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La 63
e séance du Comité permanent des finances est ouverte. Conformément à l'ordre de renvoi du lundi 14 mai, nous débattons aujourd'hui du projet de loi C-38, Loi portant exécution de certaines dispositions du budget déposé au Parlement le 29 mars 2012 et mettant en oeuvre d'autres mesures.
Nous remercions de leur patience les témoins qui ont attendu que nous revenions d'un vote à la Chambre.
Nous accueillons ce matin les représentants de quatre organisations; tout abord l'Association canadienne des employés professionnels, puis Démocratie en surveillance, Merit Canada et, enfin, les Travailleurs et travailleuses unis de l’alimentation et du commerce.
Nous vous remercions beaucoup d'être venus témoigner. Vous disposerez chacun d'un maximum de cinq minutes pour l'exposé, qui sera suivi de questions des députés.
Nous commençons par l'Association canadienne des employés professionnels. Vous avez la parole.
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Bonjour. Je m'excuse auprès des interprètes parce que je vais devoir abréger mon discours quelque peu. Soyez patients et patientes.
Je m'appelle Claude Poirier. Je suis président de l'Association canadienne des employés professionnels, mais je viens vous parler au nom de la Coalition des professionnels au service des Canadiens, laquelle regroupe six syndicats représentant plus de 75 000 professionnels du gouvernement fédéral: l'Association canadienne des employés professionnels, l'Association canadienne des agents financiers, l'Association des juristes de justice, l'Association des pilotes fédéraux du Canada, l'Association professionnelle des agents du service extérieur et l'Institut professionnel de la fonction publique du Canada.
Nous désirons remercier les membres du comité d'avoir accepté d'entendre nos préoccupations quant à l'adoption de nombreuses mesures contenues dans le projet de loi .
Les membres de notre syndicat ont été touchés jusqu'ici à divers degrés par les dispositions contenues dans le budget. Voici quelques données. Jusqu'ici, 3 291 des quelque 13 000 membres du groupe EC de l'ACEP ont reçu une lettre d'employé touché, dont pas moins des deux tiers des économistes et analystes du groupe EC à Statistique Canada. Au 30 avril, 95 avocats fédéraux travaillant pour le ministère de la Justice ont reçu un avis d'employé touché. À l'Institut professionnel de la fonction publique du Canada, 2 949 membres ont reçu une lettre, dont 349 à l'Agence canadienne d'inspection des aliments, 384 à la Défense nationale et 455 à Statistique Canada. Même si les membres de l'Association des pilotes fédéraux du Canada n'ont pas reçu autant de lettres, il demeure que le budget a eu un impact important sur ces employés, car les budgets d'exploitation ont subi de fortes compressions, dont une réduction de 62 millions de dollars à Transports Canada seulement.
Derrière ces données brutes se cache une réalité quotidienne implacable: tous ces employés embauchés après un processus de sélection rigoureux où ils ont dû démontrer leurs qualifications, leur expertise et leurs compétences, doivent maintenant recommencer le tout et entrer en compétition avec celles et ceux qu'ils côtoient depuis des mois ou des années. Nous estimons que la plupart de ces compressions ne tiennent pas la route sur le plan économique et qu'elles ne sont effectuées que pour des raisons idéologiques.
Le 3 avril dernier, l'ACEP dévoilait son analyse d'un modèle économique développé par Statistique Canada. L'élimination de 19 200 emplois dans la fonction publique va envoyer au chômage jusqu'à 40 000 Canadiennes et Canadiens du secteur privé, et ce, dans toutes les régions. Vous trouverez dans le document écrit une répartition du nombre d'emplois perdus tant au public qu'au privé.
Nous ne sommes pas les seuls à nous inquiéter. Le directeur parlementaire du budget a indiqué que les compressions fédérales, ajoutées à celles annoncées par les provinces, vont provoquer la perte de 108 000 emplois au Canada en 2015. Le Centre canadien de politiques alternatives a publié un rapport qui conclut qu'en réalité, c'est 29 600 postes qui seront abolis au gouvernement fédéral lorsque l'exercice de compressions du budget de 2012 sera complété. Les projets d'avenir de quelque 30 000 familles canadiennes seront détruits.
Au-delà des chiffres, il y a la réduction des services aux Canadiens qui nous inquiète. Voici quelques exemples: la fermeture du Conseil national du bien-être social; la mise au rancart de la Table ronde nationale sur l'environnement et l'économie; de nouvelles règles d'admissibilité à l'assurance-emploi; des changements aux règles entourant l'abattage des animaux et l'inspection des aliments; une réduction du nombre d'inspections en sécurité aérienne; la fermeture de la section qui assure le suivi en matière de santé mentale et de prévention du suicide chez les membres des Forces armées; et des compressions au ministère de la Justice décrites par l'AJJ comme une suppression de services essentiels.
