces effets peuvent être très profonds, en particulier si les impulsions sonores se poursuivent sur une longue période.
M. Steiner a indiqué que les normes canadiennes en matière d'atténuation des risques sismiques devraient être plus rigoureuses, et que les gouvernements du Canada et des États-Unis devraient « préparer un accord bilatéral pour harmoniser les mesures d'atténuation et d'évaluation des risques sismiques entre nos deux pays ».
Si je cite avec autant de détails les témoignages de ces chercheurs, c'est parce que c'est une question qui mérite une plus grande réflexion. Je répète que le comité des finances n'est pas en position de se prononcer à ce sujet. Nous croyons que la question devrait être soumise au comité approprié pour qu'elle soit étudiée convenablement.
Nous n'allons donc pas appuyer cette mesure.
:
Merci, monsieur le président.
Mme Nash a raison. Nous avons entendu d'excellents témoignages à propos de la Loi sur le cabotage, et c'est vrai que des témoins nous ont parlé des répercussions des impulsions sonores. Cependant, la loi en question traite d'un tout autre sujet. Elle porte en effet sur la capacité des navires étrangers d'effectuer des levés. Ce qu'on nous a dit, et je pense que les députés du gouvernement seront d'accord avec moi, c'est que même si cela pose certaines difficultés, des mesures sont prévues pour y remédier. Les difficultés sont les mêmes à l'échelle de la planète. Il s'agit plutôt ici de déterminer s'il faut permettre ou non aux navires qui n'ont pas obtenu de licence au Canada d'y effectuer des levés sismiques.
Je voulais trouver mes notes, mais si je me souviens bien, très peu de navires ont en fait la capacité de faire ces recherches. Cela permettrait donc de faire plus de levés et de donner un avantage concurrentiel à nos sociétés d'extraction pétrolière. C'est quelque chose de très important, nous le savons, pour l'industrie pétrolière et gazière de Terre-Neuve et des autres provinces de l'Atlantique, et donc très important pour l'économie.
Comme je le disais, les témoignages que nous avons entendus... Les deux témoins qui ont parlé des effets des impulsions sonores ont reconnu, comme un peu tout le monde, qu'il y avait des répercussions, mais qu'on travaille à trouver des solutions. Il est question ici de l'extraction pétrolière et de la nécessité de permettre aux navires de faire ces levés.
J'ajouterais, en terminant, que seuls deux pays limitent les levés sismiques aux navires licenciés chez eux, c'est-à-dire le Canada et le Nigeria. Tous les autres pays permettent l'entrée aux navires étrangers, alors nous ne faisons que suivre cette tendance.
Merci, monsieur le président.
:
Merci, monsieur le président.
La section 40 prévoit la dissolution de la Table ronde nationale sur l’environnement et l’économie ainsi que l'abolition de sa loi fondatrice.
Il ne faut pas oublier que la table ronde joue un rôle catalyseur quant à la définition, l'interprétation et la promotion des principes ainsi que de la pratique du développement durable. Entre autres, elle effectue des recherches et recueille des données provenant d'analyses sur des questions d'une importance primordiale concernant le développement durable. En outre, un de ses rôles consiste à conseiller les gouvernements sur la façon d'intégrer la prise en considération de l'environnement et de l'économie dans leur processus décisionnel.
L'objectif de la table ronde est vraiment de maintenir un équilibre entre l'économie, le développement et l'environnement. Dans ce cas-ci, nous savons tous très bien quelle est la position du gouvernement. On abroge et on dissout la Table ronde sur l'environnement et l'économie. Il s'agit d'une attaque directe. En pratique, on dit qu'il n'est pas important d'obtenir des données ou des conseils ni de déterminer quels sont les impacts environnementaux. On opte pour des processus plus idéologiques.
C'est la raison pour laquelle le NPD présente aujourd'hui à la Chambre une motion de l'opposition à ce sujet. C'est précisément pour que les conservateurs cessent de museler les scientifiques et les chercheurs. En mettant de côté toutes les analyses scientifiques, le gouvernement prend des décisions de nature plus idéologique, souvent dirigées par des lobbys. À mon avis, c'est vraiment déplorable. Il n'y a pas grand-chose de plus à dire, à part que la position du gouvernement sur cette question est clairement inacceptable.
Nous avons entendu des fonctionnaires, même de l'autre côté, dire qu'ils allaient discuter avec les groupes environnementaux et écouter ce qu'ils avaient à dire à ce sujet, autrement dit qu'ils iraient chercher de l'information ailleurs. Par contre, on peut voir maintenant que le accuse les groupes environnementaux de faire du blanchiment d'argent et qu'on les traite de radicaux. Hier, plusieurs groupes environnementaux, des organismes de protection des droits de la personne et des milliers d'individus ont fait un boycott. Ils ont voulu démontrer qu'avec le projet de loi , le gouvernement allait trop loin et qu'il brimait le droit d'expression des groupes environnementaux. Dans d'autres sections du budget, on voit que c'est également le cas, entre autres à l'égard des organismes de bienfaisance.
Nous allons donc voter contre cette section.
:
Merci, monsieur le président.
La Table ronde nationale sur l'environnement et l'économie existe depuis 1988. Cet organisme indépendant a été créé dans le but d'exprimer une opinion libre, et pas uniquement pour militer en faveur de l'environnement. Son objectif était explicitement de réunir des opinions dissidentes à une même table, et de créer un endroit où les environnementalistes, le milieu des affaires, le marché du travail, le monde universitaire et toutes sortes d'intervenants différents — dont le point de vue est parfois diamétralement opposé — pourraient débattre d'enjeux dans l'espoir de trouver un terrain d'entente donnant lieu à de meilleures politiques. L'organisme a réussi à se faire entendre et est arrivé non seulement à stimuler la recherche, mais aussi à mettre en avant des solutions durables.
Comme M. Mai vient de le mentionner — pardon, c'était plutôt M. Brison —, certains croient impossible de concilier la création d'emplois et l'environnement, pour une raison ou pour une autre. Or, la stratégie de développement économique de certaines économies étrangères florissantes repose justement sur l'adoption de pratiques durables — c'est le cas de l'Allemagne, un chef de file en matière de technologie écologique. Nous pouvons constater à quel point cette stratégie porte ses fruits puisque le pays exporte aujourd'hui ses produits et ses technologies écologiques.
La Table ronde nationale sur l'environnement et l'économie a déposé plusieurs rapports utiles. Elle s'est beaucoup intéressée aux enjeux liés à l'eau. Elle s'est penchée récemment sur la politique climatique du Canada et des États-Unis, puisque nous voulons comprendre la nature de notre collaboration avec notre plus important partenaire commercial. Elle a également contribué à offrir des solutions durables et des occasions aux entreprises pour leur permettre de grandir dans le respect de l'environnement.
À titre d'organisme indépendant, la table ronde n'a toutefois pas toujours approuvé l'orientation du gouvernement fédéral. Elle l'a critiqué dans certains dossiers et a aussi lancé des avertissements en cas de problèmes. Tout récemment, elle a affirmé au vu de tous que si nous tardons à limiter les émissions de gaz à effet de serre, nous resterons pris avec nos vieilles infrastructures pendant des décennies; elle a ajouté que nous avons besoin de moderniser nos infrastructures et d'opter pour des solutions plus écoénergétiques. La table ronde critique peut-être le gouvernement en lui indiquant la marche à suivre, mais ses commentaires lui sont utiles.
La dissolution de cet organisme est tragique, et c'est un simulacre, selon moi. La table ronde ne dispose pas d'un gros budget, mais elle enrichit considérablement le débat public au Canada. Sa suppression s'inscrit dans la stratégie du gouvernement, qui cherche à supprimer les entités en désaccord avec lui, ou bien à les priver de financement. Le gouvernement semble s'opposer à la science et aux données puisqu'il n'est pas toujours d'accord avec leurs conclusions, et c'est pourquoi il veut les réduire au silence.
Aujourd'hui étant une journée de l'opposition, nous avons discuté d'une motion du NPD sur la question des connaissances scientifiques, qui vise à préserver et à protéger la valeur de l'expertise en sciences naturelles et en sciences sociales. Or, une grande portion du projet de loi omnibus sur le budget et des modifications du gouvernement, qu'il s'agisse de compressions à Bibliothèque et Archives Canada, au Conseil national de recherches, à Statistique Canada, au Conseil national du bien-être social... Il y en a tellement d'exemples.
Je ne peux qu'imaginer à quel point les fonctionnaires fédéraux doivent appréhender les données qu'ils recueillent, de crainte qu'elles ne cadrent pas avec l'orientation du gouvernement. Ce n'est qu'un exemple de plus de cette stratégie paranoïaque. Le gouvernement fédéral trouve de meilleures solutions, car il refuse tout débat et toute discussion.
Nous sommes contre la section. Voilà encore un exemple de dispositions dont le Comité des finances n'aurait jamais dû être saisi. C'est le Comité de l'environnement qui aurait dû les étudier, mais voilà où nous en sommes.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
J'ai utilisé une bonne partie du temps qui m'était alloué lors des rencontres que nous avons eues avec les témoins pour expliquer en grande partie nos réserves par rapport à cette disposition qui ouvre la propriété étrangère aux entreprises de télécommunications, en particulier les entreprises spécialisées dans la téléphonie cellulaire, ayant moins de 10 p. 100 du marché à l'heure actuelle. Nous avons soulevé plusieurs problèmes, pour lesquels nous n'avons pas eu de réponses que nous jugeons adéquates quant à certaines des conséquences potentiellement importantes.
