:
Bonjour, monsieur le président. Je suis heureux de comparaître devant le Comité aujourd'hui au sujet de la migration irrégulière.
Je m'appelle Mike MacDonald, et je suis sous-ministre adjoint délégué des politiques stratégiques et de programmes à IRCC, et je suis accompagné de mon collègue Louis Dumas, qui est le directeur général de notre Réseau national.
[Français]
Je serai heureux de répondre aux questions des membres du Comité mais, d'abord, je veux formuler quelques commentaires.
Comme tout le monde le sait, le gouvernement du Canada répond depuis plusieurs mois à l'augmentation des migrations irrégulières à des points clés situés le long de la frontière.
Nous continuons à travailler vigoureusement à ce dossier en collaboration avec les provinces, les territoires et les municipalités, ainsi qu'avec les différents ministères et organismes au sein du gouvernement du Canada.
[Traduction]
Nos objectifs communs demeurent inchangés: veiller à ce que le processus se déroule de façon méthodique et efficace, traiter les demandeurs d'asile avec compassion et dans le respect de nos obligations internationales; et veiller à la sûreté et à la sécurité des Canadiens. Cela dit, je crois qu'il est important de garder à l'esprit le fait que le système d'octroi de l'asile joue un rôle fondamentalement différent de tous les autres secteurs de l'immigration.
Les demandes d'asile sont régies en partie par des traités internationaux que le Canada a signés, alors nous avons, vis-à-vis de la loi, le devoir d'examiner les demandes d'asile conformément aux conventions internationales.
Les principaux objectifs du système d'octroi de l'asile au Canada sont les suivants: premièrement, sauver des vies; deuxièmement, offrir une protection aux personnes déplacées et persécutées provenant de partout dans le monde; troisièmement, réagir aux crises internationales en offrant de l'aide aux personnes qui ont besoin de protection; et quatrièmement, respecter les obligations juridiques internationales de notre pays en ce qui concerne les réfugiés.
[Français]
Notre système fondé sur des règles déterminera la validité de toute demande d'asile mais, en tant qu'officiers, nous n'oublions jamais que nombre de ces demandeurs d'asile ont pris la décision très difficile de laisser leur vie derrière eux pour se rendre à notre frontière.
Nous les traitons avec respect et leur donnons l'occasion de se faire entendre.
[Traduction]
Parallèlement à cela, nous déployons tous les efforts possibles pour faire comprendre aux demandeurs d'asile potentiels que le fait de tenter de passer la frontière entre les points d'entrée ne constitue pas un « laissez-passer » pour entrer au Canada; il s'agit plutôt d'une infraction aux lois canadiennes, et cela peut être très dangereux.
Nous continuons d'appliquer nos politiques et procédures afin de protéger notre frontière tout en respectant les obligations nationales et internationales du Canada.
Un grand nombre de ministères et organismes fédéraux travaillent en collaboration avec des partenaires provinciaux et locaux dans le but de gérer cette situation. Nous déployons tous les efforts possibles pour veiller à placer des ressources adéquates aux endroits importants afin de gérer l'afflux. Les ministères évaluent constamment leurs priorités opérationnelles pour s'assurer que nous intervenons de façon appropriée. Ensemble, nous avons réalisé des progrès importants au cours des derniers mois dans le cadre de la planification en vue d'autres afflux potentiels.
[Français]
Cela comprend le soutien du Groupe de travail intergouvernemental spécial sur la migration irrégulière, qui offre un point central pour le travail de collaboration concernant cette question.
Le Groupe de travail s'est réuni neuf fois et continue de se réunir régulièrement pour discuter des derniers progrès et des efforts de coordination en cours.
[Traduction]
Lors de la dernière réunion tenue à Ottawa le 18 avril, les membres du groupe de travail ont convenu de prendre des mesures concrètes pour assurer la mise en œuvre d’interventions encore plus coordonnées et efficaces en réaction à cette situation de migration irrégulière. Même si ces passages irréguliers au Canada en provenance des États-Unis ont lieu à divers endroits dans l'ensemble du pays, comme à Pacific Highway, en Colombie-Britannique, à Emerson, au Manitoba, et, bien sûr, à Lacolle, au Québec, nous sommes conscients du fait que le Québec reçoit en fait un nombre disproportionné des demandeurs d’asile. C’est pourquoi nous travaillons actuellement avec nos homologues de cette province concernant un certain nombre de questions, dans le but de simplifier le déplacement des personnes qui souhaitent se rendre le plus rapidement possible dans d’autres provinces.