Je voudrais tout d'abord vous remercier de m'avoir donné l'occasion de témoigner et de répondre à vos questions concernant le projet de loi . Je suis heureux d'être ici.
Démocratie en surveillance est une organisation nationale neutre et à but non lucratif. C'est le principal groupe de citoyens canadiens à prôner les réformes démocratiques, l'imputabilité du gouvernement et la responsabilité des entreprises. Par rapport aux réformes, nous cherchons des changements qui obligeront effectivement tous les politiciens et les gens d'affaires à agir de façon honnête, éthique, ouverte et représentative, et à éviter le gaspillage.
Notre action est fondée sur certains principes. Les Canadiens doivent avoir accès en temps opportun à toute l'information relative aux activités du gouvernement et du monde des affaires. Les Canadiens doivent avoir de véritables droits de participer au système politique et d'y être représentés. Ils doivent pouvoir disposer facilement de recours contre le gaspillage, les abus et la fausse représentation des gouvernements et des sociétés. Des mesures d'imputabilité s'imposent chaque fois qu'il y a concentration de pouvoir et elles doivent être légiférées de façon à aider les Canadiens à pouvoir se regrouper en tant que citoyens, consommateurs et contribuables.
Quant aux projets de loi d'exécution du budget, cela fait longtemps que nous avons pris position et notre position est très simple: il faut interdire d'y inclure des changements apportés à d'autres lois. Les projets de loi d'exécution du budget doivent être axés sur les dépenses du gouvernement.
La raison en est fort simple. En traitant de changements qui ne concernent pas les dépenses du gouvernement, le projet de loi devient alambiqué, et le dialogue et le débat en pâtissent. Il est par ailleurs pratiquement impossible pour de nombreux députés de représenter fidèlement leurs citoyens lorsqu'ils votent sur des projets de loi omnibus, qui contiennent beaucoup trop d'éléments à analyser.
Pour s'assurer que les changements apportés par le gouvernement sont convenablement débattus, que la participation du public puisse se faire de façon réfléchie et approfondie, et que les députés puissent convenablement représenter leurs électeurs, le projet de loi d'exécution du budget doit porter uniquement sur le budget. Les autres éléments doivent en être retirés et être intégrés à d'autres mesures législatives.
Il importe également que les politiciens et ceux qui défendent ce genre de dossiers ne le fassent pas seulement de façon ponctuelle. En l'occurrence, ceux qui s'opposent au projet de loi omnibus doivent avoir pour but, non pas de briser ce projet de loi en particulier, mais de s'intéresser aux causes plutôt qu'aux simples symptômes.
C'est une approche que devraient adopter tous les partis dans tout ce qu'ils font: à savoir s'attaquer aux causes profondes d'un problème plutôt qu'à ses simples symptômes. Je sais que cela n'est pas facile et que dans bien des cas, c'est une tâche monumentale. Mais cela est important pour que notre parlement et notre gouvernement fonctionnent de façon efficace et efficiente pour tous les Canadiens.
Merci. Je serai heureux de répondre à vos questions.
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Merci, monsieur le président, de m'avoir invité à comparaître afin de discuter du projet de loi qui contient des mesures que nous appuyons et qui sont très importantes pour nos membres.
Je m'appelle Terrance Oakey et préside Merit Canada, qui est le porte-parole national de huit associations provinciales canadiennes de la construction à atelier ouvert. La construction à atelier ouvert représente au Canada quelque 70 p. 100 de l'industrie et nos entreprises membres emploient directement quelque 60 000 Canadiens.
Je dirai tout d'abord que les entreprises Merit offrent des salaires équitables et un régime d'avantages sociaux concurrentiel, dont des régimes d'épargne-retraite, qui sont transférables d'une entreprise à l'autre. Comme nos membres entrent en concurrence au niveau de la main-d'oeuvre, il y a très peu de différence, s'agissant de la rémunération et des avantages sociaux, entre nos entreprises et celles qui sont affiliées à des syndicats.
Nos membres sont unis par une vision commune selon laquelle les contrats de construction, l'embauche et la rémunération personnelle devraient être basés sur le mérite, quelle que soit l'affiliation de l'employé. À titre d'information, « atelier ouvert » n'implique pas que les employés ne sont pas syndiqués. Nos employés peuvent être syndiqués ou non, et nous ne faisons pas de différence entre eux pour la seule raison qu'ils décident de ne pas adhérer à un syndicat.