On a souvent parlé des petites entreprises qui ont 3 ou 4 p. 100 du marché. On a dit qu'elles pourraient ultérieurement être acquises par une entreprise extérieure et, d'ici 10 ou 12 ans, atteindre de 12 à 15 p. 100 du marché. Si c'était le cas, si une des entreprises actuelles voyait ses parts de marché passer de 12 à 15 p. 100, on aurait deux entreprises de taille similaire jouant avec deux règles différentes: l'une ayant accès à du capital étranger et l'autre non.
Cela paraît peut-être exagéré. Or on parle non seulement de WIND Mobile ou de Public Mobile, mais également de Vidéotron, potentiellement de Shaw Communications, de MTS et de SAS Telecom. Ces entreprises pourraient éventuellement accroître leur part de marché — particulièrement Vidéotron. Qui plus est, il y a un autre danger. Prenons les cas de Vidéotron et de Shaw Communications, si cette dernière se lance dans le marché de la téléphonie cellulaire puisqu'elle a déjà le spectre pour le faire. Cela va causer de sérieux problèmes aux lois sur la radiodiffusion et sur les télécommunications si ces deux entreprises, qui possèdent deux des quatre plus grands réseaux privés de télévision, sont éventuellement acquises par une entreprise étrangère. Je pense que c'est l'une des raisons pour lesquelles le gouvernement a hésité pendant si longtemps. En effet, il y a eu des consultations entourant cet enjeu pendant plus de deux ans. On ne voit pas nécessairement ces conséquences potentielles. Les gens qui ont témoigné n'y ont pas répondu de façon adéquate.
J'aimerais brièvement parler des risques. Cela a d'ailleurs été souligné dans un document traitant de sécurité publique obtenu grâce à la Loi sur l'accès à l'information. Ce document soulève des enjeux, des risques potentiels pour la sécurité nationale du fait d'ouvrir à la propriété étrangère nos infrastructures cruciales en matière de télécommunications. Compte tenu de l'ensemble de cette décision, incluant les décisions qui ne sont pas dans le projet de loi, mais qui touchent la prochaine mise aux enchères des fréquences qui devrait avoir lieu d'ici à la fin de l'année prochaine, on pense toujours que le gouvernement aurait dû pencher en faveur d'une formule qui aurait réservé des fréquences pour les nouveaux entrants. Si on veut pouvoir améliorer la concurrence, c'est probablement la meilleure manière de faire, plutôt que d'établir un plafond ainsi que l'a fait le gouvernement. C'est pour cette raison qu'on ne pourra pas voter en faveur de l'article 595.
Cependant, en ce qui concerne les articles 596 à 601, qui visent à donner un peu plus de force aux mécanismes empêchant les entreprises de télémarketing de téléphoner à la maison, je ne pense pas qu'il y aura une grande opposition de notre part. En fait, nous jugeons un peu étrange que ce soit dans la même disposition. Nous comprenons que c'est la même loi qui est modifiée. Il reste que cela touche deux enjeux extrêmement différents. Aussi, nous allons voter contre l'article 595.
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Nous en avons discuté tout à l'heure lors de la comparution des fonctionnaires.
Je veux simplement préciser qu'une plainte concernant les droits de la personne est à l'origine des dispositions actuelles de la loi. Le juge avait alors décidé que les femmes faisaient bel et bien l'objet d'une discrimination systémique lorsqu'elles postulaient à des emplois non traditionnels. Je crois qu'il s'agissait alors du CN. C'était difficile à prouver à partir d'un cas isolé, mais en examinant collectivement les données sur l'emploi de la société, on constatait non seulement que les femmes étaient sous-représentées, mais en plus, que des obstacles intentionnels ou non les décourageaient de travailler dans ce genre de secteur.
Je dirais que la situation des femmes s'est grandement améliorée au sein de nombreux milieux de travail. Des femmes se sont même démarquées dans des domaines qui n'ont rien de traditionnel. Mme Glover est un exemple de femme qui a occupé un emploi qui, il y a 10 ou 15 ans, n'était vraiment pas considéré comme étant traditionnel — mais d'après le taux de recrutement, on constate que les femmes sont encore aujourd'hui beaucoup moins nombreuses que les hommes à évoluer dans ce domaine.
La Loi sur l'équité en matière d'emploi avait pour objectif d'obliger les employeurs fédéraux et ceux qui sont liés par contrat au gouvernement fédéral à lever les obstacles systémiques qui entravent l'embauche de femmes, de minorités visibles, de Premières nations et de personnes handicapées. Je comprends que cette modification ne touche pas les employeurs fédéraux, mais elle a une incidence sur le programme de contrats fédéraux. Ainsi, ces employeurs ne seront plus tenus d'intervenir et de soumettre un rapport annuel sur les mesures prises afin de se conformer à la Loi fédérale sur l'équité en matière d'emploi.
Voyons voir qui sont les employeurs touchés. Il pourrait s'agir d'entreprises aérospatiales majeures, de grands constructeurs automobiles, ou de grandes entreprises de télécommunications ou de technologie de l'information. Même si certaines embauchent sans problème des personnes appartenant à ces groupes, je dirais qu'il y a encore du chemin à faire. Certaines se sont bel et bien améliorées, mais elles ne l'auraient peut-être pas fait si elles n'étaient pas tenues de rendre des comptes à ce sujet chaque année.
Même si la situation s'est améliorée pour certains groupes ou certains emplois, la partie est loin d'être gagnée. Ne plus obliger les contractants fédéraux à se conformer à la loi et à rendre des comptes comme c'est le cas aujourd'hui constituerait selon moi un recul sur le plan de la défense des droits de la personne, de l'équité et de la représentation équitable de tous en milieu de travail.
Nous sommes donc contre cette modification.
Eh bien, nous ne sommes pas en faveur de l’article 603.
L’article 604 permet de calculer la rémunération assurable en fonction des meilleures semaines et pas seulement en fonction des semaines totales. Certaines régions enregistreront des pertes à la fin du programme pilote. Si j’ai bien compris le calcul en fonction des meilleures semaines sera au bénéfice des travailleurs de toutes les régions, donc nous appuierons cet article.
Au sujet des articles 605 à 619, sans l’amendement proposé pour l’instant, le gouvernement demande aux Canadiens de tout simplement faire confiance à la ministre. Nous ne pensons que le projet de loi donne suffisamment de détails sur cette question particulière. Il faut encore une fois considérer le Régime de pensions du Canada qui est financé par les primes versées par les employeurs et les travailleurs. L’assurance-emploi est financée exactement de la même façon par les travailleurs canadiens. C’est un programme d’assurance acheté par ces deux groupes lorsque les gens sont dans une situation critique ou en cas de mises à pied.
Dans certains cas, particulièrement dans les provinces de la côte est, il y a beaucoup d’emplois à temps partiel, d’emplois saisonniers et parce qu’il n’y a pas d’autre solution, les travailleurs comptent sur ce que nous appelions l’assurance-chômage et que nous appelons aujourd’hui l’assurance-emploi. Voilà que nous examinons maintenant la possibilité qu’une personne qui quitte un emploi doive accepter une réduction de 30 p. 100 pour occuper un emploi dans un domaine autre que le sien.
Pat Martin, qui est charpentier, était ici un peu plus tôt dans la soirée. Je me souviens du fort ralentissement de la construction en Ontario dans les années 1980. On enregistrait un taux de chômage de prés de 63 p. 100 dans les métiers spécialisés. Et vous êtes en train de dire que les gens devront renoncer à ce à quoi ils se sont habitués.
Vous vous souvenez de l’économiste Andrew Jackson qui a témoigné en comité. Il a dit:
Dans les régions au taux de chômage élevé du Canada atlantique et du Québec, il y a environ dix personnes sans emploi pour chaque poste à doter qui est signalé par des employeurs.
Il a ajouté:
Il nous semble être très loin d’une situation où les emplois attendent des demandeurs parce que des travailleurs sans emploi les refuseraient.
Et c’est ce que le parti ministériel laisse entendre, soit que les travailleurs ne veulent pas travailler.
Il a aussi souligné:
Dans les régions à fort taux de chômage où le niveau salarial est déjà relativement bas… obliger des sous-groupes de travailleurs sans emploi à accepter des réductions salariales considérables pourrait baisser encore plus le niveau salarial.
Je crois que nous ouvrons la porte à la réduction du niveau salarial dans ces régions qui sont déjà durement touchées.
Nous avons donc beaucoup de préoccupations.
Combien de temps me reste-t-il monsieur le président?
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Merci monsieur le président.
Je vais faire une observation générale avant d’énoncer les raisons précises pour lesquelles nous n’appuierons pas l’amendement proposé par le NPD et qui choqueront, j'en suis certaine, les députés néo-démocrates.
Pour nous, il s’agit d’une simple proposition de changements ciblés et logiques visant à renforcer l’efficacité du programme de l’assurance-emploi afin de favoriser la création d’emplois et éliminer la désincitation au travail. L’objectif est d’aider les Canadiens sans emploi et de jumeler rapidement les gens aux emplois.
Je crois qu’il y a beaucoup d’informations erronées au sujet de ce que le projet de loi représente et de ce qu’il ne représente pas.
La ministre de RHDCC a présenté la définition proposée d’un emploi convenable. Cette définition est déterminée par six facteurs: la situation personnelle, les conditions de travail, les heures de travail, le temps de déplacement, le salaire et le type de travail. Ensemble ces facteurs permettront aux Canadiens de chercher et d’accepter des emplois conformes à leurs compétences tout en assurant qu’ils gagneront plus en travaillant qu’en recevant des prestations d’assurance-emploi.