Nous continuons également de collaborer avec nos homologues de toutes les provinces dans le cadre de notre planification d'urgence, car, même si nous sommes en mesure de gérer les volumes de demandes actuels, nous savons que nous devons nous préparer à la possibilité que ces chiffres augmentent. De fait, nous avons réalisé d'importants progrès au cours des derniers mois relativement à la planification d'autres afflux possibles de demandeurs d'asile et avons été en mesure d'intégrer dans nos processus des innovations qui permettront de garantir une intervention rapide en cas de hausse subite de la migration irrégulière.
[Français]
En même temps, nous poursuivons nos efforts de sensibilisation pour faire en sorte que les gens connaissent les lois canadiennes en matière d'immigration et les risques de la migration irrégulière au Canada. Pour ce faire, nous continuerons à travailler en étroite collaboration avec nos missions aux États-Unis.
Nous interagissons directement avec les collectivités du pays et diffusons des messages à ce sujet sur les médias sociaux au Canada et aux États-Unis.
[Traduction]
Comme un grand nombre des demandeurs d'asile arrivés récemment sont des Nigérians possédant un visa américain valide, nous nous sommes également adressés à nos homologues américains au Nigeria afin de nous attaquer à nos problèmes communs. Dans cette optique, nous avons échangé des renseignements avec les États-Unis dans le but de prévenir l'utilisation abusive de visas américains aux fins de l'obtention du statut de réfugié, et cela a eu une incidence sur la prise de mesures par les États-Unis.
En conclusion, je voudrais déclarer que nous accordons de l'importance à la collaboration étroite et continue entre tous les intervenants qui s'affairent à régler le problème de l'asile, au pays comme à l'étranger. Nous nous engageons à en faire encore davantage, si l'occasion se présente.
[Français]
Je vous remercie de votre attention et je serai heureux de répondre à vos questions.
:
Merci, monsieur le président.
Je m'appelle Patrick Tanguy. Je suis le sous-ministre adjoint responsable du Secteur de la gestion des urgences et des programmes au ministère de la Sécurité publique. Je suis également responsable du Centre des opérations du gouvernement.
[Français]
Tout d'abord, je tiens à présenter un aperçu du rôle du ministère de la Sécurité publique et de la Protection civile aux députés, pour ensuite discuter de la planification des urgences.
Le ministère de la Sécurité publique et de la Protection civile est responsable d'assurer le leadership en matière de gestion des urgences au Canada et d'assurer une intervention coordonnée lors d'événements touchant l'intérêt national, y compris le terrorisme et les catastrophes d'origine naturelle ou humaine.
[Traduction]
En ce qui a trait à la migration irrégulière, le Centre des opérations du gouvernement est l'organisme qui a coordonné l'élaboration du plan national d'intervention d'urgence, en étroite collaboration avec tous les partenaires fédéraux, y compris Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada, l'Agence des services frontaliers du Canada ainsi que nos collègues de la GRC.
En 2004, à la suite d'un vaste éventail de situations d'urgence, le Centre des opérations du gouvernement a été créé par le gouvernement du Canada afin d'offrir un système centralisé, stable, accessible 24 heures sur 24, et ayant pour mandat de coordonner et d'appuyer une réaction pangouvernementale à ces événements.
À ce titre, le Centre est le principal moyen utilisé par le ministre de la Sécurité publique pour jouer un rôle de leadership dans l'établissement d'une approche fédérale intégrée d'intervention d'urgence, comme le prévoit la Loi sur la gestion des urgences. Le Centre des opérations du gouvernement a pour mandat de soutenir la coordination des événements nécessitant une intervention nationale concernant plusieurs ministères ou organismes lorsque l'un d'eux n'a pas la capacité, l'aptitude et la compétence pour le faire seul.