Je vais parler de la loi que l'on appelle Loi sur les justes salaires et les heures de travail, qui sera abrogée à la suite de l'adoption du projet de loi .
Les salaires et conditions de travail d'aujourd'hui sont bien différents de ce qu'ils étaient il y a 80 ans, lorsque cette loi a été adoptée. À l'époque, il n'y avait pas, voire très peu, de lois ou règlements protégeant les intérêts des travailleurs de la construction. Nous avons par contre aujourd'hui toute une série de mesures provinciales pour renforcer et protéger les conditions de travail, les salaires et les heures de travail.
Nos entreprises croient que les employés sont leurs meilleurs atouts et nos membres ne peuvent décrocher de contrat sans une main-d'oeuvre très bien formée et travaillant dans un milieu où la sécurité est la priorité absolue.
Nous appuyons l'abrogation de la loi parce que nous croyons que des marchés de la main-d'oeuvre libres et concurrentiels sont le meilleur moyen de fixer les taux de rémunération. Nous n'avons donc pas besoin de réglementation fédérale dans ce secteur. Ce point de vue est corroboré par Statistique Canada, selon qui les travailleurs de la construction ont un salaire moyen horaire de 28,35 $, ce qui les classe au deuxième rang des travailleurs les mieux payés au Canada. Ce taux de rémunération dépasse d'ailleurs la moyenne nationale d'environ 30 p. 100.
L'autre raison pour laquelle nous appuyons l'abrogation de la loi est que la plupart des petites entreprises de construction familiales répugnent à utiliser une double structure de rémunération, l'une pour le travail effectué dans le secteur privé et l'autre, pour celui qui est effectué dans le secteur public. D'ailleurs, de nombreuses entreprises à atelier ouvert refusent tout simplement de soumissionner pour des projets fédéraux, ce qui fait baisser les niveaux de concurrence et augmenter les coûts de construction pour le gouvernement.
Merci, monsieur le président, de cette possibilité que vous nous avez donnée de communiquer notre point de vue au comité et notre appui en faveur des mesures prévues dans le projet de loi . Nous serons heureux de répondre à vos questions.
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Merci, monsieur le président.
Au nom des membres des TUAC Canada, le plus grand syndicat canadien du secteur privé, je suis heureux de cette occasion qui m'est donnée de commenter le projet de loi .
TUAC Canada représente plus de 250 000 travailleurs dans tout le pays. En tant que plus grand syndicat canadien du secteur privé, TUAC Canada est un chef de file pour les travailleurs des secteurs de la distribution, de la transformation des aliments et du tourisme. En tant que l'un des syndicats les plus progressistes du Canada, nous avons des membres dans toutes les collectivités, d'un océan à l'autre, et dans toutes les provinces.
Étant donné la portée et le nombre des sujets traités dans le projet de loi, il est complètement absurde de s'attendre à ce que l'on puisse faire en cinq minutes des commentaires pertinents sur les changements profonds qui auront lieu dans la société canadienne si ce projet de loi entre en vigueur. Compte tenu du temps qui m'est accordé, j'aimerais toutefois me pencher sur trois sujets du projet de loi , à savoir les changements apportés à l'admissibilité au SRG et à la Sécurité de la vieillesse, à l'assurance-emploi et au programme des travailleurs étrangers temporaires.
J'aimerais mentionner que lors de notre première prise de contact avec le bureau de la greffière, nous devions parler de la partie 4 du projet de loi concernant le Code du travail. Mais étant donné que nous sommes un syndicat du secteur privé et que peu de nos membres sont touchés par le Code du travail, nous avons décidé de laisser ce sujet à d'autres organisations ouvrières dont les membres concernés sont plus nombreux.
Nous croyons que les changements apportés à l'admissibilité à la Sécurité de la vieillesse sont motivés par une crise qui a été créée artificiellement. Nous savons d'ailleurs qu'ils nuiront à la fois aux jeunes travailleurs et aux travailleurs âgés. Nombre des emplois actuellement disponibles pour les jeunes sur le marché du travail sont au mieux des emplois précaires.
Quelles conséquences auront pour les jeunes les changements apportés à la Sécurité de la vieillesse? Lorsque les travailleurs âgés prendront leur retraite, est-ce que leurs emplois, et les avantages sociaux et protections qui leur étaient accordés, disparaîtront pour être remplacés par des emplois précaires?