En dépit de certaines informations répandues pour prétendre le contraire, les gens n’auront pas à traverser le pays en voiture pour occuper un emploi à Fort McMurray, même si mon collègue serait ravi qu’ils le fassent. S’ils sont charpentiers, ils n’auront pas à occuper un emploi à un salaire fortement réduit. Je crois que ces facteurs sont vraiment importants. Ces changements vont toucher tous les Canadiens, quel que soit l’endroit où ils travaillent et résident. La participation précédente au marché du travail et le recours à l’assurance-emploi seront pris en compte afin de déterminer le type de travail et le salaire visés dans le contexte de la recherche d’un emploi.
Je dois, encore une fois, dire que cette approche est raisonnable et explique vraiment la nécessité d’adapter les attentes en matière d’emploi.
Les mesures dont je suis vraiment satisfaite et qui seront, à mon avis, bien accueillies par le public, portent sur la communication régulière de renseignements sur les emplois disponibles, plutôt que de les communiquer ponctuellement, et de relier cette information au Programme des travailleurs étrangers temporaires. Si un emploi est offert à dix minutes de chez eux, le savent-ils et ont-ils la possibilité de l’obtenir peut-être avant même que l’employeur ne commence à chercher des postulants ailleurs, dans le cadre du Programme des travailleurs étrangers temporaires?
Je le répète, nous croyons que ces mesures seront des solutions raisonnables, pratiques et logiques qui seront bien accueillies et nous serons heureux évidemment d’appuyer cet article et cette section.
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Ce qui m’a surpris dans ces changements, et dans la réaction à leur égard, c’est que je n’entends pas parler seulement des travailleurs qui, du fait qu’ils travaillent dans des industries saisonnières, perçoivent des prestations saisonnières d’assurance-emploi. J’entends parler des propriétaires d’entreprises dont le souci principal est la capacité de survie de leurs entreprises à ces changements.
J’entends parler de particuliers tels que David Ganong des chocolats Ganong, par exemple, de St. Stephen au Nouveau-Brunswick. J’entends parler de gens du secteur manufacturier et, bien sûr, des industries saisonnières: foresterie, pêches et exploitations agricoles. J’entends parler de l’industrie touristique.
J’ai discuté avec Dennis Campbell, d’Ambassatours, qui m’a dit que dans son entreprise les prestations saisonnières de l’assurance-emploi lui permettent de recruter des personnes bien formées qui reviennent travailler chaque année, qui font partie de l’équipe de professionnels de sa compagnie et qui permettent à cette compagnie d’être concurrentielle. Ces changements auront d’importantes répercussions.
J’entends aussi parler de propriétaires d’entreprises qui disent avoir fait part de leurs préoccupations à la FCEI. Le comité a aussi entendu le témoignage des représentants de la FCEI qui ont rapporté que certains membres de la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante se désolidarisaient de la position prise par la FCEI.
Finalement, nous n’avons pas encore une idée concrète des répercussions sur les gens ni des critères relatifs à la « situation personnelle ». Des collectivités rurales et des régions, comme les provinces Maritimes ou le nord de l’Ontario — des collectivités rurales partout au Canada — luttent pour leur survie.
M. Jean n’est pas d’accord avec moi, mais je représente une circonscription rurale…
M. Brian Jean: Vous avez dit « partout au Canada ».
L'hon. Scott Brison: Je peux vous dire que des collectivités rurales dans beaucoup de régions du Canada luttent pour survivre. Ces dispositions pourraient accélérer le dépeuplement et dans certains cas l’élimination de collectivités rurales dans de nombreuses régions du Canada. Je crois que nous avons tous la responsabilité de prendre en considération les répercussions et je ne pense pas… Encore une fois, on ne nous a pas communiqué les critères particuliers et on ne nous a pas dit qu’elles pourraient être les répercussions.
Au cours des prochaines années, lorsque ces répercussions se feront ressentir, elles créeront une situation politique très différente, éventuellement aussi pour les députés conservateurs qui représentent certaines circonscriptions du Canada atlantique. C’est ce que disent les députés conservateurs lors de conversations discrètes. Ils sont très préoccupés par ces changements et je suppose qu’ils en parlent au caucus conservateur, mais on ne les écoute pas.
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Merci, monsieur le président.
M. Brison, je crois, a parlé de certaines industries auxquelles on s'attaque. Il va y avoir un problème, entre autres au Québec. M. Caron en a parlé un peu plus. Il va y avoir un problème concernant tout ce qui est saisonnier. On est en train de changer une certaine structure et de dire aux gens dont l'emploi est saisonnier que, malgré toute leur formation, ils vont devoir trouver un autre emploi et que dans le cas contraire, ils vont recevoir moins d'argent. Ils vont devoir accepter un emploi à un salaire inférieur. L'impact que ça va avoir est réellement un problème. À ce sujet, on a mentionné certaines industries.
On voit que dans l'ensemble du projet de loi omnibus, il y a vraiment un mouvement vers le bas. On essaie de réduire tout ce qui est salaire. On s'attaque à l'équité salariale. Des témoins nous ont parlé du fait que l'écart entre les riches et les pauvres augmentait. Ce phénomène existait d'ailleurs déjà dans le cadre de plusieurs gouvernements précédents. Ce genre de projet de loi contribue à l'accroissement de cet écart. On peut observer cela directement dans l'industrie. C'est structurel. On s'attaque à des industries qui ont déjà des difficultés et qui doivent avoir recours à l'assurance-emploi. Or on retire maintenant cet outil à ces industries et on force les gens à trouver un autre emploi. M. Jean dit souvent que tout le monde devrait aller dans sa province, mais je pense qu'on oublie parfois le côté concret.
Revenons au manque de transparence du gouvernement. Lorsque le projet de loi a été présenté, nous avons posé des questions, mais nous n'avons pas obtenu de réponses. Maintenant, la ministre nous donne de l'information, mais au compte-gouttes. C'est pourquoi il est très difficile de déterminer exactement quels seront les impacts. Quoi qu'il en soit, nous pouvons déjà voir qu'il va y avoir des impacts négatifs.
Ce qui est inquiétant, concernant le manque de transparence, c'est que nous attendons toujours de l'information, et qu'au moment où l'on va nous en donner, il risque d'être trop tard, étant donné que les décisions auront déjà été prises. Il s'agit encore une fois d'un manque de transparence de la part du gouvernement. Il y a aussi un problème de vision, étant donné qu'on accroît l'écart entre les riches et les pauvres. De plus, on attaque des industries, dans certaines régions du pays. C'est la raison pour laquelle des premiers ministres des provinces de l'Atlantique se sont plaints.
Monsieur le président, j'aimerais parler de certains éléments en particulier, notamment celui de l'emploi convenable ou non convenable. On parle de la définition de ce qui constitue un emploi non convenable. Je fais référence spécifiquement à l'annonce qui a été faite il y a une dizaine de jours par la ministre. Elle définissait alors ce qu'était un emploi convenable. Je pense qu'il est tout à fait pertinent que l'on parle de ces enjeux spécifiques et de l'annonce qui a été faite, compte tenu de ce dont nous discutons présentement.
Je ne parlerai pas très longtemps, car je ne veux pas répéter ce que M. Brison a dit. Comme c'est le cas pour lui, dans mon comté également, les employeurs sont les plus préoccupés présentement. Les employeurs se demandent s'ils n'auront pas à payer pendant deux ou trois mois des employés à ne rien faire pendant la saison morte pour s'assurer de pouvoir conserver leur expertise. C'est très problématique.
J'aimerais aborder deux éléments en particulier.
Le premier est la distance à parcourir, car c'est un des éléments sur lesquels se basera la ministre pour définir si un emploi est convenable. On parle d'une heure de distance. Dans une grande ville avec une banlieue, cela peut paraître raisonnable. Dans ma circonscription, ça veut dire que quelqu'un qui vit à Rimouski et qui est sans emploi pourrait être forcé d'accepter un emploi à Rivière-du-Loup ou à Matane. On parle d'une distance de 80 km, 90 km, 100 km. Cela veut dire que pour pouvoir avoir cet emploi et ne pas perdre ses prestations, quelqu'un devra dépenser de 75 à 80 $ d'essence par semaine pour se rendre à un lieu de travail qui se trouve dans une ville voisine. Je pense que certaines conditions avancées par la ministre sont problématiques.
Un autre élément est problématique. Je pense qu'il a été mentionné que la réforme annoncée va entraîner une baisse des salaires ou alors une tendance à la baisse des salaires. Imaginez quelqu'un qui perd son emploi. Il se verrait forcé, pour ne pas perdre ses prestations, d'accepter un emploi relativement semblable pour un salaire qui représente 70 p. 100 de celui qu'il gagnait auparavant. Si, pour quelque raison que ce soit, il perdait cet emploi, il serait forcé d'accepter un autre emploi qui serait payé 70 p. 100 du 70 p. 100 de son salaire original. Est-ce impossible? Non, c'est fort possible. On peut l'imaginer avec des gens qui ont toutes sortes d'habiletés et de qualifications. En particulier, cela pourrait se voir chez les travailleurs saisonniers.
Est-ce une situation impensable? Le , M. Bernard Valcourt, a lui-même dit sur les ondes d'une radio de Rimouski que cette situation pourrait se produire, selon la logique de la loi. Il a ajouté que c'était la raison pour laquelle il existait une loi sur le salaire minimum. Quand on nous dit que cette mesure vise à régler la question de la pénurie de main-d'oeuvre, je pense que c'est prendre les Québécois et les Canadiens pour des sots.
Il y a une pénurie de main-d'oeuvre dans certaines régions. Cependant, le discours du gouvernement par rapport à celle-ci tient pour acquis le fait qu'il existe une corrélation entre les habiletés que possèdent les gens sans emploi et les postes qui sont disponibles. Je n'ai vu aucune preuve de cela, rien du tout. Le gouvernement n'a même pas fait l'effort de le démontrer.