Le Centre — il est important de le mentionner — est un atout interministériel axé sur les interventions. Il constitue un organisme clé qui travaille avec tous les ministères. Il est chargé d’exercer les fonctions suivantes : faire connaître l’état définitif d’une situation à l’échelon national aux partenaires et décideurs; assurer une surveillance 24 heures sur 24 et alerter rapidement le gouvernement; et, à l’appui du mandat de ses partenaires, assurer une capacité d’intervention pangouvernementale pour garantir l’utilisation efficace des actifs stratégiques du gouvernement du Canada et, lorsqu’ils sont offerts, des actifs provinciaux et territoriaux.
Il s'agit de l'atout clé permettant à la communauté des ministres et sous-ministres d'obtenir les mécanismes et les conseils nécessaires pour appuyer leur secteur.
[Français]
Pendant les opérations, la gouvernance du Centre des opérations du gouvernement est conforme au Plan fédéral d'intervention d'urgence, qui est le plan d'intervention du gouvernement du Canada pour tous les types de risques. Il est conçu pour harmoniser les interventions d'urgence fédérales avec celles des provinces, des territoires, des organisations non gouvernementales et le secteur privé.
Ce plan décrit le processus et les mécanismes visant à faciliter une intervention intégrée du gouvernement du Canada en cas d'urgence.
[Traduction]
Maintenant, je voudrais dire quelques mots au sujet de la planification d'urgence. À la suite de l'afflux de demandeurs d'asile de 2017, Sécurité publique Canada a travaillé en collaboration avec d'autres ministères pour entreprendre la planification d'urgence en vue d'une éventuelle augmentation au chapitre de la migration irrégulière. Ce travail a donné lieu à l'élaboration du plan national d'intervention stratégique.
Ce plan est fondé sur les leçons apprises et les pratiques exemplaires issues de l'afflux de demandeurs d'asile de l'année dernière. Parmi les leçons tirées, mentionnons la nécessité de prendre tôt les décisions relatives aux pouvoirs financiers et liés à la passation de marchés, à la création d'une structure de gouvernance et au recensement précoce des ministères principaux et auxiliaires.
Sécurité publique travaille en étroite collaboration avec IRCC, avec l’ASFC et avec Services publics et Approvisionnement Canada et tend la main à des ONG dans le secteur privé afin d’élaborer des options de logement provisoire pour répondre aux besoins du nombre croissant de demandeurs d’asile à la frontière de Lacolle, au Québec. Les travaux se poursuivent entre tous les partenaires fédéraux, ainsi que les responsables provinciaux du Québec et de l’Ontario, dans le but de régler le problème que pose le déplacement interprovincial de demandeurs d’asile, de trouver des solutions visant à régulariser le débit interprovincial et d'offrir d’autres options de logement.
Les sous-ministres adjoints des gouvernements provinciaux et fédéral se rencontrent régulièrement afin d'aborder et d'examiner les problèmes liés aux capacités et à la planification avec leurs collègues provinciaux et territoriaux. Sécurité publique Canada appuie ces discussions en veillant à ce que les plans élaborés aux échelons fédéral et provincial soient intégrés et bien coordonnés.
[Français]
La réponse à l'augmentation rapide des demandeurs d'asile a été un effort continu et pangouvernemental impliquant de nombreux ministères, organismes, agences et provinces. Le leadership démontré par tous a permis une intervention efficace à une situation en constante évolution.
Je terminerai ici et je serai heureux de répondre aux questions.
:
Monsieur le président et honorables membres du Comité, bonjour.
Je vous remercie de m'avoir invité à prendre la parole aujourd'hui pour vous parler des efforts de la GRC en ce qui concerne la migration irrégulière à la frontière canado-américaine.
Je suis le sous-commissaire responsable du programme fédéral, et je suis accompagné aujourd'hui de la surintendante Jamie Solesme, qui est responsable de notre programme frontalier.
La GRC a pour mandat d'assurer la sécurité de la frontière et d'appliquer la loi entre les points d'entrée.
[Traduction]
Notre principal objectif est de prévenir, de détecter et de perturber la criminalité transfrontalière et les menaces qui pourraient causer du tort au Canada ou aux Canadiens. Nous travaillons en étroite collaboration avec l'Agence des services frontaliers du Canada, l'un de nos principaux homologues fédéraux, et avec nos partenaires américains, y compris le Service des douanes et de la protection des frontières des États-Unis.