La plupart des membres des TUAC ont l'avantage de participer à un régime de retraite interentreprises en fiducie conjointe de l'employeur et du syndicat. Pour eux, le RPC fait partie d'un système à trois volets — le régime public, le régime personnel et le régime du secteur privé — qui leur permettra de prendre leur retraite à 65 ans. Ils ont donc la chance d'avoir accès à un régime de retraite offert par l'employeur, mais à cause de la grave récession et de ses séquelles, beaucoup ont du mal à faire des économies personnelles pour leur retraite.
Les travailleurs qui sont aujourd'hui dans la quarantaine et la cinquantaine devront maintenant travailler deux ans de plus pour être admissibles à la Sécurité de la vieillesse. Ils y voient un échec du système public. Et au moment où le gouvernement fédéral et les gouvernements provinciaux font des changements aux régimes de retraite en se déchargeant des coûts qu'ils entraîneront, il y aura moins d'argent pour les avantages sociaux.
Ces mêmes travailleurs font face à un autre phénomène qui caractérise désormais le système de pensions au Canada. De plus en plus d'employeurs veulent transformer les régimes actuels à prestations déterminées en régimes à cotisations déterminées, changement contre lequel notre syndicat se bat quotidiennement.
Le directeur parlementaire du budget, les groupes de travail des ministres fédéral et provinciaux des Finances, et des économistes respectés du Centre canadien de politiques alternatives et du Congrès du travail du Canada ont amplement démontré que le système de pensions publiques du Canada est financièrement stable et qu'il n'y a pas lieu de faire passer de 65 à 67 ans l'âge de l'admissibilité.
Quant aux autres questions que j'ai mentionnées précédemment, à savoir les changements apportés au programme de l'assurance-emploi et au programme des travailleurs étrangers temporaires, nous croyons qu'ils ne feront rien d'autre que réduire les salaires et les conditions d'emploi de tous les travailleurs. Autoriser les employeurs à faire de l'embauche accélérée et à payer les travailleurs migrants jusqu'à 15 p. 100 de moins que le taux en vigueur montre que le gouvernement croit que les travailleurs migrants ne sont pas égaux. Il appuie ainsi la discrimination salariale. Pire encore, comme la majorité des travailleurs migrants sont de races différentes, il favorisera la discrimination salariale en fonction de la race.
Au lieu de combler les besoins de main-d'oeuvre à long terme en embauchant à court terme une main-d'oeuvre jetable qui n'aura pas les mêmes droits et protections que les autres travailleurs, le Canada devrait donner à ces travailleurs la possibilité de devenir des résidents permanents et de contribuer ainsi à la construction de notre nation.
En outre, au lieu de faire des changements qui biaisent injustement le programme des travailleurs étrangers temporaires en faveur des employeurs, le gouvernement devrait appliquer des mesures plus strictes de conformité, de surveillance et d'application de la loi afin de protéger les droits des migrants qui travaillent dans notre pays.
Les changements annoncés par le gouvernement concernant l'assurance-emploi sont semblables à ceux qui touchent la Sécurité de la vieillesse et le programme des travailleurs étrangers temporaires: ils comportent de graves lacunes. Le plan que le gouvernement a conçu pour remplacer 1 000 membres à temps partiel du conseil arbitral de l'assurance-emploi — qui traite actuellement 25 000 cas par an — par 39 membres à temps plein est à notre avis inapplicable. Il va entraîner un gros volume de plaintes contre le système, ainsi que de longs retards et arriérés dans le traitement des cas.
Les membres des TUAC sont très inquiets de voir que le gouvernement n'a pas réussi à s'occuper des problèmes de chômage et qu'il a décidé plutôt, semble-t-il, de reprocher aux chômeurs d'être sans travail. Les chiffres publiés récemment par Statistique Canada montrent un tableau différent de celui que présente le gouvernement fédéral. Statistique Canada rapporte en effet qu'il y a 5,8 travailleurs sans emploi pour chaque poste vacant signalé.
Donner au ministre le pouvoir de prendre des règlements sur ce qui constitue un emploi convenable à l'égard de différentes catégories de prestataires et aussi de déterminer ce qui constitue des démarches habituelles et raisonnables pour trouver un emploi fera en sorte que les demandeurs n'auront plus droit à l'AE s'ils refusent un emploi convenable ou s'ils ne font pas de démarches habituelles et raisonnables pour trouver un emploi. Nous sommes d'avis que l'intention est d'inciter les travailleurs à accepter des emplois qui sont actuellement dotés par l'intermédiaire du programme des travailleurs étrangers temporaires, où les travailleurs peuvent être payés jusqu'à 15 p. 100 de moins que le taux en vigueur. Nous croyons que cela ferait en sorte que le taux réduit de 15 p. 100 deviendra le nouveau taux en vigueur.