J'aimerais aborder une dernière question, qui porte sur les changements qui ont été proposés. On élimine des dispositions qui protègent les travailleurs, les chômeurs et aussi, dans un sens, les employeurs. Je parle plus particulièrement de la définition d'un emploi non convenable, qui est à la discrétion de la ministre. Tous ces changements à l'assurance-emploi peuvent être décidés uniquement par la ministre, ou par le Cabinet, sans avoir à passer par le Parlement.
On parle de flexibilité, mais le gouvernement ne met pas un cent dans le programme. Seuls les employeurs et les employés contribuent à l'assurance-emploi et, pourtant, le gouvernement pourra prendre à peu près toutes les décisions possibles sur le régime sans avoir à passer par les députés qui représentent les employeurs et les employés. Nous avons donc de sérieuses réserves face à la manière dont la réforme a été présentée. Il s'agit en premier lieu des modifications et, en deuxième lieu, de la réforme avancée par la ministre qui a été présentée à la sauvette, pour contrer les nombreuses critiques tout à fait valables qui avaient été présentées par l'opposition et le public en général. On n'a pas répondu à leurs préoccupations, on n'a pas répondu aux préoccupations des gens de ma circonscription, qu'ils soient employeurs ou employés. Il y a une réalité rurale qui ne semble pas avoir été comprise par le gouvernement.
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Merci monsieur le président.
Pour moi, ces changements à la Loi sur l’assurance-emploi font vraiment partie de l’approche globale adoptée par le gouvernement et visant à réduire les salaires au Canada. M. Martin a parlé plus tôt de l’effet de l’abrogation de la Loi sur les justes salaires et les heures de travail qui pourrait réduire les salaires offerts dans le secteur de la construction.
Nous avons bien sûr entendu la ministre annoncer à la Chambre le changement au Programme des travailleurs étrangers temporaires qui réduirait le temps dont disposent les employeurs pour chercher des travailleurs canadiens. Puis, ils pourront verser aux travailleurs étrangers temporaires qu'ils recruteront un salaire de 15 p. 100 inférieur. Aucun économiste digne de ce nom croira que de telles mesures ne réduiront pas le niveau salarial au Canada.
Nous avons ensuite les dispositions sur l’assurance-emploi. Elles auront aussi pour effet la réduction des salaires. Le gouvernement voudrait perpétuer le mythe selon lequel les gens ne chercheraient pas à travailler. Dans ma ville, Toronto, moins de 30 p. 100 de travailleurs au chômage sont admissibles aux prestations d’assurance-emploi. Selon Statistique Canada, il y a six personnes au chômage pour chaque offre d’emploi au Canada. On ne peut donc pas dire que les gens ne cherchent pas du travail.
La vérité est qu’il y a une pénurie d’emplois dans notre pays. Et nous n’avons pas encore retrouvé le niveau d’emploi, proportionnellement à la population, que nous avions avant le ralentissement économique de 2008. Le taux de chômage est encore élevé. Donc, au moment même où il y a une pénurie d’emplois et l’incapacité, pour la majorité des sans-emploi, d’être admissibles aux prestations d’assurance-emploi, on réduit la possibilité d’obtenir ces prestations.
Il y a aussi le mythe perpétué par le gouvernement selon lequel les gens ont une accoutumance aux prestations d’assurance-emploi, comme s’il s’agissait d’une toxicomanie. Encore une fois, le fait est que la plupart des gens ne sont même pas admissibles à l’assurance-emploi. Et parmi ceux qui le sont, beaucoup ne le sont que pour une période très limitée. N’oublions pas que le montant maximal des prestations d’assurance-emploi n’est que de 55 p. 100 du précédent salaire du prestataire. Je ne connais pas beaucoup de Canadiens aujourd’hui qui considéreraient qu’ils pourraient mener un grand train de vie avec une réduction de 50 p. 100 de leur chèque de paie. La plupart des gens survivent d’un chèque de paie à l’autre. La dette personnelle a atteint un niveau record. Bien que certains employeurs pourraient juger qu’à court terme la réduction des salaires est un avantage, à long terme ce sera un boulet pour l’économie. Elle réduira le pouvoir d’achat des Canadiens, et cette réduction ralentira à son tour la croissance économique.
Les gens peuvent penser que les changements apportés à l’assurance-emploi ne toucheront que ceux qui perdent leur emploi, mais l’effet de la réduction des salaires touchera tous les Canadiens ou 99 p. 100 des Canadiens. Elle portera atteinte à la capacité des gens de divers secteurs non seulement au niveau des progrès accomplis pour améliorer leurs salaires mais au niveau du maintien de leurs salaires et de leurs prestations qui seront réduits par ces changements à l’assurance-emploi. Nous avons entendu nos collègues, ici, dire que les changements obligeront les gens à accepter beaucoup plus rapidement des emplois pour lesquels ils ne sont pas qualifiés, et ce, à un taux salarial bien plus bas.
Les dispositions actuelles donnent une description de l'emploi convenable et de la recherche d’un emploi. Elles donnent aux gens le temps de s’adapter au chômage afin de pouvoir trouver un autre emploi.
Pour quelle raison un soudeur du Nouveau-Brunswick accepterait-il un emploi temporaire dans le secteur des services alors que peut-être en cherchant un peu plus longtemps et en bénéficiant d’un peu plus de soutien, il pourrait aller en Alberta où il peut y avoir une pénurie de soudeurs et trouver un emploi dans sa profession?
Alors que le gouvernement fait de gros efforts pour accélérer la construction de pipelines, une expansion du secteur énergétique, il semble aussi très commode d’embaucher des gens dans ce secteur à un taux salarial plus bas. Plusieurs députés d’en face se sont plaints non seulement de la pénurie mais aussi du coût des salaires dans ce secteur. Cela pourrait avoir pour effet, particulièrement avec l’abrogation de la Loi sur les justes salaires, de réduire le niveau de vie et les salaires des travailleurs de ce secteur.
Il ne s’agit que de quelques articles de la Loi d’exécution du budget. La ministre n’a pas fourni beaucoup de détails. Des ministres ont donné des détails contradictoires. Ce n’est que suite à énormément de pressions exercées à la Chambre et dans les médias que, durant la semaine de relâche quand le Parlement ne siégeait pas, la ministre s’est sentie obligée de donner plus de détails concernant ces changements. Ce qu’il faut retenir, c’est que le projet de loi donne plus de pouvoir à la ministre pour apporter ultérieurement des changements sans devoir les présenter au Parlement. Cela pourrait signifier que les pressions à la baisse sur les salaires et les pressions sur les travailleurs au chômage pourraient s’accentuer dans les mois et les années à venir.
Nous voterons contre la plupart de ces articles pour les raisons que mes collègues et moi avons soulignées. Ces changements ne devraient pas être un sujet d'inquiétude seulement pour les travailleurs au chômage, ils devraient être une préoccupation pour tous les Canadiens.
Merci.
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Merci, monsieur le président.
Nous en sommes au énième débat sur la question. Je sais que Mme McLeod a très bien expliqué la position du gouvernement.
Je viens de la Saskatchewan, et M. Jean vient de Fort McMurray, en Alberta. Si on examine ce qui se passe, on se rend compte des occasions ratées qui découlent de la pénurie d'employés. C'est une situation qui se répète constamment.
Je vais vous raconter une petite histoire véridique qui s'est passée il y a quelques années. Un employeur de la Saskatchewan s'est rendu en Ontario pour recruter des mécaniciens, et ses employés potentiels lui ont répondu qu'ils attendaient la fin de leurs prestations d'assurance-emploi pour lui donner une réponse.
On revient donc à la question d'équilibre dans des programmes qui encourageront les gens à retourner sur le marché du travail lorsqu'il y a des emplois disponibles, et qui leur fourniront du soutien lorsqu'il n'y en a pas. C'est le but réel de cette mesure. Déformer la vérité ou semer la panique chez les gens en leur disant qu'ils ne pourront plus, tout d'un coup, recevoir de l'assurance-emploi, ou qu'ils devront accepter un emploi qui ne répond pas à leurs besoins... L'opposition a complètement dénaturé la question.
Tout ce que l'on fait, en réalité, c'est recentrer l'assurance-emploi sur son objectif: l'assurance-chômage. On veut s'assurer que les gens accepteront les emplois disponibles, au lieu de rester à la maison pendant 52 ou 42 ou 36 semaines, selon le nombre de semaines correspondant dans leur région. La mesure vise à encourager les gens à retourner sur le marché du travail, parce qu'ainsi, ils créent d'autres emplois, et que cela a un effet d'entraînement.
Comme je l'ai dit, nous avons besoin de travailleurs en Saskatchewan. Nous avons un taux de chômage de 4 p. 100, ce qui veut dire essentiellement que tout le monde travaille. Je sais que pour M. Jean, en Alberta, la situation est très semblable. Nous avons besoin de travailleurs; il n'y a pas de doute à ce sujet.
S'il y a pénurie d'emplois, j'aimerais qu'on me dise où, car ce n'est assurément pas le cas en Saskatchewan. En fait, c'est le contraire, il y a pénurie de travailleurs. Nous travaillons avec le ministre de l'Immigration. Nous examinons toutes sortes de solutions. De l'avis même du premier ministre de la Saskatchewan, en modifiant les règles de l'assurance-emploi, cela contribuera à régler le problème.
C'est un changement qui va dans le bon sens pour le pays tout entier. C'est une nécessité, et il faut aller de l'avant. Je propose donc de passer au vote dès maintenant, monsieur.
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Merci, monsieur le président.
D'entrée de jeu, je tiens à dire que nous sommes contre cela. Nous sommes surpris. La disposition vise à fermer le Conseil national du bien-être. Nous sommes profondément préoccupés de voir le gouvernement faire disparaître les organisations qui fournissent, semble-t-il, l'information de base pour, dans cas-ci, la politique sociale.