Aux termes de la loi canadienne, il est interdit de traverser la frontière du pays sans se présenter à un bureau d'entrée, et quiconque commet cette infraction peut être arrêté. Cela dit, sous le régime de l'article 133 de la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés, si une personne demande l'asile, aucune mesure d'exécution ne devrait être prise contre elle, conformément à la Convention et au Protocole des Nations unies relatifs au statut des réfugiés, qui indiquent clairement qu'une personne qui entre illégalement dans un pays pour demander l'asile ne devrait pas être pénalisée.
Les agents de la GRC sont souvent le premier point de contact des demandeurs d'asile traversant la frontière à un point d'entrée. Lorsqu'une personne est interceptée, ses intentions ne sont pas connues, et il incombe à nos membres de déterminer si elle présente un risque pour le Canada.
[Français]
Pour en arriver à une telle conclusion, la GRC procède à une évaluation préliminaire du risque, qui comprend une entrevue, une vérification des antécédents et un examen des documents, pour déterminer si la personne a été impliquée dans des activités illégales ou si elle a des liens avec le terrorisme ou le crime organisé.
[Traduction]
Chaque cas est évalué individuellement, et on prend le temps qu'il faut pour évaluer les activités et confirmer l'identité de la personne avant de déterminer la ligne de conduite appropriée. Un demandeur d'asile n'est libéré et transféré à l'ASFC à des fins de traitement que lorsque nos membres sont convaincus qu'il ne pose pas de menace pour les intérêts canadiens.
Comme le Comité le sait, il y a eu une hausse considérable du nombre de demandeurs d'asile l'an dernier, et une grande partie d'entre eux ont été interceptés par la GRC. En 2017, elle a intercepté 20 593 personnes traversant entre des points d'entrée, dont 18 836 près du chemin Roxham, au Québec. Les provinces du Manitoba et de la Colombie-Britannique ont également été touchées, mais dans une moindre mesure.
La tendance à la hausse s'est poursuivie durant l'année civile en cours: au total, 5 052 personnes ont été interceptées entre les mois de janvier et mars. Encore une fois, la majorité des interceptions — 4 828 — ont eu lieu au Québec, mais on continue également d'intercepter des personnes au Manitoba et en Colombie-Britannique.
En sa qualité de force de police nationale du Canada, la GRC est présente dans toutes les provinces et tous les territoires, ce qui lui permet d'adapter ses efforts d'exécution assez rapidement pour s'assurer de toujours cibler les secteurs où les besoins sont les plus grands. Elle a réagi en augmentant le nombre de ressources affectées à la frontière, surtout au Québec, puisqu'il s'agit de la province la plus touchée.
Le coût du redéploiement des ressources dans les secteurs touchés a été absorbé en 2017 à même nos propres budgets, et le budget de 2018 consent près de 10 millions de dollars à la GRC pour 2018-2019. Ce financement est consacré à la sécurité et à une présence accrue à la frontière afin d'appuyer une intervention continue et efficace à l'égard de la situation qui persiste.
[Français]
À l'heure actuelle, la GRC surveille 24 heures sur 24 la frontière près du chemin Roxham, et elle a une infrastructure temporaire et des installations nécessaires en place pour permettre une évaluation ordonnée, rapide et minutieuse de chaque personne interceptée.
[Traduction]
Les efforts déployés par la GRC et par l'ASFC ont été soulignés par l'Agence des Nations unies pour les réfugiés dans l'évaluation qu'elle a effectuée concernant les opérations frontalières de première ligne. La GRC continuera de collaborer avec tous ses partenaires afin de s'assurer d'offrir des services efficaces.
Je vous remercie de votre attention, et je répondrai volontiers à vos questions.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Je m'appelle Jacques Cloutier et je suis le vice-président des opérations à l'Agence des services frontaliers du Canada.
[Traduction]
Comme le Comité le sait, l'Agence des services frontaliers du Canada et la Gendarmerie royale du Canada veillent ensemble à la sécurité et à l'intégrité de la frontière, comme Gilles vient tout juste de le décrire. L'ASFC est chargée de l'application des lois canadiennes aux points d'entrée désignés, et ses agents travaillent en étroite collaboration avec leurs collègues de la GRC, qui sont chargés de l'application de la loi entre les points d'entrée.