Nous croyons que les changements abordés dans notre mémoire portent sur l'austérité et les compressions et ne visent aucunement à régler les questions liées à la création d'emplois ou la hausse des recettes afin de maintenir les programmes sociaux. Plutôt que de continuer à s'attaquer aux gens qui sont sans emploi ou sous-employés, le gouvernement devrait se concentrer sur un programme de création d'emplois qui lui permettra d'augmenter ses revenus d'impôt et de créer et fournir des emplois décents pour que les gens puissent gagner convenablement leur vie au lieu de grossir les rangs sans cesse croissants des travailleurs pauvres.
Merci.
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Merci, monsieur le président.
J'aimerais remercier les témoins, particulièrement de leur patience, étant donné que nous avons commencé légèrement en retard en raison de la sonnerie.
J'aimerais peut-être commencer par M. Poirier.
Je représente une collectivité qui est à la fois rurale et urbaine où il y a d'importantes activités d'exploitation minière et forestière. Pendant la récession, particulièrement en 2008 et 2009, il y a eu des défis importants. J'ai constaté que les propriétaires de ces entreprises ont eu à prendre de nombreuses décisions difficiles en ce qui a trait à la viabilité.
Le gouvernement doit aussi, dans une plus grande mesure, se pencher sur l'avenir à long terme. En Grèce et ailleurs dans le monde, nous voyons la situation liée aux déficits qui survient lorsque les gouvernements n'assainissent pas leurs finances publiques.
Étant donné que la taille de notre fonction publique a augmenté du tiers entre 1998 et 2011 — et il y a certainement eu une énorme augmentation pendant la période de mise en oeuvre du plan d'action économique — soutenez-vous que le gouvernement a tort d'étudier l'avenir à long terme du pays et que tous les emplois au sein du gouvernement doivent être protégés? Dites-vous que le gouvernement n'a aucune marge de manoeuvre pour examiner la façon dont il fait les choses?
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je remercie tous les témoins d'être venus aujourd'hui.
Je suis heureux que M. Poirier ait reconnu qu'il y a eu en réalité une période d'important surplus budgétaires et de remboursement de la dette. En fait, nous étions en situation déficitaire avant le ralentissement économique de l'automne 2008, en raison de changements d'ordre fiscal et de l'augmentation des dépenses.
Toutefois, sur la question de l'assurance-emploi, par rapport à la modification proposée au conseil arbitral de l'assurance-emploi, on me dit que l'approche actuelle fonctionne bien. Elle est très décentralisée. Le processus de décision est plus près des citoyens, des travailleurs et des employeurs touchés par ces décisions, et la structure des coûts est très peu élevée, probablement moins élevée qu'elle le sera à l'avenir.
Quelle est la logique derrière ce changement, derrière la centralisation de la prise de décision?
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À moins que votre objectif ne consiste à contrôler toutes les décisions à partir d'Ottawa et que vous n'ayez un plan précis.
Au sujet de la question du travail saisonnier, qu'on oeuvre dans le secteur de la production alimentaire de l'agriculture, dans le secteur agroalimentaire ou en aquaculture, on peut limiter le nombre de travailleurs saisonniers, mais on ne peut pas éliminer les saisons. Je représente la circonscription dont la production agricole est la plus importante parmi toutes les circonscriptions du Canada atlantique. L'agriculture et l'horticulture occupent une place importante, et les gens de l'industrie de l'horticulture, en particulier, me parlent des effets que le changement aura sur leurs activités. De plus, les fabricants de produits alimentaires du Nouveau-Brunswick — Ganong, de St. Stephen, au Nouveau-Brunswick, par exemple — et les gens de l'industrie touristique me disent que cela entraînera beaucoup de conséquences imprévues pour leurs entreprises.
Pour ce qui est des travailleurs étrangers temporaires, les mêmes entreprises — étant donné que je consacre beaucoup de temps à la visite des fermes de ma circonscription — m'ont indiqué que dans le secteur de l'agriculture, le programme des travailleurs étrangers temporaires a été un programme très précieux. Les travailleurs étrangers temporaires jouent un rôle important dans la chaîne de production et la chaîne de valeur. Ils font partie de la réalité mondiale de la production alimentaire. En réalité, il est plus coûteux d'engager ces travailleurs plutôt que des travailleurs locaux. Dans certains cas, le coût total se situe entre 14 et 15 $ l'heure, et les travailleurs étrangers temporaires ne privent aucun travailleur canadien d'un emploi. Par exemple, la cueillette de fraises est un travail éreintant et difficile. Les travailleurs étrangers font ce travail de 12 à 14 heures par jour, tandis que les travailleurs canadiens s'occupent de l'emballage des fraises ou conduisent les camions qui les transportent; donc, il y a là une valeur ajoutée.