Nous sommes préoccupés par le secteur environnemental, où le gouvernement semble s'opposer aux propositions fondées sur des données probantes provenant de scientifiques de divers horizons. Il semble s'opposer, dans d'autres secteurs, à des groupes qui ont produit des études et des données vérifiables et qui s'appuient, eux aussi, sur des données probantes.
Mme Glover reconnaîtra que le modus operandi du gouvernement, ou à tout le moins ce qui est suggéré, est de s'opposer — et cela rappelle le formulaire long du recensement — aux renseignements fournis par des scientifiques de divers milieux.
Nous savons — et je pense que c'est un fait reconnu partout dans le monde et le Canada ne fait pas exception — que les inégalités de revenus sont croissantes. Les manifestations que nous avons vues au cours des 10 ou 12 derniers mois, les mouvements d'occupation aux États-Unis et au Canada, témoignent de la prise de conscience de la société à cet égard. Nous pouvons débattre du bien-fondé de tout cela, mais quelque chose de concret est en train de se passer, et nous devons en comprendre le pourquoi, pour le meilleur ou pour le pire.
À Hamilton, il y a une organisation qui s'appelle le Conseil de la recherche et de la planification sociale. Depuis des années, nous nous appuyons sur les rapports qu'il produit. Nous savons, par exemple, que sur les 500 000 habitants que compte la collectivité, plus 120 000 vivent dans la pauvreté. Si je vous parle de cela, c'est parce que ces données nous servent à planifier l'avenir.
Dans ce contexte, il est très déconcertant de voir que l'on supprime le Conseil national du bien-être.
Je vais m'arrêter ici.
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Merci, monsieur le président.
Le nombre de compressions que le gouvernement fait dans les organisations scientifiques et de recherche est troublant. Évidemment, le Conseil national du bien-être social n'en est qu'une parmi d'autres. Dans son budget, il y a des réductions du financement accordé à Bibliothèque et Archives Canada. Ces réductions sont tout à fait considérables puisqu'elles occasionneront l'élimination d'environ 20 p. 100 de l'effectif et qu'elles compromettront gravement notre capacité de tenir à jour les bibliothèques et les archives. Autre exemple, la Table ronde nationale sur l'environnement et l'économie. Nous voyons d'énormes compressions à Statistique Canada. Nous parlions de l'assurance-emploi il y a quelques minutes. En fait, nous ne pourrons même plus avoir accès à certaines données de l'assurance-emploi. En Ontario, on élimine la région des lacs expérimentaux.
Tout cela s'inscrit dans une tendance troublante. Dans certains cas, il se pourrait que des organismes produisent de l'information et des rapports dont le gouvernement ne veut pas entendre parler. Dans d'autres, je me demande si on se rend compte de la valeur de ces institutions.
Le Conseil national du bien-être social a été créé en 1962 pour faire de la recherche et fournir de l'information sur la pauvreté au Canada. C'est la seule source d'information pancanadienne sur les revenus du bien-être social et elle constitue un outil précieux pour comprendre et comparer le bien-être social entre les provinces et les pays. Le conseil effectue en outre une recherche unique sur divers aspects de la pauvreté touchant notamment les Premières nations, les Inuits et les Métis, aspects fondamentaux de toute stratégie fructueuse de lutte contre la pauvreté. Tout dernièrement, il a comparé le coût de l'éradication de la pauvreté à celui qu'entraînerait le statu quo. On entend beaucoup parler aujourd'hui des déterminants sociaux de la santé et des répercussions des inégalités sur la santé, non pas seulement pour ceux qui sont en bas de l'échelle salariale, mais pour tout le monde, ainsi que les conséquences des inégalités au plan social. Le Conseil national du bien-être social était le seul organisme canadien ayant pour mandat de conseiller la sur la pauvreté.
L'une des graves inquiétudes des Canadiens est aujourd'hui la croissance des inégalités ou l'augmentation de la pauvreté. Par le mouvement des indignés, les jeunes manifestent leurs inquiétudes au sujet non seulement des inégalités croissantes, mais aussi de la diminution des possibilités et de la difficulté d'entrer sur le marché du travail, surtout si l'on songe qu'ils sont deux fois plus touchés par le chômage et que le coût des études postsecondaires augmente de façon exponentielle. Nous avons aussi parlé de l'érosion des prestations de sécurité de la vieillesse et du gouffre qui s'agrandit entre les générations.
Le Conseil national du bien-être social est plus important aujourd'hui que jamais. C'est un organisme important — le seul à conseiller la ministre des Ressources humaines et du Développement des compétences sur la pauvreté. Contrairement à certaines provinces ou à d'autres pays, le Canada n'a pas de stratégie de réduction ou d'éradication de la pauvreté. Ceux qui ont grandi au Canada voient la cohésion d'une société qui est plus ou moins égalitaire…
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Merci, monsieur le président.
J'aimerais pouvoir dire que je suis heureuse d'être ici, mais vraiment, quand je regarde l'heure qu'il est, 22 h 25, je suis sûre que nous pensons tous aux mille choses que nous pourrions faire au lieu d'être ici.
Je trouve cela très inquiétant d'être ici à cette heure tardive pour discuter d'un sujet aussi fondamental et critique; un sujet sur l'immigration qui, pour quelque raison bizarre, est noyé dans un budget, un budget si vaste qu'il est difficile d'imaginer tout ce qu'il contient.
Mais ce qui est encore plus inquiétant, c'est que ce sujet n'a jamais été débattu au comité de l'immigration. Nous n'en avons pas été saisi. Nous avons fait tout ce que nous avons pu, mais en vain, pour le faire enlever de ce rapport de façon à pouvoir le transmettre au comité concerné et en débattre de façon informée.
Ce dont nous parlons ici, monsieur le président, ce ne sont pas de simples chiffres. Nous parlons de l'élimination de 300 candidatures, qui touche non seulement ces personnes, mais aussi leur famille, qui attendaient patiemment leur tour. Nous parlons en fait de 300 familles. Je veux que vous vous imaginiez combien de gens cela touche, et nous sommes ici à 22 h 25, à la fin d'un très long processus, et je ne suis pas sûre que nous puissions leur rendre justice.
Ces gens ont respecté les règles. Et ces règles, ce sont nous qui les avons faites, pas eux. J'ai souvent entendu le ministre — je veux parler de Jason Kenney — dire que ce serait des resquilleurs qui abusent de notre système d'immigration. Or nous punissons des gens qui attendent leur tour et qui respectent les règles. Cela ne nous ressemble tout simplement pas.
J'ai reçu ce matin un courriel d'un requérant de Hong Kong qui me demandait ce qui arrivait du Canada compatissant dont il avait tellement entendu parler. Il avait fait sa demande d'immigration au Canada plutôt qu'aux États-Unis et maintenant, après cinq ans, on lui dit que tout est arrêté qu'il ne peut pas entrer. Il pense qu'il aurait pu faire sa demande cinq ans plus tôt aux États-Unis, où il serait aujourd'hui installé, en s'évitant ainsi ces pénibles moments.
Cela me fait penser à la réputation du Canada qui est désormais ternie dans le monde, que ce soit à Manille, où il y a eu des manifestations, à Hong Kong, en Inde ou en Chine. Ce que les gens de ces pays nous disent et ce que disent les gens de ma circonscription et du Canada tout entier est que ce n'est pas comme cela qu'il faut agir. Ce n'est tout simplement pas juste.
À propos, monsieur le président, il y a quelques années, le comité avait fait faire une étude sur le sujet de l'arriéré et je puis vous assurer que personne n'avait recommandé de tout arrêter. En fait, le rapport est on ne peut plus clair. Il proposait diverses solutions pour éliminer l'arriéré et recommandait trois grandes options, dont aucune ne proposait de tout arrêter. Toujours selon ce rapport, la plupart des témoins reconnaissaient l'obligation juridique qu'avait le gouvernement de traiter toutes les demandes en cours.
Nous voilà en train de débattre d'un budget qui va toucher les vies de 300 familles qui attendaient patiemment dans la queue où nous les avions placées, qui attendaient leur tour d'entrer au Canada. Et nous changeons les règles.
Je vous le dis, j'ai entendu des histoires de familles qui, une fois dans la liste d'attente, avaient fait des plans en sachant qu'elles viendraient au Canada. Une famille, par exemple, a vendu tous ses biens afin de prendre des cours d'anglais et d'inscrire leur fils dans une école en Chine pour qu'il puisse plus facilement s'intégrer à leur arrivée. Au Pendjab, une famille a vendu sa terre qu'elle ne peut plus racheter aujourd'hui à cause de l'augmentation du coût de la vie.
Quand je vois tout cela, je me demande ce qui est arrivé à notre sens de la justice. Le comité qui a déjà étudié la question a déclaré que même dans le cas des instructions ministérielles destinées à alléger l'arriéré, le souci de justice devait primer. Selon cette étude, il n'était pas question de mettre fin aux demandes de gens qui attendaient patiemment leur tour. Cette étude reconnaissait qu'on ne pouvait pas aller jusque-là, et voilà ou nous en sommes.
En fait, dans le rapport, le comité a loué le travail du ministère afin de réduire l'arriéré jusqu'à présent, notamment la réduction de moitié de l'arriéré qui s’est formé avant février 2008 en ce qui concerne les demandes de travailleurs qualifiés du volet fédéral et ce, deux ans avant le délai fixé. C'est à la page 14, au cas où certains d'entre vous tiennent à le lire ce soir comme lecture de chevet. Toujours selon le rapport, le Plan d'action pour accélérer l'immigration marque un tournant dans l’arriéré des demandes d’immigration ainsi que sa réduction. C'est à la page 25. Alors, pourquoi le ministre ferait-il une telle compression injuste dans pareilles circonstances?