[Français]
Par ailleurs, l'Agence ainsi qu'Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada sont tous deux chargés de préserver l'intégrité du système d'immigration. Ensemble, nous administrons la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés, qui régit à la fois l'admissibilité des personnes au Canada et l'identification, la détention et le renvoi de celles qui y sont interdites de territoire en vertu de la même loi.
[Traduction]
Les personnes qui demandent à être admises au Canada doivent répondre à certains critères d'admissibilité prévus dans nos lois. Une personne peut demander l'asile à l'ASFC à tout point d'entrée, à l'intérieur du Canada ou à un bureau d'IRCC, sans égard au fait qu'elle soit entrée par un point d'entrée désigné ou pas.
L'an dernier, comme vous le savez, le nombre de demandes d'asile a augmenté de 110 % par rapport à l'année précédente, et on a observé une vague de demandeurs d'asile partout au Canada. En réaction, l'ASFC a montré qu'elle était capable de faire face à des situations nouvelles et instables, tout en continuant de respecter son engagement de protéger et de servir les Canadiens.
Quand une personne présente une demande d'asile, l'ASFC détermine son admissibilité et celle de sa demande au titre de la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés. Ce processus comprend notamment une entrevue, la prise des empreintes digitales et de photographies, ainsi qu'une vérification de casier judiciaire et des contrôles de santé et de sécurité. Aucun demandeur d'asile ne quitte les points d'entrée avant que l'évaluation du risque soit complète. En 2017, l'Agence a traité 22 140 demandes d'asile au Canada — aux aéroports, aux frontières terrestres et aux bureaux intérieurs — ce qui signifie que ce processus rigoureux a été répété 22 000 fois, et ce, avec professionnalisme.
[Français]
Même si nous nous sommes montrés à la hauteur de la situation, l'été dernier, nous savons qu'il est essentiel, afin de pouvoir nous adapter à toutes les situations, d'examiner et d'améliorer sans cesse nos processus et stratégies, en collaboration avec nos partenaires.
[Traduction]
Nous avons créé et mettons maintenant en œuvre un plan national détaillé qui comprend les ressources humaines, les infrastructures et les processus opérationnels nécessaires pour faire face à tout afflux de demandeurs d'asile.
Le plan national comprend aussi des stratégies pour faire en sorte que l'on dispose d'assez de logements temporaires pendant qu'on détermine l'admissibilité des demandeurs d'asile.
Comme la situation diffère d'une région à une autre, l'Agence agit rapidement pour déployer ses ressources là où on en a le plus besoin. Nous travaillons avec nos partenaires pour assurer une efficacité opérationnelle maximale.
[Français]
Notre plan de réponse comprend l'établissement d'équipes mobiles d'intervention pouvant être affectées partout au pays. Nos plans s'appuient sur une démarche à plusieurs volets, passant d'une étape à l'autre selon les volumes et la capacité du point d'entrée. Ils sont souples et adaptables.
[Traduction]
Pour ce faire, l'Agence utilise au mieux toutes les options possibles et veille à ce qu'il y ait toujours assez d'agents qualifiés déployés dans les régions où le taux d'activité est le plus élevé.
Par exemple, de juillet 2017 à mars 2018, un peu plus de 800 employés ont été réaffectés temporairement à la frontière terrestre qui sépare le Québec des États-Unis afin d'aider leurs collègues pendant un afflux de migrants. Nos agents sont fiers du rôle de facilitation et de protection qu'ils jouent aux frontières du Canada, et ils tiennent beaucoup à prêter assistance aux endroits et aux moments où il le faut.
[Français]
La mobilité des agents continuera d'être une stratégie efficace pour maintenir l'intégrité du service et assurer la sécurité. Elle fera en sorte que des ressources soient en place dans tout le processus de filtrage des demandeurs d'asile, afin de réduire au minimum les risques pour la santé et la sécurité des Canadiens.
[Traduction]
Monsieur le président, je terminerai en soulignant la confiance que nous avons en nos agents des services frontaliers, qui vont au-delà de leurs responsabilités pour assurer la sécurité des Canadiens et l'intégrité de la frontière.