Convenez-vous que les travailleurs étrangers temporaires font partie intégrante de la chaîne de production et reconnaissez-vous, dans de tels cas, qu'ils ne privent aucun travailleur canadien qualifié d'un emploi?
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Je comprends; c'est plus ou moins l'écart-type. Je comprends très bien.
Si je ne m'abuse, je représente plus de travailleurs syndiqués que n'importe lequel de mes collègues. Il y a beaucoup de syndicats à Fort McMurray, et je recueille 72 p. 100 des voix, ce qui constitue aussi un des plus hauts pourcentages de vote au pays.
Une voix: C'est de la vantardise.
Des voix: Oh, oh!
M. Brian Jean: C'est vrai, je me vante. Beaucoup de mes électeurs viennent de la circonscription de Scott Brison...
Des voix: Oh, oh!
M. Brian Jean:... et j'en suis très fier.
M. Scott Brison: Ils sont impatients de rentrer chez eux.
M. Brian Jean: Voici ce qui m'intrigue. Très peu de mes électeurs sont des fonctionnaires fédéraux. D'ailleurs, je dirais qu'ils sont moins de dix, mais je pourrais me tromper. Il y a des bureaux de Service Canada, mais très peu de fonctionnaires.
Donc, les citoyens que je représente paient le salaire des fonctionnaires fédéraux...
C'est faux?
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D'accord. Vous n'êtes pas certain. Je sais que nos fonctionnaires sont très efficaces comparativement à ceux d'autres pays démocratiques.
M. Claude Poirier: Oui, et...
M. Brian Jean: Pour en venir à ma question, j'ai visité votre site Web. Vous semblez pessimiste par rapport à l'impact de ces pertes d'emplois sur le marché du travail. Ce que je veux dire, c'est que l'on prévoit la suppression de 4 000 emplois en Alberta, mais les employeurs albertains n'arrivent pas à pourvoir leurs postes vacants.
Donc, c'est une bonne nouvelle pour le reste du pays, non? L'an dernier, nous avons versé, je crois, 8,9 milliards en transferts...
M. Claude Poirier: L'Alberta, la Saskatchewan...
M. Brian Jean: ... et la majorité de cette somme, je dirais même toute cette somme, provenait du secteur privé.
Et c'est ce que je veux dire. Je crois sincèrement qu'il s'agit d'une bonne nouvelle, car nous avions de la difficulté à pourvoir des postes. Maintenant, ces gens auront l'occasion de travailler dans le secteur privé où, honnêtement, les emplois sont bien mieux rémunérés que dans la fonction publique provinciale, même deux ou trois fois mieux. À 185 000 $ par ménage, ma circonscription présente le revenu du ménage le plus élevé au pays.
C'est une excellente nouvelle pour ces travailleurs, car ils pourront explorer d'autres options. Beaucoup de fonctionnaires me disent qu'ils aimeraient mieux travailler dans le secteur privé pour toucher un meilleur revenu. C'est ce que je voulais dire. Merci beaucoup de l'avoir confirmé.
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D'accord. Disons que des compressions importantes sont prévues et qu'elles entraîneront une perte de la mémoire institutionnelle.
Mais, j'aimerais revenir, entre autres, sur les erreurs commises dans les années 1990 et le fait que l'on ait frappé un mur. Les deux réductions du pourcentage de la TPS ont entraîné une baisse d'environ 14 milliards de dollars des recettes du gouvernement. La réduction du taux d'imposition des sociétés canadiennes, elle, a entraîné une baisse d'environ 16 milliards. Donc, c'est environ 30 milliards de dollars par année qui ont été perdus. Ce n'est pas surprenant que le gouvernement ait frappé un mur; il s'est mis dans une impasse. Cela n'a rien à voir avec la récession et tout à voir avec les réductions des impôts sur le revenu.
Peu importe. J'aimerais m'adresser quelques instants à M. Linton.
Vos membres du secteur des services ne roulent pas sur l'or. Nous savons très bien qu'ils gagnent considérablement plus que le travailleur moyen du secteur, puisqu'ils sont syndiqués. Mais reste que 12 millions de Canadiens n'ont ni régime de retraite, ni épargnes. J'imagine que certains de vos membres aussi sont sans épargnes et qu'ils ont de la difficulté à joindre les deux bouts.
Vous avez parlé, notamment, du directeur parlementaire du budget et d'autres qui ont analysé les changements proposés à la Sécurité de la vieillesse. J'ignore si vous le saviez, mais l'OCDE aussi a conclu que le régime était viable et que le problème, comme l'a souligné le directeur, c'est que, lorsque le gouvernement parle des changements...