Malgré les conclusions du rapport et la pluie de félicitations pour la réduction, voici qu’on sort le couperet et on choisit une date très arbitraire: 2008. Certains des autres professionnels et travailleurs qualifiés qui attendent de venir au Canada se disent peut-être: « L’année en question, c'est 2008. Nous avons présenté notre demande en 2010. Qui sait si, d’ici un an, on décidera d’éliminer les dossiers de ceux qui ont présenté une demande avant 2011? »
Que faisons-nous pour le bassin de personnes que nous espérons attirer au Canada à l'avenir? Quelle image du Canada projetons-nous dans monde lorsque nous traitons des gens avec tant de mépris?
L’édification de notre pays s’est faite grâce à l'immigration. Je suis moi-même une immigrante de première génération. J'ai choisi de m’installer au Canada. J'ai fait une demande pour un emploi en enseignement. Je suis venue ici. Je pensais que ce serait pour un an ou deux, mais je suis toujours ici.
J'aime mon pays, mais à voir les types de changements qui s’annoncent et la façon dont on commence à traiter les nouveaux arrivants, actuels ou éventuels, avec si peu d'égard et de respect, je pense vraiment que beaucoup de travailleurs qualifiés se mettront à se demander si le Canada est bel et bien un pays équitable, compatissant et inclusif, où ils veulent élever leurs enfants et participer à l’édification d'une nation.
Je sais que c'est très facile pour ceux d'entre nous qui vivent au Canada maintenant. Nous pensons: « Eh bien, ils ne sont pas ici. Ils ne sont pas Canadiens. Ils n'ont pas de droits. » Le Canada n'a jamais adopté une telle approche dans ses relations internationales ou sa façon de traiter les gens d'autres pays. Il y a eu récemment le projet de loi et, maintenant, nous sommes saisis d'une mesure législative qui est enfouie dans un budget et qui fait l'objet d'un débat à la dernière minute de sorte que nous soyons contraints d'y consacrer très peu de peu, sans aucune analyse appropriée des répercussions. Nous sommes donc ici, à cette heure tardive, à réfléchir — ou plutôt à ne pas réfléchir — aux répercussions que cette mesure aura sur les familles.
Il y a un autre cas dont j’aimerais vous parler. Il s’agit d’une famille en Chine, où l'on trouve, comme vous savez, la politique de l'enfant unique. En apprenant qu'ils étaient sur la liste d'attente et qu'ils allaient bientôt pouvoir venir au Canada, ces gens ont vendu leur appartement. Ce n'était pas une maison, mais c'était leur domicile. Ils ont envoyé leur enfant ici pour qu’il fasse ses études parce qu'ils ont pensé que cela faciliterait l’assimilation et la transition. Les parents, des professionnels, ont suivi des cours d'anglais et appris le plus de choses possible sur le Canada. D’après ce qu’ils écrivent, je suis sûr qu'ils en savent maintenant beaucoup plus sur le Canada que moi lorsque je suis arrivé ici pour la première fois.
Pour ces gens, ce n'est pas seulement que nous éliminons leur dossier. Nous détruisons en fait leurs rêves, leurs espoirs et leurs aspirations: élire domicile au Canada. Mettez-vous à leur place et imaginez comment vous vous sentiriez si cela vous arrivait. Ne vous sentiriez-vous pas trahis?
En examinant cette mesure législative, j'entends constamment parler de faux demandeurs et de resquilleurs. Il y a une semaine ou deux, la Chambre et le comité où je siège étaient inondés de discours creux sur les resquilleurs.
Je me dis sans cesse qu'il y a des êtres humains — des gens ordinaires — dans d'autres pays qui voulaient venir au Canada, comme moi. Ils voulaient venir ici pour s’y établir. Nous avons examiné leurs demandes et nous leur avons dit: « Parfait. Bien joué. Nous allons vous mettre sur une liste d'attente. Nous n'admettons qu'un nombre limite de nouveaux arrivants chaque année.»
Tout d’abord, nous n'étions pas obligés d’avoir cet arriéré; nous aurions pu en venir à bout de façon plus énergique. Et voici que, tout à coup, nous disons à ces gens: « Vous savez quoi? Nous avons changé d'avis. Si vous avez une demande avant 2008, votre dossier sera supprimé. Nous allons vous rendre votre argent. »
On peut fort bien leur envoyer un chèque pour les frais de traitement, mais quel chèque leur donnera-t-on pour leurs espoirs et leurs rêves? Comment va-t-on s’y prendre? Comment va-t-on dissiper le sentiment de trahison absolue qu'ils ressentent actuellement de la part des Canadiens — de la population canadienne dans son ensemble?
Je sais que l'opposition s'est très fermement opposée à ces mesures, et nous continuerons à le faire. En même temps, je pense aux conversations que ces familles doivent tenir et au fardeau qui pèse sur leurs épaules à cause de nous.
Je me demande parfois comment certaines personnes — pas de ce côté-ci de la Chambre, mais certainement de l'autre côté — parviennent à dormir le soir, sachant qu'ils brisent les rêves et les aspirations de gens à qui nous avons donné de l'espoir. Nous leur avons faire croire qu’ils pourraient réaliser leurs aspirations. Nous avons accepté leurs demandes et nous les avons fait attendre.
Il faut aussi mentionner que, depuis l’arrivée au pouvoir des conservateurs en 2006, l'arriéré s’est en fait accru, et je dirais que cela s’est fait délibérément. Si on avait réellement l’intention réelle de régler le problème, on aurait trouvé des solutions. Le comité en avait d’ailleurs proposé quelques-unes. Au lieu de cela, on a laissé l'arriéré prendre de l'ampleur, si bien qu’on se retrouve maintenant devant une mesure législative enfouie dans un budget de plus de 400 pages... En l'occurrence, j’ignore en quoi le budget se rapporte à l'immigration.
En tout cas, voilà où nous en sommes. Cette mesure législative est enfouie dans un budget, et nous allons appuyer sur le bouton « effacer ». Cela aura une incidence sur plus de 300 000 familles, et je ne parle pas de personnes. Pensez seulement à l'impact qu'une telle mesure aura, non seulement sur la famille immédiate, mais aussi sur tous les membres de la famille élargie. Bon nombre de ces gens ont des proches qui vivent ici, et ils n'aiment pas l’orientation que le Canada s’apprête à prendre.
Merci.
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Merci, monsieur le président.
Ce soir, au Comité des finances, après avoir débattu des quotas de pêche, du SCRS et d’une foule d’autres mesures, nous discutons maintenant du programme fédéral des travailleurs qualifiés. J'ai trouvé très intéressant d'entendre ma collègue dire, il y a quelques minutes, que ces changements précis n'ont pas été débattus ou renvoyés au Comité de l'immigration; pourtant, c'est le Comité des finances qui en est saisi. Je trouve cela très étrange parce que, selon moi, pour qu’il y ait un débat adéquat, les porte-parole en matière d'immigration des divers partis auraient dû avoir l'occasion d'examiner cette mesure législative, d'en débattre et d’entendre les témoins appropriés. Ainsi, il y aurait eu un examen approfondi de ce changement.
La députée a dit qu’on a déjà mené une étude pour déterminer comment s’attaquer à l’arriéré, mais on ne trouve aucune recommandation sur l’idée d'appuyer sur le bouton « effacer » et de se débarrasser des dossiers de près de 300 000 personnes en vue d’éliminer l'arriéré. Ces changements visent à supprimer toutes les demandes faites avant le 27 février 2008 dans le cadre du programme fédéral des travailleurs qualifiés.
Je dois dire que si je faisais la queue et que j’attendais mon tour d’être servie, que ce soit à l'épicerie, à l’aéroport ou dans le métro, je trouverais inacceptable qu'on vienne me dire tout à coup qu’on ne va plus me servir, mais qu’on va servir quelqu'un qui est venu après moi. C’est le cas de ces gens qui, après avoir attendu pendant quatre ans, se font dire de laisser tomber parce qu’on ne va plus considérer leur dossier; pourtant, quelqu'un qui a fait sa demande après eux sera toujours admissible et aura l’occasion d’être accepté.
Nous entendons le ministre parler des resquilleurs. Eh bien, justement, cette mesure favorise le resquillage, puisque les gens qui font une demande plus tard seront acceptés plus tôt. Cela n'a pas de bon sens. Je trouve que cela constitue vraiment une promesse rompue à l’endroit des gens qui ont payé de l’argent en toute bonne foi, qui ont investi temps et énergie, qui ont fait des plans et qui ont concentré leurs efforts pour essayer de venir au Canada parce qu'on essayait de les recruter.
Dans le cadre du programme fédéral des travailleurs qualifiés, nous essayons de faire venir au Canada des gens qui ont les compétences dont nous avons besoin dans l'économie canadienne. Faire attendre ces gens pendant tout ce temps, pour ensuite leur dire, après coup, que toutes leurs demandes seront éliminées, voilà qui semble être une trahison incroyable à leur égard.
J'ai entendu mes collègues dire que cette situation crée des difficultés pour nous à l'échelle internationale et que notre réputation est ternie parce que les gens ont l'impression que le Canada n'est peut-être pas un pays où il fait bon vivre s'ils ne peuvent pas compter sur le processus et l'application de règles claires lorsqu’ils présentent une demande et s’ils ne peuvent pas s’attendre raisonnablement — s'ils sont mis dans une file d'attente — à ce que leur tour arrive un jour. C’est aussi, me semble-t-il, un virage radical par rapport à notre politique, et c'est difficile pour les gens quand les règles changent en cours de route.