Je voudrais également remercier nos collègues de Sécurité publique, de la GRC, d'IRCC et de la CISR de leur professionnalisme exceptionnel et de leur dévouement pour ce qui est d'assurer la protection des Canadiens en traitant les demandeurs d'asile avec compassion, tout en respectant nos lois et nos obligations internationales.
[Français]
Je serai heureux de répondre à vos questions.
Je vous remercie.
:
Merci de nous avoir invités à comparaître devant votre comité.
Je m'appelle Shereen Benzvy Miller, et je suis la vice-présidente de la Section de la protection des réfugiés à la Commission de l'immigration et du statut de réfugié. Je suis accompagnée de Greg Kipling, qui est le directeur général des politiques, de la planification et des affaires ministérielles.
[Français]
Je suis heureuse de pouvoir faire le point avec les membres du Comité sur les répercussions que l'afflux de demandeurs d'asile à la frontière a engendrées pour la Commission de l'immigration et du statut de réfugié du Canada et sur les mesures que nous prenons pour composer avec cette situation.
Je crois qu'il est important de ne pas oublier que la Section de la protection des réfugiés, la SPR, fait face à une augmentation substantielle des demandes d'asile depuis un certain temps. Le nombre de cas déférés est passé de 16 000, en 2015, à 23 000, en 2016, puis à environ 47 000, en 2017. Cela représente une importante augmentation du nombre de demandes d'asile déférées depuis les deux dernières années. Jusqu'à présent, en 2018, nous avons reçu 12 600 demandes d'asile, dont environ 43 % viennent de personnes qui ont traversé la frontière canadienne entre des points d'entrée.
En tirant parti des leçons apprises dans le cadre des mesures prises l'automne dernier en réaction à l'augmentation subite de demandes d'asile, nous avons collaboré avec nos partenaires du gouvernement du Canada pour créer un plan d'urgence. Nous tenons à être aussi prêts que possible dans l'éventualité d'un nouvel afflux de réfugiés à la frontière.
[Traduction]
Afin d'augmenter le rendement général de notre processus décisionnel de qualité en matière d'octroi de l'asile, nous avons pris plusieurs mesures afin d'être aussi stratégiques que possible dans notre démarche de gestion des cas, compte tenu des ressources dont nous disposons.
Nous avons étendu l'utilisation du processus de traitement accéléré, un outil que nous employons dans des situations précises afin d'accroître le nombre de demandes d'asile réglées sans sacrifier les contrôles rigoureux en vigueur, notamment les contrôles de sécurité appropriés.
Nous utilisons également un processus d'audience court, qui consiste essentiellement à mettre au rôle un plus grand nombre d'audiences en faisant concorder la complexité des cas avec le temps nécessaire prévu pour la tenue d'une audience.
Nous avons aussi modifié notre démarche de mise au rôle, en mettant principalement au rôle nos cas les plus anciens d'abord. Comme ces cas semblent être davantage prêts pour l'instruction que certains de nos cas plus récents, nous constatons en général que les reports sont moins nombreux, ce qui permet de régler un plus grand nombre de cas.
Nous avons également été en mesure de tirer davantage profit de la spécialisation par pays de nos commissaires, ce qui s'est révélé procurer des gains en efficience exceptionnels.
Notre Section d'appel a aussi apporté plusieurs changements positifs en augmentant le soutien offert à ses commissaires relativement à la tenue des audiences et en s'employant à utiliser des formulaires beaucoup plus simples et rationalisés.
Enfin, comme elle ne disposait pas de fonds supplémentaires, l'an dernier, la commission a réaffecté des ressources internes dans le but de mettre sur pied une équipe spéciale responsable des anciens cas afin d'instruire les dernières demandes d'asile antérieures à 2012 qui étaient encore en instance à la SPR.
Ces efforts continus produisent des résultats impressionnants. Nous avons augmenté d'environ 40 % le nombre de demandes d'asile réglées l'an dernier. Actuellement, la commission prévoit être en mesure de régler jusqu'à 2 500 demandes d'asile par mois.
Même si ces efforts portent leurs fruits, ils ne sont pas suffisants pour nous permettre de régler la totalité de l'arriéré croissant de demandes d'asile, qui a augmenté en moyenne d'environ 2 300 cas par mois au cours de la dernière année pour s'établir à un total de 53 000 demandes d'asile en instance au début d'avril.