Et les chiffres avancés sont exacts; je ne dis pas que les vôtres ne le sont pas. Il est question de 39 milliards pour environ 108 milliards en coûts, soit environ 2,6 p. 100 du PIB. Le 3,11 p. 100 du PIB reflète le changement. Mais lorsqu'il en parle, le gouvernement ne tient pas compte de la croissance prévue du PIB sur une période de temps donnée, et que ces coûts vont atteindre un sommet avant de redescendre. C'est comme s'il n'avait pas confiance en ses propres données, ni en ses chances de voir l'économie réagir comme il le prévoit. Qu'en pensez-vous?
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J'aimerais faire un dernier commentaire, car M. Oakey a établi la comparaison.
Prenons l'exemple d'un hôpital où il y a un comité de santé et sécurité. Un employé d'entretien qui remarque un problème peut en informer son comité, qui, lui, communiquera avec la direction de l'établissement. L'employé profite donc d'une certaine protection. Mais, un employé contractuel, payé deux fois moins et dont l'employeur touche les deux tiers des revenus du contrat, un contractuel, donc, qui remarque le même problème ne dira rien. C'est une des raisons pour laquelle nous avons des superbactéries. La même chose se produit dans le secteur des services d'alimentation.
Êtes-vous d'accord avec moi, monsieur Linton?
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J'essaie de comprendre les prévisions de votre organisation, qui changent très fréquemment. J'ai de la difficulté à suivre. Je vous le dis bien franchement.
Avant le dépôt du budget, votre organisation a publié un rapport dans lequel on prédisait que le budget allait éliminer 116 000 emplois. À la suite du dépôt du budget de 2012, vous avez admis avoir fait une erreur et vous avez réduit le chiffre de moitié pour établir la réduction d'emplois à environ 60 000. Aujourd'hui, vous dites que ce sont 29 600 emplois, un chiffre que vous arrondissez pour dire que 30 000 familles seront touchées.
Pour dire vrai, monsieur, vos chiffres me font douter de ce que vous dites. Ce n'est pas une question que je pose, mais simplement un commentaire que je fais pour que vous puissiez comprendre la confusion que vous semez dans l'esprit de la plupart des Canadiens. Je vais m'en tenir à cela.
Néanmoins, j'aimerais m'adresser maintenant à M. Oakey. Monsieur Oakey, vous êtes du secteur de la construction, et j'aimerais que vous nous parliez très brièvement des pénuries de main-d'oeuvre qualifiée et de compétences générales dans votre secteur. J'aimerais ensuite que vous nous disiez comment, selon vous, les changements apportés à l'assurance-emploi et à l'immigration pourraient contribuer à remédier à ces pénuries.
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J'aimerais continuer parce que c'est vraiment intéressant, mais
[Traduction]
Je vais maintenant m'adresser à M. Sommers.
Vous savez que nous avons demandé de fractionner le projet de loi. Nous avons demandé au gouvernement d'envisager de le faire, mais il a évidemment refusé. Le directeur parlementaire du budget a dit que le manque de transparence est inacceptable. Il a dit que même nous, les parlementaires, ne pouvions prendre de décision à la lumière d'un budget qui n'est pas vraiment détaillé, alors que nous ne savons pas quelles seront les conséquences des compressions ou de ce genre de mesures.
Concernant le budget, pouvez-vous nous dire ce que vous pensez de la réduction de la fonction de surveillance du vérificateur général, et peut-être de la surveillance du SCRS? Vous êtes-vous penché sur ces questions?
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Merci, monsieur le président.
Merci à vous tous de comparaître ici cet après-midi. Veuillez nous excuser du retard.
Je n'ai que quelques commentaires à faire. Je veux que vous compreniez que nous nous entendons, en fait, assez bien. Toutefois, nous nous heurtons parfois sur des questions idéologiques. Mais vous savez, certaines choses ont été dites qui ne sont vraiment pas utiles. Par exemple, et c'est une critique constructive que je fais, lorsque vous vous adressez au gouvernement pour vous faire entendre, ce n'est pas utile de dire que nous vivons une crise créée artificiellement.
Je reviens des Pays-Bas. Nous avons envoyé une délégation là-bas. Il s'agit d'un pays de 16 millions d'habitants, répartis sur une superficie équivalente à celle de la Nouvelle-Écosse. Le gouvernement néerlandais procède à des coupes de 15 milliards d'euros. Nous supprimons 5 milliards de dollars. Nous n'avons pas vraiment vu de mesures d'austérité à la hauteur de ce que font certains de ces pays.