Nous avons parlé tout à l'heure des réalités démographiques du Canada. Les données révèlent que notre population est en train de vieillir; ce n'est pas à un rythme aussi rapide que dans d’autres pays, mais il reste que notre population est vieillissante. Le fait de se doter d’un programme d'immigration efficace grâce aulequel on fait venir de jeunes immigrants qualifiés au Canada en vue d’assurer notre développement économique et social est une mesure positive pour le Canada. En fait, nous livrons concurrence à des pays partout dans le monde pour attirer des immigrants qualifiés. Maintenant, je sais que nous avons une longue liste d'immigrants, mais de là à changer les règles à mi-chemin et dire que les gens qui ont attendu tout ce temps ne pourront jamais venir ici — il n'y a aucune lueur d'espoir —, voilà qui est, me semble-t-il, une vraie trahison et une politique déroutante.
En terminant, j'aimerais répondre à la préoccupation de ma collègue. Elle a dit qu'il ne semblait pas y avoir de cohérence dans l'approche du NPD par rapport à la politique en matière d'immigration.
Notre critique en matière d'immigration est venue brièvement au comité, pendant la très courte période que nous avons consacré à discuter de changements si importants, et elle a abondamment parlé de l'élimination des demandes de 300 000 demandeurs qui souhaitent venir au Canada dans le cadre du programme fédéral des travailleurs qualifiés. Cependant, je crois que ma collègue faisait peut-être référence aux préoccupations exprimées antérieurement par un collègue au sujet de l'élimination du programme sur les justes salaires qui, combiné au programme des travailleurs étrangers temporaires, pourrait entraîner des problèmes au chapitre de la compétitivité en raison de la pression à la baisse exercée sur les salaires au Canada; c'est lié à la question de savoir si les gens accueillis au Canada dans le cadre du programme des travailleurs étrangers temporaires entraînent une baisse des salaires dans le secteur de la construction au Canada. Je pense que c'est là qu'il y a eu confusion. Donc, je tenais simplement à le préciser, parce que notre critique en matière d'immigration et notre parti ont fait preuve d'une très grande cohérence et d'une très grande clarté en ce qui concerne notre position sur le programme fédéral des travailleurs qualifiés.
Je tiens simplement à dire que tandis que le programme des travailleurs étrangers temporaires a comblé un besoin, on a tendance à considérer que les gens qui viennent ici dans le cadre de ce programme travaillent dans le secteur de l'agriculture. Or, de plus en plus, les travailleurs étrangers temporaires se retrouvent dans les secteurs de la vente au détail, des services, de la fabrication et dans tous les secteurs de la société, et il y a des gens qui sont préoccupés par le fait que les travailleurs étrangers temporaires en Europe ont sans doute créé des collectivités balkanisées, de sorte qu'ils ne peuvent être intégrés dans la société en général. Certains pensent que si des gens viennent ici sans avoir de compétences précises — comme l'ont fait mes grands-parents —, mais qu'ils sont assez qualifiés pour travailler dans des usines, des projets de pipeline, le secteur des soins de santé et le secteur des services, ils devraient pouvoir devenir résidents permanents, faire venir leur famille et mener une vie plus normale.
Quant au programme des travailleurs étrangers temporaires, c'est une tout autre question. Nous en avons discuté quelque peu ici, au comité des finances. Cependant, au comité des finances, nous discutons actuellement du programme fédéral des travailleurs qualifiés, et nous avons fait preuve de cohérence en ce qui a trait à ces deux éléments de la politique en matière de migration.
Merci.
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Lorsque nous avons commencé à en parler, nous ne connaissions pas l'incidence que cela avait à l'étranger, et j'ai lu qu'il y a des protestations à Hong Kong, en Chine, et vous avez mentionné l'Inde. Donc, il y a...
De toute évidence, le Canada est un pays formidable. J'ai eu la chance de naître ici. Mes parents sont des immigrants. Or, nos actions ont des répercussions énormes à l'étranger. Lorsque j'étais avocat auprès de sociétés, j'ai travaillé à Hong Kong et beaucoup de gens de cet endroit sont venus au Canada et habitent dans ma circonscription.
Ils avaient entendu parler du Canada. Ils avaient espoir, et j'ai eu des témoignages. Je n'entrerai pas trop dans les détails, parce que Jinny a parlé de certaines histoires déchirantes, mais le Canada était considéré comme un pays où le droit est important et où l'on croit à l'ensemble du processus; donc, les gens ont présenté une demande.
Nous avons parlé de l'arriéré. Certaines des demandes remontent à 2003, ce qui signifie que ces gens ont mis leur vie en attente en pensant qu'ils viendraient ici. Or, pour une raison ou une autre, il a été décidé que le Canada n'avait pas besoin d'eux. Le gouvernement a parlé de besoins; il a indiqué aux gens qu'il n'avait pas besoin d'eux, mais plutôt d'autres sortes d'immigrants et qu'en conséquence, leur demande n'a plus aucune importance.
Nous avons parlé d'équité. Je ne crois pas que ceci soit juste. Sérieusement, je pense que si quelqu'un a présenté une demande... Nous devons trouver des solutions, mais à mon avis, il est insensé d'éliminer l'arriéré d'un seul coup. Je pense que les fonctionnaires ont mentionné un montant de 130 millions de dollars en frais pour les demandes, mais lorsqu'on cherche à savoir ce que l'on fera des intérêts... Pour les gens qui habitent en Chine, les frais de demande représentent un montant assez élevé. Donc, ils auraient pu faire beaucoup de choses avec ce montant. Il pourrait l'utiliser. Nous ne remboursons pas les intérêts; nous ne leur redonnons pas les occasions perdues; nous ne remboursons pas...
Ma question s'adresse aux fonctionnaires, puisqu'ils sont ici et qu'ils ont eu la patience d'attendre. Je sais que vous avez étudié les questions relatives aux litiges. Y a-t-il eu une quelconque évaluation des coûts des litiges si nous devions verser une indemnité?
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Nous avons des préoccupations, et nous avons exprimé certaines d’entre elles. Nous avons entendu les témoins dire que cette décision aurait un effet négatif sur la réputation du Canada à l’échelle internationale. Mais, de manière plus générale, nous avons également entendu quelques histoires d’immigration positives, en particulier au Manitoba, où le gouvernement a adopté une approche plus ouverte. Leur plafond en matière d’immigration est beaucoup plus élevé que celui des autres provinces. Nous avons besoin que davantage de gens immigrent au Canada et fassent leur vie ici. Voilà la réalité, en particulier dans les régions comme la mienne où la population vieillit et décline. Je m’inquiète à propos de certains des changements qui seront apportés et des répercussions qu’ils auront sur notre capacité ou sur l’image du Canada.
De plus, je me préoccupe également de certains des messages qui émanent du gouvernement. Lorsque la ministre Finley a visité Halifax il y a quelques semaines, la manchette du journal indiquait ce qui suit: « L’immigration n’est pas la solution aux postes vacants ». Elle a dit qu’au lieu d’avoir recours aux immigrants, nous devrions embaucher des gens de la Nouvelle-Écosse. En réalité, rien n’indique que les immigrants volent les emplois à notre population. En fait, dans bien des cas, les immigrants créent des emplois pour eux-mêmes et pour des Canadiens qui vivent ici depuis longtemps. Voilà l’exemple que donne le Manitoba. En fait, depuis le début de la mise en oeuvre du programme dans cette province, l’immigration massive a fait régresser les taux de chômage.
Je vais utiliser un exemple de plus. Une partie de notre travail de politicien consiste à instruire les gens, à les faire changer d’avis. Dans certaines parties du pays, on a la conviction que les immigrants volent les emplois aux Canadiens et font grimper les taux de chômage. Ce n’est pas ce que confirment les faits. Il y a quelques années une enquête a été menée en Nouvelle-Écosse qui posait aux citoyens la question suivante: « Appuieriez-vous des programmes visant à attirer et à retenir des nouveaux Canadiens en Nouvelle-Écosse? » Soixante-cinq pour cent des Néo-Écossais ont répondu non. Je ne partage pas cette opinion. Toutefois, Edmund Burke a déclaré qu’un député ne devait pas offrir simplement son travail à ses électeurs, mais aussi son jugement et qu’en remplaçant ce dernier par leurs opinions, il ne rendait pas service à ses électeurs. Des deux côtés de la Chambre, quel que soit notre parti, nous avons la responsabilité de modifier l’opinion des gens, de ne pas soutenir des points de vue négatifs concernant l’immigration et, en fait, de travailler ensemble pour en faire davantage à cet égard.
Je suis préoccupé par certains des messages communiqués par le gouvernement qui donnent l’impression que des escrocs exercent d’énormes pressions sur le système d’immigration canadien. Nous devons surveiller nos paroles. Y a-t-il des gens qui abusent du système? Tout à fait. Devons-nous adopter une approche ferme à leur égard? Oui, mais nous devons faire attention de ne pas alimenter ou favoriser une attitude négative ou des préjugés à l’égard de l’immigration et des immigrants qui ne cadrent pas avec le dynamisme économique qu’engendrent les nouveaux Canadiens.
Je suis préoccupé par cette décision mais, d’une manière plus générale, j’aimerais que toutes les provinces du Canada imitent le Manitoba. J’aimerais que nous accueillions beaucoup plus d’immigrants que nous le faisons en ce moment. Il est important que nous le fassions pour notre pays.
En tant que président, je tiens à aborder deux ou trois points. Les gens soulèvent quelques questions légitimes. Ils demandent en partie pourquoi ces dispositions se trouvent dans une loi d’exécution du budget.
À titre de renseignement, je renvoie simplement les députés aux pages 174 à 177 du budget même, qui traitent de ces articles précis. En particulier, les députés devraient peut-être lire l’information sous la rubrique « Remboursement des frais du programme fédéral des travailleurs qualifiés », à la page 177. Pour leur gouverne, je vais en lire un petit extrait.