[Français]
Nous sommes donc reconnaissants d'avoir obtenu, dans le budget de 2018, un montant de 74 millions de dollars répartis sur les deux prochaines années, afin d'augmenter la capacité de la SPR et de la Section d'appel des réfugiés, la SAR.
La priorité sera d'abord la dotation, qui comprend l'affectation de nouveaux décideurs et employés de soutien au sein de la SPR, de même qu'aux services internes. Nous comptons ajouter au moins 50 décideurs à la SPR et 14 à la SAR, ainsi que le personnel de soutien nécessaire.
Nous pensons avoir nommé 58 commissaires à la SAR d'ici l'été, et jusqu'à 72 à l'automne, pour un effectif complet. Ce sera la première fois que la SAR pourra compter sur un effectif complet.
[Traduction]
Cela signifie que, grâce à ce financement sur deux ans, nous devrions pouvoir régler 17 000 demandes d'asile de plus et plus de 3 000 appels en matière d'asile d'ici le 31 mars 2020, en plus des cas pour lesquels des fonds étaient déjà prévus. Nous ne ménageons aucun effort pour y arriver.
Permettez-moi de prendre un instant pour vous parler de la façon dont nous mettons au rôle et instruisons les demandes d'asile de personnes arrivées au Canada entre des points d'entrée, car je sais que cette question préoccupe particulièrement le Comité en ce moment.
Tout d'abord, nous estimons qu'une approche équilibrée de mise au rôle et de gestion des cas permet de traiter plus efficacement toutes les demandes d'asile. Comme je l'ai mentionné plus tôt, la SPR se concentre essentiellement sur l'instruction des demandes d'asile dans l'ordre où elles ont été déférées. L'application de cette approche est souple, et nous continuons à prendre d'importantes décisions stratégiques en matière de gestion de cas afin de veiller à l'efficacité et à l'intégrité du programme.
Actuellement, cette souplesse à l'égard de la mise au rôle est particulièrement évidente à notre bureau régional de l'Est, où une part importante du volume des demandes d'asile — environ 60 % — provient de personnes arrivées au Canada entre des points d'entrée. Comme ces demandes d'asile déférées se regroupent essentiellement en plusieurs pays principaux, elles se prêtent à un processus de traitement simplifié. Actuellement, ces demandes d'asile représentent 40 % des décisions rendues au bureau régional de l'Est, mais elles ne comptent pas nécessairement parmi les plus anciens cas de ce bureau.
[Français]
D'un point de vue décisionnel, à la base, ces demandes d'asile ressemblent à d'autres cas dont la SPR est saisie: chacune est instruite au cas par cas par un décideur indépendant. Chaque demande d'asile est traitée dans le respect des mêmes droits procéduraux. Chaque demandeur d'asile jouit d'un droit d'appel à la SAR. Le fait que ces personnes soient arrivées au Canada entre des points d'entrée change très peu de choses d'un point de vue décisionnel. Toutefois, comme je l'ai dit, la charge de cas se prête à la réalisation d'importants gains d'efficacité en matière de traitement des cas.
Bien entendu, il reste des défis à relever. Nous sommes tous — le gouvernement fédéral, les provinces, les municipalités, les forces de l'ordre, les avocats et les groupes de défense d'intérêts — confrontés à la même difficulté, celle de prédire convenablement la portée et la taille des migrations futures. Or cette incertitude nuit à la planification en vue de ces migrations.
[Traduction]
Le recrutement de commissaires est un défi et n'est pas facile. Il est difficile d'augmenter la capacité sur-le-champ. Des postes de commissaires sont vacants à la SPR et à la SAR. Il s'agit de postes hautement spécialisés qui nécessitent des personnes extrêmement qualifiées et dévouées. Une fois embauchés, les nouveaux commissaires doivent suivre une formation exhaustive avant de pouvoir commencer à assumer une charge de travail complète.
En ce qui concerne le besoin impérieux d'embaucher de nouveaux commissaires, le fait de bénéficier d'un financement sur deux ans pour régler ce problème s'assortit évidemment de défis. Il peut être difficile d'attirer des talents lorsque tout ce qu'on a à offrir, ce sont deux ou trois années d'emploi.