Notre endettement constitue une crise. Nous la gérons. À l'heure actuelle, il s'agit de 650 milliards de dollars. Les États-Unis ont un manque total de contrôle et se rapprochent des 13 billions de dollars. Nous regardons donc les Européens et les Américains et nous essayons, en tant que gouvernement, de prendre les choses en main avant qu'elles ne deviennent incontrôlables. Je dirais aussi qu'en 2008 et en 2009, nous avons fait face à des problèmes terribles. Et nous avons réussi à les limiter. Je crois que le gouvernement doit aller de l'avant et qu'il doit faire certaines choses. Je comprends que vous représentez vos travailleurs. Je comprends que ces choses vont créer des difficultés. Nous le savons aussi. Mais je crois que nous devons nous en tenir à des commentaires mutuellement acceptables.
Monsieur Linton, je me demande, plus que toute autre chose, si vous avez des cas concrets de ce dont vous avez parlé, des cas où des produits auraient été pulvérisés. Dans ma circonscription, , il y a beaucoup de serres, et je peux vous dire aussi que nous comptons 5 000 travailleurs étrangers. Ils ont également un consulat à cet endroit. La plupart des travailleurs sont originaires du Mexique. S'ils ont des problèmes, ils peuvent s'adresser directement au consulat, qui s'occupe de les régler.
Lorsque je m'entretiens avec les exploitants des serres, je les mets constamment au défi. Et lorsque je m'entretiens avec les travailleurs, je n'entends pas ce que vous avez dit. J'entends qu'ils sont très heureux d'être là, qu'ils sont emballés. Nous avons eu un témoin ici hier soir, M. Manicom, qui travaille pour le gouvernement auprès des travailleurs étrangers. S'il y a des plaintes portées par des travailleurs d'outre-mer ou étrangers qui arrivent, par exemple, de la Thaïlande et qui se trouvent eux-mêmes un emploi... Nous reconnaissons qu'il faut une meilleure surveillance pour ces travailleurs. Encore une fois, si vous êtes témoin de certains abus, n'hésitez surtout pas à nous en faire part, et nous pourrons... Je ne vous demande pas de faire un commentaire, mais je dis simplement que nous pouvons travailler ensemble pour régler ces problèmes.
Je pense que je peux conclure. Je voulais simplement avoir un certain niveau de courtoisie ici, que nous comprenions tous que nous nous soucions les uns des autres et que nous voulons tous le bien de notre pays.
J'aimerais donner à M. Oakey la possibilité de parler des changements que nous avons apportés aux formalités administratives et nous dire pourquoi c'est important pour nous de prendre l'orientation que vous suggérez en ce qui a trait aux travailleurs. J'aimerais simplement que vous nous disiez pourquoi c'est si important.
J'espère que les membres du comité ne s'offusqueront pas si je pose les dernières questions.
Je le répète, il n'y aura pas de motion, alors si les membres doivent quitter la salle, ils seront excusés.
J'aimerais simplement poser quelques questions.
Monsieur Sommers, vous avez dit dans votre exposé que les projets de loi d'exécution du budget doivent être axés sur les dépenses du gouvernement.
Quelles mesures sont prises par le gouvernement qui ne touchent pas aux dépenses du gouvernement?
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C'est une question grave. Si vous avez autre chose à dire à ce sujet, j'aimerais l'entendre.
Monsieur Linton, j'aimerais que vous puissiez venir dans ma circonscription. Je vous amènerais à Nisku et nous pourrions participer à des tables rondes. Je dis cela parce qu'à chaque table ronde à laquelle je participe, que ce soit avec des entreprises de 2 ou de 2 000 employés, on me dit: « James, nous avons besoin de gens ». Les entrepreneurs cognent sur la table et disent: « Nous avons besoin de personnes — des travailleurs qualifiés, non qualifiés, toutes sortes de personnes ». C'est un fléau dans l'Ouest du Canada, et certainement dans ma région.
J'entends quantité de critiques sur ce que le gouvernement fait. Nous avons fait beaucoup sur le plan de l'apprentissage.
Quelle solution proposez-vous aux gens de ma circonscription — les hôtels, les restaurants, les grandes entreprises, PCL et d'autres — qui disent: « Nous avons besoin de 20 personnes, de 75 personnes ou même de 1 000 personnes aujourd'hui. Connaissez-vous quelqu'un? » Les entreprises font beaucoup de maraudages.
Quelle est donc la solution? Si vous n'aimez pas ce que nous faisons, que proposez-vous pour régler ce problème chronique que connaît ma circonscription?