Le gouvernement reconnaît le problème posé par l’arriéré du [programme fédéral des travailleurs qualifiés]… depuis plusieurs années et il a pris des mesures pour l’éliminer, grâce au Plan d’action pour accélérer l’immigration de 2008. Avant le lancement du Plan d’action, l’arriéré dépassait les 640 000 demandes, et le temps d’attente pour nombre des demandeurs pouvait atteindre sept ans. Grâce aux mesures judicieuses instaurées dans le Plan d’action, cet arriéré a été ramené à moins de 300 000 dossiers depuis 2008, soit une réduction de plus de 50 p. 100. En moyenne, le temps d’attente des nouveaux demandeurs se rapproche de 18 mois et, dans le cas de certains demandeurs, il n’est que de 6 à 12 mois.
J’aimerais féliciter nos fonctionnaires pour le travail qu’ils ont accompli à cet égard.
Une voix: Bravo!
Le président: j’ai hésité à faire de nombreuses déclarations à propos des politiques mais, en tant que député en poste depuis 12 ans, j’ai vu des milliers de dossiers d’immigration, et je félicite le ministère et la ministre d’avoir pris cette mesure qui est nécessaire pour passer à un système d’immigration plus rapide et plus souple. Je tiens simplement à faire connaître très brièvement mon point de vue, pour le compte rendu.
Des voix: Bravo!
Le président: Je pense que ces arguments étaient pertinents, mais j’ai apprécié le débat, car il était très animé.
Avant de passer aux amendements du NPD qui concernent l’article 707, je vais m’occuper des articles 700 à 706.
Mme Peggy Nash: Pouvons-nous les mettre aux voix séparément?
Le président: Oui, nous pouvons les mettre aux voix séparément.
(L’article 700 est adopté.)
(L’article 701 est adopté avec dissidence.)
(L’article 702 est adopté avec dissidence.)
(L’article 703 est adopté.)
(L’article 704 est adopté.)
(L’article 705 est adopté avec dissidence.)
(L’article 706 est adopté avec dissidence.)
Le président: Donc, nous en sommes à l’article 707.
Il y a quatre amendements du NPD, et ils sont recevables. Le problème, c’est qu’ils semblent tous être d’un genre semblable. J’ignore si le NPD souhaite présenter un seul d’entre eux, ou deux d’entre eux…
Je ne sais pas si les députés les ont devant eux. Il s’agit des amendements NDP-48, NDP-49, NDP-50 et NDP-51.
Par ailleurs, nous pourrions les proposer tous.
En dépit des avis éclairés du greffier législatif, je vais autoriser les membres du comité à voter simultanément sur tous les amendements. Je vous informe qu’il m’a conseillé à ce sujet, mais je vais le faire quand même simplement pour gagner du temps.
Donc, je vais demander à quelqu’un de proposer les amendements NDP-48, NDP-49, NDP-50 et NDP-51.
Madame Sims, les proposez-vous tous?
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Lorsque l'on entend ce titre abrégé, lorsque l'on entend « soutien de la croissance de l'économie et de l'emploi », on pourrait se dire que si c'était vrai, si cette loi donnait les résultats escomptés, ce serait bien. Cependant, ce projet de loi soulève des questions de taille. Les députés de mon parti ont dit et répété que la portée du projet de loi va bien au-delà des mesures fiscales et pécuniaires. Il apporte des modifications importantes à des dizaines de secteurs de dépenses, dont l'environnement, les ressources naturelles et les ressources humaines. C'est questions n'auraient pas du être abordées dans le contexte d'un comité des finances.
Nous avons été clairs. On n'aurait pas dû nous demander de voter sur un projet de loi qui donne au Cabinet le pouvoir de faire des changements réglementaires de grande envergure comme ceux que nous avons vus dans le document à l'étude. Il fait 400 pages. Oui, nous avons mentionné à plus d'une reprise qu'il y avait eu des projets de loi plus volumineux, mais pas aussi exhaustifs que celui-ci.
Je veux que tous ceux qui nous regardent à la télévision — et à cette heure-ci, je suis certain que des milliers de personnes le font...
Des voix: Oh, oh!
Une voix: Des insomniaques.
M. Wayne Marston: C'est du grand. Mais j'aimerais seulement rappeler aux gens qu'un autre projet de loi sera déposé à l'automne. Si vous combinez ces deux projets de loi dans le contexte de ce qu'ils essaient de faire...
Alors qu'y a-t-il dans ce projet de loi qui nous fasse remettre en question son titre abrégé? Premièrement, la refonte environnementale n'a pas sa place dans un projet de loi d'exécution du budget. Le gouvernement veut un système d'évaluation environnementale qui consiste à mener un seul examen par projet. Il abroge donc la Loi canadienne sur l'évaluation environnementale pour la remplacer par la Loi canadienne sur l'évaluation environnementale de 2012. Ce type de décision n'appartient pas à notre comité.
Oui, le président et les autres nous ont donné un sous-comité pour l'étudier, mais elle n'avait pas sa place ici. Elle fixe des délais pour l'achèvement des examens, et le ministre aura le pouvoir de stopper une commission d'examen s'il pense qu'elle ne finira pas à temps. Comment pouvez-vous dire que cela se rapporte à un projet de loi d'exécution du budget? Les types de décisions — ce type de décision en particulier —, la diligence raisonnable fournie par des experts polyvalents issus du secteur de l'environnement... Cela n'a rien à voir avec le soutien de la croissance de l'économie et de l'emploi. Cela n'en fait pas partie. Cela se rapporte à notre environnement.
Pour ce qui est de la diligence raisonnable, encore une fois, s'agissant de la réforme de l'assurance-emploi, la définition de ce qui constitue un emploi convenable a porté à controverse. Ce n'est pas une question pour le comité des finances, mais pour le comité des ressources humaines, c'est évident, car il devra se débattre avec elle. Donc, je le répète, c'est une des raisons pour lesquelles nous ne sommes pas satisfaits du titre abrégé. Et le budget ne donne aucun détail concernant les critères qui seront utilisés pour définir ce terme en particulier.
Et est-ce qu'une décision concernant le retrait de la fonction de surveillance du vérificateur général a bien sa raison d'être ici? Le vérificateur général ne sera plus tenu de procéder à des vérifications annuelles, comme nous l'avons vu ici, dans 12 organismes, dont le Conseil de recherches en sciences humaines, le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie et l'Administration du pipe-line du Nord. En quoi cela se rapporte-t-il au présent projet de loi? Qu'est-ce que cela a à voir avec le titre proposé par le gouvernement? Rien du tout.
Chez nous, on appelle cela laisser au renard la garde du poulailler. On laisse des personnes prendre des décisions sans examen adéquat. Qu'est-ce que cela a à voir avec le soutien de la croissance de l'économie et de l'emploi? Tout ce que cela nous montre c'est que, une fois que ces organismes auront été écartés, des ministres seront investis de pouvoirs consolidés dans une mesure jamais vue auparavant. Nous pouvons nous demander si c'est le vérificateur général qui a pris cette décision et y a donné suite ou si ce sont les ministres qui l'on fait.
Nous avons eu vent de l'arriéré dans le dossier de l'immigration et nous avons entendu les récits que nous a racontés la députée de quand elle s'est jointe à nous. Dans son comité, elle aurait pu présenter des arguments convaincants contre le projet de loi.
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Merci, monsieur le président.
Je m'en tiendrai à la motion et aux cinq minutes qui me sont allouées. Je vous en remercie.
Je veux commencer par dire que le titre abrégé reflète le contenu du projet de loi. Le soutien de la croissance de l'économie et de l'emploi — tous ces termes se rapportent au contenu du projet de loi, des choses dont les Canadiens ont besoin pour vraiment réussir, pour continuer à vivre dans le meilleur pays au monde. Nous n'en avons pas honte. Nous le célébrons et nous continuerons à le faire.
Si nous faisons le bilan du nombre d'heures que nous avons passées à étudier ce projet de loi en comité — en plus des moments de réflexion en privé, des appels téléphoniques, des entretiens que nous avons tenus auprès d'intervenants, etc. —, nous y avons consacré plus de 60 heures. C'était le première fois en plus de 20 ans qu'on consacrait autant de temps à un projet de loi d'exécution du budget.
Je crois que nous avons bien fait de le déposer.
Je tiens à remercier mes collègues d'en face d'être venus en discuter et d'avoir respecté la limite de temps fixée dans la motion approuvée par le comité. Je le reconnais et je tiens à les en remercier.
Je souhaite aussi remercier le président de sa patience, sa patience incroyable.
Des voix: Bravo!
Mme Shelly Glover: Bien sûr, nous ne serions pas ici sans nos analystes, nos greffiers et toutes les personnes admirables qui sont assises derrière le président.
Des voix: Bravo!
Mme Shelly Glover:Les derniers à qui s'adressent mes remerciements, et non les moindres, sont les interprètes — que Dieu vous bénisse. Je ne sais pas comment vous faites ce travail. J'ai du mal à m'exprimer en anglais à cette heure tardive, alors je n'ose même pas penser ce que ce serait de composer avec deux langues à la vitesse où nous parlons et discutons, etc. Alors une ovation debout pour nos interprètes, qui méritent notre respect et notre infinie gratitude. Merci beaucoup du moins au nom de notre parti, et je suis certaine que mes collègues sont du même avis.
Des voix: Bravo!
Mme Shelly Glover: Cela dit, mes cinq minutes sont probablement presque écoulées, mais je tiens à dire que le gouvernement voudrait que le titre abrégé reste le même, car il reflète le contenu du projet de loi.
Merci encore, monsieur le président.
Merci à tous ceux qui sont restés et ont participé.