Nous sommes extrêmement reconnaissants du financement qui nous a été accordé. Nous l'utiliserons pour augmenter le rendement de notre excellent processus décisionnel administratif en matière d'asile, en première instance et en appel.
J'espère que cet aperçu vous est utile. J'ai hâte de répondre à vos questions.
:
Il y a là beaucoup de questions, alors je vais tenter de séparer les sujets le plus clairement possible.
Je pense que la meilleure façon de commencer la réponse consiste à expliquer ce qu'est l'Entente sur les pays tiers sûrs. Il s'agit d'un traité binational, accepté par chaque pays, puis les pays ont recours à des mécanismes afin de le mettre en œuvre.
La raison pour laquelle je soulève cet élément, c'est que personne ne peut tout simplement modifier cette entente de façon indépendante, car il s'agit d'un traité. Il faut d'abord que les deux parties acceptent qu'il soit modifié, puis qu'elles entreprennent un processus de négociations officielles pour ensuite passer à un processus d'officialisation visant à soumettre ces modifications à des mécanismes nationaux.
Pour ce qui est des discussions que nous avons tenues avec les Américains au cours des dernières... eh bien, si vous regardez la période durant laquelle l'épisode de migration irrégulière s'est produit, mais, bien entendu, nous avons des relations et des discussions continues avec les États-Unis... Si nous regardons les discussions que nous avons tenues — et je l'ai déjà dit —, nous sommes constamment en communication avec les Américains au sujet du chemin Roxham. Nous communiquerons avec les Américains par l'intermédiaire de nos groupes de travail et à notre échelon en ce qui a trait à l'asile, au périmètre nord-américain et à ce qui se passe en général.
Une partie de ces discussions nous a en fait menés à faire part aux Américains de ce que nous estimons être les problèmes que pose la version actuelle de l'Entente sur les pays tiers sûrs. L'élément clé, c'est que nous sommes aujourd'hui à une époque plus moderne que lorsque nous avons négocié et officialisé l'entente, en 2004. C'était il y a 14 ans. Nous l'avons fait dans l'espoir qu'un jour, nous pourrions tenir des conversations plus productives avec les Américains au sujet de l'asile et du périmètre, et les pays tiers sûrs ne sont qu'une partie de cette conversation améliorée.
Nos collègues américains sont réceptifs à nos idées dans le cadre de nos discussions. Ils ne nous ont pas fait part de leurs points de vue sur ce que nous estimons être les problèmes, alors je ne peux pas formuler de commentaires sur ce qu'ils pourraient estimer être les problèmes liés aux pays tiers sûrs. Cet échange n'a pas eu lieu, mais, encore une fois, comme cela a été dit dans les médias et par les ministres et les parlementaires, aucune négociation officielle n'est en cours, alors je n'ai aucun moyen de prédire jusqu'où les conversations pourraient aller dans l'avenir.
:
Pour pouvoir régler un problème, il faut établir clairement quelles en sont les causes.
Ce que je comprends de votre réponse, c'est que la principale cause du problème découle du fait que des gens qui résidaient ou qui avaient un visa pour les États-Unis se sont mis à avoir peur et se sont présentés sur le chemin Roxham. C'est ce que vous avez dit.
Monsieur MacDonald, ma question ne s'adresse pas à vous, mais plutôt à Mme Benzvy Miller.
La Commission de l'immigration et du statut de réfugié produit des tableaux, notamment sur les demandes d'asile et les interceptions par la GRC aux points d'entrée aériens et terrestres, entre autres.
Nous voulons comprendre et suivre la situation avec le plus d'acuité possible relativement au jugement, entre autres.
Au Québec, les interceptions aux points d'entrée terrestres en février ont été de 1 486 et il y a eu 185 demandeurs aux points d'entrée terrestres, soit aux postes frontaliers. C'est un ratio de 8 pour 1. Cela veut donc dire que 80 % des gens passent par le chemin Roxham.
Je veux comprendre ceci. En mars, au Québec, il y a eu 1 884 interceptions par la GRC et 1 610 demandeurs aux points d'entrée terrestres. Nous avons vraiment l'impression que la situation se détériore, mais on pourrait penser que c'est maintenant moitié-moitié et qu'on a amélioré la situation d'au moins 30 %.
J'aimerais comprendre comment vous faites ce calcul et pourquoi vous en avez changé la méthode.